Un temps pour jouer, un autre pour regarder [libre]

Fête de réjouissance, ambiance à faire tourner les têtes… Voilà l’univers de Heh, là ou l’odeur de l’alcool sucré se mêle aux rires des adultes qui redeviennent enfants, et il s’y complaît, y jouit et y a une grande place. Il est là, acculé à un mur par une troupe festive d’enfants, leur contant les exploits d’Utpala La chasseresse contre le tigre d’ébène. Le voilà qui mime un arc, lance des flèches avec tant de précision que cela semble réel. Ses lèvres produisent le son de la flèche qui fend l’air, le voilà qui change de stature, se fait félin, puis provoque l’illusion de tomber par terre, meurtri à l’épaule. Les enfants acclament, sont stupéfaits, crient, surpris, émerveillés. Les adultes, au deuxième rang suivent ses mouvements, souriants, interloqué par cet individu au masque doré, couvert d’un voile noir brodé d’or mimer ce conte venu d’autres contrées que moins de la moitié connaissent. Voilà sa voix qui s’élève, plaintive et douce, et il se répond lui-même, adoptant une voix aiguë de femme, mais terrible et franche. Vient la fin de la représentation scénique, le publique enthousiaste acclame, une révérence et il relève son masque. Certains partent, d’autres s’approchent, proposent un verre de vin, réclament un chant, les enfants posent des questions, souvent absurdes auxquelles le saltimbanque réponds toujours le sourire aux lèvres.

Le revoilà de nouveau seul, qui se faufile au travers de la foule, s’ébouriffant d’une main les cheveux, baillant de par la fatigue accumulée le long de cette semaine. Ah, la ville ! Implosion d’ardeur, explosion de frénésie ! Tout était pourtant si calme, quelques minutes auparavant… On priait, silencieux, puis tout a explosé, avec le bruit du tonnerre et la rapidité de la lumière. Ses sens ne sont pas encore amoindris par l’alcool alors que certains ont déjà le nez rouge et le plancher est déjà usé alors qu’il n’a pas encore entamé une seule danse. Mais ce sera pour plus tard, le récit la fatigué, il lui faut récupérer. Quelques fruits chapardés, engloutis puis suivit d’une rasade d’eau. Hors de question de commencer à se saouler maintenant, sinon il ne pourra plus mettre un pied devant l’autre pour valser. Danser, oh, qu’il en meurt d’envie ! Cette foule trépidante et piaffante l’empli d’énergie. Hégoa, tu es félicité, ton peuple te le montre, et Heh en fait partie. Pour toi il tanguera, chantera, contera tes histoires et ta beauté, mimant ton ventre rond et ta démarche gracile. Mais pour l’instant il cherche. Quelque chose à faire, à voir. Finalement, il finit par s’asseoir aux pieds d’un mur, accaparé à décortiquer un fruit juteux dont le nectar coule sur ses avants bras dénudés, si l’on excepte les fins anneaux d’or qui les enserrent, provoquant une délicieuse mélodie à chacun de ses gestes. Divin fruit, si sucrée que tout semble fade à côté de toi… Que ta chair épaisse est fraîche, ta pulpe dans laquelle il mord le séduit… Ah, les fruits d’avant l’hiver sont délectables, comme les femmes en ce jour, qui se sont parées toutes plus élégamment les unes que les autres… Il plisse les yeux, les regarde, leurs courbes et le froissement de leurs jupes, leurs fins bras et leurs cheveux qui volent au vent… Il les aime, c’est certain.

Luminara est arrivée assez tardivement à la fête d’Hegoa. Amatrice des réjouissances et des délices accompagnant les manifestations du genre, elle n’aime pas arriver trop tôt. Non, la danseuse n’aime arriver que lorsqu’elle est sûre que la fête battra son plein. Au moment où elle posera ses pieds légers dans le Mausolée, elle veut être certaine d’y trouver ce qu’elle attend : étourdissement général, liesse partagée et manifestations artistiques. Oh, bien sûr, ce ne sont là que les piètres mots qui se forment en premier lieu dans son esprit déjà excité par la perspective d’une fête. Malgré son vocabulaire précis et travaillé, Luminara est incapable de mettre des mots sur cette myriade d’impressions, ce charivari qui emplit toute sa tête et qui semble vouloir la perdre au détour du nombre infini de sensations. De toute façon, qui s’intéresserait aux états d’âmes d’une danseuse ?

