Les Tables d'Olaria
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Arngrim Edorta
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MessageSujet: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptyMar 27 Oct - 8:29

    Un chariot s’avance dans le campement de fortune des Olarils. Le son de ses roues qui crissent sur le sol est rythmé par le bruit lourd des pas de l’homme qui le tire, ses gros poings serrés sur les brancards, les muscles de ses bras tendus. Dans la charrette à bras, une femme, couchée sur une paillasse, elle-même déposée sur des bouteilles, vraisemblablement de vin.
    Tous connaissent le couple qui traverse le camp.
    L’homme est le frère de Laclaos, dont tous les plus de 40 ans se souviennent les bêtises d’enfance, et qui a travaillé, à un moment ou un autre, avec tous les maîtres de toutes les grandes familles d’Olaria. Il porte de terribles cicatrices au visage, mais elles ne sont pas dues aux feux de la Gérax, mais à un vieil accident, vite étouffé par la mort du chef et l’accès au pouvoir de Lysandre.
    Ce qui nous amène à la femme allongée qui, lors du même accident, fut gravement blessé et tomba dans un long sommeil dont elle ne s’était jamais éveillé. Et pourtant, elle était bien là, les yeux ouverts, en train d’observer la tristesse du décor qui les entourait.
    Arngrim et Róisín était un couple célèbre pour différentes raisons, mais leur passage à cet instant fut particulièrement remarqué. Beaucoup virent dans le rétablissement de cette femme un signe. Alors que tous semblaient avoir tout perdu, certains pouvaient malgré tout regagner quelque-chose.
    Le duo d’arrêta près de feu de camp, et Arngrim fit un appel.

    « J’offrirai une bouteille de bon vin à quiconque me suivra et daignera m’écouter ! »

    Il avait sur le visage ce sourire ni moqueur, ni rieur, juste sympathique. On lisait dans ses yeux la tristesse de voir ce qu’il était arrivé au fier peuple d’Olaria, et la fervente envie de redonner un peu de joie à tout ceux qui seraient prêt à en recevoir.
    Il renouvela l’appel à plusieurs reprises, si bien qu’une petite troupe s’aggloméra autour d’eux. Quant il estima qu’il y avait suffisamment de monde (et qu’il risquait bientôt de ne plus avoir suffisamment de bouteilles pour tous), ils reprirent la marche.

    « Aller jusqu’à notre objectif sera difficile, je le sais, mais le voyage compte autant que la destination » lança-t-il énigmatiquement.

    De fait, ils traversèrent une partie des ruines d’Arestim Dominae. La route fut longue, entre les éboulis à éviter, et les pleurs à éponger, mais les Olarils étaient fiers et suivaient malgré tout. Il y eut comme une éclaircie dans ce ciel gris de poussière et de suie qui persistait depuis des jours maintenant, tandis qu’il arrivait au bout du chemin : la Statue de Diron.

    Miraculeusement, celle-ci tenait encore en place, et alors que tout était détruit aux alentours, qu’il était même difficile de reconnaitre la place des Ires, seul ce point précis semblait avoir été épargné par la colère des Dieux. Diron était posé là, fièrement, pointant du doigt la direction d’où ils venaient, le visage amical et bienveillant.
    Arngrim conduisit sa femme sur le coté, et lui déposa un baiser sur la joue, avant de se tourner vers ceux qui l’avaient suivi. Un murmure toucha l’assemblée, tant certains firent le lien entre le visage des deux Edorta, l’ancêtre en pierre et celui présent, en cher et en os.

    « Diron Edorta, premier chef des Olarils, tirant son pouvoir des Dieux eux-mêmes. C’est ce qui est écrit au pied de cette statue. Peu d’entre nous peuvent le lire, j’ai eu la chance d’apprendre avec mon Laclaos mon frère, de Ferenc notre père, jadis, mais vous connaissez tous ces mots par cœur. »

    D’aucun acquiescèrent. Il était vrai que peu était les Olarils qui savaient lire ou écrire, hormis les grands prêtres, le Pontife et le Chef d’Olaria, bien sûr, mais tous connaissaient leur histoire et leurs origines.

    « Mes amis, mes frères, les Dieux nous ont parlé. Les signes ne manquent pas, et se multiplient même de jour en jour. Nul ne peut reconstruire, vous avez tous entendu parler des constructions nouvelles qui s’écroulent inexorablement, malgré tout le talent combiné des Pélégon, des Télaran et des Alagareth. La terre des Astar est souillée de pierres et de débris, brisant inexorablement leurs socs et faisant trébucher leurs chevaux. Je viens d’apprendre que les Khélan considèrent une bonne partie du poisson qu’ils parviennent à récupérer comme empoisonné. Et je ne parle pas des rangs des chasseresses Hirunes, décimées, comme l’a été ma propre famille, comme l’ont été toutes les familles. »

    Il marqua un silence, pour honorer la mémoire de ceux qui avait péri, puis repris. Tous firent de même.

    « Olarils, les signes sont là, mais ce ne sont pas les seuls, et n’allez pas croire que les Dieux nous ont abandonné. Ils nous montrent seulement un autre chemin. Róisín, ma femme, s’est réveillée miraculeusement à l’issue de ces terribles évènements. Et elle a rêvé, dans son long sommeil. Elle a vu un mouvement, un départ, et une direction. Elle a vu la Gérax, et à son extrémité, une intense lumière, une chaleur accueillante. N’est-ce pas un signe ? »

    Un murmure parcourt l’assemblée.

    « Mais ce n’est pas le seul. Regardez le ciel autour de vous, voyez cet inexorable gris. Maintenant, observez Diron. N’indique-t-il pas une direction lui-aussi ? Nous l’avons tous oublié, en construisant nous bâtisses si haut, mais regardez. »

    Tous se retournèrent dans la direction que pointait le sage Diron, et tous virent la Gérax, et le ciel au loin, bleu.

