Les Tables d'Olaria
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 Une partie, m'sieur ?

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Ameer Afsharii
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Ameer Afsharii


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MessageSujet: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyMer 29 Aoû - 21:58

Il était déjà assez tard dans la nuit. Ameer marchait tranquillement dans les ruelles de la ville basse. Il fallait l’admettre, il était déjà un peu éméché mais il tenait suffisamment l’alcool pour connaître ses limites et savoir qu’il était loin de perdre ses moyens, autant physiques que mentaux. Il errait un peu, vêtu très sobrement, cherchant un petit bouge où il pourrait finir sa nuit. Ce soir, il ne cherchait pas vraiment à trouver une femme dans les bras de laquelle passer la fin de la nuit mais il avait envie de se faire plaisir au jeu, son autre démon, ou plutôt, son second hobby, car il était loin d’y perdre des sommes considérables, bien au contraire, c’était souvent pour lui l’occasion de se faire quelques maras tout en se faisant plaisir. Aussi, sans se presser, il prit la décision de chercher ce petit coin où il avait l’habitude de retrouver une petite bande de joueurs qui passaient toutes leurs nuits à jouer, principalement aux cartes, et, bien entendu, les parties avaient un enjeu modéré. Ils n’étaient pas spécialement riches mais leur table était connue et souvent il y avait de plus gros clients sur lesquels il pouvait espérer retirer davantage, car, généralement, ils n’étaient pas très expérimentés et se laissaient facilement emporter par l’appât du gain, de quoi leur chaparder une ou plusieurs tournées, histoire de partager un peu avec ses camarades d’un soir. Il lui arrivait pourtant de perdre, mais il n’en avait jamais fait un drame et comme il n’engloutissait pas toute sa solde dans le jeu, ça n’avait pas spécialement d’influence sur quoique ce soit. Mais, tandis qu’il descendait une ruelle, il ne partait pas perdant, loin de là. Il espérait plutôt remplir la petite bourse de cuir qu’il avait emmené avec lui, ou, au pire, s’offrir quelques tournées aux bons soins d’autres clients moins en veine que lui. De loin, il repéra le bâtiment dont les fenêtres éclairées répandaient une lueur chaude et diffuse. Alors qu’il s’approchait, quelqu’un sortit du bâtiment et des éclats de rires parvinrent jusqu’à lui le rassurant sur l’ambiance qui régnait à l’intérieur. Les clients étaient encore au rendez-vous, et donc, dans une moindre mesure, les joueurs potentiels également. Il eut un petit sourire et s’approcha du bâtiment avant de pousser la porte et de se faire frapper de plein fouet par l’air chaud et moite de l’intérieur.

Sans hésiter, il rentra et referma la porte derrière lui. Il embrassa la salle d’un regard circulaire et repéra immédiatement une table de joueurs qui semblaient complètement absorbés par une partie de cartes où chacun se regardait avec insistance. Apparemment l’un d’eux ne savait pas quoi faire et tous attendaient, suspendus à ses lèvres. Le capitaine eut un petit sourire en coin avant de s’installer à une table à côté en saluant ses connaissances. Il prendrait d’abord la température, en attendant probablement qu’une place se libère. La table était déjà pleine et il n’était pas question de s’inviter comme un malpropre. Il fallait attendre son tour, comme tout le monde et Ameer attendrait, il n’était pas pressé de toute façon. Une oreille trainant pour écouter les discussions et essayer déjà de se faire une idée sur les joueurs, il remarqua également une jeune femme qui faisait le service. Il ne l’avait jamais vue auparavant dans cet établissement. Reportant à plus tard son étude de la table et des joueurs, il préféra se concentrer sur elle et la détailla un peu avant qu’elle ne le remarque et vienne le voir pour prendre sa commande. Dans un demi-sourire, il se contenta d’une chopine de bière, ce serait bien assez pour commencer. Alors qu’elle s’en allait, il l’observa encore. Si la table ne se libérait pas, il savait déjà ce qu’il allait pouvoir peut-être faire. Il ne l’avait certes pas spécialement prévu mais, d’un côté, on ne décidait pas nécessairement de tomber sur un joli brin de fille de cet acabit. Elle avait de jolis yeux et, surtout, ses cheveux courts lui donnaient un genre… particulier, agréable à l’œil, vraiment. On pouvait regretter qu’ils ne cascadent pas autour de son visage mais, le capitaine en était convaincu, cela ne lui aurait pas allé. Non, définitivement, elle était très jolie comme ça et, apparemment, il n’était pas le seul à s’intéresser à elle. Il la remercia quand elle lui apporta sa chopine, la gratifiant d’un sourire cajoleur et lui donna un peu plus que le nécessaire, l’enjoignant à garder la monnaie. Elle l’avait mis de bonne humeur, il lui devait bien ça.

Sa chope à la main, il posa ensuite son regard sur la table, délaissant la jeune femme pour se concentrer sur les joueurs, pour apprendre à connaître ceux qu’il ne connaissait pas. Il est important de connaître ses adversaires, de connaître leur façon de réagir par rapport à une situation donnée. Certains possèdent des tics physiques, parfois évidents, parfois plus discrets. D’autres restent plus flegmatiques mais leur esprit rationnel cache une logique que l’on peut de temps en temps déceler, une manière de jouer identique selon les cas, ce qui permet d’avoir une idée du jeu qui se cache derrière les cartes. Ce n’était pas le domaine favori du militaire mais il y était plutôt bon aussi et puis cela avait l’avantage d’impliquer davantage de joueur. Au bonneteau, il n’y a que deux joueurs, celui qui manipule gobelets, boules ou cartes, et celui qui essaye de deviner où se trouve la carte que l’autre essaye de cacher. Les autres regardent, déstabilisent parfois. Dans la rue ou dans une taverne, il est facile de monter des arnaques mais Ameer jouait à la régulière. Pour lui, il suffisait d’être suffisamment agile pour ne pas avoir recours à de simples subterfuges pour gagner et plumer des pigeons. Au contraire, c’était beaucoup plus gratifiant de gagner alors qu’il y avait bien une boule sous les gobelets. Les minutes passaient doucement et il observait toujours la table où aucun joueur ne semblait vouloir laisser sa place. Cela ne le dérangeait pas d’attendre encore un peu, il lui restait encore à déchiffrer deux joueurs qui semblaient connaître leur affaire. Une nouvelle gorgée de sa chope alors qu’il se balance un peu en arrière sur sa chaise pour prendre ses aises. Il a tout son temps, la nuit est loin d’être terminée…
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Kaly Jihl
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyJeu 30 Aoû - 19:12

Elle commençait, ce soir. Elle s’appelait Jilh, simplement Jilh. Un petit mensonge par omission, comme souvent, c’était plus sur. Elle n’avait que peu fréquenté cet établissement par le passé, et avait eu des difficultés à convaincre le patron, mais l’argument selon lequel elle lui refilerait le tiers de ses gains avait rapidement séduit l’honnête commerçant. Tout était tellement plus simple, lorsque l’on parlait d’argent… Il fallait dire que le bouge n’était pas réputé pour être bien famé. Repaire des joueurs et, donc, de tricheurs, nombre d’hommes en sortaient plumés jusqu’à la moelle, et pas tous en raison de leur défaite… C’était cynique, affreusement cynique, mais il ne fallait pas laisser ses doigts rouiller. Pour autant, elle était frustrée de n’être que serveuse, et de ne pouvoir s’attabler avec ces hommes qui observaient avec intensité les cartes. Ecartée de ces tables solennelles, comme une petite fille est écartée des affaires d’adultes. Elle gagnait cependant quelques pièces pour un travail harassant, et lorsqu’elle en avait l’occasion, elle subtilisait ci et là quelques bourses. L’honnête tavernier n’en savait pas tout, la jeune femme gardant pour elle quelques petits secrets, ainsi qu’un part sur laquelle ne se calculait pas le pourcentage dont il lui fallait se défausser. Petites magouilles entre magouilleur, qui jouait devait toujours accepter de perdre un peu. Enfin, les autres, surtout.

