Les Tables d'Olaria
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 Le Réveil d'un Chef sans Village

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Nydearin Hirune
Lysandre Hirune
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MessageSujet: Le Réveil d'un Chef sans Village   Le Réveil d'un Chef sans Village EmptyVen 16 Oct - 17:10

La dernière chose dont elle se souvenait était d'avoir vu son sang coulé, et de n'avoir pas ressenti la douleur, tant la satisfaction d'avoir sauver les Tables d'Olaria lui procurait du soulagement. Cependant, ce fut la fièvre et les nausées qui avaient eu raison d'elle, alors que sa vue vacillait, et qu'elle sombrait dans le coma.
Si les voix qu'elle avait distingué n'étaient pas nettes, elle avait eu l'impression d'en entendre un certain nombre, tantôt plaintive, tantôt inquiète et ce n'était en fait que des sensations qu'elle avait perçu. La crainte, l'inquiétude, le soulagement aussi, et l'espoir... Ce dernier sentiment l'avait tirée de son sommeil forcé, alors qu'il semblait contagieux. L'espoir de s'éveiller dans son lit de chêne massif, avec à côté d'elle son époux, dont le visage bienveillant accompagnerait son réveil.

Mais lorsqu'elle décida se battre des paupières, affaiblies par la lourdeur de son inconscience, Lysandre ne put plus espérer d'avantage ... Elle voyait un plafond de toile, tendue à la va-vite, trouée par endroit bien que parfois raccommodée, une drap, une nappe peut-être, que l'on avait réussi à sauver... Sauver... L'Hirune sentit des bonds dans sa poitrine, son coeur se mit à tambouriner, comme s'il cherchait à se faire entendre : il voulait ressentir et réanimer son corps, avant de laisser son cerveau occuper toutes ses fonctions, il voulait d'abord lui redonner plus d'énergie, et malheureusement, cela passait par le recouvrement des sensations. La douleur, la peine, le désespoir... Un sentiment d'injustice également, mais qui fut vite minimiser face à la souffrance.

Elle voulut se redresser, mais il sembla qu'on la retint par les épaules, en roulant les yeux, elle découvrit le visage de Nydearin. Au lieu de la calmer, elle voulut bouger de nouveau, plus brusquement, et encore une fois, il fit preuve de plus de force qu'elle, pour la maintenir allongée.

« Nyd... » Sa gorge sèche la fit tousser, et une autre personne s'avança pour lui tendre une outre pleine d'eau... Mais ses mouvements précédents avaient raviver la douleur, et elle sentit bientôt la peau de son ventre tirer comme si elle se déchirait. Sans avoir le temps de voir de façon précise le visage qui lui avait tendu de l'eau, Lysandre baissa le menton et souleva un drap sale qui se trouvait sur elle. Tout son abdomen était bandé de façon très serrée, mais par endroit, le sang semblait vouloir prendre le dessus... Elle sentait des piqûres et des démangeaisons, mais rien comparé aux brûlures que son ventre procurait.

Elle aurait aimé pouvoir parler, mais alors qu'elle avait déjà peiné à prononcer le début du nom de son époux, sa voix se perdit encore, malgré qu'elle articule. Une nouvelle toux la gagna, mais elle réussit à mieux la maîtriser : plus elle toussait, et plus sa peau tirait. En reposant son crâne contre ce qui devait être un linge plié en guise de coussin, elle vit de nouveau le Grand Prêtre d'Hésione, et constata avec un soulagement vif que ce visage familier qui lui avait servit de l'eau était celui de sa Grand Mère. Les Dieux soient loués... Les Dieux...

« Les Tables ! » Gémit-elle, sa voix rauque et la piqûre plus marquée, mais qu'importait, elle devait s'assurer que les Tables étaient toujours en sa possession... Sans bouger, pusique Nydearin la retenait, elle tourna les yeux en tous sens pour chercher sa besace, s'inquiétant de ne pas la voir, se rendant ainsi compte que d'autres personnes se trouvaient à son chevet.


[Je vous laisse intervenir, ceux et celles qui pensent que leur personnage est au chevet de Lysandre -Nydearin, Sorastrata, Luminara en priorité, peut-être Jezabel mais ... Razz- et votre RP peut tenir en un seul post, il s'agit simplement d'intervenir.]
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Nydearin Hirune
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MessageSujet: Re: Le Réveil d'un Chef sans Village   Le Réveil d'un Chef sans Village EmptySam 17 Oct - 18:04

La Gérax avait crié sa rage et lui révélait l'une de ses facettes qu'il n'avait pas pour habitude de montrer au grand public – il n'y eut pour ainsi dire que sa femme qui connaisse ce côté-ci du Grand Prêtre d'Hésione. Il n'avait laissé paraître aucun sourire depuis que la Chef baignait dans l'inconscience. Son visage était dur, ses yeux sondaient tout individu passant dans sa sphère d'évolution et il veillait sur les tables, les membres de la famille Hirune qui avaient tenté de lui enlever les tables des mains s'était retrouvées face un Roc, intransigeant, abrupte, rassurez-vous cependant, il ne les eut guère consultées mais simplement protégées et affirma qu'il ne les remettrait qu'à sa femme dès que celle-ci serait remise de ses blessures.
Durant la journée il veillait au bon fonctionnement du camps surveillant les faits et gestes des différents Olarils d'un oeil attentif, se montrant entreprenant – trop peut-être aux goûts de certains – et incorruptible. Lui-même ne dormait que très peu et passait le plus clair de son temps à veiller à la sécurité des Olarils. Il partageait son temps entre le soin aux blessés et la vérification du bon fonctionnement des choses. Se tournant vers les personnes les plus à même de gérer une telle situation. Ecoutant les critiques et faisant la part des choses – il conçoit qu'il puisse y avoir des désaccord et se doute que sa soudaine prise d'intérêt dans la vie des Olarils n'est pas pour plaire à tous. Lui-même négligea sa déesse, ne se portant devant l'autel de la Dame Chasseresse qu'une fois par jour et considérant que les Dieux ont fait les choses ainsi pour réunir les Olarils – tout du moins est-ce ce qu'il vous affirmera si vous deviez lui poser la question.

La nuit venue, le sommeil se présentant il s'installait au chevet de sa femme, veillant sur elle alors que Ruryr, ayant retrouvé sa trace quelques jours après le désastre montait la garde à l'entrée de la tente. Vous pourriez également remarquer qu'il n'accepte guère les discordes, les chassant dès qu'elles apparaissent. Sa femme vivrait, il en était persuadé, lui-même avait participé aux premiers soins sur celle-ci et vérifiait que les guérisseurs fassent les choses comme il faut, mettant sa femme entre les mains de Leila Diuùhl, femme qui s'évertuait à soigner les Olarils sans distinction aucune. Calcul de sa part ? En quelque sorte, au moins il pouvait être sûr qu'entre les mains de cette dame Lysandre ne risquait guère d'être empoisonné.
Il fit appel aux différentes familles, attribuant les différentes tâches à ceux qui s'avéraient le mieux placé pour les accomplir. Il avait d'ailleurs demandé l'aide d'un Garthésia pour gérer le campement mais ceci est une autre histoire.

