Les Tables d'Olaria
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 Besoin de Chaleur.

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Sineàd Astar
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MessageSujet: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptyLun 26 Oct - 14:21

Ce sujet se déroule en même temps que "Le Châtiment de Panpale"
Je vous conseille de lire ce post : ( link ) car il y est fait référence dans celui-ci ^^


    Les gens avaient faim. Ils avaient besoin de soutien et de douceur. D'une présence rassurante.

    Une cuisinière avait préparé un ragout apêtissant, dans de grandes marmites, et y avait jeté ce qu'ils avaient pu trouver de légumes et de viande. Ce n'était guère fastueux, mais c'est chaud, et cela réconfortait quelque peu. Sineàd, équipée de plusieurs auges en bois fumantes, sillonnait les petits groupes d'Olarils assis tout autour du feu, en quête de chaleur, et proposait une auge de ci de là. La plupart acceptaient puis, la reconnaissant, lui attrappaient le bras et lui demandaient pardon... Ils lui demandaient si leur futur serait plus souriant. Certains, même, lui demandaient si elle savait si leurs proches étaient heureux, dans le panthéon des Dieux.
    Sineàd n'avait pas de réponse à leur offrir, seulement du ragout. Non, elle ne savait pas. Mais elle priait, à chaque visage plein de détresse, à chaque femme qui acceptait ses bras pour pleurer une fille, un époux, une mère... A chaque Olaril, elle priait.

    Une femme, une vieille femme voûtée et au bras serré par les bandages, lui demanda de s'asseoir un instant à côté d'elle, puis leva les yeux aux ciel. Sineàd s'exécuta, silencieuse, et mit un genou à terre. A son tour, elle leva les yeux au ciel. La vieille femme voulait savoir. Elle voulait savoir comment il était possible de lire les confidences divines. Sineàd lui montra les constellations, et d'une voix paisible elle lui expliquait. Ici, c'était un présent d'Aimar, là, la fureur de Bakarne... Puis la vieille femme lui demanda si son époux était heureux, et là, Sineàd conserva le silence. Non elle ne voyait pas les morts, elle ne pouvait pas s'assurer de leur bien-être. Elle posa ses yeux gris sur la vieille femme, et hocha la tête.
    "Il a été accueilli pas ses ancêtres, Aimar lui offrira la connaissance de notre passé et de notre avenir" Puis elle adressa à l'âme du défunt une prière que partagea l'Olarile du bout des lèvres.

    Leur prière fut interrompue par un bruit, sourd, qui venait de derrière elles. Une tente venait de s'effondrer pour la seconde fois de la soirée. Sineàd se leva, dépliant ses jambes avec un craquement sonore, puis s'approcha des hommes qui pestaient. Ils s'accrochèrent aux cordages, et la tente se redressa... Pour combien de temps. Elle leur proposa son aide, mais ils refusèrent, visiblement assez réticent à l'idée de voir une fillette tenter le coup là où ils avaient échoués. Car bien qu'adulte, officiellement, sa petite taille et son visage rond la desservaient.

    Les laissant à leur labeur, elle alla retrouver la cuisinière, qui remplit à nouveau des auges et les lui tendit. Durant ce court laps de temps, Sineàd releva les yeux vers les astres, et tenta de les comprendre... Mais c'était comme si plus rien n'était structuré... Comme si les étoiles avaient été jetées au hasard sur la voûte céleste. Elle fronça les sourcils, mais la cuisinière la ramena à la réalité... Elle renversait du ragout. Se reprennant, elle s'excusa précipitamment, et se rendit auprès d'un père et de son fils, juste à côté, à qui elle offrit les auges. Ils les acceptèrent volontiers, et se mirent aussitôt à manger, savourant davantage la chaleur du plat que son goût. Sineàd se releva, et son attention fut attiré par une voix forte, juste à côté.
    Elle se tourna et cru reconnaître la vieille folle, l'Hirune marginale, celle qui se trouvait seule, dans la forêt. Elle proféra des menaces, invoqua Panpale, et aussitôt Sineàd serra les poings, la mâchoire crispée. Elle ne pouvait pas laisser dire de telles choses...

