Les Tables d'Olaria
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Laetia Télaran
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Laetia Télaran


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MessageSujet: Tournant [Liiken]   Tournant [Liiken] EmptyMer 28 Oct - 22:00

[hrp] ce qui est en italique est du flashback prononcé le reste n'est que commentaire intérieur de Laetia [hrp]

Elle était assise près du feu, contemplait les flammes montant au ciel, seules preuves désormais de la présence d'une quelconque vie en Arestim Dominae, une aiguille et du cuir entre les mains.

Comment avaient-ils pu en arriver là ? Le village n'était vraiment plus que ruines et désolation, elle avait pu s'en rendre compte et elle ne pouvait désormais plus que le déplorer. Comment ce qui s'était construit durant des générations pouvait-il disparaître en quelques heures seulement ? Tant de souvenirs à jamais perdus pour les mémoires futures. Les beautés et les merveilles n'étaient plus. Mais s'il n'y avait que cela à déplorer ! Laetia sanglota, larmes amères qu'elle aurait voulu ravaler, elle n'avait jamais été une fille forte mais elle voulait se relever, se battre et affirmer que tout allait bien. Pour l'instant elle ne le pouvait, il était impossible pour Laetia d'être aussi forte. Elle savait que quelqu'un était assis à côté d'elle, elle ne distinguait pas vraiment la personne, celle-ci se situant à la périphérie de son champ de vision, et n'avait décidément aucune envie de le savoir. Pour autant cela n'empêchait qu'elle devait se libérer d'un poids, et alors elle décida de parler, non pas de la pluie et du beau temps comme la Laetia insouciante aurait pu le faire, mais parler de ce qui lui était arrivé. Laetia entama alors à voix haute son récit, sans se soucier de qui l'écouterait.

Elle se replongea dans ses souvenirs, avant de rentrer dans Arestim même, avant les pleurs, avant toutes ces douleurs, alors qu'elle avait à peine eu conscience de ce qui se déroulait.

Elle courait derrière Ebanelle, il n'avait pas fallu beaucoup pour que la vieille Hirune ne se mette à partir de la forêt devenue dangereuse. Laetia la suivait donc, détalant, déployant ses courtes et frêles jambes de toute leur longueur. Ses vêtements déchirés à l'aller se réduisaient en lambeaux, une si belle robe, qu'elle avait préparée pendant tant de temps pour Killian, ne ressemblait plus à rien d'autre qu'à une guenille.

C'est alors qu'un petit objet brillant attira son regard. S'arrêtant net elle s'agenouilla, oubliant la catastrophe. Sa broche, pour laquelle elle était revenue dans les bois, gisait devant elle.
Elle la prit, remerciant le hasard de l'avoir fait passer sur le même chemin que lors de sa première fuite.
Elle rit, un rire jaune, de ce « heureux » hasard. Maintenant qu'elle y réfléchissait, si elle avait su que cet objet serait un des seuls souvenirs de sa vie antérieure elle aurait chéri ce moment bien plus longtemps.

Un arbre s'abattit alors quelque part au milieu des troncs. Elle reprit sa course, elle n'était plus loin de la lisière de la forêt, elle verrait bientôt les palissades. Elle serait bientôt à l'abri bien confortable de sa maison, solide bâtisse que son père adulait.

Ce qu'elle vit alors la stoppa net. Etait-il possible que ce qu'elle voyait fut vrai ? Des palissades imposantes d'Arestim, plus rien n'était reconnaissable. Des immenses rondins épars se rencontraient , véritable enchevêtrement rendant tout passage malaisé et difficile. Il lui fallait néanmoins se rendre à l'intérieur du village. Laetia partit alors dans un véritable parcours du combattant.


A ce souvenir elle regarda ses jambes endolories, les cicatrices seraient nombreuses, les rondins dont la chute avait fait ressortir les échardes l'avaient écorchée laissant à des endroits une peau à vif.