    « Oui mes amis, tout n’est pas perdu, loin de là. Les Dieux ne nous ont pas abandonnés, ils ont juste abandonné ces terres. On dit que l’Astar, Sineàd, aurait vu des choses elle aussi, et que certains prêtre ne voient plus rien dans l’avenir des Terres d’Olaria. Non, mes frères, les signes ne manquent pas. »

    Le brouhaha de la petite troupe attroupée était sans doute le plus important depuis le déchainement des Dieux, et les discussions allaient bon train. « Il a raison ! » disaient certains. « Il n’y a rien au-delà de la Gérax » affirmaient d’autres. Il se murmurait que si, il y avait les Dieux eux-mêmes…

    Entre temps, Arngrim avait porté et déposé sa femme sur le coté, elle était encore trop faible pour marcher, et il sortit ses bouteilles de sa charrette, pour les présenter à l’assemblée.

    « Olaria est morte, Vive le peuple d’Olaria ! »
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Mithra Edorta
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MessageSujet: Re: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptyDim 1 Nov - 21:29

La Quête de l'Orfèvre >> Une Nouvelle Direction


    - Elrick Paine -
    Il y avait déjà du monde lorsque Mithra parvint à la statue de Diron, claudicante, le jeune Elrick Paine dérisoire sous son fardeau. On disait que là-bas se dressait un homme, Arngrim Edorta, le frère du bon Laclaos, et que celui-ci avait de mystérieuses révélations à faire. Mithra songea alors que c’étaient là des choses tout à fait intéressantes, et elle était intimement convaincue que qui serait absent serait mis de côté lors d’une petite révolution. Arngrim n’était pas homme à parler pour ne rien dire, la Veuve le savait. S’il avait été discret jusque-là, veillant sur sa femme assoupie, elle connaissait l’homme pour être une personne fiable, et son intervention suscitait son intérêt. Le jeune homme l’avait suivie, docile, tandis que la Veuve crapahutait dans les décombres pour parvenir jusqu’à la statue.
    Sur place, elle s’étonna de la foule qui s’était massée, mais aussi et surtout du miracle qui se dressait : la statue du premier chef se tenait là, épargnée par le désastre. Son premier regard, le souffle court, fut donc pour l’édifice qui paraissait plus grand encore qu’auparavant, à présent qu’il n’était plus un seul bâtiment pour lui faire concurrence.

    Puis Arngrim prit la parole, et des murmures s’échangèrent. Mithra et Elrick, cependant, étaient murés dans un profond silence. Attentifs. Le jeune homme ne percevait pas l’intérêt des propos du vigneron, mais il était dans une démarche de mimétisme pur et dur, et il avait noté la soudaine concentration de Mithra. Celle-ci n’avait plus d’yeux que pour l’homme, qu’elle écoutait, ses sourcils bruns froncés, et le regard alerte. Ses propos l’interpellèrent, d’abord, car elle n’en voyait pas le but, puis l’idée se précisa, et elle se sentit tout à fait intriguée par ce qu’il avançait. En effet, la coïncidence qui faisait que Diron pointait la Gérax, ce ciel, bleu et apetissant que l’on entrevoyait par-delà les monts… C’étaient là de bien intéressants signes, mais Mithra n’en voyait pas la finalité. Envisageait-il de faire passer les Olarils de l’autre côté ? C’était une idée à mûrir, et surtout, il fallait qu’elle voie ce que les autres protagonistes de cet acte allaient en faire. Lysandre, Kal’Berrik… Tout à coup, elle eut envie de parler à son frère, de se confier et de recueillir ses confidences. Mais il avait été occupé, et ses visites avaient été trop courtes. Non ce qu’il leur faudrait, c’était une entrevue où ils échangeraient leurs projets, leurs idées. Elle voulait savoir ce que des hommes tels que lui étaient prêts à penser au sujet de tout cela.
    Mais pour l’heure, c’était Arngrim qui recueillait toute son attention. Arngrim qu’il faudrait interroger, son épouse qu’il faudrait saluer. Oui car ils avaient vu quelque chose que tous les autres avaient ignoré, et qui sait, sans doute l’auraient-ils ignoré bien longtemps encore. C’était un homme qui se montrait sous un nouveau jour, une nouvelle carte abattue, un nouveau joueur à table.

    C’est avec une certaine amertume qu’elle songea que chaque jour voyait naître son nouveau maître. Chaque jour voyait un homme se dresser, prêt à prendre des initiatives. Après le Pontife, le vigneron. Et après lui ? Lorsqu’il se tu, Mithra ne prononça pas un mot. Elle observa les Olarils qui se trouvaient à ses côtés. Certains l’avaient reconnue, dans l’assistance, et elle pu voir dans les regards effarés qu’ils posaient sur elle à quel point elle pouvait avoir l’air diminuée. Mais son regard n’avait pas perdu de sa force, et sous la cascade de cheveux noirs qui s’écoulait sur son épaule, elle réfléchissait très activement à la façon dont il lui faudrait prendre cette nouvelle donnée, et de quelle manière il lui faudrait… L’utiliser.

    Puis son regard croisa celui d’Arngrim. Un instant, elle resta silencieuse, ses yeux en amande plantés dans ceux de son beau-frère. Elle lui adressa un sourire, ainsi qu’un hochement de tête. Prenant appuis sur ses béquilles pour ne point perdre l’équilibre, c’était tout ce qu’elle avait à lui offrir.

