Les Tables d'Olaria
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 Tant que le soleil brille

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Luminara Hirune
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MessageSujet: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyLun 12 Avr - 21:27

Il fallut une journée à Luminara après sa sortie de prison pour oser arpenter les rues dans lesquelles elle s'était fait attraper et insulter injustement. Cependant, une fois à l'air libre, Luminara eut tôt fait de s'orienter dans l'immense cité qu'était Edor Adeï et elle finit par se défaire de son sentiment d'insécurité.

Elle avait exploré les limites de la Ville Basse. Elle était passée inaperçue dans les quartiers les plus mal famés et cela lui pesait de savoir pourquoi. Depuis, elle avait pris un soin tout particulier à se vêtir comme les Ilédors. Au moins, le dédale impossible des rues signifiait maintenant quelque chose pour elle. La Chasseresse était capable de se repérer et s'était adaptée à son nouvel environnement, à défaut de pouvoir chasser. Depuis qu'elle avait posé les pieds dans la cité, Luminara avait deviné qu'elle n'irait plus chasser pour subvenir aux besoins de sa famille ou des Olarii. Ou, si elle persistait à vouloir continuer, elle devait accepter de se voir rétrogradée dans les plus basses couches de la société. Fondamentalement, cela posait problème à Luminara. Elle était habituée à la reconnaissance et possédait un statut qu'elle n'était pas prête à perdre. L'humiliation que l'Oracle lui avait infligée était la preuve que tout était à reconquérir. Et cela, elle ne le supportait pas. Il lui semblait cruel de devoir abandonner la Chasse alors même qu'elle avait réalisé, avec Jezabel, à quel point elle occupait une place centrale dans sa vie. La Danse seule... lui suffirait-elle ?

Il était urgent qu'elle se trouve ce que les Ilédors appelaient un Mécène. Elle pouvait bien l'avouer maintenant, ce que cet arrogant oracle lui avait dit sur l'étymologie de son nom l'avait énormément vexée. Blessée, peut-être, aussi. Être une Hirune avait toujours été une grande fierté pour Luminara. Devenir une Olarii ne dépendait qu'elle : si elle choisissait de lutter pour le pouvoir, elle se devait d'adopter ce nom. Si elle décidait de continuer à vivre comme si de rien n'était, elle pouvait conserver ce nom d'Hirune. Enfin, elle devrait en parler avec ses sœurs Chasseresses. Et surtout, elle devrait conserver le rang qui était le sien. Elle ne vivrait pas comme une va-nu-pied. Les Olarii ne resteraient pas comme des moins que rien dans cette cité qui remontait à leurs origines. Les Ilédors les attendaient depuis des siècles ? Elle ne laisserait pas pareille occasion passer et revendiquerait sa place. Et surtout, elle se vengerait sauvagement de cet Oracle, quel que soit le prix à payer.

Là, Luminara se promenait dans l'endroit qu'elle préférait de la Ville Basse. Les Rues Commerçantes regorgeaient d'activités et de merveilles. La foule y était tellement dense qu'il était facile de s'y perdre. Femmes affairées, serviteurs pressés, hommes dépensiers et enfants ravis, tous déambulaient bruyamment le long des échoppes, tentant d'abaisser un dernier prix. Sa bourse de rubis à la ceinture, Luminara aimait parcourir ces avenues animées et lumineuses, où elle passait inaperçue. Il faisait chaud : le soleil était comme la consolation qui resterait toujours aux enfants de Bakarne, quoi qu'il leur arrive. Elle avait dû investir dans une seconde tenue, plus légère que la première, dans une matière qu'elle ne connaissait pas mais qu'on lui avait désigné comme étant de la soie. Le tissu drapait sa peau mais était tellement léger qu'il lui donnait parfois l'impression d'être nue, offerte au regard de tous. Fort heureusement, Luminara avait passé l'âge de rougir et s'en accommodait tout à fait.

Les Rues Commerçantes avaient aussi fait découvrir autre chose à Luminara : l'écriture. Ce qui n'était réservé qu'au Chef en Arestim était ici accessible à tous. C'était un des points de frustration intense chez Luminara. Elle cachait cette impossibilité de toutes ses forces, mais ressentait profondément le fossé qui la séparait des Ilédors. Cela semblait enfantin, mais elle ne connaissait pas les symboles et ne détenait pas la clé qui lui permettrait de déchiffrer les inscriptions qui parsemaient Edor Adeï. La seule chose qu'elle avait intégré, c'étaient les chiffres. Il n'y avait que quelques symboles à retenir, et elle connaissait déjà le concept : en parcourant les échoppes, elle mémorisa cet aspect-là de l'écriture, pour autant que les comptes en fassent partie. Les lettres en revanche, gardaient jalousement leur secret.

Évoluant dignement parmi les Ilédors, Luminara s'attarda un instant sur un bijou, puis continua à avancer. Elle suivit des yeux la course effrénée d'un enfant tout excité par son dernier cadeau, puis remit une mèche de sa chevelure en place. Pour le moment, tous ceux qui avaient traversé la Gérax avaient tenté de se fondre dans la masse.

Mais bientôt, les fils de Bakarne sortiraient de l'ombre.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyDim 27 Juin - 9:01

Plat, Mara, Edor, et Tholen, autant de noms que de découvertes pour Amiguel. Ce qui ne différait que peu des gemmes olariles, au-delà du troc, c'était la diversité des métaux qui constituaient chaque pièce de monnaie. S'il n'avait pas encore eu l'occasion de voir un Tholen, le commerçant avait déjà tenu entre ses mains des pièces de zinc, d'étain, de bronze, établissant un lien avec les valeurs diverses accordées aux rubis, topazes et autres grenat en vigueur à Arestim. Les Garthesia avaient, plus que les autres, le flair de la valeur des choses. Apprendre les bases du commerce Ilédor n'avait été pour Amiguel qu'une question d'observation.

L'après-midi qui avait suivi l'arrivée des Olarils à Edor Adeï, le Garthesia avait quitté l'auberge du Ceste Clouté. Suivre les directive de l'ancienne n'avait pas été une perspective plaisante à ses yeux. Il fallait qu'il découvre ce nouveau monde, pour mieux espérer pouvoir en tirer parti.

Remplacer ses gemmes par des espèces sonnantes et trébuchantes avait été chose aisée, de même que trouver une auberge convenable le soir venu. Deux jours plus tard, Amiguel avait tout du bourgeois Ilédor. Une tunique de cuir d'un rouge flamboyant, enjolivées d'arabesques d'or et d'argent recouvrait son torse, des chausses de lin plongées dans une paire de botte de qualité, le tout agrémenté d'une cape sombre plongeant jusqu'au bas de ses mollets. Amiguel aimait Edor Adeï.

Pour avoir visité les Nobles Quartiers, il savait que ses habitants lui ressemblaient. Il avait observé des nobles et de grands bourgeois dans des salons de thé prisés, et avait eu l'impression de faire face à un mirroir: ambition, qualité orale, hypocrisie parfaite... Ce monde était fait pour lui.

Il ne s'était toutefois pas encore enquis du sort de Lysandre. Il la savait emprisonnée, avce Luminara, puisqu'un annonceur avait déboulé au Ceste Clouté pour annoncer la nouvelle - non sans une certaine délectation notable. Le chef des Olaril avait décidé de se passer de lui lors de cette arrivée historique à Edor Adeï. Elle se débrouillerait pour s'en sortir sans lui pour le moment.

Mais déambuler dans les rues commerçantes qu'il commençait à connaître de mieux en mieux ne pouvait que favoriser ses ruminations. Il faudrait tôt ou tard qu'il reprenne les choses en main, et pour ça il devait se mettre au courant du devenir de son chef.

C'est pourquoi sa surprise fut grande lorsqu'il aperçut Luminara au bout d'une allée jonchée d'échoppes. Stupéfait de la savoir sortie de prison, il resta un instant stoïque avant de la rejoindre
.

- Luminara ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

S'apercevant de l'absurdité de sa question, il esquissa un sourire et enchaîna:

- Excuse-moi, est-ce que ça va ?
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Luminara Hirune
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptySam 3 Juil - 21:18

Luminara mit plusieurs secondes à reconnaître Amiguel. Elle se souvenait parfaitement de sa voix, mais pas de l'homme qui lui apparaissait. Pour un peu, elle l'aurait pris pour un Ilédor. Elle apprécia la finesse de ses nouveaux atours, tout en se demandant combien de temps serait nécessaire au reste des Olarils pour se fondre complètement dans la masse ilédore. Mais malgré leurs nouveaux vêtements, ils restaient reconnaissables : Amiguel conservait, tout comme elle, l'accent qui prouvait à tous leur origine.

Elle fronça les sourcils en entendant sa question. Pourquoi était-il surprenant qu'elle se promène dans les rues marchandes ? Elle balaya l'endroit du regard, puis répondit :

- J'essaye de percer le secret de leurs symboles... c'est compliqué.

C'était surtout affreusement frustrant. Elle savait qu'une majeure partie de la culture ilédore lui échappait et que c'était important pour mieux comprendre les habitants d'Edor Adeï... pour tenter d'assimiler les raisons qui avaient pu pousser Therdorus Uldarii à l'humilier ainsi. Elle regarda un instant Amiguel, qui semblait d'excellente humeur et parfaitement à l'aise. Tentant de ne pas lui parler avec morgue, mais incapable de se retenir d'opposer le naturel serein d'Amiguel à la fureur sourde que l'Oracle avait fait naître en elle, elle lui dit lentement :

- Non, ça ne va pas.