Elle avait enjambé, elle était passé sous des rondins, cherchant son chemin. Durant ce périple, elle avait aperçu des masses informes, désarticulées, qu'elles se refusait d'accepter comme étant ses camarades Olarils. Décidément elle était bien trop fragile pour ce monde, ce monde cruel et macabre.
Les palissades étaient tombées, cela ne signifiait pas que le village avait subi le même sort. Il était debout, il ne pouvait en être autrement. Quelle idiote elle pouvait être, bien sûr, si les palissades n'étaient plus, il ne fallait pas espérer beaucoup du village en lui-même.
Elle n'avait pas tort, des pans de mur subsistaient ça et là, résistant à la gangrène destructrice. Un mal inconnu avait fait vieillir Arestim de dizaines d'années en une après-midi, le soleil déjà couchant lors de son rendez-vous était désormais un lointain souvenir et ce spectacle désolant à la lueur lunaire ne le rendait que plus surnaturel.
Dans quelques endroits des feux s'étaient allumés résultat des poutres de bois en contact avec les feux de cheminées lors de leur chute.
Laetia ne s'y retrouvait plus, là où aurait dû se trouver le lavoir demeurait une immense mare. L'eau en était tout de même chaude et Laetia ne se fit pas prier pour se nettoyer. Certes il faisait noir et n'importe qui aurait pu se trouver dans ces lieux mais Laetia ne pouvait tenir debout plus longtemps. Elle se dévêtit rapidement et plongea dans l'étendue limitée d'eau, pendant ce qui lui sembla une éternité elle resta ainsi, ne pensant même plus, vivant pour l'instant. Mais tout devait avoir une fin, elle sortir donc et cacha sa nudité en se rhabillant.
Les idées claires, elle s'affola intérieurement, l'extérieur trop choqué pour manifester une quelconque émotion. Elle marcha posément, se dirigeant dans ce qui était auparavant la rue principale d'Arestim, elle rejoignait les quartiers Télaran, les quartiers des forts tailleurs de pierre, des précis orfèvres, le quartier contenant les nombreuses richesses d'Olaria, richesses issues directement de la Gérax.


La Gérax elle l'avait entendu, les avait punis, tout l'or et toutes les pierres extraites étaient désormais payées, mais cela avait eu un élément déclencheur : Lysandre. Elle en avait trop fait, ou pas assez tout dépendait du point de vue, mais désormais elle considérait l'actuel chef d'Arestim comme une fautive.

Ces richesses avaient attiré nombre de pillards, il était normal, pensa Laetia que des gens profitent de l'instant, surtout après avoir tout perdu, mais elle espérait que sa maison ne serait pas souillée, que ses parents s'en étaient sortis, que Corwin l'attendrait, comme lorsqu'elle était petite.
Quand elle était petite, le village grouillait de vie, ses parents s'émerveillaient de sa beauté et Corwin l'attendait parce qu'elle était partie au moment où lui était arrivé. Silke près de lui renaclait, cherchant la verdure des fleurs du jardinet.

Elle se tenait devant sa maison. L'accueil idyllique céda sa place à l'entrée désolée, le jardinet fleuri du printemps fut remplacé par les branches cassées et desséchées de l'hiver.
Alors vraiment elle s'écroula, elle savait que personne n'avait survécu, ses parents, surement dans le salon, n'avaient pu échapper à la colère meurtrière des Dieux, son oncle Chalcet sa tante, invités pour célébrer l'état de maternité de cette dernière, avaient à coup sûr subi le même sort. Elle s'étendit sur le sol, en position foetale, elle n'avait aucune raison de ne pas mourir elle aussi, de ne pas rester ici étendue et attendre la fin, de se relever et d'affronter la réalité. Elle se releva tout de même, par fierté, par orgueil et par envie de rester en vie, elle avait encore de nombreuses choses à faire, elle ne pouvait se laisser mourir ainsi.

Elle fit alors le tour de la maison pour arriver à l'atelier d'orfèvrerie de son père. Cet atelier elle l'admirait car elle espérait y travailler un jour, fabriquer ses bijoux et admirer son travail bien fait. De cet atelier il ne subsistait que le mur porteur, et son père avait eu la bonne idée de laisser dans ce mur tous ses outils dans une alcôve savamment dessinée. Les outils étaient ensuite protégés par des couches multiples cuir rigide. Si elle ne devait récupérer qu'une seule chose ce serait cela, ses robes étaient déchiquetées car à l'étage et les bijoux fabriqués étaient sous les décombres.

Elle partit alors à la recherche de ce qui pourrait l'aider à transporter cette masse de fer, lourde au demeurant. En parcourant les rues d'Arestim elle tomba nez à nez avec la maison de Corwin elle aussi était à terre.

