L'Annonce Publique [L'Arrestation de Vesper Astar]

Leur discussion avait duré plus longtemps qu'elle ne l'aurait songé. Désormais, le soleil aurait dû être présent, malgré que le voile nuageux, brumeux même, recouvrait les rayons froid de l'hiver. La neige avait cessé de tomber, averses nocturnes, mais un épais manteau recouvrait le sol nu d'Arestim Dominae. S'enfonçant dans les ruelles d'un pas qui était trop rapide pour contenir un état d'esprit dérangé, Lysandre marcha à une vitesse folle jusqu'à la Caserne, où elle y trouva Eldar. Ce fut avec un empressement constant que le Chef du Village exposa son intention au Chef de la Garde, le conviant à la suivre.

Tous deux prirent ensuite la direction des la Place des Ires. Il était l'heure où les rues s'animaient, où les Olarils éveillés depuis quelques temps prenaient leur courage à deux mains pour affronter le froid et le givre, pour se rentre aux échoppes où à leur atelier de travail. En croisant certains visages fermés, qui souvent détournèrent les yeux en voyant l'alliance de l'Edorta et de l'Hirune, la Chasseresse ne put que s'en trouver plus furieuse, même si, par chance, la température si basse avait un effet anesthésiant : sa rage était endormie, présente mais plus aussi brûlante avec ce vent gelé qui glaçait chaque sentiment.

A mesure qu'ils s'approchaient du centre de la Place, près de la Statue de Diron, le coeur de Lysandre réussissait à écouter autre chose que cette phrase qui tournait et retournait dans son esprit comme une berceuse trop brutale. Elle pouvait désormais réfléchir à ce qu'elle dirait, bien que le temps ne soit plus au rendez-vous : sur son ordre, Garret avait colporté l'annonce dans tous le village, le Chef allait parler.
Et elle constata qu'il avait effectué sa mission avec un sérieux effarent. La majorité des Olarils debout à cette heure se trouvait déjà présent, bien que certains montrent quelques signes d'un intérêt faussement tourné vers les boutiques à peine ouvertes... Sans doute des villageois peu favorables à son accession au pouvoir... Peu importait ! Elle avait à parler et le ferait sans crainte. De plus, la présence d'Eldar la rassurait également.

Sur l'une des estrades exposées pour laisser place aux Saltimbanques, Lysandre se hissa en un bond souple et sans effort. En s'avançant, elle put estimer de nouveau la forte mobilisation des Olarils, la pression montait successivement, mais se calma lorsque le Chef de la Garde, assurant sa protection dans l'ombre, la rejoignit à son tour. Il était temps.

« Olarils. » Débuta l'Hirune. « Comme certains murmures vous le content déjà, je vous confirme qu'hier, Vesper Astar, Chef de la famille Astar, a été arrêté par la Garde. » Elle entendit immédiatement les voix s'élever, déjà des insultes fusaient, prouvant comme les temps avaient changé... Ils s'étaient faits timides lors des Jeux, aujourd'hui, qui n'osait plus parler en même temps que le chef ?

« Il a avoué être l'assassin de Zéphir. » Elle fut presque rassurée en observant cette fois un mouvement dans la foule, les têtes se baissèrent en recueillement, pour la Mémoire du Garthésia. Comme une infime perle d'espoir, ce geste souffla peut être qu'après tout, les Olarils étaient bons, au fond d'eux-même, malgré les animosités ou les querelles. Voire des Haines.

« Je me dois de le juger, en accord avec les pouvoirs que m'ont légué les Dieux, et je ne faillirai pas. » Assura Lysandre, en réponse à certains chuchotements mal placés. « Un tel crime ne peut permettre à Vesper de vivre en paix une seule seconde parmi nous. » Se dépêcha-t-elle d'ajouter, alors que déjà beaucoup demandaient quel châtiment serait apporté au Meurtrier. Car étrangement, il sembla que la simple annonce de cette Vérité ait éclaircit certains esprits. En réalité, nombreux étaient ceux qui ignoraient que Vesper avait avoué. Et ce détail-là, Lysandre l'avait soigneusement gardé pour elle, secret qu'elle avait entendu de la bouche-même du Criminel, en présence d'Eldar en qui elle avait pleinement confiance.

« Cependant. » Hurla-t-elle pour couvrir la voix imposante d'un bûcheron qui en appelait à la mise à mort du Garthésia, choquant une grande partie de l'assistance. « Cependant, seules les Divinités ont le droit de Mort sur un Olaril. » Rectifia la jeune femme d'un ton dur, fronçant les sourcils et empoignant la garde de l'Epée des Dieux.

« Vesper aura pour seule existence une vie de Prisonnier, et je laisserai les Dieux décider du nombre d'années auxquelles il survivra. » Elle n'aurait pu être plus claire : bien qu'elle refuse d'offrir à Vesper le même sort qu'il réserva à Zéphir, elle n'avait aucune envie de le voir vivre bien longtemps, tant son acte la dégoûtait. Comment pouvait-on tuer un Olaril ? Et ne pas regretter...

A cet instant, déjà plusieurs réactions pouvaient être lue dans la foule. Nombreuses mais si toutes si différentes, car il semblait que le discours était une nécessité. Comment allaient-ils réellement comprendre son jugement ? Elle scrutait la marée humaine lorsque Garret sauta sur l'estrade pour venir lui chuchoter quelques mots à l'oreille. La Chasseresse parut éteinte un instant, le regard vide... Là bas, avait-elle appris, la cérémonie en l'honneur du Départ de Cyclae avait lieu. Devait-elle s'y rendre sans attendre ?
A mesure que la nouvelle se répandait parmi l'assemblée compacte, colportée par le jeune Garret, les Olarils quittaient la Place des Ires : ils souhaitaient tous dire un dernier au revoir à l'Edorta tuée aux Jeux.