Ses sentiments redevenaient tumultueux, mais elle ne pouvait tourner la page. Elle était tout simplement incapable de passer à autre chose et il était hors de question de renoncer. Ce Therdorus Uldarii payerait ; ça en devenait une incessante litanie. Et dire qu'elle n'était même pas capable de lire ! Il lui manquait les armes pour affronter le haut et intouchable Therdorus. Et qu'avait-elle de son côté, à part une jeune femme sauvage et incapable de se contenir ? Qu'elle ne pouvait cesser de soutenir, par dessus tout ! Elle prit patiemment sa respiration, mais le calme de sa voix ne dissimulait pas totalement la fureur qui cognait lourdement dans son cœur.

- Les Ilédors ne nous reconnaissent pas pour ce que nous sommes. Ils nous considèrent comme des moins que rien et ils ne se gênent pas pour nous le faire savoir. Ils sont différents de nous et ils ne respectent rien, pas même la vie.

Elle ne souhaitait pas revenir une fois de plus sur son humiliation : elle l'avait suffisamment racontée pour s'épargner de recommencer. Mais le calme apparent qui l'habitait avant qu'Amiguel ne l'aborde se fissurait : la Chasseresse en reprit le contrôle au prix d'un effort heureusement peu visible. Elle était déterminée à ne pas perdre son calme. Elle lui sourit et changea de sujet.

- Je me cherche aussi un Mécène.

C'était primordial pour retrouver le rang qui était le sien. Elle devait frayer avec la Noblesse, pas avec les Humbles qui peuplaient la Ville Basse d'Edor Adeï. Il fallait qu'elle prouve à quel point son côté artistique justifiait une existence dorée. Et surtout, qu'elle retrouve une position similaire à celle qu'elle occupait en Arestim, parce que les Hirune avaient droit à leur part de pouvoir. Encore des mots qui revenaient trop souvent autour d'elle : gloire, pouvoir et droit. Elle se souvenait qu'Amiguel avait été la figure influente et controversée du temps d'Arestim et du début de règne contesté de Lysandre... Cela lui paraissait être à des années lumières. Et le commerçant devait lui aussi avoir des projets, plus concrets.

- Et toi ? Tu vas te lancer dans le commerce ? Ou tu vas exploiter un autre de tes talents ?

Après tout, bon nombre d'Olarils avaient choisi de refaire leur vie et même de changer d'orientation. Sa cousine Limna s'était évanouie dans la nature avec Mithridate Télaran, la prêtresse Alia Edorta avait disparu elle aussi, et tous les autres choisissaient à une vitesse affolante. Restaient les Hirune et les Edorta, qui allaient vraisemblablement se relancer dans une gigantesque course au pouvoir... Une de plus. Mais cette fois-ci, elle combattrait au premier rang.
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Amiguel Garthesia
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyMer 7 Juil - 7:55

- Un Mécène ?

A Arestim, ce genre d'individu n'existait pas, les artistes se produisaient par eux-même, et pour les autres. Amiguel avait toujours trouvé ce genre de don de soi assez singulier, lui qui, par nature, pensait à ce qu'il pouvait tirer d'un échange. Luminara, elle, dansait certes parce qu'elle aimait la danse, mais parce qu'elle désirait faire plaisir aux autres. L'altruisme n'était pas spontanée chez le commerçant.

Aussi, lorsque, l'avant-veille, il avait croisé un drôle d'individu qui s'était présenté à lui en tant que Mécène et lui avait expliqué son métier, il trouvât fort ingénieux le principe: faire travaillr les autres et tirer du profit de leur labeur.

- Il est vrai que la chasse ne sera plus vraiment à ta portée pendant un moment. Veille cependant à ne pas te faire exploiter. Si les Ilédors sont aussi vls que tu le dis, ce n'estp as un Mécène qui risque de faire exception à la règle.

A la dernière question de son interlocutrice, il haussa les épaules.

- Je ne sais pas vraiment, pour ma part. L'existence de ce qu'ils appellent la monnaie rend les échanges bien plus aisés. Je pense qu'en quelques mois, je pourrais devenir le nouveau prince-marchand de cette Cité, surtout en cette période de siège. As-tu entendu de cet événement ? Des gens de chez eux se révoltent contre leur dirigeant.

La lueur démente de son regard scintilla.

- C'est quelque chose qui ne serait jamais produit à Arestim.

Puis, il écarta cette remarque d'un revers de la main.

- Bref, j'aime le défi. Me relancer ici dans le commerce ne pourrait être qu'un début. Dans mon esprit, il y a plus important: Lysandre est notre chef. Elle ne peut pas passer, du jour au lendemain, gueuse d'une cité de malfrats. Pour moi, elle doit trouver le moyen de s'imposer. Ailleurs, ou ici. Peut-être ce moyen existe-t-il ?

Il s'approcha doucement de Luminara et attrappa son bras.

- Cherchons une auberge. J'ai appris que tu avais été emmenée en prison avec elle. Vous auriez été violentes avec un Ilédor ?

Il lui sourit.

- J'aimerais que tu m'en parles.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyVen 9 Juil - 20:37

Luminara pensa un instant à la lignée de Chasseresses dont elle descendait. Oui, elles auraient détesté Edor Adeï et l'avilissement auquel la cité condamnait les femmes Hirune. Mais Edor Adeï, c'était aussi la survie alors que la mort les guettait tous et cela, Luminara ne l'oubliait pas. Elle commença par rectifier :

- Pour la chasse, ce n'est pas une question de portée, c'est une question de statut. Quant à ne pas me faire exploiter, c'est si je ne me trouve pas un Mécène rapidement que ça arrivera. Aucun Olaril n'a les moyens de vivre au rythme des riches Ilédors.

Un Mécène peut m'introduire dans les cercles ilédors. Oui, cet appui de base lui servirait de tremplin pour récupérer l'existence qui avait été la sienne. Elle espérait seulement être assez clairvoyante pour ne pas se laisser manipuler par un potentiel Mécène. Il fallait qu'elle parvienne à tirer son épingle du jeu au bon moment. Rien d'insurmontable, donc.

Quand Amiguel lui parla de ses projets, Luminara se laissa aller à rire. Elle pensa à son ambition dévorante et ne douta pas un instant qu'il y parvienne. Demain était tellement proche !

- Ça ne m'étonne pas de toi. Laetia a de la chance de t'avoir pour maître.

La jeune apprentie saurait-elle tirer profit de l'ascension d'Amiguel ? Elle l'espérait pour la jeune Olarile. Peut-être finirait-elle aussi redoutable que lui...

La conversation revint sur les dissensions entre les Ilédors. Luminara pensa un instant à tout ce qu'elle avait appris de la bouche de l'Oracle haï, puis en prison. Ce qui était certain, c'était qu'ils allaient devoir prendre parti dans cet immense échiquier constitué par Edor Adeï.

- Arestim avait la taille du plus petit de leurs quartiers. Et nos mœurs sont différentes des leurs.

Luminara avait hésité sur le temps à utiliser pour parler des coutumes olariles. Elle aurait du parler au passé, car tous les Olarils allaient devoir se plier aux règles ilédores, mais elle ne pouvait s'y résoudre aussi rapidement. C'était comme si elle concédait une victoire à Therdorus Uldarii qui les avait traitées de sauvages. L'impétuosité de Lysandre était une fois de plus en jeu. Sorastrata et elle continueraient à la soutenir, mais à quel prix ? Entendre que des gens comme Amiguel la soutenaient encore, malgré toutes les possibilités qui s'offraient à eux, était à la fois rassurant et effrayant. Lysandre pouvait démontrer son manque de maturité autant de fois qu'elle le voulait, elle était tout de même suivie...

Elle se laissa entraîner par Amiguel en souriant, mais elle était déjà plus loin. Rétablir Lysandre sur le trône, certainement. Faire mûrir la jeune femme, certainement. Retrouver leur gloire, certainement. Autant de rêves difficiles à atteindre rapidement. Il leur faudrait être patients...

- Tu le sais aussi bien que moi, sinon tu n'en parlerais pas. Oui, il existe un moyen, et les Hirune vont s'y jeter à corps perdu.

Parce qu'il était impensable qu'elle reste une sauvage tout juste acceptée par les Ilédors. Et elle voulait se venger de l'Oracle. Elle hésita un instant à en parler à Amiguel. Elle avisa son sourire charmeur, se souvint un instant de sa propension à la manipulation, puis de la grotte et lui répondit :

- Cette histoire de garde n'est plus actuelle, alors ?

Elle ne se souvenait plus du nom exact de la garde autrefois menée par Eldar Edorta, mais elle savait que sa cousine avait pensé à sa protection rapprochée et qu'Amiguel était plus que largement impliqué. Elle n'avait vraiment pas envie de revenir sur l'incident, mais elle consentit à en faire l'effort, après qu'ils se soient installés à la table extérieure d'une auberge quelconque :

- Tu n'es pas resté au Ceste Clouté, hein ? Eh bien, Mithra et moi avons pu parler à l'Oracle de leur dieu, Therdorus Uldarii, un homme imbu de sa personne et arrogant, qui occupe un statut très important et qui a annoncé notre retour. Il voulait nous parler, mais comme la discussion devenait trop capitale, je...

