Les Tables d'Olaria
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 Les Masques ne sont pas les seuls Loups

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Bellone Lastareth
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MessageSujet: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyLun 4 Avr - 23:28

L’heure approchait, et elle se trouvait presque prête. Adhna achevait de fixer le bijou de tête dont les arabesques dorées se perdaient dans sa chevelure, lorsque Darno Taith, son mari, se présenta à la porte de la chambre. « Bellone, le seigneur Olyn est arrivé.
-Je vous remercie Darno. Faites lui savoir que j’arrive. »

La dernière épingle fixée, Bellone quitta le siège de la coiffeuse et s’arrêta un instant devant le miroir pour se contempler.

Elle n’avait guère plus l’habitude de porter de telles toilettes. Le précédent Bal, qui avait marqué l’accès au trône d’Elandor, l’avait vu en habits militaires, certes riches pour l’évènement, mais non pas en robe comme elle s’apprêtait à paraître pour celui-ci. Un sourire triste voila son visage au souvenir de son amant disparu, tandis que ses yeux se perdaient dans le vide. Il aurait aimé la voir vêtue ainsi, et sans doute l’aurait-il même invitée à danser, sans se soucier des regards réprobateurs et des commérages qui auraient suivi. Oui, il aurait sans doute aimé…
Bellone aurait bien réitéré l’habit militaire pour ce bal-ci, n’eut été l’invitation en tant que Noble de Rang, non en tant que Générale des armées. Il lui faudrait donc fricoter avec la Noblesse pour ce soir…

Cependant, Bellone devait bien convenir que son reflet ne manquait pas d’élégance. Pour ceux qui ne la côtoyaient qu’en pantalon, bottes et tuniques pratiques, le contraste serait saisissant.
Son entrainement quotidien avait gardé son corps en forme, lui permettant à elle de se passer des armatures contraignantes qui auraient d’autant plus limité ses mouvements, et à la couturière, de se laisser aller à un peu de fantaisie.
La robe de soie verte et bordée d’un liseré d’or laissait son dos dénudé plus que de coutume, bien que sa chevelure retomba librement, masquant en partie l’absence de tissu. Des demies manches simplement retenue par des bijoux dorés finement ciselés, habillaient ses bras tandis que le reste de la robe se trouvait maintenue aux épaules par une parure aux mêmes arabesques que celle coiffant sa tête.
A vrai dire, hormis les bijoux et l’échancrure du dos, sa toilette restait plutôt simple. Pas de superpositions de tissus, ni de dentelles ou encore de laçages complexes. Et surtout, elle lui permettait plus de liberté de mouvement que les autres tenues qui l’avait faite hésiter.
Il était seulement dommage que le tissu ne lui permette pas de dissimuler une dague. Elle faisait certes confiante au capitaine Farenii pour s’assurer de la garde personnelle du Gardan Edorta, mais après tout, elle restait Générale des Armées, et militaire de surcroit. Certaines habitudes étaient difficiles à perdre, même le temps d’un Bal…

« Adhna, je vous remercie pour votre aide. Toute seule, je crois que je n’en serais pas venue à bout. Darno et vous, vous vous ouvrirez une bouteille de la cave pour fêter vous aussi l’évènement. » Elle s’interrompit et son regard se tourna dans la direction de la campagne où les armées révolutionnaires étaient toujours massées. Elle reprit plus bas, pour elle-même. « Tout le monde a bien besoin de réjouissance en ce moment… »
Adressant un sourire à la vieille femme, elle quitta la pièce pour gagner le salon où l’attendait Damian Olyn. Elle le trouva debout au milieu de la pièce, et inclina légèrement la tête pour le saluer.

« Bonsoir, seigneur Olyn. Je vous remercie d’être venu jusqu’ici. Encore un instant et nous pourrons partir. » Bellone était encore mal à l’aise avec les usages de la Noblesse de Rang, bien qu’elle eut ce titre depuis quelques années déjà. N’ayant que très peu d’occasions de fréquenter ses pairs, il lui était toujours difficile de leur donner les titres adéquats lorsqu’elle les rencontrait. Autant pour les Nobles de Sang, cela allait de soit, autant pour la nouvelle noblesse…
Darno lui tendit son manteau qu’elle enfila rapidement, non sans prendre garde à ne pas accrocher les bijoux au passage, puis ils furent sur le pas de la porte et s’enfoncèrent côte à côté dans le Quartier Noble en direction du Palais, brillant de milles feux, tel un phare dans la nuit…
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Damian Olynn
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMar 5 Avr - 13:17

Elle se dressait dans la semi-obscurité de l’alcôve, telle un gigantesque monstre de contes. Toute faite d’armatures et de boulons, de tiges, de socles, d’acier souple et frotté. Sa large carrure accrochait les rayons de lumière qui se faufilaient jusqu’à elle, insidieux et malvenus. On avait tamisé, ou éteint la lumière ici. Seul le léger rougeoiement du brasero venait lui offrir un minimum de chaleur. Des braises ardentes qui éclairaient, accroché à l’un des nombreux bras du géant de métal, le vert flamboyant d’un brocart de satin. Un motif simple, modeste. N’eut été cette couleur qui détonnait dans un tel environnement, il aurait été tout à fait banal. Un fin liserai argenté pour tout ornement, parsemé ci-et-là de petites feuilles de vignes entortillées tout autour. Le reste du tissu était resté uni et luisant, offrant la qualité du satin, sans surenchère.

Sur le vert enfin, quelques tâches orangées dues aux braises, venues danser sur sa surface étirée par le support peu académique qui lui avait été dédié.

Mis à part ce jeu ténu de couleurs, rien ne ressortait ici. Tout était figé, et mort. Silencieux. Ce n’était pourtant pas tout à fait de la sérénité puisque là, dans un coin sombre, au gré d’une fine ligne de lumière (échappée de l’embrasure d’une porte fermée, sans doute) on sentait poindre une certaine dose de fébrilité. Quelques bruits d’étoffe, de jurons étouffés puis de meubles que l’on bouscule. Un spectacle auditif inédit, ici où d’ordinaire le calme et l’application sont de mise.

Tout à coup, la porte s’ouvre et la lumière, comme de l’eau échappée d’une écluse, inonda la pièce. Monstres de métal et brasero perdirent alors toute leur majesté, pour offrir le spectacle, simple et banal, d’un atelier. Une vue rapide sur l’intérieur de la pièce ouverte, qui se referma aussitôt sur un homme seul, passé en trombe. Un éclair roux, anthracite et émeraude, qui s’évanouit sitôt refermée dans la porte dans l’univers sombre de ses créations de métal et de bois. Le brocard glissa avec souplesse du bras tendu comme celui d’un majordome, et tomba sur ses épaules imposantes avec un son feutré.

Un claquement, et l’atelier de Damian Olynn était à présent complètement désert.

Cela faisait longtemps qu’il aurait dû l’être. Le bal aurait lieu dans fort peu de temps à présent, mais cet homme, de nature simple et peu coquette, avait eu tout le mal du monde à s’apprêter. Il était l’invité d’Ysor en personne, bien que celui-ci n’ait pas trouvé le temps de le lui annoncer de vive voix, et en cette qualité il lui avait été sous-entendu que l’on attendait de sa part quelques efforts, au moins vestimentaires. Noble depuis peu, n’ayant qu’un goût tout modéré pour les domestiques confirmés et les jeux en société, il s’était donc fait la proie d’un tailleur du palais et avait passé une bonne heure a tenter de reproduire ses gestes. Son sens de l’observation avait pu sauver les meubles. De toute façon, personne, sans doute ne prêterait grande attention à l’inventeur d’Ysor. Il était un oiseau rare, une créature exotique que l’on exhibait, mais qui n’avait pas plus de poids que n’en aurait eu une tapisserie importée directement des langoureuses contrées du nord. Il avait noué ses cheveux d’un ruban du même vert que ses brocarts, en un catogan court qui tombait simplement sur ses omoplates. Pas de bijoux, il n’en avait pas pour lui tenir à cœur et se serait senti encombré par toute cette quincaillerie.

Parcourant les nombreux couloirs du Palais, il considéra son reflet en ralentissant devant un mur de miroirs. Sa tunique anthracite, sa ceinture de cuir soignée, ses chausses noires et enfin les brocarts tombant avec souplesse de ses épaules… Sans doute était-il un peu trop massif pour que le tout ne perde rien de sa noblesse, et la force émanant de ses épaules entachait un peu la délicatesse du tissu, mais qu’importait, il était, à son goût, bien assez élégant. Une tenue à la hauteur de son rang, noble, mais bien modeste par rapport aux autres convives.

Après un léger soupir, il reprit une course plus rapide, sous les regards amusés des domestiques qui l’avaient vu ralentir et se considérer. Allons bon, voilà qu’on le prenait pour un coquet à présent… Il secoua légèrement la tête et un sourire léger effleura ses lèvres. Après tout, ce n’était pas grave, et il avait tout de même une certaine chance.

En effet, elle avait accepté sa proposition. La seule femme, de son rang, qu’il connaissait et appréciait ici avait accepté sa demande. C’était surprenant, et inespéré. Il n’avait côtoyé la Générale des Armées que dans le cadre de son travail, dans le but de réfléchir avec elle à des moyens de doter leur armée d’un avantage certain. Bien qu’appréciant fort peu la guerre et les troubles qu’elle suscite, Bellone Lastareth était une personne sage et mature, qu’il avait plaisir à fréquenter. Il n’était pas un galant, et sans doute, en cas de refus, se serait-il accommodé d’une simple bourgeoise, mais il était persuadé de prendre à cette occasion un certain plaisir à sa présence.

Il sortit du palais sous les regards étonnés des convives qui commençaient, au contraire, à y entrer en petits groupes. Et lui empruntait le chemin inverse… Un coup d’œil au ciel, déjà bien assombri et qui ne tarderait pas à plonger dans une nuit profonde, et la constatation fut simple. Il n’était pas en retard, mais le serait s’il décidait d’y aller à pied. Et puis, faire son entrée à bout de souffle et en nage n’aurait pas été du meilleur effet. Il bifurqua en direction des écuries, récupéra sa monture dans un box discret au fond de celles-ci, puis partit en trombe pour la demeure de la Générale, s’éloignant pour un temps de la splendeur et de l’éclat du Palais illuminé pour l’occasion.

Arrivé devant la porte, fort peu de temps après, il se fit annoncer et fut introduit dans un petit salon. Une fois seul, il soupira de soulagement… Compte tenu du temps qu’elle le fit patienter, sans doute était-il à l’heure, ou du moins ne l’avait-il pas faite patienter. C’eut été un comble, qu’une jeune femme eut mis moins de temps à s’apprêter qu’un ingénieur modeste… Il en profita pour observer un peu la pièce, décorée avec goût, quoi qu’assez impersonnelle… Il n’avait jamais vu Bellone fréquenter d’autres endroits que les remparts, d’où ils avaient travaillé, son propre atelier ou bien la chambre azurine où il avait eu le privilège de la rejoindre afin de lui proposer de commenter des plans élaborés suites à leurs entretiens. Sa demeure, spacieuse et riche, lui rappela donc qu’elle n’était pas un vulgaire soldat.

Du bruit se fit entendre dans son dos tandis qu’il s’intéressait de près à une tenture aux tons prononcés. Il se retourna vivement, à temps pour la voir entrer et… Ne rien dire. A vrai dire, durant quelques instants, il ne fut pas tout à fait certain de se trouver face à la femme qu’il avait invitée à venir au Bal de fiançailles d’Ysor avec lui. Ce n’était bien évidemment pas un évènement où l’on se rendait en cuirs bouillis et en plaques de métal, mais son élégance le surprit, l’espace d’un instant. Finalement, il lui rendit son salut avec un sourire adoucit et s’approcha légèrement, d’un pas simple.

« Dame Lastareth. » Cela changeait du Générale habituel. Mais ce soir, elle méritait plus que jamais ce nom-là. « Vous êtes d’une élégance à couper le souffle » Sans doute pas des plus académiques, mais le compliment lui était venu spontanément, et il n’avait pas pris la peine de le retenir. Il avait croisé nombre de femmes lourdes de jupons, de corsets et de bijoux, et sa tenue serait sans doute d’une discrétion certaine à côté, mais elle lui allait bien, et était plus à son goût. Il n’était pas des plus à l’aise avec les femmes cadenassées dans leur étole, aux parfums lourds et aux manières envahissantes. Sans le savoir, elle avait comblé le goût pour le raffinement et la discrétion de Damian.
Une fois prête, il lui offrit son bras, comme l’usage le voulait, puis suivit à ses côtés les domestiques qui les conduisirent jusqu’à la sortie. « Je craignais, pour être tout à fait sincère, de me présenter en retard à votre demeure. Je ne suis pas habitué à ce type d’évènement, et ai quitté mon atelier dans un certain désordre. » Un sourire complice, tandis qu’ils se mettaient en route en direction du Palais. Majestueux et brillant de milles feux, il se dressait devant eux. Passée la panique, son manque d’expérience l’amusait quelque peu. Croisant leur reflet au hasard des vitres d’un carrosse qui passa non loin à un rythme modeste, il s’amusa d’avoir choisi une couleur si proche de la sienne. Sans doute était-ce une réaction spontanée pour tout roux se respectant. Au moins feraient-ils la paire.
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Bellone Lastareth
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMar 5 Avr - 19:01

Le compliment faillit la faire rougir, mais elle se reprit à temps pour cacher son trouble. Non vraiment, elle n’avait plus l’habitude d’être traitée en Femme. La Militaire avait pris le pas sur sa vie, ne laissant que peu de place à sa part de féminité. Aussi, les compliments n’étaient plus choses familières, surtout depuis qu’Il n’était plus là pour les lui procurer.
« Vous n’êtes pas mal non plus. » Lui répondit-elle avec un sourire tout à fait sincère. Et elle remarqua avec un certain amusement que sans s’être concertés, leurs tenues s’accordaient tout à fait.

La nuit était douce et la soirée exceptionnellement belle, comme si le temps lui-même avait souhaité prendre part aux réjouissances. Un point de plus en faveur des Arlanii. La remarque d’Olyn lui arrache un nouveau sourire. Devrait-elle sourire à tout ce soir ?
« Ne vous en faites pas, arriver en retard est un marque d’importance pour cette société avec laquelle nous allons partager cette soirée. Ceux qui ont le luxe d’arriver en avance ne méritent pas grand cas. Vous verrez que ce soir, le plus en retard sera notre Gardan Edorta. »
Il attendrait le tout dernier moment pour faire une entrée triomphale avec sa future épouse. C’était ainsi que l’on procédait toujours et que l’on procéderait ce soir. Chacun devait pouvoir observer la gloire du Gardan Edorta, et rien de telle qu’une légère attente pour augmenter l’impatience.
Ce soir, elle serait dans la fosse avec les autres, et elle était reconnaissante à l’inventeur de se trouver avec elle.

Son invitation l’avait pour le moins surprise. Depuis quelques jours déjà qu’elle avait reçu l’invitation pour le Bal, Bellone ne s’était guère occupée de tout ce qui pouvait en découler, comme par exemple la nécessité d’une robe appropriée, et… un cavalier. Toutes ces traditions inhérentes à de tels évènements lui étaient méconnues, et ce n’est que lorsqu’il l’invita à l’accompagner qu’elle prit conscience de ses lacunes.
Elle avait accepté avec joie de l’accompagner, d’une part parce qu’elle appréciait l’homme, d’autre part, elle ne connaissait suffisamment bien personne d’autre de son rang, hormis Phaedan Indaril, mais leur dernière entrevue ne lui avait laissé aucune envie de le rencontrer à nouveau.
Non, Damian Olyn était une compagnie tout à fait agréable, et peut être si elle avait réfléchi un peu plus avant aurait-elle eu elle-même l’idée de l’inviter.

Le trajet jusqu’au château fut rapide. Tels des papillons attirés par la flamme d’une bougie, des centaines de personnes affluaient vers le Palais, magnifiquement illuminé pour cette occasion de réjouissance. L’on eut un dit un soleil en pleine nuit clamant haut et fort la puissance des Arlanii. Elle espérait que les Révolutionnaires toujours massés à l’extérieur des murailles n’en perdaient pas une miette.
Il y avait foule devant l’entrée du Palais, et de nombreuses personnes arrivaient encore en voiture. Voilà qui distinguait encore l’étrange couple, arrivant certes des Quartiers Nobles, mais simplement à pieds. Et bien, cela ferait un sujet supplémentaire de commérage pour toutes ces langues de vipère qui ne manqueraient pas de se gausser du moindre faux pas de leurs contemporains. La Noblesse de Rang en prendrait surement pour son grade ce soir, qu’à cela ne tienne, cela lui ferait moins de politesse à dispenser.
Cependant, parmi la foule, il n’y avait pas que la Noblesse, mais aussi des Bourgeois voire même des Humbles, désireux de se faire inviter par un membre possédant le sésame de l’entrée, ou tout simplement venus observer au plus près cet évènement marquant pour Edor Adeï.
Bellone remarqua les hommes du Capitaine Farenii, disposés tels un rempart entre haute et basse naissance. Il n’y avait rien à redire, tout était parfaitement en ordre. Elle eut un sourire pour ce vieux capitaine qui assumait sa fonction avec toujours autant de brio depuis toutes ces années qu’il occupait ce poste convoité, sourire qui se transforma en grimace lorsqu’elle aperçut une… erreur, un membre du Guet. La voix sifflante de colère, les mots sortirent avant qu’elle n’ait pu les retenir : « Qu’est ce qu’ils font là ? » Son regard coula du côté de Damian, il l’avait entendu.

« Pardonnez-moi, il est certaines personnes que je ne m’attendais pas à trouver ici, et à vrai dire, je me serais tout à fait passée de leur présence ce soir. » Qui avait bien pu les placer là ? Enfin, la question ne se posait plus, le Conseil, sans plus de doute. Les Miliciens détonnaient autant du reste de l’assistance que des soldats de métier assurant la sécurité du Gardan Edorta, et accessoirement, de la Noblesse rassemblée là. Ils étaient certes sur leur trente-et-un pour cette soirée, ils ne parvenaient pas à ôter de leur être cette impression d’aberration quant à leur présence, et à vrai dire, c’était effectivement le cas.