    « Olarils ! Hurla t-elle. Ce châtiment est celui de Panpale ! Vous récoltez le fruit de vos péchés, mais il n'est pas encore trop tard... La paix reviendra sous les traits d'un disciple de ce Dieu vengeur ! Je vous en fais le serment ! Mais pour cela, il faut se débarrasser de l'imposteur ! »
    ( Voir ce post )


    Sineàd voulut intervenir, mais au dernier moment, elle aperçut une jeune fille qui pleurait, les yeux rivés sur Ebanelle. Sineàd s'agenouilla, et lui souffla des mots appaisants.

    Puis elle se releva et, furieuse, s'en fut plus loin, récupérer de nouvelles auges. Au moins, les distribuer avait l'avantage de l'apaiser quelque peu.

    Elle s'accroupit devant un petit groupe de personne et leur proposa à manger, un peu plus loin, le visage encore marqué par le ressentiment.


( Sujet ouvert, vous n'avez qu'à considérer que vous faites partie du dernier groupe à qui elle propose à manger )
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Liiken Aryassat
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MessageSujet: Re: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptyLun 26 Oct - 18:28

Assise au coin d'un feu, Liiken était songeuse. Maintenant qu'elle avait retrouvé sa famille, qu'elle s'était reposée, elle trouvait enfin le temps de réfléchir à ce qu'il s'était passé. Une catastrophe d'une telle ampleur, faisant de tellement nombreux morts était quelque chose qui n'avait jamais eu lieu. Elle-même avait été plutôt chanceuse d'une certaine manière puisqu'elle n'avait perdu qu'une soeur, les fermes Astar ayant été relativement épargnées. Mais le chagrin et la peine qu'elle lisait sur le visage des autres la rendait morose.

Sa blessure à la tête lui donnait encore de temps à autre des élancements, mais ça allait beaucoup mieux, il ne semblait pas que ce soit grave. La douleur d'avoir perdu Vanye, sa soeur quadruplée, lui faisait beaucoup plus de mal. Depuis toujours, les quadruplés avaient pu compter les uns sur les autres, dans les moments difficiles comme dans les moments les plus heureux. Et cette perte l'affligeait particulièrement, comme si elle avait perdu une part d'elle-même. Une larme roula sur sa joue, elle ne pensait pas pouvoir pleurer autant, mais ces derniers temps, elle avait beaucoup de mal à se retenir. Elle avait également appris le décès d'Azrielle Pélégon, avec qui elle s'entendait plutôt bien pour les rares fois où elles s'étaient vues, et savoir qu'elle aussi, elle ne la reverrait plus jamais l'affligeait beaucoup.

Ses pensée divaguèrent à nouveau avant qu'elle ne concentre son regard sur les flammes. La jeune femme sentit une nouvelle détermination monter en elle, son corps se raffermit. Oui, ces pertes étaient douloureuses, mais elle ne pouvait plus rien y changer. Elle n'avait que trop pleuré sur son sort, qui était bien moins pire que celui d'autres. Il était temps maintenant de se relever, d'éviter au village de tomber dans la morosité d'une dépression post-catastrophe. Il fallait au plus vite organiser les enterrements et tirer un trait sur toute cette horreur, que l'odeur nauséabonde qui régnait depuis le déchaînement des feux de la Gérax disparaissent avec l'ensevelissement des corps. Liiken n'avait aucunement le projet de mener à bien tout cela seule, mais elle était plus déterminée que jamais à aider. Comme il était plutôt tard, elle décida de remettre au lendemain ses nouvelles bonnes résolutions, et de se consacrer un instant à prendre le temps de se calmer et de temporiser ses ardeurs un brin naïves.

Au début, elle avait pensé que blâmer Lysandre pour tous ces maux était une bonne solution, mais elle n'y avait trouvé aucun réconfort. Malgré tous ses défauts, la jeune chef ne pouvait décemment pas être tenue pour responsable d'une telle catastrophe. Seule la colère des Dieux à l'encontre d'un village de plus en plus divisé pouvait avoir engendré pareille catastrophe. Son opinion à l'encontre de Lysandre étant désormais beaucoup plus ambiguë qu'avant. Elle n'était toujours pas d'accord avec certaines de ses actions, mais elle ne voulait plus que les intrigues politiques continuent avec autant de vigueur. Il était peut-être désormais temps de laisser tomber les rancoeurs du passé et de se fixer sur le présent. Liiken n'avait plus envie de s'opposer à Lysandre, elle voulait juste retrouver la paix d'un foyer paisible dans lequel elle pourrait couler des jours heureux.

