Herboristerie Nacèra (ouvert à tous)

D’un air absent, Kalia alignait machinalement les nouveautés de l’herboristerie Nacéra sur le devant du comptoir. L’administrateur de la famille, Ergan Dialon, venait aujourd’hui vérifier les stocks de l’hiver. Ses frères, travaillant dans l’arrière boutique, lui laissaient une fois de plus le soin de recevoir le visiteur. Orgueilleuse, elle prenait toujours énormément de plaisir à lui montrer les dernières créations familiales. Cette année le récent parfum à la violette et au chèvrefeuille était un véritable succès. Frais et délicat, beaucoup d’Olarils recherchaient sa note printanière à cette époque de l’année. Cette douce fragrance était tout aussi populaire que le nouveau pain de savon délicatement parfumé à la camomille et contenant, grande innovation, une touche de miel. Dans un registre plus médical, le nouvel onguent cicatrisant au plantain faisait également des merveilles et se troquait fort bien.

Ce rituel saisonnier se déroulant toujours autour d’une savoureuse infusion, la jeune femme se détourna du comptoir et mit de l’eau à bouillir dans le foyer. Habituellement, par arrogance, elle se réjouissait à l’idée de taquiner ce cousin affreusement sérieux et ennuyeux au possible mais cette fois-ci le cœur n’y était pas. Kalia était inquiète. Les gens parlaient et les rumeurs qui circulaient en Arestim faisaient froid dans le dos. Apparemment, la Gérax tremblait et les animaux aux alentours fuyaient. Elle-même avait pu le constater en allant à la cueillette des rares plantes d’hivers un peu plus tôt dans la journée. Le silence de la forêt à ce moment là avait été inhabituel et extrêmement malsain.

Se couvrant les épaules d’une étoffe, elle sortit de l’échoppe d’un pas lent et porta un regard songeur en direction de la montagne. Elle avait un mauvais pressentiment. Elle se souvint alors de la prédiction de taromancie à l’enterrement de Cyclaë. La mort… pressentant un changement radical... Cette fois, le doute n’était plus permis, quelque chose de grave s’annonçait venant de la Gérax. Les dieux étaient-ils en colère ? Elle sonda encore quelques minutes la masse sombre et imposante de la montagne cherchant une réponse. Puis, elle rentra d’un pas vif et s’empara de son jeu de Tarot. Une lecture approfondie s’imposait.

Elle battit vivement les cartes et procéda au tirage disposant cinq cartes en forme de croix sur le comptoir. L’angoisse de Kalia monta d’un cran, elle redoutait plus que jamais cette révélation. Elle s’apprêtait à retourner la carte centrale lorsque Ergan Dialon fit son entrée dans la boutique. Quelque peu déstabilisée par ce brutal retour à la réalité, elle lui tourna vivement le dos pour remplir d’eau chaude les deux tasses d’infusion. Puis, posant les boissons chaudes sur le comptoir, elle lui fit d’un air faussement enjoué et ne masquant en rien son inquiétude :

- Bonjour, Ergan, je suis ravie de vous voir. Vous tombez à pic, les infusions sont prêtes.

Ergan Dialon rentra dans la boutique en s'ébrouant, se débarrassant de la neige accumulée sur ses épaules. Il était content d'être au sec, au chaud, et avoir deux infusions brulantes de Kalia Nacéra toutes prêtes à être bues.

"Bonjour Kalia, je suis ravi de voir un si bel accueil."

Une fois de plus, Ergan avait veillé trop tard la veille. Plusieurs domestiques et travailleurs avaient soudainement donné leurs démissions, suite à des évènements tels que des tremblements de terre du côté de la Gérax. Depuis plus d'une semaine, il fallait recruter des ouvriers en catastrophe, et pour la première fois de sa vie, l'administrateur pour la famille Garthésia dut déléguer sa charge de travail. Il ne comprenait pas ces épisodes de panique, cette inquiétude sourde qui prenait les tripes de tant de gens. Ces émotions qui étaient si fortes chez eux qu'elles les poussaient à abandonner leurs emplois, sous le simple prétexte qu'ils sont trop près de la montagne. Certes, l'Administrateur les blâmait, mais au fond de lui, Ergan Dialon était jaloux des états d'âme des autres que lui, pour une raison inconnue, était incapable de ressentir, ni même de comprendre, quant à exprimer...

