Les Tables d'Olaria
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 Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)

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Limna Hirune
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MessageSujet: Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)   Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi) EmptyMer 21 Oct - 7:26

    La mort. Son odeur entêtante, prenante... répugnante. Cette odeur qui rappelait à Limna de sombres souvenirs. Elle se sentait mal, mais elle gardait sa lucidité, tandis qu'elle marchait, seule, dans les décombres.

    Elles ne s'étaient guère croisées depuis que, avec Jezabel, elles avaient fui la forêt, comptant l'une sur l'autre. Que seraient-elle, une fois le calme revenu ? Des alliées, des sœurs d'armes ? Il n'y avait eut nulle explication de tout cela.

    La chasseresse fut parcourue d'un frisson et, d'un pas presque serein, poursuivit sa déambulation. Elle était seule dans les ruines, seules avec les morts et avec leur odeur putride. Car déjà leur odeur s'élevait, des cadavres qui gisaient là depuis plusieurs jours, ceux qu'inaccessibles il n'avait pas été possible de dégager : une odeur désagréable pour qui à l'odorat un peu fin. L'odeur aigre du sang.


    Le sang de Cyclaë.


    Oui car c'était Cyclaë qui la guidait dans ce qui avait été leur village, et dans ce qui était aujourd'hui le village des morts. Qui mieux qu'elle pouvait l'y conduire ? Depuis l'enterrement de l'éleveuse, Limna se sentait en paix avec elle. Elle lui avait demandé pardon, elle l'avait remerciée. L'éleveuse lui avait sauvé la vie, et aujourd'hui elle la guidait. Oh certes ce n'était pas là le témoignage d'une femme saine d'esprit, mais c'était quelque chose de très réconfortant, et pour rien au monde elle ne laisserait cela de côté. Après tout, elle préférait être une folle qu'une paria.

    Ainsi marchait-elle dans les traces de la défunte, le regard allant des décombres à ce qu'elle soupçonnait d'être des membres ou des cadavres.

    Puis, marquant une pause, elle laissa un soupir lui échapper et laissa glisser le sac qu'elle avait sur l'épaule. Commença alors la récolte : draps, étoffes, fourrures... Tout ce qui dépassait des décombres et qui pouvait servir les survivants. C'était un geste bien altruiste, mais il lui occupait l'esprit, lui évitait de se morfondre... et puis, elle n'était plus en deuil. Elle ne pleurait personne... Il lui était plus facile qu'aux autres d'accomplir pareille tâche.

    Elle avait fait ça, chaque après-midi, depuis que le village, quelque peu débarrassé de certains gravats, était devenu plus "praticable". Oh bien sur, il était loin d'être habitable, car plus aucune bâtisse n'était sur pied, tout était rasé et l'on voyait encore ci et là les vestige de brèches qui avaient engloutis hommes et demeures. Mais à présent, on pouvait plus ou moins marcher dans ce qui était auparavant des ruelles, et il n'était pas trop laborieux de récolter pareilles trouvailles.

    Tout comme de nombreux Olarils, elle avait consacré la première journée de fouilles à retrouver le seul objet qui lui était cher. La fourrurre du fauve qu'elle avait tué lors de son initiation. Ce fut une tâche ardue, mais bien que ces dernières menacèrent souvent cette qui avait plongé leur clan dans la disgrâce, l'aide des autres chasseresses, venues récupérer leurs arcs et dagues pour rapporter de quoi manger aux survivants fut bienvenue. Elle retrouva la lourde boite qui, solide, avait résisté à la chute des décombres, l'avait ouverte, puis s'en était débarrasser pour n'emporter que la chaude fourrure noire. Cela l'avait depuis préservé du froid chaque nuit, et dormir avec l'odeur suave de la peau tannée l'avait plongée dans un sommeil plein de chasses et de traques.

    Mais à présent il leur fallait rebâtir, ne serait-ce que provisoirement, un foyer en dehors du village, et c'était ce à quoi elle s'employer. Soigner les blessés de la tentait pas, elle s'était déjà faite insulter le premier soir, accusée d'être la responsable du Courroux Divin. Elle avait donné.

    Le sac lourd, et les bras chargés de ce qui n'y rentrait plus, Limna décida de rentrer et de rapporter tout cela au campement.

    ...