Ce soir, les affaires marchaient plutôt bien. Elle louvoyait en souplesse entre les tables, prenait les commandes, servait, attardait ses mains près des sacoches de ces messieurs lorsque l’envie les prenait de se faire plus proches, et alors elle repartait un sourire aux lèvres, forte de pourboires plus que satisfaisant. Elle portait le jupon, ou plutôt les jupons, sa taille marquée comme le lui avait demandé le patron. Il ne la voulait pas élégante, ni dotée de l’apparence d’une joyeuse, ce qu’elle avait refusé d’être, mais le joueur aviné était toujours content d’avoir quelque chose d’agréable sous les yeux… Elle avait deviné dans le regard du tenancier qu’il n’y avait pas de problème de ce point de vue là, mais comme souvent s’était montrée humble et affable, lui faisant promesse de suivre sa requête. Il était satisfait, elle travaillait vite, bien, et elle plaisait aux clients. Que demander de plus, alors ?

La soirée avait commencé assez tôt, et duré longtemps. La salle ne désemplissait pas, ici, car les joueurs étaient les plus nocturnes des ivrognes. Ceux-là s’abîmaient dans le monde du jeu jusqu’à l’aube, où ils disparaissaient pour beaucoup dans un sommeil lourd et sans rêve. Elle connaissait bien ce sommeil là, en ayant été gagnée à plusieurs reprises. Un sommeil satisfait lorsque les bourses rentraient rebondies, et vide, affamé lorsqu’elles étaient creuses. Mais l’heure n’était pas au sommeil. Plutôt à l’ivresse, la joie, les rires et la moiteur de cet air plein. Elle aimait ça, en dépit de sa très légère frustration. Celle-ci était palpable, lorsqu’elle glissait un regard en direction des tables, sans pouvoir les rejoindre. Mais vite, vite on l’appelait là-bas, alors ses pieds battaient le bois, et avec un sourire elle prenait commande, servait, échangeait un rire et repartait.

Elle tourna à peine la tête, lorsque la porte s’ouvrit sur un nouveau venu, occupée à servir une tablée. Lui, en revanche, la détaillait déjà, souriant, ce qui attira son attention. Se glissant entre les tables, elle était allée prendre sa commande. D’un coup d’œil elle avait détaillé un peu cet oiseau là, lui rendant un regard qu’elle avait senti courir sur elle sans vergogne. Oh, il était certes plutôt bel homme, mais les considérations de la jeune femme résidaient ailleurs. Pas un instant elle n’envisagea ce qui passait par l’esprit du militaire, plus intéressée par son rang social, et la possibilité d’en tirer quelque chose. Car si elle ne s’attarda que superficiellement à son charme, elle fut frappée par une impression indéfinie… Il n’était pas commun, pas normal. Il était propre, sur de lui, et patient. Et il laissait de généreux pourboires. En période de siège, cela voulait dire « riche ». Il n’était pas fébrile, ni n’avait l’apparence d’un débris comme la plupart des joueurs qu’elle croisait. Et cette propreté, cette aura qui émanait de lui la portait à croire qu’il pouvait lui rapporter un véritable petit magot. D’un autre côté, peut-être était-ce justement d’autant plus risqué, du fait même de cette sorte d’aura… Ce qui le rendait différent le rendait peut-être dangereux ? Elle ne s’y intéressa pas moins cela valait le coup de tenter l’affaire.

Il buvait tranquillement, coulant toujours, elle le sentait, quelques regards en sa direction. Puis les regards cessèrent, et ce fut à elle de le scruter, presque avec avidité. Il ne jouait pas, mais il ne détachait pas son regard acéré des joueurs. Et dans sa calme attention, elle lisait qu’il était un joueur. Un joueur esseulé, écarté. Tout comme elle. Pauvre biquet, elle compatissait. Cela dura environ… une dizaine de secondes peut-être, puis l’idée d’un joueur esseulée se fit plus alléchante que tragique. Il était plus simple d’appâter le joueur qui attend, qui trépigne, dont la faim du jeu est affûtée. Elle pourrait la combler. La porte, à nouveau, s’ouvrit, cette fois pour laisser sortir une table tout entière… La salle, sur ce choc, lui fit l’effet de se désemplir si vite qu’elle n’en retint pas un soupir de soulagement. Le patron, qui le remarqua, lui fit signe avec un sourire de s’approcher. Une pause, elle l’avait bien méritée. La soirée allait sur sa fin, ceux qui resteraient encore pour des heures étaient là, et il pourrait faire le reste. Peut-être avait-il remarqué, lui aussi, les regards appuyés posés sur le nouveau venu. Peut-être avait-il des soupçons similaires, et peut-être était-il alléché à l’idée de toucher le tiers de ce que cette débauche précipitée apporterait… En honnête commerçant, bien entendu.

Elle le remercia, et glissant deux pièces sur le comptoir, et commanda une bière, en cliente cette fois. Avec un sourire amusé, le patron récupéra l’argent et la lui servit, lui laissant tout loisir de louvoyer en direction de cet homme qui l’intéressait tant. Elle se glissa à ses côtés dans un silence souverain, sans le déranger dans son observation, puis souffla : « Cette partie dure depuis longtemps déjà… Ils savent s’y prendre. » Sa voix était tranquille, et dans celle-ci on pouvait distinctement entendre le léger sourire qui ourlait ses lèvres. Alors, toujours de profil à lui, son sourire s’élargissant irrépressiblement, elle porta la pinte à ses lèvres, et en bu une petite gorgée. Un coup d’œil de travers, amusée… Elle avait son attention…
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Ameer Afsharii
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyVen 31 Aoû - 10:02

Le regard porté sur la table, il n’avait pas vraiment fait attention au reste. Chope à la main, en équilibre sur cette chaise qui ne reposait plus que sur ses deux pieds, il était assez concentré et se contentait d’observer les joueurs, leurs cartes pour celles qu’ils voyaient, ainsi que la monnaie amassée devant eux. Personne ne semblait réellement plumé, ce qui ne faisait pas ses affaires, mais il espérait peut-être que l’un d’eux soit raisonnable et finisse par décider qu’il avait mieux à faire, comme, par exemple, finir sa soirée ailleurs, dans son lit, comptant les sous qu’il avait perdu, ou gagné, pour s’endormir comme une véritable masse. Ameer ferait probablement pareil d’ici quelques heures, quand l’aube commencerait à chatouiller le ciel de ces petits rayons dorés, il pourrait faire une longue grasse matinée, une fois n’était pas coutume, aussi, l’heure à laquelle il trouverait le sommeil n’était pas importante, et c’était notamment la raison pour laquelle il pouvait rester ici, à regarder des hommes essayer de se plumer les uns les autres, pensant peut-être que cette petite rentrée d’argent leur offrirait de quoi égayer leur journée de demain, à moins, bien entendu, qu’il ne le perde plus tard. Quand on jouait, il fallait également savoir s’arrêter, apprécier ses gains et ne pas tenter le diable. Certains pouvaient le faire, avec la force de l’habitude et de l’expérience mais, surtout, il ne fallait jamais s’enflammer. Un gain n’était pas synonyme de victoire et certains croyaient un peu trop en leur bonne étoile pour voir le vent du changement s’annoncer. Pour le Capitaine, mieux valait savoir se retirer la tête haute lorsque l’occasion se présentait plutôt que de trop se laisser aller au plaisir du jeu. Bien entendu, il arrivait des jours où c’était impossible, simplement par une certaine malchance, mais s’il était plus facile de savoir quand s’arrêter une fois l’argent devant soi épuisé, il était beaucoup plus tentant d’essayer de plumer complètement les autres joueurs avant de s’en aller lorsque la majorité de l’argent s’étalait devant soi. Mais un joueur avec une pièce restait tout aussi dangereux qu’avec une centaine, peut-être parce qu’il savait qu’il s’agissait de son dernier va-tout et de sa dernière chance de se refaire. Un peu comme un animal blessé devient plus dangereux encore, le joueur au bord de la défaite devient un véritable et coriace adversaire, aussi mieux vaut souvent accepter de lui laisser une partie de sa fortune et s’en aller.