Luminara faillit dire j'ai fait l'erreur d'aller chercher Lysandre. Elle retint le flot à temps, et continua :

- J'ai été chercher Lysandre. L'Oracle, qui nous considérait déjà comme inférieures, nous a insultées après son arrivée, et il voulait les Tables d'Olaria et l'Épée de Bakarne. Tu connais Lysandre, elle s'est jetée sur lui.

Combien de fois encore raconterait-elle cette histoire douloureuse ? Elle espérait que ce serait la toute dernière fois.

- Et le puissant Oracle nous a fait jeter en prison comme des malpropres, après avoir pris les deux symboles, récupérés ensuite par Mithra Edorta. Nous avons été libérées par une certaine Vanhilde Tehanii, une Noble tout aussi méprisante que l'Oracle.

Difficile de cacher l'amertume et la rage qui la prenait quand elle y pensait. C'était un sentiment profond qui parcourait ses veines, et dont elle ne voulait pas se défaire.

- Comme je le disais, les mœurs sont différentes. Et en tant qu'Olarils, descendants de Bakarne, nous représentons pour les Ilédors une proie de choix : celui qui nous aura à ses côtés pourra tout revendiquer. Mais pas question pour autant de nous traiter en égaux...

Luminara allait continuer à déverser sa fureur pendant des heures si elle ne mettait pas un terme tout de suite à son flot de paroles. Elle respira calmement, puis, revenue à de nouvelles résolutions, elle murmura, une lueur forte et inébranlable dans les yeux :

- C'est pour ça que la seule solution est de reprendre cette cité entre nos propres mains, même si nous partons de rien.

En fait, elle n'aurait jamais dû en parler aussi explicitement à Amiguel, mais elle se fichait de ce qui allait lui arriver. Elle ne se sentait pas en danger et après tout, elle serait bien surprise d'apprendre qu'Amiguel n'avait pas sa propre idée derrière la tête. Elle savait intimement que rien ne l'arrêterait ; le temps de la peur et des secrets n'était pas encore arrivé. Pour le moment, elle était Luminara Hirune, une fille de Bakarne parfaitement apte à requérir le pouvoir – si Amiguel l'ignorait, elle se ferait un plaisir de le lui apprendre – une femme en quête de vengeance et de privilèges.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyVen 23 Juil - 8:48

Amiguel, à l'écoute du discours de Luminara fut surpris de noter un changement en elle. Il n'aurait aupravant jamais soupçonné qu'elle puisse ne serait-ce qu'un instant revendiquer un statut, quel qu'il soit. de fait, il laissa échapper un petit rire qu'il ne chercha pas à masquer. Ce n'était pas de la moquerie, non. Mais de l'étonnement.

Les paroles concernant la brigade de l'ombre le gênèrent un peu plus. Il ne releva pas de suite, se contentant d'écouter la jeune femme sans l'interrompre. A priori, Lysandre lui en avait touché deux mots.

Trop parler représentait un point faible, et il n'avait pas imaginé jusqu'à maintenant que le chef des Olaril puisse évoquer à quelqu'un d'autre que lui l'existence du groupuscule.

Restait à savoir ce que Luminara avait fait, faisait et ferait de cette information.


- La brigade... Commença-t-il, il est peut-être plus prudent qu'elle reste au plus noir de l'ombre pour le moment.

Il donnait ses mots avec prudence et parcimonie.

- Nous ne connaissons rien des Ilédors. Ils disposent certainement de réseaux d'espions bien plus performants. Et si, comme tu dis, ils n'hésitent pas à mettre des gens en prison sans jugement de leur chef - car je suppose que cet Oracle ne doit pas être le chef de cette Cité - alors mettre en péril nos hommes est hors de question. A moins...

Il esquissa un très léger sourire, énigmatique.

- ... que nous trouvions ces réseaux d'espionnage et qu'ils l'intègrent. Après tout, chacun de nous cherche à recycler ses talents.

Il s'arrêta ensuite quelques instants de parler, marchant aux côté de Luminara dans les rues commerçantes. "Reprendre cette cité". Il y aurait du travail. Mais Amiguel savait que Lysandre pouvait y arriver. Avec son aide.

Le ton nouveau dans la voix de Luminara ne surprit pas seulement Amiguel. Il le fit porter un regard renouvelé sur elle. La sauver de la mort avait été une très bonne chose, qu'il ne regrettait pas le moins du monde.


- Et que comptes-tu faire pour arriver à mettre Edor Adeï sous le contrôle des Olarils ? Jusqu'où es-tu prête aller ?... Et si tu échoues ?
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyJeu 5 Aoû - 12:39

Les sourires d'Amiguel la faisaient rire. Il y avait dans ces énigmes perpétuelles quelque chose qui avait traversé la Gérax, parvenant depuis le fond d'Arestim jusqu'à Edor Adeï. Elle avait renoncé à percer tous les secrets du commerçant, comme si le mystère dont il s'entourait était une garantie du passé qu'elle refusait d'oublier. Toutefois, il avait raison lorsqu'il disait que les Olarils ne connaissaient pas les Ilédors. L'inverse était également vrai, mais si les Olarils parvenaient à prendre l'avantage en devinant le prochain pas des orgueilleux Ilédors, la donne pourrait être changée. D'ailleurs, il y avait déjà une chose qu'elle pouvait éclaircir :

- L'Oracle n'est pas le chef de cette cité, mais il en est le chef spirituel et sa parole a beaucoup de poids. C'est lui qui a annoncé à son peuple notre retour et son influence n'est pas à négliger.

Luminara revit le manteau vert et le bijou d'or flamboyant. Dans son esprit, il y avait les gestes méprisants, les paroles blessantes et le regard hautain. Parlant sans s'en rendre compte comme s'il était un gibier traqué par une Chasseresse, elle continua d'un ton ferme, le regard dur :

- Il est ma cible.

Un jour, cet homme regrettera l'affront qu'il m'a fait. Elle ne voulait pas seulement pouvoir le tenir à portée de flèche, elle voulait pouvoir le regarder de haut, savoir qu'elle avait plus d'importance que lui, sachant parfaitement que ce serait pour lui la pire des insultes... Alors, elle estimerait avoir eu réparation du tort causé.

Quant aux réseaux d'espionnage à intégrer, Luminara ne se faisait guère d'illusion sur ses chances de les intégrer : elle était fichée comme Olarile et aurait pas mal de difficultés à se faire passer pour une Ilédore. Ce qu'elle voulait intégrer, c'était des réseaux contestataires. Si elle avait compris une chose de l'univers pervers des Ilédors, c'était bien que tous les coups étaient permis. Dans ce contexte, il était impensable que tels réseaux n'existent pas. Il suffisait de les trouver, et les Chasseresses finiraient par mettre la main dessus... D'un point de vue strictement concret, tout était encore à faire. Mais elle disposait de nombreuses pistes : il suffisait d'exploiter la plus prometteuse. Décidant qu'elle pouvait bien en parler à Amiguel puisqu'au point où elle en était, un peu plus ou un peu moins... Baissant involontairement la voix, elle continua :

- Ce que je compte faire ? Des milliers de choses. Nous verrons au fil de notre acclimatation s'il existe d'autres possibilités plus rapides, mais pour le moment, c'est un renversement du pouvoir pur et simple que nous voulons. Les Olarils seuls seront une force de frappe dérisoire, mais nous pouvons utiliser les dissensions internes de la cité. Trois forces sont en présence : les Révolutionnaires, les Dissidents et les Conservateurs. Mes premiers ennemis sont les Conservateurs ; je pense pouvoir approcher les Révolutionnaires. Lysandre aussi. Après tout, ils veulent rétablir un descendant de Bakarne sur le trône.

Les Olarils voudraient se servir des Révolutionnaires, qui voudraient se servir des Olarils. La lutte serait serrée, mais elle ne doutait pas qu'ils parviennent à tirer leur épingle du jeu au bon moment. Restaient deux questions dans les paroles d'Amiguel, auxquelles elle ne se déroba pas. Reprenant son souffle, elle dit :

- J'irai jusqu'au bout. En traversant la Gérax, j'ai réalisé mon plus grand rêve. Maintenant que j'ai vécu cet accomplissement, je peux me consacrer à ce qui me plaît. Et là, rien ne me semble plus important que de rétablir le nom des Hirune sur le trône.

C'était difficile à expliquer, mais elle avait atteint un sommet qu'elle ne pourrait plus atteindre. Elle portait en elle la réussite d'une expérience mortelle. Elle était libre de modeler son destin à son gré, parce qu'elle n'avait plus de rêve à réaliser. Elle était libre de vouloir la gloire pour les Hirune, de vouloir tenir Therdorus Uldarii en son pouvoir. Son autre désir le plus cher était de porter des enfants, mais elle voulait leur apporter une stabilité que les Olarils ne possédaient pas encore. Elle regarda un instant Amiguel, puis affirma :

- Et nous n'échouerons pas.

Comme le disait Sorastrata, celui qui gardait des forces pour le retour ne gagnait jamais. Elle n'avait pas à prévoir ce qui lui arriverait si elle échouait. Puis, un doute, infime :

- Mais toi ? Tu seras avec nous, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyLun 11 Oct - 16:44

Être avec eux ? Avec les Olarils, ou avec ceux parmi leur Peuple qui choisiront d'établir un nouveau Chef pour toute cette Cité. Pour tout ce continent dont les Ilédors parlents, et qu'eux-mêmes n'avaient jamais vu. Les tout petits descendants de Bakarne, maîtres d'un immense pays, alors que déjà Edor Adeï paraissait colossale ?

