Les Tables d'Olaria
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 Noblesse bien remisée... [I/V]

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Noblesse bien remisée... [I/V]   Noblesse bien remisée... [I/V] EmptyJeu 15 Avr - 23:14

    Elle avait quitté les deux nobles sur les nerfs, et c’est ainsi qu’elle trouva le salon où l’attendait sa mère. Dans les couloirs, elle avait eu le pas lourd, courroucé. A tel point qu’un léger boitillement était apparu suite à quelques petites blessures. Lorsqu’elle parvint devant la porte qui devait la séparer de sa mère et de son frère, elle s’immobilisa, et prit quelques minutes pour se calmer un peu. Débouler furieuse, après des semaines de silence, n’était sans doute pas une bonne idée. Elle tenta tant bien que mal de chasser Asmée et son venin, Vanhilde et sa morgue de son esprit. Sans tout à fait y parvenir cependant. Elles avaient touché à ce que l’on ne devait pas toucher. L’avaient poussée dans ses retranchements. Elle était partie de ces lieux blessée, renfermée… Et à présent qu’elle remontait elle sentait sa faiblesse lui revenir doucement. Une soirée, tout juste entamée, et déjà tant de travail sapé. Dans un coin de son esprit, elle se bâtit une soirée au calme, blottie contre le torse de son ami ronronnant. Lui dort, elle se détend, savoure sa présence. Oui, cela lui faisait immanquablement du bien. Il lui faisait du bien. Même absent.

    Plusieurs souffles, elle arrangea son col et son manteau, puis se décida à frapper à la porte. Des bruits étouffés, des voix enthousiastes derrière le panneau de bois. Sa mère et un homme, qui s’entretenaient alors joyeusement, et accueillirent l’intrusion avec une joie débordante. Elle s’en mordit les lèvres.
    Elle attendit, quelque peu fébrile. Sa mère avait toujours de ses accueils… La dernière fois, elle avait été remontée en catastrophe des Quartiers Militaires, et avait du subir, en plus de la souffrance indicible et de la crainte de voir sa main amputée, les cris hystériques de la bonne femme en pleine panique. Elle aimait sa mère, mais cette dernière était trop passionnée, trop emportée pour elle. Une artiste, comme son frère. Elle était plutôt digne et sobre, comme son père savait l’être. A croire que les Jagharii étaient deux familles bien distinctes.

    La porte s’ouvrit avec un frou-frou qui l’intrigua, et elle pencha la tête de côté pour discerner quelque chose, avant de voir sa mère… frou-froutante s’approcher. Elle portait une robe aux couleurs criardes, la dernière mode paraissait-il. Des cheveux noirs et lisses, tout justes parsemés d’un peu de gris étaient maintenus en une complexe coiffure. Sa fille se sentit, comme bien souvent en sa présence, d’une banalité effarante. Elles partageaient pourtant de nombreux traits en commun. La mère Jagharii avait de beaux restes de ce même visage rond, aux yeux étirés, en amande*. Ceux d’Elenor en revanche l’étaient un peu moins. Grâce à son père qui lui en avait de tout à fait banaux. Sa bouche était fine et joliment maquillée, là où celle d’Elenor était naturellement colorée. Sans parler de la taille, bien marquée, de sa finesse que l’exercice même n’avait su ôter à la militaire. Si la jeune femme avait été coquette, si sa peau, au lieu d’être parsemée de ces tatouages qu’elle prisait tant avait été de la blancheur éclatant qu’il fallait arborer lorsqu’on était une jeune femme noble, elle aurait tout bonnement été le portrait craché de sa mère. Cette dernière recula avec grâce, saisissant sa fille par la main. Elle y laissa quelques effluves poussives, ainsi qu’un peu de poudre.

    « Mon Elenor, tu es rentrée ! Je n’y croyais plus ! » Toujours ce ton enjoué, savamment étudié. Un ton plaisant. Plaisant comme tout le reste. Elenor, se sentant happée, sourit de bonne grâce, peu désireuse de blesser sa mère par une rebuffade alors qu’elle venait tout juste de la retrouver. Tandis que cette dernière referma soigneusement la porte dans leur sillage, puis s’éloigna pour papillonner plus loin, Elenor fit le tour du salon des yeux. Son frère se tenait dans un coin, et leva une coup d’un vin limpide, et très onéreux en signe de salut. Fin saoul. Elle lui sourit, en réponse, puis s’intéressa aux autres hommes présents. Il y avait un noble, et deux autres… Des bourgeois, sans doute. Des serviteurs. L’homme était vêtu avec richesse, faisant étalage de ce qui passait pour du bon goût et du pouvoir. Blond, au maximum de son âge, peut-être même un peu plus jeune, il avait des traits qui ne lui plaisaient pas. Un petit coup de déjà-vu, sans doute. Polie, tant bien que mal, Elenor le salua silencieusement puis reporta son attention sur sa mère, les sourcils légèrement froncés en signe de curiosité.

