Les Tables d'Olaria
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 Une visite sous escorte.

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyJeu 6 Mai - 8:49

    Seule, Elenor eut été bien plus rapide pour rejoindre la prison. Le chemin menant aux quartiers Militaires était en pente raide, et sans l’aide de sa petite fille et d’Elenor, la vieille Sorastrata Hirune aurait été bien en peine de trouver la prison…

    Une fois arrivées sur le plateau des Quartiers, force leur fut de constater qu’ici, mis à part le grand bâtiment aux vitraux azurins où se trouvait notamment son père, toutes les constructions étaient plutôt basses. On y avait, de surcroît, une vue imprenable sur les alentours de la Cité. Le soleil était chaud, mais un vent redoutable s’était levé, qui déchirait leurs capes, leurs manteaux. Elenor, rattachant ses cheveux lisses, désigna du menton le plus proche. C’était là qu’étaient enfermés les prisonniers.

    La militaire s’étira, ses jambes endolories elles aussi par l’ascension. Cela faisait des semaines qu’elle n’avait plus fait d’exercice.

    « Bon, on y va » Souffla-t-elle aux deux Olarii.

    Devant la porte, un homme en armes attendait. Elenor approcha, gardant bien dans son dos les deux femmes. Leur sœur et petite fille avait fait suffisamment d’éclat pour la journée. Elle salua l’homme qui cilla, puis la regarda d’un air éberlué.

    « Chef ! » S’étrangla-t-il. Puis il ôta son casque, découvrant un crâne épais et roux, à la barbe taillée et aux yeux d’un vert lumineux. Elenor demeura coite, elle aussi, puis se fendit d’un large sourire et vint enlacer l’homme d’une étreinte qui n’avait rien de tendre. Une embrassade tout ce qu’il y avait de plus militaire. Lorsqu’elle se recula, elle plissa les yeux, puis désigna la prison du menton.

    « Je ne suis plus ton chef mais… et toi, que fais-tu là ? N’êtes-vous point sur le front pour combattre ? » L’air désolé, il haussa les épaules dans un vrombissant cliquetis d’armure.
    « Après ton… accident, la compagnie a été dissoute. Je crois qu’ils avaient peur que celui qui prendrait ta suite n’ait point ton caractère exécrable, celui-là même qui te permit de nous faire tenir en place. »

    Gloussant légèrement, Elenor se décala, puis, d’un geste, lui présenta les Olariles.

    « Fall’, je te présente Sorastrata Hirune, et sa petite fille, Jezabel Hirune. » L’autre haussa un sourcil tandis qu’à son tour, il fut présenté aux deux femmes. « Et voici Fall’, il était sous mes ordres dans l’armée, il y a quelques semaines encore. Mon second. »

    Elle était contente de le revoir, et songea non sans un certain soulagement que cela faciliterait les choses. « Vous venez voir les deux sauvages ? » Demanda-t-il, s’avisant d’un regard morne des effets de l’Aïeule et de la jeune chasseresse.
    Elenor acquiesça, puis précisa « Elles sont les sœurs et grand-mère de la plus bruyante des deux. Nous sommes venues les voir. » Comme elle s’y était attendue, il refusa, avec un soupir. Mais en coin dans sa barbe pointait un léger sourire. Il lutterait, mais en vain.
    « Je n’ai pas le droit de vous laisser passer.
    - Je t’en pries, Fall’, ne m’oblige pas à m’adresser à ton supérieur actuel. Tu n’es pas ici le seul à m’être redevable de quelque chose… » Elle lui sourit, et en dépit de la dureté de ses mots se montra avenante, avec lui. « Mon ami, il n’est question que de permettre à une Aïeule et à une sœur de voir les leurs, et de s’assurer de leur bonne santé. » Elle réfléchit, puis haussa les épaules. « S’il y a un problème, j’en endosserais la responsabilité, cela te convient-il ? » L’homme se tortilla dans son armure, mais finit par soupirer, et il se rendit, élevant ses deux grosses mains.
    « Bon, très bien, mais on se tient tranquille, hein ? » menaça-t-il à l’intention des deux étrangères. Pour ce qui était de l’Ilédore, il savait déjà cette cause perdue. A ces mots, Elenor soupçonna que celle qu’ils avaient arrêtée n’ait été pour le moins… remuante. « Suivez-moi. »

    Elles lui emboitèrent le pas, évitant du regard les silhouettes qui gisaient, ci et là.
    « Nos prisons se sont remplies, ces dernier temps… » commenta Elenor.
    « Oui, des Dissidents, des Révolutionnaires… Les champs de la criminalité se sont élargis, ces derniers temps. Le moment n’est pas bien choisi pour se jeter au cou de notables en pleine rue. » Celle qui fut son chef autrefois sourit. L’homme détestait au moins autant qu’elle le Conseil et ses manipulations. Sans doute lui en coûtait-il de garder ce sanctuaire de leur influence. Qu’avaient-ils donc fait à sa compagnie… ? Elle songea que le caractère rebelle et indépendant de la plupart d'entre eux avait été la réelle motivation de leur dissolution. Avec un chef au caractère dur, si courroucé fut-il envers tout ce qui avait trait au Conseil, les débordements étaient mieux maîtrisés... Il se retourna, considérant du coin de l’œil les deux femmes qui suivaient la militaire. « Vos amies ont eu de la chance. Un peu plus de résistance, et elles étaient exécutés sans autre forme de procès. » Puis il maugréa dans sa barbe. De toute évidence cela ne l’aurait point fâché.

    Ils arrivèrent enfin devant la cellule de Lysandre Hirune et de Luminara. L’homme alla s’adosser à un mur et Elenor, sans un mot pour les fautives, le rejoignit. Elle laissa à l’Ancienne et à la Chasseuse le soin de discuter avec la téméraire qui avait voulu s’en prendre à l’Oracle.
    Elenor n’était pas non plus connue pour son calme souverain et sa bienséance… Mais ses escarmouches ne portaient à conséquence que pour sa propre personne. Et jamais encore Elenor n’avait mis en danger un hôte généreux. C’est sans doute pour cela qu’elle observait Lysandre d’un air plus ou moins hostile. Elle n’en dit rien, cependant, pour le moment. Elle se contenta d’observer en silence, les bras croisés sur sa poitrine, échangeant de temps à autre un mot avec son homme d’antan.


Dernière édition par Elenor Jagharii le Mer 12 Mai - 22:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyDim 9 Mai - 13:30

Sorastrata avait beau être avoir fixé son esprit vers la prison et ses petite-filles, elle avait beau être déterminée, elle ne put rester insensible aux innombrables choses qu'elle vit sur le chemin du Quartier Militaire. Le trajet lui sembla durer trop longtemps, mais il lui laissa au moins l'occasion d'observer la Cité des Dieux, d'encaisser le choc de ses merveilles, mais aussi de peu à peu dépasser le sentiment d'émerveillement et d'inconnu que ce spectacle faisait naître en elle. L'Ilédor de l'Auberge lui avait certes fait un cours exemplaire sur la culture d'Isle, mais dans l'esprit encore convalescent de la vieille femme, ces mots restaient de vagues récits d'une terre lointaine, perdus dans la frénésie de l'incident. Elle restait une Chasseresse, et les milliers de sensation du trajet mirent enfin visages, noms et significations sur son récit. Et la matriarche n'aima pas ce qu'elle vit.

Que ce soit la taille inimaginable d'Edor Adeï, ses incroyables architectures, ses couleurs bigarrées et son tourbillon de senteurs, ses richesses et ses beautés, tout ceci la convainquit définitivement qu'elle se trouvait dans le domaine des Dieux. Tout enfant Olaril tente, une fois dans sa vie, d'imaginer à quoi ressemblaient les Dieux, d'où venait tout leur savoir et comment était leur pays ; mais tout ce que Sorastrata avait pu imaginer échouait face à la splendeur de la Cité, face aux avancées technologiques et culturelles du peuple Ilédor qui étaient, par définition, hors de portée de son esprit. Oui, c'était bien ce savoir dont Bakarne et les siens avaient apporté un fragment par-delà la Gérax.

Mais alors que les trois femmes parcourraient les rues et que les gens se retournaient sur leur passage, l'Aïeule remarqua d'autres choses. Les noms de Quartiers des Humbles et Ville Basse revinrent dans son esprit tandis qu'ils traversaient des arrondissements riches et pauvres, des ruelles où des mendiants vivaient dans la crasse tandis que sur les avenues, des Nobles se pavanaient dans leurs beaux atours. Elle vit les inégalités et l'ignorance affreuse que les Ilédors affichaient les uns pour les autres, elle les vit fugitivement échanger de la nourriture, des biens contre de petits ronds de métal mou et ne comprit pas quel était le sens derrière tout ce qui lui semblait être folie. Et à chaque fois qu'elles croisaient un garde, Sorastrata avait un regard méfiant, presque révulsé, devant leurs armes et armures ; pourquoi y avait-il tant d'hommes portant des instruments de mort, dans ce qui devrait être un sanctuaire d'harmonie ? Aux yeux d’une Olarile, qui ignorait ce qu’était la misère, la richesse et la guerre, toutes ces choses faisaient figure de terrible perversion. Quelque chose n'allait pas au Royaume des Dieux, et lorsque les trois femmes arrivèrent à la porte de la prison, Grand-Mère savait à quoi s'en tenir, et considérait à présent Edor Adeï comme un territoire dangereux, voire hostile.

Elle ne pipa mot face au garde de faction, pas même lorsqu’il s’adressa à elles d’un ton au mépris non dissimulé. La matriarche se sentait poussée à défendre sa fierté, mais l’instinct lui était revenu et murmurait à son oreille des mots de prudence : Elenor l’avait bien averti du danger qu’il y avait à causer des troubles, et au vu de toutes les armes qu’il y avait à proximité, Sorastrata aurait été sotte de ne pas se montrer mesurée. Au fond d’elle, l’Ancienne était encore stupéfaite d’entendre les Dieux parler de meutre et d’exécution sans sourciller. Mais l’important était à quelques mètres plus loin, enfermé dans une cellule.

Lorsqu’elles arrivèrent devant la porte de cette cage, Grand-Mère observa ses petite-filles d’un regard inquiet et vif, s’assurant avec précipitation qu’elles n’étaient blessées, mais à part quelques contusions, les deux jeunes femmes n’avaient rien. Sitôt la porte ouverte, elle reprit la main de Jézabel et l’entraîna dans la cellule, se jetant presque vers les deux prisonnières. Prenant ses trois enfants dans ses bras en une étreinte féroce, elle laissa échapper un profond soupir de soulagement.

Vous êtes vivantes…Hégoa soit louée, vous allez bien toutes les trois…j’ai bien cru ne jamais vous revoir.


Elle déposa un baiser sur chacun de leurs joues et prit cet instant de calme pour les regarder avec toute l’attention d’une mère. Qu’importe la mort et la fatigue, elle avait ici sa force ; ses enfants étaient vivantes, et dans leurs yeux plein d’amour et de fierté elle trouvait l’espoir pour affronter les dangers de l’avenir.

Après cet instant de retrouvailles, Grand-Mère essuya ses yeux humides et invita ses filles à s’asseoir auprès d’elle. Ses jambes étaient éreintées par le périple et par la marche précipitée jusqu’ici, et malgré sa ténacité, la fièvre détenait encore une partie de ses forces. Penchée vers les trois jeunes femmes, Sorastrata leur parla à voix basse tout en désignant les deux Ilédors d’un mouvement de tête.

Parlons bas : je ne veux pas qu’ils entendent toutes nos paroles. C’est grâce à cette femme que nous avons pu venir jusqu’ici et son aide est précieuse, mais cette ville ne m’inspire pas confiance.


Sa voix était claire et pleine d’une calme autorité. Il y avait beaucoup de choses à dire et à demander, mais le temps comptait, et il y avait un fait important auquel la matriarche voulait venir. Elle s’adressait à Luminara et Lysandre, qui ignoraient ce qui s’était passé depuis leur arrestation, mais en particulier au Chef des Olarils.

C’est la mort que nous risquons tous si nous créons des troubles, elle m’en a averti ; les lois de ce pays sont bien différentes des nôtres. J’ai instruit à notre peuple de rester dans l’auberge : ils y seront en sûreté. Je sais que vous avez été mêlées à une altercation avec un de leurs grands prêtres, je sais que Mithra Edorta est en possession des Tables et qu’elle est partie rencontrer leurs Chefs.


Sorastrata ne le montrait pas, mais elle était quasi-convaincue que Lysandre était responsable de l’incident : le témoignage de l’Ilédor l’affirmait, et bien qu’elle y ait mis un bémol face aux Olarils, la matriarche connaissait sa petite-fille. Elle l’avait crue assagie après les Feux de la Gérax, mais il semblait bien que son tempérament avait encore desservi son peuple. Cependant, elle savait aussi que l’accuser dès le départ n’aurait mené à rien, que son enfant se sentait facilement trahie et s’emportait avec encore plus d’aise. Si elle ne reconnaissait pas le blâme, elle n’apprendrait jamais.