Si Lysandre avait été désignée pour être la chef du village, alors elle le serait, et Liiken la laisserait revendiquer ce droit. Du moment qu'elle ne répétait pas ses erreurs précédentes, Liiken ne s'occuperait plus de cet aspect de la vie des Olarils. Il fallait plus que tout que ceux-ci se serrent les coudes et soient unis en ces temps de malheur. Les blessures de certains étaient graves, de nombreux décès étaient à déplorer, et de plus, l'hiver était toujours là. Alors maintenant, il fallait s'organiser, que ce campement de fortune puisse les aider à passer les froids qui étaient encore à venir, afin que plus personne n'ait de parent à pleurer avant longtemps.

De nouveau, son esprit retourna vers la chef, qui était alitée paraît-il, et qui avait été vraiment secouée par la catastrophe. Quel chef ne l'aurait pas été en de telles circonstances ? Désormais, dans l'esprit de Liiken, tout ce qui s'était passé avant la catastrophe n'avait plus d'importance. Plus rien ne comptait maintenant que l'avenir des Olarils et leur survie. Or pour cela, il fallait un chef, et Lysandre en était un. On avait beau pouvoir ne pas l'apprécier, il était indéniable qu'elle avait cette qualité. Le temps des dissensions était définitivement fini pour Liiken. Consciente cependant que son opinion politique n'avait guère d'importance, elle était tout de même résolue à convaincre les siens du bien fondé de ses idées, à commencer par son mari et ses parents.

Son attention fut soudain détournée par des cris, une dame qui semblait folle invoquait le dieu Panpale. Son ton fit peur à Liiken : comment, en un moment pareil, pouvait-on invoquer un tel dieu ? Ses paroles firent frissonner d'effroi la jeune femme. Elle se sentait désespérément perdue au milieu de tout ce chaos. Un panique sourde s'empara de son coeur à l'écoute des paroles de la démente.

Lorsqu'elle vit s'approcher d'elle la jeune Astar dont on avait tant parlé et qui avait prédit la catastrophe, elle retrouva le sourire et un certain apaisement. Liiken trouvait la présence de la jeune femme apaisante, et le ragoût qu'elle distribuait avait le don de réchauffer le coeur. C'est d'ailleurs avec une joie non feinte que Liikent en accepta un peu, et si le goût n'était pas extraordinaire, il remplissait tout de même des estomacs qui avaient tendance à rester bien vides pour le moment. C'est donc avec un grand sourire qu'elle remercia Sineâd pour son attention. C'était un tel réconfort de voir qu'il existait encore un peu de douceur dans ce monde chaotique.
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Sineàd Astar
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MessageSujet: Re: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptyMar 27 Oct - 10:26

    Sineàd offrit son auge à une femme qu’elle ne connaissait que de vue. Ces derniers temps, l’Astar s’était plus mêlée aux autres Olarils que jamais dans sa vie entière. Elle qui s’était tenue à l’écart de toute société, absorbée par ses études… Mais si elle ne connaissait pas Liiken, cela ne l’empêcha guère de répondre au regard de cette dernière d’un sourire. Elle tendit la seconde à un autre Olaril, assis juste à côté, puis se redressa avec un rictus. À force de s’accroupir, elle avait le bas du dos et les genoux douloureux. Elle adressa un regard à la grosse cuisinière, qui d’un geste las lui indiqua de restait où elle était, la marmite suivante n’était pas prête. Avec un soupir, Sineàd hocha la tête en direction de sa collègue de la soirée, puis regarda autour d’elle. Elle n’avait rien à faire… Si ce n’était s’asseoir et combattre le froid grâce à la chaleur dérisoire du feu.