Il n’entendit pas la jeune femme s’installer à ses côtés, se glissant à sa table comme un chat se glisse dans l’obscurité pour attraper la souris qui fera office de repas du soir. Il aurait pu être surpris d’entendre une voix souffler non loin de lui mais il n’en fut rien. Au contraire, absorbé dans son observation, il lui fallut un peu de temps pour comprendre que l’on s’adresser à lui. Il détourna alors la tête de la table et découvrit son interlocutrice. La serveuse, tiens donc… Un coup d’œil à la salle lui fit remarquer que le nombre de clients avait sensiblement chuté et qu’elle se retrouvait alors certainement sans beaucoup de travail. Tandis qu’il la regarder prendre une gorgée de sa pinte, il prit le temps de la détailler encore un peu, même s’il l’avait déjà fait longuement quelques minutes plus tôt. Il jeta un nouveau, et très bref, regard à la table et opina du chef, lentement. « Ils sont surtout tous près de leur argent, mais c’est compréhensible, même si certains ne sautent pas sur de bonnes occasions. » De ce qu’il avait pu voir, il y avait quelques petits bras à cette table et même s’il pouvait comprendre que sauvegarder son argent était primordial pour quelqu’un qui n’en avait pas beaucoup, il ne fallait pas oublier qu’ils étaient ici pour jouer et que, par définition, ils avaient un esprit de « sauvegarde » de leurs économies bien moins farouche que celui d’autres personnes. Il leva sa chope en direction de la serveuse et en tira une longue gorgée qu’il apprécia avec une certaine langueur. Il ne jouerait peut-être pas ce soir, c’était dommage mais ce n’était pas un drame, il se rattraperait le lendemain ou le surlendemain, quitte à venir un peu plus tôt pour s’assurer une table.

Revenant à sa table et à la jeune femme qui l’accompagnait, ce qui était pour lui toujours une certaine surprise, il se demanda ce qu’elle faisait ici, à côté de lui. Une partie de lui se disait qu’elle était peut-être intéressée, après tout pourquoi pas, l’autre, plus pragmatique se disait qu’elle n’avait peut-être simplement pas envie de boire sa bière seule et s’était donc rabattue sur la seule table qui n’était pas pleine et qui n’était pas vide non plus. « Vous êtes nouvelle ici non ? C’est la première fois que je vous vois dans le coin. » Ils connaissaient déjà la réponse à cette question, tous les deux, à moins qu’elle ne sorte un argument imprévu de sa poche mais il en doutait. Il but une gorgée de son liquide ambré et légèrement mousseux avant de reprendre. « Et vous venez souvent prendre une bière avec vos clients ? Ou, j’ai le droit à un traitement particulier ? » Il eut un sourire amusé avant de se retourner de la table d’à côté où des éclats de voix venaient soudainement d’éclater. Apparemment l’un d’entre eux avait gagné un petit paquet sur un bon coup de cartes, hélas, rien qui n’annonce une fin de partie prématurée pour l’un d’entre eux. Soupirant doucement, il reposa son attention sur la jeune femme et la détailla encore. A dire vrai, il ne se laissait pas d’observer ses cheveux, véritable cascade de feu, interrompue avant ses épaules, et qui lui donnait tout un air. Oh, elle avait du en faire tourner des têtes cette fille là, assurément, et peut-être qu’elle faisait tourner la sienne aussi, même si, d’une certaine manière, il se laisserait volontiers aller. A défaut du jeu, une petite fin de nuit avec cette charmante donzelle aurait été des plus charmantes, sans l’ombre d’un doute.
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Kaly Jihl
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyMar 4 Sep - 17:41

L’entendre reprocher aux hommes attablés leur sérieux et leur conservatisme arracha à Kaly un petit souffle de plaisir qu’elle noya dans la bière. Non seulement cet homme-là semblait aisé, du moins pour l’endroit, mais en prime il se montrait d’humeur téméraire dans ses propos. C’était compréhensible, mais dans la façon qu’il avait de les regarder, et le ton de sa voix elle le devinait un peu amer. Lui voulait peut-être flamber ? Elle du se retenir de glousser et de se dandiner sur son tabouret, pour au contraire abaisser la pinte avec une grande dignité, son sourire mutin trahissant toujours partiellement ses pensées. C’était pour cela que si elle était une chapardeuse hors pairs, aux doigts de fées, elle ne se hasardait que fort rarement à jouer un rôle. Sa bonhomie naturelle, vestige de sa jeunesse, était son plus gros point faible. Elle leva alors sa pinte en sa direction, en réponse à son geste, avant de reposer sur la tablée un regard amusé. « Peu de joueurs se laissent aller lorsque les temps son durs. Les plus forts seulement… Et les plus téméraires. » Oh ? Dans sa voix, là, qu’était-ce ? Du défi ? Non… Elle replongea le nez dans sa pinte, savourant sur son palais le pétillant de la bière. Elle était habituée à boire, et savourait toujours ce breuvage après une soirée de labeur.

Il s’intéressa alors, comme elle l’avait escompté, à elle, et lui posa quelques questions. Enfilées les unes aux autres comme les perles d’un collier qu’elle avait tissé de son sourire en coin, et de sa seule présence. Elle avait flairé son intérêt, et se trouvait toute satisfaite de voir son flair récompensé. Oh, elle ne se faisait pas d’illusions quant au potentiel intérêt de cet homme-là, trop bien placée pour connaître ces inclinations, mais espérait avoir pour l’heure autre chose pour le séduire que sa seule apparence. C’était certes flatteur, mais insuffisant. On gagnait bien moins sa vie en faisant le tapin qu’en réservant à des hommes comme ce joueur frustré le sort qu’elle lui réservait… Parole de scout. Toute à ses planifications machiavéliques, elle sursauta presque aux éclats de voix qui s’élevèrent, avant de reporter sur lui un regard rassuré. Elle remarqua alors le sien qui la parcourait à nouveau, et reposa avec un plus grand sérieux sa pinte sur la table qu’ils partageaient. L’ombre de son sourire soulignait toujours son visage, légère fossette un peu traitre sur sa peau de nacre, lorsqu’elle s’éclaircit la gorge pour prendre la parole.

« Vous avez raison, je suis nouvelle ici. C’est mon premier soir pour ce patron. » Un sourire entendu, et elle précisa : « C’est un bon patron, qui lorsqu’il n’a plus besoin de serveuse me laisse partir sans se plaindre. Ca se calme, je peux donc profiter comme vous de la fraîcheur de sa bière. » Oh, une bière bien ordinaire, en réalité, mais pour elle c’était déjà une bonne bière. Après tout, quels que soient ses larcins et leur éventuelle valeur, elle demeurait quelqu’un de particulièrement… humble. C’était un joli mot, pour miséreux. Elle haussa alors les épaules et, sa langue à nouveau baptisée de ce vif onguent, elle reporta sur la table qu’ils regardaient un œil brillant de malice. « J’aime regarder les joueurs, cela permet d’apprendre beaucoup de choses sur les hommes. » Le noisette de ses pupilles fouilla alors le regard de sa proie, son air ingénu laissant voir en subtilité le jeu qui se jouait sous cette petite tête rousse. « Et vous, venez-vous seulement observer ces jeux ? » Dans le ton bas et posé de sa voix, il pouvait entendre le sous-entendu. Ou plutôt les sous-entendus. Ce n’était pas une maison close, aussi venait-on rarement ici pour lever de la jolie fille. Ni même de la fille bon marché d’ailleurs. On y venait pour perdre son argent de façon toute différente, et qui n’observait pas, et ne se contentait pas de boire et de rire dans son coin passait le plus souvent la porte avec le ventre vide. Le ventre du joueur. Parce qu’il fallait bien admettre en prime qu’on y faisait fort maigre pitance…

Elle ne s’était pas embarrassée de charme ou de mystère, elle avait de toutes les façons déjà son attention, et lisait dans son regard qu’elle n’aurait pas besoin de minauder pour lui mentir et le berner. Elle l’intriguait déjà suffisamment. Restait à amener de façon subtile l’idée qui lui trottait dans la tête, et à se mettre sur ses gardes. Elle ne devait pas compromettre son patron, sans quoi celui-ci lui en tiendrait rigueur et mettrait fin à leur juteux accord. Tout, sauf ça. Jusque là, son attention s’était toute entière focalisée sur la perspective de combler la faim de jeu de cet homme. Celle d’en combler une autre était reléguée au second plan, inutile. Elle n’avait pas besoin d’écarter les cuisses pour faire entrer un peu d’argent. Elle n’en avait plus besoin. Et tout séduisant et aimable que cet homme pouvait être, elle n’en avait pas davantage l’intention avec celui-ci qu’avec les autres. Après tout, si elle ne lui avait pas subtilisé la totalité de ce qui se trouvait dans ses bourses (ce qui n’était pas encore une certitude cela dit) d’ici à la fin de cette soirée, il pourrait bien aller contenter ce que ses yeux disaient dans quelque établissement à vocation toute autre.
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Ameer Afsharii
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptySam 8 Sep - 18:59

