Les Tables d'Olaria
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 Dissidentes. Un peu.

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyJeu 6 Mai - 21:52

    Elle lui faisait des infidélités. Oh, rien de bien grave, mais tout de même…

    Et puis, de toute façon, il l’avait foutue dehors.

    Ce soir, elle buvait à l’auberge du Coq en Patte de la Volonté de Therdrone. Un nom bien pompeux pour une auberge aussi… enfin…
    Considérant d’un œil critique l’hygiène de son gobelet de cidre, elle regretta soudain que le patron ne fut son Sieben. Elle râlait, pestait, le dérangeait systématiquement pendant sa vaisselle du soir, mais une fois face à cette… chose à laquelle elle était sensée appuyer ses lèvres, elle réalisait à quel point cette vaisselle était bénéfique. Enfin, ils n’étaient plus dans le Quartier Bourgeois, cela se voyait. Si Elenor était une habituée de ce dernier, elle s’aventurait rarement plus bas… Ses origines nobles, si elles ne l’avaient pas rendue hautaine et n’avaient su lui inculquer les tabous qui résidaient entre les castes, l’avaient néanmoins habituée à un minimum de salubrité et à une odeur plus acceptable. Oh certes ce n’était pas non plus un taudis. Le bâtiment en lui-même aurait eu de quoi plaire, et la nourriture servie était, pour le prix demandé, de bonne qualité. Mais par Therdrone ne pouvait-il donc pas s’attarder plus avant sur ses chopes ?

    Elenor n’en dit rien cependant et, devant les regards insistants du patron, trempa légèrement les lèvres dans le cidre.

    Elle détonnait légèrement dans le décor. Elle n’avait pas choisi une tenue particulièrement riche, mais son pantalon était net et d’une taille ajustée. Ses cuissardes soignées (héritage de sa vie militaire) et enfin, elle avait enfilé une chemise noire, plutôt simple mais qui trahissait en haut du dos et au niveau du cou la myriade de tatouages multicolores qu’elle arborait. Personne, ici, n’avait de quoi ne serait-ce qu’entrevoir de tels pigments.

    Quoi qu’il en soit, elle se tenait droite, était sobre, avait correctement noué ses cheveux et ne devait pas ses cernes à une cuite. Au travail, seulement. C’était là une évolution non négligeable pour qui avait côtoyé Elenor ces derniers temps. Après l’abattement, l’isolement, l’alcool, le laisser-aller… Elle avait retrouvé un peu du soldat d’antan. Son regard était clair et ferme, sa bouche n’accordait de sourires que par politesse.

    Oui, les évènements récents, s’ils la contraignaient à se faire discrète et à se planquer un maximum, avaient cependant créé chez elle un déclic. Elle devait se montrer plus forte, pour lui, pour l’avenir. Pour faire face à ce qui allait lui tomber sur le coin de la figure, demain. Depuis quelques jours, elle avait passé son temps à l’auberge, jour et nuit… Elle avait repris le travail, Sieben incapable de faire quoi que ce soit depuis… l’incident. Lassé de recevoir des recommandations de la part d’une novice, son amant avait fini par la mettre à la porte et elle en avait profité pour la demander, elle. Oui, lorsque l’on demande Eleni, Eleni apparaît, c’est connu.

    Elle avait besoin de parler de certaines choses, besoin de se reprendre en main. Besoin d’occuper ses journées, également. Elle n’avait pas l’intention de quitter le Ceste, ne serait-ce que pour de trop longues expéditions. En effet, l’auberge avait été pour elle un refuge durant son isolement qu’il allait bien falloir rompre, mais aussi et surtout un foyer qu’elle aimait. Elle l’aimait énormément. Elle y avait pris goût, avait découvert le confort, avait découvert qu’elle avait envie de se battre… De tout mettre en œuvre pour ne plus le compromettre, jamais.
    Et puis, avoir tenu l’auberge une semaine durant lui avait également appris qu’il fallait qu’il soit en bonne santé, toujours. Oui, donner un coup de main était une chose, affronter seule ou presque (car un homme de son gabarit, errant à droite à gauche sans lui être d’une quelconque aide était davantage un fléau qu’un allié) une horde de sauvages du matin au soir… Elle n’avait pas la patience pour.

    Au souvenir de cette semaine passée, elle frissonna, et porta par réflexe ses lèvres au gobelet. Le contact huileux de ce dernier lui rappela ses réticences précédentes, et elle fronça les sourcils en le repoussant d’un air débecté.
    Il l’avait mise à la porte, quelques heures plus tôt. Il avait insisté pour récupérer son poste, et ce contre avis médical, et contre avis de sa maîtresse. Elle avait voulu l’aider, une dernière fois avant de partir… Lui avait proposé de lui mettre les objets lourds à portée de main, lui avait demandé d’éviter de descendre en réserve…

    Et il l’avait mise à la porte. Se souvenant de son air renfrogné, de sa voix bourrue et de son geste qui signifiait va voir ailleurs si j’y suis. Oh ce soir, ils seraient tout miel. Comme si… comme si rien ne s’était passé… en mieux. Passés à quelque chose d’autre. Quelque chose de plus intéressant.

    A nouveau, elle reportait ses lèvres au gobelet, un mince sourire à leur commissure, se demandant s’il s’en sortait seul, lorsqu’une silhouette se porta à ses côtés et vint s’asseoir. Elle hasarda un regard en la direction de l’intruse, et ne la reconnut pas. Songeant que c’était là la principale qualité propre à Eleni, elle la soupçonna, mais ne prit pas le risque de l’appeler. D’une part pour préserver l’anonymat de la demoiselle, d’autre part pour ne pas passer pour une imbécile en cas d’échec. D’un signe à l’aubergiste, elle demanda un autre cidre. Elle était jeune, ce n’était pas bon de boire, à son âge… Le cidre c’était léger, parfait pour les fillettes… Et les militaires handicapées en voie de rédemption. Elle le fit glisser en direction de la nouvelle venue, sans un mot. Un simple regard interrogatif. Au pire, elle offrirait à boire à une inconnue…


Dernière édition par Elenor Jagharii le Dim 3 Oct - 16:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyMer 12 Mai - 16:03

    Ce soir, Éléni était inquiète. Elle avait passé la journée à écouter des rapports sans fin concernant les faits et gestes des Olarils. Elle était parvenue à isoler les plus importants du groupe, ceux qui représentaient un emblème au sein des descendants de Bakarne, mais elle avait peur de négliger un élément important. Néanmoins, ce n'était pas du tout ce qui expliquait ce pincement au cœur. Non, la nouvelle qui l'alarmait était qu'Elenor Jagharii avait demandé à la voir. Éléni allait et venait sans s'attacher, car être proche de quelqu'un signifiait augmenter le danger du Jeu. Et le Jeu était suffisamment dangereux comme ça... Pourtant, quand on lui parlait d'Elenor Jagharii ou de Sieben Raetan, elle était anormalement intéressée. Parmi son vaste réseau de connaissances, ils étaient de ceux qu'elle appréciait le plus. Et elle ne se l'expliquait pas vraiment.

    Aussi, quand une de ses indics lui dit qu'Elenor l'attendait au Coq en Patte de la Volonté de Therdone – d'un niveau franchement moindre que le Ceste Clouté – Éléni n'hésita pas. Elle décidé aussitôt de suspendre ses activités et partit se changer. Le déguisement importait peu, pour une fois. Éléni n'avait pas vraiment d'informations à recueillir, ni de personne à tromper. Elle mit une perruque noire et en laissa les cheveux pendre librement, comme une commerçante moyenne après une dure journée de marchandage. Elle se vieillit de plusieurs années, adoptant sans difficulté les traits d'une jeune femme de vingt-deux ans, sans Volonté particulière. Elle mit une robe longue en toile, dégageant ses épaules, mais de mauvaise facture. Mettant une cape passe-partout, elle se rendit sans tarder au Coq en Patte.

    Elle n'était pas sûre de la raison pour laquelle Elenor faisait appel à elle. Au fin fond d'elle-même, elle espérait que c'était simplement pour la voir ou lui parler, mais c'était un désir trop inconscient pour qu'elle l'ait réellement à l'esprit. Éléni savait parfaitement ce qui était arrivé à Sieben. D'ailleurs, elle s'en voulait de ne pas avoir pu prévoir le mouvement du petit nobliard Venarii. Mais elle avait suivi l'affaire de très près et elle avait des noms pour Elenor si celle-ci lui en demandait, question que ceux qui avaient osé porter la main sur Sieben payent. Elle avait également fouillé le passé de Xander Venarii et passé ses erreurs au peigne fin : elle avait de quoi détruire sa réputation pour toujours, si Elenor le demandait.

    Éléni franchit la porte et repéra Elenor sans difficulté. L'ancienne militaire se tenait de manière rigide, comme si sa façon de se tenir pouvait traduire sa capacité à rester en place, à tenir et à encaisser sans faiblir. En même temps, c'était une sensualité à peine retenue qui se dégageait de sa personne. Rassurée par l'état de la Noble, elle s'avança et faillit s'étrangler sous le coup de la surprise : d'un geste mesuré, Elenor venait de lui offrir un cidre ! Tout à fait désarçonnée, car elle ne s'attendait pas à être reconnue, Éléni pensa rapidement aux erreurs qu'elle avait pu commettre. N'en trouvant aucune, elle s'installa comme si de rien n'était et accepta la boisson, souriant à Elenor sans parler. Voyant le doute dans les yeux de la jeune femme, elle se sentit rassurée et dit gentiment :

    - Belle perspicacité. Qu'est-ce qui t'a mis la puce à l'oreille ?

    Éléni était curieuse, mais là, l'information était primordiale. Si Elenor avait trouvé une façon de la reconnaître, il fallait qu'elle sache laquelle, pour pouvoir parer à l'éventualité qu'un autre ait la même idée. Un peu vexée, mais jugeant plus importante la raison qui avait poussé Elenor à la demander, elle continua :

    - Comment vas-tu ?