Cependant, avant qu’elle n’ait eu le temps d’ajouter quoi que ce soit, ils furent devant l’entrée, et Bellone piocha dans le sac en baluchon assorti au vert émeraude de sa robe le laisser passer indispensable à qui voulait rentrer dans le Palais. Cette formalité passée, ils furent débarrassés de leur manteau, et elle put enfin parler davantage à son cavalier. Elle n’avait pas été très loquace durant le trajet, il était temps pour elle d’y mettre un peu du sien, elle le lui devait bien.

« Alors, seigneur Olyn, vous ne m’avez pas dit comment vous vous sortiez de votre dernière invention. A notre précédente entrevue, vous m’aviez dit qu’elle vous donnait du fil à retordre ? » Cependant, la chance n’était pas avec elle, car ce fut à ce moment qu’un majordome les invita à avancer pour leur présentation. Ses lèvres se plissèrent en un sourire d’excuse et elle posa sa main sur le bras qu’il lui offrait. Leur conversation n’était que partie remise. Ils s’avancèrent d’un même pas, et le Maître d’Hôtel put scander leur nom à toute l’assistance.

« Damian Olyn, inventeur du Gardan Edorta, et Bellone Lastareth, Générale des Armées. »

Voilà, c’était fait, ils n’avaient plus qu’à se jeter dans la gueule du loup…
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Damian Olynn
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMer 6 Avr - 13:56

Le trajet ne fut pas bien long, de l’imposante demeure de la Générale au Palais du Gardan Edorta. Sans doute était-ce plus pratique pour les urgences ? Si tant est que le Conseil, ou Ysor n’ait pas le moindre scrupule à la sortir de ses moments de quiétude. Il se demanda un instant comment cette femme qu’il avait à son bras vivait ces derniers jours. Elle avait sur ses épaules modestes la vie de la capitale toute entière, sans doute un caractère, et un moral à toute épreuve… Et pourtant, il l’avait toujours trouvée avenante et posée, un regard intelligent, qui semblait hermétique à toute panique, plus forte que les coups durs que le sort aurait pu lui réserver. Réalisant cela, il en conçut une certaine admiration pour Bellone Lasthareth, et bien que fort peu vaniteux, se sentit fier de la conduire ainsi à ce Bal. Certes, elle portait aujourd’hui le jupon et l’or, mais elle demeurait l’une des personnes les plus admirables du royaume.

Détachant son regard attentif du profil de la jeune femme, il s’intéressa plus avant à la foule qui se resserrait déjà autour d’eux. Une foule hétéroclite, se disputant la palme de la surenchère et de la flamboyance. Les robes à panier encombrantes, les hommes en collants, brocarts et bottines engoncés dans leurs ceintures de satin… Et au milieu de cela, une foule bourgeoise affairée, sans doute composée en grande partie de domestiques venus renforcer les employés du Palais du Gardan ?

Ils arrivèrent d’un pas tranquille, ralentit par la densité de la foule, devant l’entrée du Palais. Entendant la question acerbe de Bellone, Damian suivit son regard et remarqua à son tour le membre du Guet qui se tenait aux côtés de la garde personnelle du Gardan Edorta. Il n’avait pas à leur égard de sentiments aussi virulents que ceux de Bellone, qui semblait révoltée par cette présence, mais ne les portait pas nécessairement dans son cœur. Fondamentalement pacifiste, il connaissait leur mission et leurs résultats, et bien que Révolutionnaires comme Dissidents étaient loin d’avoir son amitié, il se défiait naturellement des hommes violents. Il fallait également admettre que devant le sang froid et la prestance des militaires, ils faisaient bien pâle figure.

Les sourcils arqués, il interrogea la Générale du regard. Elle n’était pas concernée par le Guet, et bien qu’il n’osa pas poser la question de prime abord, il fallait admettre qu’il était curieux d’une telle animosité. Elle ajouta quelques mots à leur sujet, auxquels il songea à répondre, mais ils furent interrompus par le domestique chargé de gérer l’entrée au Palais. Il avait glissé l’invitation dans un revers de sa tunique, et la tendit après la jeune femme qui l’accompagnait. Après un sourire de remerciement pour l’homme qui s’écarta afin de les laisser passer, il emboîta le pas à Bellone, remaniant à part lui ses questions.

Il souhaita la lui poser, mais à nouveau fut interrompu… Par sa compagne, cette fois. Un sourire amusé accueillit sa déconvenue, puis il haussa les épaules.

Sa dernière invention, il peinait à équilibrer son balancier principal, un problème de matières, de quantités… Pour l’heure, il travaillait sur un nouvel alliage plus léger, mais c’était un travail de longue haleine, et pourtant nécessaire avant de présenter à la Générale les premiers essais. Une fois encore, il s’apprêtait à en placer une lorsqu’il fut interrompu de façon pour le moins… tonitruante.

S’entendant annoncer de façon aussi criarde, il se sentit légèrement pâlir mais, se raccrochant au bras de sa compagne, s’avança néanmoins dans la salle de réception où se massaient déjà nombre de convives. Une vague silence suivit leurs noms. On les dévisagea. Bellone, tout d’abord. Son nom, bien qu’annoncé en second, courait sur nombres de lèvres. Elle était la Générale des Armées du Royaume, et de toute évidence, beaucoup avaient oublié (comme lui, il fallait bien l’admettre) la femme sous la coque de métal. Elle était plus modeste que beaucoup, mais Damian pu saisir le regard appréciateur de certains hommes, et celui, plus rigide, de nombre de femmes. Puis les regards glissaient irrémédiablement vers lui, l’homme dont peu connaissaient le visage, et dont aucun n’avait entendu ne serait-ce qu’une seule fois le timbre de la voix. Et c’était lui, qui avait à son bras l’une des femmes les plus déterminantes de la ville en ce moment ? Cette fois, ce ne fut pas de la fierté, mais plutôt l’impression d’être un peu… décalé. Il pressa légèrement le bras de Bellone et la conduisit auprès du banquet, conscient que si les visages les avaient quittés, certains les épiaient toujours du coin de l’œil. Une fois qu’elle fut face à lui, il eut un léger sourire, sans tout à fait chercher à masquer son trouble. « C’est un exercice périlleux que de soutenir de tels regards. »

De nouveaux convives furent annoncés, et Damian soupira lorsqu’il perçut l’attention globale les quitter pour les nouveaux venus. Il considéra alors avec un sourire amusé sa compagne et sembla se détendre considérablement. Il n’était d’ordinaire pas de nature particulièrement timide, mais pour un nouveau venu à la cour, peu friand des jeux de société, c’était comme se jeter la tête la première dans un nid d’orties. Il entreprit alors de briser le silence, certain cette fois de parvenir au bout de son propos. Mettant de côté le Guet pour le moment (il chercherait à en apprendre davantage ultérieurement) il choisit de répondre à sa dernière question : « J’avance doucement, pour ma dernière création. Encore beaucoup de travail, je n’ai pas trouvé l’alliage adéquat jusque-là. Mais ça viendra ! Et dès lors que ce sera fait, vous le saurez. » Ils n’avaient pas parlé longuement de cette machine-là. « Mais je travaille également sur un autre projet : j’ai dans mon atelier des nids de corbeaux, qui se sont établis là pour le calme, je suppose. J’en ai déjà apprivoisé deux, et j'étudie leurs ailes en ce moment. Je souhaiterais créer une machine capable de voler, et pourquoi pas de survoler les campagnes ! Je n’en suis encore qu’aux plans, mais j’espère pouvoir faire des tests d’ici quelques semaines, voire quelques jours. » Ses yeux gris brillèrent un instant de malice. Il savait qu’il pouvait parler librement de ses passions avec cette femme-là. Elle y avait trouvé quelque intérêt par le passé, et bien que totalement novice en la matière, son intelligence lui avait souvent permis de formuler des idées, ou des suggestions tout à fait pertinentes. Peut-être même voudrait-elle participer à ses tests ? Après tout, y avait-il meilleur poste que les remparts pour une telle entreprise ?

Dans quelques minutes, tous les convives auraient gagné la salle de réception, et le banquet, puis le bal seraient lancés. Il fut légèrement bousculé par un noble qui ne prit pas la peine de s’en excuser, et se dirigea en trombe en direction d’un petit groupe qui s’était formé autour d’une jeune femme athlétique, aux atours simples. Le mot Olaril leur parvint, de bouche à oreille. « Ca alors… »
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyVen 8 Avr - 0:31

L’intensité des conversations décrut d’un coup à l’annonce du Maître d’Hôtel, et toutes les têtes se tournèrent vers le couple qui faisait son entrée. Prolongeant l’entrée de la salle de réception, une large zone était restée désertée par les convives, constituant une scène idéale où l’on pouvait observer à son aise tout nouvel arrivant, avant que celui-ci ne puisse se noyer dans la foule.
Bellone et Damian entamèrent la traversée de ce couloir sous les regards insidieux des convives. On les dévisageait, ouvertement, et Bellone en vit plusieurs échanger des messes basses, dissimulant leur bouche derrière une main ou un éventail, mais le regard braqué sur eux. Une meute de chien prête à se jeter sur leurs moindres faiblesses, les loups étaient plus Nobles que cette Noblesse là.
Heureusement, Damian la guida d’un pas sûr, bien qu’elle sentit s’accroître sur son bras la pression de sa main. Nul doute qu’il devait lui aussi ressentir cette atmosphère étrange. Il fallait être idiot ou totalement naïf pour ne pas remarquer ces regards inquisiteurs suivant chacun de leurs pas, ce que n’était pas son cavalier. Il la conduisit jusqu’au banquet, les noyant ainsi dans la masse compacte des invités et les soustrayant ainsi des regards de bon nombre d’entre eux. D’autres convives furent annoncés, et avec eux, l’attention qu’on leur portait se dissipa.

Sa remarque la fit sourire et elle y répondit, suffisamment bas pour que leur conversation reste privée, avec une légère pointe d’ironie. « Je préfèrerais me retrouver au milieu d’une scène de bataille plutôt que de retenter cette traversée. »
Bellone était contente d’avoir été à son bras. Elle s’était sentie beaucoup moins seule face à cette atmosphère malsaine, chacun ayant récolté sa part de regards curieux. Car si beaucoup connaissait la Générale, personne ne l’avait jamais vu habillée de la sorte, ce qui constituait une grande première et un nouveau sujet de conversation dans les rangs des commères. Quant à Damian Olyn, cet inventeur aux procédés souvent incompréhensibles pour le premier venu, il attirait aussi sa part de curiosité. Ermite en son atelier, l’on ne connaissait que peu de choses sur cet homme jouissant de la protection du Gardan Edorta lui-même, se livrant à des expériences méconnues du grand public.
A vrai dire, ils formaient la paire tous les deux, mais au moins profitaient-ils mutuellement d’une compagnie intéressante.

Il répondit d’ailleurs à la question qu’elle lui posait avant leur entrée (tonitruante) dans la salle de réception, entrée qui avait interrompue une conversation qu’il se proposait de poursuivre.
Ses inventions l’intéressaient énormément. Pas seulement celles qu’il créait pour l’armée, bien utiles au demeurant, mais aussi toutes celles dont il lui parlait parfois, lorsque le temps s’y prêtait. Il avait toujours une idée nouvelle, un point à améliorer, un détail à discuter, ce qui amenait bien souvent des conversations riches et variées.
Et une fois de plus, ce fut le cas. Son nouveau projet était véritablement intéressant. Qui n’avait pas rêvé un jour de pouvoir voler dans les airs, aussi libre qu’un oiseau ? De pouvoir contempler le monde depuis le ciel, les plus hautes bâtisses guère plus grandes qu’un simple point au milieu du vert des campagnes…
« C’est un projet dont les échos seront surement retentissants si vous parvenez à le mener à bien. En tout cas, moi, je suis véritablement impatiente de le voir à l’œuvre. Et je ne parle pas que de l’intérêt qu’il pourrait avoir du point de vue militaire… Ce serait surtout la réalisation d’un vieux rêve qui a, je pense, un jour effleuré les esprits de chacun. Voler… vous imaginez ce que cela serait ? »
Son regard brilla un instant tandis que son sourire s’élargissait. Oui, il imaginait surement, sinon jamais il n’aurait eu l’idée de concevoir une telle invention. « Si vous l’acceptez, je serais tout à fait ravie de pouvoir assister à vos essais. Cependant, et son ton se fit plus sérieux quoi que légèrement taquin, n’allez pas vous mettre en tête de sauter immédiatement du haut des remparts. Vous êtes trop précieux pour que l’on puisse se permettre de vous perdre… »

Car qui alors aurait le génie suffisant, mais aussi cette personnalité suffisamment libre pour travailler avec eux ? Et surtout, s’entendre avec la Générale… ce qui n’était pas le cas pour grand nombre de personnes, du moins suffisamment pour travailler en bonne entente.

Un homme, Noble en juger par sa tenue outrancièrement riche et par ses manières déplorables, bouscula son interlocuteur pour se précipiter vers un attroupement plus important de convives, réunis autour d’une… Olarile ?
Après tout, pourquoi pas ? La fiancée du Gardan appartenait bien à ce peuple, devenu une sorte d’objet de mode depuis peu. A qui possèderait un bijou fabriqué par l’un deux, ou bien une composition, ou encore qui aurait vu le dernier spectacle produisant l’un d’entre eux… De nombreuses histoires sur leur culture étaient contées dans les rues par des Orateurs, si ce n’était pas des Olarils mêmes.
Alors qu’ils aient été invités ici, n’était au final, guère étonnant. S’afficher accompagné d’un membre de ce peuple devait être le dernier cri de la mode…

Cependant, Bellone ne parvenait pas à cautionner cet attrait malsain qui poussait à se rassembler autour de la jeune femme comme… comme autour d’une vulgaire bête de foire. Belle image que cette Noblesse laissant libre cours à ses plus primitives émotions. Mais c’était un trait que nombre d’entre eux partageaient, aussi personne ne le relèverait-il ce soir.
Néanmoins, ayant relevé l’intérêt de son cavalier pour cette culture étrangère, elle était prête à faire un effort et à se mélanger aux autres. « Souhaitez-vous… vous rapprocher d’elle ? »
S’il y voyait un réel intérêt, elle pouvait tout à fait faire cela pour lui, et après tout, elle devait bien concéder qu’ils possédaient une culture intéressante, pour ce qu’elle en avait entendu. A vrai dire, depuis leur arrivée dans la Cité, Bellone n’avait guère eut le temps de s’informer sur eux, si ce n’était à travers les quelques rapports qu’elle avait pu recevoir de ses espions. Si Damian y tenait, elle n’allait pas cracher sur une occasion d’enrichir ses connaissances, si tant est que la Noblesse ne fasse pas peur à la pauvre créature avant…
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyVen 8 Avr - 22:52

L’intérêt, vif, que suscita sa présentation lui fit le plus grand plaisir… L’indifférence, et le mépris des ignorants était sans doute la seule chose qui pouvait agacer Damian et, dans un registre tout similaire, un intérêt sincère pour ses travaux, et une envie de partager à leur sujet faisait partie des choses qui pouvaient lui faire plaisir parmi toutes les autres.
Il souriait, hochant la tête au fil de l’énoncé de Bellone. Ils étaient proches du banquet, et pourtant, pour rien au monde il n’aurait songé à se sustenter, tant l’entame de conversation le transportait déjà. Il partagea les termes éthérés du rêve que sa création inspirait à la Générale, puis laissa un léger rire fuser à sa boutade, un sourire avenant, à son habitude.

« Rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de me jeter du haut des remparts dans l’immédiat. » Le ton, faussement sérieux, changea bien vite pour céder sa place à l’enthousiasme palpable de l’ingénieur. « Mais bien entendu, je serais ravi de vous avoir à mes côtés pour les premiers tests. Je travaille encore sur une structure, mais je pense commencer avec de petites maquettes, puis, en les chargeant peu à peu, parvenir à un résultat qui supporterait un poids considérable. Et, pourquoi pas, celui d’un homme (ou d’une femme, cela va de soi). Mais j’en suis encore très loin, malheureusement. Cela prendra sans doute beaucoup de temps, avec que nous ne puissions constater de nous même à quel point la campagne est belle, vue d’en haut… » Enfin, d’habitude. Sans doute l’était-elle davantage avant que cette guerre ne gagne les portes de la Capitale… « Quoi qu’il en soit, puisque cela vous intéresse, je vous tiendrais au courant de mes avancées. Bien entendu, si une application pouvait être faite de cette machine pour la défense de la cité, vous en serez la première informée. » Son sourire s’adoucit et il indiqua d’un geste de son solide menton la direction dans laquelle se trouvaient les remparts les plus hauts. Cette partie là, depuis que la Ville subissait le Siège Révolutionnaire, n’était pratiquement plus fréquentée que par des militaires, ils y seraient tranquilles. « Les remparts seraient le plus pratique. Nous y serions tranquilles pour y sacrifier un peu de bois et de toile sur l’autel de l’inventivité. » Un regard rieur, puis il haussa les épaules, pour l’heure, il n’y était pas encore. Le poids, et la solidité des plumes n’avaient pas encore trouvé leur égal dans l’atelier de Damian. Il fallait espérer à présent que cela vienne tôt ou tard.