    « Alors, mon Elenor, tu as fini par rentrer chez toi ! » Les sourcils se froncèrent un peu plus. Elle attaquait sans attendre, avant même de prendre des nouvelles de sa main qui, lorsqu’elle était partie, était toujours bandée. « Nous commencions à désespérer de ta présence, n’est-ce pas, mon fils ? » Son fils leva à nouveau sa coupe, pour la forme sans doute. Lui aussi était un artiste. D’un genre… différent. De toute évidence, il n’était plus, et ce depuis un moment en mesure de converser avec qui que ce soit. Sa mère se désintéressa de lui pour récupérer au vol l’attention de la militaire. Elle attendait, semblait-il, une réponse.

    Elenor pinça ses lèvres, peu sure de savoir quel comportement adopter. La présence de l’intrus, de plus, n’était guère de nature à la mettre en confiance. Qu’avait-il à la regarder d’un air affable, celui-là. Dans son état, toujours sur le qui-vive, l’idée de l’envoyer paître lui vint à l’idée. Elle se retourna vers sa mère en cillant, balbutiant légèrement.

    « Oh mon Elenor, tu nous reviens l’air hagard ! J’avais pourtant bien dis à ton père que te laisser passer du temps en… en bas n’était pas une bonne idée ! Regarde ce que cela a fait de toi ! » Après un autre coup d’œil à l’inconnu qui la dévisageait un sourire amusé aux lèvres, elle se retourna vers sa mère, une moue mitigée sur les siennes.
    « Non, non je vais très bien. D’ailleurs je compte redescendre cette nuit. » Oui, tout cela titillait son instinct, ça ne lui plaisait pas. Elle sentait venir le coup fourré, et l’envie de regagner la chambre de Sieben tinta à ses lèvres. Oui, là-bas, il n’était pas de blondinet agaçant pour la dévisager… Ni d’une mère pour papillonner comme ces mauvaises actrices… Ses sourcils s’arquèrent, avant que sa mère n’ait pu protester. « Je ne suis venue que pour prendre de vos nouvelles… Je ne compte pas reprendre ma vie ici. » Sa génitrice se fendit alors en un rictus très mal à l’aise, mais cela ne l’effrayait pas. Depuis qu’Elenor avait refusé d’être formée à la stratégie, préférant frayer avec les bourgeois et autres manants, elle y avait droit à chaque visite. D’ailleurs, il était encore loin de celui que lui avait valu la rencontre de ses parents et de son Sieben. Elle déposa une main vague sur son bras pour l’empêcher de riposter, puis plissa ses yeux en direction de l’inconnu.

    « Pardonnez-moi mais… Qui êtes-vous ? »
    Sa mère, retrouvant aussitôt toute sa bonne grâce et sa contenance, s’interposa, se coula en direction du noble et le lui présenta en des termes qui lui hérissèrent le poil.

    « Elenor, je te présente l’homme que tu va épouser dans les semaines à venir. »

*note : un type asiatique chez nous.

[ A la suite, Xander Venarii, PNJ ]
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MessageSujet: Re: Noblesse bien remisée... [I/V]   Noblesse bien remisée... [I/V] EmptyVen 16 Avr - 4:47


    - Xander Venarii -
    Les Jagharii sont une famille que tu trouveras certainement déplacée, mais ils sont pour l’instant encore un parti que tu ne saurais négliger.

    Voilà ce qu’avait dit en substance Laomédon Venarii, le père de Xander Venarii. Et son fils, en bon et noble descendant n’avait pu qu’acquiescer. De toute façon, qu’est ce que des fiancailles ? Cela n’était qu’un jeu inventé par les Grands, une manière d’officialiser un contrat. Il n’y avait pas de quoi révolutionner une vie. Il n’empêche que cela dérangeait légèrement Xander.

    Ce qui le dérangeait, ce n’était pas les fiancailles, c’était la perspective de se retrouver associé à une telle famille. A commencer par sa Belle Mère. Malgré son âge avancé (pour Xander du moins) elle continuait d’imiter la coquette et batifolait comme une vraie poule. De plus, quoi qu’on en dise, elle ne pouvait être Illédor : son visage n’était pas dans les normes communes. A se demander si Amarante ne l’avait pas trouvé dans un de ces pays où les habitants se marient à leurs chèvres, lors d’une de ses campagnes. De plus la belle mère était une artiste, par essence passionnée par des choses sans intérêt et capable de vous mettre le nez sur des stupidités en vous disant « C’est bien ? ». Le frère ne valait pas franchement mieux, il était une petite Belle-mère, nul besoin de s’attarder. Le beau-père, Amarante Jagharii, demandait plus de prudence. Malgré son âge avancé, il avait une position intéressante, et était loin d’être la moitié d’un imbécile. Cependant, il était engoncé dans des notions de dignité qui datait d’un autre temps : fidélité à la parole donnée, recherche du bien des autres avant tout… cela ne cadrait pas avec la nouvelle façon de diriger. Peu importe, de toute façon le vieil Amarante serait bientôt à la retraite.

    Mais la pire de tous, c’était sans conteste Elenor Jagharii. Elle avait commencé l’âge adulte par épouser l’Armée, tout en sachant que s’il existe bien un endroit anti-féminin au monde, c’était bien là. Elle avait même eu la prétention de se déclarer soldat et de se battre comme tout le monde. Et elle s’était battue comme tout le monde. Il était heureux qu’elle se soit blessée à l’entraînement, sinon Xander n’aurait jamais pu même faire cette démarche de venir la demander comme fiancée, il avait une certaine fierté tout de même. Cela dit, il y avait pire encore que l’Armée dans la vie de sa fiancée.