Elle ne sut que bien plus tard que Corwin était mort, et ce par des racontars, la douleur avait été immense mais elle s'était retenue.
Mais ce ne fut pas sa seule rencontre, Silke était là, la robuste jument avait brisé la porte de l'étable et s'était enfuie à l'approche du cataclysme, elle avait encore ses sacoches de transport sur elle. Corwin ne les avait pas enlevées.
La rencontre du cheval était un don des Dieux qui dans leur clémence face à le jeune fille survivante lui apportaient aide et soutien. Elle partirent chercher les outils, et, ô surprise, parmi eux, pour la protéger des éclats possibles dans l'atelier, une épée d'agrément, travail sur lequel Rad s'affairait, recherchant toujours les plus belles pierres, pour ensuite la vendre dans sa boutique.

La jument et la jeune fille étaient donc sorties du village, passant sur les portes tombées, allant vers le feu de camp visible dans la plaine.

Elle avait pris une tente, avait attaché la jument tout en lui lassant du mou pour brouter, déposé les outils dans un coin et l'épée au dessus avait réfléchi, pendant des jours, et s'était attelée à son travail actuel.
Elle se confectionnait une tenue, pantalon et chemise, à l'aide des pans de cuir qui protégeaient les outils, les fils de sa robe servaient à attacher les morceaux découpés à la pince entre eux, et une fine tige utilisée pour dessiner les détails lui servait d'aiguille. Les bouts de tissus restant serviraient à protéger les parties sensibles des frictions, en attendant de trouver mieux. Ses cheveux avaient été rattachés en une longue queue de cheval.

Voici à quoi ressemblait l'histoire de Laetia à ce point et c'est ainsi qu'en se retournant elle vit que tout son récit avait été prononcé à un membre de la famille Pélégon, Liiken Aryassat.
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Liiken Aryassat
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MessageSujet: Re: Tournant [Liiken]   Tournant [Liiken] EmptySam 31 Oct - 22:19

Liiken vit une jeune demoiselle s'asseoir à côté d'elle, près du feu. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans et semblait dévastée. Sa conversation avec Sineàd avait remise Liiken d'aplomb, et elle sentait une nouvelle vigueur en elle. Elle allait entamer la conversation lorsque la jeune demoiselle se mit à parler d'elle même.

À l'écoute du récit de Laetia, Liiken se revit elle même, la vieille, au milieu des décombres, paniquée par la peur de ne pas retrouver ses fils et son mari et s'inquiétant pour la santé d'Alia. Malgré cela, elle n'imaginait pas ce qu'avait pu ressentir la demoiselle face au village dévasté qui s'était offert à ses yeux, à son retour de la forêt. L'odeur nauséabonde des cadavres qu'elle décrivait soulevait le coeur de Liiken, d'autant même ici, dans le campement, elle n'était pas absente. Il faudrait certainement plusieurs mois pour reconstruire le village, et que tous les habitants puissent à nouveau y avoir leur propre logis, les protégeant du froid et de la pluie. Mais Liiken avait confiance, il y avait suffisamment de bonnes âmes dans le village pour aider à le rendre vivable à nouveau.

Elle écouta la suite des déboires de le jeune fille avant de se perdre totalement dans ses pensées. Le récit était touchant, raconté avec une simplicité qui le rendaient bien plus percutant que des mots compliqués. Liiken sentit la compassion pour Laetia l'envahir, elle était encore si jeune, elle ne méritait pas d'avoir vécu un événement aussi traumatisant, tout comme ses fils. Elle se sentait un besoin vital de protéger les plus faibles qu'elle depuis cette catastrophe. Elle voulait répandre la joie et la bonne humeur dans les coeurs meurtris des Olarils les plus touchés par les feux de la Gérax. Elle ne voulait pas laisser les mauvaises paroles d'Enabelle éteindre l'espoir fragile qui résidait encore en leur coeur.

Le récit se poursuivi, Laetia racontant comment elle avait découvert ce qu'il restait de son lieu d'enfance, et son ancien futur lieu de travail, les découvertes macabres qu'elle avait faites... Elle sentit une larme rouler le long de sa joue, même si elle s'était promise de ne plus pleurer, nul ne pouvait rester insensible à une telle tristesse. Cependant, lavoix de Laetia ne tremblait pas, et elle poursuivait son récit inlassablement, comme si cela pouvait exorciser les horreurs qu'elle avait vue.

Décidée à remettre un peu de baume au coeur de la jeune fille qui avait terminé son récit, prit la parole à son tour.

