Les Tables d'Olaria
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 Une visite inattendue

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Eloi Ralonii
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MessageSujet: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyMer 7 Juil - 14:31

Depuis quelques temps il semblait bien que la vie d’Eloi soit tout sauf tranquille. Therdone semblait prendre un malin plaisir à jouer avec ses nerfs, en le confrontant à des situations plus ou moins compliquées et embarrassantes. Tout d’abord il y avait eu Lell et sa chienne, apparues sur scène alors qu’elle était interdite au public, et qui plus est, inaccessible à tout le personnel étranger au Grand Théâtre. L’affaire s’était plutôt bien terminée, même s’il avait laissé un goût amer à la jeune herboriste en l’obligeant à se déshabiller devant lui. Il doutait qu’elle lui pardonne un tel affront.

Ensuite, Aliénora Melrilfii était revenue pour reprendre sa place de cantatrice. Son deuil était encore frais, et en jouant avec ses nerfs il avait bien cru la tuer su place. L’histoire s’était terminée par un quiproquo de la part du personnel du théâtre qui pensait dur comme fer qu’ils étaient fiancés. Finis les racolages comme quoi ils avaient une aventure, non, pour tout le personnel désormais il était clair et net que leur relation était plus que sérieuse. Et bien sûr, personne ne le croyait quand il démentait toute l’affaire.

Enfin, venait l’affaire avec Phaedan Indaril. Ce capitaine de l’armée avait tenu des propos pour le moins étrange qui ont choqué Aliénora au point qu’elle vint le voir pour connaitre la démarche à suivre. Le dénoncer ou non ? Cet idiot parlait de reconstruire tout un nouveau système qui annihilerait le pouvoir des conseillers. Ses idées, loin d’être aussi extrémistes que celles des Dissidents ou des Révolutionnaires, étaient pour le moins dérangeantes, et c’est non peine qu’il parvint à lui éviter la corde. Il avait fait comprendre à Aliénora que sa parole serait mise en doute de par le deuil de son mari, lui aussi ancien soldat. Son rejet de l’armée n’était plus à faire, aussi si elle portait une accusation il serait difficile de la croire, même si elle était Noble de Sang. Une chance pour Indaril et Eloi qui ne voulait pas avoir sa mort sur la conscience, parce que c’était ce qui se serait passé s’il lui avait demandé de le dénoncer.

Toutefois, même si pour Aliénora l’affaire était oubliée, il n’en allait pas de même pour le directeur. Pourquoi tenir de tels propos ? Voulait-il tester la jeune cantatrice ? Ou le pensait-il vraiment ? Il avait proposé que la sœur de lait de la jeune femme le surveille, mais il mit aussi son œil dans l’histoire, se renseignant à son sujet. Hormis l’écart avec elle, il ne fit aucune erreur, si bien que l’on commença à s’interroger sur le comportement étrange du directeur. A tous ceux qui lui posaient la question, il répondit qu’il avait eu vent de rumeurs étranges au sujet du capitaine, mais qu’il fut rassuré de voir qu’elles étaient toutes fausses.


« On n’est jamais assez prudent n’est-ce pas ? Vous imaginez ? Un dissident parmi l’armée ? »

Les gens se moquèrent, mais cette peur les taraudait si bien qu’ils en oublièrent la suspicion du directeur pour le remercier de sa prudence. Oui, n’était jamais assez prudent.

Après une cinq jours passés à l’observer, Eloi abandonna l’affaire. Soit il s’était rendu compte de son erreur et se tenait à carreau, soit c’était un piège et voyant qu’Aliénora n’était pas tombé dedans il avait abandonné son manège. Pensait-il qu’elle était une Dissidente à cause de la mort de son mari ? Allez savoir. Mais vu son comportement de la dernière fois, le directeur ne doutait plus de son attachement au système. Elle était prête à tout pour rester dans les bonnes grâces des conseillers.

Ce matin Eloi se rendit comme à son habitude au Grand Théâtre. Cette fois il était vêtu de doré, portant une ample veste bouffante qui ne laissait nullement transparaitre la chemise à jabot blanche qu’il portait en dessous. Sur le devant de la veste, deux bandes bien visibles descendaient de haut en bas, dorées elles aussi, mais où se voyaient des dessins de lys. Méprisant le pantalon, Eloi portait comme toujours un haut-de-chausse doré et bouffant comme la veste, ainsi que des bas de soie blancs. Ses chaussures étaient elles aussi dorées, assorties à l’ensemble. Il aurait été mal séant d’avoir des chaussures noires avec une telle tenue. Sa tête était coiffée d’un chapeau à larges bords de la même couleur que le reste de sa tenue, ornée d’une plume jaune. Ostentatoire ? Bien sûr. Il s’agit d’Eloi Ralonii après tout !

Etant le dépositaire des clés, c’était à lui que revenait le loisir d’ouvrir et fermer le théâtre. Nul n’avait les clés hormis. Pourtant, le jeune directeur allait avoir une surprise ce matin là. A peine entré, il entendit que l’on toquait à la porte si bien qu’il retourna à l’entrée. Un jeune coursier l’attendait, qui s’inclina à sa vue.


« Messire Ralonii, voici un paquet pour vous. »

Le directeur prit le paquet en question. Il était petit, comme un écrin à bijou. Arquant un sourcil il demanda :

« -Qui est l’expéditeur ?
-On m’a demandé de vous dire que la réponse était à l’intérieur.
-Bien. Merci. »


Et c’est sans un mot qu’il retourna à l’intérieur sans donner de pourboire au jeune homme. On l’avait bien payé pour le livrer non ? Alors pourquoi lui donner encore plus de sous en ce cas ? Derrière lui deux hommes entrèrent, des ombres, chargées de surveiller l’entrée pour ne laisse passer que les chanteurs, les musiciens et les acteurs. Les autres étaient amenées au bureau d’Eloi. Bien, s’ils étaient là, ce dernier pouvait allait travailler.

Le directeur soupesa le paquet, se demandant bien ce que cela pouvait bien être. Et surtout qui pouvait le lui envoyer. Un bijou ? Une douceur ? Aurait-il tapé dans l’œil d’une noble ? Mais qui ? Toutes les réponses se trouvaient à l’intérieur, aussi lui faudrait-il ouvrir le paquet pour les avoir.

Oubliant ces préoccupations, il se rendit jusqu’à son bureau. Il s’apprêta à l’ouvrir, mais fut surpris de constater que la porte n’était pas verrouillée. Avait-il oublié de le faire la veille ? Etrange, cela ne lui ressemblait point. C’est donc un Eloi pour le moins surpris qui ouvrit la porte de son bureau pour découvrir…

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Charis Sandragil
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyDim 11 Juil - 10:34

    Éléni avait, comme à son habitude, passé sa semaine à courir derrière les rumeurs et à écouter les indic' qui avaient quelque chose d'assez inhabituel pour lui parler de vive voix. L'arrivée des descendants de Bakarne avait poussé les gens à commettre des erreurs, par peur ou par excitation. Et la Dissidence avait ainsi recruté de nouvelles personnes, qui s'étaient démasquées seules. La petite informatrice était contente : l'organisation secrète d'Elandor prenait une proportion encore jamais atteinte. Du côté des Révolutionnaires, c'était aussi un recrutement intensif, mais elle y était moins active : elle se contentait pour le moment de suivre l'évolution des choses.