La veille donc, Ergan avait veillé fort tard, et s'était réveillé le matin en coup de vent pour être à peu près à l'heure à la boutique de Kalia Nacéra. Il avait réveillé ses trois garçons en voulant simplement leur dire bonne journée. Les trois petits avaient grogné, mâché un "au revoir papa" et s'était recouché. Ergan avait été décu. Mais les problèmes n'étaient pas fini: Son cheval avait pris un coup de froid durant la nuit, et il fallut qu'il dépense un temps précieux pour s'assurer qu'il ne crèverait pas aujourd'hui. Cela faisait beaucoup de vexations accumulées.

Heureusement, un aimable charretier l'avait pris et comme la route était déblayée, il avait réussi à ne pas être en retard. Il avait eu le temps de se calmer sur le trajet, et de toute façon, si ses colères pouvaient être terribles, elles ne duraient jamais plus de quelques secondes.

Ergan Dialon s'installa devant la tasse fumante, et appliqua ses doigts contre l'argile brûlant. Ca faisait du bien. Mais il fallait se recentrer: il devait aujourd'hui s'assurer que les affaires de Kalia Nacéra tournaient rond, et qu'elle n'avait pas besoin d'aide de la part de la famille Garthésia. Une simple inspection que le Gérant commença immédiatement. Les étagères étaient pleines, la maison bien chauffée, donc pas de problèmes de troc du bois, le magasin était propre et bien rangé, ce qui indiquait une fréquentation suffisamment soutenue, on entendait les frères Nacéra dans l'arrière boutique s'activer, preuve qu'il y avait encore du travail. Enfin, Kalia n'avait pas l'air famélique. Ergan sourit légèrement.

S'étant renseigné, il savait que les Nacéra et plus particulièrement Kalia avaient lancé plusieurs produits cette année. Il avait pu constater lui même le succès lorsque Fraya avait rapporté chez lui les parfums, et le pain de savon. Il avait d'abord parlé de gaspillage, jusqu'au moment où il put constater qu'il utilisait lui même ces produits avec plaisir. Depuis, il avait cessé de grogner.

"Bon! Et bien Kalia, comment s'est passé cette année? Les affaires ont été bonnes? Cela fait assez longtemps que nous ne nous sommes pas vus je crois, et je garde en mémoire la dernière visite!"

Ergan s'amusa à cette phrase. Puis il se mit tout ouïe, pour écouter le "rapport d'activités" de Kalia Nacéra. La tisane était encore brûlante

La voix d'Ergan lui parvenait tel un bruit de fond. Pour tout dire, Kalia n'écoutait pas vraiment l'administrateur Garthésia. Son esprit était trop occupé par la Gérax et les fumées noires qui s'en échappaient. Elle vit néanmoins sourire son cousin à l'évocation de sa dernière visite. Il est vrai que la jeune femme ne l'avait pas ménagé tout au contraire. Espiègle, elle l'avait convaincu que sa tisane contenait un puissant philtre accélérant la chute des cheveux. Elle avait alors bien ri devant le visage interloqué voire affolé de son interlocuteur mais l'avait également très vite rassuré sur le sort de sa chevelure blonde. Franchement, cet homme était si sérieux, si impassible qu'il avait été trop tentant de le taquiner ainsi. La suite de l'entretien avait été ennuyeuse à mourir mais également fort instructif. Ergan se faisait toujours tirer les cartes quand il passait chez Kalia, enfin elle les lui lisait sans vraiment lui laisser le choix. Les nouvelles n'avaient pas été très bonnes. D'après le tarot, l'un de ses enfants serait atteint dans l'année d'une grande maladie. Sur le moment Ergan s'était bien moqué de Kalia mais s'en était amèrement mordu les doigts par la suite. Heureusement, le petit avait vaincu le mal et se portait désormais comme un charme.