Oui, c'était assurément un défi à leur hauteur. A sa hauteur, également. Il y avait des challenges abordables, comme s'investir dans la vie commerçante de la ville, y faire ses marques, parvenir à devenir en quelques mois un riche Bourgeois, puis pourquoi pas, un de ces Nobles qu'il avait eu le temps d'étudier durant son observation sur le terrain. Ceci était un objectif intéressant, plaisant, mais il ne relevait que d'une ambition mesurée.

Par contre ... Soulever tout un Peuple, arriver à une guerre civile, puis mettre les Olarils sur le trône de ce titanesque village, voilà un objectif à sa hauteur, digne des plus légendaires desseins. Il eut un hochement silencieux de tête, alors qu'il réfléchissait à grande vitesse. Luminara réunissait tous les ingrédients nécessaires à porter le projet : la haine, l'envie de gloire, la soif de vengeance, et l'attrait du pouvoir, le plus grand désir qu'on puisse donner de ressentir. Elle semblait capable de tout terrasser.

« J'ai toujours été avec vous. » Fit-il avec un sourire énigmatique, alors qu'ils voyaient arriver une grande femme très mince, le visage anguleux, leur demandant ce qu'ils souhaitaient consommer. Amiguel n'avait pas à se soucier des pièces qu'il aurait à donner en échange d'une boisson ou deux. En consultant son consoeur Olarile, il leva le menton.

« Et si nous trinquions, hein ? » La grande serveuse attendit patiemment, elle semblait, de toute façon, prise dans ses pensées, et son esprit ne se ferait vif que lorsqu'il parlerait boisson ou nourriture. « Un peu de cidre ? » Le Siège n'avait pas encore saccagé toutes les réserves, il le savait pour avoir parlé longuement avec un caviste qui avait fait fortune avec ses vins millésimés. De quoi faire pâlir ce bon vieux Arngrim Edorta. Où qu'il soit.

Il attendit à son tour que la grande Ilédore fasse demi-tour en retenant parfaitement leur commande, avant de pouvoir continuer.

« Ces tensions entre les Ilédors ne peuvent qu'aider notre entreprise, dans ce cas. Ca fragilise le pouvoir actuel. » Il laissa un silence. « Ils savent tous qui tu es, désormais. Je suis persuadé qu'ils sauront te trouver. »

Il vit revenir la grande femme avec une bouteille qu'elle déboucha devant eux, deux verres en terre décorés de motifs d'arabesques. « Merci. » Fit le Commerçant en laissant dans la main de la serveuse les pièces qu'il devait.

Il servit les deux verres, présenta le second à Luminara, et leva son verre.

« A notre Avenir. » Souffla-t-il avec un léger sourire, complice, envers l'Hirune. Car assurément, si la Chasseresse voulait aller loin, il irait lui aussi au delà.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptySam 16 Oct - 16:22

Quand elle vit la lueur d'ambition passer dans les yeux d'Amiguel, elle réalisa qu'elle avait trop parlé. Il n'était pas dans ses habitudes de s'épancher et d'expliquer aussi clairement ses objectifs à quelqu'un – fût-ce l'homme qui lui avait sauvé la vie. Elle rougit, d'autant plus qu'Amiguel venait d'affirmer qu'il les appuyerait. Ses joues se colorèrent d'une charmante couleur écarlate, et cela faisait maintenant bien longtemps que ça ne lui était plus arrivé. Elle se croyait à l'abri de ce genre de réaction, mais apparemment... Son trouble ne dura qu'un instant très bref : elle se reprit quand il parla de trinquer. Voilà quelque chose qu'elle savait faire : les fils de Filhakan et leurs joyeuses soirées lui revinrent en mémoire le temps d'un sourire.

Les verres de cidre arrivèrent, et soudain, Luminara se sentit parfaitement à l'aise. Elle ne regrettait pas d'avoir parlé, même si elle avait conscience qu'elle aurait mieux fait de se taire, ou de le formuler autrement. Elle pouvait enfin prendre le temps de se détendre en compagnie d'un Olaril, et ce n'était pas assez arrivé depuis leur entrée dans Edor Adeï. Mais comme toujours, Amiguel évitait de parler de lui, et voulait seulement entendre les réponses qui l'intéressaient, avant de passer à autre chose. Malgré la surprise de l'entendre dire que les Révolutionnaires viendraient à elle, Luminara se laissa offrir le verre sans répondre. Elle allait ajouter quelque chose quand Amiguel leva son verre, trinquant à leur avenir. Elle sourit, leva son verre à son tour et répéta :

- À notre avenir !

Et puis, elle réalisa que, sans qu'elle ait vraiment compris comment ou pourquoi, ils avaient changé de registre. La situation avait quelque chose d'irréel et d'un peu fou. Jamais elle n'aurait pensé un jour se retrouver en train de se demander si le sourire calculé du commerçant se voulait séduisant ou simplement amical. Mais pourtant, elle pouvait bien l'avouer : le ton sur lequel il avait prononcé sa phrase, la manière dont il la regardait et le sourire qu'il affichait n'avait rien d'habituel. Elle aurait même dit, si elle n'avait été fermement convaincue du contraire, qu'il voulait lui conter fleurette.

Il y eut un instant de flottement, durant lequel Luminara hésita, puis elle croisa une nouvelle fois le regard d'Amiguel, et pour se donner contenance, elle but une longue gorgée de cidre. Puis, après un sourire, elle murmura :

- Qu'est-ce que tu voudrais ?

Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle lui demandait. Peut-être voulait-elle savoir s'il recherchait toujours le pouvoir, avec la même avidité qu'avant. Peut-être voulait-elle plutôt savoir quelles étaient ses intentions immédiates. Sa question n'avait rien de clair ; et finalement, sans doute que ça importait peu.

Ce qui était nouveau pour elle, c'était qu'elle envisageait Amiguel comme un homme qui pourrait peut-être chauffer sa couche. Elle était seule, depuis qu'elle était arrivée, et ne s'était pas approchée d'un seul Ilédor. Luminara n'avait guère besoin d'y réfléchir des heures : cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas pris d'amant. La seconde suivante : elle se gifla mentalement. Était-elle à ce point en manque pour passer en quelques instants d'une discussion tout à fait normale à une envie dérangeante ? Elle songea un bref instant au petit loup, son frère. Il avait dû se tromper. Et puis, peut-être bien qu'elle avait envie de savoir si le commerçant se défendait aussi ardemment entre des draps que devant son échoppe. Elle se demandait d'ailleurs si Lysandre connaissait la réponse et regretta un instant de ne jamais le lui avoir demandé.

Finalement, Luminara n'avait même plus envie d'entendre Amiguel lui répondre. Elle avait envie de sourire à la figure scandalisée de toutes ces Ilédores puritaines, qui refusaient de laisser leur corps et leurs envies s'exprimer. Elle était Olarile et vraiment fière de l'être... elle n'allait certainement pas céder le pas aux coutumes des habitants d'Edor Adeï. Tout lui semblait soudainement aussi simple que s'ils étaient aux bains de la lointaine Arestim, ou au coin d'un feu brûlant des fils de Filhakan.

- Dis-moi, Amiguel... tu t'es trouvé une compagne, ces derniers jours ?

À ceci près que les yeux de Luminara recelaient une étincelle laissant peu d'ambigüité.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyMar 2 Nov - 17:26

Voir le rouge monter aux joues de Luminara Hirune n'était pas chose commune. En réalité, il ne pouvait se vanter d'avoir déjà réussi à l'intimider. Du moins, interprétait-il cette coloration ainsi. Quelque chose le toucha énormément, plus encore que de gonfler son égo. Il devait admettre qu'elle semblait à fleur de peau, et il était peu courant de voir la Danseuse aussi émotive. C'était étonnant, et quelque peu touchant.

Pour ne pas risquer de la mettre plus encore mal à l'aise, il ne lui fit aucune remarque, bien qu'il aurait été facile de le souligner, de lui lancé une ou deux élégantes répliques, comme il savait si bien le faire. Le Commerçant n'était pas moqueur, mais appréciait parfois de taquiner ses interlocuteurs, surtout lorsque cela pouvait le mettre au dessus des autres.

Mais, rien de disgracieux ne vint troubler cet instant, car la Chasseresse se reprit vite, et il accompagna son effort par un sourire discret. Elle trinquait, ils boiraient ensembles, et le moment paraissait propice aux confidences, malgré ce qu'ils voulaient bien cacher, l'un et l'autre. L'atmosphère restait amicale, sans doute le cidre n'y fut-il pas étranger, quoi qu'il en soit, Amiguel appréciait de plus en plus partager ce moment avec l'Hirune. Cette fière Hirune, emprisonnée pour avoir soutenu Lysandre quoi qu'il en coûte, noble dans ses postures, gracieuse et féline dans ses gestes... Le verre qu'il avait entre les mains fut bu en de longues gorgées.

Longues gorgées qui lui permirent d'observer la jeune femme. Elle semblait pourtant vouloir discuter... Et le Garthésia fut surpris de cette question. Il prit cependant du temps pour reposer son verre, sans quitter ce sourire de ses lèvres, et sans non plus la quitter des yeux.