    Elle s’assit en tailleur, les mains posées doucement sur ses chevilles. Elles avaient l’odeur du ragoût qu’elle avait, parfois, renversé. Par chance, sa peau était endurcie, et elle n’avait guère souffert des brûlures. Le regard vague, le nez un peu plissé, elle reporta son regard sur Ebanelle, qui se trouvait un peu plus loin. Que n’était-elle là-bas, pour faire taire cette vieille folle. Mais non, Sineàd, cet être détaché et calme, n’aspirant pour l’heure qu’au réconfort, n’était pas encline aux conflits. Aussi rongea-t-elle son frein, en silence, ses yeux fixés sur cette bonne femme débitant ses horreurs. Avec un frisson, elle détacha son regard de l’Hirune pour le hasarder en direction de Liiken. La mine de la jeune femme lui arracha un sourire et elle se voûta un peu, resserrant son manteau outremer autour de ses épaules.

    « Cette femme m’exaspère » soupira-t-elle, reportant ses yeux sur Ebanelle. À présent, elle semblait avoir une discussion des plus animée avec une autre Hirune. « Quelle prétention que d’affirmer pareilles sottises » Puis elle eut un nouveau soupir et leva le nez en direction des étoiles. Et comme tout à l’heure, elle fut frappée par le vide qu’elle y trouva. Les sourcils froncés, elle demanda en son for intérieur aux Dieux de bien vouloir lui délivrer un message, ténu… De bien vouloir lui dire… Pourquoi. Ils l’avaient prévenue, mais à présent…

    Elle se mordilla les lèvres, le nez en l’air. De sa bouche entrouverte s’échappait de la vapeur, à chacune de ses expirations.

    Elle devait comprendre. À quoi tout cela rimait-il ?
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Liiken Aryassat
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MessageSujet: Re: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptyMar 27 Oct - 14:48

La nouvelle marmite de ragoût n'étant pas encore prête, Liiken vit Sineàd s'asseoir à côté d'elle. Reprenant un cuiller du ragoût qu'elle avait dans les mains, Liiken se sentit mieux. Le maigre feu autour duquel elle était assise ne la réchauffant pas vraiment, la nourriture chaude était vraiment bienvenue. Elle songea un instant à ses fils et son mari, réfugiés dans une tente un peu plus loin, se reposant de leur blessures. Machinalement, elle passe une main sur l'arrière de son crâne et sentit sa blessure encore douloureuse. Elle avait refusé de porter un bandage, elle ne saignait plus depuis longtemps, et vu le peu de tissus qu'ils avaient pu sauver des décombres, elle trouvait qu'ils devaient aller à des personnes bien plus atteintes.

Sa nouvelle voisine poussa un soupir à l'écoute des paroles d'Enabelle, sa remarque sur Enabelle tira Liiken de sa réserve. Elle comprenait l'exaspération de la jeune Astar qui avait eu raison depuis le début, mais que personne n'avait écouté. Beaucoup s'étaient moqués d'elle, elle avait raté son initiation en prédisant une catastrophe que nul autre n'avait vu venir, mais qui s'était tout de même réalisée. Elle voulait entendre la version de Sineàd des évènements, comprendre pourquoi les Olarils avaient été punis si durement.

- Je n'y entend pas grand chose en prédiction ou en religion, mais je suis cependant convaincue qu'il n'y a aucune vérité dans ses paroles. Je ne comprends pas pourquoi elle cherche à faire peur à des gens déjà terrorisés...


Elle regarda un instant autour et ne vit que des visages fatigués, affligé. Le sourire avait semblait-il déserté les lèvres des Olarils. Nul rire non plus ne venait de temps à autre rompre la monotonie d'un calme pesant, seuls des sanglots retentissaient provenant de l'une ou l'autre tente de fortune. Chaque qui passait voyait le nombre de victime augmenter. Parfois, un miracle avait lieu, et on retrouvait quelqu'un de vivant sous les décombres sous lesquelles personne n'avait encore fouillé. Mais ces découvertes devenaient de plus en plus rares. Et c'était maintenant une douloureuse résignation qu'on pouvait voir chez tous les Olarils. Liiken se détourna de cette vision déprimante et regarda à nouveau Sineàd.

