Les Tables d'Olaria
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 Le Retour du Frère

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Mithridate Télaran
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Mithridate Télaran
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MessageSujet: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyJeu 11 Nov - 16:04

    Tout le monde sait que le port de la ville est le centre névralgique du trafic. Par où pourraient passer les marchandises autrement ? D’immenses grues font descendre des bateaux de pèche sur le Femur, et jamais les révolutionnaires, autour de la ville, n’ont empêché un seul de ces navires de faire son office. Des tonnes de poisson remontent dans la ville chaque jour… et vraisemblablement, des tonnes d’autres choses. Bien sûr, le pouvoir en place fait ce qu’il peut pour empêcher cela : il doit aujourd’hui y avoir plus de soldats dans les docks de la ville que dans les quartiers militaires… ce qui n’empêche pas les choses de se faire.

    De nombreuses têtes sont tombées déjà, parmi les officiers, mais sans résultat. En fait, il y a beaucoup de partisans révolutionnaires dans les rangs de l’armée. L’un est sergent, l’autre capitaine, d’autres ne sont que gardes ou simples soldats, ce qui ne les empêche pas de faire tourner le commerce parallèle. Certains ne se connaissent même pas alors que parfois des unités entières sont à la solde des assiégeants. C’est quelque part cette désorganisation qui fait que les choses fonctionnent : chacun a ses contacts, son marché, sa fonction, et ne sait rien de ce que font les autres.

    Et puis il y a un homme qui coordonne dans l’ombre le trafic. Aux yeux de touts ceux qui ne le connaissent pas, c’est un grand simplet olaril qui ne peut même pas parler. Il assiste le maitre-docker dans ses tâches – sa grande taille et sa force lui sont alors d’une grande utilité – et le reste du temps, il parcourt les docks de long en large, pour transmettre des messages. Cet homme, beaucoup de ses frères de sang seraient surpris de l’image que l’on a de lui à Edor Adeï. Heureusement, ceux qui avaient trahi leurs ancêtres en frayant avec les conservateurs ne trainaient jamais dans les bas quartiers ou dans le port.

    Cet homme, c’était Mithridate Télaran. Il avait épousé la cause révolutionnaire comme nul autre Olaril, et se donnait corps et âme au travail qu’on lui avait confié, risquant parfois sa vie quand une vraie patrouille risquait de surprendre ce qu’elle ne devait surtout pas voir. Mais il avait réussi à se construire un personnage public qui allait dans le sens des Ilédors : un olaril grand, fort et stupide, arriéré.

    Cependant, chaque soir, quand il rentrait chez Garin, une fois les portes fermées, une fois en compagnie de ses nouveaux amis, il ne pouvait s’arrêter de parler, fort, de rire aux éclats, avec sa voix grave et puissante. Jamais au cours de sa vie, il n’avait été aussi heureux. Il avait une place ici, une fonction, une importance. Et surtout, il avait la femme qu’il aimait à ses coté : Limna.

    Mais aujourd’hui était un jour différent. Ce n’était pas de la marchandise qu’il allait falloir réussir à faire rentrer dans Edor Adeï, mais un homme. Il arrivait que des gens entrent et sortent, mais ils se faisaient passer pour des pêcheurs. Là, c’était différent. Cet homme devrait parler aux Olarils présents dans la ville, et de sa visite pourrait se décider l’avenir d’Isle toute entière.

    Tout était en place : il savait dans quel bateau il arriverait, quels seraient les soldats de ronde à ce moment là, quelle route il devrait emprunter. Il finit par apercevoir celui qu’il attendait. Il portait une grande cape et une capuche cachait son visage. Peu de gens étaient capable de le reconnaitre dans Edor Adeï, mais le risque était trop grand de le voir arrêté, ou pire.

    Des messagers avaient été envoyés auprès de tous les olarils ou presque. Ceux qui étaient trop officiellement affiliés aux conservateurs avaient été ignorés, mais tous les autres avaient reçu le message : à chaque fois, d’un jeune garçon ou d’une jeune fille mal habillé, qui l’avait par cœur. Ils devaient tous rejoindre un lieu précis de la ville basse, d’où ils seraient conduits au lieu du rendez-vous. Il leur était dit que leur avenir en dépendait, mais qu’on ne pouvait pas en dire plus.

    Mithridate espérait que tous seraient là. C’était un moment de la plus grande importance. Quand il se retrouva au niveau de l’homme encapuchonné, il ne put s’empêcher de lui serrer la main. Puis il lui indiqua d’un signe de le suivre. Alors qu’ils allaient s’enfoncer dans les profondeurs de la ville basse, la patrouille passa à proximité d’eux. Mithridate et le soldat de tête s’échangèrent un seul regard entendu, avant de s’ignorer et de poursuivre leur route.

    Ils marchèrent longtemps, faisant des tours et des détours. Parfois, un homme les rejoignait pour leur dire de s’arrêter. Une patrouille passait, puis il pouvait repartir. Finalement, une jeune femme les rejoint et leur indiqua de la suivre : cela signifiait qu’ils n’étaient pas suivis, qu’ils pouvaient allez au rendez-vous.

    Ils furent conduits dans une vieille bâtisse qui ressemblait à s’y méprendre à toutes celles qui l’entouraient. Une fois à l’intérieur, un brouhaha léger se fit entendre. Une fois dans la salle principale, ils purent constater par eux-mêmes de la présence ou non des olarils conviés.

    Tout le monde n’était pas là. Il y avait bien sûr ceux qui avaient rejoint les rangs de la révolution. Quelques « neutres » étaient présents, beaucoup de ceux qui s’étaient bien intégrés. Mais ils n’étaient pas tous là. L’heure du rendez-vous était dépassée de beaucoup : tous ceux qui viendraient étaient présents.

    Il prit alors la parole :

    « Olarils, je vous demande de bien vouloir m’écouter. Je vous présente celui qui représente notre avenir à Isle et à Edor Adeï ! »
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Arngrim Edorta
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyJeu 11 Nov - 21:40

    Tandis que Mithridate finissait sa phrase, l’homme abaissa sa capuche pour dévoiler le visage affable d’Arngrim Edorta, le frère de feu Laclaos, chef des Olarils avant les tristes événements qui avaient eu lieu ces derniers mois.

    Arngrim était resté dans la Gérax avec les moins forts – et les moins pressés – des Olarils, et n’était donc pas entré dans Edor Adeï. Son apparition ici et maintenant devait à la fois constituer un soulagement et soulever un grand nombre de questions pour tout ceux qui avaient laissé, à deux reprises, famille et amis derrière eux.

    Tandis que certains profitaient du luxe de la capitale d’Isle, qui pouvait dire quelles embuches avaient dû affronter les autres ? Arngrim était en tout cas heureux de revoir le visage de ceux qu’il n’avait pas vu depuis plus de trois mois maintenant.

    Il souriait, comme seule lui semblait savoir le faire : avec cet air de dire ‘‘tout ira bien, ne vous inquiétez pas’’. Après quelques instants de silence, alors que Mithridate s’était reculé pour laisser la place à l’Edorta, celui-ci prit enfin la parole, d’une voix claire et forte.