Son passage des portes devant les prêtres n’est bientôt plus qu’un souvenir, et la danseuse se retrouve dans son élément, au cœur de la cérémonie dédiée à Hegoa. Avant de se mêler définitivement à la foule, Luminara observe avec un plaisir non feint les nombreux participants de la fête. Son regard oscille rapidement d’un groupe à l’autre, sans s’arrêter à un endroit en particulier. Elle ne veut qu’un regard global. Ce qui lui permettrait de danser avec son public…Son cœur palpite de joie, et Luminara vacille sous l’émotion que lui procure la foule chamarrée. Elle se sent au bon endroit, au bon moment. Elle s’approche d’un pas décidé vers les musiciens qui jouent sans se permettre de pause. Luminara les connaît bien, ce sont eux qui l’accompagnent toujours dans ses envolées dansantes. Quelques gestes échangés, la mélodie se termine sur trois coups d’archet et démarre la première danse de la danseuse. Une courte pièce pour commencer, Hegoa lui soufflera plus tard le nombre de compositions qu’elle aura à produire ce soir…

Luminara a préparé un vêtement bariolé avec lequel elle est arrivée. Sa carnation assez foncée s’accorde particulièrement bien avec les couleurs chaudes qui parsèment sa tunique légère, faite de coton. Un bandeau écarlate couvre son front et ses cheveux sont en liberté, en honneur à la déesse au ventre plein.

Les premières notes s’échappent des instruments, et Luminara commence à danser sans plus de cérémonies. Les gens forment aussitôt un cercle distant autour d’elle, ravis de la voir commencer de si bonne heure ses chorégraphies. Le sable du Mausolée assourdit le bruit des pas de la danseuse, qui semble non pas vouloir s’élever vers le ciel, mais bien communiquer l’allégresse, le plaisir et l’euphorie. Elle se hausse sur la pointe des pieds et continue ses enchaînements en accélérant la cadence petit à petit. Elle ne veut pas spécialement époustoufler son public, même s’il s’agit d’une des conséquences de ce qu’elle est en train de faire, mais réellement l’emmener dans une dimension divine, où n’ont plus cours les réalités tangibles du monde. Elle veut réjouir ses spectateurs, ne pas les laisser regretter d’avoir interrompu une conversation pour la regarder. La danseuse virevolte et se cambre sans arrogance, avec désinvolture même. Elle s’affranchit de toute limite physique ou humaine.
Elle danse.

Luminara finit par se retrouver près des tables portant les victuailles pour se remettre d’aplomb. La soirée est loin d’être terminée ; elle vient à peine de commencer. Elle a déjà été félicitée, et cherche tranquillement un groupe avec qui commencer à bavarder. Sans se hâter, Luminara tend l’oreille, et saisit les bribes d’une conversation entre deux hommes dont elle jurerait qu’ils viennent de la famille Khelan. L’un est artiste, l’autre responsable des entrepôts. Leur conversation n’a rien de rieur ni de particulièrement attractif, mais Luminara a fixé son choix. Filhakan lui pardonne, il s’agit encore d’une de ses fantaisies. La danseuse elle-même est incapable de se les expliquer. Sans se départir de son calme, elle s’approche d’eux mais une Garthésia la prend de vitesse. Luminara sourit devant la démarche peu assurée de la femme et finit par se tenir à leur hauteur :

- Sorcière et méchante bête… seriez- vous encore perdu dans votre histoire, monsieur le conteur ? A moins que l’alcool vous ait déjà tourné l’esprit, comme à notre herboriste ?