    C'est ainsi qu'elle arriva, chargée comme une mule, auprès des autres volontaires. Certains d'entre eux continuaient de la regarder de travers, des Edortas pleins de rancœurs, des Hirunes, honteuse de la voir porter leur nom, mais tous étaient conscient que toute aide était la bienvenue, et s'ils ne l'avaient pas remerciée, s'ils considéraient pour la plupart que c'était dû, compte tenu de son acte abominable, ils n'en étaient pas moins "courtois".

    Elle n'en avait franchement rien à faire, mais c'était un petit confort de plus qui, quelque part, la rassurait. Mais ça n'allait pas plus loin. Elle ne supportait pas davantage leur présence qu'avant la catastrophe, et ne prononçait qu'un minimum de mots. D'ailleurs, une fois ses trouvailles rapportées, elle n'aidait jamais à les mettre à l'usage, si ce n'était pour s'occuper de ceux qui avaient perdu connaissance, et qui ignoraient qui se trouvait à leur chevet. Non elle déposait invariablement tout cela, puis s'en allait méditer auprès de l'un des grands feux.

    Ce soir-là, alors que, dans l'une des tente, Lysandre s'était éveillée, Limna s'était assise en tailleurs et plongeait ses yeux gris dans la danse des flammes. Il y avait quelques autres personnes auprès d'elle, mais qui ne prêtaient guère attention à sa présence. Ils se tenaient chaud, silencieux, méditatifs.

    Limna quant à elle rêvait déjà de chasse, de traque, de pièges, et parfois dans ses songes l'animal traqué prenait les traits de sa cousine. Qu'il eut été aisé de la tuer pendant son inconscience... Car ses griefs n'étaient pas morts avec le village. Mais non, définitivement non. Ce n'était pas ainsi qu'elle voyait sa vengeance. Trop facile, sans honneur. Elle ne devait pas frapper Lysandre dans le dos. Elle se débrouillerait, une fois que sa chef serait valide, pour se retrouver seule avec elle, armées toutes deux...

    A cette idée, songeuse, elle passa ses doigts sur la cicatrice rosée qu'elle avait au dessus de l'arcade gauche, souvenir cuisant d'un Edorta... virulent.

    Puis, avec un frisson, elle resserra la fourrure autour de ses épaules, tandis que de nouveaux Olarils s'approchaient du feu...


    ... Vous ?


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Luderick Garthesia
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MessageSujet: Re: Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)   Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi) EmptyDim 25 Oct - 17:40

Le goût de la bile au coin des lèvres se refusait à s'effacer. Luderick avait pourtant réussi à reprendre figure humaine. A vrai dire, ç'avait été son premier réflexe, après avoir mis Frauciel en sécurité. Une certitude tranquille avait émergé de son esprit, plus agité encore qu'à l'accoutumé. Comme une apparition divine au-dessus de la désolation, l'évidence s'était imposée à lui.
Il n'allait rien changer.

La mort pouvait dégringoler du ciel, les dieux pouvaient détourner leur visage, rien n'avait assez de puissance pour le détourner de sa façon - son art - de vivre. Il allait se déplacer parler aux autres, réparer, prudemment. Il retrouverait sa femme et sa fille et l'incertitude poursuivrait son court.
Et peu importe que ce serment soit la dernière barricade avant la folie. Il allait agir ainsi et malheur à qui s'y opposerait.
Il avait donc ramassé au sol un morceau de tissu et s'était frotté le visage à l'en écorcher. Cendres et poussière étaient tombées en pluie sur le sol stérile. c'est à cet instant que la vieille Ruteranne s'était approchée. A sa manière si étrange, de ce pas chassé qui ne semblait pas avoir été affecté par les derniers événements.

"Luderick ? Luderick tu es bien vivant ?

- Apparemment oui. Heureux de vous trouver en bonne santé...

- Et moi donc ! Mon coffre a échappé à toute cette pagaille. Mais impossible de l'ouvrir. Je ne sais pas, la fermeture a du se fausser durant le séisme, et il n'y a plus rien à faire, le couvercle ne bouge plus. Tu penses que..."