    « Mes amis, mes sœurs, mes frères, Olarils, je suis heureux de voir revoir en ce grand jour. Je pense que comme nous nous inquiétions pour vous, vous devez vous demander ce qui est arrivé pendant ces derniers mois à ceux dont vous m’aviez confié la garde. Sachez qu’ils vont bien. Ils n’ont pas la chance de loger dans d’impressionnantes bâtisses comme celles que j’ai pu apercevoir depuis mon arrivée en ville, mais ils sont plus en sécurité que dans notre camp de la Gérax. »

    Il laissa le temps au gens d’apprécier cette bonne nouvelle, puis se tourna vers certaines personnes, les unes après les autres.

    « Baran, ta fille a accouché, et te voilà grand-père d’une fier gaillard Pélégon ! Kotis, je sais que ta femme allait mal quand tu es parti en éclaireur avec les autres, mais calme ton esprit, les soins de nos amis à l’extérieur ont étés salutaires pour elle. Kamélie, tes enfants réclament leur mère, mais je m'en suis occupé comme s’ils étaient les miens. Yliena, ton mari se languit sans toi… »

    Il continua ainsi, appelant chacun par son nom et donnant à tous ceux qui en avaient besoin des nouvelles de ceux qui étaient restés en arrière. Une fois tous ceux qui pouvaient l’être rassurés, il reprit son discours.

    « Il s’est passé bien des événements pendant notre séparation. J’ai entendu parler d’une partie de ce que vous avez vécu à l’intérieur, mais j’aimerais en entendre plus de votre propre bouche par la suite. Mais pour le moment, laissez-moi vous raconter…

    Cela faisait deux semaines que vous étiez parti, et la tension était à son comble dans le camp. Les partisans de Kal’berrik affirmaient que vous étiez mort et que le même sort nous attendait au-delà des montagnes. Ils voulaient rebrousser chemin. Ils disaient que maintenant que Lysandre était morte, et comme elle n’avait pas désigné de successeur, c’était à Kal’berrik de prendre le pouvoir. J’ai essayé de tempérer les humeurs de chacun, de demander à tous de patienter encore, mais rien n’était possible tandis que la mégalomanie du pontife enflait de jour en jour. Il finit par ordonner un assaut sur ma tente. Heureusement, je l’avais prévu, ce qui n’empêcha pas le conflit d’éclater. La bonne nouvelle et qu’il n’y eut que peu de blessés pendant l’échauffourée. La mauvaise est que j’ai du tuer Kal’berrik pour sauver ma propre vie. »


    Là encore, il marqua un temps. Il savait que d’ancien partisans de Kal’berrik se trouvaient dans la salle, et il ne pouvait pas prédire leur réaction. Cependant, personne ne sembla vouloir réagir violemment. Pour le moment. Il reprit.

    « Une fois la nouvelle de la disparition de Kal’berrik répandue dans tout le camp, les esprits querelleurs s’essoufflèrent rapidement. Une fois le calme retrouvé, j’envoyais les meilleurs hommes que j’avais en éclaireur dans plusieurs directions. Une semaine plus tard, nous eûmes des nouvelles d’une incroyable cité au-delà d’un pic infranchissable pour le convoi. Il y avait des traces de passage, je pense que c’est la route que vous avez-vous-même prise. Il nous fallut une semaine de plus pour trouver une route praticable, mais nous avons finalement pu descendre en faisait un détour.

    Cependant, à l’approche de la cité, nous avons été interceptés par des forces armées d’un nombre et d’une organisation jamais vue en terre olarile. Ce qui ne les empêcha pas, en apprenant notre provenance et notre destination, de paraitre très intrigués. Je rencontrais très vite leur chef, un grand homme du nom de Beltxior Olarii. »


    Il fit encore une pause. Cet homme était après tout leur cousin le plus proche en ces terres, et il savait que les Olarils n’avaient pas dû beaucoup en entendre parler à l’intérieur des hautes murailles d’Edor Adeï.

    « Il nous accueillît et nous offrit une place d’honneur dans son camp et à sa table. Il nous conta son histoire, et donc la notre, comme vous avez dû le découvrir vous aussi. J’ai appris l’histoire des Ilédors, et les raisons de la révolution. J’ai parcouru une petite partie des terres d’Isle, et je compte bien poursuivre mon exploration dès que ce sera possible. »

    Il marqua encore une pause, sans raison évidente cette fois. Il semblait gêné, il semblait chercher ses mots, ne pas savoir quoi dire, ou comment le dire.

    « Je… les hommes qui assiègent la ville, qui veulent descendre du trône la famille Arlanii, ont voté, aussi étrange que cela puisse paraitre, et ont décidé qu’en tant que descendant direct de Bakarne, j’étais le plus à même de reprendre le trône. Si les révolutionnaires gagnent cette guerre, chers Olarils, et si je suis encore en vie ce jour là, je vais prendre la couronne de cet incroyable pays, celui de nos dieux, celui de nos ancêtres, et je vais forger une place à notre peuple dans cette nouvelle terre. Et surtout, une fois le siège terminé, nous allons envoyer une expédition pour ramener ici nos frères restés dans les ruines d’Arestim Dominae. »

    Une émotion étrange se lisait sur le visage de l’Edorta, de celui qui allait peut-être devenir Gardan Edorta. Il avait les yeux brillants, un sourire fier sur le visage et portait son regard droit dans celui de tous ceux qui voulaient bien l’affronter. Dans ce regard, c’était en fait sa grande volonté que l’on pouvait lire. Sa volonté et sa fierté de pouvoir représenter ses frères Olarils et leur offrir la terre qu’il leur avait promise, la terre que sa femme avait vue dans ses visions.
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Lysandre Hirune
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyVen 12 Nov - 17:23

Un gamin qui était venu au Ceste Clouté en fin d'après midi, alors que Lysandre et Sorastrata, assises toutes deux à une table, discutaient hors de portée des oreilles trop tendues, des plans qu'elles préparaient depuis quelques jours. Trop concentrées toutes les deux, les Hirune avaient été même surprises par l'insistance d'un regard à hauteur de table. L'enfant, un Ilédor d'à peine 8 ans, semblaient exactement savoir à qui parler, car il attendait clairement qu'elles veuillent bien l'écouter.

Sans attendre qu'elles l'invitent à parler, cependant, il se mit sur la pointe des pieds pour pouvoir lever le nez plus haut que la massive table en bois de l'Auberge. Il annonça tout son discours d'une seule traite, comme s'il ne reprenait pas sa respiration, comme s'il avait appris toute sa tirage par choeur. Son ton était celui d'un gamin qui récite une comptine, tantôt chantant, tantôt sans réfléchir, et tantôt butant sur un mot trop compliqué.

Il annonçait, avec quelques écarts de voix de temps en temps, qu'il fallait qu'elles viennent ce soir, à un endroit bien précis qu'il plaça parfaitement parmi les différentes rues dans le Quartier des Humbles, qu'il décrit avec précision. Leur présence était obligatoire, disons plutôt primordiale pour l'avenir de tous les Olarils.
Ce discours étonna, puis intrigua la Chasseresse. L'enfant semblait pourtant insister pour que Lysandre l'écoute bien, il la regardait souvent, comme s'il savait qui elle était. Certes, désormais beaucoup la savaient Chef de cette peuplade d'Elus de Therdone, depuis la Prison et l'Oracle. Mais c'était tout de même le signe que, quelle que soit la personne qui envoyait le bambin, il devait vouloir que le Chef soit impérativement là ce soir.