Il s’apprêtait à lui poser des questions au sujet du Siège, justement, s’inquiétant de la masse de travail qui devait être celle de la jeune femme lorsqu’ils furent interrompus. Ensemble, ils découvrirent la bête curieuse qui n’était autre qu’une Olarile isolée au sein d’un groupe particulièrement dense de nobles. La vue de cet attroupement eut raison de toute curiosité, lui qui n’appréciait rien moins que la proximité de ce genre… d’animaux.
Il ne s’était posé que peu de question au sujet des Olarils. Après tout, il n’était pas un expert des hommes, mais un expert des machines, et cette culture n’apportait rien à l’industrie, et aux avancées technologiques. Sur beaucoup de points, elle représentait même un pas en arrière. Sans se sentir menacé par l’attrait de l’exotisme de ces gens, il était évident qu’ils évoluaient dans des mondes tout à fait parallèles, dont les chances, pour qu’ils se rencontrent et influent les uns sur les autres étaient plus que faibles. Damian n’étant pas de nature à s’imposer, et a aller de lui-même aux devants d’étrangers à son monde, il n’envisageait pas la moindre collaboration à l’avenir.

A la question de Bellone, il secoua doucement la tête en signe de dénégation. « Non cette… demoiselle semble avoir à faire, avec tout ce monde à son côté. » Puis il se tourna vers elle, et réalisa son impolitesse. « A moins que vous ne souhaitiez la voir vous-même. Je vous prie de m’excuser, le manque de tenue ambiant semble avoir des effets sur ma propre politesse. » Un sourire d’excuse, et il ajouta doucement « Quoi qu’il en soit, vous n’avez sans doute que de trop rares moments de récréation, depuis quelques semaines, aussi je tiens à ce que vous profitiez de cette soirée comme bon vous semble. Si vous aviez envie de quoi que ce soit, n’hésitez surtout pas à me le faire savoir, je me ferais un devoir, ce soir, de vous changer correctement les idées. » Une légère révérence – bon sang, il ne l’avait même pas saluée en la découvrant, chez elle, tant ses atours l’avaient surpris, réalisa-t-il alors – en guise d’excuse. Il avait à peine incliné le chef en sa direction, mais le sourire, tranquille et doux, était toujours là pour laisser entendre dans quelle mesure il était sincère. La proposition était sincère. Il était là pour faire acte de présence, et le simple fait de le faire accompagné d’une personne qu’il appréciait était bien suffisant à son contentement.

A nouveau, un vague silence parcourut l’assemblée, on venait tout juste d’annoncer un couple d’une noblesse rare, et la rumeur des messes-basses fit monter, pour quelques instants, un bourdonnement étrange. Il avait grand hâte que tous soient présent, et qu’enfin, ils prennent place pour pouvoir profiter de la soirée en paix. Paix toute relative, mais ce jeu des entrées lui était pesant.

La salle, cependant, commençait sérieusement à se remplir, et sans doute ne tarderait-on plus à inviter les convives à s’installer le long des deux immenses tables du banquet. Il était curieux, à présent, de savoir quel type de divertissement leur serait offert, une fois la place aménagée à cet effet. Les Olarils, intérêt particulier de la soirée, seraient-ils à la fête jusque dans la musique donnée ? Et cette fameuse reine qui devrait bientôt apparaître, celle que certains appelaient la catin, au palais – elle donnait, apparemment, du fil à retordre à ses suivantes – saurait-elle assumer le rôle qui était le sien ? Damian était soucieux pour celui qui lui avait donné une chance au sein du palais, et quoi que peu friand de ce type d’évènement, il avait un intérêt très sincère pour son sort, et son bienêtre.
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMar 12 Avr - 17:41

A son invitation de participer aux premiers tests, Bellone le remercia d’un sourire et lui assura qu’elle ne manquerait pas d’être présente, si bien sur ses affaires à ce moment là le lui permettaient. En ce qui concernait une quelconque application militaire, si tel devait être l’aboutissement de cette machine, alors elle préférait éviter les remparts pour les lancements, comme il en avait l’intention. Il n’était guère probable que dans le camp adverse puisse se trouver un inventeur digne du leur, mais la Générale n’était pas du genre à vouloir prendre des risques. Moins ils en sauraient sur leurs intentions, plus ils seraient vulnérables à une attaque à laquelle ils ne s’attendraient pas. Et les observer lancer des carcasses de bois du haut des remparts ne les laisserait pas longtemps dans l’indifférence, et elle doutait qu’ils ne parviennent pas à certaines conclusions, surtout si l’un des essais se révélait concluant. Elle restait persuadée qu’il valait mieux choisir un lieu moins exposé à la vue de tous, afin que ses travaux se déroulassent le plus secrètement possible.

Cependant, Bellone ne lui souffla pas un mot de ses réflexions, ce n’était pas le lieu pour de telles recommandations, celles-ci attendraient certainement une prochaine réunion. Elle doutait fort de le voir dès le lendemain, debout sur les remparts, à lancer dans le vide les maquettes de bois dont il venait de lui parler. Elle sourit à cette pensée improbable puis le remercia de l’intérêt et du dévouement qui étaient siens face à la défense de la Cité. Peu de membres de la Noblesse pouvaient se targuer d’un tel civisme exempt de l’arrière pensée d’un bénéfice quelconque, si ce n’est peut être celui lié à la fierté de voir ses inventions servir à la communauté, bien qu’elle ne soit constituée pour l’heure que de soldats.
Mais le temps passant, les idées de Damian Olyn s’étoffaient avec l’expérience, et Bellone ne doutait un jour de voir ses inventions rentrer dans le quotidien de chacun et améliorer considérablement certains aspects de la vie.

Chassant ses pensées, l’Olarile y prit toute la place, elle ainsi que le groupe de Nobles qui l’entourait. Sa question posée, plus par politesse que par véritable envie, Bellone reporta son regard sur l’attroupement, espérant en son for intérieur qu’il déclinerait son offre et leur éviterait ainsi la fréquentation de cette Noblesse impudente. A son intense soulagement, Damian ne sembla pas intéressé outre mesure par un tel rapprochement, préférant à leur compagnie s’atteler à la distraire durant la soirée des obligations qu’elle devait supporter le reste du temps. L’attention la toucha énormément, et elle ne put que se féliciter une nouvelle fois de l’avoir accepté comme cavalier pour ce Bal des fiançailles. Elle lui rendit sa révérence et un nouveau sourire accompagna sa réponse à Damian, désireuse elle aussi de lui permettre de passer une bonne soirée.

« Je ne saurais vous tenir gré d’un si léger manquement à la politesse et je vous le pardonne volontiers. J’ai moi-même tendance à avoir le sang qui chauffe en pareille compagnie. » Son regard se posa avec quelque dédain sur un certain groupe, avant de revenir avec douceur à son interlocuteur. « Si vous ne souhaitez pas vous rapprocher davantage, je n’en vois pas l’intérêt non plus. Je profite pleinement de cette soirée en votre compagnie, et votre conversation m’est tout à fait agréable. Je n’ai guère l’envie de devoir la partager avec l’impudence qui caractérise en ce moment même certains des convives ici présents. »
Elle se tut un instant, la vague de silence ayant attiré son attention sur le couple qui venait de faire son entrée. Sans s’attarder plus que de nécessaire sur les nouveaux venus, son regard fit le tour de la salle et elle remarqua combien celle-ci se trouvait remplie. Assurément, ils seraient bientôt au complet et le Gardan Edorta, ainsi que sa future épouse, ne tarderaient plus à faire leur entrée.

Bellone allait en faire la remarque à Damian, lorsque les trompettes annoncèrent l’évènement tant attendu. Imitant le reste de la foule, elle se tourna vers le balcon où apparurent enfin les deux Altesses. Ysor Arlanii semblait tout à fait dans son rôle de dirigeant du pays. Il satisfit aux gestes traditionnels avec sa Fiancée, puis prononça un discours de bienvenue, certes peu long, mais prononcé avec le calme et la fermeté inhérents au Gardan Edorta. Quant à sa Promise… la Générale ne put se décider clairement sur un avis.
Contrairement à Damian, Bellone n’était pas au fait des bruits de couloir circulant dans le Palais, aussi restait-elle tout à fait neutre dans ses pensées vis-à-vis de Lis Diantha. Pour sûr, elle était belle et avait du faire chavirer le cœur de plus d’un homme… dont celui du Gardan, sans aucun doute. Mais elle était trop loin pour pouvoir l’entendre, aussi ne pouvait-elle pas émettre un quelconque jugement.

La présentation terminée, les conversations reprirent pour certains tandis que pour d’autres, il s’agissait de se frayer à tout prix un chemin jusqu’aux Altesses ou membres éminents de la Couronne. Bellone repéra Noor Arlanii quelques pas derrière son fils, et un peu plus loin aussi l’Aîné des Conseillers ainsi que la conseillère Tehanii qui discutaient entre eux. Autant d’illustres personnages dont elle souhaitait éviter la compagnie ce soir, aussi fut elle heureuse de se trouver à l’opposé de tout ce beau monde.
Se tournant à nouveau vers son cavalier maintenant que le plus gros du spectacle venait de passer, elle renoua la conversation sur un tout autre sujet. « Vous qui vivez au Palais, vous devez certainement en savoir un peu plus que moi sur la personnalité de notre future Reine, je me trompe ? »

Non pas qu’elle souhaita ardemment connaître les derniers potins du Palais comme l’aurait voulu n’importe quelle cancanière, simplement, elle avait besoin d’un avis honnête pour se faire une idée de la place future qu’occuperait cette dame auprès de leur Gardan Edorta. Car Ysor faisait bien le jeu des conseillers, ainsi que de la Douairière, pourquoi alors ne ferait il pas celui de sa femme si celle-ci possédait suffisamment de personnalité pour le manipuler à sa guise ?
Un Gardan Edorta fort… c’est ce qui pouvait leur manquer le plus…
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptySam 23 Avr - 21:39

Lorsque Damian vit de quelle manière Bellone Lastareth considérait les nobles attroupés autour de la malheureuse, et le regard adoucit qu’elle lui adressa ensuite, il ne put que se féliciter de ne point être l’adversaire de cette jeune femme brillante. Elle semblait être d’un tempérament pondéré et serein mais néanmoins d’une certaine force, et Damian s’imaginait sans mal que cette femme, en cas d’adversité et de nécessité, puisse s’avérer redoutable. En même temps, pour avoir fait tout ce chemin, et si vite…

Lui qui était d’un naturel si doux et affable en conçut, là encore, une certaine admiration, quoi que ce fut un trait de caractère plutôt craint d’ordinaire.

« Je vous en remercie, le plaisir est pour moi. » Un sourire venu balayer les dernières pensées qui l’avaient pris, puis il hocha légèrement la tête.

Il suivit son regard, sans s’attarder davantage au couple qui venait de faire son entrée. Il ne trouvait nul amusement dans ces mondanités, et sans elle, aurait déjà tout donné pour retrouver son atelier. Si la soirée –comme il s’y attendait- dégénérait de trop, peut-être même sa compagne serait-elle ravie d’être raccompagnée, tout comme lui de retrouver, avant que le spectacle ne se fasse trop décadent, le confort et la sérénité de son atelier ?
Damian n’avait plus connu de femmes depuis la mort de son épouse (si court ce mariage fut-il) et bien que peu de gens le sachent veuf, c’était là un argument efficace lorsqu’il fallait se débarrasser d’une donzelle entreprenante. Pudique, ces jeux de société décomplexés avaient quelque chose de dérangeant pour lui, et sans doute éviterait-il, dans la mesure du possible, d’avoir à assister à cette partie là du bal.

Mais il était là, pour l’heure, et resterait là tant que sa compagne ne laisserait pas entendre que l’inverse lui conviendrait davantage… Après tout, il travaillait tant… Boire, manger un peu plus riche que d’ordinaire et, pourquoi pas, danser un peu ne lui ferait pas tant de mal que cela.

Il considéra Bellone avec un sourire amusé à cette idée lorsque les trompettes attirèrent son attention. Il se tourna alors, comme tout le monde d’ailleurs vers l’estrade qui accueillit aussitôt Lis Diantha, la promise de son ami.

Il avait entendu parler de cette femme sulfureuse qui donnait bien du mal à ses suivantes, mais ne l’avait jamais croisée. On la disait charmante. Les hommes la disaient même brûlante… Cela suffisait à Damian pour s’en défier quelque peu… Mais le fait était qu’elle était d’une beauté brutale et envahissante. Les femmes fatales n’étaient pas son fort, car elles le mettaient mal à l’aise et il n’avait jamais su de quelle manière se comporter à leur côté, mais il fallait bien reconnaître à cette Olarile que, bien qu’enceinte et donc arrondie de trop, elle savait que faire de son corps pour en faire un objet de désir pour la gente masculine.
Sans que son regard ne soit lubrique, contrairement à celui de nombre de ses voisins qui eux ne se gênaient qu’à peine pour laisser poindre l’envie de ce corps ondulant suscitait, Damian en ressentit un certain malaise et tressaillit. Il chercha le regard de Bellone mais ne le trouva pas, celle-ci absorbée, comme tout le monde, par l’entrée de la Reine…

Suivit, plus modestement étrangement, un Ysor qu’il reconnaissait à peine. Il semblait plus sur de lui, plus fort que d’ordinaire. Et surtout, il dévorait sa promise des yeux, une tendresse dans le geste qui n’avait rien d’emprunté. Elle non plus d’ailleurs ne semblait pas feindre quoi que ce soit… Qu’est-ce qu’une femme pareille pouvait trouver d’autre à son ami que le pouvoir qu’il représentait ? Etait-elle une actrice hors pair, ou bien tout simplement… sincère ?

Damian écouta attentivement le discours de son ami, prononcé habillement, ce qui lui fit plaisir. Le contact de cette femme lui avait fait du bien, peut-être était-ce là suffisamment réjouissant pour accepter de cette Lis Diantha qu’elle fut potentiellement vénale ?

Une fois le discours fini, le couple royal s’en fut dans un coin plus discret, quoi que toujours en vue des convives, et Damian reporta son attention sur Bellone. Le brouhaha, peu à peu, remonta et la jeune femme lui posa une question. L’inventeur haussa les épaules.

« Rien de bien concret malheureusement. Le Gardan Edorta n’étant pas disposé, ces derniers temps, à me recevoir, je ne sais pas grand-chose de ce mariage… Il y a des bruits qui courent bien entendu, mais rien de plus. » Son regard regagna Lis Diantha qui regardait alors dans leur direction (ce qui ne manqua pas de le faire ciller) « On raconte qu’elle donne du fil à retordre à ses suivantes, et à Vanhilde Tehanii qui se charge de son éducation afin de la former aux usages de notre peuple. Cependant, je n’ai rien entendu de négatif au sujet de cette femme… » A nouveau, il haussa les épaules, et un léger sourire vint effleurer ses lèvres. « Les hommes l’admirent, pour beaucoup, et les femmes sont plus viles… Certaines nobles de bonne famille ont toutes les raisons du monde de la jalouser, je suppose. Autant dire que rien ne détonne par rapport à l’accueil réservé à de nouveaux venus au Palais habituellement, si ce n’est que tout le monde a, apparemment, des choses à dire quant à son origine… » Quoi qu’il en soit, cette femme avait encore tout à prouver, et elle n’avait encore rien fait qui permette de la louer, ni même de la décrier, d’ailleurs. Quoi que, faire tourner Vanhilde Tehanii en bourrique avait de quoi forcer l’admiration de pas mal de monde.
« Cela dit, je ne suis pas friand des bruits de couloir, et je crains de ne rien avoir à vous dire de bien intéressant, même si je vis ici… Mon atelier est dans ce palais comme… un monde un peu à part, et isolé, je dirais. » Et comme il n’en sortait que quand, comme ce soir, il y était contraint…

Puis à nouveau, il cilla, et reposa sur Bellone un regard mitigé. « Mais l’on m’a dit qu’elle avait des manières un peu trop… franches, qui je dois l’admettre me mettent mal à l’aise en général. Je n’ai donc pas forcé le destin pour céder à une curiosité naturelle… »

Peut-être était-ce là un peu ridicule, venant d’un homme fait, que d’admettre à sa compagne de Bal être mal à l’aise face aux séductrices… Mais après tout il était sincère, et ses manières douces et bonhommes devaient de toutes les façons parler pour lui. Il paraissait évident qu’un homme peu rompu aux jeux de société, et vivant plutôt en ermite ait du mal à gérer le fait d’avoir dans ses pattes une femme anormalement entreprenante.

Et puis, à présent qu’il la savait si belle, il ferait sans doute plus encore son possible pour s’en protéger. Ysor avait bien de la chance mais, d’un autre côté, il aurait dans sa couche un fauve qui terrifierait Damian.
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMer 18 Mai - 9:49

Continuant à observer le couple royal, Bellone écouta d’une oreille attentive la réponse que Damian apportait à sa question. L’attention que sembla soudain leur porter Lis Diantha ne lui échappa point, ou du moins regardait-elle dans leur direction, et cela suffit à Bellone – quoi que son observation resta discrète – à se retourner vers son cavalier.
L’évocation qu’il faisait de leur future reine la fit sourire, non pas de dérision, il s’agissait d’un sourire plutôt appréciateur. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on apprenait que cette femme, malgré (ou grâce à ?) ses origines Olariles, manifestait une Volonté allant à l’encontre des idées de la Tehanii ? Cela forçait nécessairement le respect. Une Volonté que n’avait sans doute pas prévue les membres du Conseil lors de leurs manigances pour ces Fiançailles…
Mais quoi qu’il puisse en être, cela faisait une femme de caractère de plus à l’oreille du Gardan Edorta. Pour ce la Générale pouvait voir aujourd’hui, cela semblait plutôt réussir à ce dernier, mais les changements véritables n’apparaitraient que dans les semaines à venir, lorsqu’ils seraient mariés et la Fiancée devenue Reine moins encline à freiner son caractère. D’ici là, il lui faudrait être attentive et rester sur ses gardes. Cette nouvelle pièce sur l’échiquier changeait la donne pour beaucoup, la question était de savoir jusqu’à combien pour l’armée ?

« Son origine pourrait bien être son plus grand atout. Il suffit de voir comment tous ces Olarils sont devenus objets de mode. Cela devrait lui faciliter grandement les choses jusqu’au mariage, car bien que certaines femmes de la Noblesse la jalouse, elle sera plus facilement pardonnée pour ses erreurs que n’importe quelle Ilédore à sa place. »
Et surtout, bien qu’elle ne l’évoqua pas, Lis Diantha portait les enfants élus de la prophétie, destinés à diriger Isle. Et cela lui assurait un rang à part, une considération supérieure à toute autre fiancée potentielle. Après tout, qui irait à l’encontre de la Volonté de Therdone ?