- Aucun des mots que je vais prononcer ne pourront réellement apaiser votre douleur pour le moment. Mais il est possible qu'ils vous aident à mieux la supporter. Je ne connais pas de remède miracle à la perte d'un être cher, j'ai moi-même perdu une soeur, et chaque fois que je pense à elle, j'ai l'impression de sentir un plaie béante en moi. Et pourtant, je n'ai perdu qu'elle. Je ne peux donc pas même saisir l'ampleur de ce qui vous ronge, mais je peux la comprendre. Je n'ai pas envie de vous faire de promesses vaines, mais je vais essayer de vous réconforter quelque peu.

Elle trouvait son entrée en la matière un peu grandiloquente mais elle voulait être sûre d'être comprise et claire. Adoptant un ton plus léger pour la suite, elle reprit :

- Tout peut vous paraître sombre et désolé pour vous en ce moment, mais regardez mieux autour de vous. Portez votre regard au delà de ce que les apparences laissent croire. Par exemple, regardez cette femme là-bas, regardez le sourire qui illumine son visage parce que l'homme que vous voyez juste à côté vient de lui donner une couverture dont il n'avait pas l'usage. Regardez à votre gauche, oui, par ici. Regardez ce petit garçon, il est orphelin, mais il n'est pas tout seul. Les Olarils ont toujours été unis jusqu'à il y a peu, et cette solidarité ressort dans dans moments comme maintenant. Ce petit bout d'chou a déjà trouvé une famille pour l'accueillir. Vous avez vu certains Olarils piller les demeures effondrées, regardez alors ce groupe par là-bas. Ils sont effectivement allés rechercher des objets dans les maisons, mais ils les redistribuent. Sineàd, celle dont tout le monde riait parce qu'elle avait raté son initiation distribue généreusement du ragoût à tous ceux qui en désirent. Malgré tout ce qui a pu se passer, il y a encore de l'espoir pour nous.

Liiken était prise à son propre jeu, en tentant de réconforter la jeune Téléran, elle se faisait du bien à elle-même. Partager à voix haute ses espoirs lui redonnait des forces pour lutter encore et encore. Elle poursuivit ses explications :

- Nul ne pourra vous rendre vos parents ou le reste de votre famille, mais songez que vous avez survécu, et que pour vous, il y aura un mieux. Oh, ce ne sera pas pour tout de suite, il est important de faire son deuil correctement et il est encore l'heure de pleurer ses morts. Mais il y a une bonne raison pour survivre à toutes ces épreuves : quoiqu'il arrive, il y a toujours de l'espoir, d'où qu'il vienne. Je ne sais pas si mots auront trouvé un quelconque écho en vous, mais j'espère que oui en tout cas. Nul personne aussi jeune que vous ne devrait avoir tant de morts à pleurer, aussi, si vous cherchez une épaule pour vous réconforter, je serai là. N'hésitez pas, jamais, même si je parais occupée. Il est important que les personnes les plus touchées par la catastrophe soient les plus aidées.


Enfin, elle se tut, attendant avec une certaine appréhension la réaction de celle qu'elle avait tenté de réconforter un brin en ces temps de larmes et de malheur.
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Laetia Télaran
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MessageSujet: Re: Tournant [Liiken]   Tournant [Liiken] EmptyVen 27 Nov - 22:08

Tant de réconfort, tant de chaleur.

- Il existe donc encore, ce monde dont je rêve, se murmura Laetia pour elle-même.

Laissant son ouvrage de côté elle se rapprocha de Liiken, du temps elle n'en manquerait pas pour le terminer, le fils de sa robe, elle pourrait quand elle le voudrait les délier. Elle avait besoin d'affection, elle n'était pas prête à être celle qu'elle avait laissé paraître, elle n'était pas assez dure, pas assez forte, pas encore, un jour pet être, mais pour l'instant la carapace qu'elle construisait, faisant d'elle une femme forte, intransigeante et aimante à la fois, ne pouvait encore la protéger.
Elle fit alors ce qu'elle ne se serait jamais permis en tant normal, elle laissa sa tête sur l'épaule de la femme à ses côtés.

- Merci, merci beaucoup de m'avoir ouvert les yeux. Nous ne devons être aveugles, même dans ces temps, car nous sommes ensembles, chuchota-t-elle doucement, ensembles, maintenant en tous cas.

Elle ferma les yeux, elle voulait se reposer, se calmer, et enfin comprendre, elle n'avait pas encore pris le temps de réfléchir aux événements passés et à leur conséquence sur sa vie.