- Merci beaucoup pour tout ce que vous faites. Vous pourriez être la première à nous dire que vous nous aviez prévenu, et que personne n'avait écouté, mais non. Vous êtes là, à aider les autres du mieux que vous pouvez, et je vous admire. Je ne sais pas si je serais capable d'un tel dévouement, surtout en des temps pareils. Même si ça ne doit pas représenter grand chose pour vous, sachez que vous avez à tout jamais ma gratitude.


Elle respira un instant avant de reprendre, d'un débit tout aussi précipité qu'à l'habitude :

- Je manque toujours à mes devoirs. Excusez-moi. Je sais qui vous êtes, mais je dois probablement vous être étrangère. Je m'appelle Liiken Aryassat, et jusqu'à il y a peu, j'étais marqueteuse. J'ignore encore comment, mais j'aimerais beaucoup aider. Vous semblez savoir ce qu'il faut faire, comment puis-je me rendre utile ?

Liiken se tut à nouveau. Laissant à Sineàd le temps de répondre à ses questions. L'écoute et la compréhension de la jeune femme lui faisait beaucoup de bien, et elle se prit à regretter qu'il n'existe pas plus de personnes comme elle à Olaria, la vie en serait grandement facilitée. Celle que tout le monde avait méprisée se mettait en quatre pour les autres, afin de leur apporter le réconfort qu'elle pouvait. Officiellement, elle n'avait peut-être pas réussi son initiation, mais il était clair qu'elle était tout aussi mature que les autres. Liiken reprit :

- Je suis incapable de lire dans les étoiles, de lire tout court d'ailleurs, mais je voulais savoir. Que voyez-vous ? Qu'est-ce que les étoiles racontent maintenant ? Arriverons-nous vers des temps de paix ? Les luttes intestines qui ont rongé notre village n'ont que trop duré. Il est temps que les esprits s'apaisent, que tout le monde puisse pleurer ses morts en paix. Il faudrait vraiment que cette folle se taise et arrêter d'enflammer les esprits au lieu de les calmer.


Elle retourna son regard vers l'Hirune, en pleine discussion avec la soeur de Lysandre. La conversation ne semblait pas agréable pour elle, ses yeux étaient au bord des larmes. Comme tout le monde en cette période en fait, nul n'avait été à l'abri cette fois-ci, pas un habitant du village n'avait pas perdu un proche. Liiken trouvait la vie bien cruelle des jours comme aujourd'hui.


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Sineàd Astar
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MessageSujet: Re: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptyMer 28 Oct - 9:10

    Lorsque Liiken prit la parole, Sineàd abaissa son visage, qui était resté suspendu à la voûte céleste. Par politesse, d’abord, puis par intérêt. À ce qu’elle dit, Sineàd hocha la tête, calmement. Mais elle avait en tête une idée de ce qui poussait la vieille folle à hurler ainsi. Et un regard aux quelques personnes qui se trouvaient autour d’elle lui permit de remarquer que certains, discrets, se faisaient à présent des confidences à voix basse. Certains de ceux qui hurlaient, et injuriaient Lysandre sur la place publique.

    « Qu’attendre d’autre de charognards… Lysandre est alitée, incapable de se défendre, pour le moment. Ils ont tous soif de pouvoir, et ce même dans cette désolation. » Elle fronça les sourcils. Tout cela la répugnait, et ne faisait que renforcer son allégeance à l’Hirune. Elle avait ses défauts, mais elle était droite, et franche.
    Avec un frisson, Sineàd laissa son regard se fixe sur Liiken, et la laissa lui poser ses questions. Malheureusement, Sineàd n’avait pas de réponse. Elle-même se rendait utile tant bien que mal, en suivant les initiatives d’autrui, en aidant ceux qui étaient plus créatifs. Car elle avait du sang froid pour ces choses-là, et car elle avait toujours l’impression que c’était par sa faute que nul n’avait su prévoir tout cela. Oui, si elle avait été plus persuasive, plus précise. Qui sait s’il n’y avait vraiment pas eu de moyens de les prévenir. Après tout, Lysandre l’avait crue… À l’origine, c’était aux autres Astars, qu’elle en avait voulu. À ceux qui l’avaient raillée, qui l’avaient accusée de ne dire que sornettes et affabulations. Puis, en trébuchant dans les ruines, ses yeux s’arrêtant sur des cadavres, elle avait été prise d’états d’âme et de nausées. Car elle était sure d’une chose : il y avait forcément une solution. Un moyen de fuir ou d’affronter la Gérax… Mais les Dieux n’étaient pas des meurtriers, non ça jamais elle n’en serait persuadée. C’était une mise à l’épreuve, et ils avaient, tout simplement, échoué… C’était là une vision fort personnelle du drame, mais c’était la seule que Sineàd était capable d’accepter, elle qui jamais ne saurait suivre des êtres tels qu’Ebanelle, tels que ces fourbes qui ruminaient des soulèvements, manipulaient les âmes en détresse… Ces fauves qui guettaient leur proie, ivres de sa faiblesse.