Un instant, Bellone songea qu’elle aurait pu se trouver à sa place, au bras d’un autre Gardan, aujourd’hui disparu. La douleur afflua, mais elle la contint et rien dans son attitude, si ce n’est peut être un voile de tristesse devant les yeux, ne trahit ses pensées. Une fois de plus, elles l’avaient sournoisement ramenée vers l’homme qu’elle avait perdu.
Mais ce soir, elle ne se laisserait pas prendre au piège de son fantôme. Ils étaient venus ici pour profiter de la soirée, sinon changer d’air, et Bellone ne tenait pas à gâcher leur plaisir à tous deux. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’en avait pas pris, et sans doute en allait-il de même pour Damian Olyn, du moins hors de son atelier.
Priant pour qu’il n’ait pas remarqué son changement d’humeur, elle reprit part avec entrain à la conversation. « Vous avez de la chance d’avoir un refuge dans un tel lieu. Au moins avez-vous vos pensées pour vous seul et n’êtes pas continuellement dérangés par un flot incessant de différentes personnes… »
Depuis le début du siège, son bureau n’était plus la pièce calme et apaisante qu’elle était auparavant. A peine parvenait-elle à s’y isoler quelques instants qu’on frappait à la porte. Sa demeure ? Bellone ne la considérait plus comme une maison, ce n’était plus qu’un lieu lui appartenant, un endroit où dormir parfois… Trop de souvenirs douloureux habitaient ses murs…

« Cependant, je crois comprendre votre réticence à vous trouver face à elle… Son attitude possède un je ne sais quoi qui mettrait mal à l’aise bon nombre de personnes. Moi-même, je suis partagée. » Se tournant à nouveau vers l’objet de leur discussion, la Générale l’observa un instant avant de reporter son attention sur Damian. « Quoi qu’il en soit, elle a de la personnalité, on peut au moins lui accorder qu’elle ne sera pas une Reine totalement effacée. »
Une Reine forte pour un Gardan faible… il risquait d’y avoir des changements d’ici peu.
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMer 18 Mai - 16:16

Ecoutant tranquillement le propos de la jeune femme, Damian hochait silencieusement la tête. Attentif aux traits de Bellone, en partie pour ne pas croiser le regard de Lis qui risquait de le mettre mal à l’aise, il perçut quelque chose de ténu et de retenu… Tristesse ou regrets, il ne le sut pas, mais son expression se relâcha quelques instants, durant lesquels son sourire fit place à une apparence plus simple… et absorbée. La politesse voulant qu’il taise cette impression, il accueillit le retour de Bellone auprès depuis avec un sourire poli, et écouta tout ce qu’elle avait à dire en hochant discrètement la tête de temps à autre.

Il était content qu’elle partage son avis que Lis Diantha. Lui aussi était partagé à son sujet, mais il était heureux pour son ami et comme elle le disait, elle ne serait pas effacée. Damian n’était pas de ces hommes repliés sur eux-mêmes qui abhorraient les personnes exubérantes… Il se contentait simplement, lorsqu’il se trouvait intimidé par lesdites personnes, de s’effacer un peu plus. Il haussa les épaules. « Malgré, tout, elle me semble être d’une certaine ouverture, et s’est manifestement bien accommodée de notre peuple. Il est possible qu’un regain d’énergie ne fasse pas de mal à ce poste. » Bien qu’il ait un certain respect pour Noor Arlanii, il n’avait jamais été interpellé par cette femme depuis son arrivée. Un peu trop lisse, sans doute. Lis Diantha, au moins, avait un charisme prononcé, et ne laissait personne indifférent. Elle semblait pleine d’énergie et de sensualité, et Damian priait Therdone pour qu’il accorde à ces deux-là la Volonté de vivre heureux. Sans doute ne seraient-ils pas nombreux à prononcer ce vœu avec une profonde sincérité, mais l’Inventeur du Gardan en ferait sans aucun doute partie. « Espérons juste que cela ne lui porte pas préjudice. » Puis d’un sourire il balaya l’idée. Il n’aimait pas la polémique, et il avait déjà fait une sérieuse entorse à son comportement coutumier en rapportant à la Générale des Armées les bruits de couloir venus papillonner jusqu’à lui.

Les discours semblaient terminés, et tous avaient repris leur conversation. Pour l’instant, la salle était toujours dense, mais peu à peu l’Inventeur la voyait se clairsement, les personnes se retrouvant autour du banquet, ou bien dans de petites alcôves plus pratiques afin de discuter tranquillement. La musique démarra également, et avec elle quelques couples se lancèrent au centre de la place. Beaucoup de jeunes gens, empressés et gourmands de nature, qui laissaient éclater leur enthousiasme sous le regard condescendant de leurs aînés. Hésitant de son côté, l’Inventeur déposa sur sa compagne de la soirée un regard adouci. Elle était réellement ravissante. Lui exposant un profil provisoirement intéressé par les danseurs. L’interrompant avec douceur dans son observation, il se pencha à son épaule, alors que d’autres, peu à peu, se lançaient à leur tour.

« Dites moi, Bellone, que diriez-vous de danser un peu ? Cela nous mettrait en appétit » Il lui tendit une main plus sereine à mesure qu’il se faisait à l’ambiance dense. Un regard pour les danseurs, dont certains se regroupaient autours d’Olarils faisant montre de cette jovialité qui leur avait été vantée. Cela ne lui disait rien. « Je ne suis pas un danseur brillant, mais je pourrais épargner vos pieds si vous me donnez une chance. » Rien d’ambigu dans sa demande, bien qu’il s’était autorisé à admirer sa cavalière l’instant d’avant. Plutôt une chaleur qu’il souhaitait lui transmettre… Peut-être aussi parce qu’il avait toujours en tête ce vague à l’âme qu’elle avait montré, l’espace de quelques secondes, tout à l’heure…

Lui-même n’avait plus dansé depuis son mariage, ce qui remontait à bien longtemps déjà, mais il avait toujours trouvé un certain amusement dans la chose, pour peu que sa cavalière ne l’aborde pas trop sérieusement. Sans être d’une souplesse remarquable, il savait se montrer gracieux en dépit de son gabarit, et espérait pouvoir ainsi voir un sourire plus entier sur les lèvres de Bellone. Après tout, il lui avait promis de prendre soin d’elle.

Attendant qu’elle saisisse sa main tendue, il s’inclina à peine en une révérence sobre, mais de toute évidence amusée.
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Bellone Lastareth
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyJeu 19 Mai - 13:50

L’orchestre, qui jusqu’ici jouait doucement pour ne pas gêner les conversations, s’amplifia au début d’un nouveau thème, annonçant ainsi le début des danses. Les jeunes gens, enthousiastes, commençaient déjà à évoluer en couple au centre de la salle et bientôt les rejoindrait le reste de la société. Mais pour l’instant, les premiers pas leur étaient réservés, et Bellone ne put s’empêcher de les observer. Des visages souriants, ouverts, libres et insouciants des inquiétudes de leurs aînés, ils virevoltaient sur la piste de danse sans se soucier de quiconque sinon de leur partenaire.
Bientôt, ils furent rejoints par d’autres et la salle se para de couleurs tourbillonnantes arrachées pour un instant aux tenues des danseurs, puis remplacées par celles d’un autre couple prenant la place du premier, et ainsi de suite, jusqu’à former un tableau aux milles couleurs chatoyantes.

Tandis qu’elle admirait ce tableau, Damian se pencha doucement vers elle, lui proposant d’y participer à leur tour. Elle sourit, hésitante, non pas sur les capacités de son cavalier, mais sur les siennes propres. « Je suis prête à accepter volontiers votre invitation, mais sachez que vous risquez de ne trouver qu’une bien piètre cavalière. Voilà bien longtemps que mes pieds n’ont foulé d’aussi près une piste de danse, et si vous êtes prêt à me pardonner mes erreurs, je serais ravie de vous y accompagner. »
A dire vrai, elle connaissait les pas – ayant pris au sérieux son nouveau rang elle avait appris avec soin les nombreuses choses négligées jusque là, dont la danse – mais n’avait pas eu l’occasion de pratiquer depuis le début du siège. Quoique, ne disait-on pas que le maniement des armes était une sorte de danse ?

Bellone lui donna sa main, et Damian la mena vers le centre de la salle, au milieu des autres danseurs, tandis qu’une nouvelle danse commençait. Il dirigeait d’un pas sûr, malgré sa mise en garde, et après deux ou trois faux pas, ses pieds trouvèrent le rythme et elle put enfin ne plus se concentrer exclusivement sur le mouvement à effectuer.
Durant quelques minutes, la Générale se laissa entraîner par le simple fait de danser, laissant de côté soucis et fantômes pour le plaisir pris en cet instant. Au bout d’un moment, elle reprit la parole, car après tout, la danse était une toute aussi agréable façon de discuter qu’une autre.

« C’est bien là qu’on s’aperçoit de tout ce que ce siège peut nous coûter. Etant jeune, je me souviens qu’il y avait de nombreux Bals tout au long de l’année qui représentaient pour chacun une occasion de se côtoyer et de s’amuser, tout en fréquentant des milieux auxquels certains n’avaient jamais accès. Je ne parle pas de la Noblesse qui garde son cercle très fermé, mais le fils du boucher et la fille du marchand de vin renommé pouvaient, le temps d’une danse, oublier leurs différences de rang. Sans doute y avez-vous vous-même participé ? » Un sourire s’esquissa sur ses lèvres tandis qu’elle se remémorait certains souvenirs. « Mais depuis le siège, ces bals populaires se sont faits rares, voire inexistants. Je trouve cela dommage que de telles occasions ne soient plus réservées qu’à ceux… qui possèdent les moyens. »
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyJeu 19 Mai - 17:38

Il était prêt à lui pardonner ses erreurs, bien sur, n’étant lui-même que peu convaincu de pouvoir donner le change à une excellente danseuse. La main de la jeune femme dans la sienne, il la conduisit d’un pas tranquille jusque sur la piste de danse, où il la rapprocha avec une certaine douceur, qu’il voulut courtoise. Il y avait, bien sur, une certaine sensualité dans la danse, qu’il pouvait apprécier, mais il n’en abusait pas, posant simplement son regard sur le visage concentré, puis détendu de Bellone, sur ses épaules ou sur leurs mains jointes. Lui-même était loin d’être le plus gracieux des hommes, mais sa douceur naturelle avait au moins l’avantage d’en faire un danseur qui n’était pas trop dur, ni trop directif. La conduisant avec aisance, il se contentait de savourer la proximité d’une femme, qu’il n’avait plus perçue depuis fort longtemps déjà, ainsi que le plaisir simple de se laisser porter par la musique.

Lorsqu’elle lui parla, il reporta son regard sur le visage levé en sa direction. Toute Générale qu’elle était, il était doté d’un bon gabarit, plutôt grand, un dos large et des bras qui auraient pu être puissants, si son travail l’avait conduit à poursuivre dans la forge. Elle avait plus que jamais l’air d’une jeune femme, ainsi entourée par l’homme qu’il était.

Elle lui parlait des bals de sa jeunesse. Jeunesse bourgeoise, tout comme lui… Il eut un sourire en retour du sien, sincèrement touché de la voir laisser derrière elle le malaise qui avait précédé. Quelle que soit l’image, sordide, triste ou quoi que ce soit d’autre, qui avait fait tomber ce voile sur elle, il était levé, pour le plaisir de Damian. Sans cesser de danser, il se remémora lui-aussi ces souvenirs là…

« Je n’ai jamais été très friand de bals, pour être honnête avec vous… » Il eut un léger rire, les faisant alors pivoter. « Je n’ai pas commencé ma vie d’ermite dans les hauts quartiers... N’étant pas à l’aise au cours des mondanités, leur préférant le calme des études… » Son visage prit alors un air plus absorbé… La dernière fois qu’il avait dansé ainsi… C’était à son mariage, réalisa-t-il soudain… Un mariage dont il fut veuf très tôt… D’avec une femme qu’il n’avait pas aimée mais pour qui il avait eu, au moment de sa mort, une tendresse et de la compassion.

Le souvenir de son mariage s’accompagnant donc d’un certain malaise, il manqua presque un pas, mais se rattrapa avec un sourire d’excuse et glissa à sa cavalière : « La seule fois où je fus vraiment obligé de me plier à ce genre de soirée, ce fut lors de mon mariage. » Peut-être ignorait-elle qu’il avait été un jour l’époux d’une femme… Comme à peu près tout le monde, en fait. Il n’en parlait pas, n’ayant guère était marqué par cette histoire, si ce n’était encore aujourd’hui la tristesse d’avoir vu cette jeune femme, qui était au fond fort gentille bien que peu à son goût, mourir lors de sa première grossesse…
Mais il ne portait déjà plus le deuil en arrivant au palais et son travail avait l’avantage de lui éviter d’avoir l’occasion de se replonger dans ce type de souvenirs. Il était arrivé là motivé et décidé à profiter de l’occasion qui lui était donnée de faire la preuve de ses talents, et de concrétiser nombre des rêves qui étaient ceux d’un Inventeur tel que lui… Le regret, et le passé, aussi sordides soient-ils n’avaient aucune place dans une telle vie.

Ni plus dans une soirée telle que celle qu’il passait au côté de la Générale. On l’y avait contraint, là-encore, mais il avait au moins eu l’occasion de venir accompagné d’une personne qui l’intéressait, et qu’il admirait, ce qui rendait le tout beaucoup plus engageant à ses yeux.

Un sourire complice, et il glissa à Bellone : « Mais je vous avoue que j’y ai pris fort peu de plaisir, ce qui n’est pas le cas ce soir. Qui eut cru que c’étaient là des choses qui puissent venir à un homme avec l’âge ! » Il eut un léger rire, se moquant de lui-même puis, espérant ne pas lui paraître déplacé, reposa son regard sur les épaules gracieuses de la militaire. Il l’entraîna à un rythme plus fluide. Ils n’étaient peut-être pas les danseurs les plus gracieux de la soirée, mais au moins pouvaient-il prendre un peu de plaisir à l’exercice… Plaisir qui n’aurait sans doute pas été le même avec une personne plus expérimentée qu’ils ne l’étaient.
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Bellone Lastareth
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptySam 21 Mai - 8:41

Bellone n'ignorait pas qu'il ait déjà été marié auparavant. Une leçon que lui avait enseigné le vieux Jagharii : en savoir long sur ses ennemis, mais encore plus sur ses amis. Elle avait procédé ainsi avec toute personne évoluant à ses côtés. Cependant, ayant beaucoup de respect pour l'Inventeur, elle n'avait pas creusé plus que nécessaire.
Mais depuis deux ans qu'ils travaillaient ensemble, jamais encore la Générale ne l'avait entendu évoquer sa femme ou son mariage. Elle ignorait tout des conditions qui l'avait amené à se marier et supposait que son silence était dû à la douleur de sa perte. Et tout comme elle ne souhaitait pas parler de la sienne, elle comprenait tout à fait qu'il fasse de même avec cette partie de sa vie. Il manqua un pas et s'excusa d'un sourire. Comprenant parfaitement son malaise, elle le laissa donc continuer, lui offrant simplement en retour un léger sourire, doux, compatissant...

Ils continuaient à danser, lui la menant d'un pas sûr, elle suivant avec confiance, louvoyant autour d'autres danseurs qui se faisaient un peu plus nombreux sur la piste. Il était agréable de se laisser ainsi mener, de ne plus avoir à diriger quoi que ce soit, simplement se laisser entraîner et profiter de l'instant présent. Loisir dont elle ne jouissait plus que dans de très rares moments depuis sa prise de fonction à la tête des armées, après le Gardan Edorta, bien entendu.

« Avec l'âge, on acquiert une autre vision des choses... Voyez, vous et moi passons la majorité de notre temps à travailler, de façon différente certes, mais il y a peu de place dans notre quotidien pour le plaisir. » Une pause pendant laquelle Damian la fit tourner. Il était véritablement plaisant de danser avec lui. Etant tous les deux à peu près du même niveau, ils s'excusaient leurs mauvais pas et savaient s'adapter aux erreurs de l'autre. Un cavalier plus aguerri les aurait sans doute desservi et le plaisir n'aurait pas été le même. « Alors, lorsqu'une occasion simple se présente, l'on y trouve davantage de plaisir qu'il y en aurait eu auparavant. Plus jeune, les loisirs étaient plus facilement accessibles qu'ils ne le sont pour nous aujourd'hui. La danse par exemple... Bien qu'y allant assez souvent dans ma jeunesse, j'apprécie davantage l'exercice aujourd'hui que je l'aurai pu hier. Avec l'âge vient l'expérience, mais aussi de nombreuses privations. »

Avec l'âge, avec le rang, avec la fonction... chaque avancée était synonyme de responsabilités supplémentaires dont il fallait s'acquitter en veillant à tout. Les loisirs se faisaient donc rares, et elle se faisait un devoir d'en profiter lorsqu'ils se présentaient.
Cependant, Bellone ne voulait pas que Damian puisse croire qu'elle n'était pas satisfaite de sa vie, aussi continua-t-elle : « Non pas que je me plaigne, je suis pleinement satisfaite de ma vie actuellement. » Un demi mensonge en somme, il y avait une chose qu'elle ne pourrait jamais plus avoir... Elle ajouta en riant : « J'ai travaillé trop dur pour arriver où je le suis aujourd'hui, et pour rien au monde je ne céderais ce que j'ai obtenu à quiconque... »

Pour rien au monde... vraiment ? Une petite voix lui soufflait pourtant le contraire...
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Damian Olynn
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyDim 22 Mai - 17:38

Bellone fit montre d’une discrétion qu’il nota, et qui lui convint tout à fait concernant son mariage. Non pas que ce fut un sujet qu’il n’aimait pas aborder, après tout, c’était là un passage de sa vie presque comme un autre, mais ce n’était pas une histoire réjouissante, et il ne souhaitait pas faire peser cette affaire sordide sur le sourire de la jeune femme. Elle était plus adaptée à des confidences calmes et discrètes. Peut-être aurait-elle l’audace d’en demander plus un jour, ou une autre fois. Très rapidement, il retrouva toute son aisance et le plaisir qu’il avait à la guider ainsi, sans laisser à son malaise potentiel plus d’espace.