Il redemanda si elles viendraient, et Lysandre se permit d'assurer que, oui, elles se rendraient au point de rendez-vous. Bien sûr, il y avait bien des doutes, en ces temps troubles où on parlait de Révolutionnaires, de Sièges, de Guerre, même. Une situation aussi compliquée et tendue n'avait jamais été vécu de manière si violente en Arestim Dominae, si bien que l'Hirune ne savait pas très bien comment se comporter.
Elle s'inquiéta, après le départ du gamin qui repartit, des quelques points qui la troublaient auprès de Grand Mère. Il pouvait en effet s'agir d'un piège, mais depuis que Vanhilde avait annoncé qu'ils étaient bien les Elus de la Prophétie, les Ilédors les avaient presque en admiration.

Même si certains auraient intérêt à les voir moins adulés, du moins, moins importants, il aurait été très indélicat et peu judicieux de leur vouloir du mal en les jetant dans un guet-apens.
D'autant plus que, sitôt se furent-elles rassurer entre elles, plusieurs Olarils les rejoignirent, annonçant qu'ils avaient eu, eux aussi, la visite de gamins, souvent différents, et qu'ils avaient à se rendre là où se jouerait l'Avenir de leur Peuple.

Le soir venu, ils se mirent, en petits groupes éparses, à se diriger vers le point nommé. Là, et selon l'instant où ils s'y retrouvèrent, un homme ou une femme les menaient à nouveau dans un dédale de ruelles dans le Quartier des Humbles. Lysandre perdit vite toute notion de repères, et se laissa finalement guidée, bien qu'elle ait plusieurs fois craint, finalement, de s'être trompée sur les bonnes intentions de ces guides.
L'Epée à sa ceinture, elle avait emporté les Tables, qu'elle ne quittait plus désormais, de peur qu'on veuille les lire à nouveau. Il y avait assez de Mithra et de Vanhilde, elle ne pouvait permettre que quelqu'un d'autre ne souille cette Relique.

Là, dans la pièce où elle fut conduite, le bruit persistant des conversations la rassura. Presque tous les Olarils de la Cité étaient présents, et elle revit des visages bien connus, depuis quelques temps oubliés. Et Lysandre fut agréablement surprise de voir plusieurs de ses congénères s'approcher d'elle, la saluer, lui glisser quelques mots d'encouragement. Ils étaient pour la plupart, intégrés au système, mais elle avait bien compris que beaucoup avaient pris position : la Prophétie disait qu'ils devaient être au Pouvoir, alors ils le voulait, le pouvoir !
De ce fait, plusieurs d'entre eux attendaient que Lysandre soit, malgré toutes ses erreurs, le leader de cette marche vers ce qui leur revenait de droit. Ce seul fait lui donna un sourire qu'elle ne pouvait pas contenir, et en s'installant vers le devant de la pièce, elle put échanger quelques mots avec ceux qui l'avaient suivi pour discuter plus en détail de leurs convictions.

Le silence s'imposa lorsqu'entra Mithridate Télaran. L'Hirune eut un frisson : cela faisait des mois qu'elle ne l'avait plus revu, et pourtant il était présent. Son discours piqua la curiosité de tous, et l'attention était toute dédiée à sa bouche qui annonçait celui qui représentait l'avenir d'Isle. Un Homme en capuche sombre fit son apparition, comme un coup de théâtre dans les plans qu'ils avaient tous déjà préparé de façon personnelle.
Lorsque la capuche tomba, ce fut un moment à part. Des « oh » de stupeur, l'étonnement comme lorsqu'on voit un fantôme, ou encore, la surprise non retenue, la joie, enfin, de revoir ce visage. Ce symbole : Arngrim Edorta était resté avec le Convoi, et s'il était présent, tous les autres pouvaient l'être aussi !

Lysandre se redressa et, comme beaucoup d'autres dans un mouvement de foule, s'approcha du Frère dans un élan de soulagement. Comme un Miracle. Comment était-il arrivé jusqu'ici ? Où étaient les autres ? Ces questions trouvèrent vite des réponses, rapides, certes, mais les savoir en vie, et de l'autre côté des Palissades était une bénédiction.
Sans s'en rendre compte, elle rendit grâce entre ses dents à Bakarne, qu'il soit loué. Désormais proche d'Arngrim, comme si son retour effaçait les différents qu'ils avaient pu entretenir avant, lors d'une époque aujourd'hui révolue, elle lui fit face, au milieu de tous les autres Olarils qui voulaient le toucher et le saluer personnellement.

Pourtant, il expliqua bientôt comment il avait dû choisir entre sa vie et celle du Pontife, et Lysandre ne put s'empêcher de ressentir également un soulagement. Kal'Berrik aurait été prêt à tout pour prendre les rênes des Olarils, quitte à employer la manière forte, et le savoir mort était comme un poids qu'on lui enlevait... Certes, c'était immoral de songer à cela, mais aucune mauvaise nouvelle ne pourrait voiler cet instant historique.

Cependant... Le discours qui suivit fit ternir le visage de la Chasseresse. Ceux dont ils entendaient parler, les Révolutionnaires du dehors, ces gens qui se réclamaient de Bakarne Olarii, avaient nommé Arngrim pour prendre le trône s'ils réussissaient à faire tomber le Gardan Edorta ? Sans s'en rendre compte, elle avait cessé de sourire de façon euphorique, la joie avait perdu de sa saveur, son regard ne voyait plus réellement les visages devant elle. Ce n'était pas ainsi que les choses devaient se passer.

Elle cilla, et il lui sembla entendre ses cils battre, alors que ses oreilles n'entendaient plus le brouhaha ambiant. Ce n'était pas ainsi que les choses devaient se passer ! Non ! Les Tables ne parlaient pas d'Arngrim ! Ils parlaient de l'enfant de Xan, et jusqu'à ce qu'il soit trouvé, jusqu'à ce que cette catin de Lis ait enfanté, alors c'était à Elle de mener les Olarils. Son coeur battait trop fort pour qu'elle puisse entendre autre chose, et Lysandre chercha à se raccrocher à quelque chose, pour ne pas fondre sur Arngrim.
Le goût amer de retrouver une situation connue, l'envie de brandir la Lame des Dieux, elle crut revoir le visage de Therdorus passer un instant sur le faciès bon-enfant de l'Edorta. A cet instant, Sorastrata posa la main sur son avant bras, et elle refit surface.

« Arngrim, il faut que je te voies. »
Fit-elle en approchant, sans vouloir trop chuchoter, mais désireuse de couvrir les salutations et questions qui fusaient, sans se faire trop entendre. Elle devait s'entretenir avec lui, il ne pouvait pas revenir comme ça, imposer encore sa vision et son sang, alors qu'elle était le Chef ! Il avait à lui demander son avis, à prendre ses décisions en fonction d'elle. Oui, elle avait été elle aussi absente de la vie des Olarils durant plus de deux mois, mais désormais, Lysandre était décidée à tenir son rôle. Voire plus.
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyVen 12 Nov - 20:13

L'invitation pouvait sembler étrange, et elle avait sûrement pris de court bien des Olarils ; mais ceux d'entre eux qui avaient rejoints les rangs des Révolutionnaires devaient avoir l'habitude des messages secrets et des visages inconnus à qui il fallait faire confiance. La guerre qui se déroulait dans les rues était bien plus secrète qu'à l'extérieur des murailles, et l'on apprenait vite à détecter les signes secrets de sa faction. Devant les soupçons de Lysandre, Sorastrata s'était montrée confiante ; la possibilité d'un piège existait toujours, mais l'enfant avait donné des indices de son allégeance. Et malgré le danger, la matriarche ne voulait pas se risquer à refuser : dans ce climat incertain, toute nouvelle, toute révélation était bonne à prendre.