- Heu... Les affaires... Oui, oui très bonnes dans l'ensemble...

Elle fixa Ergan qui visiblement comprit son trouble.

- Je suis désolée Ergan mais... Pour tout vous dire, l'état actuel de la Gérax me préoccupe.

Elle se dirigea vers les cartes posées sur le comptoir.

- En fait, quand vous êtes entré, je m'apprêtais à faire une lecture à ce propos.

Il ne disait rien mais l'écoutait attentivement. Elle retourna alors la carte centrale du tirage.

- La mort... Encore... Signe de la fin de quelque chose, d'un changement radical...

Elle retourna ensuite celle au-dessus.

- Le pendu... Signe de l'impuissance... Il est clair qu'un grave événement va se produire et que nous ne pourrons rien faire face celui-ci...

Kalia allait retourner la troisième arcane lorsqu'une énorme explosion se fit entendre provenant de la Gérax. Elle mit aussitôt un terme à sa lecture, rangea prestement les cartes dans sa besace de cuir et se précipita dehors en compagnie d' Ergan. Une épaisse fumée âcre emplit ses poumons et ne lui permit pas de distinguer grand chose de la montagne. Elle toussa abondamment et retourna dans l'échoppe. Sur le pas de la porte, elle appela avec force son cousin mais en vain, ce dernier avait disparu. Ses frères débarquèrent dans la boutique. Inquiets, les quatre Nacéra venaient aux nouvelles. Cependant, aucun d'eux n'eut le temps de prononcer un seul mot. La terre trembla de façon effroyable et les murs de l'échoppe commencèrent à se fendre.

- Il faut sortir, cria Kalia à ses frères.

Ils se lancèrent tous les cinq en direction de la sortie mais hélas trop tard. L'arrière de la boutique s'effondra comme un vulgaire château de sable balayé par le vent. Kalia, Ylenzo et Tidji eurent le temps de sortir in extrémis mais ce ne fut pas le cas de Giovani et de Django.
Dans un vacarme assourdissant, Kalia vit ses deux frères disparaître sous l'effondrement de l'herboristerie. La jeune femme hurla de douleur et de rage. Elle voulut faire demi-tour mais Ylenzo l'en empêcha.

- Tu ne peux plus rien pour eux, Kalia ! lui intima ce dernier.

- Laisse-moi ! On ne peux pas les abandonner ! Hors de question ! hurla la jeune femme en retour.

Elle se dégagea avec violence des bras de son frère aîné et se rua malgré les secousses répétées vers les ruines de l'échoppe. Ses tempes lui martelaient le crâne et ses yeux la brulaient ardemment. Elle appela de toutes ses forces le nom de ses deux frères disparus, bientôt imitée par le jeune Tidji. Soudain, elle aperçut le corps sans vie de Django. Écrasé par le plafond, ce dernier était mort sur le coup. Une douleur effroyable s'empara de la jeune femme et la nausée lui monta aux lèvres. Elle murmura son nom, le souffle coupé par la souffrance. Tout à coup, Tidji appela. Il avait visiblement retrouvé Giovani. Ce dernier mal en point était encore en vie mais ses jambes étaient coincés sous une énorme poutre. Les Nacéra essayèrent de soulever cette dernière mais sans succès. Une nouvelle secousse retentit les projetant à terre et achevant définitivement l'échoppe. Cette fois, il ne restait plus rien de l'entreprise familiale.

- Ylenzo, Tidji ! Allez chercher du secours à la maison. Moi, je reste ici avec Giovani.

Tidji voulut protester mais Ylenzo le tira par le bras, c'était la meilleur solution pour le moment. La jeune femme regarda partir ses frères en direction de la maison familiale puis se retourna vers Giovani.

- Tout va bien mon frère, ils sont partis chercher des secours...

Elle caressa la joue de son frère inanimé en priant pour que là-bas, dans la maison, tout le monde soit en vie.