    La question pouvait paraître anodine ou maladroite, mais c'était tout ce qu'Éléni avait trouvé pour prendre des nouvelles d'Elenor. Elle savait parfaitement qu'elle avait énormément enduré, ces derniers jours, et voulait lui adresser un geste de sympathie. Et elle fut presque surprise de réaliser, en y pensant, qu'elle dirait gratuitement à Elenor ce qu'elle savait sur le Venarii. La jeune femme déciderait elle-même ce qu'il convenait de faire. Mais elle pourrait compter sur le soutien d'Éléni pour suivre son choix...
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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyMer 12 Mai - 21:56

    La jeune femme sembla désarçonnée. Elle la vit douter, chercher, et Elenor se fendit d’un léger sourire amusé. Donc elle avait visé juste. C’était rare, mais pour une fois… La question se noya dans une gorgée de cidre, toujours un sourire en coin. L’espace d’un instant, Elenor eut l’air joueur, envie de la promener un peu, celle que l’on ne reconnaissait jamais. Celle qui était tout le monde et… Personne.

    Elle haussa un sourcil, donc, puis la regarda sans réelle discrétion. Elle n’en avait pas pris la peine lorsqu’elle était arrivée. Entreprise bien vaine de toutes les façons, puisque s’il était bien une chose qu’Eleni savait manipuler, c’était son apparence et ses traits. Elle lui sembla jeune, cette fois. Une jolie petite brune au minois intéressant, échevelée et simple. Elle collait assez bien aux environs, savait s’y fondre. Bien mieux qu’elle, c’était évident. Son dos droit, cuissardes cirées, chemise impeccable… sans être tout à fait de nature martiale, son aspect était néanmoins rigide. Bien plus que le laisser aller ambiant ne le laissait supposer.
    Non, Elenor n’était pas le genre de femme qui avait appris à se faire discrète… Et lorsque c’était le cas, c’était davantage par confort qu’autre chose.

    Son égo flatté par la réaction d’Eleni, elle hésita à lui dévoiler les petits indices laissés ci et là, et préféra attaquer de biais, son visage impassible, trahi par un pli infime au coin de ses lèvres. Elle prit le temps de boire, encore un peu, puis lui adressa un regard en coin.

    « Qu’est-ce qui m’a mis la puce à l’oreille ? » Elle gloussa.
    « Eh bien, je me suis dis qu’une fillette ne pouvait boire qu’une boisson de fillette ! » Un regard. Bien entendu, elle avait répondu à une fausse question. Fantoche. Comme si Eleni lui avait demandé comment elle avait deviné qu’elle commanderait ça. Le moyen de plaisanter, de se détendre, et de préserver aux yeux des quelques personnes qui s’étaient intéressées à l’étrange duo l’anonymat de la jeune femme.
    Fillette… Elle la considéra d’un œil plus critique. Et là, pour le coup, elle aurait bien été en mal de dire qu’elle âge avait son interlocutrice…

    Un nouveau sourire, puis elle baissa légèrement le ton. Les yeux les avaient quittées et avec eux, sans doute, les oreilles également.


    « Ils m’évitent, tous. Je ne passe pas inaperçu, et sans doute cela les met-il mal à l’aise… C’est tout juste si le patron me sert sans rechigner. » Elle marqua une pause, savoura le cidre quelconque, puis reposa le gobelet, le nez plissé.
    « Tu es venue directement t’installer à côté de moi. Tu me cherchais, et tu es donc venue sans te poser de question. Je n’attendais qu’une seule personne. »

    Elle la regarda de face, cette fois, puis lui adressa un léger clin d’œil.
    « Cela dit, tu peux te rassurer : je n’étais sure de rien, et une fois de plus tu es méconnaissable. »

    Puis un léger soupir. Allait-elle bien…

    Oui, sans doute. Derrière l’énergie qui était de nouveau la sienne, après ces troubles, il y avait également un pincement au cœur et beaucoup… beaucoup de culpabilité. Sans elle, son homme n’aurait pas passé une semaine loin de son comptoir, et il n’aurait pas subi la moindre agression. Mais elle refusait à présent de se laisser emporter par cela, et avait décidé de faire avec, tout simplement. Elenor avait déjà conduit des hommes à la mort, avait affronté veuves et orphelins. Elle-même, nombreuses avaient été les fois où la vie fut ôtée de ses mains. Et pour tout cela, nul remords. Sieben n’était pas mort. Il était blessé, elle s’était occupée de lui, de son auberge, et l’avait laissé la mettre à la porte de bonne grâce. Oui… et puis, il ne serait pas content de la voir pleurnicher du matin au soir, s’auto-flagellant.

    Au fond, elle aimait à croire qu’il la préférait battante.

    Réponse complexe, donc, pour une question toute simple. Elle opta pour la diplomatie, et articula posément :
    « Je fais en sorte que ça aille. »

    Oui, c’était cela, en fait. Elle faisait en sorte que tout aille bien.
    A en croire son regard, Eleni n’ignorait en rien ce qui s’était passé. La militaire s’était d’ailleurs étonnée de ne point voir son petit nez de fouine se glisser de ci de là pour glaner des informations… Puis avec le recul, et un sourire amusé, elle songea que si la petite métamorphe l’avait fait, elle aurait été bien en peine de le remarquer…


    « Un chef avisé m’a dit un jour : ‘Il est deux choses, pour abattre un homme. La première et le coup d’épée que l’adversaire lui inflige, sur le champ de bataille. La seconde, plus pernicieuse, découle de ce dernier : une fois rentré au camp, autour du feu et dans la quiétude de sa compagnie, l’homme réfléchit, ressasse. Il offre alors à son adversaire pourtant tombé une seconde chance.’ »

    Elle se construisit un sourire convaincant. Xander avait regretté son acte. Pleinement regretté. Oui, bien que toujours en vie, il était un adversaire battu. Mais…


    « Je m’efforce donc de ne point laisser cet adversaire m’abattre, retrouvés la routine et le quotidien. »

    Elle déglutit, puis ferma les yeux et, ignorant le gobelet poisseux, descendit un peu de cidre. De la pisse de chat, tout au plus.
    Elle était toujours d’une franchise déroutante avec Eleni. Avec tout le monde, en général. Elle n’avait jamais été habile dans le mensonge, et n’en avait jamais eu d’intérêt réel. C’était avec la jeune femme un exercice périlleux, car nul ne savait précisément où s’arrêtait son influence, ni n’avait la liste exhaustive de ses alliés. Cependant, il existait entre elles un lien particulier, périlleux à définir. Quelque part, bien qu’indécise quant à son âge, Elenor aimait à la considérer comme une petite sœur. Et deux sœurs pouvaient bien se confier l’une à l’autre… ? Certes, c’était pour l’heure un échange unilatéral, mais qui sait, cela changerait peut-être, avec le temps.


    « Mais… et de ton côté… ? Les choses bougent-elles ? » De ton côté, de votre côté… Chez les dissidents ?
    Car oui, si Elenor l’avait fait venir, ce n’était pas pour le plaisir de la reconnaître ni celui de philosopher sur les aléas de la vie, mais bien dans un but précis. Les récents évènements lui avaient rendu sa fougue, et son esprit combattif. Sa main gauche toujours raide et inutilisable, il lui fallait de nouveaux terrains, de nouveaux combats… Et elle espérait bien qu’Eleni fut en mesure de lui en apporter.

    Elle ne lui demandait pas de trahir un secret, de dévoiler des plans… Juste une chance, quelque part, d’y trouver une place. Pour l’heure, il ne s’agissait que de mots voilés, audibles de tous et ce sans les compromettre. Elenor n’avait plus grand-chose en jeu, elle avait déjà crié haut et fort ses inclinaisons politiques. De même que son père, connu de tous et honoré. Un homme respectable, une fille qui l’était… moins. Mais un même combat. Et dans ce combat, Elenor brûlait à présent de jouer le fer de lance. Oui. Elle voulait s’y frotter, se mettre sur la brèche et prouver qu’elle n’était pas un légume, et que la valeur qu’elle avait acquise sur les champs de bataille, cette ténacité et ce courage étaient toujours siens.

    Le prouver aux autres, ceux qui la voyaient dépérir.

    Se le prouver a elle-même, également.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyVen 14 Mai - 13:19

    Fillette ? Éléni haussa les sourcils. Elle n'était plus une gamine et résista à la tentation de le dire à Elenor. Heureusement, elle était certaine que cette dernière n'avait aucune idée de l'âge qu'elle pouvait avoir. Décidant de prendre le fillette comme un terme affectueux, Éléni écouta scrupuleusement la réponse de l'ancienne militaire. Elle serait plus attentive aux aspects en question, la prochaine fois, même si elle était contente de s'entendre dire qu'elle était méconnaissable. Priant pour qu'Elenor ne lui ait pas dit cela pour lui faire plaisir, elle considéra que la franchise habituelle dont elle faisait montre tenait lieu de garant. Le sentiment d'avoir été reconnue s'estompa.

    Éléni dévisagea Elenor sans méchanceté ni insistance. Elle l'écouta sans manifester d'impatience, se contentant de lui apporter une oreille attentive. Elle soutint son regard sans sourciller, car elle savait ce qu'elle avait vécu. Et encore plus qu'avant, elle appréciait Elenor Jagharii. Le moment était venu de lui donner un coup de main. Elle but une gorgée de cidre et reposa le verre avec un petit bruit sec. Puis, elle dit tranquillement, comme si elle énonçait l'évidence même :

    - Ce chef était un bon stratège. Tu es une femme forte, Elenor, et certainement pas encore un « adversaire tombé ».

