Les Tables d'Olaria
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 Veille sans faste pour une femme aimée

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Luminara Hirune
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MessageSujet: Veille sans faste pour une femme aimée   Veille sans faste pour une femme aimée EmptyDim 25 Oct - 22:32

Luminara ne voulait pas parler de calcul. Ni de comptes. Pourtant, mentalement, elle avait dressé une liste de ceux qui n’étaient plus. Sorastrata et elle n’avaient fait qu’apprendre des décès. Leur maigre consolation résidait en ces noms qu’on leur soufflait. Untel disait qu’il avait vu passer Gwyddion. Elles pensaient avoir aperçu la chevelure flamboyante de Zeljar. Après, il faudrait retourner là-bas, dégager les corps de ceux qu’elles avaient aimé, les ramener et les inhumer avec ce qui leur était dû.

Le visage de Luminara n’exprimait que la plus profonde tristesse. Encore sale, ses vêtements déchirés en plusieurs endroits, des yeux sans malice, Luminara n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle avançait en quête de survivants mais chaque nouvelle endolorissait son deuil… S’arrêter à chaque tente, demander qui l’occupe, demander si des Hirune ont été aperçus. Ça en devenait presque une routine. Tout à coup, un avertissement : « Les prochaines tentes contiennent les corps qui ont déjà été ramenés par les Olarils ». Luminara se tourna vers Sorastrata. Elle puisa du courage dans le visage ridé de sa grand-mère, puis souleva le rabat de la tente suivante, couvrant son nez pour ne pas remettre à l’odeur.

Côte à côte, de nombreux Olarils reposaient. Quelqu’un avait visiblement eu pitié de toutes ces dépouilles, parce que les visages étaient essuyés. Le sang séché avait été lavé, les yeux fermés, les bras positionnés le long du corps ou sur la poitrine, en fonction de la position finale de la personne. Avec une rapidité qui la surprit elle-même, Luminara balaya du regard les six personnes allongées. A la cinquième, un sanglot la secoua.

- Non !

Son cri de détresse accompagna son mouvement vers le corps. Sans aucune retenue, elle se jeta à genoux aux côtés de sa tante, la mère de Lysandre. Oh, Hésione, pourquoi ? La douleur envahit tout le corps de Luminara. Le coup était rude : elle ne s’y attendait pas. Sa réaction en fut d’autant plus violente. Ainsi, une fois de plus, on lui prenait ce qu’elle avait de plus cher. Quand donc la liste de ce qu’elle perdait prendrait-elle fin ? Elle n'en pouvait plus. Elle était au bout. Sans oser toucher au corps de la défunte, elle cacha son visage dans ses mains, recommençant à pleurer. Elle n’aurait pas cru que ce serait possible. Ça devait aussi être d’épuisement. D’ailleurs, les larmes ne jaillissaient pas en abondance, elles étaient comme sèches et arides, creusant de longs sillons à leur passage, ravageant le visage déjà terne de la jeune femme.

Secouée de tremblements, se balançant d’avant en arrière dans une lamentation sans fin, Luminara regarda le visage de celle qui avait remplacé Ebanelle pour la petite fille qu’elle était. Celle qui l’avait prise sous son aile. Celle qui lui avait redonné l’amour maternel nécessaire. Mille souvenirs traversaient son esprit. Le jour où elle l’avait rencontrée, celui où elles avaient chassé ensemble, celui où elles s’étaient perdues lors d’une traque, celui où elle lui avait offert la peau d’ours, celui où elle lui avait parlé de ses ennuis avec les finances du foyer, celui où elle lui avait dit qu’elle aimait la voir danser,… Ce fut à cet instant qu’elle se rendit compte que seul le visage de sa tante était propre, mais que le reste de son corps restait maculé de sang. D’un geste nerveux et incontrôlé, Luminara enleva la peau d’ours qui couvrait ses épaules et commença à frotter vigoureusement la peau de la défunte. À aucun moment l’idée ne l’effleura que son action était peut-être inutile. Dans sa tête résonnait la complicité de leurs rires. Maudits ! Maudits soient les dieux qui avaient permis tout ce qui arrivait !