A présent ils sont plusieurs au chevet de Lysandre, La vieille Sorastrata, Luminara, lui-même et quelques autres, pour la plupart membres de la famille Hirune. On pu voir s'afficher sur son visage le premier sourire depuis les Feux de La Gérax, discret mais si évident car si rare en ces temps troublés. Les paupières de la malade venait de s'ouvrir. Alors qu'elle cherchait à se relever il l'en empêcha par la force, en maintenant ses épaules contre le lit de fortune, redoublant la résistance alors qu'elle insistait pour se redressait.

Elle commença à prononcer le nom du Grand Prêtre avec difficulté. L'initiative de Grand-Mère fut acceptée et aurait put être louée s'il s'était agi de n'importe qui d'autre, un simple regard reconnaissant fut présenté à la vieille femme, sans plus, il n'allait pas se mettre à l'apprécier du jour au lendemain. Le gémissement prononcé il libéra l'une des épaules et pris la main de sa femme avec délicatesse pour la mettre en contact avec la besace contenant les Tables pour finalement la tenir avec chaleur et s'abaisser pour lui éviter tout effort inutile. Son timbre était certes inhabituelle, son visage même était cerné, il combattait avec force la fatigue et en demandait beaucoup trop à son corps mais le timbre de sa voix était empli d'une douceur inhabituelle, en particulier dans les circonstances présentes.

« Quel être sensé aurait pu les abandonner après tout le mal que tu t'es donné pour les sauver ? Il laissa un silence avant de compléter ses mots. Ne t'en préoccupe pas pour l'instant, elles sont en sécurité, concentres-toi simplement sur ton rétablissement. »

Il lui murmura alors à l'oreille quelques mots qui devaient rester entre eux.

« J'ai trop besoin de toi... » Une larme tomba sur le visage de la jeune femme. « Evites de me refaire le même coup... »

Et Ruryr percevant l'agitation présente en cette tente avait pris la liberté de s'introduie dans cette intimité, appliquant une léchouille sur l'une des mains de la blessé pour finalement poser sa tête poilue sur le rebord du lit en poussant un léger gémissement.

Le Grand Prêtre se releva et passa sa main libre sur la visage de sa femme avec affection.

« Il serait préférable que tu restes allongée quelques temps pour ton bon rétablissement, tu es passée à deux doigts de la mort. »

Au moins ça avait le mérite d'être clair, on pouvait dans ses mots dureté et douceur mêlée comme précédemment il n'hésiterai à faire pression si elle devait essayer de se relever.


Dernière édition par Nydearin Hirune le Ven 23 Oct - 23:56, édité 1 fois
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Sineàd Astar
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MessageSujet: Re: Le Réveil d'un Chef sans Village   Le Réveil d'un Chef sans Village EmptyLun 19 Oct - 7:41

hrp - Oops j'avais oublié les prioritaires :S désolée ^^"" - hrp
    Sineàd était finalement rentrée du village, encore retournée et le regard hagard, pour rejoindre au plus vite le petit groupe d'Olarils qui s'était formé dans les plaines... Elle ne jeta pas un regard en arrière, titubante, sa tunique souillée du sang de ceux qu'elle avait sauvés, et de ceux qu'elle avait laissés dans les décombres... Le regard encore plein du drame de la mort, et les lèvres résolument closes... Lorsqu'elle parvint auprès des rescapés, elle abaissa le foulard qui recouvrait son nez et sa bouche, laissant apparaître la différence de teinte entre la peau noircie de la partie supérieure de son visage, et son menton blême.

    Elle regarda un peu alentours, la gorge serrée, puis se laissa aller sur le côté et trouva le reste d'un arbre contre lequel vomir. Ce faisant, elle pleurait, elle pleurait à chaudes larmes comme elle aurait pu le faire dans le village, elle pleura ces cadavres mutilés. C'était toute cette horreur qui lui échappait, incapable de rester en cette jeune femme... trop jeune pour en avoir tant vu.

    Libérée de sa bile, elle pu se rapprocher des autres, la peau de plus en plus grisâtre, les genoux de moins en moins fiables. Elle trouva un visage connu, un Astar qui était de sa famille, et se mit à courir en sa direction, pas heureuse, mais pleine de l'espoir de pouvoir s'attacher à ce repère... Puis, arrivée au but, au lieu de lui adresser le moindre mot, elle sentit ses lèvres frémir puis s'affala, inconsciente...

    ...

    Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Elle n'en avait pas la moindre idée, mais les autres avaient eu le temps de bâtir des tentes de fortune, de sous lesquelles des râles de douleur et des pleurs discrets se faisaient entendre. Les sourcils, froncés, elle repoussa le drap de lin souillé duquel on l'avait recouverte, et inspecta son corps. On ne l'avait pas dévêtue, et visiblement elle n'était pas blessée. Ça n'avait donc été qu'un moment de faiblesse. Vaseuse, elle se leva, et fit quelques pas pour sortir de la tente. Les éléments s'étaient calmés, et il était désormais possible de poser sur Arestim un regard plus éclairé. Pour n'y découvrir que la désolation et la destruction de ce qui fut leur village... Elle sentit ses yeux s'humidifier, mais n'en eut pas le temps car déjà elle entendit une femme crier son nom. Sa mère. Celle-ci se précipita pour l'étreindre, et de ses mains s'assura que sa fille était en bonne santé.

    « Sineàd ! criait-elle, Tu es en vie, c'est formidable... Où étais-tu ?! »
    La jeune femme haussa les épaules, lasse, et se passa une main dans les cheveux.
    « Je... Je suis allée prévenir Lysandre... Je voulais la prévenir avant que... » Sentant de nouveau des hoquets menacer, elle se tu et baissa la tête.
    « Alors tu étais avec elle lorsque ça s'est passé ? C'est un miracle que tu t'en sois sortie !
    - Pou... pourquoi ? Il s'est passé quelque chose ? »
    Sa mère haussa un sourcil, caressant le visage de la jeune femme. Etait-elle malade ? En guise d'explication, Sineàd ajouta : « Elle est partie vers la Cité Edorta et... enfin nous nous sommes séparées... Pourquoi ? Où est-elle ? »
    Sa mère secoua tristement la tête, ce qui fit blêmir plus encore sa fille.
    « Elle est en piteux état, sous cette tente, là-bas... »

    Sans un mot, sentant sa gorge se serrer Sineàd se défit de l'étreinte de sa mère et commença à s'avancer vers la tente. Mais l'Astar la rappela, et elle se retourna. « Au fait, Sineàd, maintenant, ils vont sans doute considérer que tu as réussi ton initiation... »

    A ces mots la jeune femme sentit les larmes lui monter aux yeux, et elle préféra se retourner pour les cacher à sa mère. Oui, sans doute pouvait-elle à présent se considérer comme adulte. Ce n'était pas la question. Elle devait s'assurer que Lysandre allait bien, car sans sa réactivité, elle serait sans doute ensevelie sous le foyer, à l'heure qu'il était...