Le ton n’a rien d’agressif, il est joyeux, prêt à s’émécher, dans ces circonstances de délire partagé…

*C’est un artiste, faut pas chercher à comprendre ces gens là* fut une dernière pensée structurée d’Yren. Par la suite tout s’enchaîna à une vitesse folle…
L’explication de cette étrange réflexion se trouve dans les deux remarques qu’Heh Lemidor avait faites un peu plus tôt, concernant son admiration pour Laclaos et sa « pseudo relation amour-haine avec Lysandre ». L’humour étant un concept assez difficile à appréhender pour Yren, les deux commentaires du musicien furent compliquées à comprendre et, quand la lumière se fit dans son esprit, la teneur même du message laissa perplexe notre géant. Ce qui l’amena à cette réflexion ô combien véridique.
Et alors que, manquant totalement de tact, il allait faire part de ses pensées à son compagnon, Kermaat apparut à ses côtés, apportant avec elle ses courbes. Yren stoppa alors net, la bouche à moitié entrouverte et se tourna vers la nouvelle arrivante, qui manqua s’affaler sur lui. Il ne put que rire bêtement au calembour qu’elle lança et il la suivit du regard tandis qu’elle s’approchait de l’autre Khelan. Alors qu’il réfléchissant à quelque chose de cohérant à répondre à cette Garthesia qui semblait se plaindre de sa grandeur arriva une quatrième comparse en la personne de Luminara et notre héros en fut si déstabiliser, qu’encore une fois, il ne pu que se tenir la bouche ouverte sans rien dire, autant pour répliquer à Kermaat que pour répondre à la taquinerie de Luminara. Les idées se bousculaient dans son esprit autant que les mots dans sa gorge et, comme le pensait Heh, on ne se refait pas, il ne deviendrait un orateur génial ici à cet instant. Surtout pas avec l’alcool qu’il avait déjà consommé.
Ce fut donc son lointain cousin qui entreprit de faire la causette à ces deux charmantes demoiselles et accessoirement, de le louanger sur sa grandeur phénoménale. Yren ça ne le dérangeait pas vraiment. Il voyait Heh se lever doucement et entreprendre, en expert, de séduire l’herboriste et cela le réjouissait. Les gens heureux le rendaient heureux lui aussi. Le conteur se retournant ensuite vers la nouvelle arrivante pour la flatter elle aussi. Désirant ne serait-ce que connaître le nom de la jolie demoiselle, Yren se leva maladroitement et se rapprocha lui aussi de la danseuse. Après les commentaires sirupeux d’Heh, il se présenta en esquissant une courbette mal exécutée :

- Bonsoir, je m’appelle Yren. Je ne crois pas t’avoir déjà rencontrer… mais je t’ai déjà vu dansé par contre! Et c’est très bien, presque autant que l’histoire qu’a raconté Heh tantôt!

Ne s’imaginant pas que ses propos pourrait être mal interprété en raison de cette rivalité latente, Yren se pencha encore plus en avant, si bien qu’on pouvait apercevoir le dessus de sa tête. Il rajouta en se relevant, pour faire bonne figure :

- J’espère que je pourrai te voir ce soir, j’ai manqué ta première représentation!

Fier de ces paroles pourtant bien banales, il se fendit d’un large sourire et regarda en direction de l’autre femme. Ne la connaissant elle aussi que de vue (mais cette vue l'avait laissé très désireux de mieux connaître la belle dame) il s’enquit aussi de son prénom tout en pliant ses genoux de façon à être à sa hauteur.