La fumée était de plus en plus présente. Le souffre, qu'elle apportait, brulait les poumons de la jeune femme. Une secousse se fit de nouveau sentir...

Ergan Dialon comprit assez vite que Kalia était assez loin de l'inspection annuelle. Néanmoins, il fit son devoir: il baratina ce qu'il fallait pour justifier son salaire. Au bout d'un moment tout de même, il s'arrêta car il devenait trop évident que ce n'était pas de ca dont voulais parler Kalia Nacéra. Il la laissa donc parler. Elle parla de la Gérax. Cela rappela à Ergan ses propres soucis avec cette montagne. Pour appuyer ses dires, elle sortit son jeu de tarot. Jusqu'à l'année dernière, Ergan Dialon riait ouvertement devant ce "gri-gri" comme il l'appelait, mais depuis que Tiran avait attrapé une grippe conformément à ce qui était dit, Ergan Dialon était particulièrement prudent sur le sujet, et avait même présenté ses excuses à Kalia. Ce fut donc avec sérieux, attitude si naturelle chez lui qu'elle en était ennuyeuse, qu'il écouta Kalia dévoilant ses cartes. La première ne lui plut pas, la deuxième encore moins. Quoi de plus désagréable que quelque chose que l'on ne pouvait pas maîtriser?

Puis une énorme explosion se fit entendre provenant de la Gérax. Une partie de la tasse brûlante se renversa sur les mains d'Ergan qui lâcha sa tasse de douleur et de surprise. La tasse se cassa par terre. Il sortit avec Kalia, juste à temps pour constater qu'un nuage de poussière bouchait la vue et agressait la respiration. Mais qu'est ce qui s'était passé? Pourquoi? Pourquoi?

La rué était un chaos sans nom : Poussières, décombres, cris, douleurs, horreur. Périodiquement, la terre s’agitait, fauchant les gens et démolissant les bâtiments. Une autre secousse secoua les bâtiments. Il fit quelques pas histoire de découvrir un peu plus les dégâts, et avec la poussière ambiante, perdit de vue Kalia et son herboristerie situé à peu de distance pourtant. Un bâtiment voisin s’effondra comme un château de cartes et le souffle de l’effondrement balaya Ergan comme un brin de paille, il alla s’écraser contre un amas de décombres voisins, et sa tête heurta un moellon. Il perdit conscience.

[HJ- Pour la suite de l'histoire d'Ergan (pour Kalia, c'est autre chose:)), je vous invite à suivre Dialon, où êtes vous?-HJ]

hrp - Allez, je viens te donner un coup de main - hrp

Elle revenait de la Cité Edorta, titubant et se heurtant parfois à des fuyards, ou des décombres. Il régnait partout un tel chaos que la jeune astrologue ignorait par où commencer pour porter main-forte aux valides, qui de toute leur âme tentaient de sauver ce qui pouvait encore l’être. Son regard allait d’échoppes en échoppes, toutes écroulées, vulgaires tas de gravats d’où s’échappaient cris et gémissements. Ou pire… plus rien. Habituée au calme et à la solitude, Sineàd était pour ainsi dire perdue, mais il lui fallait faire quelque chose. Elle pardonnait le manque de confiance, et les Olarils ne devaient pas payer si chèrement leur défaut de confiance à son égard.
Avec un frisson, elle vit l’état de l’auberge, des forges… Par moments, elle voyait des brèches se former et avaler les vivants, puis disparaître aussitôt… Vu d’ici, le spectacle prenait une tout autre tournure : c’était la terre, Olaria, qui semblait s’animer, tel un monstre organique colérique, et qui engloutissait avec gourmandise ceux qui avaient eu l’audace de la défier. Chaque brèche était une bouche qui menait dans les abysses de cette Terre.