    Tant que Sieben serait en vie, Elenor ne tomberait pas. Cette certitude avait quelque chose de très rassurant. Éléni se permit un sourire. Ce n'était pas un signe de réconfort ni même de bienveillance, plutôt les prémices de représailles en règle. Sachant qu'elle ne ferait jamais un pas à la place d'Elenor, car la décision lui appartenait, à elle ou à Sieben, Éléni glissa :

    - Si tu veux, je peux te donner, ou même répandre dans Edor Adeï de quoi forcer ton adversaire à se terrer sous terre jusqu'à sa mort.

    Pas de nom en terrain non sécurisé ; de toute façon, c'était inutile. Elles savaient l'une comme l'autre de quoi elles parlaient. Oh, Éléni avait beaucoup d'informations sur ce sujet-là. C'était son terrain de bataille. Elle était dans l'ombre et satisfaite d'y demeurer. Agir en pleine lumière n'était pas pour elle. En fait, si Elenor lui avait demandé ce qu'elle savait au juste de l'affaire, elle lui aurait répondu par le menu un récit détaillé des derniers faits et gestes de Xander Venarii, des hommes qu'il avait payés, de leur horaire, de leur point de rencontre, n'importe quoi, pourvu que cela apaise la blessure de l'ancienne militaire. Et elle réalisait à quel point elle se sentait anormalement concernée par l'infortune d'Elenor.

    Quand Elenor lui demanda de ses nouvelles, Éléni sursauta. Elle ne s'attendait pas du tout à ça. Et surtout, elle n'était pas habituée à ce qu'on lui pose ce genre de questions. En venant au Coq en Patte de la Volonté de Therdone, elle pensait qu'Elenor avait simplement besoin de finir sa vengeance, mais apparemment... Lui renvoyait-elle simplement une politesse ou essayait-elle de s'informer sur son réseau d'informateurs ? Ou sur la Dissidence ? Éléni réfléchit rapidement. Que savait Elenor de ses réelles activités en tant que Dissidente et Révolutionnaire ? Voulait-elle lui signifier qu'elle avait compris qu'elle jouait dans les deux camps ? Que soupçonnait-elle exactement ? Les secondes passaient, sans qu'Éléni ne réponde. Une pensée folle venait de l'effleurer. Et si tout simplement, Elenor voulait passer d'indic à Dissidente active ? Ce serait la meilleure nouvelle depuis plusieurs mois ! Elenor avait toujours affiché un mépris souverain pour les Conservateurs. Oui, si seulement ça pouvait être ça ! Masquant soigneusement le début de sa jubilation, Éléni chercha les mots qui pourraient avoir suffisamment de double sens pour le cas où elle se serait trompée.

    - De mon côté ? Les choses bougent, comme toujours.

    Et avec une force qu'elle ne se soupçonnait pas, Éléni espéra ne pas être dans l'erreur. Elle croisa le regard sûr d'Elenor et hasarda dans un souffle :

    - Et j'aurais besoin d'appuis plus... prononcés.

    Le compromis lui semblait acceptable. Les mots tabous n'avaient pas été prononcés. Éléni promena son regard autour d'elle. Elle ne reconnut qu'un ou deux de ses informateurs et fit la grimace. Elle savait qu'elle possédait le meilleur réseau, mais elle n'était pas dupe : d'autres existaient parallèlement au sien, et le Coq en Patte n'était pas parmi ses zones d'influence. Si la discussion s'engageait dans la voie qu'elle espérait qu'elle prendrait, il leur faudrait quitter l'endroit et les oreilles indiscrètes. Il y avait forcément d'autres Ilédors à l'affût des conversations intéressantes et la présence d'Elenor Jagharii dans l'auberge concurrente à celle de son amant était suffisamment inhabituelle pour que les plus simples habitués tendent l'oreille. Si recrutement d'une nouvelle Dissidente devait se faire – et Éléni croisa les doigts pour ne pas s'être entièrement fourvoyée – il ne se ferait certainement pas au su et au vu de tous.
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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyDim 16 Mai - 10:38

    La réponse d’Eleni laissa un sourire effleurer ses lèvres. Un bon stratège… L’air pensif, elle leva le menton et déclara à voix basse : « Un très bon stratège, oui. Et un très bon père également » Amarante Jagharii. L’un des plus hauts stratèges, pour ainsi dire le second de Bellone. Puis son regard effleura les traits de la petite brunette. Elle avait de quoi faire payer à Xander Venarii ses immondices. C’était là une assertion fort intéressante, cependant, Elenor préféra ne pas trop s’y attarder. Pour l’instant.

    Oui, Xander Venarii se mordait les doigts d’avoir eu la prétention de la dresser. Il se mordait les doigts de s’en être pris à Sieben, et regrettait très amèrement, aujourd’hui, sa prétention. Les médias utilisés n’avaient pas été subtiles, ni vicieux, comme ceux qu’Eleni avait sans doute en sa possession. Les armes d’un soldat entraîné, et déterminé à sacrifier jusqu’à la dernière goutte de son sang. Mais les solutions apportées par la jeune métamorphe n’étaient pas non plus à négliger, et la militaire décida de se les réserver pour plus tard. Oui, ce n’était pas pour cela qu’Elenor était venue.

    « Rassure-toi, ricana-t-elle, il n’est pas près de ressortir, après la correction que je lui ai infligée. Cependant, je n’oublie pas ta proposition… »

    L’affaire Venarii avait mis en lumière ses lacunes, le manque d’action, le laisser-aller que l’arrêt de ses activités avait laissé s’installer. Sans combattre, sans ces hommes à diriger, Elenor était faible. Elle aimait Sieben, elle aimait son foyer, mais le danger passé pourquoi se levait-elle, le matin ? A présent que tout était revenu en ordre, elle avait beau avoir le Ceste et son propriétaire, elle n’avait pour ainsi dire plus de but. Plus de moteur.

    Oui, elle était la bienvenue là-bas, parce qu’ils nourrissaient une tendre relation qui avait la chance de ne pas s’essouffler, depuis des années à présent… Mais elle n’était pas à sa place derrière le comptoir de Sieben (il le lui avait bien fait comprendre en la mettant à la porte, fut-ce-t-il dans un rire) pas plus que dans sa salle. Devant l’âtre, dans son lit, derrière une chope. Tout ce qu’elle pouvait faire de ses journées, c’était « hanter » les lieux. Beaucoup de femmes s’en contentaient volontiers. Mais pas Elenor. Pas celle qui avait été habituée à des réveils à l’aurore, à l’exercice, la violence de l’effort, la douleur. Pas celle qui partait en campagne, remontait le moral de ses hommes, décidait de punitions, de récompense. Pas celle qui chaque jour depuis son adolescence avait lutté.

    Sa blessure l’avait abattue. Elle avait rendu vaines ces années d’armée, ce pour quoi elle s’était battue jusque là. Elle l’avait privée d’un avenir souriant au sein des troupes d’Isle. Mais cela l’avait aussi plongée dans l’apathie, et livrée aux intrigues, aux questionnements…

    Elle s’était sentie mal à l’aise au départ. Car elle n’était pas femme à s’impliquer dans les luttes morales, préférant aux jeux subtiles des manipulations politiques celui, bien plus franc, de ses poings. Mais avec le recul, elle réalisait que c’était là une nouvelle chance qui lui était offerte de se relever, et d’agir. De ne plus se contenter de « hanter »…

    Elle écouta la réponse d’Eleni, et sourit. Elle ignorait, fort heureusement, que la jeune femme jouait un double jeu. Fort heureusement car elle n’avait que mépris, et haine pour les révolutionnaires. Eux à qui elle devait le deuil de trop de frères d’armes. De plus, bien qu’un peuple appréciable par certain côté, c’était là l’occasion pour les Olarils de s’élever dans la société Ilédore. Et Elenor ne le souhaitait pas. Pas du tout. Certains membres de ce peuple étaient de bonnes personnes, mais elle ne voulait pas d'une Lysandre Hirune à la tête d'Isle. Et contre cela, elle était prête à lutter également. Elandor avait commencé à faire bouger les choses, et ils devaient poursuivre l'effort, abattre le Conseil. Mais pas à n'importe quel prix. Pas au sacrifice de toute une civilisation au profit d'une illuminée qu'Elenor devait à présent tenir à l'œil. Pas au prix d'une sauvage limitée qu'elle avait du menacer de punition sévère, au prochain écart.

    Non, c'était un Elandor qu'il fallait remettre au pouvoir. Un Elandor, et rien d'autre.

    Eleni lui avait répondu à mots voilés. Prudente, elle avait raison. De nouveau, un sourire sur les lèvres de la Jagharii, qui trempa les lèvres dans le cidre, puis, le gobelet vide, elle en commanda un autre.

    « De appuis plus prononcés… Je vois ce que tu veux dire » Ô combien… Le gobelet revint, le même, pas même rincé par le propriétaire qui s’était contenté de l’emplir à nouveau. Prenant doucement l’habitude de la texture visqueuse, elle bu de nouveau. « C’est une heureuse coïncidence, il est des gens qui ont besoin de s’appuyer un peu plus encore sur certaines choses. » Elle chercha son regard, y lut des questions. Elles étaient sur la même longueur d’ondes. Elenor ne souhaitait pas demeurer sympathisante. Elle souhaitait devenir active, et elle était consciente que sa présence représentait un atout pour les dissidents. Ancienne militaire, fille influente d’un stratège puissant. Meilleure amie de la générale des armées… Restait à voir si Eleni était en mesure de saisir l’opportunité que représentait une Jagharii dans ses rangs.