Alors qu'une marche semblait se mouvoir de manière fluide en direction de la Nécropole, Lysandre en profita pour lâcher un soupir qu'elle contenait, comme si sa concentration pouvait disparaître maintenant que les regards n'étaient plus sur elle. Comme un poids que l'on retire. Elle s'approcha d'Eldar, la paume caressant la boucle de cuir de la grosse ceinture héritée de Laclaos. En demi teinte, ses impressions sur l'instant qui venait de se dérouler étaient mitigées, et elle avait du mal à réellement savoir quoi penser désormais. Ni quoi décider...

« Tu devrais aller rendre hommage à ta Tante. » Souffla-t-elle à l'attention du Capitaine de la Garde, comme rassurée d'avoir trouvé quelque chose à dire qui ne touche pas à son discours. Pourtant, comme si elle se réveillait, la petite mélodie lancinante reprenait du relief, car inconsciemment, elle se demandait si Sorastrata et Luminara avaient assisté à son Annonce Publique...

Balivernes...

Je fis mine de ne pas entendre.

Balivernes, n'est ce pas ?

Il fallait finalement répondre. Sans quoi le gênant ne s'arrêterait pas.

Ah oui. Vous pensez?

Et comment! Vesper Astar, assassin? On rêve! On rêve!

Je vis l'étrange personnage s'éloigner dans la foule en agitant ses bras.

Je ne connaissais pas beaucoup Vesper Astar. En revanche, j'appréciais beaucoup Zéphir Garthésia, et j'avoue clairement que je n'avais pu retenir ma colère et de ce fait un empressement stupide à la vengeance lorsque j'ai appris sa mort. Mais j'avais eu le temps de me calmer d'ici là.
Aujourd'hui Lysandre faisait enfin la fatale annonce. Astar allait croupir dans les geôle, et y crever comme un rat, un jour ou l'autre.
Je frottais mes yeux fatigués.

Je tentais de réfléchir, mais je ne voyais qu'un grand désert, ou plutôt une grande ruine dans laquelle les pierres n'avaient même pas d'appuis, où les blocs flottaient dans les airs, et où la géométrie n'était même pas logique. Un véritable chaos embrumait mes pensées quant à ces histoires. Je ne savais que penser vis-à-vis du prétendu assassin, de Lysandre, ou même de Zéphir...

La foule me bousculait.

Qu'avait Vesper à gagner en tuant Zéphir?
Ou peut-être était-ce au contraire Lysandre qui tirait avantage d'une manière quelconque de l'arrestation de Vesper.
Ou peut-être même Lysandre tirait-elle profit de la neutralisation de Zéphir et Vesper?
Le tout était de se renseigner sur les relations qu'entretenait la chef avec les deux protagonistes de cette nébuleuse affaire.

On me bousculait encore. Je perdis patience.

Quelque bon coups d'épaule me permirent de m'extirper de la foule et de me diriger vers la cérémonie funèbre en l'honneur de Cyclae Edorta.
Le temps était humide, mon cœur était aux larmes, et pourtant tant d'eau ne suffisait à éteindre les flammes passionnelles qui gangrénaient le village.

Il y avait du remue ménage sur la place publique Kiriel était avec Katriona et Filhakan
on parlait de l'arrestation de Vesper Astar tout le monde se demandait ce qu'il allait advenir de lui. Kiriel se faisait pas trop d'illusion Lysandre à toujours pris grand soin des Olarils surtout ceux qui s'opposent à elle.

Kiriel et Katriona écoutèrent et avait des airs tantôt effaré tantôt désespérée se disant que c'était vraiment n'importe quoi.

Katriona demanda d'un air cynique

"Pourquoi ne suis-je pas étonné Kiriel ? Enfin heureusement que notre chef bien aimé est la pour nous sauver des méchant meurtrier-opposant .

Nous les femmes sommes des génies moi ça n'est plus à prouvé et Lysandre elle à réussit à mettre en prison son opposant direct en le faisant passé pour le meurtrier de Zéphir ,meurtre qu'elle résout au passage je la trouve géniale."

Kiriel répondit sur un ton tout aussi blasé

"Moi non plus ça ne m'étonne pas, d'ailleurs plus temps passe moins les choses m'étonnent je me demandent ce qu'elle nous prépare encore comme sympathique surprise notre chef bien aimé.

Tout ça pour nourrir son égo surdimensioné mon père a du se retourné dans sa tombe un nombre de fois incalculable .
Tu sais Katriona quand tu veut tu peut être très drôle.
Nous devrions suivre les autres à l'enterrement nous irons chercher Kylian au passage.