    Elle voulut prendre la parole, puis, se ravisa, secouant la tête avec un sourire de démission. Elle adressa au jeune Elrick un signe de tête, et l’invita à la suivre alors qu’elle boitilla jusqu’à Arngrim. Elle ne voulait pas le dire devant tous. Il lui fallait poser à son beau-frère une question…
    « Tu penses que nous devons la traverser, Arngrim ? Tu penses que nous pouvons passer par-delà la Gérax ? » Elle plissa les yeux, puis pencha la tête de côté. « Elle s’est réveillée… Ton épouse s’est donc réveillée ? »

    Son épouse, elle était incapable de se souvenir combien de temps elle avait passé plongée dans l’inconscience. Le cœur étreint de l’affection qu’elle portait au couple, ainsi que par la tension que suscitaient ces nouvelles découvertes, elle fit un pas de plus, se retrouvant tout près d’Arngrim. Qu’il était bon de revoir ces visages familiers après de tels tourments… Qu’il était bon de pouvoir compter le nombre de survivants, après avoir pleuré les disparus. L’émotion était visible, dans les yeux de Mithra, et pourtant elle ne broncha pas. Si ses bras ne lui avaient été si utiles, elle l’aurait très volontiers étreint.

    Il fallait qu’ils s’entretiennent. Elrick s’était lui aussi avancé, récoltant quelques reproches alors que, maladroit avec son large fardeau, il bousculait quelques Olarils…




Dernière édition par Mithra Edorta le Lun 2 Nov - 20:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptyLun 2 Nov - 0:07

    Le discours d’Arngrim avait fait son petit effet, et il était très fier de lui. La distribution de vin allait bon train, et les Olarils commencèrent à s’égayer, au milieu des ruines. Le but n’était pas tant de trouver des ‘‘suivants’’ que de ramener un espoir dans le cœur des Olarils, malgré la désolation des lieux. Il laissa cela dit vite à Róisín la charge de poursuivre la distribution car il avait aperçu une personne dont il était heureux et fier de la présence : Mithra Edorta. Si la veuve de son frère était là et l’approuvait, il n’aurait plus un seul doute quand à la valeur de la tâche qu’il s’était donnée.

    « Mithra ! Je suis si heureux de te voir en vie ! Trop ont péris pour qu’on ne révère pas chaque survivant. »

    Il prit sa belle sœur dans ses bras pour une étreinte courte mais intense. Arngrim était un homme fort et chaleureux, mais pas brutal, et les Dieux savaient combien il savait y faire pour ménager une femme blessée. Il tourna son regard vers la sienne, qui souriait et parlait aux Olarils alentours.

    « Oui, Róisín s’est éveillée quand la terre a cessé de bouger. Si ce n’est pas un signe, ce n’en est pas moins un miracle ! »

    Il se tourna alors vers le jeune homme qui accompagnait la veuve. Il ne le connaissait pas, mais s’il était le chevalier servant de la noble femme, il méritait toute son attention. Il lui prit la main pour la lui serrer et lui tendit une bouteille.

    « Tiens mon garçon, bois-en peu mais bois-en bien si tu veux devenir un homme. »

    Il les invita ensuite à aller s’assoir sur des gravats, un peu plus loin, à l’abri des oreilles indiscrètes. Il regarda droit dans les yeux ses deux interlocuteurs, et abandonna son air jovial pour une voix plus grave et sérieuse.

    « Franchement, Mithra, je pense que nous n’avons tous simplement pas le choix. Je doute que tu ais eu le temps de parcourir la terre d’Olaria, mais moi je l’ai fait. Les champs des Astar sont inutilisable et leurs greniers souillés pour la plupart. Le sol est impropre à accueillir des plantations une fois le printemps venu. J’ai parlé aux Khélan également, et les Dieux ont étés sévères avec eux. Tous ceux qui se trouvaient en mer ont péris, la quasi-totalité de la flotte git au fond du Raun. Pire, le poisson et l’eau semblent avoir été viciés par des vapeurs échappées des profondeurs, près de la Gérax. Et je ne te parle pas d’Arestim Dominae, que tu as eu l’occasion de voir de tes propres yeux. Nous marchons sur les cadavres de nos pères et de nos fils, et les rats commencent à envahir les ruines… et tu sais aussi bien que moi ce qu’annonce la multiplication des rats… »

    Il soupira.

    « Le tableau est bien sombre, mais les Olarils sont bien suffisamment désespérés pour ne pas le dévoiler à tout le monde. Le départ n’est pas seulement une possibilité, c’est à mon avis un nécessité. Si nous restons, peut-être pourrons-nous survivre et reconstruire… mais au prix de combien de vies encore ? »

    Il retrouva son habituel visage jovial et aimable.

    « L’important est avant tout de rendre espoir aux Olarils. Peu m’importe, pour le moment, Lysandre et Nydearin, Kal’berik et le clergé ou même les anciens opposants, » il lança un regard amusé à la veuve, « il est juste urgent d’agir, et de bouger… et je ne m’avance pas non plus au hasard. J’ai rencontré des Télaran également, ton ancienne famille. J’ai rencontré ton frère, Mithridate, qui m’a conté son histoire, mais j’ai vu d’autres hommes, des rescapés, des survivants miraculés des mines d’hiver… et il semblerait que la Gérax soit transfigurée. Il faudrait envoyer des hommes en éclaireur, mais il se pourrait que la route de Bakarne, » il désigna de la tête la statue, « que la route que nous indique Diron, soit ouverte. »

    Il respira profondément et porta son regard amoureusement en direction de sa femme.