- Pourquoi ?

Seule, elle était seule. Ebanelle était folle. Sorastrata voulait mourir. Jezabel marchait sur les pas de la vieille. Sa tante était morte. Elle lâcha la peau d’ours et plongea son visage contre la poitrine de sa tante. De longs sanglots la secouèrent. Puis, elle se releva et recommença à arranger le corps de sa tante. Seule, seule, seule. Abandonnée. Avec une soudaineté qui la surprit elle-même, Luminara eut une conscience aigüe de la présence de Sorastrata à ses côtés. Au travers de ses larmes, elle tenta d’articuler quelque chose à l’adresse de sa grand-mère, mais elle n’y parvint pas. Elle ne contrôlait vraiment plus rien. Elle pleura de plus belle puis, vaincue, se tourna vers la matriarche :

- Tu trouves qu’il y a… qu’il y a quelque chose de… de beau ou de noble dans la mort, grand-mère ? Tu… tu aurais voulu ressembler à… à ta fille ?

Les idées se mélangeaient complètement dans la tête de Luminara. Une confusion sans fin. Des yeux perdus, en quête désespérée d’amour.


- Réservé Sorastrata -
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Sorastrata Hirune
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MessageSujet: Re: Veille sans faste pour une femme aimée   Veille sans faste pour une femme aimée EmptyMer 28 Oct - 11:25

Grand-Mère se comportait comme une idiote. Dans la partie de son esprit qui pouvait encore obéir à la logique, elle s’en rendait bien compte. Elle avait pris à peine quelques heures de repos dans la tente de Lysandre, et pourtant elle repartait déjà à l’épuisement. La course pour échapper à la fureur des montagnes semblait déjà lui avoir retiré ses forces, et pourtant elle voulait encore y puiser. Parcourir le camp de long en large, ne jamais s’arrêter de marcher, de demander à droite et à gauche, épuiser ses yeux à essayer d’apercevoir le moindre signe des Hirune…Sorastrata ne sentait plus rien de ses membres et son souffle arrivait à son bout, mais elle ne voulait pas s’arrêter. Elle savait que le moindre temps d’arrêt se prolongerait, que si elle se posait ne serait-ce qu’un instant, elle s’évanouirait de fatigue. La seule sensation qui subsistait était la douleur lancinante dans son mollet gauche ; un bout de bois avait fait une canne de fortune, pour lui permettre de marcher, mais bientôt elle n’aiderait plus guère. Quelque part dans un coin de l’esprit épuisé de la vieille femme, au milieu du chagrin sans forces, de la tourmente faiblissante des pensées inquiètes, le bons sens lui disait qu’elle paierait cher pour cet effort : une fois sa détermination passée, son corps cèderait, et sa vieillesse en garderait la trace.

Mais elle n’écouta pas cette voix, cet instinct qu’elle avait suivi toute sa vie, et emplit son âme d’une seule nécessité : elle devait les retrouver, elle devait sauver tous ceux qui pouvaient encore l’être. Et à chaque fois qu’elle posait les yeux sur le visage attristé de Luminara, elle trouvait un peu plus de hargne pour faire taire sa fatigue : son enfant était là, cette enfant merveilleuse à qui elle devait bien plus que la vie, ravagée par la souffrance. Grand-Mère n’avait pas le droit de céder à sa douleur ; pas avant que Luminara ne soit guérie de la sienne.

Entendant l’avertissement, Sorastrata fit un sourire ferme et fatigué à sa petite-fille, prétendant d’avoir des forces afin de lui en redonner, et elles entrèrent dans la tente. Pendant un instant, tandis que Luminara inspectait les corps du regard, la vieille Chasseresse céda à sa fatigue. Reprenant son souffle, elle toussa discrètement et sentit sa tête tourner, ses jambes se dérober sous elle ; s’agrippant vivement au piquet de la tente, elle s’appuya de l’autre main sur sa canne et secoua la tête, les dents serrées. Le cri étouffé de Luminara acheva de lui redonner ses forces, pour quelques minutes encore.