    Elle était en train de refaire mentalement la liste des derniers Actifs de la Dissidence, assise à une table du Ceste Clouté et avisant de l'œil les sauvages descendants de Bakarne, quand elle reconnut un de ses indic' qui passait la porte de l'auberge. Elle le vit se diriger vers le bar et demander à Sieben s'il savait où était Éléni. Elle se leva vivement, sûre de son fait, s'approcha de l'homme, portant avec décence les lourds atours de matrone qu'elle s'était concocté avant de venir, et commanda un verre de lait, avant de dire gentiment :

    - Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es.

    Son indic' ne lui fit pas la grâce de paraître surpris, comme s'il avait renoncé depuis longtemps à percer le secret d'Éléni. Cette fois-ci, elle avait un bon quarante-cinq ans. Son visage était ridé et décharné, son corps enlaidi par l'âge et grossi par l'embonpoint. Elle était assez mal fagottée, plutôt de type humble – ils étaient dans le quartier des Commerçants, après tout. Elle s'appelait Galicia Siroa, elle n'avait pas d'enfants mais trois nièces sur lesquelles elle passait sa journée à tempêter. Son mari était un vieil alcoolique, mais il l'avait sincèrement aimée, dans leur jeunesse. Jeunesse trop éloignée pour que Galicia puisse se mentir à elle-même. Mais cette couverture importait peu ; l'homme savait maintenant qu'elle était Éléni. Ils restèrent au bar : il n'y avait pas grand-monde au Ceste.

    - Il s'est passé des choses inhabituelles dans le quartier que je surveille. Le directeur du Grand Théâtre s'est renseigné sur un Conservateur.

    Éléni tendit aussitôt l'oreille. Le Ralonii qui dirigeait le théâtre était un Conservateur influent, mais qui ne s'abaissait pas à faire des enquêtes sur ceux qui le côtoyaient. En outre, c'était un lien à faire avec la vie de Charis Arcarian, qui était de temps en temps Ombre dans l'Amphithéâtre. Elle connaissait le milieu, et même si elle n'avait jamais rencontré Eloi Ralonii, elle situait parfaitement le personnage.

    - Quel Conservateur ?
    - Un certain Phaedan Indaril, capitaine à l'armée.

    Éléni haussa les sourcils. Elle ne connaissait pas le nom, c'était que c'était un homme sans histoires, ou du moins pas du tout impliqué dans la Dissidence. Or, il venait de l'Armée, le terreau de la Dissidence, justement. Il fallait qu'elle creuse au plus vite l'information. Elle regarda son indic', curieuse :

    - Autre chose ?

    Un peu déçu qu'Éléni ne lui manifeste pas plus d'attention, l'homme haussa les épaules :

    - Non, mais c'est suffisamment inhabituel pour que...

    Éléni eut un grand sourire. Elle sortit une grosse somme d'argent de sa bourse, payant l'information son prix double.

    - C'est exactement de ce type de renseignement dont j'ai besoin. Merci. À bientôt, Essom Lajen.

    Elle lui fit un clin d'œil et partit rapidement du Ceste Clouté.

    Elle passa le reste de sa journée à reconstituer les derniers jours d'Eloi Ralonii, dont elle connaissait déjà le passé, et la vie de Phaedan Indaril. Vers la moitié de la nuit, elle s'était fait sa propre idée sur la question. Il lui manquait l'essentiel, l'élément déclencheur qui avait poussé le directeur du Grand Théâtre à fouiller le passé de Phaedan Indaril, un ami d'Ysor du genre distrait mais tout de même un Conservateur tout ce qu'il y a de plus loyal... toutefois, Éléni lisait suffisamment bien entre les lignes pour comprendre que la situation était largement exploitable, car il y avait plus. Le capitaine, Phaedan Indaril, avait eu des mots malheureux sur la Dissidence que le directeur n'avait pas exploités, lui, le Conservateur. La situation était difficile à démêler, mais il y avait forcément anguille sous roche, que ce soit d'un côté ou de l'autre. En temps normal, Éléni aurait penché pour l'Armée, mais c'était Eloi Ralonii qui n'avait pas un comportement habituel, aussi convenait-il de commencer par lui. Elle sourit. Ainsi, un des hommes du Gardan faisait double jeu ? C'était pour le moins intéressant. Restait à savoir si Eloi Ralonii penchait Révolution ou Dissidence... et depuis combien de temps. Était-ce l'œuvre d'un homme rompu aux exercices de dissimulation ou d'un homme hésitant qui voulait faire marche arrière ?

    Éléni fila dans la Ville Haute, chez une de ses connaissances qui travaillait dans l'orfèvrerie. Elle lui commanda une broche en or pur représentant le symbole du Gardan Edorta, le cheval cabré, pour le lendemain à l'aube. L'amie en question s'insurgea, s'énerva puis se fit tout sucre tout miel devant le chiffre avancé par Éléni. En crachant une réflexion sur le fait de jeter l'argent par les fenêtres, elle s'attela au travail, disant que finalement elle pouvait récupérer ce qui avait déjà été fait sur une autre broche.

    Ravie, Éléni dormit un peu, puis se déguisa soigneusement. Elle se fit rousse, parsema son visage de taches de rousseur, se vieillit pour parvenir aux trente-cinq ans choisis, s'habilla et se coiffa comme une commerçante aisée mais sobre. Ni belle, ni horrible, tout juste jolie. Elle passa plusieurs leurres pour élargir sa silhouette et se donner une apparence plus charnue. Vêtue d'une robe noire simple mais élégante, aux manches longues et évasées, elle prit garde à laisser plusieurs détails trahir l'origine simple de son personnage, qui voulait paraître d'une caste sociale plus élevée. Elle ne vit aucun inconvénient à reprendre le nom de Galicia Siroa, puisqu'elle n'avait parlé à personne sous couverture, la veille. Mais la vie de cette dernière avait maintenant changé : c'était une respectable commerçante, fervente adepte de Therdone, ancienne moniale reconvertie dans le Commerce avec son arrogant et ambitieux mari. Elle n'avait qu'un seul enfant, une fille, qui était la prunelle de ses yeux. Et elle portait sur sa poitrine une broche familiale, transmise de mère en fille.

    Une fois prête, elle courut reprendre le petit cheval – un superbe bijou qu'elle paya rubis sur ongle – et se dirigea vers le centre de la Ville Haute. Elle ne s'y sentait pas déplacée, mais Galicia, si. Elle héla un gamin, lui donna un gros pourboire et lui mit l'écrin dans les mains :

    - Porte ça à Eloi Ralonii, le directeur du Grand Théâtre. Dis-lui que sa réponse est à l'intérieur.

    Elle s'éloigna vers la place de l'Étoile, puis, quand le gamin eut disparu, elle revint sur ses pas et se glissa dans le Grand Théâtre. Y pénétrer fut un jeu d'enfant : elle connaissait le principe sur lequel étaient construits les grands bâtiments d'Edor Adeï et elle était Ombre elle-même. En revanche, elle dut déployer des trésors d'inventivité pour forcer la serrure dans le bureau du directeur. Derrière elle, le soleil commençait sa course. Elle soupira, soulagée. Tout juste ! Elle attendit patiemment, fouillant sans se hâter ce que contenait le bureau. Elle n'y trouva rien d'intéressant, pas même dans les caches traditionnelles que recelait ce genre d'endroit, ce qui la frustra. À première vue, elle était dans le bureau d'un Conservateur normal. À première vue...

    Enfin, l'homme qu'elle attendait daigna entrer. Elle voulait voir son expression, parce qu'il convenait de découvrir l'effet que son cadeau avait eu sur lui. Se sentirait-il trahi, incompris, conforté dans ses positions ? Afin de ne rien manquer, elle s'installa purement et simplement à la place qu'Eloi Ralonii occupait habituellement. Galicia Siroa ne se le serait jamais permis, mais Éléni osait tout. Et puis, si elle y réfléchissait bien, Galicia était plutôt froide et hautaine, et c'était bien dans le but de confronter Eloi Ralonii qu'elle était là, alors peut-être que si, finalement.