- Voyez, il n’est pas nécessaire de recourir à de sombres stratagèmes pour pouvoir discuter face à face, lança-t-il d'un ton amusé

Heureux d’avoir prouver qu’il avait compris les remarques humoristiques de Kermaat sur sa taille peu commune, Yren se placa légérement en retrait, attendant certes les réactions des deux dames mais observant surtout, comme plus tôt, la débauche de couleurs qui s’offrait à lui; les visages souriants d’Olarils heureux et les coloris chatoyants de feux de joie allumés pour l’occasion. Avoir une conversation suivit avec des presque inconnus n’était décidément pas vraiment dans ses cordes…

[Désolé pour ce post très moyen (ok mauvais), mais j’ai préféré le posté plus tôt car je risque de ne pas pouvoir me connecté avant quatre ou cinq jours et je ne désiarait pas vous bloquer]

(te sous estime pas, il est bien ton post ^^)

Les gloussements dignes d'une pintade euphorique vinrent accompagner l'aimable aide qu'apporta le Saltimbanque envers Kermaat, qui semblait certes tout à fait ivre et inconsciente, mais qui avait cependant l'habitude des fêtes, assez pour garder raison et esprit, en quantité suffisante pour savoir ce qu'elle disait, mais suffisamment pour détruire ses complexes.
Elle avait un grand sourire, plein de dents et les rides qui serpentaient le contour de son unique oeil visible s'étaient accentuées lorsqu'elle le plissait, face aux mots teintés d'humour de Heh. C'était cela qu'elle aimait aussi dans les fêtes, les célébrations telles que ce soir, c'était si agréable. Mais entra en scène la Danseuse, l'Hirune. Kermaat n'appréciait pas ceux de cette Famille, mais n'était pas assez détachée de la réalité pour aller le crier sur tous les toits. Et malgré l'alcool dans le flux de ses veines, si doux et si fluide, si chaud et si plaisant, bien plus que l'appartenance à la famille Hirune, ce qui fit mal à l'Herboriste, ce fut son corps. Ce beau corps, si bien sculpté d'une danseuse, et les compliments du Troubadour accentuèrent les rides d'expression autour de sa bouche. Les mots blessèrent Kermaat, les accusations de son penchant pour les herbes, même dites avec tant de sourires, la touchèrent de plein fouet.

Bien qu'elle souriait encore, car c'était la fête d'Hégoa, et qu'elle faisait semblant d'être plus attirée par le récit de chasse que contait un homme aux cheveux blancs, derrière l'Hirune, l'oeil valide de Kermaat se fit terne une fraction de seconde, avant qu'elle n'éclate de rire. Les mots du Si-Grand Pêcheur furent comme un îlot en pleine mer, venant juste à point avant qu'elle ne sombre vraiment, et elle le remercia sans mot dire, intérieurement, de lui apporter de quoi oublier le goût amer de la jalousie envers toutes celles qui entraient dans son champ de vision. Elle posa sur l'épaule du Géant une main qui parut minuscule, ce qui la rendit hilare de nouveau, et s'empressa de saluer l'Hirune avant de parler.

" C'est bien plus plaisant comme ça. Ou mon cou serait cassé avant la fin de la soirée, à trop lever la tête pour chercher tes yeux !"

Lança l'Herboriste, et eut un haut le coeur. Prononcer le mot "oeil" était une raison suffisante, mais l'alcool était fort, chez les Olarils. Pour faire passer le tout, et devant l'égoïsme du Rusé, Kermaat s'approcha de la table, attrapa avec beaucoup de dextérité, étonnante sans doute pour qui la croyait ivre morte, trois verres pleins. Offrir un verre à une Hirune ne pourrait pas lui faire trop de mal, mais son amabilité s'arrêterait là, sans doute. Elle présenta l'une des boissons à la Danseuse, et évita ses yeux. La jalousie lui brûla la langue.
En présentant le second verre à Yren, Kermaat s'adoucit, comme soulagée de l'avoir lui en face, comme estimant que les deux autres seraient plus avisés, peut être se mettant elle même à l'écart. Son impression désagréable lui soufflait que l'Hirune et le Goupil étaient, eux, plus aptes à de grands mots, alors qu'elle se trouvait bien imbécile, passant pour soûle et ayant à observer, forcée, les courbes harmonieuses de Luminara.

Les mots de Heh n'y purent rien, elle songea qu'il cherchait à se montrer aimable envers elle, comme pour ne pas la mettre à l'écart, comme pour, tout de même, ne pas en avoir que pour la Danseuse. L'Herboriste pensait ainsi, et les habitudes ne se perdent pas. Pas après Quarante ans, du moins.