La nouvelle était tombée : Lysandre allait prononcer un discours. C'était le jeune Garett Gandépine qui l'avait proclamé dans tout le village, de sa vive voix ferme et sonore. Sur son passage, les gens s'étaient regardés, lui posant des questions auxquelles il ne répondit pas, continuant à courir pour annoncer la nouvelle. Qu'en serait-il du sort de Vesper ? C'était la grande question que tous se posaient, et beaucoup spéculaient, sans pour autant oser arrêter une réponse. Lysandre n'était pas une femme prévisible...
Elle ne fut pas étonnée que sa soeur fasse un discours juste après l'arrestation de Vesper. Pour faire taire la rumeur et rassurer...et pour redorer son blason ! Elle gagnerait encore à elle quelques indécis...ses rangs se gonfleraient.
Jezabel avait pris Zeljar avec elle et était allée devant la statue de Diron. Déjà, une foule s'amenait, pour entendre leur chef. Pas tous n'avaient des visages avenants, beaucoup semblaient renfrognés et froids, voire fielleux pour quelques uns. Malgré elle, la chasseresse avait esquissé l'ombre d'un sourire.
Elle regarda sa soeur monter sur l'estrade, si digne et si fière. Elle avait le talent pour parler en public...du moment que qu'elle disait aux gens ce qu'ils voulaient entendre ! Son flegme et sa passion étaient à double tranchant : Autant, ils pouvaient lui rendre service, autant, ils pouvaient la trahir de la plus horrible des façons, retournant contre elle ses propres actions, comme il fut le cas pour les Jeux de Bakarne.
C'était pourquoi Jezabel était fort curieuse d'entendre les propos de sa cadette.
Derrière Lysandre se tenait Eldar Edorta, grand, blond, imposant... Était-il là en sa qualité de chef de la garde, ou Lysandre craignait-elle que la situation ne dégénère ?
Lorsqu'elle commença son discours, les murmures se turent, laissant place à la voix forte et portante de Lysandre. Elle confirma que Vesper était bien l'assassin de Zéphir. En cela, rien de surprenant, puisque la rumeur courrait depuis la veille, colportée une nouvelle fois par le jeune Garett Gandépine. Mais le confirmer apportait un regain de véracité, et rassurait les plus sceptiques.
Jezabel tenait Zeljar plaquée contre elle, les mains posées sur son petit torse d'enfant. Les Olarils autour d'eux fixaient Lysandre, pendus à ses paroles. Elle n'aurait su dire s'ils approuvaient ou non, car elle-même regardait sa soeur avec intérêt. Elle entendu Kiriel et Katriona parler tout près d'elle, et appris que l'enterrement de Ciclae Edorta se déroulerait dans la foulée du discours de Lysandre. Elle irait. Pour faire bonne figure. Et pour Mithra, aussi. Parce que, soyez-en étonnés ou non, Jezabel respectait Mithra Edorta depuis la conversation de la nuit dernière.
Il fut préconisé que Vesper Astar vivrait « une existence de prisonnier ». Allait-il réellement croupir enfermé dans les prisons de la caserne ? Un être humain pouvait-il réellement survivre en ces conditions ? Fallait-il avoir de la pitié pour lui ? Après tout, Jezabel avait passé un certain temps avec lui, ils avaient même préparés des plans ensembles, pour faire tomber Lysandre...Elle ne pouvait pas croire qu'un homme comme lui, si intelligent, aie commis une erreur aussi fatale. A la vérité, elle avait du mal à le croire. Était-ce de la fierté mal placée ? Des regrets ? Tout deux, ils auraient pu faire de grandes choses... Mais Jezabel était retombée sur ses pieds, car sitôt Vesper déchu, elle avait trouvé Mithra. Alors...finalement, ce n'était pas elle la plus à plaindre.
L'aînée Hirune attrapa la main de Zeljar.

« C'est fini. Rendons-nous dans la Nécropole, rendre un dernier hommage à cette pauvre Ciclae » fit-elle d'une voix morne.

Suite à sa conversation avec Alia interrompue par le jeune Garret, Liiken était repartie chez elle avant de venir à l'annonce publique afin de s'assurer que ses enfants étaient bien rentrés de leur jeux de l'après-midi. Elle les avait laissés à la surveillance de leur père, évitant en ces temps troublés de les laisser seuls. Comme beaucoup d'autres villageois, elle avait du mal à croire en la culpabilité de Vesper. La jeune femme ne le connaissait pas personnellement, évidemment, mais elle doutait qu'il soit coupable, malgré les rumeurs qui courraient sur ses aveux. Vesper Astar capable d'un meurtre? Liiken n'y croyait pas. Il était fermement opposé à Lysandre, c'était sûr, mais au point de tuer quelqu'un? De plus, quel avantage en tirait-il? S'il avait nié, il aurait pu en tirer profit et jeter le discrédit sur Lysandre. Mais avouer ne faisait que renforcer la position de la jeune chef. Liiken ne comprenait vraiment pas pourquoi il avait fait cela. Décidément, cette arrestation arrangeait trop les affaires de Lysandre pour qu'elle n'émette aucun soupçon.

Liiken se trouvait sur la place depuis quelques minutes lorsque Lysandre arriva et entama son discours. Pour la forme, elle ne pu s'empêcher de huer la jeune femme en même temps que les autres. Les mots furent brefs, on sentait la jeune femme tendue et elle était loin d'avoir convaincu Liiken du bien fondé de ses propos. Tant qu'elle n'entendrait pas elle-même de la bouche de Vesper, les aveux confessant le meurtre de Zéphir, elle n'y croirait pas. L'Astar était beaucoup trop intelligent que pour se laisser piéger aussi facilement. Tout cela cachait quelque chose. Un peu plus loin, elle vit Jezabel, un léger sourire sur les lèvres, regarder en direction de sa jeune soeur. Encore dont elle avait du mal à comprendre les véritables desseins.

Le châtiment qu'elle lui réservait avait un goût de trop peu. S'il était réellement coupable, pourquoi ne pas le condamner à mort? Ce n'était pas dans les traditions Olariles, mais c'était la même chose pour le meurtre. À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, non? C'est avec une pointe de nostalgie qu'elle repensa à son enfance dans le village, à une époque où ce genre de conflit n'existait pas. Penser que ses enfants à elle grandiraient encore pour un temps dans cette atmosphère de peur et de conflit la rendait triste. Quand tout cela allait-il cesser?

Une rumeur enfla dans la foule et parvint jusqu'à elle. L'enterrement de Cyclaë Edorta allait démarrer. Liiken ne put s'empêcher de repenser aux circonstances pour le moins étranges de de meurtre. Il était clair pour elle que là, de nouveau, il s'agissait d'un meurtre, mais qui en tirait quel bénéfice? Dans ce cas-ci, c'était encore moins évident. Décidément, en Arestim, en ce moment, rien n'allait plus. Le village avait été plus troublé ces dernières semaines que durant toute son enfance. Décidée à apprendre quelques nouvelles, et à écouter les conversations des uns et des autres, elle les suivit en direction de la Nécropole. Il était important de rendre un dernier hommage à Cyclaë.