    Mais elle n’était plus capable de lire, et son esprit demeurait meurtri. Le regard qu’elle adressait alors à Liiken était plein de ce désarroi. Elle lui était reconnaissante… Mais au lieu de cela, c’était des reproches qu’elle méritait, elle qui savait.
    « Je l’ignore, Liiken. Moi-même je ne fais que suivre les initiatives de personnes telles que cette femme, là-bas, qui a préparé ce ragoût. Je… » Elle passa une main dans ses cheveux emmêlés. « … Ça m’évite un peu de ressasser ce que j’ai vu au village. Et puis, j’ai eu de la chance, dans ce désastre. Mes proches n’ont pas succombé. Il est de mon devoir dans ce cas de me rendre utile mais… » Elle haussa les épaules, marqua une pause, puis ajouta, doucement « Je suis un peu ceux qui savent ce qu’il y a à faire. »

    Tout d’un coup, la jeunesse de Sineàd parut évidente. Son visage rond était plein d’hésitation, et ses yeux, bien que cernés et rougis par les jours passés sans pratiquement fermer l’œil, avaient soudain l’aspect de ceux d’un enfant égaré, qui ne sait pas où tenir la corde afin de sauver ce qu’il reste. Car c’était bien ce qu’elle était, en fin de compte. Certes, suite au désastre, on l’avait déclarée adulte, mais dans la plus stricte discrétion, car cela était une idée trop cuisante aux anciens qui lui avaient ri au nez, quelques jours plus tôt.

    Puis Liiken lui demanda ce qu’elle voyait, et l’Astar fronça les sourcils. À présent, qu’on la croyait, que pouvait-elle dire aux Olarils. Ils étaient abattus, égarés, sans comprendre ce qui s’était passé… Elle ne pouvait se permettre des propos alarmistes… D’autant plus si nul danger n’était envisagé. Car tout ce qu’elle lisait, c’était le silence. Nul mort, nul désastre. Nulle joie.
    Rien que le silence, comme si les Dieux, déçus, avaient décidé de se taire. Les étoiles ne parlaient plus, et là-haut régnait simplement le Grand Hasard. C’était un ciel anarchique, pour qui savait lire les constellations, car il semblait que tout avait été brouillé par la main de quelque farceur.
    Peut-être était-ce là un jeu de Filakhan… Peut-être pas.

    Mais en ces heures de peine et de drames, le silence n’était pas satisfaisant. Ils avaient besoin d’autre chose, de quelque chose de plus rassurant. Ils avaient besoin de mots et de confidences. Ils voulaient savoir si leurs morts étaient bien, en haut. Et si les Dieux leur offriraient un peu de réconfort sous peu. Ils voulaient revoir l’herbe sèche, grisâtre, verdir à nouveau. Ils voulaient voir les animaux réinvestir les lieux, sans quoi bientôt ils seraient à court de vivres. Ils voulaient que les cabanes de pêcheurs, fragiles, puissent être rebâties, tandis qu’à présent, nulle structure ne semblait plus vouloir tenir. Même ce campement de fortune ne tenait guère debout, et les tentes, les unes après les autres, s’effondraient, comme frappées par un destin moqueur.