    « Et je crois aux visions de Róisín, au moins autant qu’elle croit en moi pour conduire les Olarils. »

    Puis il se tut et attendit la réaction de Mithra. Jusqu’alors, il avait suivi les choix de son père, et ceux de son frère. Ils étaient légitimes, ils étaient faits pour régner. Mais maintenant, tout avait changé. Lysandre était incapable de mener les Olarils vers la paix, elle était trop jeune, trop fière, trop impulsive. Kal’berik ne ferait que transformer les Olarils en des esclaves des Dieux, leur ferait perdre toute leur liberté. Et Mithra ne souhaitait pas régner, pas plus que Nydéarin ou que les autres… non, c’était lui qui était désormais l’héritier légitime du trône, c’était lui, Arngrim Edorta, fils de Ferenc, descendant de Diron et enfant des Dieux, qui avait la charge de conduire le peuple vers une nouvelle vie, vers la terre promise par tout ces signes. Nul ne pouvait s’opposer à sa destiné, et sa volonté était en cet instant et pour la nouvelle vie à venir aussi forte qu’il le faudrait. Il avait enfin trouvé ce pour quoi il était fait.
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Mithra Edorta
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MessageSujet: Re: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptyLun 2 Nov - 10:12

    La réaction d’Arngrim lorsqu’il la vit dans l’assemblée arracha à la Veuve Edorta un sourire, maigre consolation sur un tel visage. Elle était tout à fait d’accord, et hocha la tête, un peu émue. Puis son regard se porta derrière lui et elle reconnut Ròisìn. Elle fut coupée par l’étreinte de son beau-frère, et qui que brève, lui arracha un rictus de surprise. Mais il ne lui fit pas mal, et si elle perdit un peu l’équilibre, ayant affaibli sa prise sur la béquille tandis qu’il la tenait, elle fut surprise de la délicatesse de l’homme. Il avait fait ce qu’elle aurait aimé pouvoir faire, et s’en trouvait tout à fait émue. Puis son beau-frère s’intéressa à Elrick et Mithra ne pu retenir un rire en voyant le visage cramoisi de l’adolescent, tandis que celui-ci lorgnait sur la bouteille. Il adressa à Mithra un regard interrogateur, à quoi elle répondit d’un hochement de tête assortit d’un nouveau sourire.
    « Tu n’as qu’à poser tout cela ici, Elrick, pour l’instant nous faisons une pause. Profites-en, le vin d’Arngrim est un délice » Le jeune homme accepta donc volontiers la bouteille, et s’en fut avec un dernier regard, de peur que tout ceci ne soit qu’une vaste plaisanterie. Puis, rassuré mais les oreilles d’un rouge vif, il s’en fut avec sa bouteille la boire plus loin, en compagnie des hommes qui avaient déjà bien entamé le vin.
    Mithra le regarda partir avec un petit rire. L’adolescent maladroit l’amusait beaucoup, à la vérité, et sa présence parvenait à effacer un peu de sa peine. Il la divertissait, et l’aidait beaucoup. Oh, bien entendu, comme tout jeune homme de son âge, il était intéressé, mais cela lui convenait tout à fait. Elle ne prétendait pas remplacer l’affection de ses enfants… Quoi que dans leurs derniers instants, ils en aient cruellement manqué.

    Elle reporta un visage songeur en direction de son beau-frère, tentant d’affermir sa prise sur les béquilles. Son bras commençait à la lancer, aussi fut-elle ravie de pouvoir s’asseoir aux côtés du vigneron. La jambe raide et complètement coincée dans l’atèle, la position n’avait strictement rien de confortable, mais elle se massa les poignets, soulagée de ne plus avoir à compter sur eux, trop fins pour un tel labeur, pour tenir debout. Elle ne dit rien, car si son beau-frère était visiblement ravi de sa présence, il était conscient qu’elle avait besoin d’explications. Aussi les écouta-t-elle avec une certaine avidité. Ce qu’il avait à dire était non seulement très intéressant, mais d’une vérité tout à fait frappante. La situation du village était insalubre, elle le savait, mais le témoignage qu’il lui fournissait au sujet du reste du village la choqua quelque peu. Elle n’était pas encore suffisamment remise pour s’en rendre compte par elle-même, et l’équipée de la journée en coûtait déjà beaucoup à ses membres endoloris. Alors les champs avaient été saccagés… Et le Raun… L’idée que le clan Khelan avait perdu autant de fils que ce qu’il relatait lui arracha un rictus de souffrance. Leur propre clan avait été amputé, lui aussi. Mais les Edorta ne puisaient pas leur force dans le nombre, mais dans la culture et l’envie d’avancer. Les Edorta étaient de bons régents, des êtres alertes.

    Voici donc la raison pour laquelle il souhaitait s’en aller. Traverser la Gérax. C’était un moindre mal, et à la découverte d’un constat si sombre, elle ne pouvait que partager ses convictions. Aussi se contentait-elle d’acquiescer, buvant littéralement les mots de l’homme, comme les Olarils se gorgeaient de son vin délicat. Il avait tout à fait raison, demeurer ici leur coûterait encore de nombreuses vies. Trop de vies.

    La fin de ses propos la laissa songeuse. Elle regarda ailleurs, s’imaginant péniblement ce que tout cela pouvait signifier, concrètement. La Gérax était impressionnante, et la cause de tous leurs maux. Et il leur fallait se fier à elle pour leur avenir ? Cela ne serait-il pas plus proche du suicide collectif que de l’équipée salvatrice ? La veuve fronça les sourcils, puis releva vers lui un regard où le doute était très présent. Voyant le visage de son beau-frère reprendre son air chaleureux, elle se détendit quelque peu, les lèvres toujours un peu sèches. Elle n’avait rien répondu, et ne savait trop quoi répondre aux vérités qu’il venait d’énoncer. Quant à celles qui suivirent, elles lui arrachèrent un sourire amusé.
    Oui ils ne pouvaient s’offrir le luxe de se consacrer aux luttes intestines, et une fois le peuple en sécurité, il serait toujours temps de reprendre le combat. Mais un campement de fortune et des ruines étaient un bien pitoyable théâtre pour les intrigants. Mais cela, elle le savait elle qui s’était longtemps affichée à leur côté, signifiait faire taire les opposants. Le regard qu’il lui lança, amusé en les évoquant, renfermait même une certaine vérité. Qu’il était vain de se chamailler en pareil instant… Diron avait ouvert la voie, et il leur faudrait l’écouter, l’homme l’avait persuadée. Elle fronça les sourcils, Arngrim avait également pour lui les témoignages des mineurs et de Mithridate. Que faisait-il donc… Travaillait-il vraiment à cette quête, en ce moment même ?