Elle voulut retenir sa petite-fille, la prendre dans ses bras et détourner son regard du terrible spectacle qui lui avait arraché cette plainte. Mais sa jambe faiblit de nouveau et la ralentit de nouveau. Elle ne put que voir Luminara se jeter sur un des corps et lever ses propres yeux pour en voir le visage. Et lorsque Sorastrata vit de qui elle s’agissait, elle eut l’impression d’être pétrifiée, frappée par la foudre. Grand-Mère se retrouva soudain clouée sur place, comme si le châtiment qui venait de s’abattre sur elle l’avait véritablement percutée. Elle ne put s’évanouir, elle ne put fondre en larmes ou se répandre en lamentations.

Pendant toute la castrophe, tout au long de leur fuite éperdue, des heures d’attente auprès du corps endormi de Lysandre, de leur recherche lasse à travers le camp, elle avait été guidée par un espoir fou, au départ ténu, mais que la nouvelle du sauvetage du Chef avait fait grandir. Elles avaient commencé par survivre, elle et Luminara, épargnées par la colère des Dieux : malgré ses terribles fautes, Sorastrata n’avait pas été terrassée et avait gardé auprès d’elle son enfant. Puis elle en avait retrouvé une autre et son espérance s’en était trouvée ranimée, encouragée : elle avait cru alors que les dieux feraient preuve de clémence, qu’elle pourrait retrouver d’autres de ses filles et fils. Bien des Olarils avaient perdu la vie, bien des Hirune, mais ceux qui étaient les plus chers à son coeur étaient encore vivants. Encore guidée par sa ténacité, elle croyait dur comme fer qu’elles allaient bientôt retrouver Jézabel, Gwyddion, Maël et Zeljar, Hemric, même Limna et Garret…

Sa fille. La chair de sa chair, elle qui avait fait sa fierté, qui lui avait donné de si beaux petits-enfants…Ce n’était pas en tuant Sorastrata que les dieux avaient pris leur vengeance, ce n’était pas en lui enlevant les Chasseresses, ses élèves, ni les Olarils, ni le village d’Arestim. Elle avait sous ses yeux la punition pour ses péchés, une autre de ses filles perdue à jamais par sa faute. Luminara demanda pourquoi, d’une voix déchirée, et Grand-Mère supplia les dieux, pendant un instant, qu’ils prennent son autre fille et lui rende celle-ci. Qu’Ebanelle meure et que son enfant si précieuse revienne à la vie.

Tant de choses s’entrechoquaient dans son coeur, tant de chagrin, de rage et de culpabilité, qu’elle aurait voulu hurler, s’arracher les cheveux et verser toutes les larmes de son corps. Elle aurait voulu déchirer la tente et fracasser le crâne de ceux qui l’entouraient, eux qui avaient encore leur fille. Elle aurait voulu devenir folle, perdre la tête et s’enfuir dans la forêt, que les bois l’engloutissent et dévorent son chagrin.

Sa fille, son enfant si douce, si pieuse, sa petite guérisseuse, cette femme qui avait été une si bonne mère, qui l’avait tant surpassée, sa fierté, sa vie, était morte. Jamais elle n’avait offensé les dieux, aucun péché venu de son coeur n’avait pu la condamner à ce sort. Les dieux lui avaient pris le fruit de ses entrailles, pour la punir de ses péchés. Sa fille si parfaite était morte par sa faute.