L’instinct ne trompe jamais personne et Ameer aurait mis sa main à couper qu’il était entrain d’être l’objet d’étude de cette jeune femme. Pour quelles raisons ? Il l’ignorait mais il avait l’intime conviction qu’elle le testait, qu’elle l’observait sous toutes les coutures comme il avait pu le faire quelques dizaines de minutes plus tôt et comme il le faisait encore à l’instant. Ce n’était qu’un juste retour des choses, à bien y penser, mais, si autant un homme pouvait regarder une serveuse et y voir un joli brin de fille, il se demandait ce qu’elle pouvait essayer de trouver chez lui et s’il s’agissait là juste d’une simple réciprocité ou davantage. En réalité, savoir qu’il n’avait pas juste à faire à une « simple » jeune femme le faisait intérieurement sourire. Elle ne cachait peut-être pas bien son jeu mais cela indiquait qu’elle avait clairement quelque chose derrière la tête et cela plaisait au Capitaine qui avait pour sainte horreur les femmes avec trois fois rien dans la caboche et qui se contentait d’agir en toutous dociles et conciliants. Il avait toujours eu besoin de femmes qui « savaient y faire » et qui avaient une petite idée de ce qu’elles désiraient réellement, et ce n’était pas nécessairement une volonté tournée vers la luxure ou tout autre souhait particulièrement charnel, mais simplement une question de personnalité : les gens se révélaient tellement plus intéressants quand ils savaient pourquoi ils allaient dans une direction plutôt qu’une autre, ceux qui ne faisaient que suivre se retrouvaient rapidement insipides et sans réel intérêt, d’une fadeur désagréable à côtoyer, à tous les niveaux. Mais quelque chose lui soufflait qu’elle savait où elle allait et s’il ne connaissait pas sa direction, il était cependant suffisamment curieux et piqué au vif pour se révéler davantage intéressé qu’il ne l’avait pu être jusqu’à maintenant, peut-être même curieux au point de se demander ce qui se cachait vraiment derrière ces cheveux courts et aguicheurs.

Il recroisa son regard lorsqu’elle répondit à sa remarque concernant les joueurs. La façon dont elle avait terminé sa phrase le fit tiquer mais il ne put observer qu’une frimousse qui se perdait derrière une chope de bière. Téméraire ? Oui, peut-être, néanmoins, les vrais joueurs savaient que même les difficultés en tout genre ne pouvaient pas remettre en cause une soirée de jeu et, pour gagner, il fallait chercher l’autre, le titiller, lui faire sentir qu’il avait gros à gagner, pour peu qu’il y mettait le prix, un prix que, bien entendu, l’on s’empressait d’aller chercher. Faire miroiter la victoire alors que la défaite était assurée. Voilà la clef de bons bénéfices lors d’une soirée de jeu mais il faut cerner les personnalités des joueurs, comprendre les leviers sur lesquels presser pour délier les mains et, il n’y avait pas à tergiverser longtemps, c’était bien plus facile à dire qu’à faire. « Ce n’est pas tant une question de témérité ou même de force, simplement un rapport différent au jeu. On ne gagne pas en jouant perdant. » Il avala une gorgée de sa bière. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Ce n’était pas vraiment transposable au monde du jeu mais, une chose était évidente et s’en rapprochait quelque peu : sans oser, on ne pouvait pas gagner, et c’était ce à quoi il faisait principalement référence. Enfin, ce ne serait peut-être pas pour ce soir, qu’importe, ce n’était pas si grave que ça, surtout s’il avait peut-être ferré une autre occasion de terminer la soirée. Enfin, il était encore trop tôt pour pouvoir conclure aussi vite. Il aimait bien prendre le temps de savoir avec qui il partageait quelques minutes de la nuit et, peut-être davantage, si, en quelque sorte, le courant devait passer, d’une manière ou d’une autre. De toute façon, il n’allait pas non plus faire du rentre-dedans balourd, le Capitaine était bien au-dessus de ce genre de choses.

Intéressé, il l’écouta parler d’elle, de sa nouveauté effective par ici. Son premier soir ? Et bien… Elle n’était cependant surement pas à son coup d’essai et ce n’était probablement pas la première taverne où elle se posait. Toutefois, elle avait surement dû trouver des arguments de poids pour convaincre le patron de l’embaucher et il était presque curieux de connaître lesquels car, il le savait, ce bougre n’était pas facile à convaincre, la preuve en était qu’il n’avait pas vu beaucoup de serveuses se bousculer ici, à moins que ce ne soit à cause de la clientèle qui, pour une fois, ne faisait pas vraiment attention aux midinettes qui pouvaient trimballer leurs miches entre les tables, contrairement aux autres établissements. Ici, ce n’étaient pas les jolies femmes qui faisaient boire les messieurs, mais le jeu, simplement. Une chose suffisamment rare pour être soulignée. Il tourna son regard vers la table en même temps qu’elle, un petit sourire aux lèvres. « D’habitude je ne me contente pas d’observer, mais il semblerait qu’une place n’est pas prête de se libérer alors je crains qu’aujourd’hui, je devrais faire avec le seul plaisir des yeux. » Ameer était convaincu qu’elle avait une carte dans sa manche, une petite chose qu’elle gardait en réserve. Allait-elle la jouer ? Cela devenait bien plus intéressant que cette petite table où tous essayaient de conserver leur argent sans chercher à prendre celui de l’autre, ils auraient mieux fait de s’arrêter de jouer maintenant, cela aurait été une économie de temps. Il l’observa quelques instants. « Et qu’avez-vous appris sur ces hommes là ? » Il n’avait pas à feindre sa curiosité, loin de là. En réalité, il espérait qu’elle ne ferait pas sa mijaurée et répondrait, juste pour voir jusqu’où allaient ses raisonnements et combien elle pouvait se révéler observatrice. Il était persuadé qu’elle avait fait de même avec lui et qu’elle était certaine de savoir déjà des choses sur lui tout comme il pensait savoir quelques petites choses sur elle. La question viendrait peut-être plus tard mais, pour l’instant, il s’agissait d’un petit test pour voir comment elle observait, sur quoi elle se concentrer, peut-être également une manière de la manipuler, d’une certaine manière. Quand on savait ce que « l’adversaire » regardait en premier, il s’agissait là d’un avantage que l’on pouvait, parfois, aisément manipuler pour fournir de fausses ou désirables informations…
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Kaly Jihl
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyJeu 13 Sep - 18:12

Sans doute avait-il raison, lorsqu’il disait que l’on ne gagnait pas en jouant perdant… Elle ne pouvait qu’approuver cette philosophie, elle qui s’était relevée de tout pour braver la vie, la jouer plus que la vivre. Non pas que Kaly eut été du genre optimiste, mais elle n’était certainement pas défaitiste, et avait appris jeune qu’à trop voir la partie vide du verre, on en oublie par trop l’ivresse. Alors elle vivait de celle qui était emplie, joyeusement, savoureusement. Et si celle-ci pouvait s’emplir de ses jeux et de ses magouilles, eh bien c’était encore mieux. Sa compagnie lui serait probablement agréable, ce soir. Du moins était-ce ce qui lui vint à l’esprit en l’entendant parler ainsi. Bien entendu, cela ne signifiait en rien qu’elle n’avait pas l’intention de faire un tour par ses poches avant la fin de la soirée… Simplement, attendre le moment opportun serait agréable, et sans doute source de conversations intéressantes. Après tout, pourquoi bouder son plaisir ? Pourtant, elle ne prit pas la peine de répondre à ceci, de toute façon peu sure de ce qu’elle aurait bien pu lui dire, son assertion de celles, définitives et empiriques, auxquelles on ne peut qu’acquiescer avec l’air noble du sage. Ce qu’elle fit assurément.