    Alors son beau-frère se posa comme un énième prétendant au pouvoir. Quelque part, c’était là chose logique, puisqu’en l’absence de Xan et de Laclaos, et compte tenu du manque de clairvoyance de Lysandre, Arngrim était tout à fait légitime. Elle n’avait jamais vu le vigneron comme tel, et cela lui laissait une certaine amertume en bouche. Le réveil de son épouse avait changé beaucoup de choses. Et Mithra, qui avait été la représentante des opposants, digne, n’était aujourd’hui plus que l’observatrice impuissante de la levée de nombreux autres, plus dangereux encore que ceux qu’elle avait à contrôler. Ce n’étaient plus ses rangs, elle qui n’était plus rien. Elle regarda ailleurs, les lèvres pincées. Arngrim était un homme de bien, avec qui elle ferait à l’avenir, mais cela remettait en cause les ambitions de Kal’Berrik. Car s’ils voulaient reconstruire le village sur des bases saines, il leur faudrait l’affranchir d’être aussi dangereux que le Pontife. Sans cela, ils risquaient d’ouvrir une porte à l’aliénation du peuple qu’ils voulaient libérer… Que Mithra voulait libérer de l’incapacité d’un chef à gouverner. Car si l’entente avec Lysandre s’était améliorée, elles n’en demeuraient pas moins des ennemies. Et quelque part, Mithra avait l’impression que sa présence serait une protection de plus pour l’Hirune. On avait besoin d’adversaires imposants et nobles, pour vivre… Car c’étaient là les seules protections que l’on avait afin de se protéger de ceux qui pouvaient se montrer plus imprévisibles. Et pourtant, Mithra n’était pas devenue une opposante factice, car dès que l’occasion se présenterait, et que leurs débats auraient lieu sur un terrain plus sain, Lysandre et elle se retrouveraient presque comme à l’origine.

    La veuve conserva le silence quelques secondes, songeuse, puis releva vers Arngrim un regard affermi.

    « Tu les conduiras par-delà la Gérax, mais après ? » La question était simple, et pourtant elle soulevait un problème de taille. Que ferait-il, lorsqu’à nouveau la question de la régence se poserait. « Dans un premier temps, il nous faut mettre un terme à certaines… À certains dangers qui menacent… »
    Comment dire cela ?
    Elle fronça les sourcils, et se pencha un peu en direction du vigneron, la voix basse et suave. « J’ai mis de côté certaines ambitions, Arngrim. Pour le moment, il nous faut suivre un tel idéal. Mais il est des êtres dangereux qui se sont dressés, et qui menacent de causer nombre de troubles. Des êtres qui pourront mettre Lysandre en péril, mais pas seulement. Nous aussi. » Elle déglutit, se souvenant de l’impression de malaise qu’elle avait eu face à Kal’Berrik. « J’ai prévenu Lysandre. Le combat aujourd’hui n’a plus d’intérêt... Mais il est des charognards qui sont d’ores et déjà prêts à se repaître de chaos. »
    Elle secoua la tête, les poings serrés sur ses genoux, et les yeux parcourant les ruines. Des corbeaux volaient en nuages dans les lieux désertés des ruines. Mais d’autres rôdaient déjà entre les tentes. « Les opposants tels que moi sont morts ou préoccupés par le deuil… Imagine, alors, quels peuvent être ceux qui se sont levés depuis. Ils sont bien plus dangereux que nous ne l’étions, et il ne suffira pas de les ignorer pour mener tes projets à bien »

    Et quelque chose lui disait qu’ils ne tarderaient pas à tendre l’oreille. Car déjà elle voyait des Olarils tituber en direction du campement. Elle fut parcourue d’un frisson. Leurs projets devaient en tenir compte, sans quoi ils allaient à leur perte.


Dernière édition par Mithra Edorta le Lun 2 Nov - 20:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptyLun 2 Nov - 16:11

    Tandis qu’elle distribuait les dernières bouteilles, Róisín tendait son regard vers son époux. Celui-ci le vit, et lui fit un signe de tête presque imperceptible. Arngrim ne voyait qu’un réel frein à son ambition : son amour pour son frère, Laclaos. Il était bien sûr mort, mais il considérait que c’était en Mithra que survivait au plus proche sa volonté. Et elle l’approuvait. Les derniers doutes n’étaient plus, oui, il était légitime, lui qui n’aurait dû être que le second, et c’était en fait la finalité de tout ce qui était arrivé pendant toutes ces années. Tout ce qu’il avait vécu, tout ce qu’il avait appris, toutes les amitiés qu’il avait liées n’avaient de sens que dans ce glorieux avenir.

    « Mithra, sache déjà que nous sommes fier de t’avoir à nos cotés. Tu n’es pas qu’une pièce rapportée, tu es une véritable Edorta, plus que ne l’ont jamais été nombre de mes frères et de mes oncles. Si tu as besoin d’aide pour quoi que ce soit, notre port… et bien, notre tente te sera toujours ouverte. »

    Il étouffa un léger rire. Il était important de rire. Si l’on se laissait aller à la mélancolie, les Olarils perdraient tout espoir, et il allait sans doute en falloir pour traverser la montagne, pour marcher vers l’inconnu.

    « Mais revenons-en à nos moutons… pour ce qui est des charognards, le mieux serait qu’ils restent ici et qu’il pourrissent avec ambitions, chef d’une terre morte-vivante, mais j’ai bien peur qu’aucun d’entre eux ne nous laisse en paix. Quant à Lysandre, il ne faut pas oublier que c’est encore une jeune femme. Pire, c’est une jeune Hirune. Je suis certains qu’elle ne souhaite rien d’autre que prouver sa valeur à tous… La manière forte, l’opposition, la rébellion ne peuvent que la braquer encore et encore, la poussant dans ses retranchements, vers des erreurs de plus en plus graves. Non, je pense que la seule solution se trouve dans la conciliation. »

    Lysandre n’avait pas appris à diriger, comme lui l’avait fait, indirectement. Elle n’avait pas appris à connaitre les Olarils. C’était une chasseresse. Il n’y avait qu’à lui faire comprendre, parler son langage… si l’on ne voulait pas arriver à des extrémités stupides. Elle était intelligente, et elle finirait par comprendre où se trouvait le bien du peuple.

