Rissalie avait pris soin de poser un châle sur ses épaules, la matinée étant plutôt fraîche pour la saison. Elle était partit juste après l'aube, avait pris un sac de laine fraichement tondue et filée, et se promenait maintenant sur la Place des Ires, ne sachant trop où aller. Sa mère lui avait demandé de ramener des épices, mais il y avait tellement d'échoppes, de marchandises et d'étals que la jeune fille se sentait perdue. Les boutiques étaient nombreuses, on trouvait même plusieurs forges et une auberge.
Malgré l'heure, matinale, plusieurs badauds se pressaient, entrant ici et là, se bousculant, et bavardant bruyamment. Certes, c'était peu comparé à ce que devait charrier les heures de pointes, mais suffisamment pour que la jeune fille ne sache où donner de la tête. Le soleil commençait à réchauffer doucement la place qui se remplissait, quand une vendeuse plutôt âgée fit signe à la jeune bergère.
- Dis, petite ! Viens un peu voir mes jolis bijoux !
Rissalie serra son sac de laine, sa monnaie d'échange pour le troc, et s'approcha, curieuse. Mais ce qu'elle nommait bijoux n'était que breloques, fausses pierres, et des talismans n'ayant de magique que le nom. Rien d'intéressant. La jeune fille allait partir, mais la vieille femme lui prit le bras fermement.
- Allez, je sais que tu as besoin d'un de mes colliers ! Regarde, celui là fera s'amouracher de toi tout les jeunes hommes !
Elle lui fourgua sous le nez un pendentif qui n'était autre qu'un bout de bois sculpté à la va-vite, qu'on nouait autour du cou avec un lien en cuir de mauvaise qualité.
* J'ai tant l'air d'un pigeon ? * Pensa t-elle, exaspérée.
- Non merci, je n'en veux pas, dit-elle d'une voix ferme. Lâchez-moi maintenant.
Elle secoua énergiquement son bras, mais la vendeuse avait une poigne ferme, et elle ne semblait pas vouloir laisser partir la jeune fille.
- Non, reste petite. Prends le collier, et donne moi ton sac de laine en échange. Je baisse mes prix exprès car ta tête me plaît bien.
La vieille femme, en plus de ne pas lâcher la jeune Astar, commença à attraper brusquement son sac.
- C'est de la vente forcé ! cria Rissalie, J'en veux pas de vos breloques, je m'en vais, lâchez-moi !
Elle se tira avec force en arrière. La vieille femme lâcha prise d'un coup, et la jeune bergère vacilla un instant puis tomba, se retrouvant brusquement cul à terre. Elle avait, dans sa chute, lâché son sac. Celui-ci s'était ouvert, et la laine trempait maintenant joyeusement dans une flaque d'eau sale.
* Oh non... Elle est foutue maintenant. *
Une paire de jambe apparut alors devant le nez de la jeune fille, qui leva la tête, espérant que la personne vu son humiliation public ne se moquerai pas trop d'elle...