« Ce que je voudrais ? » Il ignorait où voulait en venir la Chasseresse. Parlait-elle de l'immédiat ou de l'avenir qu'il avait lui-même évoqué ? En réalité, converser de ses objectifs était délicat dans l'instant présent, et sans savoir réellement pourquoi, il avait choisi de prendre une direction toute autre... « Je voudrais que les deux Ilédors derrière toi cessent de t'admirer. » Lança-t-il d'une voix plus grave, sans qu'il n'y ait aucune trace d'animosité.

Compliment ou simple façon de détourner la discutions ? Les deux Bourgeois qui prenaient un pot, à la table derrière eux, devaient fêter une bonne affaire conclues entre eux deux. Vraisemblablement, ils en étaient pas à leur première chopine. Le vin qu'il voyait tanguer dans leur verre devait jouer sur leurs regards insistants.

Amiguel n'appréciait pas qu'on puisse manquer autant de respect à une femme. Certes, il était bien naturel, et d'autant plus dans la société Olarile, de contempler les belles plantes, mais il résidait dans leurs yeux des notes bien peu élégantes. Indignes certainement de la noblesse de Luminara. En fronçant légèrement les sourcils, il haussa les épaules, sans paraître affecté.

« Les Ilédors gardent à l'esprit les moeurs différentes que les Olarils ont pu leur conter. Veux-tu que nous allions plus loin ? » S'il savait que l'Hirune était fière, il ne doutait pas que quelques remarques désobligeantes de la part de ces hommes, qui ne se contenteraient peut-être pas de regarder, suffiraient à la faire sortir de ses gonds. Et il n'avait aucune envie que leur instant soit partagé avec quiconque...

Il lui semblait que le regards de Luminara était une invitation. Bien qu'il ait une haute opinion de lui-même, il peinait à croire qu'une femme puisse lui exprimer ainsi quelques opinions, sans qu'il n'ait eu à volontairement lui faire ressentir autant de chaleur. Il finit son verre d'une traite, prenant le prétexte de leur départ imminent, pour se ressaisir et rapidement prévoir la suite. Amiguel Garthésia n'aimait pas être surpris. Il préférait toujours avoir une longueur d'avance.

« Une compagne ? » Il n'avait donc pas interprété faussement ces deux iris-là. La Danseuse devait ressentir cette solitude que chaque Olaril pouvait étreindre le soir venu, alors qu'un Autre est resté derrière la Gérax, ou qu'une présence réconfortante se fait trop absente. Mais il avait presque oublié que Luminara était une fille de Filhakan plus que d'Hésione la farouche...

« Ces derniers jours ? » Il eut un sourire, en baissant les yeux. Quelque chose d'énigmatique sur son visage plus pâle, comme s'il hésitait entre la fanfaronnade et la sincérité. Cependant, le choix fut vite fait. « Il n'a pas été si facile de pouvoir se laisser aller, depuis le Réveil de la Gérax et les catastrophes que nous avons dû surmonter. Non ? »

Ce dernier échos lui renvoyait l'appareil. Il chercha à sonder dans son regard l'étendue de sa Volonté. Ou plutôt, de son désir. Qu'une femme vienne à lui, sans qu'il n'ait délibérément œuvré pour l'étonnait. Le touchait. Le flattait, certes. Et il se demanda même s'il ne l'avait pas inconsciemment invitée, elle aussi...
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptySam 6 Nov - 22:04

Luminara ne se retourna même pas. La réplique lui faisait plaisir – forcément – mais elle n'avait pas envie de détourner son attention de lui. Elle était sur le point de lancer une remarque acide, mais elle se contint, parce qu'elle préférait profiter des quelques instants d'incertitude, avant que leur conversation bascule et dérape. Parce que si elle continuait dans ce sens là, leur discussion ne serait pas la seule à déraper... Alors, elle fit la moue, prenant une pose délibérément calculée. Elle se sentait plus féminine que jamais, comme si les mois de crasse et de privations n'avaient jamais existé. Et surtout, elle se sentait à son aise. Que lui importaient deux idiots dont elle n'avait strictement rien à faire ?

Elle imita le geste d'Amiguel et termina son cidre en quelques gorgées. Très bien, qu'ils partent de là. Elle avait envie de se prêter à ce jeu nouveau avec l'Olaril, de discuter à mots couverts, puis de lentement sombrer vers autre chose – si tant était qu'il soit encore seul, et pas encore gagné par les stupidités Ilédores. La phrase suivante la rassura sur ce plan-là : Amiguel n'avait pas changé, et son mépris pour l'humanité entière s'appliquait aussi aux Ilédors. Luminara secoua la tête, désabusée, et partit d'un petit rire, avant de se lever et de le suivre, en se demandant où il allait l'emmener. C'était lui qui avait la main, même si elle était celle qui avait commencé. Qu'il la surprenne, et elle lui ferait passer une soirée mémorable...

Puis, il y eut encore une demi-réponse, doublée d'une question. Luminara croisa un instant le regard d'Amiguel, plutôt satisfaite de le découvrir seul. Et profita de l'instant pour se remettre en perspective. Depuis que la Gérax avait explosé, elle avait eu d'autres chats à fouetter. Elle n'avait pensé qu'à sa survie, puis à la survie des siens. Toutefois, en y repensant bien, Amiguel l'avait déjà troublée, dans cette fichue grotte où elle avait failli perdre la vie. Mais la situation était tellement différente qu'il n'y avait pas vraiment de comparaison possible. D'ailleurs, depuis qu'ils étaient solidement installés en Edor Adeï, la vie reprenait son cours. Pour certains plus rapidement que pour d'autres. Elle finit par acquiescer :

- Effectivement.

Se laisser aller n'était pas le terme qu'elle aurait choisi. Se trouver un compagnon ne relevait guère du laisser-aller, pour elle. Toutefois, s'il était question simplement de désir charnel, elle saisissait mieux ce qui avait poussé Amiguel à utiliser l'expression. Elle renonça à le gourmander à ce propos, puis lâcha :

- Tant mieux.

Et elle marcha à ses côtés sans un mot de plus. C'était à son tour. Elle estimait avoir été suffisamment claire ; elle n'entendait pas essuyer un refus, ni même lui exprimer sans cesse un désir qu'elle n'aurait jamais pensé éprouver. Car oui, elle s'en rendait compte à présent, et pouvait bien se l'avouer, elle avait envie de lui. Cela n'impliquait pas grand-chose, seulement les perspectives d'un long et agréable moment. Un moment dont elle espérait sincèrement qu'il en avait tout autant envie qu'elle.

Tout en marchant gracieusement à ses côtés, voyant à peine les merveilles d'Edor Adeï, Luminara sut qu'elle n'aurait jamais partagé la couche d'un Ilédor. Ces derniers étaient trop maniérés, trop efféminés, trop sophistiqués, et sûrement trop doux. Avec toute la bonne volonté du monde, elle ne parvenait pas à trouver les artistes qu'elle commençait à côtoyer attirants. Elle voulait un Olaril, viril et puissant. Un homme capable d'apprécier son corps musclé de Chasseresse, son corps délié de Danseuse, et de considérer sa sauvagerie comme un aspect séduisant. Un sourire que d'autres auraient jugé carnassier étira ses lèvres. Les Ilédors devaient être de bien piètres amants...
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyMer 29 Déc - 18:26

Quelques petits mots pouvaient largement flatter un homme. Un compliment ou une admiration même silencieuse. Pourtant le simple « tant mieux » de Luminara voulait en dire bien plus qu'une réplique. Oh, certes, elle avait le dernier mot ainsi, le Garthésia avait appris avec le temps et les rumeurs, les éclats de voix même, que les Hirune, fières, n'appréciaient pas de laisser l'interlocuteur finir. Elle avait pourtant débuté... A la fois il se sentait très à l'aise dans cette démarche, lui qui la conduisait où il le déciderait, selon sa propre Volonté, et pourtant, elle ne paraissait pas en reste, pas en retrait.

Elle ne le suivait pas vraiment, et il se demandait même si elle n'était pas une habile manipulatrice. Car s'il avait la sensation agréable de parfaitement tout contrôler et de faire ce que bon lui semblait avec élégance et souplesse, la Chasseresse, elle, pouvait insinuer de façon égale ses souhaits, sans qu'il n'ait à trop insister, sans qu'elle n'ait à trop les imposer. C'était étonnant. Plaisant, mais étonnant encore.

Elle n'eut nul besoin de converser alors. Tout était parfaitement exposé, et il avait simplement à cueillir les offrandes de Luminara. Mais le subtil plaisir de cette sensation que rien n'était encore tout à fait joué rendait la partie bien plus palpitante !

« A t'entendre, je ne peux que déplorer qu'aucun de ces Gentils Hommes n'aient voulu t'enchaîner. » Il leva un sourcil, qui répondait parfaitement au sourire de fauve de la jeune femme. « Ils n'auront pas eu assez de courage pour affronter une Hirune. » Un tel charisme impressionnait les Ilédors, et après tout, elle avait été enfermée avec Lysandre ; dans l'esprit de ceux qui la reconnaissaient, Luminara était une sauvage qui certes pouvait vivre parmi eux, mais dont il fallait quand même se méfier.