- Je crois, au final, que j'ai été trop affectée, je me croyais isolée, j'étais à l'extrême opposé. Cette catastrophe m'aura au moins fait voir que je vivais dans un château de sable, une enfant à l'aise, dont le monde fleuri la faisait rêver d'une vie magnifique, merveilleuse, où rien n'existerait si ce n'est elle est son amant. Maintenant, je suis vraiment orpheline, et je ne sais même pas ce qu'il est advenu de ce prince charmant, et mes fleurs joliment arrangées n'ont même pas subsisté, il me reste seulement des bribes de ce joli rêve. Je suis enfin arrivée à ma destination : la réalité.

Sa voix se brisa alors, elle n'en pouvait plus, elle en avait trop fait, elle n'était pas assez bien entraînée. Les larmes qu'elles pensait ne plus voir coulèrent, tels deux rivières dont le flot suppose une source qui jamais ne se tarit.

Elle enleva sa tête lorsqu'elle se rendit compte de l'acte lacrymal. Il aurait été malvenu, se dit-elle, de tacher la tenue de celle qui voulait bien l'écouter et la réconforter, elle se comportait tout comme mais ce n'était pas sa mère. Voilà ce qui lui restait aussi, ce comportement poli et lissé de la jeune femme en robe longue, aux cheveux maintenus, et à l'arrangement parfait pour plaire.

- Excusez-moi. Je ne voulais pas m'abandonner ainsi au chagrin, lui dit-elle alors que ses larmes coulaient encore, il n'était pas dans mon intention d'abuser ainsi de votre gentillesse, et il est déjà très bon à vous de m'avoir permis de prendre ainsi votre épaule.

Elle reprit son ouvrage, machinalement elle fit des formes avec ses points, tels qu'elle les aurait fait si ça avait été une robe et non un vulgaire habit de convenance en cuir. C'est alors qu'entre ses larmes elle vit sur un pan apparaître une fleur. Elle sourit alors, et goûta la salinité de ses larmes.

- Comme quoi, les habitudes les plus anodines reviennent.

Et ses pleurs redoublèrent.
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Liiken Aryassat
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MessageSujet: Re: Tournant [Liiken]   Tournant [Liiken] EmptyDim 6 Déc - 13:20

Liiken fut touchée par la réaction de la jeune demoiselle. Sa détresse semblait profonde et sincère, bien qu'elle essayait bravement de la cacher. Lorsqu'elle sentit Laetia poser sa tête sur son épaule, elle n'eut aucun mouvement de recul. Qui l'aurait pu ? Elle cherchait juste un peu de réconfort. Au moment où elle se releva, les larmes coulant toujours sur ses joues, Liiken sentit son coeur se déchirer. Elle avait quoi, tout au plus vingt ans ? Et elle avait perdu toute sa famille. Il n'y avait plus personne pour prendre soin d'elle, alors qu'elle en avait désespérément besoin.

- Ne vous excusez pas, vous n'abusez de rien du tout. Si mon épaule peut vous être d'une quelconque aide, n'hésitez pas à vous en servir.

Cette réflexion un peu stupide la fit rire, la formulation de sa phrase laissait à désirer, ce qui montrait clairement son état de fatigue avancé. Pourtant, elle n'avait nulle intention de quitter Laetia tant qu'elle n'irait pas mieux.

- Je veux dire par là que vous aurez toujours une oreille attentive chez moi, ou une épaule pour vos larmes. Je ne remplacerai en aucun cas votre mère, mais je peux devenir une amie si vous le désirez. Vous n'abusez pas de ma gentillesse, vous avez besoin de réconfort, et je crois pouvoir vous en apporter un peu.


Le visage de Laetia était ravagé par les larmes, et pourtant, elle restait jolie, dans sa candide blondeur. Elle était en train de faire apparaître une forme de fleur dans les plis de sa robe, et Liiken se dit qu'elle avait dû vraiment beaucoup perdre dans cette catastrophe : non seulement des parents et des amis, mais aussi et surtout sa jeunesse, sa naïveté, son enfance. Et il était clair qu'elle s'en rendait parfaitement compte. Tout cela devait avoir quelque chose d'effrayant, et il ne fallait pas qu'elle reste seule pour affronter tout ça. Il était nécessaire également qu'elle voie qu'il existe toujours un peu de bonheur et d'innocence en ce monde, mais là, dans l'immédiat, il fallait la rassurer pour elle-même, la soulager un peu de ses douleurs, lui changer les idées. Elle prit la jeune fille dans ses bras, laissant sa tête reposant sur son épaule avant de reprendre :

- Les habitudes anodines dont vous parler sont importantes en ces temps difficiles. Elle permettent de se raccrocher à quelque chose que nous connaissons bien, et qui a quelque chose de rassurant. Vous semblez aimer les fleurs. Il n'y a sans doute plus beaucoup par ici, mais elle reviendront, avec le printemps et le beau temps.