C'est ainsi que les Elus de Bakarne se faufilèrent dans les rues de la Ville Basse, en petits groupes discrets. Ils étaient certes connus, mais une fois la nuit tombée, sous l'humble lumière des torches, tous les passants se ressemblaient. Bien peu d'Ilédors auraient pu reconnaître le Chef des Olarils et sa famille dans les traits de cette jeune fille, accompagnée par une grand-mère et deux jeunes femmes farouches.

Dans la bâtisse miteuse où la foule se rassemblaient, les questions et les discussions fusaient, et bien des Olarils vinrent à la rencontre des femmes Hirune, demandant à Lysandre si c'était elle qui avait organisé cette réunion. Sorastrata, tout comme sa petite-fille, fut agréablement surprise de voir l'accueil somme toute chaleureux que le peuple réservait à son Chef. Pendant ces deux mois, bien des Olarils s'étaient occupés à trouver leurs repères dans la Cité, et ils n'avaient pas été si nombreux à songer à leur avenir : Sorastrata avait peu à peu appris que la majorité d'entre eux avaient rejoints les Révolutionnaires par conformisme, se disant que c'était la faction qui verrait leurs intérêts du meilleur oeil. Grand-Mère ne s'attendait pas à en voir tant s'intéresser au jeu du pouvoir. Certes, beaucoup voulaient seulement obtenir un endroit paisible où rebâtir un village, mais il y en avait un bon nombre à vouloir voir la Prophétie s'accomplir. Ils n'allaient pas être déçus.

L'apparition d'Arngrim laissa Sorastrata estomaquée, puis plus attentive que jamais. A mesure que l'Edorta parlait, elle se maudit intérieurement de n'avoir pas pensé à contacter l'armée de la Révolution pour demander des nouvelles des leurs. Avoir un groupe des leurs hors des murailles ouvrait un grand nombre de possibilités, et elle voulut immédiatement demander plus de renseignements à Arngrim sur Beltxior et ses projets : c'était l'occasion d'obtenir l'oreille d'un dirigeant, ce dont Sorastrata rêvait depuis qu'elle était arrivée dans cette ville ! C'est alors que le frère de Laclaos fit sa dernière annonce et acheva de stupéfier totalement la matriarche.

Un Olaril sur le trône du Gardan Edorta ? C'était presque impossible à croire. Pendant ces deux derniers mois, Sorastrata avait peu à peu accepté que son peuple ne pouvait gouverner ce peuple aux mœurs si différentes, et qu'elle ne pouvait guère qu'espérer conseiller ses dirigeants. Mais ceci...c'était inespéré. La Révolution ne trahissait décidément pas son nom. Cette perspective changeait tout, et dans son étonnement, la matriarche en oublia presque sa petite-fille.

Lysandre n'avait pas encore réagi, mais lorsqu'elle s'avança pour parler, Grand-Mère la retint avec précipitation. Mettre Arngrim sur le trône voulait dire supplanter le Chef des Olarils, et c'était une idée qui avait déjà manqué de faire couler le sang. Cette révélation était la meilleure nouvelle que Sorastrata ait entendu depuis deux mois, et il ne fallait pas que Lysandre la prenne comme une offense. Un mot d'hostilité et tout serait gâché : la sympathie que les Hirune avaient regagnée, l'avenir qui était promis, tout. Serrant son bras entre ses mains noueuses, Grand-Mère lui lança un regard inquiet : elle ne pouvait pas faire passer sa fierté avant son peuple, elle n'en avait pas le droit.

Heureusement, Lysandre retint la colère qui brûlait dans ses yeux et se contenta de héler Arngrim à voix basse, demandant à le voir privé. La vieille Chasseresse s'avança aux côtés de sa petite-fille, faisant valoir sa présence. Elle était l'Ancienne de ce groupe et l'aïeule du Chef : si une discussion devait se tenir au sujet de l'avenir de son peuple, elle y serait présente. Que Lysandre fasse valoir son opinion et sa position, en tant que Chef, c'était son devoir. Mais Grand-Mère ne pouvait accepter d'être mise à l'écart, pas après avoir travaillé si dur pour que sa voix soit entendue.
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Limna Hirune
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyDim 14 Nov - 18:37

Revoir les Olarils n’avait pas plu à Limna. L’idée était mauvaise, réellement. Parce que les Olarils l’étaient. Elle avait voulu en parler seule à seul avec Garin, mais les ordres venaient d’en haut, et elle se fit rabrouer. Elle n’osa pas réitérer l’exploit avec Mithridate.

Depuis plusieurs lunes à présent, elle ne subissait plus les désagréments de la féminité, et quand bien même elle ne fut pas prise de nausées, elle ne tarda guère à se faire une idée de ce qui lui arrivait. Une guérisseuse un soir confirma ses doutes, et lui annonça qu’elle portait en elle la vie. Une émotion vive, douloureuse. Son corps déformé, une poche à vie… Un être qui venait d’elle. Et de Mithridate, bien entendu, mais au fil des nuits, elle réalisait que cet enfant serait le sien, qu’elle l’élèverait, en ferait une créature aussi puissante et déterminée qu’elle… mais au destin plus brillant. Oui, cet enfant là vivrait une belle vie au sein de ce peuple Ilédor, loin de la médiocrité et de la crasse Olarile.

Elle n’en avait pas parlé à Mithridate, car il lui avait confié parfois son vieux désir de devenir père. La guérisseuse avait été catégorique ; Limna avait eu un passé animé, et avait enduré à plusieurs reprises blessures, accidents, privations… Il y avait pour elle des risques de voir sa grossesse interrompue, et elle ne pensait pas Mithridate capable d’accuser le choc d’une telle perte.

Un soir qu’elle se sentait mieux et qu’ils partageaient l’intimité de l’un des petits salons de la demeure de Garin, elle fut sur le point de le lui annoncer, mais il lui coupa l’herbe sous le pied et lui présenta à mi-voix le projet qu’il avait de réunir tous les Olarils afin d’annoncer une excellente nouvelle… Mithridate s’était impliqué dans la Révolution corps et âme, mais ne s’était pas limité à Garin et sa petite compagnie, contrairement à Limna. Il était curieux de ce qui se passait au-dehors, et bien vite un mur s’était dressé entre leurs deux Révolutions. Néanmoins, après de longs pourparlers, Limna avait fini par accepter de participer, masquée et dans l’ombre… Mais ne pipa mot quant à l’enfant féroce qui déjà grandissait en son sein.

Elle ignorait tout à fait qui était ce mystérieux visiteur venu de l’extérieur, mais n’était pas pressée de le découvrir, un mauvais pressentiment venu lui serrer la gorge.