Partagé entre l'hilarité et l'indignation, Luderick s'était exécuté. Ruteranne avait des petits enfants, un fils adorable... Mais la terreur la faisait se raccrocher à ce coffre délabré. Une réaction illogique, inepte. Un délice mental aux yeux du marchand. Il s'était assis, serein, sur une large pierre plate, et avait demandé à la vieille femme de lui apporter l'objet, tout en faisant mine de sélectionner ses outils. La réparation avait pris un bon moment. Un moment durant lequel c'était un véritable attroupement qui s'était formé autour de Luderick. Je les réconforte avait-il pensé. Ces gens viennent se ressourcer à une illusion. Luderick travaille, Luderick répare, tout ça n'est pas si grave, le quotidien est encore là.
Et pendant que la plupart partaient à la recherche des leurs, ou tout simplement de quoi survivre pour les jours prochains, l'artisan avait continué sa tâche. Il ne parvenait plus à recréer la longue chaîne qui était passée entre ses mains calleuses. Un collier à demi écrasé. Une gamelle cabossée. Un couteau tordu. Les villageois l'avaient tenus captifs, buvant à la source du quotidien.

Jusqu'au moment où le Garthesia s'était relevé, se massant les hanches, en décrétant que c'était fini pour le moment et que, tiens, Tess, la réparation est gratuite mais tu t'occupes de Frauciel jusqu'à ce que je vienne la chercher. Il s'était repu de l'onde de désarroi qui s'était alors répandue. Il avait joui des regards fixés sur sa nuque alors qu'il se dirigeait, à son tour, vers les décombres du village.

Ainsi qu'il l'avait prévu, la recherche avait été peu fructueuse. Ce qui avait été son foyer n'existait à présent plus. Plus du tout. Une gigantesque masse rocheuse occupait désormais tout l'espace. Pas la moindre fondation à laquelle se raccrocher, pas un seul fragment de son ancienne vie. Après tout, peut-être était-ce mieux ainsi. Cela lui permettrait aussi d'attendre Delinh plus sereinement. Sa femme n'était pas idiote et ne le chercherait pas près d'un rocher. Elle rejoindrait forcément le campement à un moment où un autre.
Dans l'intervalle, il s'était comporté en bon charognard, glanant ici et là tissus, outils déformés, grotesque reflets d'un avant qui ne serait jamais plus.

Lorsque le froid eut totalement immobilisé son pouce et son majeur, il décida de tourner les talons. Le ciel s'était assombri, preuve que, comme les habitudes des Olarils, la nuit avait survécu à l'apocalypse.
Ereinté, il se dirigea d'une démarche chancelante vers la source de lumière mouvante que son esprit mit un moment à identifier comme un feu de camp. Ce n'est qu'après s'être soigneusement entortillé dans une pièce d'étoffe d'une surprenante couleur orange qu'il avisa une autre présence, captant la dérisoire chaleur du foyer.

"Limna."

La voix résonna, grave, avec le timbre de l'évidence. Ce n'était ni un appel ni une prière. Un simple constat. L'intégration d'une présence à cette nouvelle réalité.
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Limna Hirune
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MessageSujet: Re: Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)   Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi) EmptyLun 26 Oct - 11:09

    Ses yeux plongés dans les flammes, la traîtresse se laissa aller aux songes. Elle n'avait pas, ou peu dormi depuis le drame, mais elle avait passé des heures à contempler les flammes, seule. Ce calme était la rançon de ces quelques journées de labeurs qu'elle avait offertes aux survivants, depuis le drame. Cette sérénité. Car c'était ainsi qu'elle trouvait la paix, libérée des mots pleins de fiels de cette voix qui de l'intérieur la dévorait.

    Elle ne s'était pas rendue compte dessuite de la présence d'une nouvelle personne. Du moins, elle ne s'était pas aperçue que la personne en question avait relevé sa présence. Aussi, lorsque l'homme prononça son prénom, elle cilla et tourna vers lui un visage surpris. C'était un homme massif, dont le visage de lui était pas inconnu. Elle l'avait croisé plusieurs fois au village, et plusieurs autres dans les ruines, tandis que tous deux partaient en quête de denrées récupérables. Limna ignorait ce qu'il en faisait, elle ignorait quels étaient ces services qu'il rendait, n'en ayant elle-même pas le moindre intérêt la plupart du temps.