    « Et puis, tu sais, les signes ne manquent pas, mais bien fin serait celui qui serait capable de dire si les Dieux nous indiquent un quelconque dirigeant. Ils ne m’ont pas plus désigné qu’ils ont réellement puni Lysandre. Elle ne serait plus de ce monde aujourd’hui autrement. Non, nous n’avons qu’une direction, qu’une terre promise inconnue aux confins du monde, où peut-être rencontrerons-nous les Dieux eux-mêmes, de retour parmi les Hommes… qui sait ? Et quand bien même ils resteraient silencieux… la destination compte moins que le voyage, et c’est là qu’il sera temps de se montrer sous notre meilleur jour. Ensuite, c’est la voix du peuple qui prévaudra. Laclaos a désigné Lysandre comme chef d’Arestim ? Soit. Elle n’a nul droit ni sur les terres des Ilgéraxans, ni sur la terre promise. »

    Arngrim avait la volonté de faire que les choses arrivent, que les choses bougent, que les choses se fassent. Il était légitime dans ses ambitions, il avait l’intelligence, il avait le savoir, il avait les soutiens qu’il faudrait. Il ne fallait plus que le montrer à tous.

    « Mithra, tout ira bien. »
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MessageSujet: Re: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptyLun 16 Nov - 8:48

    Mithra écouta longuement ce qu’Arngrim avait à répondre à ses questions, à ses craintes. Car oui, aujourd’hui la veuve pouvait lui sembler soucieuse, sous son masque de retenue et de dignité. Sa pâleur, ses lèvres blanchies par ses dents, et ses yeux qui semblaient vieillis et épuisés… Elle se sentait gagnée par l’immobilisme, et c’était pour lutter contre cela qu’elle avait emporté le jeune Elrick et entreprenait telles fouilles. Aussi se mura-t-elle dans un silence presque contrit, en écoutant Arngrim et ses plaisanteries. Il était un très bon orateur, et elle s’en voulait d’avoir ignoré pareil état de fait avant le drame. Mais avant… avant l’homme était abattu, au chevet de sa femme, sans d’autre visions que celle du coma et de l’attente. Mais à présent que le couple renaissait dans le chaos et la mort, elle le découvrait, lui le frère du chef, qui au fond de lui n’aspirait qu’à reprendre le flambeau de son sang. Mithra ne le regarda pas, et s’efforça de donner à son visage des expressions assez réactives, un sourire lorsqu’il plaisantait, car ce n’était pas déplacé, ni désagréable, de l’entendre rire de leur sort, puis une moue décidée lorsqu’il se montrait plus ferme, et, de temps à autre, elle acquiesçait. Mais malgré tout cela, il n’était pas possible d’ignorer ces yeux noirs, plongés dans une vision qui n’était visible que d’elle. Une vision secrète. Une vision intime, celle de sa propre chair. Et si sa bouche faisait bonne figure, le masque n’était pas complet, et à la fin, dans le long silence qui sépara la fin des propos d’Arngrim et sa réponse, il était visible que sa mâchoire se crispait grandement.
    Cependant, elle prit une profonde inspiration, et ferma les yeux un instant, se détendant. Puis elle posa une main légère et mal assurée sur l’avant-bras d’Arngrim. Elle le regarda alors, le regard ferme… fort dans sa grande faiblesse. Car ces deux points d’un noir profond et inexorable avaient quelque chose de très étrange, sur cette femme diminuée. Elle était une Edorta, il avait raison, mais en cet instant, elle avait plus encore l’air d’une Télaran. Ses cheveux d’ébène qui s’écoulaient sur son épaule, encore épargnés par l’âge et son blanc insidieux, son visage d’une grande pâleur, sa peau laiteuse sous laquelle l’on devinait le réseau de veines, sa bouche étroite et surtout ses yeux. Un regard droit et franc sous ses sourcils, celui de l’artisan régulier et déterminé. Puis sa main serra un peu plus le bras du vigneron, et elle secoua la tête, quelques mèches venant onduler sur son front. Le masque venait de changer, et à présent, il semblait presque dangereux tant il était sur de lui. Pas pour Arngrim, mais pour d’autres, pour une cause qui naissait en son sein, et qu’elle ne dévoilerait guère.

    « Je n’ai pas peur » Affirma-t-elle simplement, sa voix comme un souffle, basse et grave.
    Puis elle cilla et lâcha le bras de l’homme, et s’agita quelque peu sur son séant. Sa jambe la faisait souffrir, et finalement il n’était que la position allongée pour lui convenir tout à fait. Elle glissa une main dans l’attelle, ne dévoilant de sa souffrance qu’un rictus de dents blanches, puis se massant, elle parvint à rendre plus diffuse la douleur. Elle releva alors un regard adoucit sur les hommes qui se tenaient en face, plaisantant, les yeux rougis et les pommettes roses. Le miel du vigneron faisait effet, et s’il y en avait pour qui le deuil remontait, tous s’efforcaient de se montrer forts. Et parmi ces hommes, l’adolescent maladroit, qui n’avait guère tardé à être réellement éméché. Il fit sourire Mithra, et elle leva le menton en sa direction, puis parla, sa voix blanche et distante.