Lorsqu’elle était arrivée dans la mystérieuse bâtisse, elle se sentit soudain étouffée par la population, et par ce peuple et la haine qu’il lui inspirait. Elle était méconnaissable, plus intégrée encore qu’ils ne le seraient jamais. Eux qui voulaient garder leur culture, pour beaucoup ils ne s’étaient adaptés que pour rester décents, et beaucoup arboraient toujours des atours capables de rappeler leurs origines, adaptés à la culture Ilédore. A l’inverse, Limna avait mis un point d’honneur à se vêtir à la mode Ilédore, jusque dans les moindres détails. Elle avait travaillé, puis acheté de quoi se grimer, et apparut alors vêtue d’un pantalon de satin noir et ajusté, d’un corset de cuir ouvragé et de l’une de leurs chemises bouffantes aux manches brodées. Ses cheveux blonds étaient coiffés, ses yeux maquillés, et le bas de son visage masqué d’une écharpe de soie bleu-nuit. Seules demeuraient les bottes de cuir blanchi, parce qu’elle n’en avait pas encore trouvées d’aussi adaptées à ses pieds.
Ainsi masquée, elle s’était glissée dans un coin sombre de la pièce, se retenant de cracher avec mépris sur chacun d’entre eux, répugnants. Elle croisa le regard de Mithridate avant qu’il ne prenne la parole, ses sourcils blonds sévèrement froncés. Elle se sentit mal, mais n’en dit rien et se contenta de s’adosser à un mur, bras nonchalamment croisés sur sa poitrine.

L’autre s’approcha enfin, sous le regard plissé d’une Limna qui commençait à se raidir considérablement.

Puis il se démasqua, et elle cru défaillir.

Mais ça, c’était prévu pour plus tard, pour après son discours, en fait.

Il raconta une histoire dont elle n’avait strictement rien à faire, mais elle sentait venir l’arnaque, et bientôt, il parla de devenir le roi de ce peuple qui l’avait accueillie, changée. Un Olaril ?!

L’un de ces sale bouzeux, ces moins que rien, transformer ce nouveau paradis en la porcherie qu’ils avaient quittée ?

Sa fille (car ce serait une fille, elle en était persuadée) n’aurait jamais l’avenir heureux auquel Limna aspirait, si cette terre tombait entre les mains boueuses d’Arngrim ou d’un autre Olaril. Jamais. Et c’était là une chose qui était hors de question. A la faveur d’un mouvement de foule et de l’appel de Lysandre qui ramena sur leur soi-disant chef, cette garce, l’attention, Limna se démasqua pour révéler à Mithridate un visage abasourdi, une bouche bée et un teint plus pâle encore qu’il ne l’était d’ordinaire…

Elle accrocha le regard de son amant, sentant des larmes envahir ses yeux livides. Un juron qui, quoi qu’il ne l’entendit pas, se forma très clairement sur ses lèvres, puis elle se mis en branle avec vigueur.

Pour sortir par derrière, elle devait croiser Mithridate… Tant pis. Elle fondit sur lui comme si elle s’apprêtait à lui sauter à la gorge, mais se contenta de cracher, une fois à son côté : « Ne me suis pas, ni ce soir, ni plus jamais. Je n’accepterais jamais un tel gâchis… » Elle se mordit les lèvres pour ne pas craquer. « … Nous ne vivrons pas dans ce monde là. »

Nous. Un Nous qui n’englobait plus que Limna et sa fille, excluant Mithridate qui connaissait sa haine et son ressentiment, et avait néanmoins permis à son pire cauchemar de se concrétiser… Reproduire ici la vie d’hier. Elle avait eu de l’amour pour lui, et il venait de la trahir de la plus odieuse des façons… Elle lui flanqua un coup puissant à la poitrine, et siffla, toujours à voix basse pour ne pas attirer l’attention sur elle : « Plutôt crever que de les revoir prendre le pouvoir d’hier. Si tu crois qu’ils te reprendront, eux dont tu t’étais isolé, alors tu t’es fourvoyé, Mithridate. Ils nous cracheront dessus, comme ils l’ont toujours fait. Et si tel n’était pas le cas pour toi, alors je te souhaite de… » De mener une vie heureuse… Mais elle ne le dit pas, s’étrangla dans un sanglot et le frappa de nouveau, pour se créer suffisamment d’espace pour fuir, cette fois.

Elle aurait aimé retrouver Garin et lui parler, mais ils sauraient où elle se trouvait, et elle ne pouvait pas se le permettre pour le moment.

Ses doigts glissèrent contre la poignée, avant de la faire céder et de retrouver la fraîcheur extérieure… Elle se mit à courir comme une dératée, furieuse… amère et malheureuse.
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Liiken Aryassat
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyLun 22 Nov - 23:29

Un jeune garçon était arrivé dans leur nouvelle maison annonçant une réunion imminente pour l’avenir des Olarils. Intrigués, elle et Erwan avaient décidé de s’y rendre. Comme il fallait quelqu’un pour garder les enfants, Erwan avait décidé de finalement laisser Liiken y aller seule. Sa manière à elle de combattre le chagrin dû au décès de sa fille était de s’investir autant qu’elle le pouvait au sein de ceux qu’on appelait les Révolutionnaires. Elle espérait ainsi faciliter leur victoire et induire un changement dans les mœurs Ilédores. Toujours dans une mentalité terriblement Olarile, elle n’imaginait pas que sa quête était vouée à l’échec et s’y jetait corps et âme sans avoir idée des conséquences que cela pourrait avoir.

Liiken eut juste le temps de dire au revoir à ses fils avant de partir et de suivre les indications qu’on lui avait données. Au lieu de rendez-vous, elle fut happée par un inconnu qui lui ordonna de le suivre rapidement. Edor Adeï était une ville qui restait encore pour nombreux de ses quartiers totalement inconnue à Liiken, et bientôt, elle perdit tout sens de l’orientation, n’ayant aucune idée de l’endroit où ils pouvaient se trouver. Les rues qu’ils parcouraient se ressemblaient toutes, et Liiken n’aurait su dire s’il avait parcouru plusieurs fois la même. Toujours est-il que lorsqu’enfin on la fit entrer dans une maison banale, elle n’avait aucune idée de l’endroit où elle se trouvait.

Dans la pièce, de nombreux Olarils étaient déjà présents, mais certains arrivèrent encore après elle. Elle reconnut Lysandre, Sorastrata, Limna et bien d’autres encore. Si elle ne connaissait pas tous les noms, les visages étaient familiers et rassurant même si nombreux étaient ceux qui, comme elle, se demandaient ce qu’il y avait de si important. Lorsque celui qu’elle avait reconnu comme étant Mithridate prit la parole, elle se demanda ce qu’il voulait dire. Leur avenir à Edor Adeï n’était-il pas déjà tout tracé ? Mais elle n’eut pas le temps de réfléchir plus avant, rapidement, un autre homme se présenta, comme revenu d’un passé oublié, Arngrim se présenta. Tout le monde le connaissait, c’était celui qui avait été l’initiateur du projet de l’exil. Le voir devant eux, se tenant droit, et annonçant tant de bonnes nouvelles sur ceux qu’ils avaient laissés derrière eux avait quelque de miraculeux ! Ainsi, ils avaient survécus ? Liiken songea avec joie que Pferd serait sans doute parmi ceux qui les rejoindraient bientôt, son frère, son frère adoré, elle le reverrait. Comme bien d’autre, elle laissa éclater sa joie par des cris d’allégresse, voilà qui étaient certes d’excellentes nouvelles !