    « L’observation va un temps, mais il arrive un moment où l’on a besoin d’un engagement plus franc. »
    Elle gloussa, doucement, puis trinqua avec un son mat au gobelet commandé pour la jeune femme.
    « Je ne suis pas faite pour l’immobilité. »

    Puis un regard, qui demanda en silence : « Puis-je t’être utile ? N’importe quoi, je veux juste… lutter. »
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyLun 21 Juin - 20:58

    Le regard d'Éléni s'illumina quand elle comprit qu'Elenor lui répondait. La réponse était fine, mais largement suffisante pour la jeune fille. Une vague de soulagement l'envahit, immédiatement suivie d'une intense excitation. Quand elle avait parlé d'Elenor à Elandor, elle savait qu'elle n'oserait jamais lui en parler de peur de perdre son amitié. Et voilà que la Dissidence était sur le point de la recruter. Elle était ravie. Non, c'était un sentiment beaucoup plus fort. Éléni n'était l'amie de personne. Elle était une ombre qui allait et venait. Elle était partout et nulle part. Ses parents et Elandor étaient les seuls à pouvoir se targuer de la connaître. Mais Elenor, Elenor et Sieben, c'était autre chose. Elle ne s'expliquait pas l'affection qu'elle ressentait pour eux. Laissant l'expression de son visage filtrer à travers le Jeu, elle répondit :

    - Et l'immobilité n'est pas faite pour toi.

    Soudain, Éléni comprit qu'elle pouvait avancer. Et qu'à partir de maintenant, Elenor avancerait aussi, aux côtés des Dissidents. L'instinct soufflait à Éléni de ne pas dire un mot sur la Révolution : il était impossible qu'une femme comme la Jagharii puisse envisager pareille chose ; en outre, c'était en tant que Dissidente qu'Éléni l'avait approchée. La peur qui lui avait tordu les entrailles un peu plus tôt avait disparu. Ne restait que la certitude que la Dissidence allait recruter un pilier. Elenor Dissidente... il lui faudrait plusieurs jours pour s'en remettre.

    - Pas plus qu'elle n'est faite pour moi. Viens, j'ai besoin de me dérouiller les jambes.

    D'un geste précis, Éléni vida son verre et le reposa sur le comptoir, savourant le bruit du verre posé sèchement sur le bois. Elle aimait bien faire comme si elle avait une bonne descente, mais elle ne pourrait jamais battre Elenor sur ce terrain-là. Peut-être était-ce un clin d'œil inconscient à la Jagharii ? Les deux femmes quittèrent le Coq en Patte de la Volonté de Therdone. Elles firent plusieurs pas, Éléni s'assura qu'elles n'étaient pas suivies, puis elle pesta :

    - Pas fâchée de quitter cet endroit pourri.

    Elle préférait le Ceste. C'était tellement évident qu'elle ne le précisa pas. Après tout, elles devaient parler affaires. Pendant qu'elles avançaient vers une des planques d'Éléni, la jeune fille entama le vif du sujet. Il y avait mille choses à vérifier et à demander. Mais instinctivement, elle savait que ce ne serait que de la routine. Elenor semblait n'avoir que des atouts. C'était une Jagharii, elle n'avait pas froid aux yeux, elle avait des appuis dans l'Armée, elle avait le cœur bien accroché, elle semblait décidée et sa Volonté était forte. Que demander de plus ? Son enrôlement rattrapait de beaucoup la déception que lui avaient infligée les descendants de Bakarne. Complice, elle rencontra les yeux d'Elenor.

    - Cessons de jouer au chat et à la souris, nous sommes seules. J'ai la Dissidence à te proposer.

    La satisfaction d'en parler à son amie lui donnait une assurance qu'elle n'affichait jamais quand elle recrutait un nouveau Dissident. Un bref sourire éclaira le visage d'Éléni.

    - Je crois qu'en tant qu'indic, tu te fais une bonne idée de ce que nous sommes. Mais la Dissidence n'est pas un passe-temps. Elle est dangereuse. Elle oblige au secret, au silence, à la dissimulation. Une fois que tu y es, tu ne peux plus reculer.

    Il y avait tellement de choses à dire. Tellement de précautions à prendre.

    - Avant toute chose, je dois savoir ce qui t'intéresse vraiment chez nous. Que sais-tu de nous, au juste ? Je voudrais aussi entendre ce que tu attends de nous. Et surtout, ce que tu es prête à nous consacrer.

    Un bref instant, le regard d'Éléni se fit plus lointain. La question, autrement posée, était « Jusqu'où iras-tu, Elenor ? » Elle repensa à Elandor, aux mille secrets qu'elle gardait.

    - Je ne te donne que quelques facettes choisies de la Dissidence. Mais j'essaye de compléter l'image ou le tableau que tu t'en fais.

    Éléni pensa à tout ce qu'une vie de Dissidente impliquait. Parmi le plus dur, le secret. Les règles étaient strictes et claires. Jusqu'au conjoint du Dissident devait tout ignorer, à moins de rejoindre lui aussi la Dissidence. Et c'était ce qu'Éléni redoutait. Sieben n'était pas Dissident. Et elle s'en voulait presque de donner à Elenor matière à réflexion.

    Au fil des rues, les deux femmes étaient parvenues devant une échoppe d'herbes médicinales. L'échoppe était fermée mais Éléni ouvrit la porte sans frapper ni même s'annoncer. Elle pénétra l'endroit et grimpa les escaliers, gravissant une volée de marches, puis une autre, puis encore une autre. Enfin, elles parvinrent dans un grenier qui semblait désaffecté, mais dans lequel l'œil avisé pouvait reconnaître des traces de présence humaine. Éléni alluma les torches, puis se tourna vers Elenor en écartant les bras, avant de lui faire un grand sourire :

    - Mais la Dissidence, c'est aussi et avant tout une question de confiance. Alors, Elenor, bienvenue dans ma planque.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyJeu 24 Juin - 10:47

    C’est avec un certain soulagement qu’elle la suivit. Elle se leva, déposa sur le comptoir de quoi payer le cidre, puis lui emboîta le pas en évitant les regards pesants que portaient les manants sur son habit de haute bourgeoisie… Une fois à l’air libre, elle s’autorisa un soupir de soulagement, puis la suivit dans le dédale des rues.

    « Crois moi, je n’en suis pas fâchée non plus. Cette auberge est une infamie. »

    Elle n’interrompit pas Eleni. Un simple soubresaut pour son cœur lorsqu’elle entendit le mot de Dissidence, qui sonnait comme une heureuse condamnation. Oui, elles entraient dans le vif du sujet. C’était plaisant. C’était comme la fin d’une période sombre, à errer sans but et à se lamenter. Une période qui ne la vit que fantôme au Ceste. Que victime à la Ville Haute. La Dissidence était une porte de sortie pour son esprit tourmenté, une corde salvatrice dans les reflux de la tempête.

    Elle était attentive aux questions, et y cherchait réponses tandis que ses pieds foulaient la terre battue du Quartier des Humbles. Si Elenor n’était pas de ces Nobles prétentieux à prendre de haut les habitants des lieux, elle n’en était pas moins mal à l’aise, et c’est avec soulagement qu’elle suivit la jeune femme dans l’herboristerie. Elle monta les marches, des volutes de poussière se soulevant dans le sillage de ses cuissardes, puis découvrit le grenier et eut un sourire. La planque d’Eleni. Jamais elle n’aurait cru y mettre les pieds. Elle fit quelques pas, silencieuse, pour découvrir les lieux. Un grand respect dans son regard et dans ses gestes, comme la crainte de désordonner quelque chose. Eleni, un personnage mystérieux, dont elle ne savait rien et pour laquelle elle avait malgré tout de l’affection. Finalement, elle retrouva son regard et sourit.

    « Je te remercie pour ta confiance. »

    Elle s’accrocha à une poutre, s’y appuya.

    « Pour ce qui est de reculer, tu sais bien que ce n’est pas dans mes habitudes. Je connais le sens du mot secret, et tu n’as aucun doute à avoir là-dessus. » Elle eut un sourire amusé, jouant avec le bois. « Enfin, je suppose que si tu en avais eu, je ne serais pas là. »

    Qu’attendait-elle de la Dissidence ? Tellement de choses. Elle chercha du regard un endroit où s’asseoir, et trouva un tabouret poussiéreux. Après avoir soufflé dessus, et sans davantage de manières, elle s’y installa.

    « Ce que je sais de la Dissidence… Hm… Je sais qu’elle est dirigée par un chef mystérieux, nommé l’Al’Faret. Je sais qu’elle prône un changement radical pour notre société, qui passe notamment par l’anéantissement du pouvoir du Conseil. Je sais que derrière ses ambitions, elle me permettrait de venger un très bon ami. »

    Elle plissa les yeux. Cela faisait des mois qu’elle n’avait plus parlé de lui… Des mois… Pourtant, elle avait été une très bonne amie d’Elandor. Il était un homme qu’elle avait beaucoup aimé, aux côtés duquel elle avait passé une partie de son enfance. Il était le fiancé de sa meilleure amie. Et ces crevures l’avaient buté. Elle n’avait bien évidemment aucune preuve de cela, mais elle le savait.

    « Ce n’est peut-être pas une ambition très noble, mais elle est la mienne. La Ville Haute est en pleine déchéance. Elle est parasitée par une bande d’ignobles cancrelats. Et les plus dangereux de ces cancrelats se trouvent dans la salle du Conseil. Je compte sur la Dissidence pour remettre sur le trône un Ilédor fort, capable de diriger notre peuple avec justesse, et pour voir la démission de cette bande de marionnettistes. Elandor aurait… Aurait aimé ce mouvement. »

    Elle s’était bien gardée de parler des Olarils.
    Elle était triste, de parler de lui. Tout comme Bellone, elle l’avait pleuré. Ce n’était pas un sujet qu’elle abordait avec Sieben, pas plus qu’avec son père, trop occupé. C’était un sujet qu’elle gardait en son sein comme un souvenir cuisant, et un moteur pour sa lutte personnelle.

