Vanhilde Tehanii était l’une des premières personnes à être entrée dans la Grande Salle de Réception, et ses nombreux lustres de cristal. Elle n’était plus, depuis longtemps, submergée par la beauté et les richesses du lieu. Il semblait d’ailleurs qu’elle n’eut jamais à ressentir ce sentiment admiratif. Son visage blanc avait été, pour l’occasion, maquillé, au niveau des yeux, où deux traits noirs soulignaient un regard qui paraissait juger chaque personne qu’elle croisait.
Le velours côtelé, couleur aubergine, qu’elle portait, jusqu’à son cou, se finissant sur plusieurs rangées de perles incolores qui ne laissaient que quelques reflets briller comme une parure, sans qu’elle ne porte de bijou. Ses cheveux blancs étaient relevés, et un panier essayait d’harmoniser sa silhouette à la mode Ilédore, par une robe simple mais attestant d’une grande qualité.
Vanhilde estimait que la Noblesse n’avait pas à trop faire montre de la grande puissance dont elle disposait, et qu’il n’était pas faire preuve de Volonté que de chercher à paraître le plus riche. Parfois même bien au contraire. Ce n’était pas dans le vêtement que l’on pouvait juger les êtres, mais dans leurs yeux, et dans leur âme...
Ce qu’elle faisait depuis qu’elle était arrivée au Bal. Les jeunes filles dont c’était la toute première apparition à la Cour redoublaient de fanfreluches et d’artifices pour mettre en valeur leurs formes, c’était d’un manque d’élégance certain. Quant aux messieurs, la plupart des jeunes hommes présents avaient un buste beaucoup trop droit et le sourire bien trop aguicheur pour rester respectable devant les damoiselles pleines de promesses. Ce cirque était l’habitude des Réceptions, Vanhilde acceptait ces détournements, mais ne saurait les encourager.
Enfin, les trompettes sonnèrent l’arrivée imminente du Couple Royal. Tous les visages se tournèrent vers le Balcon intérieur, et les deux lourdes portes dorées qui cachaient leurs Altesses. La Conseillère retint son souffle. Pourvu que cette Olarile sache apprendre les leçons qu’on lui avait inculqué, et pourvu qu’Ysor ne bégaie pas ! La scène se passa, sans qu’elle ne sache dire si elle était parfaite ou non... Ce fut uniquement lorsqu’ils eurent pris les escaliers pour se mêler à la foule que la Tehanii leva le menton et chercha à mesurer la qualité de cette prestation.
C’était bien entendu récité, mais le discours du Gardan Edorta était bien orienté. L’Olarile avait suivi les gestes des répétitions, bien qu’elle puisse déplorer ce sourire sans aucun doute carnassier sur son visage. Il faudrait la réprimander pour cela... Qu’elle ne se croie pas en terrain conquis, du fait d’être fiancée à un Monarque. Elle n’était que la porteuse des Héritiers. Quand Ysor les aurait adopté, Lis Diantha ne vaudrait plus rien.
Dans son champ de vision, entre tous les regards divers, Vanhilde décela un visage qui semblait proche du sien par son expression. Elle ne fut pas surprise de reconnaître le Conseiller Karnimacii, et s’approcha de lui, le saluant d’un rapide révérence aux gestes parfaitement coutumiers.
« L’Olarile a su apprendre les mouvements de l’entrée Royale... » Fit-elle en guise de salutations. Ils s’étaient croisé souvent dans la journée, les préparatifs du Bal demandant beaucoup d’attention : tout devait être contrôlé au millimètre près, et c’était le rôle des Conseillers.