    Parcourue d'un frisson face à la lutte dérisoire du feu contre le froid du crépuscule, elle resserra la fourrure du fauve noir autour de ses épaules et le toisa de ses yeux livides. Ce gris, trop clair, un peu malsain. Le ton qu'il avait employé, bien que dénué de toute agressivité, était d'une telle froideur qu'elle passa, machinalement, un doigt sur sa cicatrice. Son âme était lasse, et peu encline aux conflits... Pas pour le moment. Pourtant, en elle, déjà, la créature qui sommeillait se regroupa, prête à bondir. Elle fronça les sourcils, et fit son possible afin de se souvenir du nom de cet homme... Puis elle s'en souvint, et lui glissa, sans plus de chaleur dans le regard :

    « Luderick » Elle parlait d'une voix très basse, qui aurait pu être douce sans la dureté qu'elle mit dans la fin du nom. Elle déglutit, et son visage se radoucit, plus ou moins naturellement. « Je ne vous ai pas entendu venir... » Monstrueux aveu que voilà pour une chasseresse. Mais l'heure n'était pas à l'orgueil. Elle étira quelque peu son dos, et se pencha un peu en avant, le dos rond.

    « Ce feu minable n'est bon qu'à briller dans l'obscurité... Toute chaleur a été dévorée »

    C'était un constat bien étrange, qu'elle avait prononcé en articulant de façon très précise et assez surprenante. Ce ton qu'elle adoptait lorsque son âme cherchait les mots. Lorsqu'elle avait en elle des impressions inconnues et angoissantes.
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MessageSujet: Re: Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)   Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi) EmptyLun 26 Oct - 16:30

"C'est parce qu'il n'a rien à réchauffer."

La phrase avait surgi, sans que l'esprit du commerçant n'ait le temps de la saisir et de la façonner. Elle avait résonné avec un quelque chose d'obscène. S'était déployée à l'infini, semblait-il, à présent qu'il n'existait plus d'intérieurs confortables pour pardonner aux mots prononcés sous l'impulsion du moment. Luderick en conçut de l'agacement. La désolation pouvait intégrer le décor grotesque de son esprit. Pas les impulsions incontrôlées.

Mais pour aussi irréfléchie que soit la phrase, elle n'était pas dénuée de quelques bribes de vérité. Tous les Olarils le savaient. Cette catastrophe n'était pas une remise à plat. Elle était une attaque du Vide, du Rien. Qu'elle soit l'outil d'une puissance quelconque ou un hasard quelconque, elle avait mis les habitants du village face à une uniformité de désolation, de saleté et de misère. Tous égaux dans l'ordre crée par le volcan. Peut-être était-ce pour cette raison que cette saveur bilieuse persistait au coin des lèvres de Luderick.
Baissant les yeux, il s'aperçut que ses doigts s'appliquaient à arracher les bouts par trop effilochés de sa couverture. Il releva son regard vers la chasseresse. Elle n'était pour le moment qu'une autre rescapée. La gamme sur laquelle elle et lui pouvait jouer était des plus étroites. Mais elle n'en n'était pas responsable.

"Vous savez ce que j'ai fait cet après-midi ? A part jouer les charognards bien sûr."

Sans attendre la réponse de son interlocutrice, il enchaîna.

"Mon travail. Une journée de labeur supplémentaire. Les gens m'ont demandé de rafistoler je ne sais combien d'ustensiles, en échange d'un peu de nourriture. Vous ne trouvez pas ça démentiel ?"

Il eut un rire aigre qui sonna désagréablement à ses tympans, encore engourdis par le vacarme des détonations.

"Nous tentons de nous raccrocher aux décombres, de faire tenir en place des murs qui n'ont plus de fondations. Personne dans le village ne souhaite tout recommencer. Aussi douloureuse qu'aient pu être certaines vies là-bas, personne ne souhaite perdre son histoire."

Luderick n'avait jamais été du genre à réfléchir longuement sur les événements. C'était cependant tout ce qui lui restait à faire, tremblant légèrement sous l'étoffe orange qui, il le sentait à présent, avait du abriter une femme adepte de lotions et de parfums. La croiserait-il un jour ? Et si c'était le cas, lui réclamerait-elle sa possession, qu'il rendrait en bafouillant quelques excuses ? Il l'ignorait, et, étrangement, d'imaginer cette scène le troubla.