Courant, égarée, elle n’avait eu de cesse de pleurer, avait parfois amorcé un geste pour aider quelqu’un, mais chaque fois la tentative avait avorté avec le décès de la victime, broyée, engloutie…
Et ce jusqu’à ce qu’elle n’arrive devant l’herboristerie Nacéra. Elle connaissait ce clan, et avait souvent vu ses membres converser avec des Astar afin de trouer graines et plantes médicinales contre des remèdes efficaces, lorsque leurs enfants tombaient malades. Elle vit une femme, qu’elle ne reconnut pas – Sineàd venait très rarement au village, et n’était pratiquement connue que des Astar – agenouillée devant les gravats, susurrant à quelqu’un qui se trouvait sous les gravats des paroles réconfortantes. Alors il y avait quelqu’un de bien vivant là-dessous ? L’astrologue en eut des frissons. L’air devenant irrespirable, elle récupéra dans l’une de ses nombreuses besaces un torchon qu’elle noua autour de son visage, se préservant des particules de soufre, puis s’approcha, instable, manquant de tomber à chaque tremblement du sol.
Arrivée auprès de la femme, elle s’agenouilla également et lui posa une main sur l’épaule. Ses yeux bleus se figèrent sur le visage de l’Herboriste, puis elle hocha la tête. Elle abaissa le tissu de sa bouche, le temps de parler :

« Vous voulez de l’aide ? À deux, on arrivera peut-être à le sortir de là »

Et après, que ce passerait-il ? Sineàd ne connaissait rien aux sciences des rebouteux, mais elle était costaude, pour une si petite femme, et elle était ingénieuse.
Elle commença par jeter un œil en l’air. Celui-ci se faisait plus dense, et agité par une fumée sombre. Ils seraient asphyxiés sous peu… Elle sortit un autre tissu qu’elle tendit à Kalia, puis remonta le sien sur son nez.
« Protégez-vous avec ça, sinon vous allez sombrer dans l’inconscience, vous aussi. » Elle sourit, sous le tissu, mais cela ne se voyait pas. Elle secoua la tête. « Il nous faut un levier, vous savez où l’on peut trouver cela ? » Elle la regardait, fixement. « Je suis Sineàd Astar »

Ces derniers jours, c’était un nom qui courait sur toutes les lèvres, la jeune femme ne l’ignorait pas, et elle comptait sur son nom pour susciter une réaction vive et utile. Elle espérait qu’on lui ferait confiance, maintenant.

Pour l’heure, il fallait sauver le frère de Kalia.

Les frères de Kalia n'étaient toujours pas revenus de la maison familiale. C’était mauvais signe... De toute évidence, on devait avoir besoin d’eux là-bas aussi. A cette idée, une angoisse indescriptible s’empara de Kalia mais il lui fallait résister, être forte pour Giovani. L’heure n’était pas aux lamentations. Son caractère impétueux lui interdisait toutes formes d’abandon, et à bien y réfléchir ce dernier n’était même pas envisageable en de telles circonstances. De plus, il fallait agir et vite. L’air devenait de plus en plus irrespirable et son frère de plus en plus pâle.

Tout à coup, elle sentit une main sur son épaule. Une jeune fille aux yeux bleus énigmatiques venait à leur secours. Elle l’écouta et noua le morceau de tissus qu’elle lui tendit autour de son visage. Elle respirait mieux mais pour combien de temps… Une fois son frère libéré de sa prison, il faudrait fuir ce nuage toxique le plus rapidement possible.

L’inconnu lui parla de levier, ce qui était une bonne idée, puis se présenta. Sineàd Astar… La jeune astrologue qui avait mis en garde les Olarils contre ce drame. Kalia resta interdite pendant quelques secondes.

- C’est vous…

Un sentiment de culpabilité l’envahit. Si seulement… Si seulement, elle-même avait mieux écouté les mises en garde évidente des cartes… Peut-être aurait-elle pu soutenir la jeune femme dans ses dires et ainsi épargner plus de vies... Elle secoua la tête négativement et se présenta à son tour.

- Je suis Kalia Nacéra… J’ai dégagé comme j’ai pu les pierres autour de la poutre mais cette dernière ne bouge toujours pas et comme vous l’avez constaté, mon frère Giovani a les jambes coincées en dessous. Un levier nous aiderait, c’est certains mais…

Pendant qu’elle parlait, la jeune femme cherchait du regard un objet quelconque pouvant servir de levier. Soudain, son regard tomba sur les restes d’une forge. Elle partit dans sa direction et revint presque aussitôt avec plusieurs barres de fer.