    Il y avait un rival. On lui en avait parlé à mi-mots, son charmant père y avait fait allusion en termes voilés, et il le savait par d’autres moyens. Du reste, Elenor ne se cachant pas, tous le savaient mais personne n’en parlait, c’était trop honteux. Il s’agissait tout de même de passer sa vie au beau milieu du pire des endroits dans le pire des quartiers. Elle vivait dans une auberge, et même y couchait. On disait que c’était avec le Patron uniquement, mais rien ne prouvait qu’il ne s’agisse pas aussi du tout-venant. Ces endroits là étaient toujours le théâtre de débauches et d’orgies. Au fond de lui Xander priait Therdone qu’il n’y ait jamais plus d’un homme à la fois qui soit passé par-dessus Elenor. Les précédents amants d’Elenor ne comptaient pas, c’étaient des jeunes gens comme lui parfois un peu plus âgés, mais qui ne s’étaient jamais fiancés à la fille Jagharii. En revanche, la grosse brute des quartiers commerçants, ca c’était une erreur. Une faute de goût impardonnable.

    Mais Xander était noble d’esprit, il savait passer au dessus de tout ca et voir l’intérêt commun.

    Les Venarii semblaient pouvoir juger utile de se lier avec les Jagharii, ils dépêchaient leur fils cadet (l’aîné étant Philippen Venarii, qui occupait des fonctions d’ores et déjà intéressantes par son propre mariage) pour conclure des fiançailles. Du reste pourquoi ne pas choisir Xander ?

    Xander était beau, blond, avait un sourire charmeur et tout en lui respirait l’intelligence. Il était vêtu dans un goût impeccable, bien loin au dessus des vêtements criards de cette Dame Jagharii, avec à la fois distinction et solennelité. Il était porteur d’une proposition hautement intéressante, les Venarii ce n’est pas rien tout de même.

    Lorsqu’Elenor rentra chez elle, ce fut un petit miracle. Dame Jagharii n’avait pas osé l’avouer, mais sa fille ne vivait plus chez eux depuis longtemps et surtout ne remontait que très rarement parmi les siens. Xander eut donc de la chance de la voir de ses propres yeux. Et cela confirma son sentiment : elle était bien une horrible garçonne impertinente, on le voyait rien qu’à son physique. Rien que la façon dont elle parlait à son adorable mère qui n’était que douceur et bienveillance… Elle demanda rondement de faire les présentations et ce sans même faire la révérence ou dire bonjour. Tant pis, il fallait parfois savoir mettre de côté des petits détails comme le manque de politesse. A force de côtoyer la racaille, Elenor ne pouvait que finir par leur ressembler. Lorsqu’ils seront mariés, Xander veillerait à ce qu’Elenor Venarii soit plus respectable qu’Elenor Jagharii. Elle avait déjà pollué un nom elle ne polluerait pas le sien.

    Il décroisa ses jambes et se mit debout avec une attitude et un sourire étudiés. Peu de choses étaient d’ailleurs naturelles chez lui. Il répondit alors :

    « Je suis Xander Venarii, fils de Laomédon Venarii. Si Therdone le veut, je serais d’ici à quelque mois votre époux. »

    Si Therdone le veut… personne ne demandait l’avis d’Elenor.

    « Mon père possède plusieurs magnifiques propriétés qui produisent les meilleurs pêchers de toute l’Isle dans le sud, ainsi qu’une flotte de navires chamarrés qui parcourent les côtes.

    Cependant devant vous, je ne suis qu’un homme transi qui vous demande grâce. »


    Il faudrait qu’il étudie la contrition un jour, sa tentative ne le convainquait même pas lui.

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Noblesse bien remisée... [I/V]   Noblesse bien remisée... [I/V] EmptyVen 16 Avr - 22:08

    Elle se hérissa, puis se sentit défaillir. Et Blondinet qui s’introduisait, pompeux, se présentait… Un peu comme si tout avait déjà été entendu, en son absence. Un peu comme si elle était mise devant le fait accompli.

    Un peu.

    Ses yeux se plissèrent plus encore. Elle le détailla un peu plus. Si sa tenue avait un quelque chose de masculin, quoi que taillé pour une femme, celle de l’homme lui était étrangement semblable. Non il n’avait rien de viril, un petit blond au sourire aguicheur et aux propos méprisants. Pour Elenor, ils l’étaient. Car, quand bien même cela passerait pour de la prétention ou du caprice, on avait jusque là eu la décence de l’entretenir de ce que l’on envisageait pour elle. D’ailleurs, il y en avait un qui n’était pas là. Un qui, elle le savait, n’aurait pas laissé faire une chose pareille.