Forcément, la fête d’Héoga. Il se devait d’y passer au moins quelque temps comme tout les autres. Toutefois Oril a toujours un pincement au cœur.. Non plutôt à l’estomac lorsqu’il voit la vitesse à laquelle les mets disposés un peu partout disparaissent. Des heures de travail qui disparaissent en quelque bouchées. Certes les pâtisseries et autres gourmandise sont préparées à cette fin mais entre engloutir et savourer il y’a une différence que certain ne comprennent pas. Mais s’il passait chaque jour à ruminer ce genre de chose il n’en finirait pas.
Une chope à la main Oril ce permet un petit tour des lieux, souriant à certaines personnes, serrant la main d’autres sans passer plus de quelques minutes avec tous.
Certain l’auront remarqué. A vrai dire comment ne pas s’en apercevoir. A sa taille maintenue par une étrange sangle pend l’arc du jeune homme, fameuse armes d’une taille considérable créant autour de lui une zone de vide, comme un îlot ou il reste seul, sans en être gêné. Une sortie semble être prévu pour ce soir, comme cela arrive de temps en temps.
Une tenue de cuir légère, l’arc à sa taille un carquois contenant deux douzaine de flèche fixé derrière son épaule gauche et une épée courte visiblement déjà vieille a sa taille coté gauche.
Plutôt qu’une sortie il prendra peut être son tour de garde, d’ici quelque heures afin que les autres gardes puisse profiter des festivités.
Qu’A-t-il l’air de chercher alors? Quelqu’un probablement. Sûrement même à voir les coup d’œil qu’il jette à travers la salle, sur le groupe du saltimbanque d’abord, mais bien vite son regard dérive ailleurs.
Apparemment la personne qu’il cherche n’est pas encore la, ou c’est déjà éclipsé. Histoire de patienter il ira se faire remplir une seconde chope avant de se poster dans un coin en marmonnant pour lui-même.

Qu’Est-ce que attend de toute façon? C’est pas comme si ta présence pourrait changer quelque chose.


(C'est pas génial mais c'est déjà ca. )

À peine le conteur a-t-il terminé sa tirade que le rire de Luminara perle, joyeux et naturel, sur le petit groupe qu'ils forment.

- Vous êtes bien le seul à dire de pareilles inepties, monsieur le conteur...

Que notre dévoué public ne se leurre pas : Luminara n'est aucunement intimidée par la personne d'Heh. Simplement, depuis qu'elle le connaît - et ça fait maintenant un certain temps - elle n'a jamais pu l'appeler d'un autre nom. C'est comme... une marque d'affection qu'elle lui a choisi inconsciemment. C'est étrange, car tutoyer les autres ne lui pose aucun problème, mais elle apprécie l'élégance discrète de la locution et en use sans limites. Toutefois, elle sait parfaitement bien que le véritable maître des mots est en face d'elle, celui qui ouvre des univers entiers par l'or qui sort de sa bouche...

Quoi qu'il en soit, le conteur est au rang des personnes qu'elle juge hautement intéressantes, ne serait-ce que par son appartenance à un corps de métier dédié à l'Art. C'est certain, ils sont différents. Mais Luminara ne peut s'empêcher de penser que leurs pratiques sont similaires, s'entrecroisent même. De ce fait, elle apprécie particulièrement le compliment bien tourné qu'il lui a adressé. Elle a soudain conscience que l'attention est rivée sur elle. Luminara est habituée à être au centre de tous les regards, mais elle n'est pas sûre de réellement aimer ça hors du contexte de la danse. Et elle ne peut s'empêcher de remarquer le regard de la Garthésia, dont elle ignore toujours le nom mais dont elle peut facilement deviner l'état d'esprit. Avant, peut-être que la femme lui aurait inspiré du mépris, de la pitié ou un autre sentiment du même gabarit, mais Luminara n'en est plus là. Si le sentiment est justifié, Luminara a fini par considérer que chacun peut lutter contre ses démons, quels qu'ils soient. Elle a bien réussi à se débarrasser de son ressentiment envers Jezabel ! Alors elle reste dans le cercle, sans montrer une seule trace d'arrogance, mais plutôt une fermeté et un rigueur d'esprit peu communes. Ah, quel mystère que cette femme aux formes taillées pour le mouvement et et la grâce, qui n'en fait qu'à sa tête au milieu de gens quasiment incapables de la comprendre !