    Tout cela n’était point satisfaisant, et pourtant, c’était là la vérité. Il n’y avait plus rien à lire, plus rien à prédire. Et sans doute fallait-il envisager l’idée que c’était parce que les Olarils n’avaient plus d’avenir. Du moins plus ici.

    Mais que répondre. Fallait-il l’avouer, ou glisser aux malheureux des mensonges réconfortants ? C’était ce qu’elle avait fait avec cette vieille femme, lui assurant que son vieil époux, resté sous les décombres, coulait des moments paisibles aux côtés d’Aimar. Mais elle ne pouvait mentir indéfiniment. Et un jour, il faudrait affronter ce silence, et s’affranchir des jeux divins.

    Le temps de sa réflexion fut long, très long. Elle n’avait pas entendu la dernière remarque de Liiken, au sujet d’Ebanelle, et son propre silence dura encore plusieurs secondes, durant lesquelles ses yeux cherchaient en vain un message dans les astres. Une minute entière, peut-être, s’était écoulée depuis la question de Liiken, quand enfin elle baissa la tête pour lui opposer un visage blême, et une moue contrite. Elle avouerait. Si cela ne présageait rien de bon, il ne fallait pas traîner. L’attente leur avait déjà coûté suffisamment cher.

    « Je ne vois plus rien » Elle déglutit. Sa voix, très basse pour que seule Liiken puisse l’entendre, était comme une confidence soufflée du bout des lèvres, articulée lentement et empreinte d’une certaine angoisse. Tout dans le ton qu’elle adopta disait qu’il ne fallait pas que cela ne se diffuse sans précautions. Il faudrait se montrer délicat, si elle ne voulait pas déclancher de panique. « Ebanelle ment. Les Dieux… Les Dieux ne disent plus rien. » De l’index, elle désigna le ciel, discrètement, puis secoua la tête. « Là-haut, à présent, tout n’est que silence…J’ignore… Nous ignorons tous ce qui va se passer »

    Puis elle rentra de nouveau ses mains froides dans son manteau, et le resserra autour de ses épaules. Quel triste constat…
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MessageSujet: Re: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptyMer 28 Oct - 15:43

Écoutant Sineàd, elle porta à nouveau son regard vers les alentours. Tout le monde semblait un peu perdu, mais des gens serviables, comme Sineàd commençaient à faire de leur mieux pour aider les autres. Liiken décida qu'elle aussi, dès le lendemain matin ferait tout ce qu'elle pouvait pour aider les autres, même si ce n'était pas grand chose, il était hors de question pour elle de laisser les gens à leur sort. Seul l'entre-aide pouvait les sortir de cette impasse dans laquelle le village était tombé.

Elle se tourna vers Sineàd qui répondait à ses multiples questions. Le ton de la jeune fille fit tinter une sonnette d'alarme dans son esprit. Sa voix était beaucoup plus basse, elle ne souhaitait apparemment pas être entendue par d'autres.

Ainsi donc, même Sineàd ne savait plus ce qu'il convenait de faire. Il n'y avait plus personne pour guider les Olarils, Lysandre était alitée, et ceux qui étaient capables de lire les présages étaient aveugles. Aveugles... Liiken repensa à Alia qu'elle avait aidé à sortir des décombres. Il faudrait qu'elle pense à lui rendre visite. Elle devait se sentir fort seule depuis la mort du Grand Prêtre. Son chagrin avait fait beaucoup de peine à Liiken, et elle n'avait aucune idée de comment la consoler. Machinalement et pour tenter de se protéger du froid, elle resserra ses bras autour d'elle. Son optimisme naturel lui faisait défaut en ces temps de malheur, convaincue que certains survivants ne résisteraient pas à ces conditions de vie extrêmes qu'étaient les leurs pour le moment.

Elle porta ses yeux vers les étoiles. Elle n'y avait jamais compris grand chose, aussi, forcément, elle ne voyait pas en quoi le ciel pouvait être différent d'avant. Elle n'avait jamais compris comment on pouvait lire l'avenir dans les astres, ça lui était toujours totalement passé au dessus de la tête, mais aujourd'hui, pour la première fois, elle regrettait de ne rien savoir lire. Elle aurait voulu être capable de contredire les paroles de Sineàd et pouvoir prévoir un avenir heureux.