    Elle ne prit pas la peine de répondre à Xander. Furieuse, livide, elle se tourna vers sa mère. La façon dont elle contrôla sa voix, pour n’en faire qu’un grondement bas, avait quelque chose d’inquiétant. Oui, il fallait qu’elle soit hors d’elle pour parler ainsi.
    « Le sait-il ? » Elle s’approcha de sa mère, elle ne devait pas crier, ne devait pas laisser à des intrus le droit d’entendre. « As-tu parlé à Père de cette histoire ? » Elle le connaissait assez pour savoir qu’il serait furieux d’apprendre que l’on jouait ainsi avec le destin et les désirs de sa fille. Sa petite fille que, depuis petite, il avait protégée de tout. Elenor n’avait pas été une enfant pourrie gâtée, pas autant que la plupart des nobles. Cela venait sans doute du fait qu’elle ne réclamait pas grand-chose. En revanche, il avait toujours été inconcevable de lui appliquer des règlements qui paraissaient injustes au paternel. Il n’était pas homme à lutter ouvertement, mais sa fille, elle, était préservée de toute brimade.
    Après tout, n’avait-il pas autorisé Elenor à achever son rétablissement chez cet homme qu’elle avait laissé entrer ?

    Sa mère balbutia quelque chose. Puis elle reprit son aplomb. Elle était plus petite que sa fille qui devait sa taille à son paternel. Cependant elle en imposa par un regard autoritaire : « Nous n’avons pas besoin de l’accord d’Amarante. Il est fort affairé et sera ravi d’apprendre la nouvelle… plus tard. » Elenor laissa un regard répugné en direction de Blondinet, puis haussa un sourcil. « Je ne crois pas, non. » Elle s’éloigna de sa mère, pour s’approcher de lui. Dans le regard de l’homme, elle lisait clairement qu’il ne l’appréciait pas. Il lui en faudrait, du travail, s’il souhaitait la modeler à son goût. Oh, il y avait un certain potentiel dans ces traits et son corps entretenu. Et puis, quand bien même son langage fut des plus châtiés, son port et ses attitudes, elles, dénotaient sans mal de son éducation. Mais il y avait ces yeux noirs qu’elle braquait sur lui d’un air mauvais. Toute l’eau d’Edor Adeï n’aurait pas suffit à éteindre ce feu-là. Ne voyait-il pas le danger ?

    « Vous êtes bien téméraire, Xander Venarii, de venir ainsi quémander ma main. » Son sourire se fit mauvais, et elle hasarda un clin d’œil qui n’avait rien de complice aux deux hommes qui assistaient à la conversation. « Enfin… téméraire… Je vois que vous êtes le genre… d’homme qui ne se défait pas de ses toutous. » Avec une moue méprisante, elle se redressa puis effectua une impeccable révérence. « Avec tout le respect que, semble-t-il, je vous dois, je me vois dans l’obligation de décliner votre offre. N’en déplaise à la flotte du Seigneur Venarii. » Les mots raillaient, et pourtant rien dans son comportement n’inspirait le rire. Elle se tint droite. Elle était presque aussi grande que lui, la bouche pincée, contrite.

    C’est sa mère qui l’interrompit. « Elenor ! » Oh, ça, elle avait bien compris qu’il n’était pas question de lui laisser le choix. Mais il allait leur en falloir beaucoup pour l’obliger à commettre un tel sacrifice. Elenor n’était pas près de renier tout ce en quoi elle croyait, tout ce qu’elle aimait et qui était son Monde pour courber l’échine face aux convenances. Elle avait pris goût au fait de vivre avec un homme… Elle avait pris goût aux épaules solides, à la tendresse et à l’amour. Elle avait pris goût au Ceste, aussi. Elle revint à lui, un sourire aux lèvres. « Vous savez, je suppose, que si je vous épousais, pas une fois je n’honorerais votre couche ? » Oui, il devait le savoir… Comme tous, ici. Tous l’avaient vu. Et aucun n’osait ne serait-ce que prononcer son nom. Elle n’avait pas attendu le mariage pour être fidèle… Une nouvelle fois, Azira, sa mère, intervint.
    « L’affaire est entendue depuis longtemps, Elenor, cette discussion est vaine. »

    Elle se sentit nauséeuse. Il le lui avait dit. Il lui avait demandé, parfois, de ne plus remonter. De rester avec lui.

    Ils ne sont pas comme nous.

    Mais elle devait voir ses parents… Elle devait voir sa mère, la rassurer, avait-elle répondu. Elle avait promis de rentrer aussitôt, avait promis de ne point s’attirer d’ennuis. Et elle redescendrait, effondrée, et un fiancé aux basques. Elle étouffa tout à coup dans son manteau, et le défit, ainsi que le col de sa chemise. Elle avait besoin d’air, besoin d’énergie pour combattre.

    Elle chercha son frère du regard, lui n’avait pas le droit de laisser ces impudents traiter ainsi sa petite sœur. Il se devait de l’aider, en l’absence de leur père… Mais il n’était bon qu’à boire, ce soir… Elle les passa donc en revue, les uns après les autres, courroucée. Acculée.
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MessageSujet: Re: Noblesse bien remisée... [I/V]   Noblesse bien remisée... [I/V] EmptyDim 18 Avr - 20:04


    - Xander Venarii -
    Une des raisons pour lesquelles Xander Venarii ne désirait pas réellement rencontrer Elenor avant leur fiancailles était justement qu’il désirait éviter ce genre de scène. Demander d’abord à cette adorable Azira Jagharii si le patriarche était d’accord, comme si c’était un horrible malentendu, c’était du plus parfait mauvais goût. Si Xander n’avait pas été si noble, il aurait pris la mouche mais il était si généreux qu’il ne chercha pas à lui faire remarquer cette inconvenance. Du reste Amarante ne l’avait pas appris encore ? Aucune importance, quand il l’apprendrait il serait ravi d’entendre cette nouvelle. Xander était persuadé que la patriarche Jagharii serait plus qu’heureux de se débarrasser d’une fille aussi déshonorante. Celui qui était à plaindre en vérité c’était ce pauvre Xander :