Après avoir reporté son attention sur la table de jeu, il répondit finalement à sa question et la libéra d’un infime doute qu’elle avait pu avoir, cependant sans trop y croire. Elle ne s’était pas trompée sur cet homme, et ceci, quoi qu’elle n’en tira nul plaisir particulier, la confortait néanmoins dans l’objectif qu’elle sentait peu à peu s’affiner en elle. Elle le détailla du coin de l’œil, attentive et réfléchie, tandis qu’il lui dévoilait discrètement son regret de ne pouvoir jouer ce soir. Il avait faim. Ce petit regret arrangeait, bien entendu, ses affaires, puisqu’elle ferait plus aisément son affaire à un homme qui était pris par cette envie. Elle lui offrirait une partie excitante, amusante. Elle mettrait en jeu de l’argent, de l’honneur. Et tout le temps, elle entretiendrait sa curiosité de sa personne, consciente de l’avoir aiguillonné. Elle ne se livrerait pas, ou trop peu, tendrait entre eux des appâts subtils et savoureux, pour ne lui offrir qu’une toute autre partie. Des cartes, peut-être… Elle n’était pas capable de faire une voyante crédible, mais les jeux de cartes étaient son fort. Ca, et le bonneteau. En tête à tête, c’était peut-être mieux en fait… Quoi que, le bonneteau viendrait plus tard. D’abord, elle lui offrirait quelques bouchées, afin de titiller son appétit, pour après passer aux choses sérieuses. Les rouages de son plan activés en elle, elle fut interrompue par sa question, à laquelle elle sourit avant de laisser une nouvelle gorgée de bière glisser sur sa langue.

« Oh, ils n’ont rien de très particulier. Ils tiennent la table, fuient un peu leur vie autour d’une partie qu’ils souhaitent interminable et peu coûteuse. » Un sourire complice, et elle haussa les épaules. « Comme vous l’avez dit, ils ne s’engagent pas, parce que la peur qui nous grignote tous ne les quitte pas tout à fait, mais ils aimeraient bien oublier malgré tout. » Elle planta alors dans le sien un regard frappant et plein d’une énergie contenue, ajoutant à voix basse : « En gros, ils essaient d’oublier. » Elle avait dit nous sans même savoir qui était cet homme, et d’où il venait. Elle lui avait trouvé l’air riche, mais cela ne faisait pas tout. Eut-il été le Gardan Edorta en personne que cela n’aurait de toutes les façons rien changé pour elle… Pour autant, elle espérait bien piocher dans sa réponse quelque indice sur son identité. On ne demandait pas celle-ci de but en blanc à un joueur, dans une taverne au creux de la nuit… C’était un repère d’anonymes et de fuyards… Elle respecterait cela. Après tout, piller son prochain n’était pas un frein au respect, si ? Et puis, elle préférait autant qu’il ne se sente pas la liberté de creuser trop loin de son côté non plus. Le charme, et le sourire suffirait pour l’heure. Non pas qu’elle ne fut pas une habille menteuse, encore que c’était loin d’être son point fort, mais elle préférait l’omission au mensonge éhonté.

Elle replongea derechef dans sa bière, en tira un regain d’assurance qui valut à son compagnon de la soirée un sourire radieux, qui fondit bien vite en une nouvelle question : « Et vous, êtes-vous également venu jouer ici en quête d’un peu d’oubli ? » Cette faim qui l’étreignait, la devait-il à l’oppression de cette armée sur sa conscience, ou bien tuait-il simplement le temps d’une façon qu’il trouvait amusante ? Cela déterminerait aussi ses motivations, ses envies, son implication dans le jeu. Elle tâchait, par ses questions détournées, de se préparer un terrain favorable à une partie prolixe. Une fois ces cartes en main, elle saurait que lui proposer pour toucher juste, et bien. En fonction de sa réponse, elle se ferait divertissante, charmante, ou pleine de défi. Elle lui offrirait ce qu’il voulait, comme une joyeuse le fait du client, ses mains pour seule offrande cependant. Elle s’en pourléchait mentalement les babines. Tout comme il devait être friand de jeux et de paris, elle le serait de ses petites manipulations.
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyLun 17 Sep - 7:32

Cela aurait été bien la première fois que le Capitaine d’Infanterie ne s’intéressait pas à une femme, qui plus est, elle venait d’elle-même se joindre à lui, une raison supplémentaire d’y regarder de plus près. Après tout, il n’existait pas trente-six raisons pour lesquelles une jeune femme viendrait profiter de la compagnie d’un homme autour d’une bière. Bien entendu, il y avait de fortes chances que ce soit en tout bien tout honneur. Elle ne donnait pas vraiment l’air d’être intéressée par lui, ou du moins ne le montrait pas suffisamment pour que ce soit suffisamment évocateur. Elle ne cherchait peut-être qu’à le jauger un peu avant de réellement se lancer. Avec le temps, Ameer avait bien compris que la plupart des femmes n’étaient pas faciles à déchiffrer et demandaient une pointe de subtilité pour les comprendre, ou, plutôt, pour comprendre ce qu’elles essayaient de sous-entendre, ce qu’elles ne disaient pas mais qu’elles pensaient, hélas, souvent pas assez fort, pour que ce soit aussi clair que de l’eau de roche. Toutefois, elle ne semblait pas privée de culot et il se convainquit rapidement que si elle n’affichait pas d’intentions d’elle-même, c’était qu’elle n’en avait simplement pas l’envie. Ce n’était pas un problème en soi, le Capitaine était assez doué pour faire naître cette envie de lui-même, mais ce qu’il fallait savoir c’était s’il en avait réellement envie. Elle le titillait, bien évidemment, mais quelque chose lui disait qu’il ferait mieux de passer son chemin. C’est une sensation difficile à décrire, quelque chose d’intestinal, de profond, qui frappe votre esprit sans que vous puissiez vraiment en déterminer la source. Certains parleraient de subconscient, d’instinct, oui, c’est peut-être plus facile de l’évoquer ainsi mais c’était trop diffus pour être interprétable. Cela pouvait venir de la table de jeu, ou même de la bière qui, il fallait l’admettre, si elle n’était pas mauvaise, n’était pas franchement bonne non plus ! Il reposa d’ailleurs sa chope sans quitter la jeune femme des yeux. Il fallait dire qu’elle l’intéressait déjà beaucoup plus que cette table de joueurs trop frileux ce soir…

Avec une certaine attention, il l’écouta parler des joueurs, de ses observations sur les hommes. Il se demandait si elle tirait des conclusions générales sur ses interprétations mais, une chose était certaine, elle n’avait pas tort au sujet de ceux qui trainaient dans cette taverne non loin d’eux. Une partie interminable et peu coûteuse… C’était probablement ce qu’ils étaient tous venus chercher ici. Le moyen de s’offrir, à un coût plus que raisonnable, la chance d’oublier la situation dans laquelle ils pourrissent tous depuis des semaines. La Ville Basse n’est pas la mieux lotie dans ce Siège mais elle peut aussi se consoler un peu en se disant que, si l’attaque doit avoir lieu un jour, elle n’aura, elle, pas grand-chose à craindre de la part des Révolutionnaires, ce qui ne sera pas le cas d’Ameer. Enfin, la mort ne le dérangeait pas. Elle lui faisait peur, en quelque sorte, dans la mesure où il n’avait aucune raison d’accepter la mort sans se battre, et qu’il la repousserait de toutes ses forces, jusqu’à la dernière minute, mais, lorsqu’elle serait inévitable, il l’accepterait sans ciller. Ainsi allaient les choses. Ainsi allait la vie d’un soldat. Combattre et, un jour, indubitablement, périr. Rares étaient les hommes du rang, ceux qui allaient au front et qui se battaient vraiment, qui pouvaient se vanter d’avoir une longue vie et de mourir de vieillesse dans leurs lits. Une chose était certaine, le Capitaine ne se voyait pas du tout mourir de la sorte non et, dans les perspectives actuelles, il se voyait plus croupir au fond d’un cachot attendant son exécution… Réjouissant, n’est-ce pas ? Enfin, il n’était pas venu ici pour penser à ce genre de choses et, quand bien même, il avait déjà beaucoup profité de la vie. Il en profiterait encore, tant que cela serait possible, mais il n’aurait rien à regretter, comme il se l’était promis un jour.