    Mais elle fut déçue : l'écrin était dans ses mains, encore fermé. Elle avisa les vêtements flamboyants du directeur. Or, or et encore or. Elle sourit : le cheval serait au moins dans le bon ton et de la bonne matière. Mais, comme le Conservateur se fissurait sous un autre homme, le cheval n'irait pas aux vêtements du Ralonii : il serait invisible sur l'or qui parsemait tout le vêtement. Elle le regarda. Il était censé croire au Gardan. Les Ralonii étaient un fidèle appui du trône, mais les actes rapportés par ses indic' signalait le contraire. Les Ralonii tenaient les rênes du Grand Théâtre et côtoyaient les artistes depuis des générations. Était-il possible que l'un d'entre eux ait repris à son compte le jeux des acteurs et aille au-delà des apparences ?

    Elle inclina légèrement la tête, polie pour ne pas froisser le directeur qui devait déjà être passablement agacé.

    - Bonjour, Eloi Ralonii. Je vous en prie, installez-vous, sans oublier de fermer la porte. Nous avons à parler affaires, mais seulement quand vous aurez ouvert ce que vous tenez dans vos mains. N'ayez crainte, rien ne vous explosera à la figure comme dans une mauvaise pièce.


    Patiemment, le regard défiant le directeur de la contredire, Galicia fit un geste d'invitation de la main.
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Eloi Ralonii
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyMer 14 Juil - 18:58

Une femme... Dans son bureau… Assise sur son fauteuil… Bien qu’Eloi soit plus que surpris de sa présence ici, le sang de son personnage ne fit qu’un tour. S’avançant avec rage il invectiva l’impudente.

« Qui êtes-vous, et comment êtes-vous entrée ici ? »

Il fermait toujours la porte de son bureau à clé, ainsi que le théâtre, mais voila que cette étrangère était parvenue à entrer et à forcer la serrure de son bureau pour l’y attendre. Ne se départant pas de son regard haineux, le directeur analysa la situation. Cette femme, cette inconnue, voulait le rencontrer comme le prouvait ses dires. Elle semblait être une simple roturière, mais Eloi se doutait qu’elle était plus que cela. Pourquoi une femme du bas peuple prendrait le risque de forcer son théâtre et son bureau et de l’attendre bien sagement pour discuter ? Quelque chose ne tournait pas rond, quelque chose qui effrayait le directeur. Il avait un très mauvais pressentiment, mais ne le montra pas.

Regardant le paquet qu’il tenait dans la main, il le soupesa avant de se retourner vers la femme assise dans son fauteuil. Il brandit le paquet avec un geste brusque.


« C’est vous qui me l’avez envoyé ? »

Qu’est-ce que cela voulait dire ? Une sueur froide commençait à lui couler le long de la nuque. Se retournant vers la porte, il la ferma avec rage et tourna la clé. Qui qu’elle soit, elle ne s’en irait pas sans réponses. Il lui jeta un nouveau coup d’œil avant d’ouvrir vivement le paquet. Son regard se fit surpris devant ce qui l’attendait.

*On m’a demandé de vous dire que la réponse était à l’intérieur.*

*Par les couilles de Therdorne !*


A l’intérieur se trouvait une broche en or avec un cheval. Le symbole du Gardan Edorta. C’était lui qui lui envoyait cela ? Non, la femme savait ce que c’était. C’était elle qui le lui avait envoyé ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Elle le représentait ? Elle était une émissaire ? Une espionne ? Quoi à la fin ? La peur étreignait le cœur d’Eloi Ralonii, et cela du se lire dans ses yeux. Son visage restait marqué par la surprise par contre. Quel était le fin fond de cette histoire ? Que lui voulait-on ? Il n’avait rien fait de répréhensible, il n’avait aucune raison d’avoir peur. Alors pourquoi son cœur tambourinait ainsi dans sa poitrine ?

Refermant la boîte, il reprit contenance et se recomposa un masque de colère. A dire vrai il n’avait pas beaucoup d’efforts à faire pour avoir l’air furieux. Déposant le paquet sur son bureau il croisa les bras et dit d’une voix dure et froide :


« Vous êtes assise à ma place ! »

Il fusillait l’inconnue du regard, et tout son corps trahissait la fureur. Eloi laissait son masque prendre l’ascendant, il le laissait agir à sa guise car il était sa seule défense, sa seule chance de se protéger. Il l’a toujours été, mais quelque chose lui disait qu’il n’en avait jamais eu besoin autant qu’aujourd’hui.

« Vous avez pénétré MON bureau, dans MON théâtre ! Peu m’importe d’où vous venez ou qui vous envoie, je ne tolère pas que l’on viole ainsi mon domaine ! Alors j’ose espérer que ce que vous avez à me dire est assez important pour ne pas m’empêcher de vous jeter dehors à coups de pieds dans le derrière, et d'appeler la garde afin qu'ils vous jettent au fers pour votre intrusion ! »

Eloi avait posé ses poings sur le bureau et affrontait le regard de la roturière. Elle n’était plus très jeune, mais encore fraîche. Ses vêtements de moindre facture trahissait son appartenance au bas peuple, population que méprisait le masque du directeur. Qui était-elle ? Ne pas savoir dérangeait le jeune homme. Ce secret était une arme dangereuse. Tant qu’il ne savait pas à qui il avait affaire il ne pouvait savoir comment agir avec elle.
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Charis Sandragil
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyMer 21 Juil - 13:47

    Les questions, enfin. Il convenait de commencer sur des bases pas trop instables. Éléni était au cœur d'un théâtre, elle ne pensait pas éclaircir la situation sans suivre les règles spectaculaires du milieu. Laissant à Galicia le soin de se présenter, elle répondit :

    - Mon nom est Galicia Siroa, je suis dans le commerce. N'y pensez même pas, je peux vous assurer que nous ne nous sommes jamais rencontrés auparavant.

    Très sérieusement, elle poursuivit :

    - Et je suis entrée par la porte.

    Sentant que c'était là un signe de provocation plutôt propre à Éléni, Galicia reprit :

    - C'était un petit manquement pour vous parler tranquillement. Vous pouvez nous enfermer si vous le souhaitez.

    Éléni en aurait ri, mais elle n'aimait pas être emprisonnée ; considérant que c'était pour la bonne cause, elle ne bougea pas. Elle regarda un instant le cheval ciselé, qui brillait de mille feux. Si elle s'était trompée et ne recrutait pas le Ralonii, son manque de discernement lui coûterait cher, et son orfèvre d'amie se moquerait d'elle.

    - Ce bijou est un cadeau, effectivement. Je dirais même : un cadeau de bienvenue.

    Galicia était agacée par les questions légitimes du directeur, mais il y avait quelque chose qu'elle devait reconnaître : le mettre en colère ne ferait pas avancer leurs affaires. Éléni, elle, s'amusait franchement de le voir aussi irrité. Elle laissa calmement la tempête passer et continua d'un ton imperturbable, en se levant :

    - Comme vous venez de le souligner, nous sommes chez vous. Je m'excuse si je vous ai froissé, ce n'était pas mon intention. Je vous laisse donc récupérer les attributs de votre fonction, directeur Ralonii. Quant à me jeter au cachot, nous n'en parviendrons pas à une telle extrémité.