    La jeune femme se rendit donc sous la tente qu’occupaient Lysandre, son époux, Luminara Hirune et Sorastrata, s’assurant d’abord d’une oreille qu’elle ne dérangerait pas, puis glissant sa tête par l’entrebâillement de la porte. Voyant la Chef d’Arestim étendue et dans un piteux état, elle sentit à nouveau sa gorge se resserrer, puis elle écarta la toile pour pénétrer dans la pièce. Elle attendit que l’époux du Chef se soit un peu redressé, histoire de ne pas briser un moment d’intimité, puis s’approchât timidement du lit pour s’agenouiller à côté, en face de Nyd à qui elle adressa un hochement de tête.

    « Lysandre… souffla-t-elle doucement. Vous… Je suis désolée… J’aurais dû vous prévenir plus tôt… Nous nous serions tous mis en sécurité… » Sentant à nouveau ses yeux s’emplir de larme, elle les ravala et se redressa un peu. « Rétablissez-vous vite, Lysandre… Si vous avez besoin de mon aide ou… de mes intuitions… Ou de quoi que ce soit… Faites-moi appeler. » Elle secoua un peu la tête, le nez commençant à rougir un peu. « Je viendrais. » Assura-t-elle avec un peu plus d’aplomb. Puis elle se redressa, prenant appui sur le lit, et fit un pas à reculons. Elle adressa au couple un regard de compassion.

    Dehors, elle laissa son regard errer sur les ruines. Quelle chance que ses parents ne furent pas du nombre… Déjà, elle voyait des Olarils reprendre le chemin d’Arestim… Récupérer leurs effets dans les ruines, sans doute. Ils allaient devoir rebâtir le village sur les ruines de l’ancien. Ils devaient rebâtir Arestim sur la mort et le sang.

    Et elle était adulte.

    Et sa première décision, en tant qu’adulte, avait été de rentrer au service de son chef.

    Les lèvres frémissantes, resserrant sa cape durcie par le sang sec autour d’elle, elle leva les yeux au ciel… Elle devait prévoir plus vite… Plus précisément. Ça ne devait pas se reproduire. Et maintenant, on la croyait.

    Après un regard jeté par-dessus son épaule à la tente où se tenaient Lysandre et Nydearin, elle serra les poings et se mit en quête de ce qui restait de sa famille, espérant de tout cœur que son grand-père avait, lui aussi, survécu.


Dernière édition par Sineàd Astar le Lun 26 Oct - 14:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Réveil d'un Chef sans Village   Le Réveil d'un Chef sans Village EmptyVen 23 Oct - 23:14

Grand-Mère n'avait jamais autant prié que dans les derniers jours. Lors des funérailles de Cyclaë, au milieu des tombes de sa famille et bien sûr au coeur de la tourmente, alors que la mort s'abattait de toutes parts et menaçait de l'engloutir à chaque instant. Mais lorsqu'elle s'était tournée vers les cieux et avaient récité les litanies, ce n'était pas avec l'âme emplie du désespoir qu'apporte le trépas certain, ce n'était pas avec au ventre la peur de mourir, ni même avec dans sa voix l'inquiétude malade pour la vie de ses enfants. C'était avec rage et colère, avec une rancoeur amère dans le coeur et les dents serrées pour ravaler la terreur, les souffrances et le chagrin écrasant. Un moment avait bien dû venir, quand Luminara n'eut plus la force de la porter. Elles étaient arrivées aux abords du Foyer des Chasseresses, déjà réduit à l'état de ruine pitoyable, et cherchaient frénétiquement une trace de leurs soeurs, enfants et cousines, une preuve que leur espoir de trouver des survivants n'était pas si fou. Et pendant tout ce temps, Sorastrata avait enragé et pesté en son âme, contre son impuissance et ses erreurs, contre la vieille idiote qu'elle avait été, incapable de venir en aide à son peuple et de prévenir ses tourments, trop occupée à se chamailler avec ses filles pour prêter l'oreille aux avertissements, pourtant criants de pertinence. Si seulement elle avait été plus sage, plus forte, plus clairvoyante, si seulement...Son arrogance naturelle revenait, lui faisant le reproche de n'avoir rien fait pour empêcher le désastre, croyant, dans la folie paniquée du séisme, qu'elle aurait pu protéger Olaria des feux de la montagne, d'une manière ou d'une autre. Inutile, incapable, égoïste...Elle devait tous les sauver, se disait-elle, elle ne devait pas en perdre un seul de plus.

Puis la Gérax avait maté sa présomption, l'avait brisée sous ses coups de feu et de pierre, écrasée sous le poids des morts et des ruines. Sa maison détruite et le Foyer dévasté, les corps que la roche avait désarticulés, mis en scène dans des poses absurdes, les membres brisés dépassant des gravas comme autant de fleurs macabres. Et les visages, Hésione, ces visages tous plus familiers les uns que les autres...Chaque mort qu'elle entrapercevait était une connaissance : là un commerçant avec qui elle avait échangé une plaisanterie le jour d'avant, ici la jeune fille qui jouait avec Kuna les jours d'été, les Chasseresses qu'elle avait accompagné dans chaque traque, tous ses frères, ses soeurs et ses enfants...La vieille femme dut plus d'une fois se raccrocher à Luminara, tandis que ses jambes faiblissaient sous le coup de l'horreur, elle agrippa la fourrure de Kuna comme une bouée de sauvetage, pour que le chien ne s'enfuie pas loin d'elle. Même une fois passée la terreur de la catastrophe, l'instinct impérieux lui ordonnant de fuir, la poussière ne retombait que pour révéler l'ampleur du massacre. Plus jamais, s'était-elle dit, à peine la veille...

Mais elle ne tomba pas à genoux, malgré sa jambe criant le martyre, elle ne s'arrêta pas pour ne plus se relever, malgré la mort partout sur sa peau, dans ses yeux, le sang, la poussière dans sa bouche et la puanteur des cadavres partout...Elle s'accrocha à toutes les prises qu'elle trouva dans son coeur, fit appel à toutes ses forces, jusqu'à la dernière ancre : Luminara, Kuna, le souvenir de ses fautes, ses filles et petite-filles, son peuple, sa fierté, son instinct...Au bout de la journée, lorsqu'elle parvint au campement, Sorastrata arborait un visage vide, souillé de poussière, épuisée par l'épreuve et totalement dépouillée. Elle trébucha au milieu des tentes, des cadavres étendus sur les draps et des survivants en pleurs, sans savoir quel être aimé avait survécu, s'il restait quoi que ce soit d'Arestim ou du peuple Olaril, si elle-même était encore vivante après que son monde se soit écroulé. S'appuyant sur Luminara pour parvenir à marcher, elle jetait constamment des coups d'oeil absents aux alentours, sur sa petite-fille, sur Kuna, partout, sans pensée ou espoir : il n'y avait plus que l'impulsion la plus primitive, l'instinct de communauté qui l'incitait à chercher encore ceux qui lui étaient chers.

Puis elle entendit où était le Chef et son visage changea soudain, comme si les pièces éparpillées de son esprit s'imbriquaient tout à coup, sous l'effet de ce nom, qui semblait la chose la plus importante au monde. Lysandre. Se tournant vers Luminara avec un regard où la détermination le disputait à la joie, elle l'attira à sa suite. Elles furent bientôt dans la tente où Nydearin veillait sur une forme assoupie, le ventre enserré dans ses bandages ensanglantés. Elle se jeta presque au chevet de la jeune fille, sans prêter attention au mari, qui avait failli lui barrer la route dans sa vigilance surprise.