La question qu’elle lâcha le fit revenir vers la réalité. Oublier ? Oh… Il ne pouvait pas oublier. Tant de vies dépendaient de lui. Il aurait été beaucoup trop facile d’oublier, de tourner le dos à ce qui se tramait réellement au-delà des murs de cette taverne… Non, trop de personnes comptaient sur lui et il était hors de question qu’il leur fasse faux bond. Non, il ne voulait pas oublier, juste… « Me divertir, juste me divertir. » Il but une gorgée de sa chope avant de la reposer sur la table et de basculer en arrière, posant sa chaise dans une position d’équilibre maintenue par ses pieds posés sur la table. « Je n’ai pas besoin d’oublier, ou, d’une certaine manière, j’estime que je ne veux pas oublier. Après tout, mieux ne vaut peut-être pas oublier ce qui pend au-dessus de nos têtes, non ? » Il était inutile de se répandre en justifications diverses et, qui plus est, il n’allait surement pas évoquer son statut de Capitaine dans l’Armée, que ce soit simplement pour ne pas trop se faire remarquer ou pour éveiller des soupçons inutiles. Il était ici pour prendre du bon temps pas pour se prendre la tête, d’une manière, ou d’une autre. Il jeta un regard vers la table de joueurs tandis qu’ils reprenaient une partie. Il observa un instant le donneur de cartes et se détacha du jeu pour reposer son regard sur les cheveux courts qui savaient, encore et toujours, attirer son attention. « Vous parlez beaucoup des joueurs, de ceux que vous observez, pour les comprendre. Mais, est-ce à des fins purement divertissantes où parce que vous jouez vous aussi ? Après tout, je ne connais que des joueurs pour s’intéresser à des joueurs… Car, il faut bien l’admettre, ces derniers ne représentent pas trop bien le genre humain en général… » Il était rare de trouver de grandes et nobles valeurs chez un joueur, du moins pas lorsqu’il était à une table de jeu. Ameer était loin d’être un noble joueur, car, pour gagner, il fallait être un filou, malin et rusé. A une table de jeu, on ne faisait pas dans la dentelle…
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Kaly Jihl
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyDim 25 Nov - 18:16

Sur le visage de son mystérieux interlocuteur, elle lut tout à coup une petite vague de sérieux qui l’amusa. Il avait beau prendre une attitude décontractée, poser en digne mâle ses pieds sur une table qui ne lui avait pourtant rien fait, elle décela la disparition provisoire de son sourire, le ton, le devoir. Oublier ce qui pend sur leurs tête ? Boah.

Un boah exprimé par un haussement d’épaules un peu blasé. Après tout. Pourquoi pas ? « Je ne sais pas, je me satisfais volontiers de l’oubli, à titre personnel. » Elle bu une longue lampée de bière, avant de reposer sa chope devant elle. « A quoi bon s’en rappeler ? N’avons-nous pas suffisamment de raisons de craindre demain comme cela ? Je ne suis pas une guerrière, monsieur, et regardez ces hommes… » Elle les lui désigna, avant de lui souffler à voix basse, plus près de son oreille : « Pas un ici ne vaudrait tripette l’arme au poing. Du moins, je n’en vois aucun se lever demain et, brandissant un poing avide, s’emballer pour un camp, ou pour l’autre. » Elle le considéra alors d’un œil amusé. Lui, peut-être… ? Aha… Son regard se fit caressant, mais elle ne dit rien. « Peut-être êtes vous un peu différent, en cela, cependant… » Mais elle avait parlé des autres, alors, quel problème ? « Toujours est-il que je ne pense pas représenter pour la Révolution un but précis… Et quand bien même ils devraient débarquer demain, et saccager ces ruelles… Quand bien même ses hommes, leurs épouses ou moi-même devrions finir entre leurs pattes… Est-ce que ne pas l’avoir oublié rendra la sentence moins douloureuse ? »

Elle avait dit tout cela d’un ton patient, presque enjoué… Faire passer la pilule dans un hydromel onctueux. Elle savait faire, ça aussi. Après tout, n’avait-elle pas été une putain ? Elle avait oublié tant de choses, elle n’était plus à un siège près. C'était un désir humain.

Sa question lui permit de rebondir, de laisser derrière elle l’amertume qu’elle lui cachait derrière l’éclat de ses prunelles brunes. Elle s’autorisa un petit rire… Le genre humain… Elle ne se faisait plus vraiment d’illusion sur ce dernier. Ivrognes, joueurs, dandys, princes charmants ou mystérieux inconnu se délassant dans une taverne sordide. Quelle importance au fond ? Ce n’était plus au cœur des hommes qu’elle s’attachait, mais à celles de leurs bourses qui recelaient de l’or véritable. « Peut-être avez-vous raison, nous sommes la lie du genre humain. » Elle lui adressa un clin d’œil, ce « nous » englobant ostensiblement son interlocuteur. « Je joue régulièrement, en effet. C’est une activité que je prise assez. Je la trouve… excitante. » Un clin d’œil, elle savait comment emballer son homme. Et si c’était quant à elle purement l’appât du gain qui l’attirait, il y avait bien une forme d’excitation dans l’affaire. Simplement une excitation fort… vénale. L’amour du jeu passait après. Quoi qu’il en soit, susurrer des mots pleins de promesses étaient, elle en avait l’impression un bon moyen de mettre celui-ci dans son escarcelle. Puisse ses poches être riches. Après tout, il pouvait bien ne pas vouloir oublier, il ne semblait pas homme à tourner le dos à quelque divertissement. « Mais ce soir il me faudra à moi aussi en faire le deuil… » Son regard remontant de la chope dans laquelle elle plongea le nez glissa par-dessus l’étain pour chercher celui de sa proie, et lui laisser entendre un petit « à moins que… » muet, parlant. Qu’il la laisse jouer au maître de jeu, s’amuser. Une grosse souris pour un petit chat. Un chaton. Mrrr. Si ceci avait pu lui être utile pour le séduire un peu plus et le faire tomber dans sa coupe, elle aurait pu aller jusqu'à ronronner.
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Ameer Afsharii
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyVen 30 Nov - 10:31

Certains pouvaient se permettre le luxe d’oublier, ou, plus précisément, se le permettait pour pouvoir passer à autre chose. Tout le monde oubliait pour des raisons diverses et variées. Certains parce que cela les arrangeait égoïstement, d’autres pour des raisons plus altruistes, certains le faisaient simplement pour aller mieux et laisser derrière eux trop d’instants douloureux. Ameer n’avait aucune raison de rentrer dans l’une ou l’autre de ses cases. Il n’avait rien à oublier qui en vaille vraiment la peine, non pas qu’il était spécialement heureux, mais simplement qu’il ne voyait aucune raison de s’apitoyer sur son propre sort ou sur celui des autres. Il avait sa vie de Capitaine, elle impliquait de devoir se battre dans des situations comme celles-ci et il l’avait toujours accepté. Certes, il y avait plus de périls que dans d’autres campagnes qu’il avait déjà connues mais ce n’était pas le genre de choses sur lesquelles il pouvait influer de toute manière. Il ne lui restait vraiment que la possibilité de profiter de ce siège comme on profite de ses derniers jours, mais ça, il le faisait déjà depuis plusieurs années. Personne ne peut dire de quoi demain sera fait, et même si le Siège n’était pas aux portes de la ville d’Edor Adeï, le Capitaine se serait retrouvé ailleurs, dans une province quelconque, et il aurait probablement été également dans une taverne, à boire une bière, peut-être autour d’une table de joueurs, ou alors, simplement en très galante compagnie, comme ce soir. Il soupira doucement et se contenta d’un petit soupir lorsque la jeune femme lui vanta l’oublie et les raisons pour lesquelles il n’y avait probablement aucun avantage pour elle et pour les hommes de cette taverne à se rappeler sans cesse de ce qui leur pendait au nez. Elle n’avait pas tort, bien entendu, mais elle ne pouvait pas vraiment se douter qu’ils étaient bien différents, elle et lui. Il était un homme d’armes, un homme qui les défendrait le moment venu, aussi, lui, ne pouvait pas oublier ce qui les attendaient tous, un jour ou l’autre.