"J'ai entendu plusieurs personnes dire que nous allions "nous en sortir"... Mais y en a-t-il un seul qui sache précisément ce qu'il entend par là, j'en doute... Moi mis à part bien sûr."

Nulle flagornerie dans la voix posée de Luderick. Une certitude tranquille, rien de plus. Peut-être un peu de curiosité, aussi. Guettant un signe de réponse sur le visage de la femme, il remarqua un détail qui, sans qu'il sut pourquoi, le réjouit au plus haut point. La lueur vacillante de la braise faisait danser une lueur diaphane dans ses prunelles.
Le feu ne chauffe pas. Le feu ne chauffe pas mais il allume des lumières. Il n'est donc pas tout à fait inutile. Qui sait, les choses ne vont peut-être pas si mal.
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Limna Hirune
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MessageSujet: Re: Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)   Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi) EmptyMar 27 Oct - 17:58

hrp- eh eh ça va changer Limna, en principe on la regarde plutôt de travers -hrp

    La réponse qu’il fournit à ces quelques mots qui lui avaient échappé lui laissa un goût amer dans la bouche. C’était la vérité, mais même pour un être tel que Limna, elle n’était guère agréable à entendre. Avec un frisson, la chasseresse crispa ses doigts dans la douce fourrure, puis ferma les yeux un instant. Elle ne répondit rien. Que répondre à cela… ? Aussi se mura-t-elle dans un silence, tel que celui qu’elle adoptait dans la traque. Elle se savait limitée dans l’art de la conversation, et contrairement aux grands rhéteurs, parler pour ne rien dire tournait vite au vinaigre avec elle. C’était là les limites des êtres limités. Mais si elle n’était pas à l’aise avec les mots, elle entendait, et elle regardait bien. Après tout, c’était à cela qu’elle avait été formée, toute sa vie durant. Observer, juger, décider… Et, ce dont elle s’abstiendrait ce soir, tuer. Lorsqu’il reprit la parole, elle tourna vers lui un visage qui, s’il n’avait rien de curieux, feignait cependant quelque politesse. S’il avait fallu être sincère… S’il avait fallu être sincère, dès qu’elle avait entendu le premier mot, Limna se serait levée, excusée, peut-être, puis serait partie un peu plus loin, où l’on ne lui adresserait pas la parole. Car si parfois elle pouvait trouver quelque intérêt dans l’écoute des états d’âme d’autrui, elle craignait toujours qu’un moment vienne où il lui faudrait rendre la pareille.

    Mais venait un moment où l’on avait besoin de présence… Ses journées n’étaient que méditations et solitude… Et si Limna avait l’avantage d’avoir l’estomac bien accroché, elle commençait quelque peu à se sentir oppressée par le silence des morts. Luderick, au moins, se montrait plus loquace. D’ailleurs, bien vite, il balaya l’ennui qu’avait provoqué « Vous savez ce que j’ai fait cet après-midi ? » La suite était bien plus prometteuse que ne l’était l’entrée en matière.
    De plus, l’homme ne lui laissa pas le temps de répondre. Ou, pour être plus juste, il n’attendit pas, car c’était sans doute là tout ce qu’il aurait fait, étant donné que Limna n’eut su que répondre à de tels propos.

    Il avait… travaillé. Il avait rafistolé des objets… Limna, de prime abord, ne réalisa pas ce qu’il y avait de démentiel là-dedans, et un petit coup d’œil au décor dévasté qui s’étirait autour d’eux la plongea plus encore dans le désarroi. Désarroi qui était plus que visible dans ses yeux. Son rire la fit ciller, et, regroupant ses genoux contre sa poitrine, elle replongea ses yeux dans les flammes. Ce qu’il ajouta ensuite remua quelque chose, en elle, un déni instinctif qui se manifesta simplement par un petit grognement, ainsi qu’une moue renfrognée.
    Aussi reporta-t-elle sur lui un regard assez désapprobateur. Non, il était certains Olarils qui auraient volontiers mis leur histoire dans leur dos. Et si ceux qui s’y accrochaient voyaient leur passé leur filer entre les doigts, tomber en cendres… Ceux qui s’en passeraient bien l’affrontaient toujours, chaque jour. Oui, Limna aurait volontiers laissé derrière elle les Jeux de Bakarne. Cyclaë aurait la vie sauve… Le sable des arènes ne serait pas gorgé de sang… Et son nom ne serait point tombé en disgrâce. La chasseresse orgueilleuse et impétueuse n’avait jamais été appréciée, mais elle n’était pas haïe, autrefois. Ses remarques déplacées étaient parfois accueillies par des regards froids, à la rigueur par quelques rebuffades aigres… Mais à l’époque, on ne se montrait guère violent lorsque d’aventure on la reconnaissait. Elle se passa une main sur le visage, et se frotta les yeux, puis releva le menton lorsqu’à nouveau la voix de son compagnon d’un soir s’éleva.