Ce que je ne sais pas, c’est ce qui s’est passé exactement : nous n’avons eu que le témoignage d’un passant. Aussi, avant que nous en discutions, je veux que vous nous racontiez exactement ce qui s’est passé, mot pour mot, détail pour détail. Nous ne pouvons pas ramener de paix si nous ne savons pas comment la dispute a commencé.


Ce disant, elle avait inclus Jézabel d’un signe de menton ; elle comptait aussi sur son intervention. Grand-Mère savait que Lysandre avait la tête aussi dure qu’elle, mais la présence des deux autres Chasseresses aiderait à apaiser les mots. L’une comme l’autre pouvaient se montrer raisonnables, et Jézabel restait la grande soeur de Lysandre, préséance qu’il était peut-être temps qu’elle reprenne.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptySam 29 Mai - 19:00

    Les deux cousines n'avaient échangés que quelques mots et certainement pas calmé leur rage quand elles entendirent les portes de leur cachot s'ouvrir. Luminara se ramassa sur elle-même, prête à bondir, dans un réflexe stupide mais tellement conditionné qu'elle ne pouvait le réfréner. Que personne ne s'avise de mettre l'Oracle à sa portée... Trois femmes se découpèrent dans l'embrasure de la porte, éblouissant Luminara. Elle plissa les yeux et reconnut Sorastrata et Jezabel, accompagnée d'une troisième femme qu'elle identifia aussitôt comme étant d'une nature proche des Chasseresse. L'inconnue avançait de la démarche assurée des femmes Hirune. En d'autres circonstances, elle aurait été leur sœur. La réflexion arracha une moue à Luminara. Fallait-il qu'elle soit en colère pour en venir à penser pareilles sottises ?

    Voir Sorastrata n'apaisa pas son cœur en furie, mais lui apporta un réconfort certain. Sa grand-mère était parvenue, alors qu'ils ne connaissaient personne en ville, à pénétrer dans les cachots qui les retenaient. Une vague d'admiration pour l'Ancienne qui avait damé le pion à tous les habitants d'Edor Adeï secoua Luminara. Elle se redressa et se sentit émue de voir que deux Hirune étaient parvenues à les atteindre jusqu'au fond de l'endroit où l'Oracle les avait envoyées moisir. Tremblant sous l'effet de l'émotion et de la fureur, Luminara tenta de faire disparaître de son regard la haine qui traversait son corps entier, pour ne pas faire de peine aux siens. Peine perdue : à peine eut-elle croisé le regard altier de sa grand-mère qu'elle sut que cette dernière lisait en elle comme dans un livre ouvert. Elle se laissa étreindre et rendit avec force l'accolade. Les Hirune étaient rassemblées, tout allait s'arranger. Il ne pouvait en être autrement.

    Elle écouta avec attention les nouvelles précisions que Sorastrata était en mesure de leur apporter, croisant soigneusement ce qu'elle disait avec ce que l'arrogant Oracle leur avait appris. Ainsi, leur vie était suspendue à un fil ? Mais quelle était cette cité qui osait porter atteinte au droit le plus fondamental d'un être humain ? Tuer volontairement, vraiment ? Quand Sorastrata demanda ce qu'il s'était vraiment passé, Luminara sentit tout l'humiliation de leur discussion avec l'Oracle puis de leur arrestation lui revenir à la gorge. Son regard s'assombrit encore, et elle se surprit à envisager, pour la première fois de sa vie, de faire intentionnellement du mal physique à une personne vivante. Sentant venir le haut-le-cœur, elle réfréna à grand peine le retour de sa vieille phobie. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Elle jeta un regard à Lysandre. Il fallait qu'elle réponde avant elle, pour éviter les débordements. D'une voix sourde, emplie de rage mal maîtrisée, Luminara répondit, gardant difficilement la voix baissée.

    - Nous avons été humiliées.

    Elle serra les poings et déglutit. Therdorus Uldarii payerait. Elle croisa le regard de Jezabel et ce qu'elle lut dans ses yeux lui donna la force nécessaire pour continuer. Sa voix se cassa mais elle continua dans un murmure rauque :

    - Tout avait bien commencé. Cet homme, Therdorus Uldarii, un Oracle, comme ils l'appellent. Un imbécile à la vision étroite, plutôt. Il nous méprise pour ce que nous sommes : c'est le réel nœud du problème. Il venait pour nous accueillir et voulait parler au Chef. Il voulait les Tables et l'Épée. Cet homme a peut-être le rang d'Oracle, mais il n'a pas les capacités d'écoute des nos prêtres. Il ne voulait discuter qu'avec Mithra Edorta, à cause de son nom. Edorta signifie quelque chose de très important ici, et c'est apparemment lié au Gardan Edorta, mais je ne sais pas ce que c'est. Ce que je sais, c'est que le comportement de cet Oracle démontrait à quel point il ne nous comprenait pas. Il a voulu outrepasser l'autorité du Chef des Olarils.

    Luminara crachait ses mots. Ils avaient du mal à sortir mais chaque lettre se voulait une offense à Therdorus Uldarii. Elle ne pouvait s'arrêter là. Elle savait que Lysandre avait sa part de responsabilité, mais l'Oracle l'emportait largement. Sorastrata lirait entre les lignes. Et si elle ne le faisait pas, ce n'était pas essentiel. L'essentiel, c'était que les Hirune allaient prendre leur revanche. Elle continua d'un ton féroce, presque animal :

    - Lysandre a explosé et lui a sauté dessus, avec l'Épée. Depuis, il nous considère comme des sauvages. Et il a pris les Tables, l'Épée, puis il nous a fait traiter comme des sauvages, mais eux ? Eux qui tuent sans sourciller, nous dis-tu ?

    Une dernière interrogation subsistait, tout aussi importante : si Mithra Edorta était partie voir les représentant d'Edor Adeï, pourquoi Sorastrata ne l'avait-elle pas accompagnée ? Pourquoi les Hirune n'étaient-ils pas représentés dans le Haut de la Cité ? En temps normal, Luminara aurait retenu la question qui brûlait ses lèvres. Mais sa rage eut raison de sa réserve habituelle – qui avait de toute façon flanché depuis bien longtemps. D'un ton qui n'augurait rien de bon, elle termina :

    - Mithra Edorta est partie seule avec cet homme ?

    Et elles, qu'allaient-elles faire ?
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Lysandre Hirune
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyDim 30 Mai - 10:05

Lysandre en voulut d'abord à Luminara, de se permettre de prendre parole avant elle. Elle qui avait ouvert la bouche, et avait été coupée. Elle eut du mal à comprendre qu'il était peut-être préférable qu'elle s'exprime, mais il résidait cet orgueil en elle : en tant que Chef, Lysandre devait parler en premier, et pas sa Cousine. Pourtant, entendre les mots de la Danseuse lui fit un immense bien : elle crachait sur l'Oracle, et tout ce qu'elle pouvait évoquer n'était que pure vérité, le même sens qu'elle-même avait vu dans cette scène qui s'était déroulée si vite. Le soutien de Luminara était une bénédiction et l'empêchait de lui en vouloir pour le manquement aux règles liées au Chef.

La Chasseresse se sentait au bord de l'explosion, pourtant. Voir l'arrivée de sa Grand Mère et de Jezabel avait réveillé toutes ces émotions endormies ou domptées avec peine, et elle garda le temps du discours de Luminara pour souffler, bruyamment, en serrant elle aussi les poings. Conter ce qu'il s'était réellement passé lui laissait revivre tout ceci, et les mots de cet abjecte Therdorus lui revenaient aux oreilles comme des lanières de cuir qui claquent et qui excitent les chevaux. Elle aurait aimé, quand la Chasseresse évoquait Mithra, pouvoir hurler à sa Cousine de se taire ! Car c'était bien celle qui réussirait à la faire craquer... L'Edorta avait caché son jeu tout le long du trajet pour gravir la Gérax, elle l'avait dupée... Ses doigts blanchirent et elle contracta ses muscles douloureux.

Avoir fait autant de mouvements brusques, s'être débattue, avait réveillé les anciennes douleurs de son abdomen et les croûtes, elle les sentait, se déchiraient encore. Elle entendait pourtant, plus fort que la douleur, les mots de l'Hirune « Lysandre a explosé ». C'était faux ! Elle avait agi comme il le fallait ! Ne pouvant plus attendre d'autres paroles, elle fit un pas et voulut écarter sa cousine, dans un geste qu'elle ne maîtrisa pas et sa main cogna trop fort l'épaule de la jeune femme.
Aveuglée, elle ne s'en rendit pas compte, les yeux rivés sur sa Grand Mère. Là où Luminara y lisait une noblesse rude, la Chasseresse y voyait du reproche, du soupçon... Les perceptions étaient tant inégales selon les ressentis... Lysandre eut de la peine à articuler, les mâchoires serrées.

« Une dispute ? Grand Mère, cet homme a insulté notre Peuple et tous ces gens font de même avec chacun d'entre nous ! » Elle ne put s'empêcher de poser un regard sombre sur la femme qui les accompagnait. La haine ne lui permettait pas de faire le point : pourtant, Elenor avait vraisemblablement aidé sa famille à la rejoindre, mais elle ressentait encore sur sa peau la rage la caresser, ses poils se hérisser lorsqu'elle avait bondi sur l'Oracle. Et pour l'heure, quiconque était un Ilédor était un Ennemi.
Ils auraient été capables de les tuer sur le champ... Où étaient ceux semblables à Bakarne, que décrivaient les Tables ?!

« Les Tables... » Fit-elle entre ses dents, de façon presque inaudibles. « Nous devrions rester malléables, comme de dociles chiens, pour rétablir une paix qu'ils ont eux-même violée ?! » Le Chef des Olarils n'était pas dans un état d'esprit où elle accepterait de se soumettre, pas à eux ! Pas aux Ilédors ! Ils se riaient d'eux, ils n'avaient pas conscience de qui ils étaient : ils avaient passés la Gérax !

« Mithra nous a trahie ! Elle s'est donnée à cet Oracle sans respecter la parole du Chef ! Sans me soutenir ! Elle aurait dû refuser de représenter les Olarils, c'est à moi que revient cette tâche ! C'est moi ... qui » Les larmes de colères roulaient dans ses yeux et Lysandre préféra se taire d'un coup. Pour passer la fureur qui la faisait tourner en rond comme un lion en cage, elle donna un violent coup de pied dans l'écuelle d'eau qui se trouvait sur le pavé humide et crasseux. Etait-ce une façons d'accueillir un Peuple étranger ? Bakarne n'aurait pas laissé faire ça, elle était l'élue des Dieux, de Bakarne lui-même ! Elle tenait son pouvoir de Laclaos et de ses pères ! Elle n'avait pas à être traitée ainsi !
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyVen 18 Juin - 0:56

Quelle rage il y avait dans leurs yeux, dans leurs voix ! Sorastrata le comprenait, l'approuvait. Elles ne savaient pas ce que l'avenir réservait, et l'avenir s'écrivait minute après minute dans cette cellule : Grand-Mère savait que les Olarils auraient à se battre, d'une manière ou d'une autre, et elle voulait que ses filles aient la hargne au cœur. Les paroles de Luminara s'alignaient parfaitement avec ses pensées : l'arrogance, l'aveuglement de cet Oracle confirmait son jugement du peuple Ilédor, et il menait aussi à sa crainte. Le récit de la réaction de Lysandre ne lui arracha aucune réponse ni aucune expression, mais son esprit se gonfla de sévérité. Car si la rage de Luminara s'aiguisait et était dirigée vers ses ennemis, celle de Lysandre partait hors de contrôle pour menacer ses alliés : la vieille Chasseresse voyait son agitation, sa rancœur qui s'en prenait à sa Cousine dans son excès...Lorsque le Chef des Olarils n'y tint plus et repoussa la Danseuse, Sorastrata n'eut pas un geste. Elle ne la retint pas, ne répliqua pas. Mais elle soutint son regard et il n'y eut pas une once de clémence dans ses yeux.

Elle ne niait pas avoir attaqué l'Oracle, et sa façon de rectifier chaque mot donnait bien le dernier indice. Grand-Mère en avait assez de ce tempérament d'enfant vexée, de cette fierté constamment bafouée ; l'arrogance était à présent le pire des défauts à ses yeux, mais bien pire encore était le fait que ce tempérament avait mis les Olarils en danger. Ce n'était pas une discussion sur la tradition au sujet des Ilumbers, ce n'était pas une décision à prendre sur un départ, ce n'était pas une question d'opinion : Lysandre avait encore une fois laissé son manque de confiance parler, et tout son peuple en payait les conséquences. Le Chef, les Tables, son autorité...la matriarche en avait plus qu'assez de l'entendre ressasser ces mots, de l'entendre clamer au monde que c'était à elle de gouverner, et de ne jamais le faire. Lysandre s'arrêta de parler et Sorastrata n'eut pas à l'interrompre. Mais à la colère sourde de sa petite fille, elle opposa un ton dur et froid. Il n'y avait pas que du reproche, mais aussi du sérieux, l'intensité du danger : Grand-Mère avait peur, et la menace aiguisait son esprit, malgré la douleur dans ses jambes.