Toujours les pieds sur la table, il ne la quittait plus du regard, peut-être parce que, d’une certaine manière, elle commençait à le fasciner d’une façon qu’il n’aurait pas imaginé possible. Son regard sur la vie était déjà vif et clair. Il était évident qu’elle n’avait pas eu un passé dénué de tout événement « formateur ». Qu’avait-elle pu bien vivre pour posséder un tel recul sur les choses ? Ce n’était pas le genre d’apprentissage que l’on suivait volontairement, mais plutôt d’un genre que la vie avait tendance à nous imposer sans nous demander notre avis. « Vous avez raison, très certainement. J’imagine que cela dépend de ce que nous sommes vraiment. Mais je n’en veux à personne d’oublier, au contraire, si je le pouvais, je le ferai peut-être. » Il releva les pieds de la table pour se pencher en avant et saisir sa choppe. Il en prit une gorgée supplémentaire avant de la reposer sur le bois usé par des dizaines, voire des centaines, d’autres ivrognes avant lui. Faire passer la discussion sur un sujet plus enjoué fut, en quelque sorte, une diversion, une manière pour lui de ne pas non plus avoir à évoquer les raisons pour lesquelles il ne pouvait pas oublier. Oh, si elle était curieuse elle finirait par poser la question d’elle-même, mais peut-être qu’elle était comme lui et qu’elle se fichait un peu de l’identité « profonde » de son interlocuteur. Il aurait pu se contenter de penser qu’elle n’était qu’une vulgaire serveuse, charmante au demeurant, mais pas plus intéressante que cela. On pouvait toujours s’arrêter aux apparences et ne pas creuser plus loin, mais on pouvait aussi admettre qu’il y avait quelque chose de plus profond derrière tout ça et simplement ne pas le chercher. Qu’importait vraiment le fait qu’elle soit plus que cette fille aux yeux et aux cheveux qui respiraient la braise et le feu ? Au contraire, il y avait quelque chose d’incroyablement excitant à laisser planer le mystère autour de cette femme loin d’être comme les autres.

Après avoir plongé le nez dans sa choppe une nouvelle fois, il leva un regard intéressé et amusé lorsqu’elle lui confia qu’elle jouait également, particulièrement parce qu’elle considérait cela comme « excitant ». Une telle révélation éveilla bien rapidement l’intérêt du Capitaine, sciemment ou non. Peu importait vraiment qu’elle le manipule ou non, elle avait plus ou moins dit ce qu’il fallait pour susciter son attention, au plus haut point et, surtout, sans efforts. Son clin d’œil ajouta un peu à la scène et il se contenta d’y répondre entre deux gorgées de bière. « Voilà une façon de parler à laquelle je ne peux qu’adhérer… » Certes, il n’y avait pas que le jeu qui était excitant, mais il l’était suffisamment pour réveiller l’envie qui l’avait poussé jusqu’ici et quand son interlocutrice évoqua le fait qu’elle devrait se serrer la ceinture elle aussi, il n’eut bien entendu pas besoin de beaucoup de temps lorsqu’elle releva son regard vers lui pour comprendre qu’elle lui suggérait tout le contraire. Après tout, pas besoin d’être plus de deux pour jouer non ? L’idée était alléchante, trop peut-être, mais l’idée d’avoir fait tout ce chemin pour rien jusqu’à la taverne le poussa à accepter cette proposition muette et tentante. « Ce serait triste qu’on se morfonde tous les deux alors qu’il ne faut être que deux pour commencer à jouer, non ? » C’était probablement ce qu’elle voulait, mais peu importait vraiment. « Et puis je suis sûr que vous n’êtes là que pour ça, je me trompe ? » Il faisait référence à sa présence à sa table. Dans un sourire, qu’il perdit dans sa choppe, il lui lança un regard amusé. « Alors, à quoi voulez-vous passer le reste de votre soirée ? » Ameer connaissait beaucoup de jeux différents aussi ne s’inquiétait-il pas trop de la proposition qu’elle pourrait lui faire. L’essentiel était de trouver un terrain sur lequel ils pourraient s’affronter tous les deux, non ? En tout cas, cette perspective l’amusait beaucoup…
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptySam 1 Déc - 12:52

« Et puis je suis sûr que vous n’êtes là que pour ça, je me trompe ? »

Bien sur que oui, il se trompait.

« Non, vous avez tout à fait raison… »

Vilaine menteuse.

Un signe affable de dénégation, et elle plongea le nez dans sa coupe. Avant ce petit geste, il s’était dit beaucoup de choses. Il avait parlé de ce qu’il était, et qui ne lui permettait pas d’oublier. Hm. Militaire ou politique, emballé c’est pesé. Dans le premier cas, compte tenu de ses manières, elle savait que sa solde devait être savoureuse. Elle avait suffisamment fréquenté les militaires pour savoir que l’argent qui tintait à leurs bourses était proportionnel à la capacité à s’exprimer avec autre chose que des mots monosyllabique. Après tout, elle ne visait pas des palais, juste assez d’argent pour se faire un peu plaisir et manger à sa faim. Ce soir, le jeu était affriolant, et elle était prête à faire des concessions. Les militaires en permission avaient de plus tendance à faire des folies de leurs moments de liberté, afin de compenser, sans doute, la rigueur et le contrôle des longues journées passées dans les rangs. Quant au politique… Ah, cela voulait dire qu’il était au moins un bourgeois de haut-vol (bonnes gens, on n’confie pas de ces hautes choses à de la piétaille ! Oui-da, faut en avoir là-haut, pour s’permettre d’parler bien de c’qui compte), sinon plus, et que donc il était là pour se défaire un peu de ses bonnes manières. Après tout, les riches avaient leurs propres loisirs, venir partager ceux des plus modestes n’était pas anodin. Ca lui allait aussi. Et puis, les politiques avaient tendance à être plus riches que les militaires, donc elle ne crachait pas dans la soupe !

De plus, celui-ci venait apparemment de l’extérieur, ce qui n’enlevait rien au plaisir. Qu’il ait envie de faire un peu de tourisme par exemple, et il était son homme. Enfin, son homme, un homme qui se serait bien passé de l’être, soit. Elle n’escomptait pas vraiment lui faire goûter milles délices. Pas même dix, pour être tout à fait honnête, même si œillades et petits mots tendancieux étaient son fort. Enfin, quoi qu’il fut, tant qu’il était riche, joueur et facile à berner, elle s’en accommodait. Mieux valait qu’elle se montre habile, mais c’était son travail, après tout, alors pourquoi s’inquiéter ?

Elle acceptait tacitement, dans ses sourires, l’invitation à jouer qu’elle avait amenée l’air de rien, et se demanda par quoi commencer. Mieux valait y aller tout doux au début, l’amener peu à peu à jouer plus gros. Il fallait qu’il soit en confiance, qu’il la pense honnête, puis qu’il aligne l’or lorsque la partie pouvait enfin tourner en la faveur du petit renard. Malin petit escroc mutin. Ca sonnait bien. Que son affaire ait pignon sur rue, et c’est probablement ce qu’on en aurait dit. Pour l’heure elle était la serveuse naïve d’un immonde bouge, s’apprêtant à plumer un coq peu chatoyant, mais au moins soyeux. Avec un peu de vin, le coq passait très bien. D’un trait, elle finit sa bière, et en commanda à son patron, déposant sur le comptoir une pièce qui bien vite disparut. Compte tenu de ce qu’elle allait faire à ce pauvre homme, son petit précis de déontologie personnel (pour peu qu’elle ait seulement eu l’idée d’en avoir un un jour) lui commandait très fort de lui payer à boire. Une bonne action. Elle sourit à son malheureux comparse, récupéra bouteille et coupes, les posa au milieu de la table et haussa les épaules. « Ce n’est pas l’usage, je sais » histoire de faire taire les éventuelles protestations. Jouer dans une taverne avec un homme inconnu, pour une femme de son rang, était déjà suffisamment avilissant pour qu’elle se permette ainsi d’aller à l’encontre des coutumes. Seules les nobles dames pouvaient se permettre cette vulgarité. Les nobles dames, ces olariles, que l’on disait pire que des hommes, et Kaly. Enfin, Kaly, et toute l’armada des petites putes de la cité, qui n’étaient plus exactement à ceci près. Il ne pouvait pas deviner à son air mutin et juvénile quel était son passé, cela dit. Elle retint un gloussement, à l’idée que putes et nobles dames aient ainsi un tel point commun. Elle le lui dirait plus tard, s’il était aimable, cela le ferait rire, et endormirait un peu plus encore sa vigilance. Et puis, les hommes aiment à parler des putes avec les jeunes filles, cela les rend, de suite, considérablement plus accessibles à leur yeux.