    Alors elle hocha la tête en signe de dénégation, avant de le regarder dans les yeux. Elle ignorait tout à fait s’ils s’en sortiraient. D’ailleurs, à l’heure actuelle, elle ne savait pas non plus ce que signifierait « s’en sortir ».

    Elle poussa un soupir, profond, et eut un léger mouvement de bascule en arrière. « Je ne crois pas. » Elle chercha ses mots, un instant, puis fronça quelque peu le nez. Un bruit vint alors attirer son attention, derrière eux. Une tente venait de s’effondrer. Avec fracas, et à en croire les glapissements étouffés, sur quelqu’un. Il n’y avait plus de tremblements… Mais c’était comme une fatalité qui s’abattait sur eux. Comme s’il avait été décrété par les puissances en présences que les Olarils ne méritaient nulle demeure. Au bout de quelques instants, elle détacha son regard des habitants de la tente, qui se dépêtraient difficilement de la toile, pour le reporter sur Luderick.

    « Je ne sais pas si nous nous en sortirons. Pas plus qu’eux. » Extirpant l’un de ses bras de la fourrure, elle fit un geste vague en direction des autres personnes présentes, en train de se recueillir, de masquer des larmes ou simplement de regarder le feu, en silence.

    « Il y a… Il y a certaines choses que la fureur de la Gérax aura su enterrer mieux que nous. » Puis elle regarda ailleurs. Ce qu’elle venait de dire était quelque peu cynique, et elle devait la cicatrice encore rosée qu’elle avait au-dessus de l’arcade droite à moins que cela.
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MessageSujet: Re: Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)   Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi) EmptyMer 28 Oct - 19:15

Les dernières paroles de Limna éveillèrent en Luderick deux impulsions contradictoires : il était de notoriété publique que la chasseresse était l'une de ces créatures de mauvais augure dont fourmillaient les légendes, à ceci près qu'elle avait, elle, rendu sa légende personnelle on ne peut plus concrète. Ainsi qu'il le soupçonnait, la jeune fille espérait tirer profit du cataclysme pour faire disparaître ce visage. Elle, la traîtresse, le corbeau. Aurait-il énoncé cette vérité première à voix haute, elle lui aurait sans doute craché au visage avant de tourner les talons, son orgueil atteint. Et Luderick ne se sentait pas d'humeur sadique.

Mais tout de même...

"Les forces de la natures sont impuissantes face à l'esprit humain et son acharnement."

Cryptique, les mots s'étendirent en passerelle paresseuse entre les deux rescapés.

"Les choses vont changer. Pour le moment, chacun se concentre sur la survie. Bien entendu. Mais il n'y a pas que des vies et des pierres qui ont été perdues."

Une curieuse exaltation s'empara du commerçant. Si quelqu'un pouvait comprendre ce qu'il disait, c'était bien la chasseresse, elle dont la cicatrice était un perpétuel rappel de la puissance de la société. Il se leva et effectua quelques pas saccadés autour du dérisoire foyer.

"Jour après jour, nous et nos ancêtres ont tissé un filet de croyances, de rumeurs, vraies ou fausses qu'importe. Telle personne est forte comme un boeuf. Comment le sait-on ? Parce qu'on l'a dit ! Telle autre est aussi tenace qu'une gelée tardive, mon oncle l'a affirmé l'autre soir. Vous comprenez ? Les mots nous ont formé tout autant que nos actes. Et tout cela, la Gerax l'a effacé. Les dieux se sont-ils lassés de nous, de nos actes, ou de ce filet de rumeurs ?"