Le discours... Il fut attendu suite à l'arrestation de Vesper, le petit avait vite fait de diffuser l'information dans le village. Les Olarils attendaient déjà la venue de sa femme quand il arriva sur la place des Ires, seul, dans l'ombre de sa capuche. Il attendait de voir comment se dérouleraient les choses, si tout se passerait comme il l'avait attendu. L'Hirune ne comptait se dévoiler pour l'instant, rester dans l'ombre nécessaire pour amener ses projets à terme. L'arrestation de Vesper... Pouvait-il s'y fier ? Il est vrai que l'individu est capable de bien des choses mais quelle importance après tout ? Qu'il l'ait tué ou non ne changerait rien, sa place était en prison en ce sens qu'il est considéré par le grand prêtre comme un être nuisible. Nuisible à qui ou à quoi ? Mais voyons, il ne pourrait vous le révéler sans révéler une partie de ses intentions. Certains secrets doivent le rester...

Un sourire apparu sur son visage, ses yeux se perdirent sur sa femme. Splendide, éternellement splendide. Pareille à la déesse qu'il servait faussement. Déesse... Nier leur existence est impossible mais lui-même n'a nulle certitude quant à leur Déité. Cela bien sûr ne saurait être révélé par le Grand Prêtre d'Hésione.

Le discours fit son effet, la foule s'était d'abord montrée réprobatrice mais l'annonce faite ceux-ci, pour la plupart, se sont montré plus consentant à cette annonce – bien que certains semblaient favorables à la peine de mort. L'homme laissa sa capuche retomber et ses oreilles traîner. Les voix se laissaient entendre, les mots parvenaient à ses oreilles, il se faufilait et entendait... Quoi ? Le dialogue cynique et ironique entre Katrina et Kiriel par exemple. Un regard vague s'arrêta sur Jezabel, comme attendue de sa part elle ne fit aucun commentaire, si elle avait des raison de douter elle n'en faisait pas publiquement part. Aucun commentaire non plus de la part de l'Hirune, il passe son chemin. Le discours s'était fini et lui se dirigeait vers la Nécropole comme il l'avait précisé il se présenterait à l'enterrement de l'Edorta et accompagnerait la procession. Devoir religieux ou personnel ? Cela ne fut précisé par le Grand Prêtre. La capuche revêtu il suivit de loin la foule.

Cette matinée était tout bonnement glaciale. Si bien qu’en sortant à l’aube, Limna eut l’impression de sentir sa sueur se figer sur place pour lui marteler les tempes. Cela eut de bon qu’elle rabattit sur le champ sa capuche profonde sur sa chevelure blanche, tout juste à temps pour cacher ses traits à un passant visiblement préoccupé, qui la doubla précipitamment. Parcourue d’un frisson, elle lui jeta un regard en coin, curieuse. Ne devinant rien de ce qui se passait, elle choisit de se retourner et aperçu au loin le jeune Garret appeler à la volée tous les Olarils qui se présentaient à sa portée. Lorsque Limna arriva non loin de lui, il reprenait justement sa respiration. Aussi lui attrapa-t-elle l’épaule pour lui demander ce qui se passait. Sans prendre garde à l’expression qui passa sur le visage du jeune homme tandis qu’il lui répondait, elle le lâcha sans ménagement et se dirigea à grand pas dans les traces de tous les autres.

Lysandre…

Le regard sombre, les dents serrées, elle parvint auprès de la statue de Diron un certain temps après les autres, et déjà Lysandre avait commencé son discours. Autour d’elle, les autres se montraient expressifs, et beaucoup se montraient même agressifs… Mais elle ne dit rien. De même, elle n’écoutait nullement les mots qui sortaient de la bouche de Lysandre. Vesper, Zéphir, les Dieux… Rien qui ne supplantait cet intérêt qu’à ses yeux représentait Lysandre. Discrètement, elle porta ses doigts à la garde de l’une de ses dagues. Ils l’enserrèrent et s’y crispèrent, puis se délassant, ils caressèrent doucement les filigranes et détails de la garde.
Ses yeux trop clairs ne lâchaient plus la chef des yeux, avec comme seule envie celle de lui faire payer ce sang que par sa faute elle avait sur les mains.

A nouveau un bruit parcourût la foule, et Limna tarda quelque peu à y prêter attention. A la vérité, Lysandre avait achevé son discours depuis de longues secondes maintenant, lorsqu'elle cilla. Un homme, qu'elle gênait quelque peu la bouscula et, sous l'effet de la surprise, elle manqua même de tomber. Après avoir répliqué d'un coup de coude cuisant à l'homme, elle s'approcha d'un groupe qui conversait plus loin pour en apprendre plus ; à l'évocation du nom de Cyclaë, elle sentit sa gorge se serrer et déglutit. Puis un sensation naquît sur ses phalanges, puis sur ses mains et ce jusqu'à ses coudes : elle y sentait quelque chose de chaud s'y répandre, un liquide chaud qui vint sinuer vers le haut, à l'inverse de ce qu'il aurait du faire... Avec un hoquet elle leva une main et ne put retenir un léger cri de frayeur en la voyant recouverte de sang, un sang frais, rouge et vif, comme parcouru de battements organiques... Le cri n'était pas passé inaperçu, d'autant plus que dans la panique, elle avait rabattu sa capuche, et que déjà on venait la bousculer et la rudoyer quelque peu. Certains osèrent même un coup ou deux, mais en fin de compte, ils étaient peu à l'avoir réellement reconnue, et elle pu s'enfuir en titubant, rebondissant sur quelques personnes.
Enfin seule, derrière un établis, elle reprit sa respiration, secouée de quelques hochets et chaque souffle sifflant légèrement. Alors elle leva ses mains et écarquilla les yeux, ses pupilles réduites à deux points noirs au centre d'yeux pratiquement blanc tant ils étaient clairs. La stupeur, qui plus est, en accentuait la pâleur... Elle ouvrit la bouche d'incompréhention. Ses mains, sa peau livide... Plus la moindre trace de sang. Elle avait la chair tout aussi immaculée qu'au sortir de son bain. Et ne subsistait plus que la sensation de froid intense et violent...

Cyclaë te fait payer, lui soufflait la voix, morbide. Par ta faute, elle est morte, et avant que tu ne puisses lui rendre hommage, elle te fera souffrir.