Le géant qui la complimente - car Luminara ne peut que considérer l'ébauche maladroite d'Yren comme un compliment - lui colore les joues. Encore un peu essoufflée par son effort récent, Luminara ne retient pas - et ne cherche même pas à retenir - le nouveau rire qui monte en elle. Il faudrait qu'elle boive un peu, pour que son allégresse ait l'air moins anormale, et que sa joie de se trouver au coeur d'une fête paraisse être dûe aux effets de l'alcool. Luminara est de nature aimante, et la sincérité d'Yren, alliée à sa candeur surprenante, dont elle ne pourrait se moquer, même avec toute la méchanceté du monde, lui délie la langue :

- Je danserai à nouveau, tu sais... Espérons que tu me verras ! Et si tu m'oublies... je danserai encore...

D'un pas léger et engageant, Luminara se déplace lentement sur le côté, pour s'approcher des boissons et mettre en pratique ce qu'elle vient de décider. Une nouvelle fois, elle est prise de court par la Garthésia. D'un geste bourru, celle-ci lui place un verre entre les mains. Luminara ne prend pas la peine de remercier la femme. Loin d'elle l'idée de se montrer grossière, mais elle sait que dans certains cas, les mots peuvent blesser davantage, et elle se contente de vider son verre d'un trait. Car enfin, c'est une dernière chose qu'elle partage avec les autres fils de Filhakan : une propension à vider les verres en période de fête...

Mais Luminara ne sera pas saoûle. Seulement joyeuse. Éméchée. Juste... à la limite. Et son exploit personnel sera de danser malgré tout, d'être à la hauteur tout de même. Son verre vidé, elle veut le reposer sur la table mais un Garthésia s'est mis sur son chemin. Il semble chercher du regard quelque chose, ou quelqu'un. En se demandant si elle est tombée dans un colloque de Garthésia et consciente de la stupidité de sa pensée, Luminara demande tranquillement à l'homme en reprenant sa place dans le cercle :

- Il vous manque un verre, à vous...

Et sans plus se préoccuper de celui dont elle devine qu'il va se mêler à eux, Luminara reporte son attention sur la conversation qui continue de plus belle entre les autres fidèles d'Hegoa auxquels elle s'est elle-même jointe...

Les présentations fusent. Tout le monde semble se copnnaître et bien des politesses s’échangent sans qu’on fasse trop attention au saltimbanque qui grimace, ne s’attendant pas à ce que l’alcool ambré dans son verre soit aussi fort. Il faudrait qu’il regarde ce qu’il y a dans son verre la prochaine fois, ou il terminera soûl en moins d’une heure. Et rouler sous table si tôt lors d’une fête, ce n’est pas bien vu. Il ne remarqua pas la tension entre les deux femmes, son regard étant à présent rivé sur le fond de son verre vide après le compliment de Luminara. Ah ! Elle l’avait bien eu. Vantez ses mérites et vous l’aurez à votre botte. Ses joues se tintèrent d’un léger rose alors qu’il sourit en haussant les épaules. Inepties ? Il en raconte toujours, mais elles ne sont pas piquantes comme la jalousie et la méchanceté, elles sont douces et sucrées… Un instant l’individu se balance d’avant en arrière sur ses pieds, alors que la discussion continue autour de lui, les verres se distribuant et ne se refusant pas, des gens venant et personne ne partant.

Venant.