    Vingt deux ans tout juste et marié à une fille plus vieille que lui de dix ans presque, volage et impertinente. Quel mauvais choix ! Mais bon personne n’était parfait sur cette Terre, il fallait bien supporter les désagréments mineurs. Peut être serait il celui qui dompterait Elenor et la rendrait sage. Xander Venarii voyait déjà les Jagharii humides de reconnaissance. Surtout la mère à vrai dire, il n’avait pas vu son père. En tout cas dans les yeux noirs qu’elle lui darda dessus, brûlait un feu de colère qui faisait penser à une quelconque sorcière.

    Et elle eut le front de refuser tout net ces fiançailles. Elle n’avait donc pas compris : ce n’était pas une demande de fiançailles, c’étaient des fiançailles points. Les avis avaient déjà été pris. Elenor aurait elle dû être conviée ? Certainement pas, ses agissements prouvaient qu’elle n’était pas en mesure de prendre une quelconque décision mature. Elle faisait preuve d’une terrible irresponsabilité par son mode de vie, ses… tatouages horribles qui défiguraient son corps, par cet amant plus proche de la bête que de l’homme. Non, Elenor était incapable de prendre une décision réfléchie concernant son avenir, c’était à ses parents, et en l’occurrence sa mère de le faire. Bientôt elle passerait sous sa tutelle à lui, Xander, et tout irait bien.

    Et en guise de dernier affront, elle osa lui dire qu’il risquait de ne pas l’avoir souvent dans le lit conjugal. Elle n’avait donc même pas l’intention de changer ? C’était d’autant plus grave : il faudrait prendre des mesures plus radicales. L’empêcher de ternir son nom dans la soue des cochons. Il en allait de l’honneur des Venarii. Xander saurait l’arracher à cette infamie.

    En tout cas, il fallait absolument répondre à Elenor, qu’elle sache où était sa place. Il en irait de la santé de son futur couple.

    « Ecoutez donc votre mère, Elenor. Il n’y a plus à discuter. Vous n’avez rien à refuser, car rien ne vous a été demandé. J’ai d’ailleurs tendance à penser que c’est un bien, et que ma tutelle ne pourra qu’être profitable. Au fond de vous-même je suis sûr que vous pensez la même chose. »

    Il avait fait fort, et il espérait ainsi lui couper toute envie de répliquer. Elle serait ulcérée, peut être suffisamment pour ne pas répliquer.

    « Quant à vos actuelles affinités avec… quel est son nom déjà ? Oh aucune importance, un roturier n’a pas de nom. Je disais donc quant à vos actuelles affinités avec les hommes de boue, et bien je ne peux que critiquer votre goût bizarre et condamner cette tendance. Mais je suis sûr qu’avec un peu de volonté vous saurez surmonter aisément ce vice. Je serais là pour vous aider à vous faire oublier ce… moucheron qui prétend vous arracher de votre lit légitime. »

    Condamné, le rival.

    « Enfin, je me permets de vous rappeler un détail qui a énormément d’importance : je veux parler de la honte que VOUS encourreriez si vous étiez une femme adultère. Dois je vous rappeller les conséquences ? Vous êtes une grande fille, vous devriez le savoir. »

    Xander Venarii avait sept ans de moins qu’Elenor Jagharii.
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MessageSujet: Re: Noblesse bien remisée... [I/V]   Noblesse bien remisée... [I/V] EmptyLun 19 Avr - 20:48

    Elle ne fut presque pas déçue par sa réponse. Par ses réponses.

    Courroucée, mais pas déçue, il se montrait bien à la hauteur du dégoût qu’il lui inspirait. Elle l’écouta d’une oreille furieuse, les yeux plissés réduits à deux billes luisantes. Elle crispa la mâchoire, crissa des dents, puis se relâcha tout à fait lorsqu’il en vint à évoquer Sieben. Ses lèvres déjà pincées s’étirèrent en un sourire menaçant, tandis que ses poings, eux, se crispaient. N’eurent été sa mère, son frère et les deux chiens, elle lui aurait déjà rabattu le caquet. Loin de se montrer vaincue, abattue et résignée, elle passait, progressivement, des paliers dans la fureur et la rancœur. A présent qu’elle l’entendait le traîter d’homme de boue, une voix en elle s’éleva.

    Bute le.

    Puis une autre, plus grave.

    Ils ne sont pas comme nous.

    Non, et à ce tarif là, elle se demandait s’il n’eut pas été plus heureux qu’elle naisse, elle aussi, femme de boue. Elle fronça les sourcils à présent, ses lèvres résolument jointes. Il menaçait la femme adultère. Inutile, elle n’ignorait rien de ce qu’elle encourait à tromper un mari. Quand bien même ledit mari était cet immonde Blondinet prétentieux.

    Xander Venarii avait sept ans de moins qu’elle.

    Il n’avait jamais tué un homme. Jamais, sans doute, fait jouir pour de bon une femme. Il n’avait jamais eu à se battre pour sa vie. Non, pour cela, il avait les Chiens.