    « Pour ce qui est de ce que je peux offrir à la Dissidence… Je suis un soldat, Eleni. Je suis une femme qui a apprit que le combat ne s’engage pour de bon que lorsque l’on est capable de s’y abandonner. Le combat comporte une notion de danger réel. La Dissidence a besoin, je pense, de personnes capables d’aller jusqu’au bout. D’un autre côté, je connais nombre de soldats qui sympathisent pour la cause. Mon père lui-même, sous ses airs bourrus, pourrait être un Dissident. Je pourrais créer des liens supplémentaires dans l’armée, et éventuellement nous assurer un soutien militaire… le moment venu. »

    Elle sourit. Un sourire malicieux.

    « De plus, si je pense que la plupart d’entre vous connaissent les Conseillers, les nobles et leurs tords, je connais quant à moi les Révolutionnaires, pour les avoir longtemps combattus. Je pense pouvoir aider également à préserver notre cause de la leur. Je vis en ce moment avec les Olarils, et crois-moi, c’est là une très bonne raison de se montrer prudents avec les Révolutionnaires… Cette bande de… De paysans sont dirigés par des personnes inconsidérées et dangereuses. Je serait prête à me battre pour protéger notre pays de telles personnes… »


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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyVen 2 Juil - 20:48

    Éléni s'accouda à la fenêtre, dos au ciel étoilé, face à Elenor, qui s'était installée sur un tabouret. Les paroles de l'ancienne militaire dénotaient une vivacité d'esprit qui leur servirait beaucoup. Éléni s'en voulait presque d'adopter une attitude aussi rationnelle face à celle pour qui elle éprouvait de l'affection, mais elle ne pouvait pas se permettre de compromettre la Dissidence sur base de sentiments personnels. Elle s'en serait voulu et... Elandor aussi, lui qui bataillait chaque jour pour rester éloigné de Bellone. Alors, elle tentait de calculer les forces et les faiblesses d'Elenor en tant que Dissidente sans se laisser influencer.

    Quand Elenor parla d'Elandor – car il ne pouvait en être autrement, elle parlait d'Elandor Arlanii – Éléni eut un sursaut de surprise. Ainsi, Elenor avait été autant atteinte par sa disparition ? Elle ne le soupçonnait pas. La petite informatrice réfléchit un instant. Il était hors de question de lui dire qui était réellement l'Al'Faret, car il n'était pas dans son habitude de dévoiler les secrets des autres, mais elle pouvait se permettre de lui dire que :

    - Elandor Arlanii aura la plus belle revanche qui soit.

    Et elle faillit sourire en songeant à quel point c'était vrai. Depuis le temps qu'elle recrutait des Dissidents, Éléni avait appris à ne pas juger les motivations de ses recrues, dès lors qu'elles lui paraissaient exploitables. C'était la seule manière de continuer à travailler et à diriger harmonieusement la Dissidence. Tous les Dissidents n'avaient pas les mêmes raisons, loin de là. Mais ils étaient compatibles dans leur but. Pourtant, quand Éléni entendit les raisons profondes d'Elenor, elle eut le bref sentiment que la jeune femme ne renoncerait jamais. D'une voix sans réplique, elle continua :

    - Peu m'importe la noblesse de tes raisons. Il ne m'appartient pas d'en juger. Il m'appartient seulement de décider si elles correspondent à celles de la Dissidence. Ce qui, je te rassure, est clairement le cas.

    Écouter Elenor faire la liste de ses atouts conforta Éléni dans l'idée qu'elle serait une Dissidente de premier plan. Étrangement, quand elle l'entendit parler de la Révolution et de la haine qu'elle lui portait, la vague de frayeur qui l'avait recouverte plus tôt ne revint pas, comme si Éléni refusait de repenser consciemment à ce qui risquait d'arriver. Avec un calme effarant, Éléni resta stoïque et nota soigneusement que le sujet devrait être évité avec Elenor. Là était sa limite en tant qu'amie potentielle : elle ne serait jamais une femme réellement sincère. Et elle ne pipa mot, se gardant bien de lui dire qu'elle connaissait sans doute la Révolution mieux qu'elle, du moins sur un plan strictement personnel. Pour rassurer son interlocutrice, elle répéta :

    - Notre cause est bien distincte de la leur, comme tu le disais.

    Restait la question des Olarils. Même si ça n'avait plus rien à voir avec le sujet qui les occupait directement, Éléni prit la peine de revenir dessus, jugeant important de la mettre au parfum :

    - La Dissidence va se servir de ces descendants. La légitimité populaire que leur confère leur sang ne doit pas être utilisée à nos dépends, et le seul moyen d'empêcher ça et de nous approcher d'eux, de ceux qui seront les plus intéressants, quoi qu'il en coûte.

    Éléni en était persuadée : il y aurait bien l'un ou l'autre pouilleux dans le groupe pour devenir un Dissident correct une fois un lavage de cerveau correctement effectué. Le projet ne la réjouissait pas, mais il était primordial, ou la course au pouvoir s'arrêterait pour la Dissidence avant même d'avoir commencé.

    Elle regarda Elenor et la dureté de ses yeux la fit sourire. Il restait tous les codes à lui donner, et ce serait long, mais indispensable. Car oui, à compter de cet instant, Elenor était une Dissidente.

    - J'entends ce que tu me dis. Et tu es la personne que nous cherchons. À ton tour de m'écouter, maintenant. La Dissidence t'accepte en son sein, mais ce n'est qu'un point de départ. Retiens bien ce que je vais te dire, ça tient en quelques mots.

    Éléni eut un sourire énigmatique, puis lâcha doucement :

    - Ta Volonté est la lance, la Dissidence est son fer.

    C'était plus que leur mot d'ordre : c'était leur devise. Plus fort qu'un cri de ralliement. Plus fort que tous les mots de passe qu'elle donnerait à Elenor pour les retrouver au fond de l'Arrière-Boutique. Plus fort que toutes formule désuète propre à la noblesse. Elenor voudrait-elle rencontrer Lance ? Reconnaîtrait-elle l'ancien Gardan ? L'heure était aux explications. Il fallait lever le voile, et Éléni n'aimait ordinairement pas révéler ses secrets. Pourtant, elle avait le cœur assez léger quand elle continua à l'adresse d'Elenor, alors que la gravité même de ses propos lui aurait valu la corde :

    - Nous mettrons sur le trône l'homme de la situation, qui se constituera un pouvoir fort et juste, sans reculer devant les moyens à mettre en œuvre, parce que nos adversaires ne nous feront pas de quartier. Notre Chef a pour nom Lance. Son nom de code est facile et tu le connais déjà : c'est l'Al'Faret. Moi-même, je suis son bras droit. Mon nom de code est facile et tu le connais déjà.

    Éléni fit un clin d'œil à Elenor. Il était rare qu'elle se présente une seconde fois à quelqu'un, surtout de cette manière-là. Mais pourquoi taire quelque chose qu'Elenor découvrirait par elle-même dans les semaines à venir, sinon pour un amour démesuré du mystère ? Elle n'était pas encore assez mégalomane, du moins l'espérait-elle, pour en arriver à ces extrêmes-là.

    - C'est tout ce que tu as besoin de savoir. Les autres Dissidents, tu les rencontreras au fur et à mesure... Et ceux que tu recruteras, tu devras me les présenter, soit à moi, soit à l'Al'Faret, sinon leur intégration à la Dissidence ne sera pas effective. Aucune trahison n'est concevable. Il n'est plus possible de reculer. Et j'insiste : personne ne doit savoir que tu es une Dissidente, pas même Sieben.

    Cette fois-ci, les mots étaient plus clairs. Plus personnels. Plus durs, aussi. C'était pour Sieben. En revanche, concernant les indécis et les lâches : Elenor était un soldat, elle l'avait dit elle-même. Les déserteurs étaient passés au peloton. Eh bien, les traîtres à la Dissidence ne valaient guère mieux.

    - Notre salut se trouve dans le secret. Nous ne pouvons pas nous permettre d'agir à découvert, jamais.

    C'était essentiel, et Elenor le comprendrait forcément. Restait le plus important pour rester sous le sceau du secret : le nom de code d'Elenor. Qu'est-ce qui lui conviendrait le mieux ? Éléni ne voulait pas de demi-mesures. Elenor méritait ce qui pouvait se trouver de mieux. Alors, elle murmura :

    - Au sein de la Dissidence, nous te connaîtrons sous le nom de...

    Éléni s'arrêta. Elle avait l'impression d'être un petit être mythique et farceur, incapable de se contenir. Mais elle ne pouvait s'empêcher de s'accorder un ultime délai de réflexion... Oui, il fallait que ça ait de l'allure. De l'allure.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptySam 10 Juil - 12:05

    Elandor… sa revanche.

    Certes, ce n’était pas là sa seule motivation, et elle abhorrait purement le Conseil et ses agissements. Cependant, il fallait bien avouer que si la Jagharii devait en venir à des extrêmes, quitte à se compromettre pour de bon… Si elle devait assumer des actes graves, dangereux pour sa propre vie, c’était pour lui. Parce qu’il avait été un très bon ami, parce qu’il avait voulu arranger les choses, et que ces vils manipulateurs n’avaient pas même eu le courage d’en découdre publiquement avec lui.
    C’était une époque dont Elenor se souvenait très bien. Elle avait soufflé à Bellone ses doutes concernant la mort d’Elandor, mais la tempête, elle l’avait gardée pour elle. Par chance, le Siège s’était renforcé entre temps, et le soldat avait été appelé ailleurs, sans quoi il serait sans doute à déplorer aujourd’hui l’un des excès propres au sergent Jagharii. Ex-sergent Jagharii.

    A cette idée, elle fronça les sourcils. Que n’était-elle encore en activité… elle leur serait bien plus utile aujourd’hui.

    Mais alors qu’Eleni développait devant elle règles et objectifs de la dissidence, Elenor fut prise d’un léger malaise. Son visage aux pommettes saillantes, et sourire ferme n’en laissa rien paraître. Seuls ses yeux déjà en amandes se plissèrent un peu plus, réduits à la fin à deux fentes.