Il ne le connaît pas, lui. Drôle de couleur de cheveux. Puis il a de drôles de marques dans le cou, le monsieur… Hop, le renard recula d’un pas de sorte à se cacher derrière les formes généreuses de Kermaat, se pencha légèrement en avant et espionna l’inconnu en question jusqu’à ce que Luminara s’en approche et lui mette un verre entre les mains. Alors, sa curiosité reprit le dessus, il se redressa, regarda d’un air suspicieux la danseuse et sa voix s’éleva.

« Tu le connais ? »

Une mine étonnée, un regard d’enfant innocent. Un pas en avant.

« Comment il s’appelle ? »

Hop, il se cache derrière Yren, se rapprochant toujours un peu plus de l’inconnu. A présent, il n’entend plus personne, la fête semble ralentie, le Goupil se concentre, prêt à sauter sur sa proie, muscles tendus, sens en alerte. Quelques pas légers et il se glisse tout près de l’inconnu, sans avoir attendu les réponses de la danseuse. Rapide, souriant et inattendu, les mains enlacées derrière son dos, Heh prend la parole, s’adressant cette fois à l’inconnu.

« Tu cherches quelqu’un ? »

Un sourire bonus, une mèche replacée derrière l’oreille, une approche implacable. Heh n’a qu’un but : en savoir le maximum sur cet individu qu’il ne connaît pas (ou du moins, ne se souvient pas l’avoir déjà croisé).

[Si le texte est bizarre, la faute au codoliprane. Désolé de l'attente (Vous pouvez me lyncher)]

[Ouh là, il commence à avoir du monde… Et beaucoup d’action]

Encore une fois, Yren se rappelle de ce qui le répugne parfois dans ces fêtes du village : il y a beaucoup de monde… souvent trop… et quand la conversation s’emballe ainsi, un sentiment de malaise s’empare invariablement de notre pauvre Khelan. Désirant étouffer cette émotion ma foi malsaine, Yren attrape la bouteille la plus proche et commence à « se donner du courage ». Trois brûlantes gorgées de ce qu’on appelle triple sec dans notre monde plus tard, le Responsable, loin de sentir l’alcool l’enivrer, se décide tout de même à se retourner vers le nouveau venu, alors qu’Heh se glisse subtilement derrière lui.

Tout comme pour le saltimbanque, l’arrivée d’Oril le laisse perplexe. Se rappelant lui aussi vaguement de ces cheveux à la couleur originale, Yren est toutefois incapable de mettre un nom sur cette chevelure peu commune. Obtenant un vague Haurÿl des tréfonds de sa mémoire, le géant décide de s’enquérir du nom de l’étranger. En même temps qu’Heh il s’approche donc d’Oril et bouscule durant la manœuvre la chancelante Luminara, qui malgré son taux d’alcoolémie n’en perd pas sa grâce, ce que ne manque pas de remarquer Yren d’un vif coup d’œil. Devant le Garthesia, cependant les mots s’effacent de son esprit. En plus des ravages quoique encore minimes, a-t-on besoin de rappeler qu’Yren n’est pas doué pour les contacts humains avec des inconnus? Après un moment de panique et de réflexion, la bouche grande ouverte, des sons gutturaux en sortant, le Khelan finit par lâcher en même temps que le subtil musicien un piètre :

-Bonjour, comment allez-vous? Belle fête n’est-ce pas?

Et comme le tout était synchronisé à l’interrogation de son lointain cousin, une bouillie de sons hétéroclite du parvenir aux oreilles d’Oril. Confus devant le résultant, Yren s’excuse en s’emmêlant un peu dans ses mots puis laisse, finalement, la parole à Heh qui réitère son interrogation

[Bon, c'est très court mais je suis en pleine révision pour les examens du ministère et en plus ben euh... ben ça a pris moins d'une semaine?]