Alors elle se prit la tête, ses doigts crispés dans ses cheveux en bataille et irréguliers, et la secoua quelque peu, comme pour en chasser ces pensées aigres. Lorsqu'elle se calma, elle releva un visage où se disputaient colère et frayeur, puis hocha la tête d'un air résolu. Elle le lui devait bien, après tout, alors qu'elle s'était interposée entre l'éleveuse et l'Ilumber, Cyclaë avait voulu la défendre... Sans cela, sans doute la flèche se serait-elle fichée dans son cœur à elle...

Lysandre Hirune, chef des Olarils, allait annoncer le verdict en ce qui concernait l’arrestation de Vesper Astar. Le jeune Garett Gandépine parcourait le village pour annoncer le discours de l’Hirune. Kamélie s’était alors empressait d’habiller chaudement ses deux enfants, pensant retrouver son mari sur place, parti plus tôt qu’elle de la maison. Le petit groupe de trois se retrouvait alors à affronter le froid, non sans plainte de la plus jeune fille, Tiska, pour rejoindre une foule d’Olaril, tous pendu aux lèvres de Lysandre.

Kamélie resta silencieuse tout au long du discours, autour d’elle certain semblait acquiescer les paroles de la jeune Hirune. Ne sachant que trop penser du meurtre de Zéphir, elle restait assez sceptique quant aux jugements. Pour elle, aucun Olaril était capable de tuer, pourtant les faits étaient, là. Zéphir avait été retrouvé assassiné et Vesper aurait semble-t-il avoué le meurtre.

Aussi dur à avaler que cela pouvait l’être, un Olaril avait bien tué un autre Olaril. Le jugement de Lysandre semblait juste, l’emprisonnement à vie, laissant choisir les dieux de sa durée. Pourtant, Kamélie ne pouvait s’empêcher de voir une mascarade derrière cela, peut être sans fondement, mais l’arrestation de Vesper arrangait l’Hirune en tout point.

Une nouvelle agitation se faisait entendre dans la foule quand le jeune Garatt annonça une cérémonie en l’honneur du départ de Cyclae. Kamélie n’avait pas lâché la mais de ses enfants pendant toute la durée du discours, et pourtant elle se souvint de leur présence seulement quand l’aîné lui secoua le bras pour lui demander ce qu’ils allaient faire maintenant. Elle ne put s’empêcher de se demander ce qu’allait advenir les olarils et en particulier ses enfants si d’autre meurtrier était né en Arestim.

« Nous allons rendre hommage à Cyclae » Répondit-elle à son fils, d’un air un peu absent.

Kamélie tenant par la main Tiska, et marchant près de son fils, suivait la foule se dirigeant vers la Nécropole.

Laetia ne savait ce qu'il se passait sur la place publique mais ses parents lui avaient expressément fait savoir qu'elle devait y être. Elle avait de toute façon envie de sortir aujourd'hui.

Elle s'était emmitouflée dans une longue cape blanche fourrée, mais malgré cette protection elle enfonçait sa tête dans ses épaules. Il ne neigeait pas, mais il faisait encore froid et le teint d'albâtre de Laetia était coloré par ses joues rougies par le froid.

Elle s'engouffra dans la foule des Olarils déjà massés,le fait d'être une fille et sa petite taille lui faisaient facilement passer tout le groupe jusqu'aux premiers rangs. Si elle devait assister à quelque chose elle voulait pouvoir le voir.

C'est alors qu'elle les vit : la Chef d'Arestim et son Chef de la Garde. Elle ne pouvait s'empêcher d'admirer cette femme et doutait facilement en la voyant de sa position, comment pouvait-elle ne pas être en accord avec une femme possédant une telle force ?

Elle commença alors son discours. Laetia apprenait l'arrestation de Vesper Astar, elle qui n'avait jamais été intimement mêlée politiquement essayait de tout comprendre en bloc. Evidemment elle avait entendu parler de la mort de Zéphir Garthésia mais jamais elle ne s'y était intéressée.
Désormais elle comprenait les rumeurs circulantes, et l'Astar avait donc avoué le meurtre ?

*Une chose horrible assurément, comment cela a-t-il pu se passer ? Pourquoi ?*

Cela elle ne le saurait surement jamais.

Bien sûr il lui fallait un jugement, elle était d'accord, l'acte était trop choquant pour rester impuni, mais Lysandre ne voulait tout de même pas condamner à mort un Olaril ? Elle aurait transformé le bourreau en victime selon la jeune fille. Que restait-il d'autre à envisager alors ? Le choix était surement fait et rien ne le changerait mais Laetia retenait son souffle.

La sentence tomba : emprisonnement à vie. Laetia était certes rassurée, la Chef n'était pas cruelle mais elle plaignait aussi Vesper. Vivre ainsi dans la solitude jusqu'à la fin de ses jours serait surement difficile pour celui qui n'a pas choisi sa peine.

Cette fois Laetia était tout de même en accord intérieurement avec la décision prononcée. Elle tenta un regard vers la femme qui avait à coup sûr enduré de longs moments de réflexions pour arriver à ce jugement, un jugement auquel la jeune fille personnellement ne serait jamais parvenue.

C'est alors que Garret surgit dans la foule, diffusant à tous la nouvelle de l'enterrement de Cyclaë Edorta. Il était étonnant d'avoir choisi le même jour pour deux événements aussi étonnants mais deux événements opposés de par leur signification pour le village, l'un redonnait de la force à Lysandre alors que l'autre glorifiait Mithra dans le deuil, la séparation ne pouvait se faire plus sentir.

Elle irait, elle se mis d'ailleurs de suite en marche pour ne pas manquer la cérémonie. Une fois de plus elle se fondit dans la masse, se voulant d'avoir pensé à son exposition possible au milieu de la foule.