Quelques minutes plus tard, après mille questions pour la plupart sans réponses, Sorastrata s'était apaisée et attendait auprès du lit. Elle avait demandé à tous les gens passant près de la tente s'ils avaient vu Jézabel, Maël, Zeljar, Gywddion, Limna, Mithra...tant de visages qu'elle voulait retrouver encore vivants. Mais nul ne pouvait lui répondre, tous cherchaient eux aussi où étaient ces ancres de leurs existences. Alors elle patienta aux côtés de Luminara et de Lysandre, refusant d'abandonner ces deux êtres qu'elle avait pu trouver.

Lorsque Lysandre se réveilla enfin, Grand-Mère avait repris pleinement ses esprits, et n'oppressa pas son enfant sous sa joie soulagée ou son inquiétude croissante. Elle avait tant de choses à lui dire, tant de sentiments s'agitaient en elle, mais elle les brida et refusa de penser avec son coeur. Elle n'avait pas le droit de se laisser aller, ses désirs n'avaient plus voix au chapitre. Lysandre n'avait pas besoin des angoisses de son aïeule, ni de ses questions au sujet de l'avenir.

Elle toussa. La vieille femme lui apporta ce dont elle avait besoin, à l'affût comme la Chasseresse qu'elle était encore, comme la Grand-Mère qu'elle était redevenue.

Sorastrata n'était d'ailleurs pas seule à veiller au moindre besoin de Lysandre. Elle avait longuement observé Nydearin, tandis qu'ils attendaient le réveil de la jeune femme. Elle voyait le jeune homme d'un oeil nouveau, approuvait l'affection farouche dont il faisait montre, ce dévouement aigu qui protégeait le Chef même de ses proches. Grand-Mère n'avait rien dit, et ne dirait rien : l'époux n'avait que faire de sa surprise ou de son approbation, c'était évident. Si l'heure n'avait pas été au drame, il aurait pu la faire rire : de ce besoin de prouver sa valeur par le zèle à la comédie inutile qu'il avait jouée...Il était si jeune. Mais il avait sauvé la jeune femme, il avait protégé les Tables, il avait mis de l'ordre dans l'effort du peuple Olaril. Elle n'opposa pas la moindre réplique à sa dévotion jalouse et ne voulut pas parler ; elle observait encore Lysandre, attendant qu'elle reprenne suffisamment ses repères.

Puis un autre visage connu fit irruption. La jeune Astar, celle qui avait donné l'avertissement et que le village avait refusé d'écouter. Sorastrata avait entendu parler de son initiation, bien sûr, et n'y avait pas réagi par l'incrédulité. A l'époque déjà, la forêt semblait trop calme...Tout cela semblait si loin maintenant. La toute jeune femme se présenta devant Lysandre, offrant ses excuses et sa culpabilité, ses regrets et son dévouement. La vieille Chasseresse ne put empêcher son regard de s'arrêter sur ses blessures et son air épuisé, comme sur tous les visages qu'elle avait vu dans le camp. Nul n'avait été épargné, ni homme, ni femme ni enfant. Sorastrata la laissa parler et repartir. Elle aurait eu tant de choses à dire, tant de gestes à esquisser pour rassurer Sinead ou pour la chasser de la tente. Mais ce n'était plus à elle d'intervenir. Une fois encore, elle se tourna vers Lysandre, avec un regard d'une tendresse aigue, dont elle s'efforça de chasser l'inquiétude.

Redonnant à boire à sa petite-fille, Sorastrata s'assit enfin sur le lit et passa la main sur le visage meurtri du Chef d'Arestim. Le visage de Grand-Mère, lavé à la hâte, portait encore les traces du désastre, ses mains étaient encore tachetées de sang et de poussière. Son manteau et son bâton étaient perdus, ses cheveux blancs étaient en désordre. Ses gestes étaient hésitants, son regard tremblant un peu. La fatigue rendait ses membres curieusement légers, si faibles qu'elle ne les sentait plus. Tout doucement, elle enlaça la jeune femme et la serra avec délicatesse dans ses bras.

Je...

"Je t'aime." "Je suis si fière de toi." "Je suis si heureuse que tu sois vivante." "J'ai été folle d'inquiétude." "Tu n'aurais pas dû risquer ta vie ainsi." Qu'avait-elle besoin d'entendre ? Quelle chose lui redonnerait force et confiance, quelles paroles se répandrait dans son âme pour soutenir son corps blessé jusqu'à la guérison ? Il ne fallait pas l'oppresser sous les sentiments, il ne fallait pas l'abreuver de trop d'amour et de soucis. Grand-Mère parla d'une voix encore enrouée, qu'elle voulut adoucir par toute l'affection, toute l'approbation subtile qu'elle put invoquer.

Les Tables sont sauves grâce à toi. Tu as été très brave, ma chérie.

Les Tables avaient-elles encore la moindre valeur, maintenant que le village était détruit ? Pourraient-ils reconstruire Arestim ? Qui parmi les Olarils serait assez fou pour vouloir encore se dresser contre Lysandre ? Que devait-il advenir des lois ? Qui avait survécu ? Où étaient-ils, tous...Peu importait toutes ces questions, l'heure n'était pas venue de se les poser. Lysandre avait besoin de forces, elle avait besoin de croire en ses rêves, en son titre, en son peuple : sans cela elle ne se relèverait pas.

Repose-toi, reprends tes forces. Les gens s'organisent, les blessés reçoivent des soins. Ton peuple est encore debout.

Elle n'aurait jamais dû devenir Chef. Grand-Mère aurait voulu pouvoir mettre son enfant à l'abri pour toujours, l'emmener loin du poids écrasant de ses devoirs et de l'hostilité ingrate de ses ennemis. Mais ç'aurait été placer sa peur avant le bonheur de Lysandre, ç'aurait été la priver de ce qu'elle voulait le plus, du moyen d'aider sa famille et d'honorer son peuple. Assez d'égoïsme. Tu n'as aucune importance, eux seuls comptent.

Sorastrata se leva et déposa un baiser sur le front de sa petite-fille. En claudiquant, elle s'approcha de Nydearin et lui jeta un regard de gratitude et d'attentes : c'était à lui de veiller sur Lysandre, c'était sur lui qu'elle devait compter. Elle chuchota pour le prêtre seul, avec sincérité.

Merci.