Les cris et murmures qui émanaient de la foule diminuèrent peu à peu, on attendait qu’Arngrim reprenne la parole et explique quand ils arriveraient en ville, si on les laisserait entrer. Mais Arngrim ne s’étala plus sur le sujet des autres Olarils, il annonça sans beaucoup de compassion la mort de Kal’Berrik, nouvelle pour laquelle Liiken ne sentit aucune tristesse, elle n’avait jamais approché le pontife de près et sa mort ne l’affectait pas. Cependant, au fur et à mesure de son discours, une gêne grandit dans la salle, on sentait que ce qu’il avait à dire pour la suite ne ferait pas plaisir à tout le monde. Et quelle ne fut pas la surprise de bon nombre d’entre eux entendre qu’il était devenu le prétendant à la gouvernance d’Edor Adeï pour les Révolutionnaires... C’était quelque chose de totalement improbable. Liiken ne savait trop qu’en penser. Qu’il soit ou non l’héritier le plus légitime de Barkane, elle s’en fichait royalement, l’important était qu’il soit digne d’endosser ce rôle. Le problème, c’était que jusqu’à présent, malgré ses nombreuses erreurs, Lysandre avait réussi à assumer le rôle ingrat d’être le Chef des Olarils. Ici, sans la prévenir de quoi que ce soit, elle se retrouvait léguée au rang de spectatrice. Liiken dont le cœur fidèle allait à sa Chef se trouvait soudain désemparée...

Force était pourtant de reconnaître qu’Arngrim avait tout ce qu’il fallait pour gouverner Edor Adeï, à l’exception peut-être de certaines compétences politiques spécifiques à la ville. Lysandre ne conviendrait-elle pas mieux ? Elle était pro-révolutionnaire, également descendante de Bakarne comme tous les Olarils, et surtout, elle venait de vivre deux mois dans la cité, apprenant à les comprendre et vivre comme eux. De nombreuses questions fourmillaient dans son esprit. Comment Lysandre allait prendre cette nouvelle ? Le regard de la jeune mère se tourna vers l’endroit où elle avait aperçu sa Chef pour la dernière fois et vit que celle-ci se dirigeait vers Arngrim. Liiken se vit pas son visage et ne sut pas ce qu’annonçait leur entrevue, mais que la Chef fut suivie de Sorastrata la rassurait un peu. La présence de la vieille grand-mère avait toutes les chances de calmer le tempérament fougueux de leur Chef.
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Ergan Dialon
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyLun 29 Nov - 21:46

Personne n’avait prévenu Ergan Dialon, comme s’il ne méritait plus d’être un olaril, comme si les conseillers avaient une aura maudite sur leur entourage. Personne n’avait jugé bon d’inviter ceux qui ne font même que travailler pour des nobles, sans en être, sans en être reconnu. Etait ce parce qu’il était traître à son peuple, ou bien un simple oubli ? Son heure de gloire en tant qu’administrateur semblait éteinte depuis très longtemps…

Mais en revanche, on avait prévenu Fraya, les gosses qui jouaient avec les petits Dialon n’avaient pas retenus leurs langues. Fraya avait gardé vivace son réseau de cousins, avait fait de multiples efforts pour rester dans le groupe protecteur, au point où finalement, on l’avait totalement dissocié de son mari, et à la limite préférait on avoir Fraya sans Ergan, que les enfants.

Ergan en l’apprenant avait mal réagi, c’était un fait : profondément blessé, connaissant la vérité sans l’accepter, il avait commencé à se replier sur lui-même. Il en avait même été sur le point d’être violent et autoritaire, il haussait déjà le ton, mais son épouse en avait décidé autrement : il viendrait, la bouche close et le visage dissimulé, il viendrait pour voir et pour peut être réfléchir un peu sur s’il avait fait le bon choix pour sa famille. Au fond d’elle, Fraya ne lui avait toujours pas pardonné et le travail d’Ergan, travail dont il était si fier, qui le rendait presque Ilédor était hai par Fraya, qui n’avait rien à reprocher aux Olarils. Ergan avait grandi sans grand liens avec Arestim, tout au plus sa famille proche, il ne ressentait donc pas le besoin vital d’être en son peuple. Ce n’était pas le cas de son épouse qui elle avait vécu dans une famille élargie, eut pour amies toutes les filles d’Arestim, et pour cousins tous les hommes. Fraya ne souhaitait qu’une chose et elle briserait son mari s’il le fallait : rester Olarile, jusqu’au bout, jusqu’à la fin de leur histoire.

Alors qu’Ergan avait levé le ton, serré les poings, elle avait été plus rapide et lui avait balancé ses reproches à la tête. Son mari avait été tellement étourdi qu’il s’était laissé faire mettre un manteau à capuchons, sa canne qui devenait de plus en plus inutile et joué les serre-files avec les enfants. Pour le coup, il n’avait même pas fait attention au chemin emprunté, de toute façon, c’était Fraya qui le connaissait pas lui.

Et du coup, il n’était pas arrivé au début du discours mais légèrement après. Il avait malgré pu tout entendre, mais la moitié lui passa au dessus de la tête. Ergan Dialon était un homme égoiste qui filtrait de façon machinale et inconsciente tout ce qu’il entendait, surtout lorsqu’il n’était pas dans de bonnes conditions. Il passa l’intervention d’Arngrim à la moulinette, essayant fugitivement d’associer un visage à des noms. Même l’annonce de la mort du Pontife ne lui fit rien : il avait eu peur de lui il fut un temps, mais ce temps là était loin, la peur et le souvenir était aussi effacés que si on avait passé la main dessus. Et puis, il ne se rendait pas vraiment compte de ce que ca voulait dire.

Par contre il se rendait compte d’une chose : Arngrim voulait faire une place aux Olarils. Dans son esprit, des calculs et des projets se superposèrent les uns aux autres. Il savait depuis le début qu’il ne progresserait pas auprès de Jaktarii. Il s’en contentait jusque là car il n’y avait rien d’autre pour lui en vue. Mais ce que disait l’Edorta changeait tout. Un vent nouveau soufflait sur les Olarils, qui n’étaient plus condamnés à être des étrangers, un avenir plus qu’alléchant leur était proposé. Seuls les idiots resteraient en arrière et à partir de ce moment là, seraient mis de côtés, condamnés à être vidés de leurs cultures et de leurs identités par un monde qui ne les aurait pas intégrés.

Fraya le regardait avec les yeux brillants, ayant la même idée que son mari… Ergan sourit, et prit la main de son épouse, la baisa :

« J’ai travaillé trop longtemps pour le maître Cyrillis. Demain, je lui annonce ma démission. »

Fraya l’enlaca pour le remercier et l’encourager, pour sceller leur réconciliation. Il n’y avait d’avenir que dans leur propre peuple.

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Laetia Télaran
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyMer 8 Déc - 22:27

C'était on ne pouvait plus étonnant.

Elle était venue ici avec Kamélie. Depuis qu'elles s'étaient installées ensemble, Laetia avait retrouvé un semblant de cohésion. Se savoir avec sa tante dans un lieu qu'il pouvaient considérer comme étant leur chez eux redonnait une structure familiale à la jeune fille. Durant tout ce temps elle s'était intégrée comme elle pouvait, sans se fondre totalement dans la masse, elle avait fait partie de ceux qui avaient prospéré grâce aux Ilédors, mais aussi grâce à leur culture Olarile. On avait apprécié ses « touches » et désormais, bien que cela ne soit pas non plus un phénomène de très grande ampleur, il n'était pas rare de voir certaines nobles coquettes ou tout simplement curieuses de cette culture exotique avoir un petit quelque chose dans les cheveux. Négociant les prix et créant aussi vite qu'elle le pouvait, la jeune fille subsistait et vivait en Edor Adeï en utilisant tant bien sa formation de base que son apprentissage du commerce.