    Et de toute façon, je vous fausserai compagnie bien avant. Éléni passa devant lui, fit le tour et s'assit face au bureau, lui tournant presque le dos. Elle devait bien choisir les phrases qui suivraient. Le directeur du théâtre voulait maintenant savoir ce qu'elle avait à lui dire, mais elle ne pouvait tout simplement pas lui dire en face ce qui l'amenait dans son bureau. Il fallait qu'il comprenne dans quel camp elle était, mais il fallait surtout qu'elle lui fasse comprendre que son attitude n'était pas logique.

    - Êtes-vous bon acteur, directeur Ralonii ?

    Pas un muscle de Galicia ne trahit son impatience. La conversation avançait lentement, mais sûrement. Eloi Ralonii aurait l'impression de jouer au chat et à la souris, mais il était hors de question d'aller plus vite. Brûler une étape pouvait se révéler mortel, et elle n'avait que des pressentiments à son encontre, fondés certes, mais tout de même seulement des impressions.

    - Si je vous pose la question, c'est que je suis ici pour vous parler de dissimulation et de comédie, ou d'incohérences. Certains hommes n'agissent pas toujours comme le laisse supposer leur sang.

    Bientôt, les véritables noms pourraient sortir dans la discussion. Mais il n'était pas encore temps de nommer la Dissidence ou la Révolution. Il était temps de voir ce qu'Eloi Ralonii comprenait de son charabia. Elle le voyait bien, la panique commençait lentement mais sûrement à le traverser. Déjà, il lui avait crié dessus, alors qu'il était évident qu'une femme de la corpulence et du gabarit de Galicia ne pouvait pas lui faire le moindre mal. Un autre Conservateur l'aurait mise au fer sans même réfléchir. Toutefois, Éléni en avait conscience, personne n'aurait apprécié d'avoir comme surprise matinale une froide quadragénaire dans son bureau supposé fermé.

    - Les apparences peuvent être trompeuses, croyez-moi.

    Éléni s'amusait énormément, mais Galicia demeurait de glace. Ce n'était guère le moment de s'amuser, et les enfantillages n'étaient pas de mise dans une aussi importante proposition.
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyLun 30 Aoû - 14:18

Eloi garda son regarda furieux sur la femme d’âge mûre assise derrière son bureau. Qui était-elle ? Comment avait-elle pénétrée dans son bureau ? Que faisait-elle ici ? Trop de questions se bousculaient dans sa tête, aussi fallait-il faire le tri. Toutefois son masque n’était pas d’humeur patiente, aussi prit-il les devants en formulant tout haut ses pensées. L’inconnue se présenta comme étant une commerçante qu’il n’avait jamais vue. Alors pourquoi venir le voir ? Etait-elle là de son propre chef ? Etait-elle une intermédiaire ? Trop de questions encore, beaucoup trop.

Quand elle plaisanta sur la manière dont elle était entrée, il répondit, tentant de ne pas exploser :


« Et comment êtes-vous entrée par la porte alors qu’elle était fermée à clé madame Siroa ? »

Elle proposa de les enfermer, mais il ne le fit pas. Si besoin, il devait pouvoir appeler à l’aide ses Ombres dehors. Mieux valait se méfier de cette femme capable de pénétrer dans les lieux où elle n’avait pas à se trouver. Elle lui demanda d’ouvrir le paquet, ce qu’il fit, et fut plus que surpris de découvrir le symbole du Gardan Edorta à l’intérieur. L’ouvrage était magnifique, mais l’explication d’un tel cadeau le laissait plus que perplexe.

« De bienvenue ? Bienvenue chez qui ? Bienvenue où ? »

Qu’est-ce que toute cette histoire voulait dire ? Le Gardan Edorta voulait l’introduire dans son cercle d’intimes ? Pour quelle raison ? Pourquoi maintenant ? Face à l’inconnu la prudence était de mise. Toutefois il resta dans son rôle de directeur tyrannique et autoritaire en la menaçant du cachot.

Loin d’être le moins du monde effrayée, elle lui rendit sa place, montrant bien là que ce n’était qu’une provocation. Elle jouait avec lui, le testait et cela ne lui plaisait pas. Il aurait bien eu envie d’en venir aux mains, mais quelque chose lui dit que ce n’était pas une bonne idée. Une femme capable de pénétrer aussi facilement dans son bureau ne lui inspirait que de la méfiance. Qui savait de quoi d’autre elle était capable. Et si elle n’était pas armée. On pouvait facilement dissimuler des dagues dans ces vêtements. Posant le paquet sur le bureau, il s’assit à sa place récemment libérée et arqua un sourcil à la question de Galica
.

« Plait-il ? »

Qu’est-ce que cette histoire de bon acteur venait faire là ? Certes, il avait été acteur autrefois dans sa jeunesse, son père l’obligeant à tout connaitre du milieu qu’il allait un jour diriger. Mais là il ne voyait pas le rapport. Elle s’expliqua en évoquant le fait que certaines personnes n’agissaient pas comme elles le devraient. Instinctivement, il comprit qu’elle parlait de son attitude. Allons bon, qu’avait-il fait qui puisse le trahir ? Hormis la fois où Aliénora s’était écroulée devant tout le monde, il ne voyait…

Non ce ne pouvait être ça… Sans rien trahir, une pensée soudaine lui fit peur. Elle ne parlait pas de son investigation envers Phaedan Indaril ? Le Gardan Edorta l’avait-il envoyé pour tester sa loyauté, lui qui enquêtait sur un autre Noble comme n’importe quel espion ? Il n’avait pas été très discret, et il pensait que ses mensonges avaient été convaincants, mais il semblait bien au contraire que ce n’était pas le cas. Si toutefois il s’agissait bien de cela dont parlait la femme en face de lui.


Fronçant les sourcils, il demanda, froidement :

« De quoi voulez-vous parler ? »

Il espérait qu’ainsi ses yeux ne trahiraient pas le trouble qu’il vivait actuellement. Il avait peur bien sûr, mais surtout il ne savait ce qu’on lui reprochait. Toutefois quelque chose le triturait dans toute cette histoire. Pourquoi si on avait des doutes à son sujet ne pas venir lui demander de s’expliquer devant un responsable ? Après tout, qu’un Noble de Sang se retrouve au palais n’était pas rare, et il était plus facile de discuter à l’abri des oreilles indiscrètes. Alors pourquoi pénétrer dans son bureau. Sauf si on ne travaille pas pour le Gardan Edorta. Alors qu’elle était la signification de la broche ? Prudence.

« Pour qui travaillez-vous ? »

Il n’était plus temps de jouer au chat et à la souris. Par sa question il montrait qu’il avait compris qu’elle n’agissait pas pour son compte personnel. Après, c’était à voir si son raisonnement était juste où s’il s’était fourvoyé. Ce jeu de faux-semblant lui tapait sur les nerfs. Il marchait sur des œufs, mais ne savait pas les œufs de qui. C’était cela qui l’énervait le plus. Pourvu qu’il apprenne très vite à qui il avait affaire avant de se trahir et de se condamner.
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyLun 30 Aoû - 16:06

    Éléni écouta les sarcasmes du directeur sans sourciller. Puis, elle se pencha sur les questions de son interlocuteur. Bienvenue chez qui ? Elle ne pouvait pas encore lui répondre chez les Dissidents, c'était trop tôt. Sa question était légitime, mais mal choisie. Bienvenue où ? La Dissidence était partout où ses membres étaient. Et si elle lui répondait « Dans votre bureau », il allait tout simplement lui exploser à la figure. Il suffisait de voir son teint cramoisi pour deviner qu'elle ne jouerait pas plus longtemps avec lui.