On apprivoise jamais tout à fait une Louve, même un Chat peut s'avérer dangereux... Pour accompagner l'allure, il se saisit de sa main. Pas avec la délicatesse d'un Ilédor, ni la brutalité d'un Pélégon. Car Amiguel avait été un Olaril raffiné, bien que comparé aux Nobles, il soit bien rustre... Ah, mais il faisait pratiquement illusion, parmi eux, seuls les yeux avertis pouvaient désormais savoir qu'il n'avait rien d'un Bourgeois... Le Garthésia s'arrêta bientôt devant une porte où une trappe permettait de contrôler les allées et venues.

En frappant, deux gros yeux -dont un bien noir- les toisèrent. Et on ouvrit lorsque l'on reconnut Amiguel. Il était évident que deux mois suffisait lui suffisait pour lier quelques contacts, surtout lucratifs, et intéressants. Il invita Luminara à entrer la première, non d'une courbette, mais par un habile geste de la main, plaçant sa paume bien ancré sur sa hanche.
Avec les yeux félins de la Chasseresse, il aurait été inhumain de ne pas profiter de cette occasion... Ce jeu ne l'amusait pas autant qu'il attisait son désir, c'était désormais certains. Il aurait été moins efficace de lui avouer sans détour sa soif, Luminara avait déjà suffisamment dévoiler ses intentions.

Derrière elle, il la menait dans quelques couloirs éclairés, où parfois ils croisaient des Ilédors. La majorité semblaient aisée, du moins, beaucoup étaient certainement Bourgeois, voire Noble de Rang. Dans son dos, il accompagnait ses pas, désormais deux mains sur ses reins. Étonnant comme ces formes pouvaient paraître plus appétissantes, maintenant qu'il s'en trouvait si prêts...

Enfin, après un croisement, ils pénétrèrent dans une salle illuminée de lustres au plafond, loin d'être luxueux, mais pas tout à fait grossiers. Cependant, cela ne ressemblait certainement pas aux salons de la Noblesse... Mais l'on était loin du tripot des Humbles ! Devant eux, trois tables de jeux, des cartes, des dés et une petite table de Hopis où deux Ilédors semblaient concentrés.

« Viens. »
Fit-il en l’incitant à passer sur la gauche. Derrière un rideau de perles terni, se trouvait de petites tables ovales aux nappes colorées. « J'ai découvert le Taderrion. Ca se joue à deux. » Baissa-t-il d'un ton, presque sans s'en rendre compte. Presque... Car déjà il l'invitait à s'asseoir à l'une des tables, la salle laissait voir les tables de jeux au travers des perles, mais restait vide à cette heure. Elles se remplissaient en général plus tard dans la soirée...

« L'un des joueurs lance une affirmation. Si l'un ou l'autre des adversaires peut répondre « oui » à cette affirmation, il aura à boire un verre de Taderrion. Celui qui a perdu est celui qui a bu le plus de verres... » Il plissa les yeux, en sortant de sous la table une pleine bouteille où l'étiquette indiquait « Taderrion-Lie 10 ans d'âge », et deux petits verres droits.

« L'on gagne à coup sûr, si l'on connait bien son adversaire. » Murmura le Garthésia en débouchant la bouteille, et en servant deux verres d'un geste souple. Il ignorait s'il connaissait suffisamment Luminara pour vaincre sans mal. Mais, assurément, il en apprendrait d'avantage avec ce jeu.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyMar 8 Mar - 21:39

Les idées qui traversèrent Luminara aux mots d'Amiguel n'avaient rien d'innocent. Chaînes et autres entraves avaient pour elle une signification ambigüe. Jamais elle ne se serait laissée soumettre au cours d'une joute amoureuse, et il n'était pas né celui qui y parviendrait. Toutefois, le compliment qui suivait agrandit son sourire. Elle leva son regard sur Amiguel, le trouva plus sensuel que jamais et laissa toutes ses envies danser au fond de ses prunelles. Elle en aurait ronronné de plaisir, mais elle se contenta de répondre lascivement :

- Toi, tu l'aurais ?

Une petite pique, une invitation... C'était comme de lui dire : « jouons, alors ». En réponse, il prit sa main, et Luminara en apprécia le contact ferme et chaud. Elle qui l'avait toujours trouvé glacial et insensible, elle était bien détrompée. Alors qu'elle mourrait d'envie de répondre à son geste par quelque chose d'autre – elle n'allait tout de même pas se jeter sur lui au milieu de la rue, c'était ridicule – Luminara se contint, fermement décidée à ne pas perdre à son propre jeu. Elle était à peine attentive aux lieux qu'ils traversaient. La splendeur des rues d'Edor Adeï n'avait plus le même charme des premiers jours, et ce fut seulement quand Amiguel la fit passer devant elle qu'elle prit réellement conscience de l'endroit où ils se trouvaient, se souvenant vaguement être déjà passée par là. Appréciant la caresse, elle se déroba rapidement, comme si elle voulait lui signifier que tant qu'il ne dirait rien, elle lui échapperait.

Quand elle découvrit la salle de Jeux, elle apprécia aussitôt l'atmosphère étouffante et de l'endroit. Il y faisait chaud – elle aurait même dit brûlant – et calme. Amiguel la fit passer derrière un lourd rideau et son cœur s'accéléra, avant qu'elle ne laisse entendre un petit rire en comprenant ce qu'il voulait. Incrédule, elle secoua la tête. Amiguel, qui avait tout de même eu l'air contrarié la dernière fois qu'elle lui avait proposé un jeu, était sérieusement en train de l'inviter à commencer une partie de Taderrion. Où avait-elle raté le code ?

Elle s'installa toutefois face à lui, en un mouvement qui n'était pas vraiment naturel et plutôt terriblement aguicheur, mais elle n'en était plus à ça près. Elle regarda ses gestes mesurés – et elle lui en voulait presque de conserver ainsi son sang-froid, alors qu'elle s'enflammait un peu plus à chaque seconde – et attendit patiemment qu'il termine ses explications. Elle avait presque l'impression d'être à nouveau en traque. Et cette impression se reflétait directement dans son regard.

Elle commença par jauger son verre. L'alcool ne la rendrait pas ivre, grâce aux habitudes prises chez les fils de Filhakan, seulement plus... entreprenante. Et ce n'était pas tellement un mal, dans ce cas-ci. Amiguel fit un geste de la main, l'invitant à commencer. Elle croisa son regard, en se disant que vu les préjugés qui avaient toujours été de mise entre eux, la victoire ne serait pas facile à obtenir. Qu'importait. Elle commença, incapable de retenir ce qui lui venait en premier à l'esprit :

- Tu vas tricher à ce jeu.

C'était qu'elle venait de réaliser que le Taderrion était une porte ouverte à mille et un mensonges. Elle n'avait aucune certitude, et a priori, lui non plus. Qui contrôlerait la véracité de leurs réponses, sinon ? Luminara l'imaginait très mauvais perdant alors oui, s'il buvait comme elle s'y attendait, elle marquerait déjà un point. Mais peut-être qu'au fond, elle espérait que justement, il ne boive pas. Et puis, c'était une manière pour elle de savoir à quoi s'en tenir. Après tout, s'il ne portait pas le verre à ses lèvres, ses questions pourraient être autrement amusantes...
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyJeu 10 Mar - 19:28

Ses doigts serpentèrent jusqu’au verre droit, rempli d’alcool, et s’en saisirent avec ambiguïté. Les deux billes bleues d’Amiguel ne contrôlaient pas son geste ; ils ne pouvaient littéralement pas quitter les lueurs que produisaient le regard de la Danseuse. Elle laissait lire dans ses prunelles mille tentations, les courbes n’étaient que trop bien dessinées sur cette silhouette qu’il ne se cachait pas pour admirer, pour qu’il puisse avoir besoin de regarder sa main lever le verre.

Ses lèvres s’entrouvrirent, mais il se stoppa dans son élan. Alors que le liquide à l’odeur forte allait couler dans son gosier, le Garthésia s’immobilisa, leva un sourcil entre provocation et interrogation, en direction de sa partenaire de Jeu. Que voulait-elle, elle ? Qu’il avale son verre, qu’il déclare être prêt à tricher, pourvu qu’il puisse gagner, et qu’elle ait bu assez de verres pour la laisser totalement désinhibée ?

Car dans le fond … N’était-ce pas ce qu’il souhaitait ? Discuter avec l’Hirune avait été une surprenante expérience, se laisser prendre au jeu des provocations, un plaisir anodin qui finalement n’était pas si innocent. Il se rendait à peine compte qu’il se laissait consciemment envahir par l’idée de la manipuler, la pousser à la faute, autant qu’il signait le même contrat en retour. Il gardait l’espoir en surface, qu’il maîtrisait la partie, que tout ceci n’était qu’un jeu, une démonstration de la supériorité de l’esprit, à qui sait contrôler ses émotions et ses pulsions...

Le verre se reposa, encore entièrement plein. Non. Il ne tricherait pas. Son sourire, carnassier, dévoila des dents blanches. « Je n’ai pas besoin de tricher. » Murmura-t-il d’un ton condescendant, alors que son visage exprimait une complicité sans borne.

Un instant, le silence resta lourd dans cette alcôve. Cherchait-il la juste question qui lui offrirait la victoire sur cette manche ? Il ne paraissait cependant pas être pensif. Ou alors, ses pensées étaient loin de concerner le Taderrion... Amiguel se souvenait avoir souvent vu Luminara danser lors des Fêtes Olariles. Il se souvenait des propos et des regards des hommes autour de lui. Il se souvenait avoir pensé qu’elle était gracieuse et souple.