Mais voilà que ce jour était arrivé un petit garçon dans la maison. Laetia lui avait ouvert et l'avait invité à rentrer, bien qu'elle ne sache pas ce qu'il voulait. Elle referma la porte directement après lui, une habitude qu'elle avait dû prendre, toujours avoir sa clé accrochée au cou.
Quand elle se baissa au niveau de l'enfant, car bien qu'elle ne fit pas bien grande le garçon l'était encore moins, celui-ci lui intima à elle et à Kamélie d'aller expressément en un lieu donné. Il y avait des fois où il valait mieux écouter sans chercher à comprendre et celle-ci en était indubitablement une.
La jeune fille était incapable de déterminer où se trouvait ce lieu, elle ne s'était pas promenée aussi loin, heureusement pour elle Kamélie avait l'air quant à elle de la savoir. Elle avait hésité à y aller mais au moment où le rendez-vous s'annonçait Laetia mit sa cape. Elle avait fini par s'en acheter une, les nuits étant plus fraîches parfois que l'on ne pouvait s'y attendre, bien que l'on fusse en plein été. Ainsi vêtue en bleu nuit elle sortit et suivit sa tante.
Ils s'aventuraient là où elle n'était jamais allée, le Quartier des Humbles, car même sans vivre au-dessus de leurs moyens, on pouvait dire que la tante et la nièce ne vivaient pas trop mal. Elle était donc totalement désorientée lorsqu'elle eut l'impression d'être un colis qu'on passait, ce n'était plus Kamélie qu'elle suivait, elle n'avait même pas vu le passage du relais, désormais c'était une autre femme, qui lui était inconnue.

Elle arriva finalement dans une masure pareille à toute autre, surement aurait-elle besoin d'un guide pour le retour...
Lorsqu'elle y entra elle vit que beaucoup étaient déjà présents, Lysandre, leur Chef, Liiken, son amie, elle vit même l'administrateur. Elle se mordit l'intérieur de la joue, avait-elle autant perdu l'habitude la marche pour avoir tant tardé ?
Elle se fondit dans la masse et attendit patiemment d'assister à ce pour quoi elle s'était déplacée.


En effet c'était on ne pouvait plus étonnant.

Elle avait oublié que Mithridate Télaran était parmi eux, d'ailleurs combien d'Olarils n'avait-elle pas revus, de combien n'avait-elle même pas eu de nouvelles ? Elle ne s'en voulut pour autant pas, ils avaient tous, comme elle, dû s'adapter, il n'était pas étonnant qu'ils n'aient pu tous se revoir.
Néanmoins elle n'eut pas le temps de s'étaler sur ce sujet que le plus grand choc survint. Elle fut de celles qui laissèrent échapper un hoquet de surprise. Elle voyait Arngrim Edorta, ses yeux ne la trompaient pas, et pourtant il ne pouvait... Elle était sure d'elle quant au fait qu'il n'était pas venu avec eux, il n'avait pas fait partie de l'ascension. De plus elle avait vu le siège depuis les remparts, la situation semblait plutôt irréaliste. Etait-elle dans un songe éveillé ?

La réponse était évidemment négative. Arngrim s'expliqua et alors tout devint clair.
Elle n'avait jamais parlé au Pontife mais apprendre sa mort la troublait. L'Edorta l'annonçait trop sereinement à son goût, elle n'avait pas compris le meurtre en Arestim, et, même si c'était pour se défendre, Edor Adeï et tous ses luxes et perversités ne l'avaient pas aidée à comprendre comment l'on pouvait ôter la vie à quelqu'un.

Passant sur ce fait, elle fut particulièrement attentive à leur interception et la suite de leur histoire. S'ils avaient réussi à passer, peut être que Silke l'attendait à l'extérieur, hors de ces murailles.
Car ces faiseurs de siège leur étaient favorables. Ils avaient été bien accueillis.
Elle voyait la solution de l'énigme désormais.
Elle n'aimait pas Edor Adeï en soi, elle avait vu l'hypocrisie de la noblesse, qu'il soient jeunes ou vieux ils ne changeaient pas et semblaient prédéterminés pour mentir et cacher, et ne pouvait décidément pas vouloir vivre dans un tel endroit tant que le pouvoir n'appartenait pas à la franchise, que ce qu'elle avait vu ne serait pas totalement refondu, que l'on ne changerait pas la notion de souveraineté de fond en comble. Elle savait que ces Ilédors étaient soi-disant en avance, mais ils avaient juste poussé le vice, elle ne retrouvait les valeurs et les vertus désormais que chez son peuple, les Olarils.
Elle voulait faire partie de ce plan elle aussi, participer pour mettre à bas ce pouvoir et donner aux Ilédors une chance de voir le monde comme les Olarils le voyaient.
Néanmoins elle sentait que des dissensions ne manqueraient pas de naître dans ce camp. Personnellement, elle ne pouvait pas imaginer Arngrim sur le trône, il avait changé, il n'était plus tout à fait le même et sa manière d'aborder les choses n'était plus tout à fait Olarile. Elle avait désapprouvé et parfois critiqué les décisions de Lysandre, mais cette fois-ci ce serait sa Chef qu'elle suivrait, et elle le ferait de son plein gré, ayant entendu que son ancien tuteur était désormais à la solde de ce pouvoir.

Tant de résolutions prises en si peu d'instants avaient chamboulé la jeune fille, elle se dirigea vers Liiken et lui signifia sa présence. Les deux amies discuteraient de tout ça, c'était certain.
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Charis Sandragil
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyMar 21 Déc - 21:25

    Éléni était prévenue, forcément. Sa présence était naturelle à un tel événement. Plus même, sa présence était primordiale. Mithridate Télaran, l'Olaril Révolutionnaire, allait leur présenter un Olaril qui « ferait avancer leur cause avec puissance », selon les mots de Garin. Et Éléni détestait le tour que prenait la Révolution, à s'allier avec les pouilleux. Elle n'oubliait rien. Elle savait qu'elle avait d'abord épousé les causes et les idéaux de la Révolution, avant de rencontre Elandor Arlanii. Elle conservait à l'égard du mouvement Révolutionnaire une tendresse presque déplacée, une des raisons pour lesquelles elle jouait double jeu. Ce n'était pas par opportunisme, seulement parce qu'elle voulait réellement voir les choses changer, et la Révolution comme la Dissidence visaient une amélioration de la société décadente proposée par les Conseillers. Chacune à sa manière, mais personne ne savait encore ce qui réussirait. C'était stupide et naïf de croire que son raisonnement serait un jour compris. Si son manège était mis à jour, elle serait forcément accusée de trahison, sans doute même pire. Elle préférait ne pas penser à ce jour-là. Surtout depuis qu'elle avait été arrêtée.

    Mais justement, depuis qu'elle avait été arrêtée, elle ne pouvait plus jouer. Il n'était plus question de jeu, mais de conviction. Ses blessures physiques avaient peut-être disparu, mais ses blessures mentales, elles, demeuraient. Éléni avait maintenant peur de se faire attraper. Elle avait perdu son invulnérabilité psychologique. Elle savait qu'elle pouvait mourir. Et pour cette raison précise, elle voulait fermement peser ses actions, pour ne pas faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre à la manière d'une enfant. Éléni détenait l'information. Elle n'imaginait pas être doublée un jour, du moins pas dans l'immédiat. Et elle avait maintenant pris conscience de ce qu'elle pouvait en faire. Et surtout de ce qu'elle ne pouvait pas en faire.