    Elle le scruta attentivement, prête à fondre sur l'infime détail qui lui confirmerait qu'elle avait eu raison. Seule l'habitude de traiter avec des dissimulateurs lui apprit qu'elle avait vu juste. L'espace d'un instant, d'un instant tellement court qu'elle aurait pu croire qu'elle rêvait, elle lut la peur sur le visage du directeur. Pas la peur d'un homme acculé, ni celle d'un homme sur le point de craquer. Non, c'était la frayeur de celui qui ne savait pas. Il n'avait aucun moyen de deviner le camp qu'elle servait, mais il se savait percé à jour. C'était ce qu'il lui fallait. C'était suffisant. Elle ne jouait plus avec un pressentiment, elle avançait avec une certitude. La question qu'elle se posait n'était plus de savoir ce qu'elle allait découvrir chez le directeur, mais bien de savoir comment elle allait le recruter, et pour quel réseau elle allait le faire. C'était le moment de profiter de son avantage. Elle répondit en insistant lourdement sur chacun de ses mots :

    - Vous savez parfaitement de quoi je parle. Vous êtes un Conservateur mais vous n'agissez pas comme tel.

    Elle ne comptait pas répéter, malgré la demande poliment furieuse du directeur. Elle ne le laissa pas répondre, ni même protester. Elle se concentra sur la dernière question qu'il lui avait posée. Celle-là, elle allait y répondre, parce qu'elle leur permettrait d'enfin... commencer la partie sérieuse. Misant finalement sur la Dissidence et laissant la Révolution de côté, parce qu'il restait un Noble de Sang et que ces gens-là avaient tendance à aimer leur position confortable, Galicia ne se départit pas de son air pincé et dit :

    - Je travaille pour l'Al'Faret. Ce nom vous évoque-t-il quelque chose ?

    Elle laissa plusieurs secondes au directeur pour réfléchir. Aucune réponse ne vint. Éléni leva le regard sur lui, mais ne parvint pas à déterminer s'il réfléchissait à une manière de nier ou s'il était simplement pris au dépourvu. Finalement, Galicia épousseta ses genoux et se releva, sans se presser. D'un ton sec et peu aimable, elle le regarda droit dans les yeux :

    - S'il ne vous dit rien, considérez que j'ai perdu mon temps.

    Elle ne s'excusa pas pour l'intrusion dans son bureau, et n'évoqua même pas le fait que la perte de temps était partagée. Éléni avait pris la peine de venir à lui, mais s'il ne saisissait pas l'occasion qu'elle lui offrait, il ne servait à rien de s'éterniser. Elle jeta un coup d'œil à la broche, qui représentait mieux que jamais le masque qu'il revêtait. Elle savait que le directeur Ralonii aimait être au courant de tout. Il connaissait forcément l'Al'Faret et ses hommes de l'ombre. S'il ne répondait pas, c'était qu'il n'osait pas. Ce qu'elle avait vu dans ses yeux lui prouvait qu'elle avait eu raison et qu'il n'avait pas l'alignement d'un Conservateur. S'il n'avait pas les nerfs nécessaires pour retenir le recruteur lorsqu'il se présentait à lui, c'était son problème. Ni la Dissidence ni la Révolution n'avaient besoin de lâches.

    - Je vous souhaite une bonne journée, directeur Ralonii.

    Galicia Siroa lui tourna le dos et se dirigea vers la porte. Elle avait déjà vécu plusieurs fois ce genre de situation. Elle lui donnait trois secondes supplémentaires pour la retenir et lui répondre qu'il avait déjà entendu parler de l'Al'Faret. C'était presque trop facile. Il allait forcément lui courir après, et les négociations pourraient enfin commencer. Ou alors, c'était que sa Volonté n'assumait pas ses actes.
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Eloi Ralonii
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyMar 31 Aoû - 16:02

C’était bien ça. Elle parlait bien de son attitude à propos de Phaedan Indaril. Son comportement avait éveillé les soupçons. Mais de qui ? Du Gardan Edorta ? Non, ça ne collait pas. Il aurait tenu à s’expliquer face à face. Qui alors ? Un des amis du capitaine ? Quelqu’un qui partageait ses idées pour le moins dérangeantes ? Toujours ce grand inconnu qui ne lui permettait pas de savoir comment se comporter face à son interlocutrice. Dans le doute, il ne restait que le déni.

« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. »

En attendant d’en savoir plus, mieux valait rester prudent. C’était peut-être sa tête qui était en jeu en ce moment même. Toutefois, tout en réfléchissant à la situation, il arrivait de moins en moins à croire qu’elle travaillait pour le Gardan Edorta, voir un des Conseillers. Non, c’était pour le compte de quelqu’un d’autre. Ne pouvant rester dans l’ignorance, il se risqua à poser la question. Et la réponse le surprit au plus haut point.

Bien sûr, comme nombre de personnes, il avait entendu parler d’Al’Faret. Il s’agissait du chef des Rebelles, ceux qui se nommaient eux-mêmes des Dissidents. On ne savait rien sur lui, si ce n’est qu’il avait déclaré une guerre aux Conseillers. Il semblait décidé à les renverser ainsi que le Gardan Edorta, probablement dans le but de prendre le pouvoir. Eloi ne pouvait lui en vouloir d’évincer les Conseillers, on ne pouvait leur faire confiance. Il était à peu près sûr qu’ils avaient éliminé Elandor Arlanii afin de mettre son frère à la place, plus facilement manipulable. Si tuer un roi ne les dérangeait pas, allez savoir ce qu’ils pouvaient faire d’autre.

Al’Faret l’envoyait. Pourquoi ? Pour quelle raison ? Qu’est-ce qui l’intéressait ? Disait-elle seulement vrai ? Travaillait-elle vraiment pour lui ? Ou bien n’était-ce qu’un piège pour tester sa loyauté ? Tandis qu’il se torturait les méninges, Galica lui parla et lui fit ses adieux. Que faire enfin ? La retenir ? La laisser partir ? S’il la retenait dans quoi s’engageait-il ? Pourquoi risquer de prendre contact avec lui ?

Tandis qu’elle arrivait à la porte, Eloi dit :


« Vous savez que vous prenez un risque en me révélant votre employeur. Je pourrais très bien demander aux Ombres dehors de vous emmener jusqu’au Palais pour qu’ils puissent vous interroger. »

Mais il ne le ferait pas. Pourtant il le devrait, afin de se protéger comme l’avait fait Aliénora. Seulement on remettrait sa loyauté en doute et il devrait soit mentir, soit expliquer pourquoi elle était venu le voir. Et s’il racontait la vérité sur Phaedan Indaril, il mettrait Aliénora en danger. Dès le moment où il avait décidé de sauver la peau de cet idiot de capitaine, il s’était piégé. Quoique… s’il n’avait pas décidé d’enquêter sur lui, peut-être cette histoire aurait été oubliée.

Il était trop tard, il devrait faire avec les conséquences de ses actes. Il ne pouvait dénoncer cette femme sans se trahir, et il la soupçonnait de le savoir, sans quoi elle n’aurait pas pris le risque de venir le voir. Maintenant restez à savoir ce que l’on attendait de lui.


« A supposer que je vous crois… pourquoi vous envoie-t-il ? »

Comprendre les raisons tout en restant sur la défensive, voila ce qu’il devait faire. L’Al’Faret était intéressé par lui pour une raison qu’il ignorait. Le croyait-il Dissident ? Certes il partageait sa méfiance vis-à-vis des Conseillers, mais jamais encore il n’avait songé à les affronter. C’était trop risqué. Seul tout du moins.