Assez. Ta colère ne brisera pas les murs de cette prison, tes cris n'atteindront pas Mithra, où qu'elle se trouve, et notre fierté ne vaincra pas leurs armes.

Ses yeux de rapace suivaient Lysandre dans le moindre de ses mouvements, sa voix montant au fil de sa phrase.

Dis-toi bien ceci, ma fille : nous pourrions bien être tous morts dans quelques heures, et il n'y a rien que nous puissions faire pour l'empêcher !

Elle se tourna vers Luminara, avec un début de rire sardonique.

Nous sommes dans la paume de leur main et ils peuvent nous écraser à tout moment. Bien sûr qu'ils nous voient comme des sauvages, nous devons êtres des animaux à leurs yeux ! Regardez-les, regardez-nous : la gloire qu'ils détiennent, le savoir, la puissance...Ils ont la même force que Bakarne détenait lorsqu'il est venu à nous, mais ils n'ont rien de sa sagesse. J'ignore comment, mais le peuple du Taureau a perdu les lois qu'il nous a apportées, ils ont accueilli le meurtre, la dispute et le mépris dans leur maison.

Portée par ses paroles, elle revint à Lysandre et se hissa sur ses jambes avec un grognement d'effort. Sa voix restait maîtrisée, précise, concentrée sur sa petite-fille.

Et tu les pousses au crime ! Nous sommes dans la paume de leur main, et tu ne songes qu'à les provoquer ? Tu as dû les voir en entrant dans la cité, portant la mort à leur ceinture et se bardant de métal, et tu veux les tenter de nous abattre ? Je me rappelle tes paroles au sujet des Tables après les Jeux, les récits de gloire inimaginables : tu as lu les mots de Bakarne et tu as su ce qui nous attendais au-delà de la Gérax, et une fois arrivée au milieu de ces Dieux, tu leur craches à la figure comme un enfant face à un ours ? Quel genre d'idiote mon enfant a-t-elle engendrée ?!

Les Jeux...cela ne faisait pas deux mois et pourtant tout ceci semblait si loin. Sorastrata avait ménagé Lysandre auparavant, elle avait voulu comprendre ce qui la motivait, pourquoi elle avait défié les frontières d'Arestim. Mais la catastrophe d'aujourd'hui était facile à comprendre, comme tous les actes stupides. Grand-Mère ne voulait pas épargner son enfant, elle voulait la briser, elle voulait la voir admettre son erreur et en apprendre. Car la réalité était là, inévitable et incroyablement dangereuse : Lysandre était Chef par la Loi, par la volonté des Dieux, mais ses décisions avaient mené les Olarils au bord du gouffre. Sorastrata refusait d'abandonner la loi de son peuple, mais elle ne pouvait laisser sa petite-fille les mener à la mort.

Ainsi tu t'es jetée sur lui l'Epée à la main ? Qu'allais-tu faire, le tuer pour défendre ta précieuse fierté ? Tirer l'Epée des Dieux pour violer leur loi ?! J'en ai assez de devoir répéter à tout rompre que mes enfants ne peuvent commettre l'impensable, et j'en ai assez de t'entendre répéter sans cesse qui tu es ! Tu es le Chef des Olarils, comporte-toi comme tel au lieu de te bâtir un trône de mots : pense aux intérêts de ton peuple et pas à ta soif de gloire, sans quoi tu ne vaudras pas mieux que ces « Dieux » qui s'entretuent pour des ronds de métal.

La matriarche cessa de parler pour reprendre son souffle, presque surprise d'en avoir dit autant. Il lui fallait attaquer Lysandre de toutes les manières possibles, et la comparer à ceux qu'elle devait haïr de tout son cœur l'arrêterait peut-être en plein élan. Ou peut-être que cette haine serait dirigée vers elle. Sorastrata n'aimait pas assaillir ainsi sa fille, mais l'encourager dans ses défauts n'aurait pas été une preuve d''amour.

Voici ce qui s'est passé, Lysandre : parce que tu as attaqué cet homme, ton peuple est en danger. Vous êtes dans cette prison et je ne peux vous en faire sortir. Il n'y a rien que nous puissions faire, à part attendre que leur Chef décide ce qu'il compte faire de nous. A part espérer que Mithra, quoi qu'elle complote, défende notre peuple et obéisse aux lois en te rendant les Tables. Tu t'es toi-même retirée du jeu et tu l'as placée à la tête par ton erreur.

Il fallait en finir : elle ne pouvait passer ce qui lui restait de vie à réprimander sa fille. Si elle ne pouvait arriver d'elle-même à un peu de sagesse, quelle chance avait-elle d'agir en Chef ?

Tu as perdu les Tables, Lysandre. Tu es notre Chef, et tu as perdu les Tables. Il n'y a rien qui puisse le justifier.

Ces derniers mots, elle les avait prononcés sur un ton calme, bas, une accusation silencieuse qui était venue sans qu'elle regarde sa fille. Elle ne devait pas les retenir comme un reproche de son aïeule ; ces mots ne devaient pas avoir le visage de sa grand-mère et la faute ne devait appartenir qu'à elle. Sorastrata avait déjà eu ce genre de conversation des milliers de fois, ce genre de discussion où il n'y avait qu'elle pour parler, où elle s'accaparait chaque instant et chaque réplique, privant sans pitié les autres de leur voix pour marteler sa pensée à elle. Après tout, elle était l'Ancienne, n'avait-elle pas toujours raison ? Le silence qui suivit lui laissa un goût amer en bouche. C'était une domination dont elle ne voulait plus. Mais elle avait beau se savoir être une vieille folle sans sagesse, il semblait bien qu'elle doive être la voix de la raison à présent. Grand-Mère se rassit avec un peu de peine, un air de fatigue au visage. Avoir raison ne suffisait pas : tandis qu'elle massait sa jambe infirme, elle se dit qu'elle ne serait pas toujours là pour rappeler les Olarils à la loi. C'était en cette heure incertaine, plus que jamais, qu'il fallait penser à l'avenir. Après un soupir, elle regarda Lysandre, puis Luminara.

Qu'allons-nous faire ensuite ?
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyLun 21 Juin - 18:57

    Luminara recula sous la brutalité du geste de Lysandre. La Chasseresse, interloquée, regarda sa cousine. C'était bien la première fois qu'elle osait porter la main sur elle. Luminara savait qu'elle avait une fraction de seconde pour se décider : relever l'insulte et la corriger, ou laisser couler. Jamais Luminara ne fut autant tentée de répliquer qu'en cet instant. Lysandre était responsable de ce qui était arrivé, et elle osait encore porter la main sur elle, qui la soutenait alors même que sa raison lui hurlait de la désapprouver et de la désavouer ? Alors qu'elle s'efforçait de garder les Hirune en un tout cohérent et de permettre à leur famille de s'inscrire dans les lignes glorieuses de leur histoire ? Le geste décupla la colère de Luminara. Pour la première fois, elle n'envisagea pas l'âge très jeune de Lysandre comme une excuse à ses actes irréfléchis. Elle envisagea ses actes irréfléchis comme un véritable handicap à celle qui portait le titre de Chef. Cela faisait trop de premières fois pour une seule journée. Jamais Luminara n'avait été humiliée, elle, la femme digne et respectée, comme l'Oracle s'était permis de le faire. Therdorus Uldarii... la simple pensée de son nom la détournait de ses pensées, tellement elle se sentait haineuse. Toutefois, à la liste des jamais, elle pouvait ajouter que jamais elle n'avait été bousculée par une Hirune. Jamais elle n'avait eu envie de dire ses quatre vérités à sa Cousine. Pourtant, là, elle réalisa que Lysandre ne mesurait même pas sa stupidité. Luminara était un de ses soutiens inconditionnels depuis le début, depuis toujours. Et des alliés, Lysandre en comptait de moins en moins. Et elle se mettrait à dos sa propre cousine ? Aurait-elle été moins énervée, peut-être aurait-elle agi différemment. Elle aurait certainement cru que Lysandre ne réalisait pas la portée de son geste et qu'il n'était pas voulu, seulement l'expression d'une jeune femme trop fougueuse. Mais là, Luminara le perçut comme une véritable preuve que Lysandre ne serait jamais mature. Un simple geste... tellement lourd.

    Sa décision était prise. Luminara ne répliqua pas. Elle se contenta de regarder sa cousine droit dans les yeux. Nulle accusation dans son regard. Mais une formidable mise en garde. « Attention, Lysandre. Ne gâche pas tout. »

    Laissant la colère bouillir dans ses veines, sans même plus tenter de se calmer, Luminara suivit à grand-peine les explications de Sorastrata. Puis, sa grand-mère s'en prit à Lysandre, avec une force qui surprit la Chasseresse. Elle n'eut aucun mal à suivre les pensées de Sorastrata, parce qu'elle était entièrement d'accord avec ce qui sortait de sa bouche. Abasourdie, elle écouta Sorastrata... oui, dire ses quatre vérités à Lysandre, ce qu'elle n'avait pas voulu faire. Elle n'aurait jamais cru que sa grand-mère pourrait attaquer ainsi sa petite-fille. L'abcès était crevé, mais la fureur de Luminara ne s'apaisa pas. C'était insuffisant. Lysandre allait leur exploser à la figure, comme devant l'Oracle. La situation allait se répéter. Et ce n'était pas le semblant de question finale de Sorastrata qui allait tempérer l'affaire. Sauf que cette fois-ci, tout serait brisé : Lysandre serait seule, sans appui. Et la loi Olarile serait trahie. Luminara n'envisageait même pas que sa cousine puisse écouter. Non, certainement pas, alors qu'elle était dans un état quasiment pire que le sien. Elle-même devait fournir un grand effort de volonté pour conserver son sang-froid, elle n'estimait pas Lysandre capable de la surestimer dans ce domaine. Il fallait donc trouver un moyen d'arrêter les machines, et vite. Prendre la défense de Lysandre était exclu : Luminara aurait eu l'impression de se tromper elle-même. Rageant d'encore devoir prendre sur elle-même alors qu'elle avait déjà encaissé, Luminara fit la seule chose qui lui vint à l'esprit : elle éclata de rire.

    Un rire froid et méchant, qui ne lui allait pas du tout et qui ne lui correspondait pas le moins du monde. Le pire de ses rires forcés. Ses anciens amis, les fils de Filhakan, lui auraient dit qu'elle était une très mauvaise actrice. Un rire trop nerveux et trop proche de la folie. Mais à des années lumières d'Ebanelle. Luminara n'arpenterait pas son chemin obscur. Là, il s'agissait de faire arrêter l'escalade de colère qui les menaçait. Sorastrata comprendrait.

    - Voilà où en sont les fiers enfants de Bakarne Olarii ! Réduits à s'opposer dans une prison miteuse...

    Donner les quelques secondes nécessaires à Lysandre pour qu'elle ne hurle pas à l'encontre des remarques justifiées de sa grand-mère, c'était tout ce que Luminara espérait.

    - Elle va être belle, notre revanche...

    Luminara ne savait pas tellement ce qu'elle voulait en prononçant des paroles qui ne lui ressemblaient pas. Mais au moins, Lysandre ne s'était pas jetée à la gorge de Sorastrata. Cela, elle ne l'aurait pas supporté.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyMar 22 Juin - 18:09

Quel genre d'idiote mon enfant a-t-elle engendrée ?!

Avant cette phrase, Lysandre n'avait qu'une seule vision en tête. Qu'un seul sentiment, unique, féroce, incontrôlable. Plus fort que le besoin de respirer, qu'elle oubliait en reprenant son souffle après une longue minutes d'apnée. Plus fort que le besoin de bouger pour ne pas sentir ankyloser ses jambes sous son poids qui paraissait doubler sous l'absence de mouvements. Des fourmis grimpaient à ses mollets, des piqûres sur ses avant-bras et dans ses doigts l’irrépressible engelures de la fureur.

Comment sa Grand Mère pouvait-elle autant la détester. Comment pouvait-elle autant lui cracher au visage, elle, sa propre petite fille. Alors qu'elle ne faisait que tout mettre en oeuvre pour qu'elle soit fière d'elle. Pour que le nom d'Hirune résonne en tout esprit comme étant noble, fort, indomptable. Le digne écho de Bakarne. Pourquoi ne comprenait-elle pas que ses agissements n'étaient faits que dans un but : porter haut leur renommée, leur nom, qu'Hirune sonne comme une gloire et un hymne, faire oublier les années noires où les reproches n'étaient que synonymes. Faire s'effacer le nom doré d'Edorta à leur profit.