Mais Sorastrata ne put que rester paralysée, abrutie par la surprise et le chagrin, trop épuisée pour exprimer son tourment, trop faible pour faire autre chose que pleurer silencieusement. Elle eut un haut-le-coeur et voulut s’écrouler, que la vieillesse la prenne et qu’elle dorme, pour ensuite se réveiller de ce cauchemar. Puis elle entendit les pleurs de Luminara. Les longs sanglots et les cris de souffrance étouffés, les spasmes agitant son corps frêle. Son enfant si brave, si forte, sa petite-fille qui l’avait sortie des griffes de la folie et du suicide…Elle était à bout, la vue du corps de sa tante lui avait pris ses dernières forces et menaçait de la laisser exsangue, détruite. Sa question fit trembler Sorastrata.

Egoïste. Vieille égoïste. Pas de souffrances, pas de deuil pour toi.

Avec une précipitation maladroite, elle voulut marcher jusqu’à elle. Elle faillit trébucher et sa canne tomba. Mais plutôt que de se baisser pour la ramasser, la matriarche se redressa. Elle fit taire les protestations de sa jambe infirme, de son corps épuisé par les heures de marche. Avec peine elle marcha jusqu’à la silhouette prostrée de Luminara et la prit dans ses bras. Il n’y avait plus aucune vigueur dans ses bras noueux et son étreinte fut légère comme un souffle. Avec des gestes délicats, privés de leur poigne habituelle, elle amena la tête de sa petite-fille sur son épaule et la laissa pleurer. Elle-même laissa couler des larmes silencieuses et vint murmurer à l’oreille de Luminara ; Grand-Mère aurait voulu prendre un ton rassurant, mais la fatigue et le chagrin avaient cassé sa voix et enroué ses paroles. Elle ne pouvait plus qu’espérer que ses mots portent suffisamment de tendresse.

Pardonne-moi, ma chérie…J’avais perdu l’esprit, j’étais aveuglée par la peur et la culpabilité. J’étais folle, je ne pensais plus qu’à moi…Pardonne-moi.

Elle voulut serrer la jeune femme plus fort et donner du poids à ses mots, mais ses bras étaient trop faibles. La vieille femme tira un peu plus sur sa voix : elle voulait désespérément que Luminara entende les mots qui allaient suivre.

Mais je suis revenue, maintenant et plus jamais je n’essaierai de m’en aller, je te le promets. Je suis revenue et c’est grâce à toi, ma fille. Je ne t’abandonnerai jamais, je suis là…c’est fini, maintenant, je suis là…

Elle répéta ces mots à voix basse comme une litanie, comme autant de mètres du lien qu’il lui faudrait pour atteindre son enfant et la ramener de sa détresse. Elle ne pouvait supporter l’idée de laisser le moindre de ses enfants au chagrin, mais elle se rendit peu à peu compte que c’était Luminara qu’elle supporterait pas de perdre. C’était à elle qu’elle avait avoué ses fautes et ses faiblesses, c’était elle qui l’avait ramenée du gouffre, elle qui l’avait portée sur son dos au travers du désastre. Elle qu’elle avait méprisée toutes ces années, sous couvert d’une affection magnanime. C’était à Luminara qu’elle devait le plus de choses, et en cet instant elle était la personne la plus importante au monde.

Sorastrata ouvrit les yeux et son regard tomba sur le visage blafard de sa fille. Le reste du corps était encore souillé de sang et de poussière, et en suivant le labyrinthe des blessure, l’on devinait les endroits déformés où la pierre l’avait meurtrie. Grand-Mère fut à nouveau assaillie par la douleur ; avait-elle souffert ou la mort avait-elle été clémente ? Etait-ce un éboulement qui l’avait tuée ? Etait-elle restée prisonnière sous les décombres des heures durant, attendant en vain les secours ? Avait-elle hurlé à l’aide, avait-elle fini par perdre l’espoir ? Avait-elle tenté de s’échapper ? Elle voulut regarder ses mains, poussée par une curiosité macabre, un désir désespéré de savoir, comme si elle se devait de garder son enfant dans son esprit, même par les pire pensées. Les larmes de la vieille femme redoublèrent et elle détourna les yeux.