- Ceci devrait faire l’affaire et cette pierre nous servira d’appui … Seulement nous ne sommes pas assez fortes, il nous faudrait plus de bras et…

Kalia n’eut pas le temps de terminer sa phrase, une nouvelle secousse l’interrompit. Elle fut violemment projetée au sol. Quand la terre redevint calme, elle se retourna vers la jeune Astar.

- La Gérax semble si furieuse… Sineàd, les dieux sont-ils à ce point en colère ?

La jeune Nacéra ne continua pas plus loin son questionnement, un gémissement se fit entendre de l’échoppe effondrée. Son frère revenait à lui.

- Giovani ? Ne craint rien nous allons te sortir de là.

Elle ouvrit sa besace et en sortit une petite fiole de couleur verte.

- Tiens, bois ça ! C'est un anti-douleur.

Elle releva délicatement la tête de Giovani et celui-ci, encore groggy, but tout le breuvage tant bien que mal.

- Tu es coincé sous cette poutre... Je sais que c’est dur mais… Mais te sens-tu la force de t’extirper par toi-même de dessous pendant que cette jeune fille et moi-même nous la soulevons ?

Ce dernier acquiesça faiblement mais elle pu lire dans son regard une farouche détermination. Kalia se retourna alors vers Sineàd, le moment était venu...

« Nous y sommes »

« Je peux tenir le temps que vous alliez l’aider. Coincez le levier de votre côté et ça ira… »

Kalia acquiesça. Elle bloqua son levier avec les pierres se trouvant à proximité, s’assura de la stabilité de sa construction puis se dirigea vers Giovani. Celui-ci avait commencé à se dégager, elle l’aida prenant soin de ne pas le blesser davantage. L’anti-douleur faisait son effet et il put s’extirper de sa prison avec plus d’aisance. Elle fit signe à Sineàd et inspecta rapidement les blessures de son frère. Rien de vital ne semblait touché, toutefois sa jambe était cassée. Kalia lui fabriqua en toute hâte une attelle de fortune avec du bois et des morceaux de tissus. Il lui faudrait voir un médecin rapidement afin d’éviter qu’il ne boîte jusqu’à la fin de ses jours.

Kalia se tourna vers la jeune Astar.

- Merci infiniment. J’ai une dette envers vous, je ne l’oublierai pas… Mais pour l’heure, il nous faut partir d’ici…

Elle regarda autour d’elle. Les ruines de la ville étaient quasi désertes. Tous fuyaient vers la sortie du village en direction des plaines. Elle scruta les environs proches en quête d’un olaril à secourir mais personne dans les parages n’avait apparemment besoin d’aide. Les personnes valides ou blessées de la place avaient déjà abandonnés les lieux saturés par le soufre.

Se tournant vers Giovani :

- Peux-tu marcher ?

Son frère acquiesça. Kalia glissa le bras de ce dernier sur ses épaules, le releva et pivota vers Sineàd.

- Nous nous rendons aux plaines… Je ne sais pas ce que nous allons y trouver… mais sachez que dorénavant vous serez toujours la bienvenue parmi les miens… Vous venez ?

Kalia fixa une dernière fois les restes de l’herboristerie. Il lui était extrêmement douloureux d’abandonner le corps sans vie de Django dans les décombres de l’échoppe familiale. Elle se jura de tout faire pour venir le récupérer dès que possible puis les deux Nacéra prirent la direction des plaines. La jeune femme espérait y retrouver le reste de sa famille. Des larmes coulèrent silencieusement sur son visage, elle priait pour que les siens s’en soient sortis.

[Vers le campement : Parmi nous]

[Sineàd : J’en ai fini pour Kalia. Je te laisse le soin de clôturer le RP et de nous suivre ou non. ^^]

» Un Verre de Trop ? -ouvert-