Ludercik s'interrompit un instant. Bien qu'il n'en laissa rien paraître, sa tête tournait de tant d'exaltation. L'éruption leur laissait certes un néant vertigineux, mais un néant qu'il leur appartenait de repeupler de mots. Et si lui, Garthesia, l'avait comprit aussi rapidement, qu'en était-il de ceux dont le métier même était de bâtir des fondés de pouvoir ? L'ampleur de la lutte à venir était proprement inimaginable. Lysandre n'était pas au bout de ses peines, pas plus que ses opposants. Le combat pour la survie en devenait presque secondaire. Pourquoi ne l'avait-il pas réalisé plus tôt ?
Un peu plus serein, il baissa les yeux vers Limna. Sa voix résonna tel un courant souterrain, impitoyable et glacé.

"Mais malheur à ceux qui n'oseront ni parler ni agir... Le futur se fera sans eux. Ca doit être abominable hein ? Etre dépossédé de soi-même..."
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MessageSujet: Re: Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi)   Méditations d'un Traître. (Ouvert, 1 ou 2 personnes maxi) EmptyLun 2 Nov - 8:59

    Non, il ne pensait pas que les Feux de la Gérax ferait table rase de son image. Que faudrait-il, alors? Sur le coup, elle se posa la question, et tenta de s'imaginer quels maux conduiraient les Olarils à lui pardonner sa faute. Puis elle laissa un profond soupir lui échapper. Quand bien même ils ne changeraient jamais, pour l'instant elle se concentrait sur son but. La vie de paria n'était pas reluisante, l'idée d'y être contrainte toute sa vie lui donna la nausée... Mais que faire d'autre que d'affronter leur haine ? Mettre un terme à sa vie ?

    Elle resta dans le vague, l'air sombre. Puis Luderick se remit à parler, il se leva, tournait, vif... Ce qu'il pouvait parler... La Chasseresse le regardait, le regard vitreux, tandis que l'homme déblatérait. Ce sont des mots que les Dieux se seraient lassés ? Limna n'était même plus sure, au fond, que c'était là un châtiment divin. Si le drame avait été tel, elle aurait été la première à sombrer... Qui d'autre que la monstrueuse Limna pouvait subir le courroux divin ? Il y avait des veuves honorables, des hommes de bien qui avaient péri dans les décombres, tandis qu'elle était là pour se réchauffer au coin du feu.

    La fin du discours de Luderick lui arracha un sourire un peu moqueur, qu'elle cacha bien vite, pouffant doucement. Elle avait envie de dire... De le dire : si les muets seraient les oubliés, si c'était de mots qu'il faudrait remplir le coeurs des souffrants, alors Luderick n'aurait pas le moindre problème à s'imposer. Ce n'était pas là une bien louable pensée, mais cela amusait Limna. Elle qui au fond n'était pas dotée de grande intelligence, toujours dans l'opposition, dans la discrétion et le silence... Elle avait avec les hommes tels que Luderick toujours ce type de réaction... Le sourire de ceux qui ne partagent pas une telle finesse d'esprit. Car sourire, lorsque l'on entendait tout juste l'homme, c'était tout ce que l'on pouvait faire.

    Cependant, sentant la fin des propos de l'homme, elle se sentait obligée de réagir, car c'était là la première conversation non conflictuelle qu'elle avait depuis longtemps. On ne la blamait pas, on ne tentait pas de se servir d'elle et de ce qu'elle représentait. Car si Limna était une traqueuse, si ses pièges étaient imparables, dès lors qu'il s'agissait d'intrigues et de débats, la Chasseresse était démunie.

    Elle le regarda, les sourcils froncés. Cela signifiait-il que c'était sans elle que le futur se ferait ?

    C'était là limiter l'action à la parole, et toute limitée qu'était Limna, elle avait néanmoins la certitude que ce n'était pas une vérité.

    "Toutes actions ne sont pas paroles. Il est des pièges redoutables qui ne se posent que dans un profond silence, Luderick"

    Elle leva le nez, frissonnante. Puis reporta ses yeux gris sur lui. "On n'est dépossédé de soi-même que si on le veut bien, je pense... Les inconscients et les morts ne sont plus, voilà tout. Ils nous auront guidé, mais le futur n'est plus leur."

    Sur le coup, elle ne se demanda même pas si le Garthésia avait perdu des membres de sa famille, mais ce n'était pas là ses préoccupations.
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