*Un cadeau de bienvenue*

Eloi regarda à nouveau la broche. Elle venait pour le recruter ? Pour lui faire rejoindre la Dissidence ?


« En quoi suis-je susceptible d’intéresser un homme tel que lui dites-moi ? Qu’ai-je fait pour mériter son attention ? »

Dans quoi s'était-il embraqué ?
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyJeu 2 Sep - 11:53

    Il la retint, mais pas exactement comme elle s'y attendait. Therdone, il se cramponnait à son image de Conservateur, celui-là ! Il la retenait, mais il faisait comme si ce n'était qu'une affaire de moindre importance, en la menaçant de la dénoncer, par-dessus le marché. Éléni retint le rire moqueur qui lui montait aux lèvres, parce qu'il ne pourrait jamais se targuer d'être celui qui l'attraperait, mais soit. Galicia Siroa se retourna et répliqua fermement :

    - Ne vous inquiétez pas pour moi, directeur Ralonii. Ce ne sont pas vos hommes qui me mèneront en Prison.

    En outre, et Éléni ne le lui précisa pas, parce qu'elle se doutait bien qu'il le savait parfaitement, mais l'arrêter revenait à expliquer sa présence. Et il aurait beau être dans son plein droit, cela poserait tout de même question aux militaires. Mais peu importait. Ce n'était que du détail. Enfin, le moment qu'Éléni attendait depuis le début arriva. Le directeur fit un pas supplémentaire vers le précipice. Il sortait à découvert, pour la première fois, et posait une question qui démontrait son intérêt. Mais ce n'était qu'un intérêt qui pouvait encore être pris pour l'acte d'un courageux Conservateur qui tente d'en savoir plus sur les Dissidents. Ils progressaient, mais ils étaient encore loin du but. Toutefois, ce début convenait à Éléni. S'il avait tendu les mains vers elle en lui disant : Dans mes bras, nous sommes impliqués dans la même cause, elle aurait reculé. Elle préférait ceux qui se méfiaient à l'extrême, puis qui finissaient par embrasser la cause. L'attitude lui semblait logique. Et elle détestait quand les futurs Dissidents défiaient sa logique. Elle commença par remettre les choses en place.

    - Je vous ai dit que je travaillais pour l'Al'Faret, mais ce n'est pas lui qui m'envoie. Je suis ici de ma propre initiative.

    Dans un certain sens, cela revenait à dire que l'Al'Faret s'intéressait à lui. Mais Elandor ne savait pas qu'elle était là, et donc ce n'était pas lui qui l'envoyait. Même si au final... oh, elle n'allait pas s'embarrasser des détails techniques maintenant. Eloi Ralonii intéressait la Dissidence, c'était aussi simple que cela.

    - Qu'est-ce qui m'intéresse chez vous ? Vous devez avoir votre idée, non ? Enfin, c'est une bonne question. En fait, nous ne fonctionnons pas dans ce sens-là. Quand nous savons qu'un homme ou une femme partage nos idées ou veut lutter avec nous, et que nous le recrutons, à ce moment-là seulement nous nous posons la question de savoir ce que nous allons exploiter chez lui.

    Les mots étaient maintenant plus explicites. Et surtout, ils venaient de classer Eloi Ralonii dans la catégorie des hommes à recruter. Éléni ne voyait pas d'inconvénient à lui révéler cela, mais elle comprit qu'il serait frustré de ne pas avoir de réponse à sa question, alors elle fit l'effort de continuer :

    - Dans votre cas, j'ose dire que vous seriez un investissement intéressant. Vous avez un belle position.

    Galicia Siroa parlait de lui comme elle aurait parlé d'un tissu dont elle marchandait le prix. C'étaient les travers du personnages : sa froideur était un peu trop rebutante. Éléni se souvint à temps qu'Eloi Ralonii avait forcément une fierté et qu'il n'avait pas encore capitulé, alors elle se reprit aussitôt, comme pour effacer la brève impolitesse de Galicia :

    - Vous avez attiré l'attention de nos réseaux, volontairement ou non. Ce n'est pas une question de mérite ou de gloire, seulement une question de recrutement.

    Cela, Éléni l'avait dit à tous ceux qu'elle avait recruté. Devenir Dissident ne dépendait pas des idéaux nobles ou médiocres de l'aspirant. Il suffisait d'être sain d'esprit, de ne pas représenter une menace susceptible de trahir et d'avoir la Volonté de devenir Dissident. Les mobiles importaient peu. Dans le cas du directeur, elle savait qu'il était intéressé, mais qu'il avait peur, parce qu'il était un Noble de Sang. Et oui, il avait beaucoup à perdre. Mais c'était lui qui choisissait, pas elle.

    - Il n'y a pas de piège, directeur Ralonii. C'est une proposition des plus sérieuses.

    Si Eloi Ralonii refusait la Dissidence, c'était son problème, parce qu'il n'avait pas le courage de se lancer. Mais quand elle regardait son air perplexe et son visage prêt à nier férocement, elle avait envie de sourire. L'Al'Faret serait certainement content, ce soir...
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyMar 7 Sep - 12:13

Même s’il l’avait menacé de dénonciation, elle comme lui savaient qu’il n’en ferait rien. D’une, parce qu’elle savait certainement se défendre et devait être entrainée à se battre – à être dissidente il le fallait bien -, et de deux, parce que la dénoncer ce serait se condamner, voire condamner Aliénora. Il ne pouvait pas la jeter en pâture aux gardes sans s’impliquer lui-même. Il était bel et bien piégé, et tous deux le savaient. Mais cela n’empêchait nullement Eloi d’être sur ses gardes, demandant ce que l’Al’Faret, son employeur voulait de lui. Mais apparemment ce n’était pas lui qui l’envoyait. Elle était là de son propre chef, ce qui le surprit un peu. Etait-elle son bras droit ?

Il l’écouta parler sans rien dire, les coudes sur son bureau et les doigts sur ses lèvres, prenant un air attentif. Sa position l’intéressait, n’ayant certainement pas beaucoup de Nobles de Sang dans leurs rangs. Ils avaient tant à perdre et n’aimaient pas prendre de risques inconsidérés. Eloi était-il prêt à prendre ce risque ? Il n’y avait pas vraiment réfléchit jusqu’à aujourd’hui. Les Conseillers posaient problèmes, c’était certain. Ils pensaient être le pouvoir, alors que ce devait être le Gardan Edorta. Qui savait ce dont ils étaient capables, surtout après supprimé Elandor Arlanii. Ils devaient être stoppés, mais devait-il être de ceux-là ?

Après un moment de réflexion, Eloi soupira, et son masque tomba. Toute dureté, toute sévérité, tout autoritaire et écrasant qu’il était, il devint banal. Le fauteuil sembla d’un coup trop grand pour lui tandis qu’il donnait l’impression de rajeunir. La lassitude s’empara de son visage tandis qu’il se calait dans le fond de son siège. A quoi bon continuer de paraitre ce qu’il n’était pas face à une personne comme elle.


« C’était involontaire. Je cherchais juste à découvrir si un certain capitaine était oui ou non un Conservateur. Mais il semble que je n’ai pas été assez discret dans mes démarches. »

L’autoritaire directeur avait fait place à un jeune homme qui semblait las de porter un poids trop lourd pour lui. Il semblait toutefois plus vivant que son masque, et plus enclin à la discussion que ce dernier.