*Je ne suis pas superficielle, non je ne le suis pas, loin de là ! N'est ce pas ? Enfin j'espère...*

Elle pensa ainsi tout le long du chemin de la place à la Nécropole, évitant de réfléchir à ce qu'il y aurait à l'arrivée.

Géralt revenait de la chasse son pourpoint était maculé de sang , le sang venait du sanglier fraichement tué qu'il portait sur l'épaule. Il c'était arrêter pour écouter Lysandre .Il devait se tenir au courant , il a une famille qui compte sur lui. Il se doit donc de mettre son plan à exécution au plus vite avant que tout ne dégénère .

Lysandre est vraiment perdue et ne fait que mettre de l'huile sur le feu. Le peut de conseiller qu'elle à doivent être de bien piètre qualités, pour peut qu'elle les écoute.

Vesper tuant un Garthésia l'idée est parfaitement ridicule car Vesper aurait plus à perdre qu'à y gagner mais cette furie n'y à certainement pas pensée pas plus que mon bornée de neveux.

La famille parfois heureusement il doit en rester deux ou trois saint d'esprit les dieux soient louées

pensa t'il

Il posât l'animal à terre pendant un moment et retendit son arc

Bon assez chasser il est temps de passer à l'action sinon tout cela risque de bien mal terminer je le sens. Mais avant il me faut rendre un dernier hommage à cette cher Cyclae

Remettant l'animal sur son épaule il se mit en route pour funèbre célébration

Ainsi, sa cousine était partie. Luminara, demeurée seule avec Sorastrata dans le Foyer des Chasseresses, percevait parfaitement sa colère, incapable de deviner en quoi elle l'avait heurtée et cherchant vainement dans ses paroles l'endroit où elle aurait pu l'offenser. Elle revit un bref instant la vivacité avec laquelle Lysandre avait mis ses gants, puis soupira. À quoi ressemblerait sa prochaine rencontre avec Lysandre ? Sa cousine était-elle simplement froissée ou durablement énervée ? Luminara se tourna vers sa grand-mère. D'un ton doux, elle dit :

- Viens, sortons.

Elle garda ses prières pour elle. Mais elle espérait fermement qu'Hésione l'entendrait et protégerait Lysandre. Il ne servait à rien de continuer à discuter sans Lysandre ; de toute façon, ce n'était pas ce qu'elles recherchaient.
Les deux femmes eurent à peine le temps de faire quelques pas à l'extérieur qu'elles croisaient plusieurs Olarils. Étonnées de voir tant de monde désœuvré à une heure aussi matinale, elles en comprirent rapidement la raison. Elles n'avaient pas besoin que Garret les informe : le but de Lysandre en rassemblant son peuple était évident. Elles pressèrent donc le pas jusqu'à la Place des Ires sans échanger un mot. Le silence était bien plus approprié pour accompagner leurs pensées.

Lorsqu'elles parvinrent à la statue de Diron, Luminara fut surprise par l'hostilité qui se dégageait de la foule. Elle observa plus attentivement et fut soulagée de remarquer la présence discrète et silencieuse des partisans. Soulagée ? Elle n'aurait pas dû l'être. Ce n'était pas l'adjectif qu'elle aurait dû penser. Mettant de côté ses éternels regrets, la Chasseresse remarqua l'éclatante chevelure de Zeljar, la mine dure de Jézabel, la discrète présence de Nydearin... ainsi que les yeux hagards de Limna. Luminara assumait parfaitement le fait de ne pas avoir approché sa cousine. Elle aurait peut-être dû, mais la jeunessse de Limna l'éloignait spontanément d'elle. Certes, Lysandre était plus jeune encore, mais elle n'était pas autant éloignée d'elle dans la famille. De plus, Luminara n'était pas tenue de pardonner à celle qui touchait de tellement près la disgrâce Hirune.

Le discours de Lysandre fit sourire Luminara. Les mots étaient justes et bien pesés, tranchant particulièrement avec ceux des Jeux. Les Olarils les moins décidés ne pouvaient qu'être convaincus. Le nombre de... d'opposants devrait se stabiliser... Déjà, ceux qui avaient osé interrompre le Chef se taisaient, réduits à de simples grognements de mécontentement. Il était hors de question d'acclamer Lysandre, c'eût été totalement déplacé. Mais Luminara en était sûre, la présence ferme et tranquille des siens ne pouvait que convaincre Lysandre que ce qu'elle faisait n'était pas à l'encontre de tout bon sens.

Luminara ne s'attendait pas à ce que tous les Olarils tombent dans les bras les uns des autres suite au discours de Lysandre. Malgré tout, ce que venait d'annoncer le Chef lui semblait un bon début pour une reprise lente mais assurée de la confiance populaire. Certes, le peuple grondait encore, mais il serait impossible de satisfaire tout le monde ; quel Chef avait pu y prétendre ?
La Chasseresse n'attendit pas que toute la place se vide avant d'amorcer, avec Sorastrata, sa route vers la Nécropole. Cyclaë, la dresseuse de chevaux, allait être portée en terre. Et les Hirune ne seraient pas les derniers à lui rendre hommage.

Elle était bien obligée d'être présente... Après tout, son commerce se trouvait sur la Place des Ires, et avec le boucan que tous ces Olarils réunis faisaient, Kermaat avait été contrainte à sortir de son échoppe pour écouter clairement ce qui se disait là bas, près de la Statut de Diron. Elle était grognon, ce matin-là, parce qu'avec cette Annonce Publique-là, tous les clients avaient déserté, et elle ne vendrait pas grand chose de toute la matinée. Encore un reproche à faire à Lysandre, sans doute...

De là où elle se trouvait, éloignée, et surélevée sur les marches qui menait à son commerce, l'Herboriste n'était pas trop mal placée : elle voyait le Chef de loin, n'avait pas à se faire bousculer par les Olarils qui pestaient, elle les entendait, contre chaque mot prononcé par l'Hirune, et n'avait pas non plus à voir les corps sculpturaux des jeunes femmes attentives. Elle pouvait se concentrer sur le discours, et c'était une bonne chose, songea-t-elle, plutôt que s'attarder sur des sujets fâcheux qui rendraient sa journée encore plus maussade.