    « Moi aussi, j’ai des projets. » Ses yeux se détachèrent alors du jeune homme pour fixer le frère de Laclaos. L’homme ressemblait bien à son grand frère… Mais ils avaient quelque chose de très différent. Sans doute était-ce du au fait que Laclaos, toute sa vie durant, n’avait été vu que comme un futur chef. Arngrim était ce que Laclaos ne savait être qu’avec elle seule, dans leur chambre. Il ne savait sourire ainsi que leurs mains liées et sur de leur solitude. Oh bien entendu, l’homme n’était pas un chef strict et froid, mais il y avait dans ce qu’il laisser fuser de sourires et de rires quelque chose de maîtrisé, sans arrêt. Elle hocha la tête, un sourire aux lèvres. Cela ne faisait pas si longtemps qu’il était mort, et les évènements lui avaient presque fait oublier ce deuil, le premier et finalement l’unique, celui qui avait fait d’elle une combattante au lieu d’une mère, et, surtout, d’une épouse. Elle fronça les sourcils, et un instant, il sembla qu’elle fut sur le point de pleurer. Mais elle se maîtrisa habilement, ravala ses larmes, et parvint à afficher un visage relativement positif. « Tu ne me faciliteras pas les choses… » En partant, pour ses projets… Il lui fallait se raccrocher à leur conversation, car ce qui était passé en elle, le temps d’observer Arngrim, devait se cacher en son sein, car c’était là son seul ennemi réel, à présent que Lysandre et elle s’étaient laissées bercer par cette trève, qui finalement lui mettait un peu de baume au cœur. Non, ce manque essentiel devait rester sien, car c’était tout ce que l’Hirune n’avait pas su lui prendre, et au fond d’elle, quand bien même il s’était passé entre Laclaos et Lysandre des choses qu’elle ignorait, elle savait que jamais il n’avait eu cet amour et ce regard pour l’Hirune. Il ne souriait pas, le soir où il lui confia que la jeune femme avait du potentiel, avant de la nommer.

    Elle secoua quelque peu la tête, passa une main sur ses yeux pour s’assurer qu’ils ne pleuraient pas, discrètement, puis ramena ses cheveux en arrière et s’éclaircit la voix : « Quand comptes-tu nous faire partir, Arngrim ? Il va te falloir convaincre certains marionnettistes si tu aspires à un tel changement. »
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MessageSujet: Re: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptySam 21 Nov - 20:36

    Arngrim regarda Mithra, l’observa même, tandis qu’elle le tenait et qu’elle lui parlait. Son regard, sa bouche, ses épaules, mais il ne sembla pas voir son trouble, il conserva de bout en bout ses yeux vifs et chaleureux et son sourire amical. Il acquiesçait, opinant de la tête, et se perdit dans ses réflexions, à la dernière question de la veuve.

    L’Edorta se leva et fit quelques pas vers la petite foule qui s’égayait un peu plus loin. Eux seraient du voyage, ils étaient déjà gagnés à sa cause, à n’en pas douter. Les familles et amis suivraient assurément, mais que faire pour tous les autres ? Malgré les difficultés, certains continuaient de s’échiner à tenter une reconstruction. Mais pouvait-on les en blâmer ? Les Olarils avaient toujours vécus sur ces terres après tout, et avait toujours dû vivre avec. Quelques soient les catastrophes qui survenaient, les créatures qu’ils rencontraient, les chefs qui se succédaient, ils avaient toujours su maitriser Olaria. Pourtant, il semblait à l’homme, tandis qu’il scrutait l’horizon, tandis qu’il observait la Gerax, qu’il voyait ce ciel si particulier, que les choses avaient définitivement changées. L’exode serait long et difficile, peut-être même mortel pour certains, mais ils parviendraient jusqu’au bout du monde, et là… il y aura quelque-chose.

    « Pour tout t’avouer, je crois que beaucoup resteront derrière. »

    Il se retourna vers Mithra, l’air désolé mais déterminé tout de même.

    « Certains refuseront, d’autre ne pourront tout simplement pas se lancer dans une aventure pareille. J’ai même peur qu’il n’y ait qu’une poignée de fous pour accepte de me suivre. Des fois, la nuit, je m’imagine marchant seul, dans une Gerax sombre et hostile, allant vers la lumière. Mais ce genre de rêve, ce ne sont que les épreuves que nous imposent les Dieux pour tester notre volonté, pour que nous puissions prouver notre valeur. »

    Il regarda sa femme, toujours incapable de remarcher. Ses jambes avaient faibli pendant son sommeil. Chaque jour, elle travaillait, elle s’entrainait pour pouvoir suivre son mari. Pour pouvoir courir dans la même direction. Mais elle restait prostré là, souriante malgré tout, au milieu des Olarils éméchés, qui sautaient et dansaient autour d’elle, inconscient de ce qui pouvait se passer dans la tête du couple.

    « Nous partirons une fois le soleil du printemps installé, et les dernières neiges fondues. J’attends un messager Télaran, en fait. Je ne crois pas que les circonstances nous autorisent de tempérer plus avant notre départ. Reste à convaincre le plus de monde possible d’ici là. »

    Il revint s’assoir à coté de Mithra.

    « Pour tout te dire, je pensais commencer par Lysandre, et je crois qu’elle saura entendre mes arguments. J’ai entendu dire qu’elle se relevait, et je crois qu’il n’y a pas une seconde à perdre. Si je gagne, ne serait-ce que temporairement, notre bien-aimée chef à ma cause, je crois que tous les Kal’berrik du monde pourront toujours dire et faire ce qu’ils veulent. Ensuite, et bien, nous n’aurons qu’à aviser… »


    Quand nous aurons abandonné les impotents, les couards, les malades, les vieillards, les enfants en bas âge, et les conservateurs, se dit Arngrim intérieurement, quand nous aurons traversés des terres dont nuls sauf les Dieux ne sont jamais revenus vivants, quand enfin nous parviendront à la Terre Promise… alors, il serait temps de parler à nouveau de politique. En attendant, il fallait se montrer sous son meilleur jour et faire les bonnes choses aux bons moments.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle direction   Une nouvelle direction EmptyLun 30 Nov - 12:46