« Jusqu’à ce que vous veniez je n’avais encore jamais pensé à intégrer les Dissidents. Je ne me suis jamais vu portant une arme, tuant des gardes pour accéder au palais. Je respecte bien trop la vie humaine pour oser vouloir en prendre une. Mais… »

Eloi regarda Galica dans les yeux et après un soupir poursuivit :

« Mais j’ai besoin d’avoir confiance envers le Gardan Edorta. Hors depuis la disparition d’Elandor Arlanii je ne le puis. Les Conseillers tiennent le pouvoir, c’est certain, et qui sait de quelles malversations ils sont capables. On se doit de les stopper. Ils sont allés trop loin. »

Le jeune directeur montrait de la détermination dans sa voix, et une conviction réelle. On se devait d’évincer les Conseillers avant qu’un autre malheur n’arrive. Se penchant en avant sur son bureau, il demanda :

« Si votre proposition est sérieuse, j’aimerais savoir une chose avant : qu’adviendra-t-il si l’Al’Faret arrive à prendre le pouvoir ? Je n’ai pas envie de remplacer un mal par un autre. Prouvez-moi que si je vous rejoins je fais le bon choix, et non que j’aide un despote encore pire que les Conseillers à assouvir ses rêves de pouvoir. »
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Charis Sandragil
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyDim 12 Sep - 15:30

    Éléni jubilait. L'image du Conservateur s'était fendillée, jusqu'à laisser apparaître le Dissident en puissance qu'elle allait recruter. Et même si cela ne faisait que confirmer ce qu'elle avait soupçonné dès le début, elle eut soudain un élan de compassion pour l'homme à l'air désabusé qui lui faisait tout d'un coup face. Le directeur Ralonii semblait porter le poids du monde sur ses épaules, et Éléni avait du mal à percevoir la raison de cet accablement. Il était riche, il était beau, il était jeune... elle comprenait qu'il ait besoin de plus, mais pas qu'il ait cet air fatigué.

    Galicia écouta ses explications sans vraiment y prêter attention. Eloi Ralonii avait été discret, mais pas suffisamment, et elle ne comptait pas le lui rappeler. Après tout, c'était précisément ce qui lui avait permis de s'inviter dans son grand bureau. Il disait n'avoir jamais songé à intégrer les Dissidents, et elle le croyait sur parole, car elle envisageait sans problème qu'un homme agisse sans réaliser la portée de ses actes. En revanche, elle allait lui démontrer que, s'il n'y avait jamais songé, les portes de la Dissidence lui étaient grandes ouvertes.

    De même, elle prit bonne note de ce qu'Eloi Ralonii disait à propos de la vie humaine. Il ne faudrait jamais lui confier une mission d'assassinat, ni lui apprendre qu'un Dissident pouvait tuer sans pitié. Elle louvoyait tranquillement entre les différentes notions qui composaient les facettes de la Dissidence, choisissant celles qui étaient le plus susceptibles de plaire au directeur. C'était bien cela, la Dissidence : un but commun, et des moyens très différents, voire opposés, pour y parvenir.

    Éléni fut ravie qu'Eloi Ralonii lui livre spontanément ses motivations pour la Dissidence, sans même réaliser qu'il passait déjà outre le premier critère de recrutement. C'était tout cela en moins à lui demander. Et le nouvel homme qui lui faisait face l'étonnait : elle ne pensait pas que les Nobles de Sang puissent avoir de telles idées sur les Conservateurs. Était-ce par grandeur d'âme qu'Eloi Ralonii repoussait le système des Conservateurs, ou par dépit, parce qu'il n'avait pas sa part du gâteau et qu'il n'était pas Conseiller ? Elle regarda l'homme changé qui lui faisait face, indécise. Il était trop tôt pour se prononcer.

    Galicia l'avait écouté jusqu'au bout. Quand elle fut certaine qu'il avait dit tout ce qui lui importait, elle prit la parole. Il convenait de remettre les choses au point, parce qu'elle ne plaisantait pas, malgré le caractère facétieux de son entrée.

    - Ma proposition est très sérieuse, je vous l'ai dit. Nous voulons un Gardan Edorta fort, pas une marionnette.

    Une preuve... forcément, ils devaient y venir. Il était hors de question de parler d'Elandor Arlanii en tant qu'Al'Faret, mais le nom n'avait pas encore perdu son prestige. Et il était temps de s'en servir. Éléni sourit, parce que cette demande de preuve signifiait que le directeur envisageait sérieusement sa proposition. Un jour, Elandor Arlanii serait à nouveau sur le trône, et il pourrait faire avancer Isle toute entière. La sortir de son marasme. Il était peut-être assoiffé de pouvoir, comme le disait Eloi, mais il serait l'homme que tout le monde attendait.

    - Vous faites le bon choix. L'Al'Faret a tout ce qu'il faut pour prendre le dessus dans un bras de fer avec les Conseillers. Vous souvenez-vous d'Elandor Arlanii, lâchement assassiné ? Eh bien, c'est un homme de son envergure que nous soutenons.

    Un bref sourire éclaira les traits émaciés de Galicia.

    - Vous verrez. Un jour, vous rencontrerez l'Al'Faret, et vous comprendrez qu'il est l'homme de la situation.

    Ce n'était pas tout à fait suffisant, mais elle ne pouvait guère aller plus loin.

    - Je sais que vous n'avez que ma parole, directeur Ralonii. Mais dites-vous que nous sommes déjà beaucoup à croire en lui, et que cette confiance ne peut être dûe au hasard.

    Elle aurait également pu lui expliquer à quel point la Dissidence avait pris de l'importance, à quel point leurs réseaux étaient efficaces et coordonnés, à quel point ils s'approchaient de leur but, mais elle voulait voir ce qu'il dirait après ce premier aperçu.
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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyMar 21 Sep - 12:13

Pas un seul moment, la dénommée Galica n’interrompit Eloi. Il s’était révélé à elle, mais elle n’avait fait aucun commentaire. Elle n’était ni surprise, ni victorieuse, elle attendait juste qu’il finisse de s’épancher et de révéler ses sentiments quant à la situation. D’un certain coté cela lui faisait du bien d’en parler, d’être honnête avec lui-même. Pour la première fois depuis longtemps il pouvait cesser d’être un menteur, et de se mentir à lui-même. Depuis quelques temps déjà, il vivait tant sur le fil du rasoir qu’il ignorait parfois quelles étaient ses pensées et celles de son masque. A passer trop de temps à jouer son rôle, il en a parfois oublié qui il était. Vivre constamment sous le masque d’Eloi le Conservateur, à manger, à boire, à parler, à diriger le théâtre sous ce costume, il en venait à disparaitre petit à petit. Fort heureusement, Aliénora était comme une bouffée d’oxygène. Même s’il ne se révélait pas totalement, il cessait sans le vouloir son rôle d’être tyrannique, et ce depuis l’incident survenu à son retour. Sans doute est-ce parce qu’il craint de lui faire faire une rechute.

Et puis voila que Galica est arrivée, l’a percée à jour sans que lui-même se soit rendu de combien il s’était fourvoyé, et qu’il se libère totalement de son masque pour la première fois en deux ans. La peur d’être pris n’était plus là. On pouvait bien venir le mener au trou qu’il s’en fichait pour le moment, tout heureux d’être à nouveau libre d’être lui-même. Mais l’euphorie du moment passé, il s’était expliqué et attendait maintenant les réponses de la Dissidente.