Mais il ne se souvenait pas avoir songé à sa sensualité, à l’attrait de ses lèvres aux commissures tombantes. A la couleur particulière de sa peau qui, par la chaleur, luisait. Il ne se rappelait pas avoir eut l’envie de la défier, comme s’il s’agissait de deux femmes différentes. Celle qu’il fixait intensément était un objet de fantasmes.

Il plissa les yeux.

« Tu aimerais que je gagne. » Sans détourner les yeux, le Garthésia défit sa veste, d’une facture élégante, dans un beau tissu à la mode Ilédore. L’atmosphère de la Salle de Jeux était lourde, et il était temps de se mettre plus à son aise...
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyVen 11 Mar - 19:48

Amiguel prit son verre sans cesser de la regarder. Elle aimait son regard sur elle, tout comme elle aimait avoir la sensation de le troubler. Toutefois, depuis quelques secondes, Luminara focalisait son attention sur le verre qu'il tenait à la main. Allait-il boire, oui ou non ? Sa lenteur délibérée finit de convaincre Luminara qu'elle avait déjà marqué un point, et elle se sentit étrangement flouée lorsqu'il reposa le verre, malgré le regard qui les lia durant quelques secondes. Son sourire lui sembla des plus sauvages, et elle ferma un instant ses paupières pour se reprendre. Lèvres entrouvertes, elle laissa échapper un soupir et rouvrit les yeux. Elle avait l'impression d'être une petite fille à qui la glace promise ne serait accessible que si elle était sage. Et dans ce cas précis, rester sage lui semblait de plus en plus compromis.

Toutefois, à son affirmation tout juste suffisante, un léger ricanement franchit ses lèvres. Il n'avait pas besoin de tricher ? Elle aurait sans doute dû boire elle, alors, et joyeusement le faire tourner en bourrique. Elle lui lança un regard sceptique, puis répliqua avec un sourire, s'accoudant sur sa main gauche :

- Quelle prétention...

Elle la lui ferait rentrer dans la gorge. Pourtant, c'était un trait qu'ils partageaient, au moins pour cette fois : elle-même n'envisageait plus de perdre. Se prenant au jeu plus qu'elle ne l'avait prévu, elle attendit sa question sans même réaliser qu'elle le fixait avec l'attitude d'un fauve prêt à bondir sur sa proie. Finalement, il posa nonchalamment sa question, et cette fois-ci, Luminara retint son sourire, se contentant d'un regard mutin. Espérait-il réellement qu'elle veuille le laisser gagner ? Elle allait se faire un plaisir de lui démontrer le contraire. Elle gagnerait, certainement pas lui. Luminara n'hésita pas, pesant en quelques instants l'utilisation du conditionnel, et répondit :

- J'ai bien peur que ce soit un coup dans l'eau...

Et elle posa un regard appréciateur sur la carrure d'Amiguel, qu'un geste souple et élégant venait de lui révéler. Luminara s'interdit de regarder plus loin : elle entendait garder la tête froide un peu plus longtemps. Jusqu'à le faire craquer lui... Elle réfléchit à son tour. Elle savait quelle question poser pour immanquablement avoir un oui, mais elle voulait garder ce joker un peu facile pour plus tard. Comme ils en étaient à égalité, elle pouvait se permettre de continuer un peu dans les incertitudes. Et puis, la boisson délierait les langues, peut-être en viendraient-ils à des questions plus piquantes après quelques verres. Ses yeux vrillèrent à nouveau ceux d'Amiguel, tandis qu'elle affirmait, se souvenant au bon moment d'une vieille discussion :

- Tu ne supportes pas l'idée d'être ivre.

Il ne l'avait jamais dit, certes, mais au vu du goût d'Amiguel pour la maîtrise de soi, il n'était pas difficile de deviner qu'il détestait ne plus contrôler ses paroles ou ses gestes. En fait, Luminara aurait plutôt eu envie de lui demander s'il avait jamais aimé. Amiguel lui semblait tellement détaché de tout ce qui touchait de près ou de loin à l'humanité qu'il lui semblait difficile de concevoir qu'il puisse aimer sincèrement. Mais elle était curieuse, presque avide de savoir s'il avait un jour connu le sentiment. Qu'il sache donner du plaisir à une femme, elle n'en doutait pas un instant, mais la nuance lui paraissait de taille... Toutefois, elle ne voulait pas sombrer dans le registre sentimental. Paradoxalement, face à l'homme qui la rendait folle de désir, une telle question sonnait presque comme un affront. Sa question aurait pu être prise comme une insulte, et ce n'était pas son intention. Son intention actuelle, en fait, c'était plutôt de... vérifier par elle-même les performances d'Amiguel.
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Amiguel Garthesia
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyLun 21 Mar - 20:32

Amiguel eut un sourire franc lorsqu’elle prononça la fameuse question. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle penche de ce côté-ci, et s’ils avaient tous deux effectué un tour de chauffe pour se mettre en condition, les prochaines manches risquaient d’être plus musclées. La compétition était lancée bel et bien, par la Danseuse, et le Commerçant devait avouer s’être laissé surprendre.

Il l’aurait cru plus sinueuse, avant d’en arriver à des notes plus personnelles, une petite joute pour tester les défenses de l’autre, avant de frapper, d’ici quelques minutes, lorsque les deux seraient à court de questions bateaux. Cette fois, pourtant, Luminara ne semblait pas vouloir attendre, ni tourner autour du pot plus longtemps. Ils partaient donc sur ces sujets plus sensibles... C’était comme il lui plairait.

Cette fois, le geste n’était pas fait pour rester mystérieux et plein de suspense, non. Il prit son verre, alors que son visage s’était refermé, sans pourtant sembler froid. Il n’avait pas l’intention d’avoir le rôle du mauvais joueur, et il fallait avouer sa défaite lorsque l’ennemi savait percer sa chemise d’une lame... Il but une gorgée qui piqua sa gorge. L’alcool de Taderrion était fort, spécialement conçu pour que le jeu tourne vite mal. Son goût n’était qu’acide et chaleur dans la bouche, et crispa les dents en fronçant le nez, avant de rapidement reprendre une posture qui lui sied plus.

Elle devait, elle, avoir la bouche et l’estomac familiers de la boisson. Lui se retirait toujours des Fêtes organisées pour les Dieux. Non pas par défiance envers eux... Mais il avait été très vite convaincu de leur divinité partielle. Comment avait-il pu l’expliquer, avant qu’ils n’arrivent en Edor Adeï ? Il avala l’alcool.

« Jolie attaque. » Souffla-t-il en plissant les yeux, ses cils lui barrant à moitié la vue. Elle avait, en apparence, reprit une belle contenance, et, une seconde, l’affront lui piqua la gorge. A moins que ce ne soit l’alcool ? Elle ne peinait pas à résister ? A en vouloir plus ?

Sa question pourtant démontrait le contraire... L’Hirune voulait faire bonne figure et les apparences devaient être maîtrisées lorsque l’on danse, ou que l’on lutte. Il dévoila à nouveau ses dents.

« Tu espérais que je te dises « non » lorsque tu m’as demandé si j’avais trouvé compagne ici. » D’un geste faussement machinal, mais qui faisait parfaite illusion, le Garthésia jouait avec son verre, désormais à moitié vide. Le son du circuit de son doigt sur le mauvais cristal n’était pas aussi délicat que les coupes qu’on servaient dans les Quartiers Nobles. Il aurait prochainement l’occasion de le reconnaître par lui-même.

Pour l’heure, il n’attendait qu’une seule chose.
Que Luminara vide cul-sec ce petit verre de Taderrion.
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Luminara Hirune
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyDim 3 Avr - 15:50

Une moue satisfaite sur les lèvres, Luminara observa Amiguel vider le verre. Sur ce point-là, elle n'avait pas vraiment eu de doutes quant à sa victoire. Elle tenta de ne pas laisser son regard dévier sur le reste de son corps et se concentra sur le Taderrion. Mais si cela n'avait tenu qu'à elle, la danseuse aurait pris le verre de ses mains et l'aurait remplacé sans plus faire d'histoire. Seulement, la sensation que ce geste précis la ferait perdre était trop forte et l'idée lui était intolérable, surtout après sa dernière affirmation. Amiguel reposa son verre, et Luminara fit taire son impatience. Et elle écarquilla les yeux en réalisant qu'il en laissait la moitié. Tout en se demandant si elle devait considérer que la réponse à sa question était un « oui » mitigé, elle attendit le geste suivant, celui qui viderait le verre en entier, mais il ne vint pas. Sur le fond, cela venait confirmer qu'il n'aimait définitivement pas être ivre, mais sur la forme... elle le tenait. Elle attendit patiemment de voir s'il changeait d'avis, mais il ne se préoccupa plus du reste et osa même lui poser une nouvelle question. Question qui envoya des papillons dans le ventre de la Danseuse.

Toutefois, elle ne l'entendait pas de cette oreille. Il avait posé une question, démarrant un nouveau tour et perdant l'opportunité de terminer son verre à temps. Elle jaugea son propre verre quelques instants, jouant d'expressions qu'elle pensait avoir oubliées. Puis, elle releva un regard délicieusement indécent sur lui. Elle ne retint plus son sourire, et se pencha en avant, au-dessus de la table, avant de lui dire en face :

- Je ne répondrai pas à ta question tant que tu n'auras pas bu ton verre en entier, Amiguel.

