L'Appel du Pontife Filialanël

[ Ce RP se déroule avant l'Enterrement du Peuple Olaril. ]

Kal'Berrik s'approcha du centre du demi-cercle que formait la foule. Les Olarils étaient venus nombreux, suite à l'annonce de ses prêtres un peu partout autour du campement. Il fronça les sourcils, un peu tendu. Cela lui faisait toujours cet effet lorsqu'il avait à parler devant une si grande assemblée, l'adrénaline gagnait le moindre de ses vaisseaux sanguins et le raidissaient, mais lorsqu'il laissait libre cours à ses propos, ce n'était plus lui qui parlait, il était transcendé, exalté, et faisait office de vecteur de la parole des Dieux.

Cette fois, les événements avaient empiré, et deux autre Olarils étaient morts. Des volontaires, qui avaient souhaité défendre leurs congénères et qui avaient péri sous l'assaut d'une meute de loups affamés et belliqueux qui n'avaient eu d'autre choix que de s'attaquer aux humains, acculés par la souffrance et la pénurie de gibier. Le Garde Oril et une poignée de chasseresse avaient tenté d'organiser la défense du camp comme ils l'avaient pu, mais cela s'était avéré bien trop insuffisant. Il manquait autre chose, une réelle organisation disciplinée, compacte, que n'était plus la Garde Olarile...

==> Conséquences de l'attaque des loups <==

Kal'Berrik se positionna face à la foule qui se tut progressivement. Derrière lui, il y avait quelques prêtres, mais aucun Grands Prêtres. Il n'avait pas fini la réorganisation de ses clergés, et avait donc choisi de prendre seul la décision. Les Olarils chuchotaient entre eux. Le Pontife ne s'était prononcé en publique que lors des grandes fêtes ou des occasions spéciales, et s'il prenait la parole après la mort des deux volontaires, c'était parce qu'i lavait quelque chose de vraiment important à dire. Et son positionnement désormais ouvertement hostile à Lysandre intrigait. Que réservait-il exactement aux survivants ?

Cette situation était encore une fois la cause de l'insouciance de Lysandre, qui avait dénigré son appel à la prudence en ne lui fournissant aucune réponse au sujet de la création d'une Garde suppléante, et qui ce faisant l'avait refusée. Il ne comptait pas la lui passer aussi facilement.

Kal'Berrik se racla la gorge, se raidit une dernière fois, puis laissa Aimar et Panpale, les deux dieux du discours, s'emparer de son corps.

- Mes amis, dit-il, je suis heureux de vous voir tous si nombreux réunis ici. Ce que j'ai à vous dire, malheureusement, comme vous le savez, ne tient en aucun cas de la réjouissance. Nous sommes confrontés à une crise grave.

Pause rhétorique.

- Vous le savez, vous, le Vrai Peuple, que les Dieux ont châtié l'Hirune au pouvoir, parce qu'elle s'est écartée de leur enseignement, qu'elle les a reniés, et qu'elle s'est détournée du droit chemin qu'est la pratique de la piété, le respect, l'humilité et le souci du bien-être de chacun d'entre-vous. Par ses rêves de gloire et de conquête, elle a causé plus de mal que de bien, elle a provoqué la colère des Dieux, les feux de la Gerax, et la disparition de vos proches !

Il fronça les sourcils, sont regard d'or se faisant terrible.

- Et voilà qu'il y a peu, dans une folle impulsion qui s'inscrivait dans lignée de ses agissements hérétiques, elle a refusé d'entendre la supplique divine, la requête que je lui soumettai et qu'elle refusa de prendre en compte. Voyez-vous, mes amis, depuis le début de notre deuil, je soupçonnait l'instabilité de la Garde Olarile, sa défaillance et son manque de cohésion. J'ai proposé à notre Chef, Lysandre, de m'accorder de fonder une Garde religieuse, qui aurait assuré votre sécurité avec zèle, efficacité et conviction. Mais, naturellement, l'Hirune a refusé. Elle a balayé d'un simple revers de la main ce que la Religion lui avançait, une fois de plus, une fois de trop !

Il secoua la tête, agitant son poing au-dessus de la tête.

- Et voilà qu'hier, comme vous le savez... Les loups affamés, ces chasseurs qui n'ont plus de quoi se nourrir dans les bois et les plaines, s'en sont pris à l'Homme, cet Homme qui a déjà tant souffert de la catastrophe, qui essaie de se retrouver et de reconstruire tant bien que mal... Deux des notres ont encore été tués, et d'autres ont été blessés. Et cela ne serait pas arrivé, mes amis, si la Garde religieuse avait été là. Cela ne serait pas arrivé, si Lysandre avait daigné accordé du crédit à la voix du Culte, à la requête du Pontife... A la volonté des Dieux.

Il s'appuya un peu plus sur sa canne dorée. Il exultait.

- Alors je vous le demande, mes frères ! Que se passera-t-il lorsque les Ilumbers désireront se venger du traitement qu'a fait subir notre Chef à l'un des leur lors des Jeux ? Que se passera-t-il encore, lorsque les loups passeront à nouveau à l'attaque, lorsque d'autres prédateurs encore en quête de chair et de sang, se mettront en chasse des Olarils... De vos femmes, de vos enfants ! De vos bébés !

Des gémissements parcoururent la foule.

- Nous ne pouvons plus accepter l'impertinence de l'Hirune. Nous devons prendre les choses en main, assurer la sécurité des nôtres, et ne pas se soucier des apparences. Alors, je fais appel à vous, Olarils ! La Garde religieuse est dès à présent déclarée comme officielle, et le Culte se passe totalement de l'accord de notre Chef, tout simplement parce que nous ne pouvons plus nous en remettre à elle pour cela.

Il inclina légèrement la tête.

- Que tous les hommes robustes et courageux, qui en ont assez de subir les fausses décisions de l'Hirune, qui désirent protéger les leurs, garder en eux l'esprit Olaril, la flamme divine qui anime le Vrai Peuple, s'en remettent aux Dieux et au Culte. Qu'ils viennent se proposer pour renforcer les rangs de la défense Olarile ! Cette Garde disciplinée, solide et convaincue n'hésitera pas à porter ses coups contre les assaillants, et procurera à son peuple un sentiment de sécurité qui est pour le moment inexistant.

Il marqua un long temps d'arrêt, avant d'achever.

- Il est temps de se réveiller, Olarile, et d'observer les choses telles qu'elles sont ! Je m'en remet à vous. Que les Dieux veillent sur vous !

Les Dieux abandonnèrent le corps du Pontife. Ce faisant, il s'inclina respectueusement devant l'assemblée, rejoignit ses prêtre, et s'éloigna sous le brouhaha de la foule.

» Le Pouvoir et le Culte (Le Pontife)