Pourquoi Grand Mère ne comprenait pas ? Pourquoi ne voyait-elle pas clair ? Pourquoi ne pas prendre sa défense ! Elle était sa petite fille, son sang-même, pourquoi ainsi la rejeter, sans cesse, et approuver, quoi qu'il arrive, la grande, la belle, la Danseuse ?! Dans le regard que Luminara lui avait porté, Lysandre avait ressenti trop de poids, qui alourdit encore son corps devenu douloureux de se retenir.

Lysandre ne comprenait pas.

Elle ne comprenait pas pourquoi ces deux femmes s'entendaient si bien, pourquoi Sorastrata voyait en sa Cousine les grâces auxquelles elle, n'avait droit. Elle avait pourtant accompli bien plus d'exploits qu'elle ! Elle avait été nommée Chef, elle avait tout fait pour cela. Tout. Jusqu'au bout, sans aucune limite. Sans aucun scrupule. Pourquoi sa Grand Mère ne l'admirait pas ? Pourquoi ?
Le Chef n'était cependant pas si aveugle. Pas si bête... Quoi que puisse en dire l'Ancienne ! Elle savait que son acte n'était pas celui qu'elle aurait pu effectuer, et qu'il avait provoqué trop de misère et de danger pour son peuple.

Pensait-elle qu'elle-même l'ignorait ? Pourquoi penser le lui rappeler, alors qu'en tant que Chef, elle le savait parfaitement ! Lysandre savait ! Et cette phrase malheureuse, ce coup de poignard. Pire que tout autre mot prononcée par l'ancienne Chasseresse. Pire que tout ce qu'elle aurait pu faire, giffle, coup de bâton, insultes.
Pas ce discours-là, Lysandre y lu la mépris de sa Grand Mère, pour celle qu'Una avait mis au monde. Comme si elle était indigne de cette mère, de cette ascendance. Comme une erreur. Et tout se brouilla. Parlait-elle, dès lors, en prononçant les mots « erreur », Sorastrata parut pour Lysandre parler d'elle. Elle ne vit que des sous-entendus, des injures muettes.

Et lorsque le rire de Luminara résonna comme une cloche l'éveilla, l'Hirune releva les yeux, immobile. Les larmes n'étaient plus celles, hargneuses, de la colère qu'elle ne peut contenir. Elle avait perdu les Tables, avait menacé un Ilédor... Pourquoi ne voyait-elle pas qu'elle avait cherché à rétablir les principes Olarils en étant le Représentants de son peuple face à eux, et qu'elle avait tenu à ne pas se laisser crachée au visage par l'un d'eux ? Pourquoi ne voyaient-elles pas les mêmes choses dans ces gestes ?
Pourquoi la détestait-elle autant ?

Le désespoir ne devoir sans cesse retrouver cette question, qui tournait dans son esprit, lui donnait des coups dans la poitrine, et empêchait ses muscles de faire quoi que ce soit. L'immobilisme dont elle faisait preuve rendait ses membres froids et engourdis. La colère n'était pas évanouie, mais mue en un énorme vide qui l'empêchait de penser clairement. De savoir quoi répondre, de savoir analyser ce rire qu'elle trouvait désagréable. Elle aurait, quelques secondes avant, ordonné à sa Cousine se cesser tout de suite ! Cette fois, son oeil resta en l'air, pour éviter que ne coulent ses sanglots.

Elle n'était pas idiote, et si sa Grand Mère le pensait, si elle osait poser la question, sans doute ne pouvait-elle pas l'aimer comme elle devrait. Pourquoi la rejetait-elle encore ? Elle chassa cette nouvelle question, qui rongeait son coeur en soulevant son estomac, par le besoin de parler. Sa voix s'érailla et se perdit d'abord, et il fallut un second effort pour pouvoir trouver assez d'énergie pour un son correct.

« Je demanderai audience à leur Chef. Et demanderai son pardon. » C'était brûlant, dans la gorge, d'ainsi avoir à annoncer un tel avenir. Le simple fait d'avoir à demander pardon avouait sa culpabilité, et elle aurait à s'abaisser devant eux, au moins pour qu'ils acceptent de libérer Luminara, et de ne faire aucun mal à son Peuple.

Que pouvait-elle raisonnablement faire d'autre ? Sa fureur, assommée par la douleur de constater de désamour de la Vieille femme, aurait préféré ne jamais avoir à mettre un genoux au sol, de hurler encore que jamais elle ne baisserait la tête, ni les armes, fussent-elles ses dents et ses ongles, devant ces Chiens qui les traitent comme des Moins-Que-Rien.

Comme elle aurait aimé pouvoir prier Bakarne...Qu'il lui vienne en aide. Mais désormais, à voir ceux de son Peuple, Lysandre craignait d'en faire appel à lui. Le Dieu Taureau n'aurait pas permis ça. Pas après de si grandes choses ! Pas après la Gérax et la formidable ascension des Olarils pour accomplir ce que nul autre n'avait réussi avant eux.

Que faire si ce n'est compter sur la clémence des Ilédors ? Ses poings se crispèrent immédiatement lorsqu'elle y songea, le choc dissipé légèrement. Clémence ?! Ces gens n'étaient que des Rats, c'était aux Olarils d'être le peuple le plus élégant et le plus glorieux, eux, les vrais Fils de Bakarne. C'étaient eux, les Descendants des Dieux, et pas ces Ilédors et leurs pratiques détestables. Où étaient leur noblesse, leur dignité et leur respect ? Alors que les Olarils s'étaient prosternés devant eux à leur arrivée, ils n'avaient fait que les écraser du pied.

« Il m'écoutera. Il aura à vous laisser en paix, et à te relâcher. » Elle eut un regard pour Luminara, bref, car elle craignait de devoir subir un autre regard, aussi fixa-t-elle seulement ses lèvres. Elle se permettait de rire de cette situation... Comment pouvait-elle ? Comment osait-elle... Là encore, Lysandre eut le profond sentiment de ne rien y comprendre. De ne pas avoir les capacités pour lire ces sentiments-là. Cette sensation de vulnérabilité et d'impuissante l'agaçait, et ses nerfs se tordaient, la rendant agitée, face à l'immobilisme de ces dernières minutes.

Elle était persuadée que le Chef de ces Ilédors auraient à l'écouter, qu'il le ferait, et qu'il accepterait. C'était impossible qu'il en soit différemment. Et au besoin, les Tables justifieraient leur ascendance Olarii. Pour cela, il faudrait les récupérer. Coûte que coûte. Mithra paierait. Quoi qu'en rie Luminara, sa revanche, à elle du moins, serait assurée, et d'une beauté jouissive pour la Chasseresse.

« Et sans doute aurais-je mieux fait de laisser cet Oracle nous trainer dans le boue, nous insulter en nous traitant d'ignobles, se rire de nos vêtements et de nos mains calleuses. » Sa voix lente et basse ne put que laisser place à un appel, presque plaintif.

«  Non, Grand Mère, quoi que tu puisses en penser, je ne laisserai jamais quelqu'un, Olaril ou Ilédor, Dieu même, salir notre Peuple. Si c'est là un défaut et non une qualité, faisant de moi un Chef bien peu digne de ton estime et de la reconnaissance des Olarils, alors on laissera dans les Tables un bien mauvais chapitre à mon égard, et je ne laisserais aucune trace parmi les mémoires. » Elle avala sa salive qui coinçait dans une gorge serrée de ne pouvoir fermer les paupières sans laisser s'échapper des larmes trop lourdes qui gouttaient sur le cuir amoché de sa tunique.

« Je ne mourrai cependant pas avec le sentiment de n'avoir jamais tenter un acte fou dans l'espoir de voir dans votre regard la fierté de m'avoir pour Chef. » Et dans cette phrase, le Peuple était cependant exclus. Certes il était primordial pour Lysandre de ressentir cet amour dans le regard des Olarils, cette confiance en elle, qu'ils lui avaient donné lors de l'ascension, cette sensation euphorisante, ce sentiment d'être enfin à sa place... D'être légitime, appréciée, approuvée. Elle se demanda si, un jour, elle pourrait de nouveau lire dans les pupilles de sa Grand Mère, l'affection qu'elle avait cru déceler quelques années au paravent.

Pourquoi n'était-elle pas fière d'elle ?! Lysandre renifla et essuya d'un revers de main ses jours. C'en était fini. Il était assez humiliant, d'être ainsi devant cette femme qui lui refusait tout sentiment agréable, devant le rire de Luminara, indescriptible. Elle n'avait pas à accentuer tout ceci d'une crise de pleurs. En redressant les yeux, elle était pourtant résignée. Si elle n'avait pas le soutien de sa Grand Mère, elle ne faiblirait cependant pas. Elle l'écouterait, c'était inévitable, bien que celle-ci puisse penser qu'elle n'en faisait qu'à sa tête... Elle ne la comprenait pas.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyLun 19 Juil - 18:18

Elles n'avaient pas écouté, pas obéi. Sorastrata avait sottement espéré que sa dernière question aurait clos le débat, et que ses filles auraient choisi de parler à présent de leur avenir si incertain, de ce qu'elles pourraient faire pour que leur peuple survive, voire prospère. Mais Grand-Mère aurait dû savoir que l'ère bénie où elle pouvait encore avoir le premier et le dernier mot était révolue depuis longtemps. Depuis que la paix avait quitté Arestim pour ne plus revenir. Tout était devenu chaos, rancoeurs cachées et explosions de rage. Ou peut-être ces abcès avaient-ils été toujours présents, crevant seulement maintenant ?

Comme pour refléter la noirceur de ce tableau, Luminara éclata d'un rire sardonique, seule réaction possible à ses yeux, mais qui sonna aux oreilles de sa Cousine et de sa Grand-Mère comme une cruelle moquerie. Un moyen de rester à l'écart de ces disputes insensées et inutiles. Et bien que Sorastrata fût agacée au dernier point d'avoir encore à s'expliquer avec Lysandre, elle n'accorda pas de faveur à la Danseuse et répondit à ce manque de respect d'une voix sèche.

Ne ris pas. Ce n'est ni le lieu ni le moment.

Puis ce fut au tour de leur Chef de répondre, et la matriarche fut satisfaite de voir qu'elle ne prit pas ce rire comme une nouvelle provocation. La colère de Lysandre semblait s'être épuisée, la laissant vulnérable, à vif. Lorsqu'elle annonça son intention de demander pardon au Gardan Edorta, l'avançant comme excuse et compromis, les premiers signes apparurent. Sa voix enrouée par une gorge brûlante, ses yeux qui se détournaient pour cacher leurs larmes de rage, sa lèvre tremblante et sa nuque raide...Pendant un instant, Sorastrata fut prise par l'envie de la prendre dans ses bras, de la rassurer et de balayer en une caresse toutes ses paroles sévères, ses reproches blessants et ses regards noirs. Sa tendresse et son amour pour ses filles n'avait jamais été aussi grand, mais la vieille femme raffermit son coeur et ne laissa rien transparaître. Son peuple comme ses enfants devaient survivre à cette nouvelle épreuve, et ce n'est pas en cajolant qu'elle les aiderait à y parvenir. Elle ne récolterait peut-être que la rancoeur pour cette sollicitude, mais la Chasseresse ne désirait ni amour ni reconnaissance, elle n'en avait pas le droit. Son bonheur était négligeable : ils étaient tout ce qui importait.

Lysandre finit de parler, tentant avec une lueur de défi dans ses yeux embrumés d'accepter la solitude, de s'enfermer dans sa détermination ; mais la matriarche n'accorda pas crédit à cette rébellion, elle ne se laissa ni attendrir ni offenser. Bien qu'elle ne sache comment l'assagir, elle connaissait son enfant, elle savait comment son esprit têtu fonctionnait, cette résolution sourde et incapable d'entendre raison. Peut-être avait-elle eu tort d'espérer obtenir quelque chose par des reproches et de la brutalité...Une autre erreur à mettre sur le compte de son arrogance : croire qu'elle pourrait faire grandir sa fille en la traitant comme une enfant. Il était difficile de voir Lysandre autrement qu'une jeune idiote, tant ses erreurs respiraient la fougue et l'insécurité, mais après ce nouvel échec, Grand-Mère se rappela qu'elle n'avait jamais tant eu l'oreille du Chef qu'aux moments où elle lui avait parlé sincèrement, en égale, en lui ouvrant son cœur et ses pensées. Cela suffirait peut-être à avoir son attention, mais la leçon passerait-elle ainsi enrobée de douceur ? Quand on parlait avec trop de force, Lysandre prenait peur, s'enfermait dans sa carapace de Chef, comme si la moindre autorité, même raisonnable, menaçait d'oblitérer la sienne. Mais quand on lui parlait avec calme, elle n'écoutait pas, convaincue que son titre lui donnait le droit d'ignorer même les conseils les plus avisés, comme si la déférence qu'on lui montrait prouvait à quel point elle avait raison. C'était une spirale désespérante qui semblait sans fin. Fallait-il mélanger douceur et force, obtenir l'attention et y faire entrer la sagesse ? Fallait-il se montrer fourbe et faire entrer ces leçons dans sa tête sans qu'elle s'en rende compte ? Sorastrata ne s'en savait pas capable. Ou peut-être valait-il mieux abandonner, laisser Lysandre à son aveuglement et chercher quelqu'un d'autre pour mener les Olarils à la paix ? Cette pensée traversa l'esprit de Grand-Mère un bref instant, mais se dissipa aussitôt. Le Chef était là par la Volonté des Dieux, et pour le meilleur ou pour le pire elle avait le destin de son peuple entre ses mains.