Et elle dirigea son regard sur le petit verre à moitié plein, avant de revenir à lui. Elle n'aurait jamais cru qu'il tenterait de tricher. Qu'espérait-il ? Qu'elle ne le remarque pas ? La provoquait-il ? Si c'était le cas, c'était réussi... S'approchant dangereusement de son visage, elle continua, avec une apparence tranquillité qu'elle se félicitait de parvenir à feindre :

- Et ensuite, je remplirai encore ce verre, et tu le videras à nouveau, parce que tu viens de tricher au jeu. Et que tu me dois donc le verre de ma première affirmation.

Elle resta encore un infime instant près de lui, puis se recula sur son siège. Luminara ne bougea plus, lui signifiant par son regard qu'elle ne ferait plus rien tant qu'il n'aurait pas obtempéré. Seulement... Amiguel ne fit pas un geste. Luminara poussa une petite exclamation de surprise – après tout, il était celui qui avait fixé les règles – puis croisa les jambes, appuya son menton sur sa main droite repliée et se reprit :

- Et si tu refuses... Je te ferai boire moi-même.

Elle avait susurré les deniers mots, laissant entrevoir un moment lascif... et charnel. Mieux qu'une menace, c'était une promesse. Plusieurs choses des plus explicites étaient en suspens entre eux, et difficile de ne pas se laisser aller alors que l'air était chargé de concupiscence... Mais elle ne le laisserait pas s'en tirer à si bon compte. Elle avait maintenant deux verres d'avance sur lui – enfin, elle les aurait sous peu. Oui, pour le moment, ce petit jeu était un succès. Surtout si l'on considérait qu'elle avait un parfait prétexte pour passer à l'étape suivante.

Et puis, elle aurait aussi un verre à boire. Parce que, comme celui qu'elle aurait sous peu dans sa couche l'avait calculé, elle espérait effectivement qu'il réponde « non » quand elle lui avait demandé s'il avait une compagne.

Soit. Ce Taderrion n'avait pas l'air mauvais, et elle lui ferait son affaire.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyDim 1 Mai - 19:28

L’oeil d’Amiguel sembla laisser passer une seconde d’hésitation. Cette seconde même qui laissait un dernier choix, avant d’arriver au point de non-retour. A quoi jouaient-ils ? Ils étaient tous deux d’anciennes connaissances, ils n’avaient jamais eu l’un pour l’autre que des sentiments neutres, voire quelconque, parfois même quelques soupçons. Ils s’étaient jaugés trop souvent, même de façon inconscientes. Ils avaient été réuni par le plus grand des hasards lors de l’Avalanche, et il semblait que le confinement les ai fait changer.

Changer en profondeur.
Le verre qui se trouvait à moitié plein fut vidé à petites gorgées, dans un geste d’une lenteur insoutenable, l’alcool prenant plus de force ainsi siroté. Sans jamais quitter des yeux sa partenaire de jeu, le Garthésia se servit un second verre, sans aucune parole. Il était inutile, vraisemblablement, d’avoir à ouvrir la bouche pour autre chose qu’aspirer le Taderrion.

La fièvre monta jusqu’à ses yeux, il sentit une bouffée de chaleur l’envahir. La menace de l’Hirune avait été tellement tentante, qu’il avait dû hésiter un instant. Mais il ne lui ferait pas le plaisir de résister et de la forcer à prendre la main, elle n’attendait qu’un geste de sa part pour maîtriser la partie. La seule chose qui pouvait la retenir de ne pas s’élancer comme le faisaient les Chasseresses face à une proie, était la secrète volonté qu’ont les Fauves à être dompté.

Le sourire d’Amiguel témoignait de sa réflexion, et il empoigna la bouteille d’un mouvement vif, que l’alcool rendait cependant moins précis. Il ne fut pas nécessaire qu’il calcule cependant son prochain geste ; dans une lancée qui put paraître ivre, l’homme se leva, chassa la table qui les séparait d’un coup de pied maladroit mais efficace. Dans un grand fracas de bois et de verre brisé, plus aucun obstacle ne pouvait être mis en travers de sa route.

« Mettras-tu cela sur le compte de l’ivresse ? » Il enjamba pourtant sans mal les pieds de la table qui gisait au sol, et cala son pied sur la chaise de Luminara, entre ses jambes. Se pencher lui parut moins facile que d’ordinaire : il surestimait sa résistance à l’alcool, mais une force supérieure lui permettait de paraître totalement sûr de lui. Poussé par une fièvre plus brûlante que le Taderrion dans ses veines, il se retrouva nez à nez avec l’Hirune.

« Réponds maintenant. » Souffla-t-il, alors que sa main saisit, avec une pointe qu’il avait voulu douce, en vain, la joue de la Danseuse, son pouce cherchant un chemin pour ouvrir sa bouche. Sans mal, il était si proche que leurs respirations se mêlaient. Électrisé par le contact des lèvres de la Cousine, Amiguel ne put réprimer un frisson, et approcha le goulot.

Il profita de cette occasion, ce piège loin d’être difficile à sentir venir. Alors qu’elle entrouvrait la bouche, il s’y précipita, lui volant un baiser avide. Il ne pouvait dire s’il avait rêvé de cet instant, ou s’il s’était contenté de le prévoir... Mais ce qu’il ressentait était à la hauteur du crescendo de leurs provocations. Cachés derrière le rideau, ils ne seraient pas dérangés. Il était suffisamment connu pour qu’on le laisse tranquille, surtout si on l’avait vu entrer avec une femme.

Après tout, ils étaient des Olarils, et les Ilédors avaient appris à jalouser leurs mœurs... Ils devaient leurs faire honneur.
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MessageSujet: Re: Tant que le soleil brille   Tant que le soleil brille EmptyDim 8 Mai - 15:43

La lenteur de ses gestes mettait Luminara au supplice. L’attente semblait à chaque fois plus longue, comme si le temps se jouait d’elle et s’amusait à exacerber son impatience. Elle se forçait à rester immobile, mais chaque instant lui semblait plus insupportable. Quand il eut enfin fini ses verres, il ne lui laissa pas la possibilité de faire quoi que ce soit. Empoignant la bouteille, il balança sans douceur tout ce qui les séparait, sous le regard sidéré de Luminara. Elle ne s’attendait certainement pas à... ça. Mais elle devait avouer une chose : elle était ravie. Et que c’était exactement ce qu’elle voulait depuis le début. Elle ne fit pas un geste pour lui échapper, se laissant attraper sans opposer la moindre résistance. Ses yeux brûlaient de satisfaction. Il était peut-être rude, mais elle aimait ça. Il la dominait entièrement, pour le coup, et elle goûtait avec délice l’envahissement de son espace vital.

Est-ce qu’elle mettait son comportement sur le compte de l’ivresse ? Oui, sans hésiter. Mais de l’avoir si proche d’elle la troublait complètement, l’empêchant de donner une réponse nette et précise. La bouteille était au seuil de ses lèvres. Sans réaliser qu’elle ne disait oui que dans son esprit, Luminara ouvrit la bouche pour boire à son tour, incapable de réfléchir correctement et de penser à autre chose qu’au corps d’Amiguel quasiment sur le sien. Et finalement, elle ne découvrit pas le Taderrion au travers d’un verre d’alcool, mais en devinant sa saveur dans la bouche d’Amiguel. Leur baiser n’eut rien de tendre, que du contraire. Toute la retenue dont ils avaient fait preuve explosait sans plus attendre, les jetant quasiment sans pudeur dans une longue joute. Son corps se pressait contre le sien avec ardeur, apprenant à le connaître de plus près. Ses bras s’étaient noués autour de son cou, l’attirant contre elle, et ses mains couraient dans ses cheveux blonds avant même qu’elle ne réalise ce qui arrivait. Elle ne ressentait plus rien, hormis cette faim insatiable que lui seul pourrait apaiser.

Ce fut au moment où il dénuda son épaule que Luminara prit conscience de ce qu’ils étaient en train de faire, et surtout de l’endroit où ils étaient. Elle ne voulait pas être traitée de sauvage une fois de plus, elle avait suffisamment donné. Les Ilédors et leurs stupides conceptions du sexe ne la concernaient pas, mais l’image des Olarils, elle, la concernait de près. Alors, elle posa sa main sur le torse d’Amiguel, reprenant son souffle un instant, puis murmura :

- Pas ici.

Elle ne reçut qu’un grognement dépité en réponse, puis Amiguel lui attrapa fermement la taille, dans un geste possessif qu’elle trouva flatteur. Il ouvrit les rideaux d’un geste brusque et l’emmena aux étages supérieurs, sans lui laisser le loisir de protester ou d’ouvrir la bouche pour autre chose qu’un baiser. De toute façon, elle n’était pas en état de s’opposer à quoi que ce soit, elle était bien trop avide de lui. Il entra dans la première chambre de l’étage, referma la porte derrière eux et poussa le verrou. Puis, il lui jeta un regard tellement chargé de désir que Luminara crut qu’il la prendrait là, contre la porte. Il la surprit encore, en lui faisant perdre l’équilibre et en la soulevant dans ses bras. Il la porta jusqu’au lit, et puis...

Et puis les choses sérieuses commencèrent, sans aucune mesure. Fantasmes, jouissance et volupté furent les maîtres mots de la suite. Délectable, de l’avis de Luminara.

Difficile à oublier, pour le moins.

Et en fait, le premier d’une longue série de rendez-vous et de plaisir...
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