Luminara s’était tout à fait désintéressée de celui à qui elle avait d’autorité glissé un verre dans les mains. Qu’il vienne se joindre au cercle de convives lui était parfaitement égal. Les deux individus desquels elle s’était approchée, gagnée de vitesse par la Garthésia, étaient ceux dont la conversation la retenait. Mais en ce jour de fête, Luminara a la tête emplie de désirs et de danse… Sans pour autant délaisser ses interlocuteurs, son esprit vagabonde dans le monde coloré de ses pensées, aidé par l’alcool. Luminara sent qu’elle approche de ses limites. Le verre qu’elle tient sera assurément le dernier. Hegoa ! Elle doit encore danser, et pas trop tard. Non seulement elle l’a promis à Yren, mais en plus elle voudrait marquer l’entrée de Lysandre. Ce n’est pas non plus comme si son esprit dérivait par pur délire ; il recherche à sa manière un ensemble d’idées qui, rassemblées, formeront le noyau de sa prochaine danse…

Quand Heh lui demande si elle connaît celui qu’elle vient pourtant de traiter familièrement, elle hausse les épaules et répond :

- Non. Je trouvais juste, en le regardant, qu’il avait besoin d…

Elle s’aperçoit sans surprise que le conteur ne l’a même pas écoutée. C’est pourquoi elle s’interrompt sans morgue et secoue ironiquement ses cheveux. Sacré goupil…

La danseuse esquisse un pas du bout de ses doigts. En fait, tout son corps la démange. D’ici peu, elle sera à nouveau le centre de l’attention générale. Elle dansera pour Filhakan, pour Hegoa, pour Hésione. Et pour Lysandre. Oh oui, elle dansera. Et son sourire rejoindra les présents sur la liste des offrandes à la déesse…

Les yeux de Luminara brillent maintenant d’une nouvelle lueur. Elle tient son concept et, comme libérée, son attention se porte sur les questions qu’on pose au nouveau-venu. Il est peu loquace, et met peu de temps à repartir vers d’autres plaisirs. Un petit quelque chose de plus dans sa démarche tanguante cependant : l’alcool coule dans ses veines, comme il se doit après avoir croisé le chemin des enfants de Filhakan. Luminara regarde un instant le conteur. Elle est sur le point de lui demander quelque chose, puis abandonne devant la fuite éperdue de la Garthésia.

Luminara n’est pas particulièrement moqueuse, ni même foncièrement méchante, bien qu’elle se refuse catégoriquement à toute classification. Elle ne pourrait se placer dans une catégorie, fût-elle à son avantage. Pourtant, elle manipule l’ironie avec goût, mais elle ne trouve rien à dire sur le départ de l’herboriste. La peste soit sur l’imbécile qui n’a pas retenu son rire railleur ! S’il avait pu déguiser cela en facétie, la Garthésia ne serait pas partie de façon aussi scandaleuse. Luminara pense avec compassion que son réveil sera difficile. Ou peut-être ne se souviendra-t-elle pas de cette nuit, ce qui serait somme toute mieux pour elle ? Luminara n’apprécie pas particulièrement la Garthésia qui vient de leur fausser compagnie, mais elle a perçu sa souffrance et se promet qu’elle ira faire un tour dans la boutique de l’herboriste un de ces quatre. Elle se reprend mentalement, immédiatement : comme si tu pouvais racheter par de l’argent un comportement que tu regrettes… Qu’en a-t-elle à faire de la danseuse, la Garthésia ? Elle ne l’aime pas. Affirmer que l’inverse est exact revient à dire une ineptie. Dire qu’elle l’a reproché à monsieur le conteur il y a quelques minutes à peine ! Luminara n’esquisse pas un mouvement pour aller vers la Garthésia. Quel est son prénom, déjà ? Elle pourrait le demander à Yren, ou au conteur, mais elle se tait. Elle ne veut pas passer pour une inconvenante. Et puis, à l’origine, c’est la Garthésia qui l’a prise en grippe. Luminara n’ambitionne absolument pas d’être aimée ou de se faire aimer de tous les Olarils. Pourtant, si elle se tient à elle-même ce long discours, c’est que les tourments de la Garthésia l’ont touchée. Alors peut-être ira-t-elle du côté du Verger aux Violettes pour la rencontrer fortuitement…