    Oh non ce n’était pas le fait d’avoir à mentir à Sieben… C’était le fait d’avoir à recruter des Olarils.

    A mesure qu’elle y pensait, elle se prenait de craintes, pour eux. La réaction de leur chef était claire : ils avaient des prétentions. Ce qui était vaguement normal, compte tenu que la première qui leur avait été racontée à leur arrivée était cette fameuse prophétie… Mais plus ça allait, plus Elenor serrait poings et dents. Si, pour une grande partie, c’étaient des gens plutôt gentils, bien que terriblement simplets, l’orgueil et la fierté dégoûtante de ces femmes armées qu’ils appelaient Hirunes, et qu’ils suivaient de près, la répugnait. Elles n’avaient aucune dignité, et ne courraient qu’après le pouvoir, et la gloire.

    « Je ferais comme vous le souhaiterez. S’il y a besoin de recruter des Olarils, dans ce cas, je m’y attellerais. Cependant, je tiens à préciser qu’il nous faudra être très prudents avec eux. C’est un jeu dangereux, stratégiquement parlant.
    Ces hommes et ces femmes sont potentiellement légitimes au trône d’Isle. Et ils le savent. Et ces harpies qui les dirigent ont bien l’intention de faire valoir leur droit. Les garder sous notre coupe est une chose, mais jamais je ne me pardonnerais d’avoir contribué à mettre sur le trône des… chasseurs avides de gloire et de reconnaissance. Ils seront utiles, mais ils iront un jour ou l’autre à l’encontre de nos objectifs. Du moins pour les plus influents d’entre eux. Ceux qui osent murmurer tout bas qu’il leur faudra s’intégrer, et se contenter d’une vie sereine, ici, reçoivent bien vite un retour de bâton. »


    Oui… c’était délicat.

    « C’est un peuple primitif, mais fier et prétentieux, et quoi qu’ils ne brillent pas par la stratégie ou la politique, je les crois capables de s’imposer, ici… Et ce sera alors pour notre peuple un bien sombre jour. »

    Elenor n’avait jamais apprécié la stratégie, lorsqu’elle faisait partie de l’armée. Ce n’était pas tant une question d’aptitudes que de goûts. Elle aimait le combat, la sueur, la proximité et la solidarité de ses hommes. Les rares fois où son nom l’avait obligée à demeurer en retrait, et à potasser sur d’éventuelles manœuvres, elle en avait été malade d’angoisse, le besoin d’être avec eux plus pressant qu’aucun autre.
    Cependant, elle demeurait une noble de sang, et avec cela allait une certaine connaissance des jeux politiques et militaires. Oui, si elle n’aimait pas cela, Elenor savait tout de même de quelle manière se tissait une alliance, et à quel degré devait-on évaluer les risques encourus. Le jeu joué par la dissidence était périlleux, et la lame de fond qui menacerait, en retour, allait mettre nerfs, bras et cœurs à rude épreuve, chez les Ilédors.

    Achevé l’exposé d’Eleni, Elenor fronça les sourcils, un sourire curieux aux lèvres. Un nom de code ? Oui bien sur, il aurait fallu s’y attendre… Elle espérait juste avoir le loisir de s’en trouver un correct.

    Lui revinrent alors en tête les soirées arrosées passées aux côtés d’Eleni et de Sieben. Des mauvais tours qu’elle avait joué à la jeune métamorphe, des bourrades, des sobriquets… Elenor était loquace, lorsqu’elle était ivre, et elle se sentait sur la brèche, livrée à la mercie d’une jeune femme qui détenait potentiellement un pouvoir intéressant sur elle.

    « Oui… ? Sois gentille, je t’en pries »

    Puis un rire légèrement inquiet, et elle se frotta la nuque, attendant non sans sueurs froides la sentence.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyMar 20 Juil - 16:55

    Éléni répliqua en souriant :

    - Ce n'est pas une question de gentillesse !

    Elle l'avait, le nom de code. Elenor était une femme taillée dans le plus dur des rocs et capable d'aller au bout de ses idées : lui donner un nom reflétant le rôle important qu'elle jouerait dans la Dissidence était une brèche dans leurs défenses. Les autres réseaux d'informations s'acharneraient sur elle. Il fallait quelque chose de plus subtil, couvrant ses futures activités. Et pour être au plus près de sa personnalité piquante et Volontaire, Éléni ne voyait rien de mieux que :

    - Sipik.

    Des milliers de jeux de mots pourraient être trouvés. Mais personne ne dénicherait la nature d'Elenor sous ce pseudonyme. Et quiconque s'y risquerait illustrerait l'adage Qui s'y frotte, s'y pique... Elenor pensa un instant au Fou, dans le palais du Gardan. Il restait un mystère qu'elle se devait de percer, mais en attendant, elle était persuadée qu'il aurait trouvé le jeu de mot amusant. Elle sourit. L'Al'Faret comptait un nouvel appui. Et pas des moindres !

    Il était néanmoins temps de revenir à des sujets plus graves. Éléni avait écouté attentivement l'avis d'Elenor sur les Olarils. C'était un point particulièrement sensible, et il faudrait qu'elle rapporte fidèlement ce qu'elle venait d'entendre à Elandor. Visiblement, l'ancienne militaire ne semblait pas trouver utile de s'encombrer des descendants de Bakarne. Éléni ne doutait pas un instant qu'ils soient manipulables ; elle réalisait qu'ils pouvaient constituer une menace potentielle au sein de la Dissidence, alors que pour elle, ils l'étaient encore plus hors de l'influence de la Dissidence. Elle modifia alors ce qu'elle pensait demander à Elenor, laissant son avis entrer en ligne de compte :

    - Pourtant, si nous gardons à l'écart les fils de Bakarne, tout se jouera sans nous. Toutefois, il est évident que notre but demeure inchangé : nous comptons mettre l'Al'Faret sur le trône, et personne d'autre. Ceux que nous recruterons s'en contenteront, et nous les tiendrons suffisamment sous contrôle pour juger si leurs idées basculent vers le Révolutionnaire. C'est nous qui allons les utiliser, et non l'inverse.

    La Dissidence était trop organisée, trop fine pour devenir le marche-pied vers le trône des pouilleux venus de la Gérax. Jamais Éléni ni l'Al'Faret, ni maintenant... Sipik ne les laisseraient faire. Elle concéda toutefois :

    - Certes, ce sera serré. Mais ils ne sont pas Ilédors. Et leur différence ne disparaîtra jamais. Ils ne s'imposeront pas à travers nous, pas dans la capitale d'Isle.

    Elle reporta son attention sur El... non, Sipik.

    - Ceci nous mène à la première mission que l'Al'Faret te confie. Il faut que tu surveilles les descendants de Bakarne, surtout leur sauvage de chef.

    Elle devinait que cela n'allait pas amuser Sipik, mais c'était une tâche importante. Elle était la seule Active qui ait un pied dans le Ceste. La seule Dissidente de taille à affronter la chasseresse déphasée.

    - Il est trop tôt pour les recruter, il s'agit pour le moment de les connaître. Nous devons savoir à quoi nous en tenir, et avec qui.

    Restaient tellement de choses à expliquer... Sipik découvrirait les secrets des Dissidents au fur et à mesure de son implication. Et à propos de secrets... comment réagirait Elandor face à elle ? Éléni allait devoir lui faire savoir rapidement qu'Elenor était engagée comme Active.

    - Tu me diras le plus régulièrement possible où tu en es et ce que tu as appris. Tu sais comment me contacter. N'hésite pas à prendre des initiatives, le tout est d'agir dans notre intérêt.

    C'étaient des recommandations un peu inutiles, mais Éléni les formula tout de même.

    - Notre quartier général est dans l'Arrière-Boutique du Cordonnier, près de la place Ribambelle. Pour qu'il te laisse entrer, il suffit que tu lui souffles : A La Fontaine Avec Romance Et Trompette. Ou fredonne l'air de la chanson, si tu préfères !

    Éléni marqua une petite pause avant de terminer :

    - Est-ce que tu as des questions ?

    Elle était prête à y répondre. Elle ne savait pas quel était l'aspect le plus important de la Dissidence pour Elenor et ne pouvait le deviner. Peut-être que tout était suffisamment clair, mais peut-être que les questions allaient les amener à refaire le monde jusqu'à la fin de la nuit.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyMar 10 Aoû - 10:11

    Sipik…

    Son sourcil droit s’arqua doucement, peignant sur son visage aux pommettes saillantes une expression qui disait plus que clairement :

    « HEN ? »

    Sipik.

    Un nom à la con, elle aurait dû s’en douter. Cependant, militaire oblige, elle se contenta de secouer la tête, de tousser dans son poing, puis de se reconstruire un masque plus affable. Sipik, donc. Sieben se foutrait bien de sa gueule, lorsqu’il l’apprendrait. En fait non, puisqu’il n’allait pas l’apprendre. A-ha. Une seconde, elle soupçonna la petite farceuse de lui avoir collé un nom pareil dans le but de la convaincre de rester muette au sujet de ses activités. Là, pour sur, elle n’allait pas le crier sur les toits.

    Finalement, son sourcil dompté, et ses lèvres descellées de l’étau qu’elles avaient formé une fois annoncée la sauce, elle hocha docilement la tête. Elle aurait bien pu la baptiser Casse-nouilles, Elenor était le genre de femme qui obéissait, dans ce type de cadre. On ne survie pas deux jours dans l’armée, sans ça. Et puis, rien ne l’obligerait à se retenir de coller une belle rouste à quiconque s’amuserait à trouver de croustillants jeux-de-mots sur son compte.

    Elle esquissa néanmoins un sourire. Un sourire qui laissait entendre que la fillette ne perdait rien pour attendre.

    Elle se demanda comment elle allait bien pouvoir se présenter au mystérieux Al’Faret, affublée d’un tel nom, mais cessa bien vite ses questionnements, il était des sujets plus graves qu’un surnom, si… bizarre fut-il.