Puis elle attendit, s'assurant que sa présence n'était plus nécessaire, et fit signe à Luminara. Gwyddion, Maël, Zeljar, Jézabel...Ils étaient nombreux, les visages à retrouver, et Grand-Mère voulait que la danseuse soit auprès d'elle pour cette quête. Elle savait que la jeune femme avait tout autant qu'elle besoin de les chercher, mais la vieille femme avait aussi besoin d'elle. Sans Luminara, elle ne serait plus qu'un cadavre enfoui dans les décombres de la Nécropole, parmi tant d'autres. Sans Luminara, la dague aurait pris sa vie et elle se serait éteinte avant même le désastre, laissant tous ses enfants seuls pour mourir. Sans Luminara, il ne resterait plus rien d'elle, et elle ne voulait plus la laisser quitter ses côtés.
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MessageSujet: Re: Le Réveil d'un Chef sans Village   Le Réveil d'un Chef sans Village EmptyDim 25 Oct - 20:48

Le brouillard qui entourait l’esprit de Luminara et l’empêchait de sombrer, à l’instar d’Ebanelle, ne se déchira qu’après leur arrivée, à Sorastrata et elle, dans ce qui avait été le Foyer des Chasseresses. L’automate qu’elle était alors devenue aurait encore pu marcher à un rythme cadencé, quitte à en mourir. Pourtant, ce qui restait d’elle surgit à nouveau à la vue du désastre. L’endroit chéri et aimé entre tous était réduit à néant. Sorastrata reprit pied au moment où Luminara prenait conscience de son épuisement. Et de sa douleur. Quand avait-elle été blessée ? Elle-même n’en savait rien. Tout ce qu’elle voyait sur son corps, c’était des plaies sanguinolantes qui avaient épargné ses points vitaux. Des écorchures sans gravité. Que n’avait-elle plus mal ? Que ne ressentait-elle pas une douleur plus grande encore ? Si cela avait suffit à racheter la vie de tous ceux qui formaient à présent ce mélange de chair et de terre devant elle, la Chasseresse n’aurait pas hésité. L’horreur se répandait lentement dans ses veines, plus sûrement que le plus violent des poisons. Elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas reconnaître ses frères et sœurs de chasse. Ni l’apprentie qu’elle avait formée au long des années. Ni ses maîtres de chasse. Leur mort n’était pas paisible, loin de là. Les visages des défunts, quand ils étaient visibles, exprimaient peur et terreur, ou encore douleur. La Chasseresse se redressa, fermant un instant ses yeux asséchés par la chaleur. Il n’y avait plus un seul vivant. Il fallait partir. Mais elle, elle reviendrait sur les lieux de cette horreur sans nom. Pour donner une sépulture décente aux siens. Elle le ferait, même si elle devait en faire des cauchemars pendant les années à venir.

Les dieux devaient avoir décidé qu’elle perdrait tout, en ce jour néfaste. Jusqu’à sa fierté était foulée au pieds par la nature. Tout était détruit. La Chasseresse n’osait tourner son regard vers l’endroit où était censée se trouver sa propre hutte. Puis, comme l’enfant pousse la porte interdite, elle se dirigea, entraînant Sorastrata, vers le lieu qui avait abrité toute sa vie. Les larmes de Luminara s’étaient taries, parce qu’elle ne bougea pas en découvrant son foyer éparpillé aux quatre vents. Avec mille précautions, elle s’agenouilla et fouilla les décombres, le cœur battant. Elle ne cherchait pas les derniers vestiges de sa vie avec Qjar. Elle pouvait tirer un trait sur cette partie de sa vie. La seule chose qu’elle voulait vraiment sauver, c’était… mais où était-elle donc ? La peau d’ours que sa tante lui avait offerte ? Elle fouilla, aidée par Kuna, et ne fut pas longue à trouver ce qu’elle voulait. Dégageant au prix d’efforts inconsidérés la fourrure symbolique, Luminara ne dit pas un mot. Ils étaient devenus superflus. Les deux femmes se remirent en route, Luminara serrant farouchement la peau autour de ses épaules, soutenant Sorastrata et marchant d’un pas stable, plus lent. La Chasseresse était au bout de ses forces. Un pas, un autre, puis encore un autre. Et encore un autre. Elle ne s’arrêterait pas, alors qu’on avait besoin d’elle.

Parvenir à l’endroit où reposait Lysandre n’apporta à Luminara qu’une partie du réconfort qu’elle escomptait. Pour qu’elle soit réellement soulagée et capable de s’endormir en paix, il aurait fallu qu’elle voie tous les Hirune. C’était loin d’être le cas ; tous les Olarils n’avaient pas encore rallié le campement de fortune. Et, au milieu de toute cette folie, alors qu’elle ne se sentait plus en état de faire quoi que ce soit d’utile, Luminara eut la surprise de découvrir Nydearin. Le mari de Lysandre qu’elle ne connaissait que très peu. Elle s’était refusée à le juger comme un incapable, mais l’avait trouvé inintéressant. Malgré les quelques années que comptait son mariage avec Lysandre, Luminara n’avait jamais été à sa rencontre. Là, au cœur des pleurs, des plaies et des plaintes, elle se rendit compte à quel point ce qu’elle avait vu de Nydearin n’était qu’un rôle qu’il voulait bien jouer. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre l’ampleur de ce qu’il avait entreprit. Lysandre avait été entre vie et mort, même s’ils avaient tous décidé qu’elle s’en sortirait – elle ne pouvait pas mourir, c’était aussi simple que ça – Nydearin avait visiblement pris en main la suite des opérations. Il suffisait d’écouter les bruits qui couraient dans le campement pour le savoir. Et Luminara se promit de réparer cette erreur dès que possible.

Toute dignité avait abandonné Luminara. Incapable de cacher sa fatigue et sa lassitude derrière son maintien habituel, la Chasseresse se traîna plus qu’elle ne s’approcha près de Nydearin pour le remercier, puis son regard rencontra ce qu’elle devinait être les Tables d’Olaria. Pendant que Sorastrata se penchait au-dessus de sa petite-fille et s’inquiétait de sa santé, Luminara, interdite, contempla un long moment les Tables. Elle ne les avait jamais vues. L’effet que produisirent ces anciens écrits sur elle fut immédiat et foudroyant. Hébétée, la Chasseresse repensa à tout ce qu’elle savait sur les Tables, sur tout ce qu’elle en avait entendu. Une envie irrépressible passa dans ses yeux. Si la solution y était dictée par les Anciens ? Folie ! cracha une voix dans son esprit. Luminara secoua la tête, comme si elle s’en voulait de ses propres pensées. Avec effort, elle reporta son attention sur Nydearin.

- Je suis désolée, je crois que je n’arrive plus à réfléchir correctement.

Sans se rendre compte de ce qu’elle faisait, elle lui tendit les mains à la façon dont se saluaient les Chasseresses et serra longuement les bras.

- Merci pour ce que tu as fait pour Lysandre… et pour nous.

Luminara se tourna vers Lysandre. Elle eut à peine le temps de faire quelques pas que la jeune Astar, celle qui avait prédit le déferlement, entra dans la tente. Luminara assista à l’assurance de son soutien avec une légère surprise. Et soudain, pendant que la jeune fille repartait, Luminara sentit son cœur meurtri reprendre ses marques. Le soulagement qu’elle ressentait n’était pas feint, même s’il n’avait qu’une taille risible devant la douleur qui l’habitait. Lysandre n’était pas haïe. Ils n’étaient pas seuls.

Lorsque Sorastrata s’écarta, Luminara s’avança vers Lysandre. Avec beaucoup de douceur et mille précautions, elle prit la main de sa cousine et la serra. Elle savait que sa détresse était inscrite sur son visage mais elle ne parvenait pas à reprendre son expression habituelle d’indifférence. Voilà plusieurs heures qu’elle n’avait plus le contrôle de son corps, de toute façon. D’une voix chargée d’émotion, elle dit :

- Je suis heureuse que tu sois en vie.