Entre tous ces rôles qu'elle ne savait pas jouer, Sorastrata choisir celui qui lui semblait le plus louable et se comporta en parent. Abandonnant un peu de sa sévérité, elle regarda sa fille avec un sérieux neutre et des yeux perçants.

Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Tu n'as pas écouté un mot de ce que je t'ai dit. Dans tes paroles, j'entends « J'accepte de m'excuser pour te faire plaisir, mais j'ai tout de même raison. ». Ce n'est pas ce que j'attends de toi, Lysandre. Je n'attends pas de toi des actes fous ou glorieux. Tout ce qu'il me reste comme espoir, c'est que mon peuple puisse vivre en paix et que mes enfants soient heureux. Tout ce que j'attends de toi en cet instant, c'est que tu reconnaisses l'erreur que tu as faite, et que tu fasses en sorte qu'elle ne se reproduise plus.


Se penchant vers sa petite-fille, elle ancra ses yeux dans les siens comme si elle pouvait voir jusqu'au plus profond d'elle.

Je sais ce que tu ressens, ma fille. Tu ne comprends pas pourquoi nous t'en voulons autant, tu crois être seule au monde, tu crois que nous sommes contre toi. Tu ne comprends pas pourquoi personne ne veut accepter que tu as raison. Je t'ai confié les mêmes sentiments il n'y a pas si longtemps, souviens-toi.

Les Jeux encore, lorsque Sorastrata avait pour la première fois tenté d'être délicate et conciliante. Son premier pas sur une route encore longue, elle s'en rendait bien compte.

Crois-tu vraiment que l'honneur de notre peuple n'a aucune valeur à nos yeux ? Crois-tu vraiment que notre cœur ne réclame pas vengeance pour l'affront que t'as fait l'Oracle ?

Grand-Mère posa sa main sur l'épaule de sa petite-fille et parla avec toute la conviction qu'elle était capable de rassembler.

Nous t'aimons, Lysandre. Tu crois peut-être que nos reproches viennent de la rancœur et de la haine, mais c'est faux. Je ne veux rien tant que te voir devenir le meilleur Chef possible, de te voir conduire les Olarils vers une vie paisible, et je suis sûre que Luminara en pense autant. Ta fierté est la mienne, tes rêves sont les miens. Mais ta colère, cette rapidité que tu as à prendre offense au moindre signe nous a tous mis en danger, et c'est cela que je te reproche, c'est là ton erreur qui nous a presque été fatale.

La matriarche regarda discrètement derrière elle. Les deux soldats discutaient toujours, semblant prêter peu d'attention aux Chasseresses. Mais Sorastrata n'aimait pas cette sensation d'être enfermée, épiée, contrôlée.

Ces « Ilédors » ont tout pouvoir sur nous, et si tu les affrontes face à face, ils n'auront qu'à faire un geste pour tous nous exécuter. Ils n'hésiteront pas, tu le sens autant que moi. Il n'y aura pas de gloire pour les Hirune s'il ne reste rien des Olarils ; tu es notre Chef, Lysandre, tu te dois d'assurer la sûreté de ton peuple. A cette heure, nous sommes impuissants : il n'y a que par la patience et la prudence que nous pourrons survivre. Le vent finira par tourner, et alors nous pourrons agir.

Sa voix changea de ton tandis qu'elle en revenait à ce qui les avait amenées ici, prenant un ton plus réfléchi et plus sombre.

Et je ne pense pas que tu devrais demander pardon, en tout cas pas avant que cet Oracle ne t'ait présenté ses excuses. Il ne faut pas que nous ayons l'air d'être à leur service, Lysandre, il y a d'autres moyens de défendre son honneur que...


Elle n'eut pas le temps de terminer, interrompue par l'agitation du dehors. Quelqu'un ou quelque chose venait apparemment d'arriver dans le fort, qui ne laissait pas les soldats indifférents.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyMer 21 Juil - 9:58

    Elle les regarder converser de loin, se tenant consciencieusement à l’écart de l’échange. Elle écoutait, presque distraitement. Elle observait les comportements. Conciliant, de l’ancêtre. Distant, de la sœur du Chef. Mitigé, de celle qui devait être la cousine…

    Puis Lysandre. Et son animosité monta, doucement.

    Elle s’en était fait une idée amère, lorsqu’elle avait appris ce qu’il s’était passé. Et son emportement, sa vulgarité révolta le soldat. Elenor également était capable de vulgarité, lorsqu’elle buvait, lorsqu’elle était en colère. Mais elle avait une notion aigue de la bienséance, et jamais elle ne mettrait qui que ce soit en péril pour défendre son égo.

    Lysandre était non seulement stupide, et dangereuse, mais d’une impolitesse, et d’une ingratitude incroyable. Oui, au plus elle la voyait brailler, gueuler comme un putois, puis afficher cette espèce de résignation digne d’une fillette de huit ans, plus Elenor peinait à se dire que tout un peuple avait pu la choisir comme Chef.

    Mais qu’importait ce peuple. Qu’importait leurs critères politiques, il n’était pas possible à toutes les dynasties de jouir de l’influence d’hommes tels qu’Elandor. Et après tout, son propre peuple avait pu tolérer le meurtre de ce dernier…

    La Grand-mère tentait (en vain selon Elenor) de dernières recommandations lorsqu’un soldat accourut vers son compagnon et elle.

    « Fall’ ! »
    Elenor et le soldat se retournèrent d’un même geste. Un soldat paniqué accourait, puis s’arrêta, interdit, devant les deux Olariles et Elenor…
    « Sergent Jagharii ?! »

    Fall’ s’approcha du nouveau venu, et entama une conversation à voix basse avec celui-ci, ponctuée de coups d’oeils paniqués en sa direction. Elenor fronça les sourcils, puis, s’assurant d’un regard du calme des bonnes femmes, elle rejoignit les deux hommes.

    « Que se passe-t-il ? demanda-t-elle doucement.
    - La Conseillère Tehanii approche, elle vient voir la sauvage.
    - Bordel de merde… »

    Oui, ça résumait bien la situation. Se retournant avec une vigueur toute militaire, cheveux d’ébène lui fouettant la joue, elle braqua ses yeux noirs sur le groupe de bouseuses.
    Le sergent Jagharii allait devoir se manifester.

    « Changement de programme ! » Elle avait gueulé, obligeant les Olariles à prêter attention à ce qu’elle disait. « On a un gros problème, il faut partir le plus vite possible. »

    Au moins, c’était clair. Elle se tourna vers Fall’ et le soldat. « Toi, dit-elle à ce dernier, va tenir l’entrée de la prison, trouve une excuse, démerde-toi. Fall’ ! » Celui-ci se mit automatiquement au garde à vous. « Tu embarques l’Aïeule et l’autre, et tu les fais sortir par derrière. Il ne faut pas que ce macchabé ambulant nous croise. Allez, vite ! » Un signe pour la vielle et la sœur, leur faisant comprendre que si elle ne se bougeaient pas le train d’elles-mêmes, Elenor allait les sortir de la à coup de pieds au cul.

    « Et vous ? demanda Fall’ tandis que le soldat partait déjà pour l’entrée.
    - J’ai deux mots à lui dire avant, je vous rejoins tout de suite » Elle avait désigné Lysandre d’un coup de menton.

    Une fois tout le monde parti, ne demeurait dans le coin qu’Elenor, Lysandre et Luminara. La Jagharii s’approcha de la grille, d’un pas ferme, sans lâcher le Chef des yeux.

    Fulgurance, sans prévenir et surprenant jusqu’aux sens d’Elenor, elle flanqua dans la grille entre elles un coup retentissant. Regards liés, elle soutint celui de la chasseresse.

    « Tu as raison, glissa Elenor d’une voix sombre. Nous ne sommes pas comme vous, et ce que tu es, qui tu es et ton pouvoir, je m’en tape comme d’une guigne.

    Je ne suis pas ta sœur ni ta… cousine. Tu n’es rien, pour moi. Rien si ce n’est une femme qui a eu le culot de mettre en péril la réputation d’un homme bon.

    Sieben Raetan a offert l’hospitalité à ton peuple, et tel que je le connais, même ta bêtise ne saurait le départir de sa générosité.

    Je ne suis pas comme lui.

    Alors je te préviens, Lysandre Hirune, la chasseresse… Des femmes comme toi, j’en ai buté un sacré bon paquet, et la nuit je dors sur mes deux oreilles. Si, d’aventure, l’envie de refaire ce type de connerie te prenait à l’avenir… Si tu sors de là en vie, je te le ferais payer.

    Très cher.

    Pour cette fois, ça passe. Mais je vis au Ceste, moi aussi. Et je serais là, chaque jour, dans ton sillage. Et je te surveillerais. Les tiens ont peut-être des scrupules, mais je n’en ai pas. »
    Un coup d’œil presque paniqué pour le couloir, cette fois, donc commençait à venir du bruit. « La femme qui vient ici est dangereuse. Ne vous fiez pas à ce qu’elle dit, je menace, elle non. Elle, elle exécute. Pour le bien de ton peuple et pour sa sécurité, montre toi conciliante avec elle. De la même manière, ne lui dis pas que j’ai conduis ici ta grand-mère et ta sœur, je ne suis pas dans ses petits papiers. Si elle l’apprend, tu n’auras aucune chance de sortir de ce trou à rat. Pas sur tes deux jambes. » Elle était passée de la menace aux conseils.

    « Si vous vous tenez tranquilles, Olariles, alors nous pourrons vous aider. Si vous ne faites pas de vagues, et restez à votre place. Sache aussi que si tu peux lui paraître utile, cette affreuse bonne femme pourra peut-être aller dans ton sens, en apparence. Profite-en. La situation ici était déjà périlleuse avant votre arrivée, donc si tu ne veux pas qu’ils passent jusqu’à vos mioches par le fer, suis mes conseils. » Ce disant, elle avait désigné le groupe qui arrivait. Elenor avait menacé Lysandre, à titre personnel. Ce qui arrivait était une menace pour le groupe entier.

    D’un geste, elle lui signifia le silence, puis c’est sans un bruit qu’elle se retira en courant, à la suite de Fall’ et des deux autres.

    Vanhilde Tehanii… Bon sang cette vieille peau était sans cesse sur la brèche…

    Ca devenait beaucoup plus sérieux que prévu.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyVen 23 Juil - 16:35

Vanhilde Tehanii n'avait pas souvent à se trouver dans les Quartiers Militaires, et encore moins dans les cellules qui pullulaient de détenus. Les modestes larcins n'avaient pas son attention : s'ils étaint ici, s'ils s'étaient fait prendre, alors ces petits voleurs de pommes n'avaient pas assez de Volonté pour que Therdone ne décide d'un sort plus favorable à leur sujet.
Non, car la Conseillère, et l'ancienne Moniale, n'avait pas à se rendre aux Cachots : ceux qu'elle condamnait, de toute évidence, étaient exécutés sur-le-champ. Car lorsque sa sentence se faisait entendre, elle était dictée par Therdone, et le Tout-Puissant n'aimait pas qu'on fasse attendre la Justice.

Son pas n'était pas lent, elle ne craignait pas ce lieu. Son pas n'était pas rapide, malgré la pointe d'impatience qui perçait son coeur. Oui, elle allait rencontrer le Chef des ces Etrangers, ceux que les Oracles avaient annoncé, ceux de la Prophétie, et se savoir Juge devant de tels êtres lui donnait un pouvoir considérable, pouvoir qui lui piquait le bout des doigts, et la laissait euphorique. Enivrée du goût qu'il avait sur sa langue.

Elle aurait à écouter Therdone en toute justesse, et c'était lorsqu'elle avait en elle assez de Volonté pour affirmer ou non la culpabilité d'un Homme, qu'elle se sentait en osmose avec son Dieu. Ce moment viendrait bientôt, car elle aurait à juger de la folie de celle qu'on avait désigné comme étant une Démente, Furieuse et Dangereuse. Celle qui avait osé s'attaquer à l'Oracle, la Parole de Dieu, la Voix du Très-Haut.