Elle rebondit sur sa réflexion au sujet de l’âge, et il l’écouta de bout en bout avec un réel intérêt. Ils avaient une expérience fort différente… Comme elle le disait elle-même, leur travail, en soi, différait en tout point ou presque… Pour lui le travail était un refuge dans lequel il s’était blotti non pas pour fuir, mais plutôt en guise de cocon. Plutôt pour éviter que ce qui le dérangeait dans la vie sociale ne s’immisce dans son intimité. Non pas qu’il eut à ce point du mépris pour autrui, mais il n’était pas un homme habitué à ces jeux-là, et s’ouvrir aurait sans doute condamné ses défenses.

Il la fit virevolter doucement, une petite étincelle d’audace qui se solda par un léger rire, et qui pourtant paraîtrait bien insipide aux danseurs expérimentés qui évoluaient autour d’eux. Resserrant légèrement la taille de la jeune femme, il répondit alors : « Je ne sais pas si je dirais cela. Pour moi, le plaisir, c’est justement le travail… En fait, je n’avais jamais ou presque l’occasion de partager au sujet de ma passion, avant. J’ai été au contraire plutôt soulagé de pouvoir éviter ce type d’évènements avec mon arrivée ici, et de trouver à rencontrer, même rares, des personnes sincèrement intéressées par ce à quoi je m’échine nuit et jour. » Resserrant en douceur sa main autour de celle de la jeune femme, il haussa alors les épaules.

« Peut-être n’ai-je jamais laissé de chance à autre chose qu’à mon atelier, cela dit… Par exemple, ce soir, je ne m’attendais pas à passer une soirée aussi agréable qu’elle l’est. C’est peut-être le signe que j’ai eu tord, tout ce temps. » Un sourire aimable. « Je ne cèderais non plus pour rien au monde ma bonne fortune actuelle. Je pense qu’il en va de même pour ceux qui ont le goût du travail et de l’effort. »

Il posa alors sur elle un regard tranquille, puis soupira doucement. Des confidences livrées au gré d’une danse. Cela aussi le changeait, et lui plaisait. Il n’avait jamais été très curieux de la vie et du passé de quelqu’un, avant cela. Supposant, sans doute, que se montrer trop curieux comporterait le risque de voir ses interlocuteurs se montrer curieux à son égard, ce qui l’aurait peut-être dérangé. S’il aimait parler de son travail, il se défiait souvent des confidences plus personnelles. Et pourtant, il était à l’aise, se sentant capable d’échanger sans crainte avec la Générale des Armées… Sans doute parce qu’elle lui semblait plus saine que la plupart des personnes présentes alors ? Il avait toujours considéré Bellone Lastareth comme une personne intègre, et avec laquelle il était agréable de travailler. Toujours était-il qu’il prenait plaisir à faire plus ample connaissance avec elle, ainsi qu’à découvrir un peu de sa vie, fut-ce par petites touches seulement.

En sourdine également, il sentait poindre quelques regrets… A présent qu’il cueillait les fruits de son travail et des nombreux sacrifices faits dans sa jeunesse, peut-être devrait-il finalement s’accorder un peu d’air, en dehors de cela ? S’ouvrir ? Cette idée avait de quoi l’inquiéter, et pourtant, il réalisait dans le même temps qu’il pourrait manquer de ce type d’échanges, si naturels pour tant de monde, et si inédits pour lui.
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyDim 29 Mai - 23:34

La musique n’était ni trop lente, ni trop rapide, juste ce qu’il fallait pour permettre aux deux danseurs d’y prendre plaisir sans que leur manque d’expérience ne soit visible. Les quelques pas plus audacieux qu’il lui fit faire la firent sourire. Une soirée plaisante en somme, bien que Bellone ne put empêcher de voir poindre certains regrets.
Regrets bien vains, et qui entachaient de tristesse le plaisir qu’elle prenait à ce bal. Une fois de plus, et ce ne serait pas la dernière, son fantôme flottait à l’horizon de ses pensées, rappel constant d’un passé qu’elle ne pourrait plus jamais toucher. La tristesse menaçait à nouveau de voiler ses pensées jusqu’à ce qu’elle se souvienne qu’Il aurait surement détesté une telle soirée. Son sourire se fit plus franc tandis que la mélancolie naissante s’effaçait pour laisser la place au bien-être d’un tel moment.

Jusqu’ici, Bellone n’avait que très rarement profité autant d’un évènement orchestré par la Noblesse. Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir tenté d’y goûter, alors que sa Noblesse de Rang était encore toute récente. Mais quelle différence avec les réjouissances simples mais franches qu’elle avait connu toute sa vie, et plus encore depuis son entrée dans l’armée.
« Je vous comprends parfaitement, j’ai moi-même été soulagée de ne plus avoir le devoir de participer sinon d’assister à ce genre de soirées. Je m’étais fait l’obligation d’y paraître lorsque j’ai été anoblie, mais la compagnie était tellement différente de ce que à quoi j’ai pu être accoutumée que je ne m’y suis jamais faite. Et puis vous devez savoir vous-même à quel point il est difficile d’être accepté parmi la haute société avec un rang comme le nôtre… »

Même si cela lui était désormais refusé, la Générale pensait aux sorties entre régiments avec nostalgie. Là-bas, le rang comptait bien moins que la franche camaraderie. Voilà pourquoi le corps de l’armée tenait encore debout, malgré les tentatives de sape interne orchestrées par le Conseil. Et malgré les divergences d’opinions, la politique, ou les inégalités frappantes, ses hommes restaient soudés face à l’ennemi commun. Pour l’heure, il s’agissait des Révolutionnaires… mais lorsque ceux-ci seraient repartis chez eux, la queue entre les jambes, nombreux seraient ceux à craindre pour leur fauteuil…
Mais ce n’était guère le moment de penser ni de parler politique. Bellone la côtoyait beaucoup trop souvent à son goût pour amener elle-même le sujet sur le tapis. Aussi reprit-elle après un court instant de silence : « Aussi, tout comme vous, je ne m’attendais pas à pouvoir passer une soirée aussi agréable. Cela montre bien qu’il existe quelques personnes appartenant à cette catégorie sociale dont la compagnie peut être plaisante et intéressante. »

Un sourire plutôt espiègle ourla ses lèvres. Elle était ravie qu’il lui ait proposé de l’accompagner à ce bal. Outre le fait qu’elle appréciait Damian davantage, Bellone découvrait certaines facettes du personnage qu’il ne lui était pas possible de déceler lorsqu’ils se côtoyaient dans le cadre de leur travail. Réservé mais honnête, consciencieux, charmant… L’Inventeur était une personne qu’elle prenait plaisir à connaître davantage.

« Cependant, malgré tout le plaisir que je puisse prendre à cette danse, je crains de devoir vous avertir d’une chose. » Elle grimaça légèrement, quelque peu embêtée par ce qu’elle allait avouer. « Je dois vous confier que mes pieds n’ont plus l’habitude de telles chausses, et sous peine qu’ils se rappellent de façon bien cruelle à moi, je me vois désolée de devoir vous demander une pause après cette danse, le temps pour eux qu’ils se reposent… »
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMar 31 Mai - 20:02

Il lui rendit son sourire, sciemment amusé, profitant de la danse avec tranquillité. Bellone dispensait à ses mains une douce chaleur qui rendait confortable leur duo. Il savourait ainsi chaque pas, lorsqu’elle reprit la parole. De prime abord, à ses mots et son air contrit, il craignit qu’elle n’ait quelque chose de grave à lui annoncer.
Pressant légèrement sa main, il ralentit le pas, puis laissa un léger rire lui échapper.

« J’ai cru un instant qu’il y avait un problème. » Secouant légèrement la tête, il reporta un sourire aimable, légèrement mutin sur la jeune femme, puis observa distraitement l’orchestre. Finalement, il inclina légèrement son visage et glissa d’un air complice. « Courage, il ne devrait plus rester beaucoup de pas. » Il s’employa néanmoins, s’aidant de la main posée sur sa taille qu’il glissa autour pour la soutenir un peu mieux, à ce que les pas lui soient moins douloureux. Il n’y avait rien d’ambigu dans le geste, dont le but était pour le moins évident.

Finalement, la musique sembla ralentir. Relâchant Bellone, il se fraya alors un passage tout en souplesse entre les danseurs qui se préparaient pour la danse suivante. Un regard attentionné pour la jeune femme, s’assurant qu’elle ne souffrait pas trop de cette petite course, puis il s’arrêta et, après quelques instants à la tenir sans y penser, lâcha finalement sa main. « Voilà, vos chevilles sont hors de danger. » Un sourire amusé, puis il ajouta : « Cela doit vous changer, c’est vrai… Mais l’effort en vaux la peine, croyez moi. » Finalement, il lui offrit son bras pour se décaler un peu plus. Prenant soin de ne pas rester dans le chemin, afin d’éviter toute bousculade à sa cavalière. Son œil se posa sur les mets qui se trouvaient sur la table, appétissants, enjôleurs. La faim se faisant plus vive à ce spectacle, il saisit la main de la jeune femme pour se tourner vers elle.

« Que diriez-vous d’aller vous installer là-bas… » Dit-il en désignant l’un des petits salons à l’écart. « Vous pourriez vous y asseoir, et l’on m’a confié qu’ils étaient, en fin de soirée, le théâtre de jeux fort peu chastes… Ainsi pourrons-nous en profiter pour discuter, avant que les choses ne dégénèrent et qu’un tel abris se change en lupanard. » En effet, l’une des domestiques lui avait dit, alors qu’elle lui apportait un repas afin de briser la monotonie de son travail, que la plupart du temps ce genre de soirée finissait en véritable orgie. La noblesse, aux prises avec les drogues et l’alcool, se laissait bien souvent aller, dans les alcôves, à des comportements pour le moins déplacés… L’affaire n’engageait guère l’Inventeur, plutôt pudique, et il doutait sincèrement que cela soit dans les goûts de sa cavalière. Elle lui semblait trop intègre pour ce genre de choses.

Il lui adressa un sourire serein. De son côté, il pensait récupérer un peu de victuailles, pour en apporter à sa cavalière. Peut-être commençait-elle elle aussi à avoir faim. Et puis, la danse l’avait mis en appétit. « Allez-y, je vous en prie, je vous y rejoindrais avec quelque chose à nous mettre sous la dent, si cela vous tente. » Il la salua légèrement, l’enjoignant à le quitter pour quelques instants à peine. Et puis, ainsi à l’écart, ils se trouveraient sans doute moins au cœur des commérages, ce qui ne serait certainement pas fait pour déplaire à l’Inventeur. S’ils pouvaient également se soustraire au regard de la fiancée d’Ysor, qui, bien que de loin, avait su le mettre mal à l’aise, c’était encore mieux.
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyJeu 9 Juin - 8:54

Damian accueillit sa demande avec bienveillance et alla même jusqu’à la soutenir pendant le reste de la danse. Ce n’était pas tout à fait nécessaire, ses pieds ne lui faisaient pas encore trop mal pour justifier un tel geste mais elle l’apprécia néanmoins à sa juste valeur, et elle le remercia par un sourire.

« Ne vous inquiétez pas, j’ai tout de même une certaine endurance à la douleur, je devrais tenir jusqu’à la fin de cette danse. » Fin qui ne tarda d’ailleurs pas à s’annoncer. La musique ralentit et les couples s’arrêtèrent, chacun saluant son partenaire avant de quitter la piste ou de reprendre place pour la danse suivante.
Bellone et son cavalier furent, comme il le lui avait promis, de ceux qui abandonnèrent le bal en lui-même. S’arrêtant une fois la majeure partie des personnes écartées, Damian semblait se préoccuper de son bien être à tel point que cela la toucha. Son compliment lui fit autant plaisir qu’il la gêna, sans qu’elle put s’expliquer pourquoi. Du moins, il était vrai qu’elle n’avait guère l’habitude de recevoir de telles attentions ou de s’entendre complimenter ainsi lorsqu’elle se trouvait simplement vêtue de sa mise habituelle.
Heureusement, ils se remirent en marche pour se diriger vers le buffet, comme beaucoup d’autres se trouvant en quête de mets ou de rafraichissement, et elle contrôler la rougeur de ses joues. La Générale des Armées rougir ? Voilà qui assurément ferait cancaner nombre de rombière ce soir si cela s’apercevait.
La foule y était plutôt nombreuse, sans doute désireuse de se désaltérer un peu ou de prendre un quelconque encas, à moins que ce ne fut tout simplement pour admirer la somptuosité du banquet qui s’étalait sous leurs yeux. Car somptueux, il l’était. Plus d’une centaine de plats, colorés, alléchants, débordants de victuailles préparées par les meilleurs cuisiniers, dégageaient un fumet à mettre l’eau à la bouche. Le vin, sortit directement des caves du château, n’attendait qu’à être dégusté par les convives réunis en cette occasion.

Emerveillée par tout ce qui se présentait à ses yeux, Bellone aurait tout à fait pu se laisser griser par le spectacle si sa raison ne l’avait pas rappelée à l’ordre. Ce n’était qu’un étalage de richesse… et d’excès. Et elle trouvait malvenue de faire pareil étalage tandis que la Ville Basse avait peine à mettre la main sur quelques légumes, sans parler d’un simple morceau de viande.
Ici, des cochons entiers à la peau fine et croustillante trônaient sur leurs plats accompagnés d’une garniture de légumes plus savoureuse encore. Là, les serveurs, outre le vin, proposaient toutes sortes de boissons dont des alcools disparus de la Cité depuis des semaines. Même les amuse-gueules avaient de quoi ravir les papilles. Sans parler des pâtisseries…
Magnifique, en somme il fallait bien l’admettre… Mais tout cela serait gâché par des gens ne connaissant les termes de disette, se serrer la ceinture ou simplement avoir faim que par les livres qu’ils avaient lu. Des Nobles trop bien nourris qui ne feraient que picorer dans leurs assiettes, laissant des restes qui à eux seuls pourraient nourrir une famille du Quartier Humble pendant plusieurs jours.

Cette vision qui lui avait mis l’eau à la bouche quelques secondes plus tôt, lui donnait désormais la nausée, aussi fut-elle soulagée d’entendre l’Inventeur lui proposer de s’éloigner vers l’une des alcôves plus ou moins privées. « J’ai beaucoup entendu parler de ces… jeux, comme vous le dites, et suis tout à fait heureuse de n’avoir jamais eu à y assister moi-même. C’est l’une des raisons pour laquelle intégrer la garde personnelle du Gardan Edorta ne m’a jamais attirée d’aucune façon. »
Si l’on excluait les enterrements, chaque utilisation de la Grande Salle de Réception donnait lieu à ce genre de débauche à laquelle étaient contraints d’assister les hommes de Farenii, si ce n’était le capitaine lui-même. Un bien piètre spectacle…
« Cependant, je veux bien en profiter du moment que je suis assurée d’avoir déserté les lieux avant que ne vienne l’heure où déserte la bienséance… » Lorsque sortiraient de leurs cachettes les drogues, il serait temps de vider les lieux de sa présence.

Il s’agissait d’un produit auquel elle avait toujours refusé de toucher, connaissant suffisamment les effets pour avoir la sagesse de ne jamais essayer. Dépendance, diminution des facultés… et bien d’autres symptômes encore, incompatibles avec le métier d’arme. D’ailleurs, une directive instaurée par le Lion interdisait à toute personne appartenant à l’armée d’utiliser une quelconque drogue, sous peine de prison voire de renvoi pur et simple.
L’alcool faisait parti de la vie des Quartiers Militaires, aussi était-il toléré tant que la personne assurait son service sobre. Il y avait une cellule de dégrisement dans la prison et elle n’était que rarement utilisée. Mais la drogue, c’était tout autre chose, et assister à la déchéance Ilédore n’était pas dans ses intentions.

« J’apprécie beaucoup votre offre, je vous attendrai là-bas. » Tout en désignant une alcôve libre non loin de leur position. Quittant pour un moment son cavalier, Bellone traversa l’espace la séparant de son siège d’une démarche aussi fluide que lui permettait ses chaussures. La douleur était peu intense mais suffisante pour qu’elle éprouve un réel soulagement à reporter son poids ailleurs que sur ses deux seuls pieds.
Damian ne fut pas long, ainsi n’eut-elle pas le temps de s’ennuyer. Il revint suivit d’un serviteur chargé de disposer couverts et nourriture sur la table à laquelle ils étaient installés. Ah oui… le protocole. Levant les yeux au ciel, geste qui n’échappa surement pas à l’Inventeur, elle attendit patiemment que le serviteur s’éloigne après que son cavalier eut pris place.