Étonnement, elle fut en phase avec les mots du Chef. Elle était d'accord, ce qui donna lieu à une grimace lorsqu'elle le réalisa, mais devait bien admette que c'est ce qu'elle aurait probablement fait : après tout, si Vesper avait avoué c'est qu'elle avait fait son boulot, pour une fois, cette Chasseresse Prétentieuse ! Bien que souvent septique, elle devait avouer que Vesper Astar n'avait jamais été très haut placé dans son coeur, justement parce qu'elle le trouvait un peu trop hautain, et c'était le genre de défaut qui pouvait le faire passer de client sympathique à affreux personnage qu'on apprécie de voir emprisonné...

Quelque chose attira son regard, et Kermaat eut un hoquet de surprise : dans un coin et en retrait, elle avait aperçu Limna Hirune. Sa capuche était tombée, et elle pouvait être persuadée qu'il s'agissait bien d'elle. Cette petite Vipère était gonflée de se montrer ici, avec tous ces Olarils qui lui auraient bien ouvert la cage thoracique pour voir si elle avait vraiment un coeur, ou le crâne pour vérifier qu'elle avait une cervelle... C'était sa faute, en fait, réfléchit-elle, si Arestim était aujourd'hui aussi désastreuse ? Elle en vint même à trouver une Chasseresse qu'elle détesta plus que Lysandre. Si elle avait eu le courage de marcher et de se présenter à elle, elle lui aurait craché au visage.

Mais Kermaat était loin d'être courageuse.

Alors que des sentiments belliqueux déjà se faisaient sentir en elle, elle fut soulagée d'entendre Garret passer près d'elle. Il courrait, comme toujours, et haussa la voix juste à sa hauteur. On enterrait Cylae Edorta dans quelques instants...
Foutue pour foutue, autant fermer l'échoppe pour toute la matinée, non ?
Et puis, elle avait apprécier l'Edorta, sans doute parce qu'elle n'était pas ni fine, ni élégante, ni plus belle qu'elle... Ce qui était une qualité que l'Herboriste appréciait plus que tout. Elle ferma donc la porte de sa boutique et suivit le petit Garret qui montrait le chemin en appelant les Olarils sur son passage.

traitrise

« Un tel crime ne peut permettre à Vesper de vivre en paix un seule seconde parmi nous »

« Seules les Divinités ont le droit de Mort sur un Olaril »

Il faisait très froid, trop froid ce matin là et Kalia pestait depuis un bon moment déjà, sous le rire amusé de ses frères, contre cette morsure déplaisante que lui infligeait une fois de plus l’hiver. Ils venaient tout juste d’arriver aux échoppes d’Herboristerie Nacéra, sur la place des Ires, lorsque Garret passa, tel le vent, prévenant que le chef allait faire une annonce prés de la statue de Diron. Le silence s’imposa aussi sec au sein du groupe et ils s’approchèrent de la statue pour entendre ce que l’Hirune avait à dire.

De la foule s’élevaient des rumeurs, des murmures défendant ou tout au contraire accablant le chef, mais Kalia n’y prêta pas attention. Quand Lysandre apparut aux yeux de tous sur l’estrade réservée aux Saltimbanques, lieu plus que familier à Kalia, cette dernière ne put s’empêcher de remarquer sa prestance et décida d’écouter avec attention ce qu’elle avait à déclarer.

Ainsi Vesper Astar avait finalement été arrêté et ce traître avait même avoué le meurtre de Zéphir, l’un des siens. La colère monta à ses joues. Comment cet Astar avait-il pu ôter une vie ? De quel droit avait-il empiété sur les prérogatives des dieux ? Quelque fut son différent avec le Garthésia, rien ne justifiait un tel acte aux yeux de Kalia. Pauvre Zéphir… Même si elle n’avait pas trop connu le guérisseur, elle avait apprécié sa gentillesse lorsqu'enfants, ils étudiaient ensemble le secret des plantes médicinales.

La foule semblait partagée à l’annonce de cette arrestation. Certains pouvaient en effet douter de la véracité des aveux de Vesper car la capture de ce dernier permettait à Lysandre de faire disparaître son principal opposant. Toutefois, Kalia, elle, croyait en son chef. C’était une Hirune certes mais désignée par Laclaos lui-même. Au fils des mois, elle s’était forgée une opinion sur le nouveau chef d’Arestim et pour le moment sa dévotion lui était toute acquise. Pour elle, Lysandre ne pouvait mentir sur un fait aussi important sans craindre la colère des dieux. Le sentiment de Kalia fut conforté par la sentence que l’Hirune réserva à l’Astar, un jugement juste et digne d’un chef Olaril en tout point.

Soudain, Garret monta sur l’estrade et murmura à l’oreille de Lysandre. La nouvelle se répandit alors très vite. On enterrait Cyclaë Edorta ce matin… Kalia prit la décision de s’y rendre pour représenter sa famille pendant que ses frères garderaient les boutiques. Elle se sentait d’autant plus concerner qu’elle était, elle-même, à moitié Edorta. De retour à l’échoppe, elle sélectionna une fiole sur l’étale des parfums et suivit le mouvement de la foule vers la nécropole pour rendre un dernier hommage à la dresseuse de chevaux.

Vers la Nécropole

La foule s'était rassemblée, plus nombreuse que jamais, pour écouter ce que Lysandre avait à dire. Pressés les uns contre les autres, furieux, curieux, dégoûtés, les Olarils transpiraient la rage et l'incompréhension, que ces émotions soient adressée à Lysandre ou à Vesper.