Tu es si forte, ma chérie, dit-elle en relevant le visage de Luminara, caressant sa joue avec douceur. Elle parla d’une voix douloureuse à travers les sanglots qu’elle ne pouvait plus retenir. Si forte…Tu ne le penses peut-être pas, mais je le sais : tu es plus forte que moi, que ta mère, que tes cousines. Tu n’as jamais laissé le chagrin aigrir ton cœur, tu n’as jamais cédé, jamais faibli.

Toutes avaient succombé au deuil et à la rancœur. Erymanthe était parti et Sorastrata avait délaissé ses filles ; Ebanelle ne s’en était jamais remise, et lorsque Tarak lui avait été enlevé à son tour, elle avait sombré dans la folie. A son tour, elle avait délaissée son enfant ; Jézabel avait elle aussi connu le deuil, et s’était jetée dans les bras de Panpale, sans jamais plus réussir à se débarrasser totalement de son influence. Mais malgré le départ de sa mère, malgré la mort de son mari et de son enfant, malgré la désapprobation qu’attirait la danse, Luminara n’avait jamais pris le chemin de la Chaume. Envers et contre tout, elle avait gardé son équilibre et était restée douce et bonne. Plus que d’affection, la voix de Sorastrata vibrait de fierté ; il ne restait plus rien de son mépris, hormis la culpabilité qu’il laissait.

Mais derrière sa tendresse, au fond de son âme, la douleur rôdait encore, ses griffes toujours aiguës et meurtrières. Et avec elle l'épuisement et l'incertitude, la peur de voir sa famille décimée, la crainte de l'avenir et le désespoir, la lucidité de l'instinct, qui lui disait que le répit ne durerait pas, que bientôt les Olarils en reviendraient à s'entre-déchirer. Et la culpabilité, encore et toujours, la honte que le châtiment des dieux avait entérinée. En dépit de ce qu'elle assurait à sa famille, rien n'était certain, et Grand-Mère craignait encore que les dieux ne la punissent d'avantage, que ses proches soient terrassés pour ses péchés. Malgré ses promesses, Sorastrata ne savait combien de temps son courage tiendrait, combien de temps elle pourrait résister à ces doutes. Le corps de sa fille avait balayé son espoir, et pour le remplacer, l'amour pour sa petite-fille avait ranimé son devoir. Mais pour combien de temps encore ?

La vieille Chasseresse refoula encore le chagrin dévorant son cœur. Regardant Luminara droit dans les yeux, elle chuchota, mi-impérieuse mi-suppliante.

Je ne t'abandonnerai pas. Je ne vais pas te laisser partir…je suis là et je ne vais pas te laisser partir.
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MessageSujet: Re: Veille sans faste pour une femme aimée   Veille sans faste pour une femme aimée EmptyMer 11 Nov - 15:52

L'écho de ses propres mots résonnait dans l'esprit de Luminara. Elle voulait entendre une réponse, n'importe laquelle. Une certitude à laquelle elle pourrait se raccrocher, retrouver ses esprits. Alors, Sorastrata la prit dans ses bras. Le cœur battant, Luminara oublia un instant où elles étaient, ce qu'elles faisaient, que sa tante était morte. Pendant une poignée de secondes, il n'y eut plus que les bras qui l'entouraient. Dans cette étreinte maternelle, Luminara prit pleinement conscience de ce qui venait d'arriver.
Elle avait perdu sa mère.

Étrangement, ce fut vraiment le fait de ressentir la tendresse de Sorastrata qui lui permit de se reprendre. Et que dire d'autre? Que c'était injuste? Que Luminara n'avait plus de mère ? Que sa tante ne devait pas mourir si jeune ? Sa tante n'avait rien à faire ici. Elle ne pouvait pas être morte. Ça ne lui allait pas d'être morte. Elle était trop vive, trop aimée, trop attentive, trop complice, trop joueuse, trop sensible, trop souriante, trop chasseresse, trop présente, trop admirée, trop accomplie... elle était trop tout pour être morte.
Les paroles de Sorastrata atteignirent bien moins Luminara que ses gestes. Pourtant, ses mots redonnèrent l'espoir à la jeune femme. Ils furent la lueur désespérément attendue, au bout d'une longue nuit d'errance. Son monde ne s'écroulait plus. Les débris demeuraient en suspens, comme si le simple fait de savoir qu'elle n'était peut-être plus seule, abandonnée, pouvaient inverser le processus et reconstruire ce qui était avant.