La jeune femme hésita un instant, puis avoua :

- Je crois que je n’ai jamais eu autant peur.

Puis, elle réalisa que ce n’était pas ce qu’il fallait dire au Chef à peine éveillé. Elle n’aurait pas dû ouvrir son cœur. Mais elle ne parvenait pas à faire comme si de rien n’était. Alors, la dernière chose qu’elle parvint à dire à sa cousine fut :

- Je suis avec toi. Nous sommes avec toi. Et nous ne te laisserons pas.

La Chasseresse ne regarda pas les bandages de sa cousine. Elle resta concentrée sur son visage, et lui sourit avec beaucoup de douceur. Elle resta un long moment avec elle, immobile, puis se releva et s’assit à côté de Sorastrata. Sa grand-mère lui fit alors signe et Luminara, sans émettre une plainte car elle voulait autant savoir qu’elle, se remit debout et sortit de la tente. Lysandre devait se reposer ; Sorastrata et elle avaient le macabre recensement des Hirune à faire.
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Mithra Edorta
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MessageSujet: Re: Le Réveil d'un Chef sans Village   Le Réveil d'un Chef sans Village EmptyLun 26 Oct - 9:24

-je me permets d'intervenir ^^-

    Les jours s'écoulaient, longs, trop longs dans son immobilisme et sa souffrance. Cela faisait quatre jours que Mithra Edorta était alitée et dans l'impossibilité de sortir. Ses fils, Kiriel et Killian, avaient passé de longs moments à ces côtés, en particulier Killian qui dans sa jeunesse ne pouvait se remettre de la perte de tant de frères. La veuve, de son côté, avait cessé de pleurer ses enfants, conservant cette plaie à vif en son cœur, comme celle des morts précédents. Les seuls instants de faiblesse qu'elle avait étaient ceux-là, où elle était seule dans la moiteur de sa tente, les yeux plongés dans le petit brasero que l'on y allumait pour la protéger du froid. A présent, elle n'avait plus qu'une envie, se lever, marcher.

    Ses blessures avaient commencé à guérir doucement. Sa jambe droite, qui par chance n'était pas cassée se remit assez rapidement, tandis que la gauche demeurait raide. Les guérisseurs lui avaient assuré qu'elle remarcherait normalement très vite, car les blessures étaient nette, et les fractures propres. Cela était un grand soulagement, mais lui promettait tout de même une longue convalescence. De plus, si on lui assurait qu'elle aurait la chance de ne pas boiter à l'avenir, les douleurs ne partiraient jamais tout à fait, à en croire l'état de son genou. Elle serait sensible à vie, à l'humidité, aux coups, aux efforts trop intenses. Mais c'était là un moindre mal, pour elle qui aujourd'hui remerciait Lysandre de son sauvetage. D'ailleurs, dans son lit et sa solitude, elle pensait de plus en plus à la Chef d'Arestim. Elle n'était pas encore allée remercier Lysandre pour son aide précieuse, ni récupérer, par la même occasion, le médaillon confectionné pour Laclaos. C'était une visite qui lui tenait à cœur.

    Aussi, dans l'après-midi, se mit-elle à appeler une quelconque personne qui passerait devant la tente de fortune. Elle entendit des pas s'arrêter devant l'entrée, puis un visage intrigué passa entre les pans de toile épaisse. C'était un jeune homme, un adolescent au visage dévoré par l'acné. Poliment, bien qu'un peu impressionné de se voir ainsi dirigé par la Veuve Edorta, il obtempéra et lui apporta ce dont elle avait besoin : les lainages noirs qui se trouvaient dans son coffre, un grand manteau, très chaud, ainsi qu'une béquille, qu'il alla chercher dans une autre tente. Lorsqu'il revint, Mithra le remercia chaleureusement, et lui demanda un ultime service.

    Elle se vêtit de ce qu'il lui avait donné, un rictus de douleur aux lèvres lorsqu'il s'agit d'enfiler la chaude chemise de laine sur son épaule encore sensible, bien que remise en place. Puis elle se chaussa de bottes fourrées et se fit aider pour les lacer, sa seconde main peinant encore quelque peu à fournir des efforts. Puis elle lui demanda de la soutenir, et de l'accompagner.

    Dehors, le soleil était haut et d'une douce chaleur. Mithra savoura d'un sourire de ses lèvres pâles sa caresse, avant que son regard, qui avait retrouvé presque toute sa vigueur, ne se pose sur Arestim. Elle eut alors un mouvement de recul et fut parcourue d'un frisson. Arestim n'était plus... Une montagne de débris et de gravats... Elle déglutit, la gorge sèche et la bouche pâteuse, puis fut surprise par le bruit d'une tente qui s'effondra non loin. Les hommes, pestant, la relevaient visiblement une énième fois, s'exclamant qu'elle ne tiendrait jamais. Mithra s'en détourna et, après posé une main douloureuse sur l'épaule de son compagnon hésitant, lui indiqua de la conduire à la tente de Lysandre Hirune. Le jeune homme, qui n'ignorait pas les conflits d'antan, lui jeta un regard indécis, mais elle le rassura d'un sourire, et du menton lui indiqua de la conduire.

    Lorsqu'ils arrivèrent devant la tente de Lysandre Hirune, Mithra eut un instant d'indécision. Comment serait-elle reçue dans l'intimité de son ennemie de toujours...? Mais elle devait faire face et se montrer forte. Elle s'éclaircit donc la voix, afin que les éventuels compagnons de Lysandre soient au fait de son arrivée, puis écarta les pans de la tente et pénétra, s'appuyant sur la béquille avec un rictus de douleur. Elle était propre, ses cheveux regroupés sur son épaule, peignés, et sa tenue, bien que sommaire, entretenue... Mais son visage était blafard, ses lèvres blanchies par la fière, et le regard souligné de cernes. Le plus étonnant était sans doute son corps qui, si on lui promettait une bonne convalescence, était encore tordu par la douleur, celui d'un femme pour qui chaque mouvement était un supplice. Elle boitilla donc jusqu'au chevet de la chef et demanda à l'époux de celle-ci un siège, peinant à rester debout. Elle ne parvint pas à s'asseoir, en raison de sa jambe raide, mais s'y appuya suffisamment pour ne pas être incommodée par le statut debout.

    C'est avec un sourire amusé qu'elle constata l'état de Lysandre, qui, bien qu'ayant elle aussi quelque peu entamé sa convalescence, depuis son réveil, avait tout aussi bonne mine qu'elle. "Nous voilà dans un bien piètre état, Lysandre"

    Elle posa sa main valide sur les draps, au niveau du bras de la chasseresse, et le pressa quelque peu, le regard vague. Comment dire cela à une personne à qui l'on avait accordé ces dernières semaines de médisances et menaces ? Elle ferma les yeux, puis, tout simplement, les rouvrit brillants d'émotion. Elle ne pleurerait pas devant Lysandre, ni devant sa famille, mais cette émotion, elle l'offrit au Chef d'Arestim, comme une trêve bien méritée.