    Mithra l’écoutait, les yeux fixés sur Elrick, plus loin. L’idée de laisser beaucoup d’Olarils derrière eux la laissait amère. Et pourtant, il fallait être lucide. Il était impossible de parcourir la Gérax avec le peuple tout entière. D’une part parce que nombre d’entre eux se montreraient réticents à l’idée d’abandonner ce qui était toujours leurs terres, et d’autre part parce que l’état physique de beaucoup d’autres les condamnaient à l’immobilisme. Mithra, pour sa part, n’avait plus rien à perdre. Elle baissa un peu les yeux, pour les relever, brillants, lorsqu’il se retourna vers elle, louant les Dieux, évoquant les épreuves qu’ils leur imposaient. A ces mots, Mithra serra les poings. Ses rapports aux dieux n’étaient pas vraiment cordiaux, ces dernières jours. Elle pinça ses lèvres. « Les Dieux se rient de nous » C’est tout ce qu’elle dit. A voix basse. Peut-être même trop pour qu’Arngrim ne comprenne tout à fait ce qu’elle avait dit. Elle leur en voulait pour les traitements infligés à ce peuple qui avait été le sien par procuration. Car avant, lorsque Mithra n’était pas encore cette ombre, elle était mue par un réel amour des Olarils, quoi que certains de leurs choix l’avaient déçue. A présent, ils n’étaient plus que cadavres et êtres mutilés, abattus. Quoi que le vin d’Arngrim tendait à renverser la tendance. Il faudrait plus que du vin à Mithra, pour se laisser aller à rire. Elle suivit le regard d’Arngrim pour le poser sur son épouse, et sentit son cœur s’étreindre. Que n’avait-elle Laclaos à ses côtés… Que ne pouvait-elle glisser ses petites mains dans les siennes, comme ils le faisaient, enfants. L’homme avait toujours été là, et du jour de son départ, tout était allé de travers. La déchéance de ses fils, la sienne, les complots, les intrigues. La Mort.

    Pour la suite, elle se contenta d’acquiescer, simplement. Tout lui convenait, y compris se rapprocher de Lysandre. Elle s’apprêtait à dire quelque chose qui le surprendrait sans doute beaucoup. Elle prit une profonde inspiration, puis se passa deux doigts sur les lèvres. « Lysandre aura besoin de notre soutien comme nous aurons besoin du sien » Confia-t-elle à Arngrim. Elle hésita à poursuivre, car elle savait pertinemment que ce qu’elle s’apprêtait à dire pouvait lui couter cher. Elle saisit le bras d’Arngrim et le serra : « J’ai parlé à Lysandre. Je me suis rendue à son chevet, dès que je fus en mesure de me tenir droite. » Le ton était celui de la confidence. Elle s’était approchée de lui, ses yeux noirs brillant d’une lueur intense. « Je l’ai prévenue des menaces qui planent sur elle. Je lui ai dis… » Elle déglutit, puis regarda ailleurs. Si Mithridate l’entendait, s’il était à la place d’Arngrim, quelle serait sa réaction ? Elle poursuivit cependant, parlant plus bas encore. « Je lui ai en quelque chose offert mon allégeance, le temps que tout cela se tasse. » Un rictus découvrit alors les dents soignées de la veuve. « J’ai pactisé avec mon ennemie, Arngrim. » C’était une confidence, qu’elle faisait pour la première fois. Avec Elrick, Arngrim était à présent le seul qui était au courant de ce qu’elle avait fait. Elle-même, parfois, se demandait ce qui lui avait pris. Puis elle se souvenait, invariablement, de la conversation qu’elle avait eu avec Kal’Berrik. L’homme la hantait, son visage, ses imprécations la laissaient moite, telle une enfant impressionnée. Elle était présentement faible, et elle devait se reconstruire, sans quoi ce genre d’individus la dévorerait. Devait-elle aller plus avant dans les confidences ? Elle décida de se lever. Cela lui arracha un rictus de douleur, et l’espace d’un instant elle fut sur le point de perdre l’équilibre. Elle récupéra sa béquille puis regarda le sol, quelques instants. « Je crois que j’ai eu peur, en fait. » Soupira-t-elle. Puis ses yeux effleurèrent le sac plein des outils abîmés, et elle se souvint de ce qu’elle avait à accomplir. Elle pouvait le lui demander, à lui. Il était un homme fort, habile, et elle le savait très adroits. Après tout, il avait les bases de l’art de forger. Elle tituba un peu, tentant de trouver un appui confortable, en vain.

    « Arngrim, pourrais-je te demander un service ? » Ayant les mains prises, elle indiqua d’un geste de la tête le fardeau du jeune homme. « Ce sac contient de nombreux outils dont j’aurais besoin. La plupart sont inutilisables pour l’instant. Je… Est-ce que tu penses pouvoir y faire quelque chose ? » En échange, elle pourrait toujours le lui réparer quelques bijoux qui pourraient leur être précieux, à lui où à son épouse. Si elle voulait se remettre au travail, elle avait un besoin essentiel de tout cela. Tout comme elle avait besoin de travailler, de sentir le métal céder sous ses doigts, de lui imprimer ses émotions, ses angoisses. Elle avait besoin de cet exutoire. Espérant que son beau-frère accepte, elle se tourna, bancale, en direction d’Elrick, qui n’avait pas manqué de remarquer que la Veuve se tenait debout. Elle reporta ses yeux sur Arngrim, les lèvres pincées.

    « Je crois que nous allons nous en aller, soupira-t-elle. J’ai un peu surestimé mon endurance » Et ce n’était pas là un mensonge, ses bras tremblaient, tout comme ses jambes. Elle ignorait grâce à quelle miracle elle pouvait encore tenir debout. Le jeune homme, quoi qu’un peu îvre, vint la soutenir, la soulageant immédiatement. Elle accueillit son aide avec un soupir soulagé, puis lança à Arngrim un regard interrogatif. Accepterait-il de l’aider ?
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