    Xander Venarii avait sept ans de moins d’Elenor, et avant même que les Chiens n’aient esquissé un geste, quand bien même sa main gauche était gourde, elle l’avait brutalement poussé pour l’adosser au mur, manquant d’emporter au passage une riche tenture. Sa main gauche frappa le mur, à côté de sa tête, et la droite le frôla, elle sentit les Chiens bouger, mais, voyant qu’elle n’avait pas frappé, et que, semblait-il, ce n’était pas prévu pour l’instant, ils n’osèrent pas toucher à elle. Ses yeux, menaçant, mauvais, se posaient avec un mépris sans fond sur Blondinet.

    « Coucher avec toi serait adultérin. Me marier avec toi serait adultérin, et je serais bien curieuse de voir de quelle manière tu comptes t’y prendre, pour me dompter. » Elle sourit, pouvait sentir son souffle sur ses pommettes. Objectivement, quiconque aurait eu connaissance de ce dont Elenor était capable aurait commencé à s’inquiéter. Légèrement, au moins.

    Dans son dos, elle entendait sa mère protester, qui la ramena à la scène, au groupe. Azira élargit sa perception et le Blondinet n’en fut bientôt qu’un élément malsain, un indésirable. Elle frappa le mur pour s’en décoller. Certes, elle ne pouvait plus boutonner ses chemises aussi facilement qu’avant, certes, elle n’était plus capable de manier habilement une arme. Mais elle avait toujours sa force, sa férocité et sa ténacité pour elle. Elle étouffait. Elle avait chaud, pourtant d’une pâleur à faire frémir.

    « Quand bien même je sortirais ligotée de cette pièce, jamais, vous m’entendez… jamais je n’épouserais ce… » Elle plissa le nez, puis adressa la fin à sa mère. « … Ce mioche prétentieux » Les insultes. Elle les avait retenues longtemps. Mais elle ne pouvait plus. C’était au-dessus de ses forces.

    Elle se retourna vers lui avec vigueur, son catogan venant fouetter son épaule. Plusieurs semaines qu’elle était blessée… et pourtant, rien dans sa physionomie, ni dans son énergie, dans sa fougue n’aurait laissé croire qu’Elenor n’était plus militaire. Elle le regarda de haut, puis secoua la tête.

    « Mon homme de boue m’attend. »

    Sieben…

    Elle avait besoin d’alcool. D’alcool, d’ébats. Pas de mots, rien qui ne viendrait parasiter sa fureur.

    Sa mère la tira de ses pensées avec un nouvel appel.

    « Tu ne partiras pas d’ici avant d’avoir présenté tes excuses ! » Elenor haussa un sourcil. A croire qu’elle était encore une adolescente. Cela faisait longtemps, et ce même sans mariage à son actif, qu’Elenor n’en était plus une. Elle devait à ses traits métisses une apparente jeunesse, pour une femme de vingt-neuf ans… Mais son regard lui ne souffrait nulle discussion. Sa décision était prise. Ils pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient. Si, d’aventure, cela voulait dire renoncer à son rang pour se cacher dans la Ville Basse, c’était un sacrifice qu’elle était capable de faire.

    « Je ne lui dois aucune excuse, pas plus qu’à toi » Elle avait parlé sur un ton doucereux.
    « Demain, j’irais voir Père, j’en parlerais avec lui et m’est avis que vous aurez de ses nouvelles… » Elle hasarda un regard en direction de Blondinet. Non, il ne lui plairait pas du tout.

    « Tu vas faire la honte de ton père ! » Alors elle se retourna, plus pâle encore… A ces mots, ses dents crissèrent pour de bon, elle du prendre sur elle de se détendre assez pour répliquer : « S’il est une personne dont Père aura honte demain, c’est de toi. Si tu avais su te contenter de tes substances et de tes magouilles, sans m’y mêler, alors nous en serions tous restés sur un statut quo. » Alors elle aurait été méprisée, mais sans que cela ne porte atteinte aux siens. Elle aurait juste été une originale peu appréciée par ceux de son milieu.

    Alors elle aurait pu se reconstruire sans eux devant l’âtre du Ceste.
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MessageSujet: Re: Noblesse bien remisée... [I/V]   Noblesse bien remisée... [I/V] EmptySam 24 Avr - 21:31


    - Xander Venarii -
    Mais mais mais… elle me torture !

    Ce fut la première réaction de Xander Venarii lorsqu’il se fit brusquement adosser à la muraille sans douceur ni égard pour sa mise en plis. C’était la première fois que ca lui arrivait, et il n’appréciait pas du tout. Il ne recherchait pas la violence et ne se sentait pas attiré par l’armée, ces soldats puaient si souvent la sueur et la poussière. Et ils étaient d’une telle bestialité. Et voilà que cette Elenor était digne de ces rats puants, ces riens du tout. Ses fiançailles risquaient d’être bien plus pénibles que prévues, et Elenor plus difficile à faire rentrer dans le rang qu’il ne le pensait.