« Je vous propose le jeu de l’étrier. » Un jeu bien connu, importé des campagnes par des cavaliers, des militaires, depuis des générations. Un jeu pour lequel les deux participants étaient actifs, et s’affrontaient, sans banquier. Reposant en partie sur la réflexion, celui-ci impliquait aussi une grande part de chance, ce qui faisait que sans tricher, et sans se montrer trop habile, elle parviendrait à ne pas être trop suspecte à ses yeux. Dans un geste, elle releva l’une de ses jambes, les croisant sous le jupon, et découvrit sans ménagement son mollet qu’elle lui laissa voir, l’air de rien. Une cheville blanche et lisse, comme de coutume y compris dans les tranches les plus basses de la population. Son pied était chaussé d’un soulier humble, mais qui dévoilait délicatement l’os de l’articulation, petite fossette saillante et prometteuse. Attaché à son mollet par une fine lanière de cuir, un jeu de cartes était pressé là contre sa chair.

Elle le lui tendit, profitant qu’il soit encore chaud d’avoir longtemps été à même sa peau pour émouvoir un peu la pulpe de ses doigts. Cela ne passerait pas pour un message conscient, mais s’il était un peu perspicace, ou sensible, elle savait qu’il relèverait sans difficulté. « Vous connaissez les règles ? » Elle n’en doutait pas un instant, mais posait la question, à tout hasard…
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Ameer Afsharii
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MessageSujet: Re: Une partie, m'sieur ?   Une partie, m'sieur ? EmptyDim 2 Déc - 16:55

Qui pouvait-elle être ? Elle, cette jeune femme aux traits parfois encore un peu juvéniles, adolescents, alors même qu’elle possédait pourtant tous les charmes que l’on souhaiterait trouver chez une demoiselle. Il en avait connu des jouvencelles aux physiques différents et plus ou moins aguicheurs, aux méthodes sensuelles et parfois directes, et personne ici, n’aurait certainement pu remettre en doute son « expérience » en matière de femmes et de séduction et pourtant… Pourtant il lui semblait que celle-ci restait incontestablement hors de portée de toute interprétation, loin de toute conclusion que son esprit pourrait émettre à son égard. Comme l’eau qui glisse entre les doigts lorsqu’on cherche à la retenir, elle semblait se faufiler et se défiler à chaque fois qu’il pensait commencer à la cerner un peu. Etait-ce seulement possible ? Il savait que ce n’était pas le fait qu’elle ne cherche pas à le séduire qui était dérangeant, bien que ça façon d’amener l’envie de jouer pourrait s’apparenter à de la séduction… Non, et puis, de toute façon, i avait déjà connu des femmes qui lui avaient résisté, pour la simple et bonne raison qu’il n’était pas nécessairement au goût de tout le monde. Ameer connaissait son charme mais cela ne faisait pas de lui un homme irrésistible, une chose que beaucoup de « séducteurs » avaient tendance à oublier. De son côté, le Capitaine n’avait pas à se plaindre, et les refus faisaient autant partie du cycle de la séduction que les soirées chaleureuses et animées sous la seule protection d’une couverture déjà trop inutile. Pourtant, sans compter ses performances en la matière, et sans se targuer d’une quelconque vérité absolue, il y avait quelque chose de profondément troublant à ne pas pouvoir définir cette insaisissable petit renard, car elle en avait plus ou moins la couleur du pelage – et d’ailleurs cette comparaison lui arracha un petit sourire amusé -, mais peut-être se faisait-il seulement une idée et cherchait-il à aller un peu trop loin avec cette femme qui lui avait troublé l’esprit.

Il était difficile de relayer au second plan quelque chose qui s’apparentait presque à un instinct. Pourtant, il n’y avait pas de mal à ne pas l’écouter, à garder ce côté mystérieux comme un atout qu’elle conservait dans sa manche pour attirer les hommes. Les femmes qui jouaient sur le mystère n’étaient pas peu nombreuses, même si la plupart devenaient alors vides d’intérêts une fois que le pas de la porte de la chambre était franchi pour la première fois, hélas. Tandis qu’il finissait sa bière, elle se leva, et alla chercher une commande qu’elle avait passée un peu plus tôt. Du vin. En voilà une idée qu’elle était intéressante même si, avec cette donnée supplémentaire, il ne parvenait pas vraiment à la cerner davantage. Elle semblait se jouer des us et des coutumes et semblait avoir sa vie dans ses propres mains. Peut-être était-ce une manière de montrer qu’elle n’avait personne d’autre aux commandes de son existence que sas propres mains. Il eut un petit sourire quand elle donna un semblant d’excuse, qu’elle ne pensait certainement pas mais, de toute façon, ce n’était pas le genre de chose qui pouvait mettre mal à l’aise Ameer ou qui le dérangeait véritablement. Lorsqu’on sortait d’Edor Adei, les femmes devenaient nettement plus entreprenantes, ce qui n’était pas désagréable. « L’usage n’a d’usage que pour ceux qui en use. » Il avait un petit sourire amusé. Ce n’était pas franchement philosophique comme propos mais cela définissait plutôt bien ce qu’il pensait au sujet des commodités et de la bienséance. Certes, le Capitaine était un noble mais il était également un soldat, et un soldat ne faisait que peu de cas de ce genre de choses, au contraire, on gagnait souvent à s’affranchir d’un protocole étouffant et inutile. Et il n’était pas rare que certaines nobles ou bourgeoises soient de cet avis également. Quoiqu’il en soit, cette bouteille de vin ne serait probablement pas la seule de cette soirée et il aurait tout le loisir d’en commander une autre, à ses frais, pour équilibrer la balance.

Le jeu qu’elle lui proposa lui convenait parfaitement. Il avait déjà eu le loisir de le pratiquer avec des camarades de l’Armée et quelques soldats. Principalement répandu dans les contingents de cavalerie, il avait cependant un succès non négligeable parmi tous les joueurs car les règles n’étaient pas vraiment compliquées. On apprenait à en jouer au bout de quelques tours de jeu et c’était là l’occasion de jouer rapidement et sans arrière-pensées. Tandis qu’il repensait un peu à quelques bonnes soirées passées en campagne à jouer à ce jeu avec d’autres hommes, il haussa un sourcil quand elle croisa ses jambes, dévoilant sa peau lisse et blanche de son mollet. Il l’observa quelques instants de plus, juste assez pour apprécier le spectacle qui lui était offert, sciemment ou non, avant qu’elle ne porte les doigts à un jeu caché contre sa peau et ne le lui tende. Une telle curiosité était particulièrement étonnante. Il n’était pas rare que les personnes caches des lames contre leur peau, mais de là à y appliquer la même règle pour les jeux de cartes, il y avait de quoi en sourire, au moins un peu. Appréciant encore la chaleur diffuse qui se dissipa au contact de ses doigts, il était convaincu qu’elle avait fait cela à escient. Qu’importe, il n’était pas du genre à s’émouvoir pour la vue d’une cuisse et un peu de chaleur humaine. « Il n’est pas rare de voir des femmes cacher une arme fatale à même leur peau, que la votre soit un jeu de cartes pourrait sembler de mauvaise augure pour moi. » Bien entendu, il ne pensait pas vraiment ce qu’il disait, même si la curiosité commençait un peu à l’emporter à ce sujet. Enfin, il ne fallait surement y voir qu’une façon aisée de dissimuler un jeu tout en le gardant à portée de main pour l’occasion. Dénouant les cartes de leur lien, il commença à les mélanger. « Je les connais en effet. Mais peut-être voulez-vous en rajouter ? » Ce n’était pas rare. Les joueurs préféraient parfois se mettre d’accord sur les mises et les possibilités, mais pas toujours. Mais elle avait proposé le jeu, aussi, peut-être avait-elle des envies particulières.
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