    Alors elle s'était rendue à la rencontre des Révolutionnaires, avec un nom, même : Clariz Niorna. Cheveux lisses, bruns et longs, avec une frange, fardée pour pâlir sa peau, une mouche à la joue, des lèvres bien rouges et une nonchalance calculée... Éléni avait l'allure d'une femme d'environ vingt-huit ans, élancée et élégante. Elle aurait volontiers fumé si elle n'avait dû conserver à tout prix sa lucidité. Elle avait peur de ce qui allait arriver. Elle le sentait, la Révolution allait perdre son idéal, au profit d'étrangers à qui les Ilédors avaient été bien gentils d'offrir l'asile ! Elle soutenait Beltxior Olarii et son nouveau monde, pas un de ces étrangers !

    Petit à petit, les pires craintes d'Éléni se virent confirmées. La petite histoire de l'inconnu – qu'elle se fit rapidement désigner sous le nom d'Arngrim Edorta – lui donnait envie de vomir. Dans quoi les Révolutionnaires s'embarquaient-ils ? Ne réalisaient-ils pas qu'ils allaient tout perdre à suivre cet homme ? Pourquoi était-il le plus à même de reprendre ce trône ? Un descendant direct ? Il fallait qu'elle parle à Beltxior Olarii, même si elle ne l'avait jamais approché... Soudain, la Révolution empruntait un chemin tellement différent de ce qu'elle avait toujours soutenu – et de ce pourquoi elle avait toujours combattu – qu'Éléni en eut les larmes aux yeux. Elle avait l'impression que son idéal volait en éclats.

    Elle se tourna vers la Chef des sauvages, espérant inutilement un geste désespéré de sa part, une tentative armée pour tuer cet Olaril qui prétendait les gouverner tous, sans rien connaître de leurs mœurs. Mais elle fut cruellement déçue. Lysandre Hirune ne fit pas un geste, pas plus que ses sœurs. En cherchant les silhouettes des Chasseresses, le regard d'Éléni tomba par hasard sur celui d'une Olarile qui avait rejoint la Révolution bien avant les siens, Limna Hirune. L'espace d'un instant, elle lut une chose terrible sur son visage : la trahison. Elle ne savait pas pourquoi ni comment, mais Limna Hirune venait d'être trahie par son amant – oui, Éléni savait. Elle savait additionner un et un, et il ne lui en fallut pas plus pour comprendre ce qui arrivait.

    Quand Éléni la vit s'élancer comme une lionne, elle sut qu'elle ne pouvait pas se rater. C'était le moment où jamais. Limna Hirune était une des rares Olariles qu'elle ne méprisait pas. Elle tourna les talons et se lança à sa poursuite. Après tout, elle n'avait plus rien à faire dans cette ridicule mascarade qui, si elle n'était pas rapidement freinée, pourrait mener la Révolution à sa perte.
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Luminara Hirune
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MessageSujet: Re: Le Retour du Frère   Le Retour du Frère EmptyDim 6 Mar - 14:17

Lorsqu'un gamin était venu la chercher alors qu'elle s'entraînait dans un enclos avec son taureau, Luminara n'avait pas hésité. Les intrigues repartaient pour un tour, c'était évident. Elle l'avait toujours su. D'ailleurs, elle-même n'avait pas perdu de vue l'idée de se venger de Therdorus Uldarii. Les Olarils n'en auraient jamais fini avec les jeux de pouvoir. Et, encore et toujours, elle y serait liée, parce qu'elle défendrait farouchement le nom des Hirune. Elle avait rapidement essuyé son dos couvert de sueur, n'avait pas pris la peine de se changer et l'avait suivi, en se demandant ce qui allait arriver.

L'enfant la mena à travers le dédale des rues d'Edor Adeï en prenant bien soin de la perdre. Elle ne s'en offusqua pas : c'étaient probablement des règles de sécurité élémentaire. Ils furent rejoint par d'autres personnes, guidées elles aussi par des enfants, et parvinrent finalement dans une vieille bâtisse. Une foule dense y était massée, et Luminara chercha vainement des têtes connues. Elle vit bien l'un ou l'autre Olaril qu'elle connaissait, mais elle ne parvenait pas trouver la tête blanche de Sorastrata, ni la silhouette élancée de Lysandre. Elle cessa de chercher en découvrant Mithridate Télaran, debout face à la foule. Qu'allait-il dire ? Une légère appréhension s'empara du cœur de la Chasseresse, qui se souvenait que Mithridate avait disparu sans donner de nouvelles, après leur arrivée. Pourquoi revenait-il maintenant vers eux ?

Le coup de théâtre fit à Luminara l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Suffocante, car elle reconnaissait parfaitement Arngrim Edorta, elle pensa aussitôt à tous ceux qu'ils avaient laissé dans la Gérax. Ainsi, ils étaient en vie ! Soulagée par cette bonne nouvelle, elle se sentit néanmoins tendue, comme si sa présence en tant que « l'homme qui éclairerait leur avenir » ne pouvait rien apporter de bon. Apprendre que Kal'Berrick avait osé lui aussi se comporter à l'encontre de la vie humaine la dégoûta. Mais elle n'eut pas le temps de se satisfaire de sa mort, parce qu'Arngrim terminait sur ce qu'elle avait craint depuis le début : il s'affichait en tant que futur Gardan Edorta.

Luminara cessa de le regarder, les veines en feu. Où était Lysandre ? Pourquoi ne réagissait-elle pas ? L'homme était en train d'usurper son identité de chef sous ses yeux !? C'était impossible qu'elle reste de marbre face à une telle déclaration, était-elle absente ? Bien entendu, la Chasseresse ne voulait pas d'un scandale, et elle espérait que Lysandre serait capable de se contrôler, mais elle ne pouvait pas laisser passer ça ! Luminara tourna encore et encore sur elle-même, incapable de la voir. Elle se retint de réagir, voulant d'abord trouver sa Cousine. Mais elle était à deux doigts de prendre la parole, de s'élever contre Arngrim. À moins que... il ait déjà discuté avec Lysandre, et qu'elle soit déjà au courant de cette affaire ? Luminara se sentit soudainement très seule. Avait-elle été écartée ?

Luminara réalisa qu'une fois de plus, elle avait été trop gentille. Elle avait l'impression qu'Arngrim la poignardait dans le dos, un peu comme Mithra l'avait fait. Ils étaient agréables et même admirables lorsqu'ils étaient seuls, mais face à la foule, ils n'hésitaient pas à défendre leurs propres intérêts... Quelle grossièreté que celle dont il faisait preuve, en s'affichant ainsi sans même Lysandre à ses côtés ! Quelle insulte aux traditions Olariles...

Luminara vit soudain les deux Hirune qu'elle cherchait et les vit s'approcher d'Arngrim. Saisissant l'occasion, elle se faufila le plus rapidement qu'elle put entre tous ceux qui étaient présent au rendez-vous informel de la Révolution. Mais quand elle parvint à l'endroit où elle les avait aperçus, ils n'étaient plus là. Luminara se sentit extrêmement frustrée, et pesta contre sa lenteur. Elle aurait dû chercher plus activement sa grand-mère et sa cousine. Qu'allait-il arriver, maintenant ? Sans perdre de temps, elle tourna les talons et partit à leur recherche.
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