Elle devait être inconsciente, folle, impures dans ses actes, pour avoir assez de bêtise, assez, pour prétendre s'élever face à celui qui était l'envoyé de Therdone. Cette femme avait fait l'erreur d'une vie entière, celle précède la Mort. Car peut-on survivre à un tel affront ? Vanhilde sentait l'excitation de cette confrontation lui engourdir les mains, maintenues derrière son dos, le menton haut, alors qu'elle fut accueillie par l'un des soldats de la garde.

Celui-ci sembla dévier le regard à son approche, marmonnant une sombre affaire de rat, lui imposant de répit.

« Assez. Il ne pourra rien advenir qui puisse me détourner de ma route. Ôtez-vous immédiatement. » L'homme déglutit lui répéta qu'une femme de son rang devait craindre ces rongeurs, porteurs de maladie, et qu'elle n'aurait qu'à patienter que quelques secondes avant qu'on ait pu le faire déguerpir des cellules. Là encore, Vanhilde resta d'une neutralité froide, sourde à ce qu'il pouvait dire.

« Serais-tu prêts à mettre en retard l'envoyée du Gardan Edorta ? » Et le Soldat ne put que secouer la tête, négativement, confus et peureux aussi, d'avoir à finalement ouvrir les portes. Il glissa un oeil inquiet en poussant l'épais panneau de bois, massif et lourd, et sembla soulagé de constater que les quatre intrus s'en étaient allés à temps.

L'attitude du gardien ne laissa aucun souvenir, aucune émotion dans l'esprit de la Conseillère ; non, car ses pas bientôt résonnaient dans les cachots humides où gouttaient une eau peu limpide. Elle fronça le nez face aux parfums peu délicats des lieux, mais rien ne put la faire ralentir la cadence, elle avançait de façon progressive, contenue, et sûre d'elle, soulevant juste un peu plus les pans de sa robe sombre afin qu'elle ne prenne aucune saleté du sol.

Enfin, et conduite par l'un des gardiens qui faisait plus de deux têtes de plus qu'elle, Vanhilde fut bientôt menée devant la prison de deux femmes. Habillées comme des sauvages, du cuir et de la chair dévêtue, voilà ce qu'elle voyait. De la crasse sur le visage, des ongles sales, des genoux abimés. Et il y avait chez l'une d'entre elle une expression de farouche méprise. La Conseillère plissa les yeux alors que le soldat annonçait :

- Celle de droite, c'est elle, Madame la Conseillère Tehanii. Elle dit qu'elle est le Chef de ces gens, et l'autre, c'est sans doute sa servante.

Peu importait qui était l'autre femme, les yeux de Vanhilde étaient fixement ancré sur le visage marbré par la misère et la rage de celle qui était à la tête des descendants Olarii. Un sourire zébra la face de la Moniale, un sourire qui traduisait son extrême bonheur d'avoir à juger cette femme ; d'avoir à la mesurer, la calculer, la peser, et enfin, affirmer si, oui ou non, Therdone accordait sa grâce, ou souhaitait la voir pendre à un gibet.

Il fallait pendre les Faibles. Therdone nous le dictait.

« Vous qui venez de derrière les Monts, tous vos actes ont été observés par Therdone, et il sera seul Juge de votre Volonté. » Elle sentit un mouvement faire frémir tout le corps de leur Chef, et malgré qu'elle affiche un visage contenu, Vanhilde savait lire la frustration, la retenue qui fait souffrir. Cette femme ne savait ce qu'était la pondération et le contrôle, c'était évident.

« Pour avoir menacé un Oracle de Therdone, vous méritez la Pendaison. » Haussa-t-elle le ton, comme si ces mots sonnaient à ses oreilles comme une mélodie suave.

« Pour avoir laissé votre Colère surmonter votre Volonté, vous méritez la Pendaison. » Elle avait baissé pourtant la voix, pas encore un murmure, juste une affirmation, comme personnelle. Oui, et elle détestait cela : tous ces gens, incapable de modérer leurs ardeurs, leurs pulsions et leur instinct, tous n'étaient que des Faibles ! Il fallait les pendre, tous !

« Et pour avoir soutenu son acte, vous méritez, vous aussi, la Pendaison. » Fit Vanhilde en plantant son regard sombre dans celui de la Chasseresse qui se tenait près de l'autre. Car ceux qui s'allaient avec des Faibles, n'étaient pas non plus dignes de vivre sous la protection du Tout-Puissant. Ainsi était le Souhait de Therdone. Et le sien.

Le regard de la Conseillère revint rapidement sur Lysandre. Il y résidait quelque chose qui attirait l'attention. Le défi. La menace, encore, en un simple échange. La femme aux cheveux ébouriffés ne parlait pas, et pourtant, Vanhilde sentait l'aura qu'elle dégageait, l'aura de haine pure, insondable tant elle était immense. Pouvait-on autant ressentir ? Ces extrêmes semblaient absents de la Moniale...
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptySam 24 Juil - 19:38

Sorastrata avait évoqué tout ce qu'elle attendait de sa petite fille. Lysandre avait écouté, oui, elle l'avait entendue, bien qu'elle eut voulu à plusieurs reprises la couper pour faire valoir son point de vue, lui montrer qu'elle avait raison. C'était si dur de devoir se raisonner lorsque tout son corps, et son esprit, plus son coeur, hurlaient d'agir, de réagir, sans pourtant réussir à faire quoi que ce soit. Résignée, Lysandre était restée ainsi, après avoir fermé la bouche. Parce qu'elle savait, au fond d'elle, qu'elles n'arriveraient pas à entrer en osmose.

Pas avec elle. Avec personne, d'ailleurs... Le Chef d'Arestim et des Olarils se refusa à y penser, mais elle ne voyait aucune relation qui puisse la satisfaire. Où était Nydearin aujourd'hui ? Il n'était pas là, alors que sa famille venait la voir. Jezabel restait silencieuse, absente, effacée... Elle ne disait rien ! N'osait rien dire ? Pourquoi ne prenait-elle pas sa défense, alors qu'elles étaient réconciliées ?

Luminara riait comme une démente et se moquait de la situation, et Grand Mère voulait qu'elle abdique devant elle. Oui, elle fasse ce qu'elle voulait. Qu'elle avoue, mente, et parle comme elle l'entendait, et pour quelle récompense ?! Un sourire ? Un regard ? Les premiers mots de l'Ancienne ne réussirent pas à faire changer d'avis l'Hirune.

Mais bientôt, son Aïeule fut moins dure, moins de reproche dans ses yeux, et même, quelque chose d'affectueux. De compréhensif. Lysandre resta sur la défensive, un instant, ayant même un mouvement de recul involontaire, mais Sorastrata évoqua son ressenti. Ce qu'elle savait que sa petite fille ressentait actuellement... La solitude, l'incompréhension, l'isolement. En effet... La Chasseresse baissa le regard, ne songeant plus à être forte face à sa Grand Mère.

Alors elle savait tout ceci et lui parlait tout de même de cette façon ? Elle savait ce que pouvait avoir Lysandre au fond du coeur, et n'agissez pas en conséquence ? Pourquoi vouloir lui enfoncer la tête dans l'eau, plutôt que de l'en sortir ? Elle avala sa salive, laissa ses bras tomber, mais la colère ne revint pas. Malgré la sensation d'avoir été trahie, Lysandre n'avait besoin que de cela. Qu'elle sache combien Sorastrata avait conscience de tout ceci, de ce que cela faisait.

Et bien qu'elle ne puisse s'empêcher de penser, que malgré tout, ceci n'était pas comparable avec ce que ressentait un Chef, la jeune femme avait comme un poids en moins dans l'estomac, qui calmait la rancœur. Qui la calmait, certes, mais elle n'était pas disparue.

Mais enfin, le soulagement. Grand Mère annonçait que l'Oracle était en tord. Enfin. L'affront méritait vengeance, Sorastrata l'annonçait ! Ce fut malgré elle qu'elle sourit et que ses dents furent dévoilées, l'Hirune ne pouvait se retenir devant ceci. Et si elle avait eu tord de réagir aussi violemment, ce chien d'Ilédor était en faute également ! C'était ce qu'il manquait au Chef pour se sentir épaulée. Après avoir hurlé chacune de leur côté, l'une contre l'autre, sans s'entendre, Lysandre savait que Luminara et sa Grand Mère avaient mesuré l'affront de l'Oracle. Elles étaient d'accord toutes les trois.

La suite fut floue. Les preuves d'affection de l'Aïeule effacèrent le sourire de la Chasseresse, mais son visage n'en fut pas moins reconnaissant, au contraire. Son visage n'était plus tiré en une expression de rage informe ; Bientôt, la main sur son épaule fut plus agréable que toute étreinte, et Lysandre ferma une seconde les paupières.

Soulagée, se sentant soutenue, elle n'avait plus de raison de se borner à grogner ; Elle pouvait réfléchir à son acte, dangereux pour son peuple, et elle réalisait à quel point tout ceci aurait pu être pire... Elle n'avait pas eu le temps de prendre d'autres décisions pourtant... Elle n'avait fait qu'écouter son instinct, qui lui dictait de faire taire cet homme, parce qu'il l'insultait. Elle avait eu tord de l'attaquer ...

« Je ... Je suis désolée de ce que je vous ai f ... » Murmura-t-elle, avant que l'agitation ne la coupe brutalement.

Ce furent des soldats, et bientôt, les Hirune durent déguerpir avant qu'elles ne soient vues. Sans pouvoir faire autre chose que caresser les mains qui s'éloignaient, Lysandre empoigna les barreaux avant que ne disparaissent leurs silhouettes.
Cependant, l'une d'entre elle demeurait nette. Celle de cette femme, qui les avait amené jusqu'ici. Cette Ilédore. Lysandre ignorait encore si elle devait la remercier ou la haïr d'être l'une d'entre eux. Et bientôt, elle eut sa réponse.

Cette femme cracha encore, les Ilédors devaient n'être bons qu'à ça. Maniéré comme l'Oracle, ou Vulgaire comme cette femme, Lysandre les détestait. Devait-elle avait peur d'elle ? Les yeux du Chef se plissèrent lorsqu'elle parlait, et un léger sourire étira ses lèvres, sans qu'elle ne puisse réellement savoir si elle souhaitait la provoquer.
Les paroles de l'Ancienne étaient encore trop ancrée, elle craignait d'avoir à parler avec trop de hargne, si elle ouvrait la bouche, et de briser le moment privilégié qu'elle venait d'avoir avec sa Grand Mère. Et pourtant... Combien aurait-elle donné pour renchérir !

Pourtant, sans parler, l'attitude de Lysandre annonçait parfaitement son mépris. Elle se recula d'un pas, croisant les bras sur la poitrine, sans quitter du regard cette femme. Devait-elle la craindre ? Etait-elle sensée s'abaisser devant elle ? Non ! Qu'elle vienne ! Qu'elle l'attende, qu'elle la surveille ! Elle était Chef des Olarils !

Puis vint l'évocation de celle qui venait leur rendre visite... Visiblement quelqu'un que même elle craignait. L'Hirune resta attentive, se demandant ce qu'il pouvait advenir de pire. Un juge ? Un bourreau ? Ses prunelles allaient désormais de ce couloir encore vide au visage de l'Ilédore. Rester à leur place... Ces gens étaient indignes d'avoir pour Ancêtre Bakarne et les siens. Ils ne voulaient que les faire taire, et effacer de leur vie.
La colère souleva sa poitrine, mais il fallut qu'elle parte en vitesse.

« Merci du conseil. » Souffla-t-elle sans une once de reconnaissance ; car le seul et juste conseil qu'elle lui avait fourni concernait cette femme qui déjà s'avançait au travers des barreaux qui lui bouchaient la vue. Une femme grande, longue et sans forme, dans un écrin noir, et au visage d'un mort. Celle-là faisait peur, sans avoir à montrer les crocs comme une chienne qui a la rage. Celle-là donnait froid dans le dos.
Lysandre tourna la tête vers Luminara, et d'un geste, effleura sa main, pour lui donner du courage, et s'en donner également. Elles auraient vraisemblablement à être soudée, cette fois...

La femme ne se présenta pas, et la Chasseresse s'interrogea à l'évocation de Therdone. Qui était-il ? Leur chef ? Elle échangea un regard avec sa Cousine, sans réponse. Puis la sentence, immédiate, sans procès. Un frisson parcourut l'Hirune qui déglutit. Allaient-ils sans ménagement les exécuter ? Elle ne pouvait pas attendre sagement qu'on lui dise de fermer les yeux ! Et déjà, elle priait Sorastrata de l'excuser pour ce qu'elle dirait ...