« Je suis navrée, ils me font l’effet d’être impotente ou totalement stupide à chaque fois que l’un d’entre eux s’empresse d’accomplir une tâche à ma place, alors que je suis tout à fait capable de le faire moi-même. Je suis consciente qu’ils ne font que leur rôle mais… je ressens souvent cela comme une introduction de force dans ma vie privée. »
Rien que pour cela, elle n’aurait pas été faite pour la vie au Palais. Il y avait de nombreuses tâches qu’elle aimait accomplir seule, et cela, le couple qui s’occupait de sa demeure l’avait tout à fait compris. « Dans les Quartiers Militaires, nous ne fonctionnons pas ainsi. Les serviteurs sont rares, ce sont les soldats, ou les Aspirants, qui accomplissent les corvées. Et tout le monde est censé y passer. Je n’ose même pas compter le nombre de fois où j’ai dû nettoyer les latrines pendant mon apprentissage… » Une grimace mêlée d’un sourire au souvenir de toutes les corvées qu’on leur avait demandé d’accomplir…
« Mais pardon, je vous parle de latrines alors que vous venez de nous rapporter de quoi manger. J’espère ne pas vous avoir coupé l’appétit ? »
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyVen 10 Juin - 22:41

La réticence qui transpirait de chacun des mots de la Générale concernant les éventuels dérapages du Bal rassura tout à fait Damian. Il avait eu peur un instant de passer pour un homme part trop prude pour son rang, ou bien manquer de respect à la beauté de Bellone en laissant entendre de la sorte qu’il ne souhaitait pas assister à ce type de spectacle. Aussi fut-il soulagé de la voir abonder de la sorte en son sens. Froisser la jeune femme était bien la dernière de ses Volontés, pour autant, il ne se sentait pas capable de supporter les fins de soirées du Palais. Ils n’auraient ainsi qu’à s’éclipser le moment venu.

« Dans ce cas, nous n’aurons qu’à garder l’œil ouvert et fausser compagnie à ces bonnes gens le moment venu. » Un sourire rassurant, il serait vigilent à ce que ce spectacle ne l'indispose pas. Si elle le souhaitait, ils pourraient tout à fait discuter dehors… Il pouvait également simplement la raccompagner chez elle et lui souhaiter de passer une bonne nuit. Ils verraient bien lorsqu’il leur faudrait partir. Pour l’heure, les convives dansaient toujours en bon nombre, et les hôtes attendraient sans doute que l’ambiance retombe pour en instaurer une plus sensuelle. Du moins l’espérait-il.

Elle accepta donc son offre, et lui laissa tout loisir de choisir pour eux ce qu’ils mangeraient. Il avait repéré un plateau un peu plus loin, et s’apprêtait à le remplir lorsqu’un domestique le pris de vitesse et lui demanda ce qu’il souhaitait. Interloqué de prime abord, il demeura silencieux puis reporta malgré tout son regard sur les tables. L’autre semblait entêté et ne lui laissait pas la moindre marge pour se servir seul. Bien qu’anobli, Damian vivait reclus, et avait insisté pour rester seul, sans domestique autre que ceux qui lui montaient de temps à autre un repas. Ce type de comportement, s’il ne l’agaçait pas vraiment, avait donc tendance à le mettre mal à l’aise. Il désigna néanmoins au jeune homme une volaille qui lui semblait savoureuse, quelques pommes de terres fondantes, dont l’odeur entêtante l’avait séduit, ainsi que des pâtisseries, et d’autres mets, plus fins, dont il espérait qu’ils plaisent à la jeune femme. Il n’allait de toutes les façons pas lui faire venir l’ensemble du banquet. Satisfait de son plateau, il se dirigea alors vers l’alcôve pour y retrouver Bellone en compagnie du jeune homme qui le suivait comme son ombre.

Il remarqua son attitude lorsque le domestique vint déposer les couverts devant elle. Ne sachant trop comment l’interpréter, il ne le souligna pas et se contenta de sourire aimablement lorsqu'il s’éclipsa enfin. Il ne s’agissait pas de profiter d’un peu d’intimité avec elle, mais plutôt de retrouver son naturel qui lui faisait fatalement défaut lorsqu’on le servait. Peut-être était-ce là le lot de toutes les personnes récemment anoblies ? Après tout, ils étaient éduqués dans le travail et l’autonomie, et il n’était pas si évident, après cela, de passer à tout autre chose.

Il s’installa finalement aux côtés de sa cavalière, s’apprêtant à leur servir à manger et à boire, lorsqu’elle prit la parole. Sa main demeura en suspens quelques instants durant lesquels il l’écouta attentivement. Au fond, ils avaient une vision plutôt similaire des choses, bien que lui n’en conçoive pas tant d’irritation qu'elle le faisait. Sans doute parce que l’un comme l’autre devaient venir d’un milieu assez semblable, finalement. Il était curieux d’en savoir plus à son sujet avant que ses fonctions ne nécessitent qu’on l’anoblisse. Une curiosité sincère qu’il n’avait pas l’impression de devoir lui cacher.

Lorsqu’elle parla des corvées de la garnison, il eut en effet un léger mouvement de latence, sa main se retirant peu à peu du plat qu’elle avait approché. En effet, cela, sorti de la bouche d’une si jolie jeune femme, avait de quoi désarçonner. Passée le recul que le côté saugrenu de la confidence avait provoqué, il laissa un rire franc lui échapper.

« Vous m’avez pris de court, je l’admets. Cela dit, je suis convaincu que beaucoup de ces gens-là… » Il désigna l’assemblée qu’ils apercevaient toujours de leur abris. « … N’ont pas de conversations plus enrichissantes à savourer. » Il plaisantait ouvertement, se moquait gentiment d’elle, mais sans vice ni fiel.
« Permettez-moi juste, s’il vous plait, de braver votre intimité le temps de vous servir une coupe de vin. » Là encore, il était plus taquin. Sans doute l’abandon provisoire des convenances, rien de plus. Sans doute aussi le fait qu’il était de plus en plus à l’aise à son côté, à mesure qu’il leur découvrait des similitudes. Un sourire amusé aux lèvres, il approcha les deux coupes qu’il saisit d’une main, servant de l’autre un peu du vin épicé que le domestique avait apporté. Parfumé et moins âpre que d’ordinaire, il espérait que cela plaise à Bellone.

Attendant qu’elle saisisse la coupe qu’il lui tendait pour trinquer, il répondit donc : « Je comprends ce que vous vouliez dire. Moi-même, j’ai du insister pour n’avoir personne à mon service. On m’apporte bien quelques repas, lorsque j’oublie de me manifester de moi-même – et cela, lorsque je travaille, est plutôt fréquent je l’admets – mais ça s’arrête là… Je préfère mon petit désordre à des intrusions de ce genre ! » Il eu un léger sourire, et déclara finalement : « Sans doute mon atelier serait-il plus confortable si j’acceptais quelqu’un pour m’aider, mais j’ai quelques craintes quant à l’idée que l’on puisse percer ma bulle. Et puis, j’ai des documents que je souhaite conserver pour moi-même, bien qu’ils ne soient pas d’un secret à toute épreuve. » Pour lui-même, et les personnes avec lesquelles il avait décidé d’en parler. Les autres étaient souvent des murs d’incompréhension, et le trouvaient trop étrange pour être fréquentables, une fois ses desseins dévoilés… Protéger ainsi son travail était donc devenu pour lui une seconde nature.

Après avoir trinqué, il lui dit alors : « Mais vous, dites moi… Avant d’en arriver là, à la noblesse, à ce grade prestigieux… qui étiez-vous donc ? Avez-vous toujours désiré embrasser cette voie ? »
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Bellone Lastareth
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyVen 17 Juin - 13:52

La taquinerie était un trait du personnage qu’elle n’avait encore jamais eu l’occasion de rencontrer chez lui, jusqu’à aujourd’hui où elle en était la victime. Pas méchamment du moins, mais elle devait bien avouer l’avoir mérité, sa conversation n’avait pas été des plus fines et sa réaction vis-à-vis du serviteur plutôt excessive. Etait-elle en train de devenir aussi puérile et dénuée de bon sens que cette Noblesse qu’elle méprisait ? Les serviteurs ne faisaient que leur devoir, leur métier. Que penserait-on d’eux si l’on voyait un Noble se servir lui-même tandis qu’il restait à sa place sans bouger ?
Ce n’était aucunement la faute de l’homme si les règles dictées obligeaient un tel service, qu’il soit ou non de son goût, Bellone n’avait pas à se montrer aussi vindicative et intransigeante qu’elle l’avait été. Elle se rendait compte qu’elle avait été irrespectueuse envers ce pauvre homme, et bien que Damian tomba d’accord avec ce qui avait été énoncé et que sa taquinerie toucha plus au sujet des latrines que de son sentiment d’être servie, la Générale ne put s’empêcher de se sentir gêner par sa réaction. Elle accepta la coupe de vin qu’il lui tendait, et avant de le goûter, s’obligea à rectifier le ton de ses dernières paroles.

« Veuillez toutefois m’excuser pour cette remarque fort peu sympathique ainsi que pour mon attitude. Je n’ai pourtant pas l’habitude d’être aussi méprisante surtout à l’égard d’un métier aussi astreignant. Je crains que la tension de ces dernières semaines ainsi que l’atmosphère assez particulière d’une telle réunion n’aient tendance à ressortir et à exacerber certains traits moins agréables de mon caractère. » Un sourire d’excuse accompagna ses paroles qui surprendraient peut être l’Inventeur, mais qu’importe, au moins elle aurait rectifié pour elle-même une remarque qui ne lui ressemblait pas. D’ailleurs, si ce pauvre serviteur s’était encore trouvé là, elle lui aurait présenté ses excuses. Mais l’homme semblait avoir disparu, noyé dans la foule des convives, peut être en train de servir un autre Noble.

Quoiqu’encore quelque peu gênée par sa précédente réaction, Bellone acquiesça aux paroles de Damian. Elle comprenait parfaitement son besoin de secret et d’intimité puisqu’elle ressentait le même besoin. Etait-ce leur éducation de roturier – entendre par là tout ce qui n’était pas Noble – qui entraînait cette nécessité ? Chez la Noblesse de Rang de plusieurs générations, cette tendance concourait à s’effacer. Comme quoi, l’on s’habituait à tout…

Ils trinquèrent, et l’Inventeur lui posa une nouvelle question qui la fit sourire. Elle prit le temps de goûter son vin dont elle apprécia le moelleux, temps qui lui permis de rassembler ses idées pour répondre. « Qui étais-je ? La première fille vivante de deux artisans. Mon père était forgeron, ma mère tisserande, cependant nous appartenions à la classe la plus pauvre des Bourgeois.
Cependant, je ne pense pas avoir à me plaindre, j’ai eu une enfance heureuse avec mon frère que je chéris toujours autant bien que les occasions de se voir se soient restreintes. »
Elle baissa les yeux sur sa coupe, un sourire un peu triste aux lèvres en pensant à Orain. Cela faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas revus, chacun toujours plus pris par son métier.
« Mon père m’avait promis que j’irais loin lors de ma venue au monde. » Elle eut un petit rire. « Je pense qu’il n’avait pas menti, je ne peux guère faire beaucoup plus et maintenant la place de rein est prise. » Un sourire espiègle qui fut dissimulé tandis qu’elle portait la coupe à ses lèvres. « Mais sinon, cette voie ne m’est apparue que lorsque j’ai rencontré Elenor Jagharii, vous devez avoir entendu parler d’elle ?
Disons que ma mère souhaitait que je reprenne son métier, mais cela ne m’intéressait pas. Je voulais… autre chose ? J’étais jeune aussi, rien qu’une adolescente et on rêve tous de grandeur à ce moment là. Cependant, je n’avais pas d’idées précises en tête. Je voulais simplement autre chose. Et puis donc il y a eu l’Apprentissage Militaire. Les premières semaines, j’étais ravie, et puis j’ai recommencé à souhaité cet autre chose. Avancer en rang, patrouiller dans les rues de la Cité, nettoyer les latrines… »
Un clin d’œil amusé à ce qui lui avait valu d’être taquinée un peu plus tôt. « … tout cela était bien, mais j’attendais plus. Et puis Elenor Jagharii est arrivée, chamboulant l’ordre établie. Une Noble de Sang souhaitant restée avec la piétaille ? Du jamais vu. Mais elle m’a permis d’assister clandestinement au cours réservés exclusivement à la Noblesse, et à partir de là, j’ai su que ce serait ça ma voie. Parvenir au rang de Stratège. Générale des Armées, je dois dire que ne m’y attendais pas. Je pensais que le Vieux Lion resterait encore plusieurs années, et que jamais le Conseil n’accepterait une simple Bourgeoise à ce haut rang.
Voici mon histoire résumée en quelques phrases. Est-ce ma Volonté qui m’a permis d’arriver jusque là ? Pour beaucoup oui, mais je pense que je me serais cassée les dents s’il n’y avait pas eu certaines personnes sur mon chemin. »


Bellone eut une pensée affectueuse pour les deux Jagharii qui avaient changé sa vie, surtout à Elenor qu’elle n’avait plus revu depuis son accident. Il lui faudrait remédier à cela, bientôt… Et puis il y avait une troisième personne, toujours à l’arrière plan de son esprit, jamais bien loin. Lui aussi avait changé sa vie, de bien des manières.
S’ensuivit une courte pause pendant laquelle elle se servit dans les plats choisis par Damian avant de reprendre : « Et vous ? Comment en êtes vous arrivé à imaginer toutes vos créations ? »

Et pendant ce temps, l’esprit agréablement occupé par leur conversation, Bellone ne remarqua pas que l’atmosphère de la fête commençait à se modifier. Les alcôves, jusque là désertes, se voyaient investies par des convives, certains simplement désireux de discuter plus en privé, d’autres avec une pensée bien différente. D’ici quelques temps, il ne ferait plus bon ton de rester ici. Mais pour l’heure, ses soucis oubliés, elle profitait de sa compagnie, ne remarquant pas les premiers signes de l’Excès…
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyLun 20 Juin - 15:08

Il haussa un sourcil surprit lorsqu’elle s’excusa de son comportement. Peut-être l’avait-il vexée, avec sa plaisanterie ? Elle avait pourtant été faite de façon innocente, et certainement pas pour fâcher le bon caractère de la Générale. Il répondit donc sans réserve à son sourire, et précisa lui-aussi d’une voix paisible : « Je vous en prie, ne vous excusez pas, je plaisantais… Il nous arrive à tous de nous montrer parfois excédés. Moi-même, il est des choses qui peuvent me faire sortir de mes gonds, bien que cela soit quelque chose qui me répugne tout à fait… » Oh certes, ce n’était pas un torrent de lave qui coulait sous la douceur de Damian, et celle-ci reflétait tout à fait ce qu’il était vraiment. Mais tout doux, et tout affable qu’un homme puisse être, il avait nécessairement quelques parcelles d’ombres. Et si Bellone, sous la pression et dans cet univers qui ne lui était pas familier, pouvait se montrer piquante, voir injuste par petite touche, alors l’inventeur était tout prêt à le lui pardonner. « Un caractère n’est achevé que s’il n’est pas tout blanc, du moins est-ce ce que j’aime à penser. Croyez-moi, il arrive à ces pauvres gens d’être traités avec moins d’égard encore, au moins avez-vous eu la courtoisie de contenir votre agacement. Je serais fâché de voir votre soirée gâtée par cela, et je m’en sentirais responsable. » Pourquoi avait-il fallu qu’il trouve, contrairement à ce qui était à son habitude, la hardiesse de faire sa plaisanterie au sujet de sa conversation…

Ils avaient trinqué et il lui avait posé une question. Pour rebondir et éloigner le spectre du faux-pas de leur conversation. Cela avait plutôt bien marché, car bien vite, la jeune femme reprit consistance pour lui raconter en détail ce qui l’avait conduite à un si prestigieux rang. Damian buvait tout bonnement ses paroles. Elle répondait aux questions qui se formulaient en lui au fur et à mesure, le laissant finalement rassasié. Il avait l’impression qu’à chaque fois que ces lèvres s’ouvraient, et qu’il découvrait une nouvelle parcelle, infime, du personnage qui lui faisait face, c’était pour le rendre plus avide et plus content encore de l’avoir à son côté ce soir-là. Qui, qui dans cette salle avait une histoire aussi pleine d’espoir et de réussite à raconter ? Lui-même faisait bien pâle figure, à côté de cette femme si haute… Elle n’était peut-être pas reine, mais elle était montée si haut, venue de si bas que sa gloire n’en était que plus grande, aux yeux de Damian. Oh, peut-être avait-elle eu ces bonnes étoiles dont elle lui parla, mais elle n’était pas l’Elue de Therdone, et il doutait que quoi que ce soit ne lui fut offert. Il ne connaissait que très mal les Jagharii. Il en avait entendu parler bien entendu, mais à mi-voix. C’était au Palais un nom qu’il valait mieux garder pour soi… Ils l’avaient pourtant longtemps fréquenté, et ce même après qu’il ait emménagé sur place sur ordre d’Ysor, qui n’était encore alors qu’un Prince. Mais à présent qu’ils étaient, pour beaucoup, des traitres qui ne cachaient qu’à peine leurs intentions, leur image s’estompaient pour celui qui ne les connaissait que peu.

Apprendre que Bellone était presque intimement liée à cette lignée félonne était une surprise, mais cela fit naître en lui de nouvelles curiosités. Sans doute était-il trop déplacé de les évoquer… Mais il ne pu s’empêcher de se demander, puisque son mentor était le Vieux Lion, qui avait rechigné à collaborer avec lui lorsqu’il le lui avait proposé, si Bellone partageait leurs idées déloyales… Pas envers l’inventeur, qui n’en concevait ni crainte ni reproches, mais envers le Conseil. Bellone lui semblait être une femme de bien, aussi ne craignait-il pas le moins du monde pour le seul être concerné par cette félonie, dont le destin l’intéressât un tant soit peu : Ysor. Il garda cependant pour lui sa question. Sans doute aurait-il tout loisir de le découvrir une autre fois… Après tout, si cette soirée se concluait bien pour eux, ils pourraient peut-être devenir amis, et se découvrir un peu plus à l’avenir… ? Il était convaincu que plus les semaines passeraient, plus ils auraient besoin de trêves dans cet univers rude et cassant qui était celui de la Capitale, depuis le Siège.