    "Je vous dois la vie" Elle déglutit, puis fronça les sourcils, ses yeux en amande posés sur le visage de la chasseresse. "Merci"

    Puis, sans un mot de plus, elle se leva, l'adolescent venant de lui même la soutenir, puis regarda Lysandre. Elle lui glissa alors quelques mots, à voix basse de telle manière que même les proches de la chasseresse aient du mal à entendre ce qui se disait, son timbre doux en dépit de la souffrance. "Remettez-vous vite, Lysandre. Vous avez mérité une trêve, et dans la reconstruction, nous aurons besoin de vous. Je..." Elle regarda en direction de la sortie. Personne ne devait entendre ce qu'elle allait dire. "Mais déjà, ivres de votre faiblesse, des loups rôdent autour de vous." Beaucoup de loups. Et des loups qui avaient déjà laissé entendre que c'était le moment ou jamais d'abattre un chef encombrant. "Je ne serais pas de ceux qui vous abattrons dans votre faiblesse." Pas pour l'instant...Elle fit quelques pas, puis ajouta, la douleur pointant très clairement dans sa voix. "Soyez prudente"

    Elle adressa alors un regard à ses proches, qu'elle salua, puis un dernier sourire à l'Hirune étendue. Elle allait sortir quand elle se souvint de quelque chose. Elle se retourna alors, manquant de perdre l'équilibre. "J'oubliais... Mithridate m'a dit que vous aviez mon médaillon. Lorsque vous pourrez de nouveau marcher... Je vous attendrais."

    Puis elle sortit pour de bon, et resta un instant immobile, dehors. Elle était fatiguée, et avait besoin de s'allonger. Elle espérait que personne ne se soit avisé de son départ, sans quoi elle aurait récolté des réprimandes, dans son état. Non, elle devait faire cela sans la présence des siens, car aucun des siens ne devait entendre ce qu'elle avait dit à Lysandre. Elle avait une dette. Pas eux.

    De retour devant la tente, elle se retourna vers le jeune homme, et lui demanda, un sourire aux lèvres ce qui lui ferait plaisir, pour le remercier de son aide précieuse. Celui-ci rougit alors violemment, et piétina un peu sur place. Il avait une bonne amie, ou plutôt une amie d'enfance à qui il aurait aimé... offrir quelque chose. Un cadeau.

    Mithra laissa un petit rire doux lui échapper, puis lui demanda de revenir la voir une semaine plus tard.

    Avec un dernier regard à Arestim, elle pénétra dans sa tente, se défit de plusieurs couches de laine, et se glissa avec un soupir de soulagement dans la chaleur et le confort des draps. Qu'elle imprudence...

    ...

    Il serait temps de s'opposer bien assez tôt, la trêve était délicieuse.
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MessageSujet: Re: Le Réveil d'un Chef sans Village   Le Réveil d'un Chef sans Village EmptyLun 26 Oct - 21:43

Ses doigts l'avait senti... Ce cuir ouvragé et vieilli, étonnement conservé durant des siècles, comme une peau piquetée par endroit, avec des reliefs et des inscriptions comme mystérieuses... Elle avait senti du bout des doigts d'abord le tissus de sa besace, mais en y glissant la main, c'était les Tables qu'elle avait effleuré. Elles étaient sauves, ce passé, ce passé si précieux des Olarils, avait été sauvé de l'oubli et, elle en était convaincu, avait sauvé le Peuple lui-même de la mort...
Elle savait, pourtant. Lysandre savait combien de visages figés dans une expression d'extrême terreur et de douleur intense avaient recouvert le sol d'Arestim, elle n'avait pu les voir tous, mais avait eu à contempler ce cimetière abjecte du Foyer des Chasseresses... Elle savait, donc, que le village n'était que cendres, que débris, que ruines... Elle savait, parfaitement, trop parfaitement sans doute, que les Dieux avaient rappelé déjà bien des Vies Olariles.

Mais... Elle en était convaincue : la destruction des Tables les tuerait tous, et plus qu'une seule ou que mille existences de son Peuple, les Tables d'Olaria devaient être préservées et conservées intactes. Sous peine de réduire à néant toute l'existence des Olarils.

Il n'était donc pas aisé pour Lysandre de décrire parfaitement l'état dans lequel elle se trouvait... Le plus grand des Soulagements, était-il suffisant pour exprimer la sensation euphorisante qui la gagnait en touchant les Tables ? Etait-ce plus agréable que de constater, avec une prière instinctive, que Sorastrata, que Nydearin, que Luminara et d'autres Hirune étaient en vie, et plus que tout, qu'ils étaient à ses côtés ? Quelle sensation était la plus puissante, la plus rassurante et la plus grisante ? Ils étaient là, les Dieux ne les avaient pas torturé au point de les obliger à garder le lit, elle n'en était pas tout à fait certaine, mais elle décelait leurs membres intactes... Ils étaient vivants.

Cet homme qui savait faire preuve d'une force mesurée et sage, dont elle ne doutait jamais, avait gardé jalousement le Trésor des Olarils, et c'était fait le gardien de ce Savoir, durant son Sommeil. Cet homme que chacun voyait comme un être tantôt niais, tantôt effacé, tantôt invisible, avait été le garant de la pérennité de tout le Peuple. La Chasseresse savait, bien plus que quiconque, combien cette attitude pouvait être un masque, du moins, une apparence, non feinte, mais secondaire, lorsqu'on le connaissait réellement. Cet homme-là, qui désormais, et comme à chaque instant de leur vie commune, avait veillé sur elle, se trouvait à nouveau à son chevet pour la soutenir, l'encourager, et, naturellement, pour l'aimer.

Il savait être tendre, il savait être doux, il savait être attentionné. Cette démonstration d'affection fut à nouveau un électrochoc pour l'Hirune : il fallait se remettre rapidement. Rapidement, ce fut l'allure d'une nouvelle présence qui s'avança vers son lit de fortune... Les yeux roulèrent encore pour visualiser correctement, bien qu'elle ait l'impression que les images allaient plus vite que l'interprétation de son cerveau. C'était Sinead... La jeune Astar... Sa dévotion fit trembler le Chef d'Arestim. La voir dans un tel état réveillait des souffrances et elle la pria, d'un regard, de bien vouloir se calmer, sans quoi ses forces ne pourraient trop retenir à son tour des émotions trop fortes. La jeune femme fit preuve alors d'un courage et d'une retenue admirables, et lui réitéra son soutien. Touchée, Lysandre ne réussit à dire autre chose qu'un simple « Merci » à l'encontre de Sinead, accentuant son ambition : il fallait se remettre rapidement. Pour les Olarils qui la soutenaient, et pour remercier toutes ces personnes qui lui attestaient de l'affection en ces instants de doute, de chaos... Pour Nydearin qui l'avait maintenue en vie.

Mais déjà, l'amour d'un époux trouvait échos dans d'autres attentions. Ce fut avec une émotion vive, qui fit tordre son estomac, que Lysandre vit le visage de Grand Mère s'approcher d'elle, et sentir son étreinte la fit réagir brutalement. Trop, sans doute, elle agrippa la main de la vieille femme avec trop de force, tirant sur ses cicatrices encore trop fraiches, qui manquaient de se rouvrir à chaque mouvement trop vif. Une grimace barra son visage, mais elle était pressée de rouvrir les yeux pour voir encore le visage de Sorastrata. Elle était vivante, et lorsqu'elle entendit ce simple balbutiement ce petite son hésitant, coupé par sa propre réflexion, Lysandre ne put retenir ses larmes. Etait-ce un signe de faiblesse ?