    Les Olarii… Les Olarils… Enfin, les bouzeux, quoi. Ces foutus bouzeux qui pullulaient au Ceste. Non, bien entendu, Elenor n’avait pas voulu dire qu’il allait falloir passer à côté d’eux, mais elle s’en méfiait comme de la peste. Les Révolutionnaires étaient prévisibles, les Conservateurs aussi. Mais les Olarii non. D’autant plus gouvernés par l’hystérique qui leur servait de chef. Eleni ne soupçonnait de toute évidence pas la prétention de celle-ci. Elenor ou… Enfin Sipik y avait droit matin midi et soir. Et elle savait que si d’aventure on leur tendait la carotte du pouvoir, la sauvage croquerait dedans sans hésiter. Après tout, n’avait-elle pas mis les survivants de son peuple, Sieben, et Elenor en danger ? Et pour quoi ? Parce que cet imbécile d’Oracle avait eu la brillante idée de la considérer ostensiblement comme la paysanne arriérée qu’elle était.

    Il eut été plus simple pour tout le monde que le scandale éclate avec Elenor, plutôt qu’avec Therdorus. Au moins, ça se serait réglé à coups de poings, le guet n’aurait pas eu à intervenir, et tout le monde saurait à quoi s’en tenir. Mais Elenor n’avait pas été là. Au chevet de la femme enceinte, à papoter tranquillement avec une adolescente en fleurs…

    Bon sang.

    Elle laissa Eleni terminer tranquillement son petit laïus, puis hocha gravement la tête.

    « J’en avais de toute façon l’intention, je ne suis pas du genre à laisser un danger public pareil se promener en liberté sous le même toit que moi.

    Je peux déjà t’en dire un peu… C’est un peuple très étrange, en fait. Pour beaucoup d’entre eux, ils sont simples, mais pas mauvais. Ils aspirent à une vie de paix, ne demandent rien de plus qu’un toit sous lequel élever leurs enfants, ou en faire. Vraiment, hen, ils n’ont pas la carrure de gouverner, mais ils sont finalement très peu à le vouloir, je pense. Cependant, ils soutiennent comme des chiens en meute leur… Chef. Lysandre, là. Et elle, par contre, il va falloir s’en méfier comme de la peste. J’ai pu constater où s’élevait son orgueil, et crois moi il n’est pas besoin de lire l’avenir pour savoir que ce n’est pas à la Dissidence que se portera son choix.

    Imbue de sa personne et de son rang fantoche comme elle l’est, elle se jettera sur la Révolution. Y verra l’occasion de se venger de l’Oracle et de nous tous. Et les autres, ils la suivront, malgré tout. Je les pense, bougres d’idiots, capables de renier leur petite paix provisoire au profit de la prétention de leur dirigeante.

    Je les surveillerais, et comme tu l’as dis, l’heure n’est pas au recrutement. Mais quoi qu’il en soit, je doute sincèrement que nous ayons des chances de faire basculer la balance de notre côté. Nous n’avons rien à leur offrir. »


    Elle poussa un léger soupir. De toute façon, la Dissidence était une affaire politique Ilédore. Elle ne pouvait être menée par les Olarils. Elle n’avait pas le moindre intérêt, pour eux, puisqu’elle n’avait pas d’impact à proprement parler sur le petit peuple. Non, c’était une affaire de bourgeois et de nobles…

    Puis la conclusion, et là, Elenor se remit dans son habit de soldat, le temps d’un :

    « Non, c’est bon pour moi. »

    Obéis, ne pose pas de questions. Car tes questions, tes ennemis les utiliseront pour te frapper dans le dos, par surprise. L’instinct et l’obéissance.

    Elle avait ses convictions, elle avait confiance en Eleni, et elle aurait, elle l’espérait, bientôt confiance en l’Al’Faret. C’était bien suffisant pour qu’elle se batte pour eux.

    « Juste une chose : vais-je rencontrer l’Al’Faret ? » Ou bien se planque-t-il pour protéger son anonymat… ? Peut-être s’agit-il d’un noble connu, ou d’un bourgeois, auquel cas la prudence est de mise. Le Guet aurait vite fait de débarquer chez lui, d’embarquer femme et enfants et de faire jouer la justice divine sans procès digne de ce nom…

    Ou bien, comme il était monnaie courante, quelques petits émissaires du Conseils, ceux-là même qui avaient été chargés de précipiter Elandor aux côtés de Therdone, pourquoi pas. Un tel courage, une telle Volonté, ça leur ressemblait tant.

    Mais au diable la prudence, elle était curieuse de cet homme qui fédérait dans l’ombre, et elle avait besoin, en général, d’une figure, fut-elle masquée, pour suivre un chef. Besoin de savoir pour qui elle allait devoir se battre et peut-être se sacrifier.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyJeu 26 Aoû - 12:56

    Éléni trouva la tête d'Elenor tellement amusante, quand elle la baptisa Sipik, qu'elle sut que rien que pour cette surprise mêlée d'indignation inexprimable sur ses traits, le nom en avait valu la peine. Riant sous cape, elle ne se laissa pas trop aller : le sujet dont elle parlait avec Elenor était mortellement sérieux. Et malgré l'énorme contraste entre son attitude légère et la gravité d'une implication dans la Dissidence, Éléni ne relâchait pas son attention. C'était juste que... c'était difficile de réfréner sa satisfaction : Elenor dans la Dissidence ! Elle aurait pu répéter cette phrase une heure, elle aurait toujours été aussi contente à la millième fois.

    Toutefois, les paroles de Sipik lui mirent la puce à l'oreille. Elle mesura à cet instant à quel point la nouvelle Dissidente méprisait le chef des Olarii. Elle réfléchit rapidement. Si des sentiments aussi personnels liaient Elenor à cette sauvage, n'était-il pas dangereux de la place sous sa surveillance ? Quels débordements pourraient advenir ? Aussitôt, Éléni repoussa l'idée. Sipik était un ancien soldat, elle était justement la plus apte à réagir à une situation violente. La sauvage n'hésitait pas à agresser les gens, il fallait quelqu'un qui ait les capacités de la surveiller, pas seulement l'envie. Et dans le pire des cas, Sipik saurait comment agir, elle n'en doutait pas un instant. Alors, pourquoi cette sueur froide en l'entendant cracher son dégoût pour les Olarii ?

    Elle enregistra soigneusement chaque mot prononcé par Sipik. Elle était certaine que ces informations trouveraient leur place en temps utile. Mais elle avait sous-estimé la sauvage. De son observation au Ceste, elle avait retenu qu'il y avait des mouvements de protestation au sein des Olarii. Sipik disait que ce n'était pas vraiment le cas, et c'était dommageable. Finalement, elle répondit lentement :

    - Cette femme va donc vraisemblablement jeter les forces des Olarii dans la Révolution. Est-ce que tu connais un peu sa situation ? A-t-elle des enfants ? Qu'est-ce qui légitime leur Chef, à part de porter ces deux reliques qu'elle a défendues bec et ongle ? Le sang ? La lignée ? Est-ce que la primogéniture a cours pour eux ?

    Éléni ne pensait pas à l'assassiner – pas encore – parce que c'était trop tôt, mais si la Dissidence devait intervenir, il ne fallait guère tarder. Sipik devinerait certainement son intention, parce que les questions n'étaient guère subtiles, mais elle n'avait pas les réponses à ces questions. Et si Sipik pouvait les avoir, ils sauraient ce qui adviendrait si, par le plus grand des malheurs, quelqu'un portait la main sur les descendants des Olarii. Une menace disparaîtrait, mais est-ce qu'ils gagneraient au change ? Les Dissidents pourraient-ils porter le poids d'un assassinat, alors qu'ils tentaient d'accuser les Conservateurs pour ce même grief ? Tout était à l'état d'embryon, il ne servait à rien de déjà utiliser le mot projet : il eût été erroné. Éléni réalisa qu'elle devait absolument parler avec Elandor, encore.

    Et comme pour souligner ses pensées, Elenor lui demanda si elle allait rencontrer l'Al'Faret. Éléni retint un sourire. C'était plein de finesse. La plupart des Dissidents étaient frustrés de ne pas avoir rencontré le mystérieux Al'Faret. Mais Elenor semblait comprendre que rencontrer leur chef ne coulait pas de source. Surtout dans son cas. Si l'Al'Faret n'avait pas été Elandor, Éléni aurait probablement directement menée Elenor à une planque de Lance. Seulement voilà, l'Al'Faret était précisément... Elandor. Comme dans un rêve, elle entendit à nouveau les paroles effrayées du chef retentir à ses oreilles. « S’il-te-plaît … Ne lui dit rien sur … L’Al’Faret. » Fichu Elandor ! Et fichue Bellone, tout comme fichue Elenor ! Comme toujours, elle mourrait d'envie de tout expliquer, de tout raconter, pour qu'ils puissent se raccommoder et reprendre un semblant d'amitié. Il n'était pas bon d'être seul. Elle-même se sentait bien chez elle, elle avait des proches, qui constituaient un jardin secret qu'elle défendrait corps et âme. Si Éléni pouvait être solitaire et sans amis – Sieben et Elenor constituant la dangereuse exception – c'était bien parce que Charis Arcarian était profondément aimée par ses parents. Quel était le jardin secret d'Elandor ? Le rêve d'une chevelure enflammée ? Et celui de Sipik ? Une vie tranquille au Ceste loin des intrigues des Venarii et des Jagharii ? Il leur fallait plus que des rêves, Therdone !

    La jeune fille tourna son visage vers la fenêtre. L'espace d'un instant, tellement court que l'on pouvait croire rêver, elle eut un regard mélancolique. Elle observa un instant l'astre lunaire, puis dit :

    - Ne t'inquiète pas, Sipik. C'est l'Al'Faret qui viendra à toi, quand le jour sera venu.