« Pour sillonner le chemin qui est le vôtre, ces rencontres n’auraient suffit. C’est bien votre Volonté qui a fait de vous ce que vous êtes, Bellone Lastareth, et celui qui penserait le contraire est un fou. » Il avait été sincère, et se demanda après coup s’il avait été prudent de lui livrer ainsi son ressenti. Peut-être trouverait-elle cela inconvenant ? Lui avait eu sur sa route des personnes bienveillantes pour le guider et l’aider, mais il ne venait pas de si loin, et n’était pas arrivé si haut, par rapport à son point de départ. Au fond, sa bonne fortune ne tenait qu’au fil que le Gardan Edorta, l’ancien Prince bienveillant avait bien voulu tisser. Il ne s’était pas battu, n’avait pas eu un appétit d’ogre pour ce qui était de l’avancement… Tout ce qu’avait demandé Damian, c’était de pouvoir exercer loin des moqueries qu’il s’attirait, d’ordinaire…

Songeur, il ne se servit pas aussitôt, contrairement à la jeune femme. Il laissa plutôt un regard vague errer tout autour, avant de tiquer… Il n’avait pas prêté attention à cette fumée qui s’était depuis longtemps déjà (bien avant que Bellone ne termine son histoire) insinuée entre eux deux, mais à présent qu’il la voyait, en léger mouvement, regroupée sur les couchettes confortables de leur alcôve, il prit conscience d’un sentiment flou. Etaient-ce ces fameuses drogues dont on lui avait parlé ? Il regarda autour pour constater que la musique avait ralenti, et que la lumière elle-même avait baissée. Absorbé par les propos de la Générale, il n’avait pas, contrairement à sa promesse, gardé l’œil bien ouvert… Il allait dire quelque chose lorsqu’elle le questionna à son tour. Au même instant, pour palier au défaut de lumière grandissant, un domestique alluma sur le mur d’en face une petite applique dont la flamme grésilla avant de se stabiliser. L’homme disparu, l’inventeur regroupa ses idées, évitant consciencieusement de regarder ce que les autres étaient déjà occupés à faire non loin d’eux. Il se servit à son tour un peu de la volaille juteuse qu’il avait apportée, prenant soin de ne prendre que ce qu’il pourrait avaler avant qu’il ne leur faille s’en aller.

Se forgeant un sourire qui avait retrouvé toute sa douceur habituelle, il chercha son regard d’émeraude puis pris la parole d’une voix plus basse. Plus confidente. « J’ai toujours été ainsi… Depuis tout petit, j’avais des idées, beaucoup d’idées. A la base, je devais devenir forgeron, comme mon père. » Et cela se voyait toujours tant sa carrure, bien qu’un peu moins d’exercice que dans sa prime jeunesse n’ait pas pu entretenir une musculature remarquable, était large et imposante de nature. « Mais je n’ai jamais été passionné par cela, et ma famille qui avait une position plutôt confortable dans les quartiers commerçants, s’offrit le luxe de me sacrifier à ma passion. J’ai pu apprendre aux côtés d’un homme qui, s’il n’inventait rien, connaissait comme personne les mécanismes et la physique. A ses côtés, ma voie s’est précisée et j’ai finalement pu retrouver les miens pour travailler dans un modeste atelier, attenant à notre forge, sur mes créations personnelles. C’est là que je suis devenu un homme… Cet homme, en fait. » Un sourire presque timide lui effleura alors les lèvres, l’impression de toujours être ce jeune homme solitaire qui sévissait dans l’ombre d’un atelier. Contrairement à Bellone, il n’avait pas le moins du monde l’impression d’avoir gagné en pouvoir et en responsabilités, aussi n’avait-il pas tant changé que cela depuis. « Je ne suis ici que parce qu’intrigué par mon travail, Ysor, alors Prince, m’a mandé. J’ai répondu à son appel, bien sur ! Et me voici. Aujourd’hui encore je ne sais pas trop ce qui me détache de ce que j’étais autrefois… Je n’ai toujours vécu que pour des rêves, des chimères, parfois, et c’est là quelque chose qui n’a pas changé. » Il eut un léger rire, portant à sa bouche un peu de cette volaille qui était tout bonnement merveilleuse contre son palais. Une fois la viande avalée, l’esprit occupé par la fumée qu’ils étaient à présent contraint d’avaler en lieu et place de l’air d’antan, il conclut d’une voix amusée : « Il y a toujours des rêves. Beaucoup de rêves, et toujours trop peu de temps pour tous leur donner vie… » Des rêves de métal et de bois, d’ingéniosité… Loin, très loin de ceux de nombre d’homme. Pas de richesse, pas d’ambition ni de besoin d’amour. Juste du métal, et du bois. Il mangea un peu plus, puis un mouvement à sa gauche attira son attention. Un couple venait de se glisser à l’autre bout de leur alcôve. Et de toute évidence, l’heure n’était déjà plus au repas depuis longtemps, pour eux.

« Ecoutez je… je pense que nous ferions mieux de sortir. Que diriez-vous de prendre l’air ensemble, dehors… ? Je ne sais pas vous, mais j’ai l’impression que ces effluves me montent à la tête. » Et pourtant, il n’avait pas encore envie de mettre un terme à cette soirée, ils avaient encore, il en était sur, beaucoup de choses à se dire. La nuit était longue, après tout… Peut-être aurait-il du ouvrir l’œil avant de se sentir flotter légèrement, mais il avait rechigné à mettre un terme à ce moment de plaisir. Si elle acceptait, il emporterait cette petite carafe de vin, et leurs coupes. L’alcool, en si petite quantité, ne leur ferait pas de mal, et s’ils se trouvaient un endroit agréable pour discuter, il les accompagnerait à merveille.

Restait à présent à espérer qu'elle n'ait pas encore envie de lui fausser compagnie, auquel cas il la raccompagnerait sans rechigner un instant à sa demeure, quoi qu'a regret.
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMar 5 Juil - 21:14

Son chemin… elle l’avait certes tracé seule, mais il s’était trouvé tout du long des personnes importantes qui l’avaient aidée à trouver sa voie, à s’y maintenir et à avancer. Sa Volonté y était pour beaucoup mais sans celle d’autres, Bellone doutait fort qu’elle aurait pu réussir aussi bien. Ce n’était pas faire preuve de modestie, simplement elle ne pouvait s’accorder tout le mérite lorsqu’elle pensait aux nombreux visages qui s’étaient égrenés tout au long de sa vie. Sans eux, tout aurait été si différent. Chaque rencontre peut forger une vie, au même titre que la Volonté.

Cependant, quoi qu’elle puisse penser et bien qu’elle ne fût pas tout à fait d’accord avec lui, les mots de l’Inventeur la touchèrent. Elle se contenta de sourire, le remerciant ainsi de sa remarque, mais il s’agissait d’un sourire chaleureux, fier de la reconnaissance de son effort et de sa détermination, laissant cependant la vanité de côté.
Puis ce fut son tour de lui conter son histoire.

Simple… et modeste. Voilà ce qu’il était. Cet homme qui chaque jour depuis qu’il s’était engagé dans cette voie devait faire preuve de patience et d’ingéniosité. Il devait receler en lui un véritable trésor d’inventivité pour concevoir autant de machines aux mécanismes souvent complexe, mais aussi de persévérance et d’astuce pour éliminer les problèmes qu’il rencontrait invariablement lors de la conception de ses inventions. Il fallait de la détermination pour conduire à bien de tels projets et faire fi des difficultés inhérentes à tout ce qui sort de l’imagination.
S’il n’avait jamais cherché à obtenir la place qu’il occupait aujourd’hui, Damian manifestait cependant une Volonté incroyable dans ce qui touchait à la réalisation de ses inventions, et elle allait le lui faire remarquer lorsqu’ils constatèrent l’avancée de la soirée.

L’atmosphère devenait effectivement enfumée. Absorbée par son histoire, Bellone n’y avait guère prêté attention, sans doute déjà atteinte par les effluves des drogues répandues par les braseros que les serviteurs zélés ne manquaient pas d’allumer dans les différentes alcôves. La relative intimité de leur conversation se vit troublée par un couple qui se glissa à l’autre bout de la niche avec dans l’idée une toute autre utilisation de leur langue.
Désolée de laisser derrière elle les reliefs non finis d’un repas aussi savoureux, elle devait cependant bien admette qu’il était grand temps de battre en retraite. Jetant un dernier regard passablement dégoûté à l’homme et à la femme enlacés, Bellone se détourna, rencontrant le regard de Damian. « Vous avez raison, je pense que nous serions bien mieux dehors, l’air y sera beaucoup plus respirable. » Il était des spectacles auxquels elle ne souhaitait guère avoir à assister.
Refusant néanmoins d’abandonner aux caprices de la Noblesse ce vin auquel elle avait à peine goûté, la Générale garda sa coupe à la main et sourit en voyant que Damian faisait de même. Ils avaient apparemment eu la même idée.

Ils n’étaient pas les seuls à quitter la salle de réception. Certains étaient trop vieux pour de tels fastes, d’autres trop jeunes face à une telle manifestation de luxure.
L’air frais de la nuit les cueillit délicieusement dès la sortie du Palais. Non loin de là, les Jardins s’ouvraient telle une invite aux promeneurs, les allées de fin gravier éclairées par des lanternes richement décorées diffusant une lumière douce aux alentours. Ils s’engagèrent d’un pas tranquille dans l’une de ces allées, inconscients du drame qui ne tarderait pas à se jouer à l’intérieur.
Ses pensées calmées par l’air pur, loin des fumées droguées, elles reprirent le fil de la conversation interrompue par l’arrivée impromptue du duo libertin.

« Je ne pense pas pouvoir faire preuve d’autant de patience et de minutie que vous pour un travail tel que celui que vous faites. Vous êtes bien trop modeste. Peut être n’avez-vous jamais couru après la gloire et le prestige, mais vous êtes aujourd’hui l’Inventeur au service du Gardan Edorta, et ce n’est pas rien. »
Portant la coupe à ses lèvres, Bellone prit une petite gorgée de vin. Il n’était pas nécessaire d’en prendre de trop, elle tenait à rester tout à fait maîtresse de ses pensées afin de profiter un maximum de la conversation. « Je serais étonnée qu’Ysor ait fait mander le premier venu à demeurer au Palais. Vous avez un réel talent et une Volonté suffisamment forte pour permettre à ce talent d’exister, de concrétiser ce que vous imaginez à l’intérieur en quelque chose de réel. » Ils prirent une autre allée qui les éloigna un peu plus du Palais encore inconscient de la tragédie qui se jouait sous ses yeux maintenant que tous les personnages étaient en place.
« Vous faites des rêves qui ne sont pas les rêves de tout le monde, et vous avez la Volonté nécessaire pour leur donner vie. Qui donc pourrait en dire autant ? »
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyJeu 7 Juil - 15:41

Elle récupéra sa coupe, comme en écho à sa demande silencieuse. Elle se leva, et tous deux abandonnèrent leur repas pourtant savoureux au couple qui avait déjà bien avancé ses affaires, en face. Damian eut un regard plutôt gêné pour eux, puis laissa un soupir soulagé lui échapper tandis qu’ils fendaient la foule dont la danse et les conversations se faisaient plus intimes. Ils gagnèrent les jardins assez rapidement, l’air frais se disputant un instant la gorge de Damian aux fumées droguées qui avaient commencé leur affaire. Il n’était pas encore vague, resté tout à fait maître de lui même, mais son sourire était plus détendu, et dans cet état, la nuit silencieuse prenait une saveur certaine. Cela n’avait plus rien à voir avec la foule qui s’était massée, bruyante et empressée, devant le Palais lorsqu’ils étaient arrivés. Au contraire, un silence serein et doux qui plaisait bien plus à Damian que ces mondanités qui leur étaient imposées par la vie publique. Il fit légèrement tourner le vin dans sa coupe, lorsque la jeune femme lui répondit. Le compliment lui fit plaisir, bien qu’il ne vit rien de bien extraordinaire dans ce qu’elle décrivait…

Il était ainsi, c’était tout… Rien d’exceptionnel en somme, il était incapable d’effectuer de nombreuses choses pourtant simple pour tout un chacun… Entretenir une relation stable, sentir en soi la Volonté de se poser et de fonder une famille… Sacrifier ses rêves sur l’autel de la monotonie et du devoir… Au fond, il avait simplement eu la chance d’être heureux et de pouvoir faire, en dépit des obstacles, plus ou moins ce qu’il avait toujours désiré. Vivre, être performant et s’élever était souvent plus facile lorsque l’activité exercée correspondait à votre nature et à votre esprit… S’il avait du lutter contre lui-même, sans doute Damian serait-il resté, comme tant d’autres, bien insipide, et très invisible… Tandis qu’elle continuait, qu’elle parlait d’Ysor et d’à quel point un tel mandat pouvait être prisé, Damian reporta la coupe à ses lèvre, un sourire absent, songeur aux lèvres. Peut-être n’avait-il pas le recul nécessaire pour prendre la pleine mesure de tout cela, peut-être ne vivait-il pas suffisamment dans le monde réel pour avoir entre sa propre Volonté et celle d’autrui un point de comparaison correct.

Il la suivit volontiers dans une allée plus en retrait encore, qui les couperait même de la vue du Palais… Il faudrait du temps avant que les troubles qui agiteraient bientôt les murs ne leur parviennent, là où ils étaient. A son propos, il eut un léger rire, feutré dans le silence de la nuit, puis haussa les épaules. « Il y en a beaucoup cependant qui demeureront toujours des rêves… Je n’aurais pas assez d’une vie pour leur faire voir le jour à tous. » Un regard complice pour la jeune femme, puis il trouva, derrière un bosquet savamment arrangé, une sorte de balcon qui leur offrait une vue plongeante sur Edor Adeï et ses lumières qui, peu à peu, mourraient. Certains festoyaient peut-être aussi, en bas, en un pied de nez à cette noblesse qui s’engraissait et se roulait dans la luxure. Une musique imaginaire montait jusqu’à lui, une musique qu’il était le seul à entendre, comme s’il n’avait jamais, jusqu’à ce jour, réalisé à quel point la Ville Basse était animée. Il posa délicatement la bouteille sur un petit banc de pierre, puis, après avoir invité Bellone à le rejoindre, il s’accouda à la barrière et se plongea de nouveau dans cette vision merveilleuse. Ainsi, dans le noir, la Capitale était lavée de sa crasse. L’obscurité la transformait en un ciel inversé, où l’on ne distinguait que les étoiles dorées des foyers et des chandelles. « Je n’étais jamais venu ici… » confia-t-il à la jeune femme, à voix basse. Il bu tranquillement, en silence, savourant simplement la vue et la compagnie, même silencieuse, de Bellone. Appréciait-elle tout autant le spectacle que lui ? Ou bien y était-elle habituée. Quoi qu’il en soit, c’était une bien étrange soirée… Finalement, brisant le silence feutré, il lui sourit dans la pénombre. « Enfin, on a tous des chimères qui resteront sans doute longtemps inaccessibles, qu’on s’en rende compte ou pas. » Il ignorait lui-même ce dont il parlait, au fond. De quoi manquait-il… Qu’y avait-il qu’il n’était pas sur de vaincre, finalement ? Ses machines… Cela prenait du temps, mais une à une, elles voyaient le jour… Il avait une vie trop déséquilibrée pour être complète, il commençait à s’en rendre compte, ce soir. Il était passionné par le travail, mais il n’était pas normal pour un homme de mépriser à ce point ce qui faisait la vie de tout un chacun… Il n’avait même jamais pensé à regarder l’endroit où il était né, dans la nuit.

« Mes rêves ne sont pas ceux de tous le monde… Mais quels sont les vôtres ? » Puis il se rendit compte du caractère déplacé de sa question… Lui se livrait sans mal et sans arrière pensée… Il parlait rarement, mais sa bonhomie l’empêchait de penser à mal… Peut-être Bellone ne verrait-elle pas les choses d’un même œil, et rechignerait à lui faire des confidences, aussi propice cet environnement puisse être à de telles conversations, sereines et secrètes. Il ne pensait pas qu’il fut nécessaire pour lui de préciser que cela ne franchirait jamais ses lèvres, mais il précisa cependant : « Je comprendrais, si vous préférez garder cela pour vous… » A voix basse. Il ne s’était pas excusé, cette fois. Il avait failli, mais il était trop curieux de la réponse de la Générale pour lui offrir une porte de sortie trop grande ouverte. Elle pouvait l’esquiver, mais il ne retirait pas sa question, et tout calme et adouci que puisse être son comportement, il resta ferme, une fois n’est pas coutume. Portant à nouveau la coupe à ses lèvres, il se détourna de la ville pour l’observer, elle. La barrière contre ses reins, il plongea d’un air songeur le nez dans le nectar.
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Bellone Lastareth
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyDim 10 Juil - 21:22

Son compliment, qui n’était que l’exact reflet de sa pensée, eut l’air de le toucher mais il semblait pourtant à Bellone qu’il ne l’acceptait pas à sa juste valeur, à moins qu’il méjuge ses capacités.
Il était inventeur, l’Inventeur du Gardan Edorta, et certes il vivait en marge de la société et des mœurs Ilédores, mais il n’était pas le seul dans ce cas. Ils étaient bien nombreux. Comme elle…
Bellone avait vingt neuf ans mais n’était ni mariée ni n’avait d’enfants, contrairement à ce que voulait la coutume. Et pourtant, sa Volonté n’était pas plus faible ou plus forte que celles qui se mariaient et enfantaient plus jeunes.
Après tout, qu’est-ce qui était le plus facile : vivre conformément aux bonnes mœurs de la société ou s’en détacher et s’écarter d’une norme pour vivre une passion, un rêve ? Chaque voie nécessitait des sacrifices ainsi que la Volonté d’y persévérer. Il n’y avait pas de bons ou de mauvais choix puisqu’il fallait toutes les catégories de personnes pour faire fonctionner la société.
Mais Bellone préféra conserver le silence, inutile de s’attarder davantage pour l’instant sur ce sujet, ils pourraient y revenir plus tard. Et puis la promenade avait quelque chose d’apaisant qu’elle ne souhaitait pas voir disparaitre tout de suite. Elle sourit simplement à sa remarque, avalant une nouvelle gorgée de vin tout en poursuivant son chemin. Certains rêves resteraient toujours des rêves et cela ne changeraient jamais.