Glyssiin, perchée sur sa roulotte en bordure de la foule, s'efforçait de ne pas trébucher tant les sentiments contradictoires qui l'habitaient étaient déstabislisant. Un meurtre si sauvage... commis par un Astar? C'était si difficile à croire! Pourtant, Vesper avait avoué, et bien qu'elle ne l'eût que peu connu, elle ne songeait pas une seconde qu'il ait pu se laisser piéger au point d'avouer un crime qu'il n'aurait pas commis. Alors quoi? Un accès de folie? De la pure cruauté? Comment savoir? Et comment être fixée? Sans doute celà serait-il pour toujours impossible, et Glyssiin, incapable de comprendre, ne fut pas la dernière à demander la mort de l'Astar. Oui, sa mort. Elle-même en était choquée, mais coment ne pas l'être, en des temps si troublés?

La Saltimbanque regarda la foule vider la place, guidée par Garret Grandépine jusqu'à l'enterrement de Cyclaë Edorta. Trajan Garthésia en tête, rapidement suivit par Kiriel Edorta et tous les autres, la foule s'en fut d'un pas lourd vers ce nouvel évènement qui s'annonçait déjà plus dur que le premier... Il y avait une Astar, aussi, dont Glyssiin ignorait le nom, mais peu importait. Liiken se trouvait loin en avant de sa cadette, et Glyssiin ne chercha pas à la rattraper. Elle descendit de sa roulotte et, saisissant doucement les rênes usée de Chaume, elle entraîna l'étalon fatigué à la suite du cortège funèbre.

"Mon pauvre Chaume... Parfois, je t'envie de n'avoir qu'une vie de cheval. Toi au moins tu n'as pas à souffrir de toutes ces querelles typiquement humaines..." Elle laissa échapper un profond soupir et conclut: "Et comme si cela ne suffisait pas, il paraît que la Gérax s'est mise à trembler! Il ne nous manquait plus que celà: que notre chef attire le mécontentement des Dieux..."

La Saltimbanque jeta un regard noir à La Hirune, maudissant presque son prédécesseur... Si Lysandre n'avait pas été nommée chef, sans doute les Olarils seraient-ils encore en paix!

[après ce post, plus aucun Olaril ne pourra intervenir lors de l'Annonce Publique. Si vous n'avez pas eu le temps de le faire, mais que vous souhaitez réagir, je vous encourage à intégrer dans votre RP en cours, en même temps que les "rumeurs" envoyées par MP, les réactions de votre personnage]

Lysandre eut un regard vers les quelques rares personnes qui résidaient sur la Place des Ires, face à l'imposant Diron, Chef parmi les Chef, le Guide des Olarils ancestraux, et qui étaient assurément les personnes les plus proches de sa politique. Mais surtout, ses plus fidèles amis, ses proches, ceux en qui elle pouvait avoir une confiance aveugle et totale, sans craindre qu'ils se détourneraient d'elle, appelés par des Sirènes plus alléchantes, sachant susciter les intérêts ou les plus bas sentiments. Du moins était-ce ce à quoi elle songeait, en caressant de manière trop instinctive le pommeau de cette garde si controversée, celle qui représentait à la fois tout son bonheur, et tout son malheur.

Lorsqu'Eldar acquiesça, pour ensuite prendre part à la marche, presque funèbre, qui menait les Habitants d'Arestim Dominae vers la Nécropole, le Chef se permit un soupir. Que ferait-elle désormais ? Participer dès à présent à la cérémonie était dans les nécessités de son rang, mais comment réagiraient les Olarils, et notamment ses plus virulents opposants, lorsqu'elle se montrerait ? Dans cette atmosphère chaotique, malgré la peine et la solennité des enterrements, Lysandre craignait presque que sa présence déclenche des sentiments rendus à fleur de peau par la tristesse de ce moment. Elle voyait déjà, avec les instincts les plus vifs qui souvent assaillent les pleurs et les émotions douloureuses, les excès de rage revenus à la surface, en voyant le corps sans vie de l'Edorta, qu'elle-même avait abattu de son trait.

Ce qu'ils ignoraient sans doute pour la plupart, ce fut les douleurs qu'elle-même ressentait en revoyant, sans cesse, cette scène d'horreur. Elle s'en voulait, énormément, mais à qui se confier sans paraître faible ? Une nouvelle fois, passa devant son regard sombre comme un jet de lumière trop vive, qui blessa sa rétine, comme la flèche qui fendait l'air avec un bruit singulier, elle sentait la corde entre ses doigts, qui partait, alors qu'elle se rendait immédiatement compte de son erreur, car Cyclae se redressait... Oh... Comme elle avait souhaité, consciente de la gravité de son voeux, que la pointe transperce Limna et non la Dresseuse... Oh, comme elle l'avait espéré durant la nuit qui suivit, alors qu'elle se trouvait dans une terreur sans nom, en espérant que tout ceci, au petit matin, se révèlerait être un très mauvais cauchemar.

Mais rien, ni la brume, ni la neige, ni le froid n'avait fait s'évaporer son acte, fatal, qui dégrada à jamais la vie d'Arestim Dominae. Il lui fallait assumer du mieux qu'elle pouvait, sans chercher à s'expliquer plus que de raison : elle avait raté sa cible, et n'en déplaisent aux Olarils qui la prenaient pour fautive, volontaire, de ce meurtre, elle n'avait jamais souhaité la mort de Cyclae. Jamais. Cette vision s'imposa alors : elle qui n'avait qu'une envie, rester éloignée du spectre de la défunte, ne pouvait se résoudre à rester absente à ses funérailles. Il lui faudrait du courage, et en manquer aurait été une autre erreur. Aussi, serrant les poings, l'Hirune ferma son visage pour se protéger. Quoi qu'il arrive, il lui faudrait affronter, une dernière fois, le visage livide de l'Edorta.

Dans la froideur de la matinée déjà entamé, elle s'avança alors vers son époux et les quelques proches qui se trouvaient à ses côtés, et leur indiqua d'un signe de tête, gardant le silence, qu'il se dirigeraient désormais vers la Nécropole.

[=> L'enterrement de Cyclae Edorta]

» Vesper Astar.
» Namadrius Astar
» Lionora Astar