    Quand Elandor aura fait la paix avec ses démons intérieurs. Quand il osera te dire qu'il est ton ami tombé sous les coups des Conseillers. Quand il assumera son abandon et osera te demander pardon.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyJeu 26 Aoû - 18:11

    Les questions que lui posa Eleni la plongèrent dans une certaine réflexion. Il lui faudrait déballer la leçon apprise au ceste, patiemment. Le plus objectivement possible.

    Dos à al jeune femme, ses mains trouvèrent l’une des poutres pour s’y accrocher, puis ses yeux en amande récupérèrent ceux d’Eleni, et elle soupira.

    « D’après ce que j’ai compris, le pouvoir se transmet chez eux au travers de ces artefacts. La primogéniture fait plutôt partie de leurs habitudes que de leurs lois. A priori, rares ont été les chefs à faire sortir le pouvoir de leur sang.

    En réalité, c’est au chef de faire savoir, avec son décès quel sera selon lui la personne la plus digne de lui succéder. Et s’il est surpris par la mort, alors son fils aîné sera désigné. Leur chef précédent a décidé de sortir, par exemple, de sa propre lignée et a désigné pour ainsi dire une étrangère. Enfin, le terme n’est pas adapté, je pense que compte tenu de leur consanguinité, il leur faut aller fort loin de leur foyer pour trouver des étrangers… Bref, quoi qu’il en soit, seul désigne le nouveau chef la volonté du précédent. Et les Tables, comme ils disent, ainsi qu’une épée sont remis à l’élu. Ce sont les symboles de leur pouvoir, et à priori ils y voient là le moyen de confirmer leur glorieuse descendance. »


    Un souffle dédaigneux.

    « Enfin, si le Conseil les finance, et a décidé de les parquer sous bonne garde, je pense que nous pouvons nous fier à leurs prétentions.

    Pour ce qui est de Lysandre en particulier, sa situation est un peu spéciale. Elle est, apparemment, très mal vue par une partie de son peuple, à l’origine. Ils se sont solidarisés à l’occasion de leur arrivée ici, sans doute parce qu’ils ont été impressionnés par notre capitale… Aussi, je ne sais pas si cette solidarité survivra aux évènements à venir. Mais oui, oui il y a tout à parier qu’elle portera les siens sur la voie de la Révolution.

    Elle n’a pas d’enfants. Ce qui est un peu bizarre vu la manie qu’ils ont de pondre des tripotées de lardons. Il me faudra me renseigner sur ce point, car j’ai néanmoins pu constater qu’elle avait un époux. »


    Mettre de l’eau dans son vin, en conclusion.

    « Quoi qu’il en soit, je pense que la dissidence n’a pour le moment rien à gagner pour l’instant. La révolution oui. Dans l’immédiat, ils feront bloc et seront ravis de se voir en rêve sur le trône d’un royaume aussi imposant. Cependant, plus tard, en laissant leurs vieilles querelles ressortir, nous aurons peut-être des chances de faire jouer la jalousie des opposants à Lysandre afin d’étouffer leur démarche. Pour l’instant, ils ne sont qu’une infime poignée à s’être désolidarisés. Et nous n’avons de prise sur aucune de ces brebis galeuse. »

    Elle haussa les épaules.

    « C’est tout ce que j’ai pu apprendre, en discutant avec les plus raisonnables d’entre eux. Mais apparemment, ils n’ont rien à nous envier pour ce qui est des magouilles politiques. Je ferais en sorte d’en savoir plus assez vite. »

    Un compte rendu assez mitigé. Non, décidément, c’était un peuple pour lequel elle n’avait pas d’affection. Elle n’aimait guère le jugement qu’ils apposaient sur leur société, et les sentait capables de sacrifier à leurs principes raves l’avancement et l’évolution de la société qui était la leur. Les Ilédors ne pouvaient… ne devaient pas se permettre de reculer au nom d’une philosophie qu’elle trouvait archaïque et illusoire. Pas alors qu’ils étaient au bord de la crise, et qu’il leur fallait relancer la machine, et vite.

    Puis elle lui annonça qu’elle ne pourrait pas encore voir l’Al’Faret. Pas encore, supposa-t-elle, parce qu’elle n’en était pas encore digne. Peut-être fallait-il prouver sa bonne foi et son implication pour mériter un tel honneur ? C’était un homme secret, et en péril. Les conservateurs devaient trembler dans leurs chausses de satin, devant l’influence qu’il avait gagné. Oh certes il n’y avait rien de concret si ce n’était un réseau chaque jour plus solide d’informateurs et de sympathisants, mais cela prendrait encore du temps.
    En attendant, ils devaient se montrer prudents. Ce type d’organisation, une fois décapitée, avait bien souvent tendance à s’effondrer. Il valait donc mieux miser, pour l’avenir, sur le fait que ce cher Al’Faret conserve sa tête bien attachée au tronc.

    Savoir sa curiosité encore insatisfaite n’était pas si grave, par rapport à l’intérêt de la Dissidence. Elle avait sa vengeance à accomplir, et il n’était aucun sacrifice qu’elle ne ferait pas pour ça.

    Finalement, toujours accrochée à la vieille poutre, elle hocha la tête avec un sourire.

    « Eh bien, d’ici à ce que ce jour arrive, je tâcherais de me montrer digne d’un tel honneur. »

    A présent, tout était dit… Tout, ou presque. Eleni l’avait recrutée, elle avait donc en ce jour le droit de la congédier, ou de la retenir encore un peu. La physionomie d’Elenor exprimait l’attente, mais le respect du délai qu’imposerait la jeune femme pour cela. Obéissante.

    Soldat.
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MessageSujet: Re: Dissidentes. Un peu.   Dissidentes. Un peu. EmptyJeu 26 Aoû - 20:43

    Lysandre... Éléni en avait oublié le nom de la sauvage. Lysandre Olarii. Méritait-elle d'être appelée par son nom, continuerait-elle à n'exister que sous l'appellation « la sauvage » dans l'esprit d'Éléni ? Un cas étrange, qui la rendait perplexe. Après avoir affirmé qu'elle était suivie par tout son peuple, voilà qu'Elenor expliquait une situation plus nuancée. Les pouilleux... elles n'en avaient pas fini avec eux, loin de là. Le chef des Olarii n'avait pas d'enfants. Voilà qui était périlleux. Des sœurs et des frères, elle en avait certainement, vu leur fâcheuse habitude à se reproduire comme des lapins, mais seraient-ils désignés en cas de mort ? Et au vu de son âge, elle n'avait sûrement pas désigné son héritier. Se savait-elle condamnée et stérile, ou attendait-elle avec impatience la venue d'un enfant ? Mais désigner quelqu'un en ayant seulement une vingtaine d'années... Cela aurait engendré trop de discordes à un moment inopportun. Elle soupira :

    - Merci pour tes renseignements. Il faudrait aussi que nous ayons une idée exacte de toute la fratrie, et même du cousinage de cette femme.

    Si elle connaissait chaque homme et chaque femme susceptible de succéder au chef, elle pourrait élaborer différents scénarii plausibles. Mais l'idée de faire taire l'Olarii diminuait en force de seconde en seconde. Trop périlleux, trop improbable, trop de données inconnues.

    L'impassibilité de Sipik l'étonnait : elle l'écouta sans discuter lorsqu'elle lui annonça qu'Elandor ne la verrait pas, du moins pas encore. Puis, elle se souvint. Elenor était une ancienne militaire, et ça ne s'oubliait pas. Elle se montrait déjà digne de rencontrer l'Al'Faret ; pourtant, elle n'était pas prête de le voir, si elle en jugeait l'attitude de son chef. Alors, elle se contenta d'offrir un sourire à Elenor. En espérant qu'Elandor sortirait de son marasme. Ou que quelqu'un lui jetterait un seau d'eau glacé à la figure, question que ça lui remette les idées et l'amitié en place.

    - Je crois que tout est dit. Tu sais où me trouver.

    Un dernier geste amical, et les deux femmes s'apprêtaient à sortir. Au moment où elles quittaient la pièce, un infime bruit surprit Éléni. Elle l'aurait reconnu entre mille. C'était le bruit des bottes marchant en rang, cognant lourdement la chaussée. D'ailleurs, Elenor devait le connaître mieux qu'elle. Le pas était lourd et pesant : le métal alourdissait chacun des mouvements effectués. Elle n'eut même pas besoin de se retourner. Elle savait parfaitement ce qu'elle verrait si elle se retournait : six hommes en file indienne patrouillant pour la sécurité des bons citoyens d'Edor Adeï. Le premier tiendrait une lanterne, le second afficherait l'air ahuri qu'il arborait quand il pensait à sa belle, le troisième baillerait à s'en décrocher la mâchoire, le quatrième serait réellement attentif, le cinquième jouerait nerveusement avec sa rapière, tandis que le dernier siffloterait un air connu. Elle chuchota :

    - Baisse-toi !

    Joignant le geste à la parole, elle s'accroupit comme un chat. La planque dans laquelle elle les avait emmenées était censée être abandonnée et mangée par les rats, pas question de se faire repérer stupidement parce que la pleine lune éclairait leurs fenêtres. Elle se fit violence pour ne pas se retourner et regarder la tête de Sipik. Assez de bêtises pour la soirée, estima-t-elle. Elle attendit patiemment que la patrouille passe, et seulement quand le bruit des bottes fut évanoui, elle se retourna et osa son sourire de chipie, celui auquel les adultes étaient incapables de résister, avant de dire, presque sur un ton d'excuse :

    - Enfin, la Dissidence, c'est aussi ça.

    Les émotions, l'adrénaline et... le plaisir de triompher. Mais aussi la peur, le murmure et le secret. Deux voies tellement différentes et tellement proches. Éléni n'envisageait pas l'une sans l'autre. Et l'Al'Faret l'aurait dit lui-même : ainsi va la Dissidence...

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