Ils découvrirent au détour d’un bosquet un petit balcon qui leur offrait une vue imprenable sur la Cité, étalée sous leurs pieds. Des lumières parsemaient la ville, sans doute plus éclairée que les nuits habituelles. Les occasions de réjouissance étaient rares depuis le début du Siège, aussi n’était-il pas improbable que même la Ville Basse participe, à sa façon, au Bal des Fiançailles du Gardan Edorta. S’accoudant au balcon à l’invite de Damian, les yeux de la Générale se portèrent automatiquement au-delà des murs de la Cité, mûs par une habitude gagnée au fil des jours passés à surveiller leur campagne. Le campement n’était pas visible depuis cette position, mais elle pouvait s’imaginer sans peine à quoi il ressemblerait ce soir, identique aux autres soirs, éclairés avec arrogance, affront perpétuel aux défenseurs de la Cité.
Cependant, Bellone se trompait. Ce soir ne serait pas identique à tous les autres soirs pour le campement de Beltxior Olarii. Elle ignorait que deux ombres se faufilaient dans le noir de la nuit avec des intentions, tout sauf honorables, envers la racaille qui leur faisait le siège.

Epargnés par une vision qui allumait à chaque fois des étincelles dans ses yeux, Bellone détourna le regard vers la Cité, sa Cité, leur Cité, qu’elle s’efforçait de protéger de la menace extérieure, mais aussi intérieure, plus sournoise des gens de pouvoirs qui faisaient tout pour ne pas le perdre et en accumuler davantage.
La voix de Damian fut un rappel à la réalité. Elle sourit, confuse de s’être une fois encore laissée entraîner par ses pensées, et ajouta que jamais non plus elle n’avait eu l’occasion de profiter de cette vue. « A vrai dire, je n’ai jamais vraiment eu le temps de fréquenter les jardins du Palais… » Même avec Lui, ils préféraient tous deux se retrouver dans les autres quartiers, loin de l’étiquette imposée par la Noblesse.

Le silence qui s’installait entre eux fut rompu par Damian. Bellone n’était pas sûre d’avoir tout à fait saisi le sens de ce dont il parlait, mais qu’importe, avec lui elle n’était pas obligée de faire attention au moindre de ses mots. Il s’agissait d’une personne en qui elle pensait avoir suffisamment confiance pour ne pas avoir à analyser sans cesse chaque mot prononcé.
« On a tous besoin de chimères, même si l’on sait que certaines resteront à jamais inaccessibles… » Et pour elle, il en était une que ni maintenant, ni jamais, elle ne pourrait voir se réaliser. Il était mort, et tous ses vœux ne suffiraient pas à faire réaliser un tel souhait. Rien ne ramène un mort à la vie…

« Mes rêves ? » Assailli un instant plus tôt par ses souvenirs, la question de l’Inventeur la prit de court. Elle ne s’attendait pas à une telle demande, et sa première réponse aurait été Lui si elle n’avait pas rattrapé les mots avant qu’ils ne sortent. Son regard s’attrista. Il occupait toujours la première place dans ses pensées et cela ne changerait pas, du moins pas avant un long temps de deuil.
Cependant, elle devait à Damian une réponse honnête, comme il l’avait été durant toute cette soirée. « Mon rêve… je crains qu’il ne soit réalisable par personne en ce monde. »
Son sourire était l’exact reflet de ses yeux bien qu’il n’y eut aucun changement dans sa voix. Peut être un léger tremblement traduisant une émotion forte pour une oreille exercée… « Je… »

C’est à cet instant que les cris retentirent.

Se redressant vivement de l’appui confortable du balcon, Bellone se tourna vers le Palais d’où semblaient provenir les hurlements de panique. Fronçant les sourcils, elle se tourna vers l’Inventeur, l’heure n’était plus à la fête, elle redevenait Générale avant toute chose.
« Ce n'est pas normal, il se passe quelque chose là-bas. » Elle hésita un instant avant de reprendre. « Venez avec moi et surtout ne me quittez pas d’une semelle. Si quelque chose de grave est arrivé, personne ne vous embêtera si vous êtes prêt de moi et je pourrai attester de votre présence à mes côtés. »
Tournant les talons et ramassant le tissu de sa robe, Bellone regagna à pas rapides l’allée principale menant au Palais, Damian à ses côtés. Malgré son calme apparent, son cœur battait à une vitesse folle. Quelque chose de grave était arrivé, et tout ce qu’elle espérait c’est qu’il ne soit rien arrivé à Ysor. Elle ne supporterait pas de perdre un Gardan Edorta de plus, pas alors qu’elle aurait pu se trouver là pour le protéger.
Therdone, faites qu’il ne lui soit rien arrivé…
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyVen 19 Aoû - 15:53

Elle fit écho à son propos, et pourtant, il trouva dans son air quelque chose de distant et de songeur qui le laissait entendre que cette conversation avait un tout autre sens, pour l’un ou pour l’autre… Que de mystère, pour une simple soirée, décidée sur le pouce et sans grandes attentes… A présent qu’il l’avait à son côté, il se sentait habité d’une curiosité qu’il ne manifestait jamais (ou très rarement) auprès d’autres personnes de son « rang ». Elle l’intriguait presque autant qu’un étrange mécanisme auquel il souhaitait à tout prix trouver une clef. Et pourtant, finalement, elle n’était qu’une femme, certes brillante, mais pas de celles qui d’ordinaire suscitent tant d’interrogations, pour cet homme habitué à se retirer, simplement, lorsque les choses se compliquent avec ses pairs.

Compliquées, certes, elles ne l’étaient pas vraiment, mais le mur qu’il percevait à peine, comme du bout des doigts, entre eux agaçait ses sens. Bien sur, Bellone Lastareth était divine, et les hommes devaient être nombreux à se sentir émus par sa présence, à n’en point douter, mais plus que de l’attirance, c’était une envie d’en savoir plus, presque gourmande, qui saisissait l’Inventeur tandis qu’il considérait avec un sourire le profil absorbé de la Générale.

Il eut été inconvenant, cependant, de lui en faire part, aussi garda-t-il un silence poli tandis qu’elle répondait à ses questions.

Il perçut la légère mélancolie qui l’avait saisie, ce regard attristé et ce frémissement dans la voix. Aussitôt, il s’en voulut… Lui aussi avait traversé ce que les autres considèrent comme des drames, mais il ne les vivait pas de la même manière… Il s’en voulut, aussi, de ne pas s’être davantage renseigné au sujet de la jeune femme. Il était, de toute évidence, des blessures encore vives en son sein, qu’il eut été plus prudent de ne pas raviver, et s’il en avait appris plus, sans doute aurait-il pu éviter la maladresse… Elle n’était pas veuve, on la lui avait dépeint comme célibataire, et d’après les bruits de couloirs, elle n’avait été la fiancée ou la femme d’aucun homme. Le veuvage était donc à écarter… Mais sa famille modeste et à l’abri dans les Bas Quartiers lui était totalement inconnue, et peut-être venait-elle tout juste de faire face à la perte d’un proche ?

Il balbutia quelques mots d’excuse, souhaitant la réconforter et l’éloigner de ces sombres pensées, lorsque des cris leur parvinrent.

Sa main, qu’il avait tendue pour la poser délicatement sur l’épaule de la jeune femme, s’arrêta net pour rester en suspens, et tout comme elle, il se tourna en direction du Palais…
Il abaissa précipitamment sa main lorsqu’elle se retourna avec vigueur vers lui. Elle avait raison, il se passait quelque chose, et Damian craignait déjà que son ami n’ait été la victime de quelque attentat. Ils étaient nombreux, et de tous les horizons, ceux qui auraient pu trouver avantage à se débarrasser d’Ysor… Ou de sa fiancée. Silencieux, il hocha la tête et lui emboita le pas avec précipitation. Bien qu’il fut plus grand, et plus costaud que sa compagne, il était évident qu’ils n’étaient plus égaux face au danger, et son regard plus inquiet que déterminé en était une preuve. Il était capable, bien sur, de Volonté, mais il était aussi et surtout pacifiste à l’extrême, si bien qu’il en fallait beaucoup, pour le pousser à bout et en faire un homme redoutable. Si tant est qu’il puisse être du type redoutable en quelque circonstance…

« Vous avez raison, je ne m’éloignerais pas. » Où, Therdone, irait-il de toute façon ? Ce n’était pas le moment de s’éclipser, et quelque chose lui disait qu’il valait mieux s’afficher, en cette heure sombre, que de se dérober. Tout ce qui l’apparenterait à un comportement honnête était bienvenu.

Ils arrivèrent bien vite aux portes du Palais, que des gardes avaient fermées. Devant celles-ci, deux militaires se tenaient droits et vigilants. Admiratif pour leurs visages professionnels et concentrés en dépit de la panique ambiante, il ralentit le pas. Avant qu’ils n’aient l’occasion de s’enquérir de ce qui venait de se passer, l’un des deux vint à leur rencontre.

« Générale ! » Son regard glissa sur un Damian qui, loin d’en être vexé, laissa un léger soupir de soulagement lui échapper. « Générale Lastareth, nous vous cherchions partout ! » De toute évidence, on avait à lui parler…
Damian frémit légèrement, et, comme une dernière intervention, glissa au soldat : « Nous étions sortis prendre l’air… Que s’est-il passé ? Ysor… Le Gardan Edorta est-il… ? » Il avait trop hâte d’en savoir davantage, pour pouvoir garder sa langue et son sang froid. Pourtant, incapable de prononcer ces terribles mots, sa voix s’étrangla et il la laissa finalement en suspens, redoutant la réponse.
L’autre le considéra alors de travers, et lâcha dans un grognement : « Le Gardan Edorta est en bonne santé. C’est sa fiancée, Lis Diantha l’Olarile, qui a été victime d’une attaque. » Il se tourna à nouveau vers Bellone, délaissant une conversation qui l’agaçait plus qu’autre chose, pour dire alors à sa supérieure : « Elle s’est effondrée, d’un coup comme morte. On l’a frappée, semble-t-il, dans le dos, et le coupable n’a toujours pas été trouvé ! » Comme s’il attendait des ordres, il resta, sur le qui-vive, face à sa Générale qu’il regardait les sourcils froncés et l’œil sombre.

Damian, qui s’était remis en retrait pour laisser Bellone gérer cela comme elle l’entendait (après tout, s’il en était un ici qui était qualifié pour ce genre d’histoires, c’était elle) se passa une main sur le front. Le sueur froide qui y perlait lui arracha un soupir. Ysor n’avait rien, Therdone soit loué… Mais la pauvre Olarile… Pire. Les Elus de la Prophétie…Bien que fort peu impliqué dans tout ce qui avait trait à la religion, il croyait comme tout un chacun en cette prophétie, et s’il n’en avait pas manifesté une joie plus visible que cela, il avait néanmoins sentit un certain espoir poindre, lorsque la nouvelle que cette femme, qui portait ceux que Therdone allait charger de cette Volonté si particulière, allait épouser Ysor lui était parvenue.

Il pria donc pour elle et pour sa progéniture de toute la foi, et de toute la Volonté dont il pouvait faire preuve… Puisse-t-elle avoir la Volonté de tenir bon, et de rire au nez de ceux qui en avaient après sa vie.
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MessageSujet: Re: Les Masques ne sont pas les seuls Loups   Les Masques ne sont pas les seuls Loups EmptyMer 24 Aoû - 22:20

Le chemin semblait s’éterniser. Avaient-ils parcouru une telle distance à l’allée ? Cela lui semblait improbable, voire même impossible. L’urgence de la situation, et des escarpins peu pratiques pour une marche forcée, faussaient sûrement sa perception du temps et des distances. Tout l’inconfort et l’incommodité de sa tenue lui apparaissaient maintenant alors que chaque seconde pouvait compter.
Qu’il ne lui soit rien arrivé…

Ils arrivèrent jusqu’aux portes fermées et gardées par deux soldats de la garde personnelle du Gardan Edorta. Elle fut soulagée de constatée qu’il ne s’agissait pas d’hommes du Guet. Les deux militaires observaient un calme et une inflexibilité qui la rassura : ils ne se laisseraient pas déborder par la panique ambiante ou soudoyer par une Noblesse pressée.
Ils la reconnurent aussitôt et prirent les devants en l’interpellant aussitôt. Avant qu’elle n’ait pu les questionner, Damian la devança. Il avait l’air sincèrement inquiet pour Ysor et elle ne lui en voulut pas de demander les nouvelles : Bellone était tout aussi inquiète.
La réponse du soldat la soulagea… pour à peine une seconde. La Future Reine… Cet attentat revêtait un symbole bien plus puissant que l’assassinat d’un roi. On venait de tuer celle qui portait les Elus en son sein. On venait de bafouer la Voix de Therdone. Cela risquait de terriblement mal finir, quel que soit le camp.

Se ressaisissant après ce court instant de détachement, son regard se durcit, elle redevenait Générale jusqu’au bout des ongles. « Restez à votre poste. Ne laissez personne sortir tant que l’ordre ne sera pas levé par moi ou le Capitaine Farenii. Il peut s’agir d’un Noble ou de Karminacii lui-même, je m’en fiche complètement. Personne de plus ne quittera la place tant que toute la lumière n’aura pas été faite là-dessus. » Certaines personnes avaient sûrement dû profiter de la panique pour quitter le Palais, il n’était pas question de laisser à d’autres cette occasion, surtout que l’assassin pourrait encore se trouver piégé à l’intérieur. « Bien Générale. » Répondirent-ils avant de s’écarter pour les laisser entrer.

Bien que la situation imposait toujours un sentiment d’urgence, Bellone se tourna néanmoins vers Damian pour lui conseiller la prudence. « Je comprends parfaitement votre inquiétude, mais évitez de vous adresser directement aux gardes du Palais. Ils sont… suffisamment à cran par ce qui vient de se passer et par la pression que leur imposent toutes ces personnes pour ainsi dire piégées ici. Vous risqueriez d’être très mal reçu. »
Ils se rapprochaient désormais des lieux du drame matérialisé par une foule compacte. Ceux qui ne cherchaient pas à tous prix à s’échapper de cet endroit semblaient vouloir assister au spectacle macabre de la Fiancée baignant dans son sang. Des soldats la repérèrent et écartèrent la foule pour la laisser avancer, elle et son cavalier. Ils arrivèrent juste à temps pour voir le brancard contenant l’Olarile disparaître par l’une des portes du fond suivit du médecin et d’Ysor lui-même.
Bellone repéra la silhouette de Farenii qui distribuait des ordres et s’apprêtait à suivre son souverain. Un signe de sa main l’arrêta, et avant de le rejoindre, la jeune femme se tourna vers l’Inventeur.

« Ne vous éloignez pas trop, restez simplement en retrait le temps que je lui parle. Nous quitterons le Palais juste après, ma présence sera plus utile à l’extérieur qu’ici, et je pense que vous préfèrerez partir plutôt que de partager ces lieux avec ces gens une bonne partie de la nuit. » Car personne ne sortirait du Palais sans avoir été préalablement interrogé. L’affaire était trop grave pour qu’on puisse se permettre de faire les choses par-dessus la jambe.
Le Capitaine semblait complètement abattu, Bellone comprenait parfaitement ce qu’il ressentait. Voir assassinée une personne qu’il était de son devoir de protéger… c’était l’une des pires choses qui pouvait lui arriver. Elle posa une main amicale sur son épaule, elle le soutiendrait.
- « Quelles nouvelles capitaine ?
- Elle n’était pas encore morte lorsqu’ils l’ont emmenée Générale.
- Que Therdone lui donne la Volonté de survivre… Avez-vous attrapé l’assassin ? »

La douleur se fit plus vive sur son visage. La réponse était négative. « Des témoins affirment avoir aperçu un homme vêtu richement poignarder la dame Diantha. C’est le seul point sur lequel ils s’accordent. Tout le reste n’est que divagation et ne nous sert à rien. » Son regard se ternit. « Nous aurons de la chance si nous le retrouvons, surtout que certains invités ont eu le temps de disparaître avant que nous ne fermions les portes. S’il faisait partie du lot… »
« Alors vous ferez tout ce que vous pourrez pour recueillir le témoignage d’éventuels témoins. Capitaine, donnez vos ordres et allez rejoindre le Gardan Edorta. Il faudra en passer par là alors autant que ce soit le plus tôt possible. Ensuite, attelez-vous à la tâche et ne laissez partir personne tant que vous ou vos hommes ne l’aurez pas interrogé.
Je dois retourner à la caserne, la nouvelle se répandra vite dans les rues. »
Et il leur faudrait être prêt à juguler tout éclat qui pourrait se manifester après l’annonce de l’odieux crime. Le culte, les Olarils, la Révolution ou la Dissidence, chacun se retrouverait concerné par cet assassinat et il leur faudrait prévoir et contrôler tous les débordements que cela pourrait déclencher.
Bellone salua Farenii de la tête et prit le chemin de la sortie, suivie par l’Inventeur. Elle laissait le Capitaine à son sort, mais elle savait qu’il assumerait sa responsabilité et n’en serait que plus efficace dans sa recherche du meurtrier.
Elle n’était pas encore morte… pourvu qu’elle survive.

L’air frais de la nuit l’arracha à ses pensées. Elle avait parcouru le chemin sans s’en rendre compte, réfléchissant mentalement aux dispositions à prendre pour les jours suivants. Damian insista pour la raccompagner chez elle, elle accepta malgré sa première dénégation, reconnaissante malgré tout à son compagnon.
« Pardonnez-moi cette absence de conversation, cette fin de soirée… qui a bien pu concevoir un tel acte ? » La question n’attendait pas vraiment de réponses, les spéculations pouvaient mener sur n’importe quelle piste. Révolution, Dissidence… ou bien une personne qui ne voyait pas d’un bon œil cette union entre deux peuples. A moins que cela concernait directement les enfants ? Trop de directions, et aucuns indices. Brusquement, Bellone se tourna vers lui. « Que pensez-vous de tout cela ? » Un avis extérieur ne serait pas de trop pour démêler une partie de cette énigme…
Ils approchaient rapidement de sa demeure où elle ne resterait que le temps de changer de vêtements. La nuit serait longue.
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