    Lorsqu’elle frappa le mur à côté de lui, Xander crut défaillir et poussa un glapissement. Ca y est elle l’avait tué, c’était fini, il finissait victime d’un crime passionnel. Mais la Mort ne ressemblait pas à ce qu’il pensait ou alors elle n’était pas encore venue. Les yeux fermés, les mains crispées devant son visage, il ne sentait rien d’anormal, et ce n’était pas les plaintes des défunts qu’il entendait, mais le ton coléreux de sa future femme. Il ouvrit prudemment un œil. Tiens ? Il n’était pas mort.

    Il n’était pas cependant particulièrement dans son état normal, il ne comprenait pas bien ce qui se passait, encore sous le choc. Il saisissait tout juste vaguement le sens des paroles. Notamment qu’elle l’avait traité de mioche prétentieux, et la réponse partit plus vite qu’il ne le voulut.

    « Je ne suis pas un mioche prétentieux ! »

    Il avait la voix d’une souris écrasée, qui cassait tout effet.

    En se raclant la gorge, il tenta de reprendre un semblant de contenance, mais rien n’y fit vraiment, il se frotta la gorge comme s’il avait été étranglé, bastonné, torturé. Maintenant Elenor parlait sur un ton pour le moins cru à sa mère, et lui renvoyait ces fiançailles à la figure comme une gigantesque erreur. En traitant ces fiancailles comme une erreur, non seulement Elenor ne traitait pas sa mère avec le respect qui lui était dû, mais elle envoyait un véritable camouflet à la face des Venarii. C’était intolérable, mais après s’être fait catapulté contre le mur, il hésitait à clamer haut et fort son désaccord.

    Il n’empêche que les choses allaient très mal, ne tournaient pas comme convenu. Qu’irait-il dire à son père le soir venu ? Qu’il avait défendu l’honneur de la famille jusqu’au bout ? Ce serait un peu vain s’il n’intervenait pas maintenant et ne défendait pas Azira Jagharii qui était le seul partisan certain de cette union. Elle réclamait des excuses en plus, c’était tout à fait normal. Pas tout à fait remis du choc, Xander dit d’une voix encore trop perchée :

    « Je veux des excuses ! »

    Il se rendit compte que c’était puéril exprimé ainsi, il se rattrapa maladroitement en rajoutant :

    « … pour votre mère. Des excuses pour votre Mère. Pour votre Père, je préfère le voir moi-même si vous tenez à lui présenter le sujet. Après tout, c’est moi le fiancé. »

    Il avait enfin repris de l’assurance, mais ne s’était pas amélioré dans son jugement. Azira s’empressa de rattraper les choses avec le prétendant. Après tout Xander Venarii n’était pas un parti à perdre de vue, à jeter à la porte comme ca, il en était très conscient lui-même.

    « Pardonnez à ma fille, nous allons régler cette situation très vite. Laissez nous juste décider de cela entre nous, nous ne manquerons pas de vous informer. »
    « C’est vous qui voyez Madame. J’espère que votre Mari comprendra davantage où est l’intêret de sa famille que votre fille. »

    Xander Venarii s’éloigna de quelques pas, histoire d’être hors de portée des bras d’Elenor, même si elle pouvait toujours se jeter sur lui. Son expérience plus que récente le marquait un peu.

    « Et Mademoiselle, puisque vous m’avez demandé comment je comptais vous mater, je dois vous avouer que je ne sais pas encore comment, mais je suis doté d’une intelligence tout à fait suffisante pour trouver le meilleur moyen de faire de vous une épouse parfaite. Vous verrez, tout le monde vous en félicitera. Sur ce, je ne vois pas de raison de faire durer cette rencontre plus longtemps, j’en ai suffisamment entendu pour ma part. Je prends congé et j’espère vous revoir très bientôt madame. Et vous aussi Elenor, au moins pour la Cérémonie… »

    Il se dépêcha d’aller vers la porte à l’abri de ses Chiens et partit en coup de vent avant qu’Elenor n’ait pu répondre, la laissant frustrée et incapable de déverser plus encore son fiel.

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Noblesse bien remisée... [I/V]   Noblesse bien remisée... [I/V] EmptyDim 25 Avr - 15:12

    Elle aurait ri de son glapissement. Il avait eu peur d’elle, avait cru, peut-être même, qu’elle allait le tuer, là, devant tout le monde. Soit il la sous-estimait beaucoup, soit il était lui-même d’une bêtise qu’elle n’avait pas soupçonné. Elle s’en réjouit cependant, au fond, le cacha. Il exigeait des excuses, ce qui la refroidit tout à fait. Elle le considéra avec mépris, un sourcil haussé. Il avait bien tenté de se rattraper avec la fin de sa phrase, mais Elenor n’était pas dupe, elle avait bien saisi l’aspect puéril de la demande, ce qui ne faisait qu’appuyer ce qu’elle avait dit. Il n’avait rien à faire de sa mère, et son père, sans doute le considérait-il davantage comme un empêcheur de tourner en rond que comme une aura qui lui serait favorable. Elenor avait de qui tenir, et si elle ne lui devait pas sa violence, elle lui devait ses opinions, et son caractère bien trempé. L’homme vieillissait, mais l’avenir et le bonheur de sa fille était bien le seul qui fut encore en mesure de le faire sortir de ses gonds. Elle le regarda, les yeux plissés. Si elle l’avait pu, elle aurait sondé l’esprit du Blondinet, acerbe, vindicative. Elle était persuadée qu’il n’allait pas avoir le courage d’affronter Amarante Jagharii. Il était capable de glapir sous les menaces d’une femme qui n’atteignait pas même sa taille, dans ces conditions, comment pourrait-il se présenter devant le père de cette dernière ?