Elle commença par expliquer qu’elle ne voulait pas d’une marionnette sur le trône, sur ce point là au moins ils étaient d’accord. Avoir un dirigeant fantoche, un pantin manipulé par les Conseillers n’était pas fait pour l’intéresser. Le Gardan Edorta se devait d’être le pouvoir, et non pas un jouet qu’on maniait à son gré. Elle ne voulut pas lui révéler l’identité de l’Al’Faret, et il pouvait la comprendre. Si elle le faisait dès qu’on le lui demandait, voila longtemps que le mouvement aurait été dissout. Le dernier point était intéressant par contre. Il était vrai que l’on murmurait que le mouvement s’élargissait. Certes, les rumeurs étaient démenties pour ne pas effrayer la population, mais si le pouvoir les réfutait avec tant de véhémence, c’était qu’il y avait bien anguille sous roche.


Soupirant, Eloi avoua :

« J’ai rencontré feu Elandor Arlanii, autrefois. C’était peu de temps après son couronnement. Il avait l’étoffe d’un véritable Gardan Edorta. Il était franc, droit, et sa volonté était inébranlable. C’est sans doute qui a fait peur aux Conseillers. Si au moins ils avaient pu l’influencer ne serait-ce qu’un peu, peut-être l’aurait-il laissé en vie. Mais il n’était pas le genre d’homme à pouvoir être influencé de quelque manière que ce soit. Peut-être que sa femme avait quelque pouvoir sur lui, mais ça, je l’ignore. »

Etant donné qu’elle était décédée avant son couronnement, si elle avait une quelconque influence sur lui, les Conseillers auraient pu passer par son biais pour le manipuler lui. Mais non, elle avait succombée à une maladie, et le prince s’était alors retrouvé seul. C’était peut-être cette épreuve qui avait forgé sa volonté d’acier.

« L’Al’Faret est quelqu’un de sa trempe ? C’est ce qu’il faudrait à la tête du royaume. Seulement j’imagine qu’avant cela, Ysor et les Conseillers devront disparaitre, je me trompe ? »

Par disparaitre, Eloi entendait bien entendu, mourir. Il n’était pas idiot, et savait que ce n’était pas en les évinçant que les problèmes seraient résolus. Tant qu’ils vivraient, ils représenteraient un danger, de possibles figures de proue en vue de renverser celui qui les avaient privés de leur place. Un coup d’Etat impliquait bien entendu des morts. Etait-il prêt à contribuer à cela ? A se salir les mains ? Est-ce que cela en valait la peine ?

Soupirant il demanda :

« J’imagine que si je dis oui, c’est un engagement à vie ? Je ne pourrais pas quitter le mouvement si j’estime que quelque chose me déplait ou que j’estime que l’Al’Faret n’est pas l’homme de la situation ? »

Il ne pourrait probablement pas faire ça non. Ce serait bien trop dangereux. Sans doute mourrait-il si on ne l’estimait plus digne de confiance. Plus encore s’il voyait le visage de l’Al’Faret. Le secret se devait d’être conservé, n’est-ce pas ?

Attendant la réponse de Galica, il pesait encore le pour et le contre quant à son engagement. Il y avait plus sa vie ou son honneur en jeu. Beaucoup plus…

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MessageSujet: Re: Une visite inattendue    Une visite inattendue  EmptyDim 3 Oct - 15:11

    Si Eloi Ralonii tenait Elandor Arlanii en estime, c'était un bon point pour eux. L'allusion du directeur l'amenait à penser à la femme officielle de son chef, et Éléni eut presque une moue désolée. Si elle était certaine d'une chose, c'était bien qu'Elandor ne l'avait pas aimée. Et pour cause, il était fou amoureux de Bellone Lastareth. Mais ce secret-là n'avait pas sa place dans leur discussion. Le directeur avait d'autres questions, et elle n'hésita pas à répondre par un mensonge. Eloi Ralonii lui avait clairement fait comprendre qu'il n'était pas capable de tuer, et elle devinait qu'il désapprouverait un massacre des Conseillers. De toute façon, la question n'avait pas encore été soulevée, même si Éléni ne se faisait guère d'illusions sur leur survie, surtout à ceux qui avaient commandité l'assassinat d'Elandor. Mais comme la Dissidence n'avait jamais débattu du point concerné, Éléni pouvait répondre sans mentir réellement – la nuance était fallacieuse.

    - C'est une question qui ne concerne que nous. Mettons un mot sur ce nous, puisqu'il semble que cela vous intéresse. La Dissidence.

    Le mot était dans l'arène. Comme s'il constituait à la fois l'enjeu, la règle et la prime. Si Eloi Ralonii posait autant de questions sur les Dissidents, c'était bien que, quelque part dans son esprit, il commençait à envisager le mouvement autrement. Et autrement, Éléni espérait bien que c'était pour l'intégrer. Cela collait au personnage, alors pourquoi pas ?

    - Je ne vais pas encore répondre à votre question, parce qu'elle concerne nos membres, pas vraiment des extérieurs, fussent-ils des sympathisants.

    Pourtant, si elle pouvait se permettre d'esquiver la réponse à sa première question, elle se devait de répondre à la question concernant l'engagement des Dissidents. Elle aurait pu lui mentir, à nouveau, mais elle devinait qu'elle gagnerait plus à lui dire la vérité. Or, elle suivait toujours la voie qui, en terme de rentabilité, se révélait la plus prometteuse, que ce soit moral ou non.

    - Ce n'est pas un engagement à vie. Le jour où l'Al'Faret sera sur le trône, ce sera la dissolution de la Dissidence. Il tient en partie à vous que cet engagement ne nous prenne pas toute notre vie ! Vous soulevez néanmoins un point important : on ne quitte pas la Dissidence. Ce n'est pas une question de confiance, mais de sécurité. Imaginez qu'une personne nous quitte et que nous la laissions en vie. Elle mettrait en danger toute la Dissidence, et croyez-moi, si vous nous suivez, vous serez heureux qu'il y ait cette garantie : vous ne risquerez pas d'être dénoncé.

    Présentée de cette manière, leur règle devenait moins cruelle. Et c'était aussi cela, le travail d'Éléni : amener les vérités difficiles à paraître acceptables.

    - Et puis, restons raisonnables. En admettant que quelque chose vienne à vous déplaire, nous sommes bien d'accord qu'un simple déplaisir ne signifie pas spécialement un retrait de la Dissidence. Vous pourrez toujours me parler de vos suggestions. Et qui sait, en fonction de votre engagement, vous aurez peut-être même le pouvoir de changer ce qui vous déplaît...

    Elle commençait à beaucoup en dire sur la Dissidence, peut-être un peu trop. Maintenant, il était temps de savoir s'il était avec eux, ou contre eux. La Dissidence avait ce côté violent dans son recrutement, mais c'était un mal nécessaire. Éléni regarda le directeur, devinant son dilemme et comprenant son trouble. Et Galicia prononça sobrement les mots qui étaient peut-être capables de le convaincre :

    - Mais nous ne vous demandons pas un engagement actif dès le départ. Seuls les Dissidents actifs ne peuvent nous quitter. Vous pouvez commencer, comme bon nombre d'indic' d'Edor Adeï, par être un simple sympathisant qui ne connaît qu'un Dissident – et dans ce cas, ce serait moi. Vous pourriez nous livrer des informations importantes, et décider quand vous connaîtrez mieux notre mouvement et notre manière de travailler.

    Cela ennuyait un peu Éléni, parce que cette demi-mesure ne lui plaisait pas vraiment, mais elle savait que c'était la plus facile à accepter, et qu'une fois que les gens devenaient des sympathisants, ils ne tardaient pas à devenir des Dissidents actifs. Et puis, elle aurait bien voulu pouvoir cacher des Dissidents dans son théâtre, mais c'était une autre paire de manches.
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