Elle ne s'en préoccupa plus, dès lors, et se permit quelques sanglots. On mettrait ceci sur l'émotion trop vive de la jeunesse, mais à l'heure actuel, quel Olaril pouvait retenir ses pleurs face au désastre ? Ils avaient tous hurlé leur désespoir et pleuré leurs défunts, ils avaient tous eu peur lorsque la première nuit tomba, et qu'il fallut être seul, sous une tente... Ils ont tous revu leur jugement quant à ce qui est faible ou non...

Elle parla des Tables ensuite, chose qui fit cesser ses larmes. Cette simple phrase semblait tout vouloir dire, vouloir peut-être indiquer que le passé était derrière eux, détruit et ensevelit sous les Ruines d'Arestim Dominae, et qu'après de tels événements, pouvoir contempler un visage cher était une bénédiction, que des différents et des disputes ne sauraient entacher. Lysandre eut un troisième souffle de vie : il fallait se remettre rapidement. Pour Sorastrata, pour qu'elle ait à nouveau à entendre cette fierté tendre dans la voix de l'Ancienne, pour qu'à jamais elle soit fière de sa petite fille, pour lui prouver que toutes ses erreurs, si elles en étaient, n'étaient pas le signe de son incapacité, mais de l'implacable fatalité qui veut entraver un Destin Exceptionnel. Oui, il fallait qu'elle soit sur pieds rapidement, pour pouvoir reprendre en main ce Peuple qui, comme le disait Sorastrata, était encore debout, et aurait à se redresser plus haut encore qu'avant.

Un bruit attira son attention alors que la vieille femme s'éloignait de son chevet, et Lysandre voulut se mettre sur ses coudes pour mieux voir. Grossière erreur qui fut amoindrie par le réflexe de Nydearin, la contraignant avec un geste protecteur à garder sa position couchée. La voix de Luminara retentit clairement, certes pas tout près, mais elle ne vint plus proche qu'après, lorsqu'un certain calme avait reprit possession de la tente du Chef. La danseuse était vivante, elle l'avait aperçue lorsqu'elle avait parcourut du regard la pièce, et la Chasseresse ressentit comme une nausée immédiate. Elle avait, peu avant son Annonce sur l'Arrestation de Vesper, avant les terribles événements funestes, eu bien du ressentiment, pensé des insultes-même, tirées de son impression déchirante, celle de voir Sorastrata approuver sa Cousine et non elle... Elle se souvenait de ses sensations ressenties si durement, de ces voix dans sa tête qui hurlaient combien Luminara était appréciée de la vieille Hirune, alors qu'elle aurait dû, elle, être placée sur un piédestal.

Lysandre se rappelait encore la douleur de ce sentiment... Qui se transformait désormais en honte. La honte d'avoir ainsi pu haïr cette femme aujourd'hui à ses côtés, qui jamais n'avait failli dans son soutien à sa cause, et qui toujours avait cherché à se montrer de bons conseils, toujours à l'écoute, cherchant à l'encourager comme à lui indiquer la meilleure solution à prendre... Et toujours avec humilité... Luminara était là, malgré la dispute qu'elles avaient eue... Prouvant à nouveau sa valeur. La Chasseresse déglutit avec malaise, mais le plaisir de sa voir en vie, bien qu'elle paraisse affaiblie considérablement, pâle et marquée, reprit vite le dessus. La Danseuse laissa parler son coeur, et ce furent de nouveau les larmes de Lysandre qui menacèrent... Un sourire tira ses lèvres, plus timide, sans doute encore honteux. Mais en posant sa main contre le dos de celle de sa Cousine, Lysandre espéra ne pas avoir à parler, pour éviter tout débordement soudain. Et ce fut à nouveau un « Merci » discret qui sortit de sa bouche, comme si elle ne savait que dire de plus... Les remercier tous de leur simple présence.

Et louer les Dieux de les avoir maintenus en Vie.

Sans pouvoir se redresser, Lysandre vit Luminara s'éloigner à son tour, mais sans doute ne vit-elle pas le départ des deux femmes, sa Cousine et sa Grand Mère. Sans doute une bonne chose que cette sortie qu'elle ne verrait pas, car des sentiments que l'on a déjà ressentis savent revenir bien trop vite, et avec bien trop de violence...

Dans un relatif calme de nouveau, la tente resta quelques instants dans le silence. Lysandre vit d'autres visages s'avancer vers elle, des proches et certaines de ses Soeurs Chasseresses venant lui souhaiter un prompt rétablissement... A chacun, il sembla que Lysandre ne savait dire que Merci. Mais le visage qui apparut alors, après avoir entendu quelques chuchotements et des bruits comme les pieds d'une chaise qui raclent le sol, surprit l'Hirune.

Mithra Edorta. La Veuve de Laclaos se tenait de la manière la plus fière qu'il lui était possible d'afficher, et sans avoir à se redresser, la jeune femme constatait les dégâts des Ires de la Gérax sur sa santé. Certes, elle était debout, mais à quel prix ? Une canne, un soutien et de multiples blessures... Malgré tout ceci, Mithra avait tenu à se déplacer pour venir la remercier de l'avoir sortie des décombres de la Cité Edorta. Face à cette initiative, comment mettre en avant des sentiments belliqueux ? Avait-elle hésité une seule seconde, lorsqu'elle avait réalisé qu'il s'agissait de la Veuve de l'ancien Chef, sous les gravats ? Non, pas même un instant, elle n'avait songé à la laisser dans cette prison, se débarrassant ainsi de sa plus farouche opposante... Quels différents pouvaient être plus grands que la vie ?

Mais passés ces remerciements, les murmures vinrent à ses oreilles. Mithra était toute proche, voulant lui souffler des mots juste pour elle... Elle l'avertissait des dangers qui la menaçaient, et c'étaient développés durant son Sommeil. Ainsi, sa convalescence devrait être prompte, oui, il fallait se remettre rapidement. Car déjà certains se révélaient et souhaitaient la voir ne pas s'éveiller. Quel intérêt la Veuve avait-elle à l'avertir ainsi ? Et à lui assurer qu'elle ne serait pas aussi basse que ces Loups qu'elle nommait ? Quels étaient leurs noms, à ceux qui, dehors, attendaient un signe pour profiter de sa faiblesse ? Il lui sembla, un instant, que la situation était grotesque... N'avaient-ils pas d'autres préoccupations que celle du Pouvoir ? Voulaient-ils être le Chef d'un Village aujourd'hui détruit ?

« Je serai bientôt sur pied. »
Sa voix était rauque, mais elle avait un ton où se mêlait la volonté de la rassurer sur son état, tout en lui promettant qu'à ce moment-là, elles se recroiseraient. Mithra ne venait pas tirer un trait sur le passé, mais elle soulignait sa loyauté... Elles étaient opposées, c'était indéniable. Bientôt, elles auraient de nouveau à s'affronter, mais pas maintenant. Pas tout de suite.

Il fallait se remettre rapidement.


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