« Votre Oracle mérite-t-il lui aussi la Pendaison, pour nous avoir offensé ?! » Lysandre leva le menton. Son timbre n'était pas confus et saccadé, comme à son entrée en prison. Cette fois, elle mesurait ses mots, les avait pesé, vite certes, mais n'avait rien lâché sans réfléchir. S'il fallait être condamnée pour ses actes, elle aurait à l'accepter, mais tous les coupables devraient payer également !

« Les Dieux m'en soient témoins. Les Tables d'Olaria ne porteront jamais pour inscription la mort d'un Chef, si tous les coupables ne sont pas châtiés. » Sa voix ne tremblait pas, malgré que la proximité de cette femme puisse refroidir toute pièce, et que ses doigts se trouvaient gelés par la concentration.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyDim 25 Juil - 12:04

    Après son rire destiné à rétablir les esprits dans le droit chemin et fermement rabroué par Sorastrata, Luminara se laissa surprendre par la réaction de Lysandre. Hébétée, elle écouta sa cousine parler de demander pardon. Elle se serait étranglée de rage. Demander pardon à ce chien de Therdorus Uldarii ? Mais sa cousine était devenue folle ! Et puis, quelle mouche la piquait ? Comment restait-elle aussi calme ? Luminara se retourna vivement et chercha le regard de sa cousine. Ce qu'elle y vit la dérouta franchement. Lysandre était blessée, ce qui interloqua suffisamment Luminara pour qu'elle cesse de s'énerver davantage à chaque respiration de sa cousine. Elle s'était emportée et avait jugé sévèrement le Chef des Olarils, quelques instants plus tôt. Quand cette dernière se tourna vers elle pour lui dire qu'elle la ferait relâcher, Luminara voulut dire que c'était inutile. Elle voulut dire qu'elle partagerait le sort de Lysandre parce qu'il était hors de question que le Chef soit laissé seul, parce qu'elle ne voulait pas l'abandonner et parce qu'elle la soutenait, fut-ce au prix d'un séjour dans une geôle. Mais les attitudes de Lysandre se contredisaient trop. Elle passait, telle une girouette, de la plus entêtée des réactions à la plus souple des propositions. Incapable de répliquer quelque chose parce qu'elle était éberluée, Luminara referma sa bouche, qui s'était ouverte sous le coup de la surprise.

    Quand elle entendit la suite des paroles de Lysandre, Luminara réalisa l'ampleur de la blessure de sa cousine, et ressentit durant un très bref instant de la peine pour la femme à peine sortie de l'enfance qu'était Lysandre. C'était donc une question de fierté qu'elle voulait voir briller dans leurs yeux ? Une question d'amour qu'elle lui croyait refusé ? Mais... elle était complètement à côté de la vérité ! Qu'est-ce qui selon sa cousine qui se posait quasiment en victime, maintenant, les poussait à la soutenir et à rester près d'elle malgré ses faux pas ? En avait-elle seulement conscience ? Autant la détresse de Lysandre avait fait retomber la colère aveugle de Luminara, autant ce manque de discernement la conforta dans l'idée que, plus que jamais, Lysandre aurait besoin d'elles. Elle n'eut pas le loisir de répondre ; Sorastrata s'en chargea mieux qu'elle, avec des mots plus justes et certainement plus appréciés. Car il importait de montrer à Lysandre qu'elle était aimée. Et qu'elles étaient fières qu'elle, une Hirune, ait été choisie par Laclaos pour guider les Olarils. Mais tout de même ! Luminara aussi voulait la gloire et la grandeur pour sa famille ! Lysandre pensait-elle être la seule à rêver d'aller plus haut et plus loin ? À nouveau, la Chasseresse n'eut pas l'occasion de faire savoir ce qu'elle pensait réellement : elles furent interrompues.

    Sorastrata et Jezabel partirent en coup de vent, après une dernière étreinte que Luminara trouva trop courte. Et elles se retrouvèrent face à la femme qui les avait aidées. Une guerrière, à n'en pas douter. Là, Luminara réalisa à quel point Lysandre serait critiquée, de partout, pour ce qu'elle avait fait. L'inconnue l'attaqua en règle, violemment, sans lui laisser la possibilité de réagir. Elle eut, durant un bref instant, l'image de sa cousine se battant férocement au corps à corps avec l'Ilédore et eut un sursaut d'orgueil en estimant que Lysandre l'emporterait. Si le fond était exact – d'ailleurs, Luminara n'avait pas du tout envisagé l'idée qu'elles avaient pu mettre en danger un « homme bon » par leurs actes – il n'en demeurait pas moins que la forme était trop agressive pour être entièrement justifiée par la raison avancée. Autre chose poussait cette femme à menacer le Chef des Olarils, et il fallait qu'elles sachent quoi. En outre, malgré cette nouvelle épée de Damoclès suspendue au-dessus de Lysandre, Luminara savait maintenant que le temps des récriminations était fini. Malgré la rancœur qu'elle conservait à l'égard de sa cousine, elle ne pouvait la laisser affronter seule de telles accusations. Revenait l'éternelle raison : elles étaient Hirune, et Luminara la soutiendrait quoi qu'il arrive. Elle gratifia sa cousine d'un regard sûr, et murmura juste avant l'arrivée imminente de celle que l'Ilédore avait appelée le « macchabée ambulant » :

    - Lysandre. Quoi qu'il arrive, je reste avec toi.

    Ce n'était même pas discutable. Il s'agissait de sa décision. Cela lui coûterait peut-être plus cher que ce qu'elle était prête à payer, mais il ne serait jamais dit d'elle qu'elle avait abandonné sa cousine au moment le plus difficile. Oui, Sorastrata avait raison : quoi qu'il en soit, elles aimaient Lysandre, et elles ne la laisseraient pas tomber.

    Les deux femmes se redressèrent, prêtes à affronter celle qui allait arriver. Luminara reprit l'air digne et détaché qu'elle arborait autrefois, puis serra la main de Lysandre. Elles feraient front ensemble. Elle comprit l'expression de macchabée ambulant au moment où elle vit arriver l'Ilédore. Fine, hautaine et solennelle, la Conseillère respirait la mort. Comme si un instinct sauvage hérité d'ancêtres farouches lui hurlait de s'éloigner, Luminara comprit qu'il n'y aurait pas de pitié dans leur confrontation. Elle resta stable, dure comme un roc. Elle ne bougea pas d'un centimètre et pas un muscle de son visage ne trahit la fureur qui recommençait à gronder en elle. Une humiliation supplémentaire. Non, plus qu'une humiliation, une menace de mort.

    Luminara se revit dans la grotte où Amiguel l'avait sauvée. Elle avait l'intime conviction qu'elle ne pourrait plus mourir. Si la Gérax ne l'avait pas arrêtée, si la mort ne l'avait pas emportée plus tôt, ce n'était certainement pas pour qu'elle ploie devant une telle femme, aussi dure soit-elle. Elle ne sourit pas, mais sut que la fougue de Lysandre jouerait en leur faveur. Les paroles de la Conseillère n'étaient que des menaces, malgré leur concrétisation possible. Entendre qu'elle méritait la pendaison pour avoir soutenu Lysandre ne fit ni chaud ni froid à Luminara. Après tout, c'était entièrement vrai, et c'était justement fondé : Luminara soutenait Lysandre, depuis toujours. Et même si elle ne cautionnait pas ce qui était arrivé, elle assumait entièrement son alignement.

    La réplique de Lysandre sonnait juste. Et cette fois-ci, elle était non seulement dans son droit, mais également sur la voie de la raison. D'une voix posée, tranquille mais emplie de défi, pour masquer sa haine, parce qu'elle n'entendait pas se laisser faire, Luminara répondit :

    - Commençons donc par nous présenter, pour que vous sachiez à qui vous vous adressez. Vous êtes la Conseillère Tehanii, bien que vous n'ayez pas pris la peine de nous le dire. Voici Lysandre Hirune, le Chef des Olarils, ou des Olarii. Je ne suis pas une servante, je suis de son sang. Je me nomme Luminara Hirune.

    Pour la Chasseresse, forcer la Conseillère à passer par des présentations était une façon de revendiquer un statut égal au sien. Elle n'avait pas à les traiter comme des moins que rien, que du contraire.

    - Vous parlez de Therdone, de son Oracle, qui nous a pourtant annoncées. Nous sommes les filles de Bakarne Olarii, et c'est ainsi que vous nous traitez, vous qui venez représenter la justice ?

    Oubliées, les recommandations de l'Ilédore guerrière. Si la Conseillère voulait leur faire peur, elle se heurterait à un mur. Luminara pensa à l'utilisation abusive du terme volonté dans le discours de la Conseillère. Peut-être serait-il intéressait d'utiliser le terme à son encontre...

    - Les Tables ne sont pas parvenues à leur fin. Et si vous parlez de nous tuer, c'est parce que vous ne voulez pas le comprendre.

    Le regard de Luminara ne fléchit pas et se fit sans pitié. Elle ne mourrait pas maintenant, c'était la seule certitude qu'elle avait. Et Lysandre ne plierait pas devant l'Ilédore, jamais.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyMar 27 Juil - 20:16

Il résidait dans cette cellule une tension extrême, que Vanhilde, à défaut de savoir elle-même la produire tant elle était forte, pouvait palper sans mal. Ce fut très vite, lorsque cette Olarile parla, puis aux paroles dénoncées à sa suite, que la Conseillère reçut le Verdict de Therdone. Il y avait dans l'air de la Haine, et les deux femmes possédaient sans nul doute énormément de fureur, de défi, l'absence de cette crainte qui empêche de répondre face à elle, comme d'autres l'ont souvent.

Celle qui fait trembler la voix, qui laisse frémir les doigts, et fait papillonner les cils. Non, ces deux Femmes avaient parlé, leurs timbres étaient contrôlés bien que le ton sûr, et on sentait par delà des mots, de plus importantes pensées, trop brutales pour qu'elles sachent être exprimées sans exploser. Oui, Vanhilde voyait tout ceci en elles. Celle qui était leur Chef avait sans mal placé un pion, sans laisser le silence s'appesantir en sa défaveur, elle avait avancé son argument de façon noble.

Celle qui semblait absolument vouloir qu'on la sache parente de cette dernière amena également ses mesures avec la fermeté d'un Stratège. Leur assurance était étonnante, pour un peuple que l'on considérait déjà comme plus bas que la Plèbe. Sur le visage de la Conseillère Tehanii, se dessina imperceptiblement d'abord, un simulacre de rictus.

« Rien, ni personne, ne saurait offenser l'Oracle. Therdone seul en a le droit. » Répondit alors, d'un calme sans vague, sans rythme, et sans nuance, la voix de Vanhilde.

La Moniale savait depuis plusieurs minutes leur Sort. A toutes deux, Therdone avait scellé le destin. Mais, malgré qu'elles aient si justement été jugée par le Tout-Puissant, Vanhilde avait à casser leur stratégie. Les réduire à néant, leur exprimer leur erreur, leur démontrer leur impuissance face à la Grandeur de Therdone.

« En Adoratrice, je sais Qui vous êtes, et quel est votre Père. En Conseillère, je me dois d'avoir entre les mains, les preuves de votre Ascendance. Et si elle est réellement prouvée, alors, Therdone vous accordera la Vie Sauve. »

Vanhilde savait ce qu'elle dirait au Gardan Edorta, et ce depuis que le Chef des Olarils avait ouvert la bouche. Cependant, les derniers mots de cette femme, Luminara Hirune, avaient leur importance, et il était désormais hors de question qu'elle les laisse partir sans ces précieux écrits.

« Cette preuve réside dans vos Tables d'Olaria. » Elle leva le menton, le visage devenu plus que glacial. « Qui sont en possession de celle qui s'est présentée au Gardan Edorta. » Allait-elle ainsi leur annoncer que par l'absence de ces preuves, ici, dans cette Prison, les deux femmes ne pourraient revoir la lumière du jour qu'au travers des barreaux de leur geôle ?

« Aussi, lorsque les Tables seront à nouveau entre vos mains, il me faudra les consulter, et attester de la véracité de vos propos. » Cela sous entendait de les libérer, de les laisser récupérer le livre auprès de cette femme au Palais. Et qu'elles les lui remette pour quelques instant. Oui. Lire les Tables. Car si toute l'histoire était ainsi inscrite dans cet ouvrage, alors Vanhilde aurait la démonstration que ces êtres sont les Descendants de la Prophétie.

Elle était femme à croire aveuglément. A n'en point douter. Mais si ce livre faisait référence à Bakarne, descendant de Phaerl Olarii, Premier Oracle et Gardan Edorta d'Isle, alors cela en faisait une Relique...