Luminara n'avait pas quitté Sorastrata pour être sûre qu'elle ne reperde pas ses esprits. Et là, sa grand-mère lui promettait de ne jamais l'abandonner. Jamais... Ce mot se répercutait à l'infini dans la tête de la Chasseresse. Ne jamais dire jamais. Luminara n'avait plus de cœur. Les restes qu'elle conservait ne voulaient pas si vite être mis en jeu. Les exposer de nouveau, pour n'en récupérer qu'une bouillie informe et massacrée ? Luminara hésita. Commencer à cicatriser pour tout arracher plus tard ? Un long moment, elle resta immobile, la tête sur l'épaule de sa grand-mère. Non, elle ne supporterait pas un nouvel abandon. Ni un mensonge.

À ce moment-là, Sorastrata lui dit qu'elle était forte. Ce fut une surprise sans nom qui se peignit sur les traits de Luminara. Jamais elle n'aurait cru qu'un jour, ces mots-là sortiraient de la bouche de sa grand-mère. La sensation qu'elle avait trop perdu demeurait. Jamais Luminara n'avait encaissé pareil désastre. Pourtant, à entendre, dans une tente où planait la mort, les mots de sa grand-mère, elle se dit qu'elle pourrait tout de même affronter les lendemains...

Dans un sursaut de volonté, Luminara inspira, puis décida que oui, elle allait faire confiance à Sorastrata. La force avec laquelle sa grand-mère avait parlé ne pouvait être feinte. Ni oubliée. Elle redressa la tête en tendant une main :

- Alors, c'est une promesse, grand-mère ?

Un sourire, même, timide. Le premier depuis tellement longtemps qu'elle en avait mal. Elle pariait sur l'avenir, sur ce qui pouvait arriver. Après tout, si elle ne risquait rien, elle n'obtiendrait rien non plus.

Avec le même plaisir ressenti lorsqu'on fait fondre une douceur culinaire sur le bout de la langue pour mieux en conserver le goût, Luminara se rendit compte qu'elle n'était pas seule. Elle n'échappait pas à la confusion et ses idées n'étaient certainement pas claires, mais avec la même force avec laquelle elle avait pensé être abandonnée, elle recommença à espérer. Et à envisager sous son angle habituel ce qui l'entourait.

Immanquablement, ses yeux se posèrent sur la dépouille de sa tante. Elle reprit sa peau d'ours en murmurant l'évidence, pour se donner une contenance :

- Il faudra de l'eau et des linges propres.

Sa pensée suivante fut pour Lysandre. Savait-elle seulement ? Luminara décida qu'elle ne serait pas celle qui le lui annoncerait. Ce serait trop dur pour elle. Elle passa la main devant ses yeux et essuya son visage. En fait, Sorastrata venait de lui rendre la foi. C'était aussi simple que ça. En revanche, il lui faudrait longtemps pour pardonner aux dieux. L'envie de les maudire se faisait plus forte d'heure en heure. Repoussant ces pensées, elle se tourna vers la vieille femme, autant détruite qu'elle par les derniers événements. Elle serra affectueusement les mains ridées et veinées de mauve.

- Merci...
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MessageSujet: Re: Veille sans faste pour une femme aimée   Veille sans faste pour une femme aimée EmptyMer 18 Nov - 9:03

[RP fini, le sujet peut être utilisé par les Hirune qui viennent rendre hommage à Una, mère de Lysandre, ou pour la pleurer.]
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