Lui changer les idées n'était pas aussi facile qu'il n'y paraissait, Liiken ne la connaissait pas assez bien. Aussi prit-elle le parti d'en apprendre un peu plus sur cette jeune fille.

- Je me rappelle vous avoir croisé de temps à autre, mais je ne sais pas exactement qui vous êtes. Oh, je connais votre nom, vous êtes Laetia, n'est-ce pas ? Je ne sais pas si vous le savez, mais je me nomme Liiken. Liiken Aryassat. Je me demandais, pour quelle profession êtes-vous en apprentissage ? Vous devez être douée, non ? Vous semblez si appliquée dans ce que vous faites.

Liiken se tut enfin, laissant à Laetia dont les sanglots s'étaient un peu calmés l'occasion de répondre. De tout son coeur, elle espérait qu'elle parviendrait à remettre un peu de baume au coeur chez la jeune fille.
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Laetia Télaran
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MessageSujet: Re: Tournant [Liiken]   Tournant [Liiken] EmptyMar 29 Déc - 13:45

- Oui, je vous connais Liiken, nous nous sommes souvent croisées, bien que n'ayant jamais eu une réelle conversation. Dans les rues, au lavoir et autres lieux.

Laetia sourit, un sourire franc, ensoleillé, tel qu'ils avaient toujours été. Les pensées d'un Arestim radieux ne pouvaient que lui mettre du baume au coeur. Liiken avait raison, leur vie à tous avait subi un choc immense, mais tout continuait et il ne fallait pas se laisser abattre.

- Comme vous devez vous en douter, je suis apprentie orfèvre, je n'ai vraiment la carrure de beaucoup d'autres métiers. Vous me flattez, mais j'espère bien faire partie des meilleurs apprentis, depuis mon enfance je cherche à prouver que je serai la plus compétente de mon domaine. Les bijoux, les pierres et les métaux précieux sont ma vie. Vous voyez mes bijoux ? C'est moi qui les ai créés !

Elle n'en était pas peu fière, et puis, elle avait quelqu'un à qui se vanter, alors elle profitait.

- Sinon me concernant plus personnellement, je suis la nièce de Corwin, enfin j'étais, j'appelais la femme de Xan Edorta, Zara Edorta, « tante Zara », et j'avais un élu de mon coeur dont je n'ai plus de nouvelles depuis la catastrophe.

Décidément, on pouvait dire que ses proches n'étaient plus là, tout allait de mal en pis sur ce plan. Mais, telle une lueur dans les ténèbres, se détachait cette personne, cette connaissance qui en quelques minutes était devenue bien plus. Liiken était désormais beaucoup plus, elle était son unique amie. Enfin, tout du moins Laetia le voulait au plus profond de son coeur.

- Vous parlez franchement ? Vous voulez devenir mon amie ? Faîtes attention, cela implique beaucoup de responsabilités.

Elle rit à s'entendre, son ton avait été si sérieux.

- Tout d'abord il faudra m'accompagner à la recherche de nouvelles tenues lorsque cela sera possible, ensuite lorsque les fleurs reviendront, je te montrerai comment en faire de jolis assemblages, les mettre dans tes cheveux ou encore les mêler au tissu des vêtements.

Elle était passée naturellement au tutoiement, il lui semblait que c'était un ton approprié pour sa nouvelle amie. A la pensée de la responsabilité suivante, Laetia tritura sa queue de cheval.

- Enfin dernière exigence, et non la moindre. Je sais que tu as des enfants, et je veux absolument voir ces bouts de chou ! Ils ont sans aucun doute besoin de voir du monde eux aussi et je serai ravie de gambader avec eux, si je le peux bien évidemment.

Elle s'imaginait la situation, un rêve inavoué : avoir des enfants. Enfin, tout venait en temps voulu. Se tournant vers Liiken elle l'enlaça.

- Merci, merci infiniment.

Son travail étant terminé et sa nouvelle tenue se trouvant dans ses bras, elle devait s'en aller, Silke ne pourrait attendre plus longtemps sans compagnie.

- Nous nous reverrons, en tous cas je ferai tout pour que cela se produise.

Elle partit, agitant la main et souriant de toutes ses dents, désormais tout allait mieux. Sur les genoux de Liiken, elle avait déposé un morceau de cuir, recouvert d'un parterre de fleurs en tissu.
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