Ce qui était imperceptible fut mué en un sourire. Il n'était ni agréable, ni terrifiant. Il avait la douceur d'une bénédiction que l'on reçoit, d'un souffle d'air chaud. La Conseillère sentait au fond d'elle, la naissance d'un raie de lumière sur son visage. Celui de la Connaissance. Et elles n'auraient pas le choix : il suffisait pour Vanhilde d'admettre l’authenticité des Tables d'Olaria, pour les libérer, et pour hisser leur peuple au rang de Messie.
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Lysandre Hirune
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyJeu 12 Aoû - 17:35

Cette femme était déroutante. Effrayante, car elle semblait autant une alliée qu'une ennemie mortelle. Elle semblait être une vipère, dont les écailles blanches paraissaient trop lisses pour pouvoir s'y fier pleinement, fourbe et pourtant, pourtant, elle avait en elle comme un pouvoir de les convaincre. Le fait est que cette Conseillère avait des mots qui sonnaient justes aux oreilles de Lysandre, et ce malgré qu'elle ait envie de lui hurler que, non, jamais, elle ne lui remettrait les Tables !

Ca avait été sa toute première réaction, qu'elle n'avait pu contenir : ouvrir grands les yeux et se retenir de refuser catégoriquement, car jamais quelqu'un d'autre qu'un Chef ne pourrait effleurer le cuir usé de cette Relique. Et pourtant... cette réflexion laissait l'amer goût dans la gorge de l'Hirune, ce souvenir de Mithra Edorta possédant ce précieux héritage divin.
Et malgré toute la haine, la douleur qui résultait de la demande explicite de Vanhilde, la Chasseresse avait su entendre ces arguments ; elle ignorait trop de choses à propos des Ilédors. Bien qu'elle sache s'en méfier, Lysandre ne voyait aucune autre solution afin de prouver à tous qu'ils étaient bien ceux qu'annonçaient cette Prophétie.

Si les Tables d'Olaria pouvait les aider à être libres, et à faire accepter les Olarils parmi ces gens ? Si elles servaient à les hisser plus haut que le rang de poussières parmi eux ? Un souffle d'air emplit les poumons de l'Hirune pendant qu'elle respirait ; Une promesse ou un rayon de clarté dans son coeur. Presque un espoir. Comme si malgré tout le dégoût qu'elle éprouvait pour ces Ilédors, elle pouvait sentir un moyen de devenir leurs égaux, d'enfin leur prouver qui ils étaient, ce qu'ils étaient. De se faire respecter.
De les faire taire. Ou qu'ils parlent d'eux comme les Descendants de Bakarne, et pas ces Gueux qui empestent ! Des fils de Dieux !

Le réconfort, la force et la dignité de Luminara aidait le Chef à se sentir en pleine supériorité. Comme si cette cage n'était plus aussi vile, aussi puante. Désormais, elles étaient en position de force, dans l'esprit de la Chasseresse. Cette femme, cette Morte, leur demandait les Tables, elles décideraient. C'était une sensation agréable, déformée certes par toutes les pensées chaotiques de Lysandre, mais une étonnante énergie l'envahissait. L'assurance, la noblesse. Elle eut un léger mouvement, son menton se levait imperceptiblement jusqu'à arborer une stature digne de l'une d'entre eux.

« Menez-moi auprès de Mithra Edorta, et lorsque les Tables d'Olaria me reviendront de droit, alors... » C'était presque euphorisant. La dernière fois qu'elle s'était sentie autant en confiance remontait à quelques semaines. Dans la Gérax, lorsque tous l'avaient suivi à l'unisson, comme un seul homme derrière elle. Lorsqu'ils l'aimaient, l'approuvaient tous. Lorsqu'ils la suivaient.

« Alors vous aurez la preuve que nous sommes les Descendants de Bakarne Olarii. » Elle sentait sa bouche chauffer sous ses mots, une vague l'électrisait. Elle avait l'impression de tenir entre ses mains le fils fragile de son destin. De l'empoigner et de le saisir sans crainte. Elle savait ce qu'elle devait faire, désormais.

« Aux conditions d'être seule face à moi lorsque vous lirez ses pages, et qu'après votre lecture, jamais vous n'évoquiez ce que vous y avez découvert. » Son regard était plus déterminé que jamais. Menaçant, également, sans être trop violent : elle voulait signifier à cette femme qu'elle n'avait hésité à attaquer un Oracle, et qu'une Conseillère ne lui faisait pas peur non plus, si elle bafouait sa parole.

Par cette attitude, elle souhaitait également rassurer Luminara, et comme lui souffler qu'elle avait eut raison de lui faire confiance, de la soutenir. Lysandre avait le sentiment d'être invincible. Il résidait simplement dans son esprit une pointe de tristesse, encore inexpliqué, à l'idée qu'un Ilédor puisse lire ces écrits sacrés ; Mais après tout, celui par qui ils avaient été initiés était l'un d'entre eux... La Vérité serait alors révélée à cette femme ... Comme elle l'avait lue près d'un an au paravent.
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyDim 22 Aoû - 20:55

    Les mots défilaient à toute allure dans la bouche de cette femme qui semblait incapable de nuancer son timbre de voix. Enveloppée dans sa robe comme dans un linceul, elle expliquait sans émotion apparente ce qu'elle comptait faire. Et Luminara nota aussitôt deux choses : celle qui leur faisait face avait un statut double. Elle était Adoratrice et Conseillère. L'un était forcément lié à la religion, tandis que l'autre lui faisait penser à une place proche du pouvoir. Elle transposa rapidement rapidement la situation : aurait-elle eu la chance de naître en Arestim, la femme aurait été une prêtresse de la famille possédant le pouvoir. Elle semblait faire la part entre ses deux rôles, mais Luminara avait l'impression que l'un prendrait le pas sur l'autre, si elle était poussée dans la bonne direction. Elle était censée détenir leur vie entre ses mains : quelle était la voie la plus sage à emprunter ? La femme voulait les Tables. C'était maintenant à elles de jouer correctement l'atout qu'elles avaient en main.

    Lysandre mania habilement – Sorastrata serait fière, autant que Luminara l'était en cet instant. La colère n'était pas oubliée, mais force était de constater que sa cousine n'était pas au bout de ses ressources. Elle savait puiser au plus profond d'elle-même lorsque la situation l'exigeait, finalement. Oui, Lysandre allait récupérer les Tables auprès de l'Endeuillée, et prouver leur statut. Après, tout Isle saurait qu'ils n'étaient pas les sauvages humiliés par l'Oracle, mais les glorieux fils de Bakarne. La preuve éclatante de leur noblesse jaillirait aux yeux de tous, et ce serait un premier pas dans leur revanche. La vieille, qui avait déjà un pied dans la tombe, se consumait d'envie pour ces mystérieuses Tables pour lesquelles Lysandre avait risqué sa vie. Les conditions lui importaient peu : elle savait qu'elle-même ne pourrait jamais les déchiffrer. Elle avait l'impression que l'Ilédore ne méritait pas de lire ces lignes sacrées ; elles n'étaient toutefois pas en mesure de lui opposer un refus. Quelle vérité y trouverait-elle ? Espérant de tout son cœur que le contenu n'en serait pas dévoilé à tout Edor Adeï, tout en se demandant si un jour elle oserait questionner Lysandre sur les Tables, elle ajouta d'une voix ferme :

    - Cette preuve de notre ascendance devra être rendue publique.

    La parole de l'Oracle ne suffisait pas. La prédiction prenait vie, la prophétie se révélait : les enfants de Bakarne étaient revenus, et même si la venue de Therdorus Uldarii constituait un aveu suffisant, il semblait primordial à Luminara que la justification de leur présence soit clamée. Il fallait que les Olarils puissent commencer une vie ailleurs que dans les bas-fonds de l'opulente et dépravée cité.

    - Et notre peuple sera traité avec les honneurs qui lui sont dûs.

    Là, Luminara ne réclamait rien. C'était plus qu'une revendication, c'était une Volonté, puisqu'elle semblait tellement apprécier le mot. Il était simplement inconcevable que les Olarils soient laissés pour compte. Finalement, cette Morte - qui les menaçait quelques secondes plus tôt - se révélait être une alliée inattendue. Certes, l'Ilédore les mépriserait à jamais, mais elles ne pouvaient espérer changer au détour d'une discussion houleuse les opinions de tout Edor Adeï. Toutefois, elle pourrait leur servir d'introduction dans le monde ilédor. Luminara ne doutait pas un instant de l'intégration des siens dans la cité « des dieux ». Il faudrait du temps pour effacer l'insulte et l'étiquette de sauvage, mais ils n'étaient pas au bout de leurs ressources. Ils venaient d'arriver : il n'avaient besoin que de quelques mois pour s'accoutumer.

    Son propre avenir était plus flou. Il y avait Therdorus Uldarii, forcément, mais aussi l'envie formidable de goûter la saveur de sa vie et de se trouver de nouveaux rêves. Les Hirune n'étaient pas au bout de leur course. Certes, elle s'énerverait encore contre Lysandre, elle écouterait encore Sorastrata, elle irait peut-être même chasser encore avec Jezabel, mais la lutte pour rétablir leur rang ne serait pas vaine.

    Demain, elle redevenait une femme au statut élevé.
    Demain, elle demeurait au Palais.
    Demain, elle revivait... comme Arestim Dominae à travers elle.
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Vanhilde Tehanii
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MessageSujet: Re: Une visite sous escorte.   Une visite sous escorte. EmptyLun 23 Aoû - 19:33

Plus rien ne comptait dans l'esprit de la Conseillère. Non, plus rien. Elle avait sa réponse, elle lirait cet héritage. Elle aurait la Vérité devant les yeux, pourrait parcourir les pages qui lui enseigneraient le Savoir des anciens, de Bakarne lui-même, et elle allait enfin savoir si ces paysans venus d'au delà de la Gérax se trouvaient être réellement le Peuple Elu.

Oh, non, elle ne doutait pas des Oracles, de la Prophétie. Elle n'était pas femme à douter d'eux, de leur parole, de l'air qu'ils respiraient. Elle était ancienne Moniale, Pieuse à ne pouvoir restée impunie si elle pêchait, quitte à s'infliger bien des maux volontairement. Elle avait le souhait d'être fidèle à Therdone, à sa Volonté.

Et elle savait que la Volonté du Tout-Puissant était qu'elle lise les Tables d'Olaria. Les yeux ternes de cette femme n'avaient jamais été aussi brillant, d'une lueur lugubre de jouissance, de soif de ce pouvoir que procurait la Vérité. De cette impatience qui ne se voyait que dans ses iris luisantes, alors que son visage, pâle, strict à faire peur, ne ressentait rien d'autre qu'une calme observation de ces deux Olariles.

Elles se voulaient fières, qu'elles le soient ! Peu importait les conditions et les demandes, peu importait leur poitrail bien droit et leur menton levé comme si elles défilaient devant le Gardan Edorta, se pavanant d'être si digne. Oh, qu'elles se montrent nobles devant elle, ces Femmes du Peuple Elu, Vanhilde saurait bientôt qui elles sont. Elle pourrait apporter la Vérité aux Ilédors.
Mais la Conseillère savait aussi ce que cela engendrerait... Car elle étudiait toutes les possibilités.

Si ces gens étaient les Descendants de Bakarne, ceux de la Prophétie, comme elle le croyait fermement, alors, elle n'aurait d'autre choix que de les suivre. Car telle était la Volonté du Seigneur.

« Il sera fait comme vous le désirez. » Murmura-t-elle d'une voix suffisamment audible, mais morne. Et elle leva un bras, d'où les voilages de sa toilette s'envolèrent avec une grâce aérienne, loin d'être belle, bien qu'élégante. Un linceul gelé. Un soldat s'approcha, fit claquer ses talons de métal, au garde-à-vous.

« Therdone réclame qu'elles soient libérées sur le champ. Sa Volonté est que celle-ci me mène auprès des Preuves. » Elle ne put retenir une ombre de sourire, juste un fantôme sur ses lèvres blanches.

- Bien Madame.


Le soldat acquiesça, et comme s'il ne souhaitait pas se faire prier, comme pour abréger au plus vite sa rencontre avec la Morte, il s'empressa de tirer de sa ceinture les lourdes clés qui laissaient une musique salvatrice dans les cachots, tantôt pleins, tantôt vides. Plusieurs tours furent nécessaires à ouvrir les grilles d'une lourdeur effrayante. Enfin, les deux Olariles purent faire un pas vers la Liberté.

« Suivez-moi jusqu'au Palais. Je vous conduirai à Mithra Edorta, à l'Epée, et aux Tables. »
Vanhilde eut un mouvement énigmatique de visage, comme une invitation qui n'était pas évidente. Mais dans ses gestes, la Conseillère d'Ysor était équivoque : désormais, pour les Chasseresses, il était temps de visiter le Palais du Gardan Edorta, Perle parmi les Bijoux d'Edor Adeï.
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