    Sa mère se précipita, papillonnant, pour rattraper les choses, pensant apaiser le prétendant d’un peu de miel. Elenor poussa un soupir, profond, puis ses poings se serrèrent de nouveau lorsqu’il prit la parole…
    Alors les menaces n’avaient pas suffit. Il s’accrochait. Elle fronça les sourcils, grinça des dents, puis son regard furieux suivit de près la fuite paniquée de l’homme. Il croyait réellement à ses chances. Il pensait réellement que viendrait un jour où il l’aurait comme épouse. Folie. A ce rythme, s’il vivait encore pour la nouvelle lune, il pourrait remercier Therdrone. La porte se referma sur les Chiens, ces incapables qui n’avaient pas réagi plus vite qu’une infirme. Elle fit alors volte face, opposant à sa mère un visage courroucé.
    « Je te préviens. Si vous persistez dans votre folie… » Elle parlait lentement, sa voix maîtrisée pour ne pas être trop forte. Elle était très sérieuse. « … Je le bute. »

    Livide, Azira Jagharii demeura quelques instants sans rien dire. Puis elle reprit consistance face à sa fille. « Ta quête est vaine, Elenor. Tu ne pourras pas continuer ainsi éternellement. » Celle-ci recula, le regard d’une froideur intense. Sa mère, profitant de l’accalmie, poursuivit. « Ton… ton histoire répugnante avec cet homme ce… cet aubergiste ne peut plus entacher d’avantage notre famille. »

    Elle retrouva alors sa voix et grinça, mauvaise : « N’abuse pas de ma patience, mère. Tu parles d’un homme bon, et il ne mérite ni tes insultes, ni celles de ce pédant freluquet. » Sa mère soupira, puis papillonna plus loin. « Je ne parlerais plus de ce bourgeois, dans ce cas, mais cela ne change rien au fait que tu épouseras Xander Venarii » Son regard, à son tour, se durcit. Leur ressemblance se fit alors plus flagrante. Finalement, peut-être était-ce de sa mère, qu’Elenor tirait sa dureté. Une dureté profonde, sous les couleurs, les gestes empruntés et les minauderies. « Tout est prévu, je me doutais bien de ta réponse… Aussi nous sommes-nous arrangés en ton absence. Je te l’ai dis, tout est entendu, et ton assentiment n’est qu’accessoire. »
    Elenor serra les poings. Puis elle opposa le gauche à sa mère. Celle-ci cilla. Elle n’aimait pas la vue de sa main handicapée. Non pas qu’elle fut disgracieuse, bien au contraire. Les médecins qu’ils avaient fait venir avaient fait des miracles d’esthétique. Mais c’était là une parfaite illustration de ce qu’Elenor abhorrait. C’était là quelque chose qu’elle devait en partie à sa mère. « Regarde la, mère. Regarde la. » Sa main droite vint saisir le visage de sa mère pour le tourner. Jamais elle ne l’avait touchée. Le contact la glaça, et elle la lâcha bien vite, mais à présent les pupilles noires d’Azira étaient posée sur les doigts immobiles. « Pour que ces phalanges demeurent gracieuses, acceptable pour le regard, j’ai du sacrifier toute une vie. Alors que vous auriez pu lui redonner sa vigueur, vous ne vous êtes attachés qu’à la peau, aux formes… » Peut-être n’était-ce pas une vérité absolue ? Elle savait, grâce à son père, qu’Azira avait insisté pour faire de sa main un membre visible. Cela ne signifiait pas que, défigurée, elle aurait été plus mobile… Mais ça en disait long sur les priorités de sa mère. « Ne trouves-tu pas que j’ai sacrifié assez de ma personne à la gloire des Jagharii ? Ne trouves-tu pas que les souffrances que j'ai endurées, qu’abandonner mon métier, et la seule chose qui savait m’équilibrer est un don suffisant ? » Elle s’approcha de sa mère, le regard brillant. Elle avait baissé le ton, mais sa fureur semblait plus grande encore. Sa voix tremblait. Elle abaissa sa main famélique et découvrit ses dents d’un rictus.

    « Ne seras-tu jamais capable de me laisser aller en paix ? Jamais, tu m’entends, jamais je ne sacrifierais l’homme avec lequel je vis à ton visage publique. Jamais je n’offrirais à l’un de ces godelureau ce que tu lui refuseras. » Elle recula, ses pas étaient désordonnés. Son catogan lui fouettant la joue, elle bondit presque, comme pour éviter un coup. « Je n’épouserais pas Venarii. Je n’épouserais aucun de ces hommes. Tu t’y feras. Je ne suis pas une valeur marchande, et crois moi, vous n’avez pas de quoi m’y contraindre. »

    Plutôt crever.

    Sa mère allait répliquer, mais elle n’en pu davantage et enfonça presque la porte. Un coup d’œil, elle se demanda dans quelle direction le Blondinet avait bien pu partir. Cette évaluation faite, haletante, elle partit à toute allure dans la direction opposée. Elle devait le retrouver, vite. Elle devait s’abriter.


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