Elle repensa à ses enfants. Jehan, Lorris, Aed, ils étaient si jeunes encore, ils méritaient d'avoir une vie heureuse. Ils étaient encore innocents et ne devraient pas avoir vécu l'horreur de tous les évènements depuis l'avènement de Lysandre. Elle pensa également à Erwan, qui semblait perdu depuis les feux de la Gérax. Il avait toujours cru que tout allait s'arranger si on laissait les choses couler, doucement, et voilà que la terre s'était déchaînée, ébranlant toutes ses convictions. De fait, les convictions de tout le monde avaient subi de lourds dommage ces derniers temps...

Voilà pourquoi Liiken aurait voulu être de ceux qui compte, ceux qui peuvent influencer le cours des évènements, ceux que tout le monde écoute... Mais il fallait être réaliste, elle était Liiken. Juste Liiken Aryassat, et elle n'avait aucune influence que ce soit sur les Olarils ou sur le monde. Alors à son seul niveau, elle lutterait. Elle lutterait pour ramener le sourire sur le visage de tous ceux pour qui elle le pouvait. Elle donnerait sans compter pour penser les blessures physiques et psychologiques des gens. Elle ne laisserait plus le destin seul influencer sa vie, elle y prendrait par elle-même, luttant contre les injustices. Elle reprit la parole à la suite de Sineàd.

- Peut-être que ce brouillard est temporaire, mais peut-être pas.

Elle lutta pour trouver ses mots. S'il fallait donner du réconfort, autant commencer maintenant. Il ne fallait pas que Sineàd se sente responsable de n'avoir pas su prévenir de l'imminente catastrophe. Si les vieux sages n'étaient pas aussi obtus, rien de tout ceci ne se serait passé comme ça. Mais ce qui était fait ne pouvait plus changer, et il ne servait à rien de lutter contre cela.

- Je ne sais pas comment l'exprimer, mais je sens un changement en moi. Si cette catastrophe est arrivée, sans que personne ne puisse rien y faire, c'est que cela devait être comme ça. Il m'est difficile de croire en une destinée qui régirait nos vies, mais je ne vois pas d'autres raisons à ce qu'il vient de se passer.


De nouveau, elle médita un instant sur ses mots, cherchant ceux qui exprimeraient le mieux ses pensées, ceux qui montreraient que tout espoir n'était pas perdu, et qu'il fallait continuer, pour les morts et les victimes, mais surtout pour eux, pour que leur vie continue d'avoir un sens.

- Si ça devait se passer, que nous n'avons rien pu faire contre, et surtout, que nous sommes encore en vie, cela veut dire que tout n'est pas fini. Chaque survivant aura son rôle à jouer pour redresser le village, les « bons » comme les « méchants ». Nous sommes tous indispensables à l'équilibre, et c'est parce que tout a dérapé avant que nous en sommes arrivés là. Je ne sais pas si je suis claire, mais ce que je voudrais dire, c'est que je suis convaincue qu'il y a encore de l'espoir pour Olaria. Les astres ne vous parlent peut-être plus, mais ce n'est sans doute que temporaire...


Liiken se posa un instant des questions sur l'efficacité de sa démarche. Que pouvait-elle pour Sineàd qui était capable de lire dans les étoiles, et qui ne voyait rien pour le moment. Ce message devait sans doute être bien plus significatif pour elle que pour les autres...Elle ne renoncerait pas pour autant à tenter de redonner de l'espoir à la jeune Astar.

- Trouver les mots pour rassurer n'est pas aisé, d'autant que vous avez sans doute plus d'instinct que la plupart des gens pour discerner le futur, mais je peux vous dire une chose : rien ne se passe jamais en vain. Peut-être ne sommes-nous pas encore sortis de la crise, mais à un moment ou à un autre, ça finira par aller mieux. Il ne peut en être autrement... J'en suis convaincue, dussé-je être la seule !

L'atmosphère étant vraiment fraîche, Liiken se leva pour remettre une bûche sur le feu. L'ironie voulait que l'écroulement de tant de maison permettant d'avoir du combustible en suffisance pour laisser les feux allumés jusque tard dans la nuit. Cela permettait de couper un peu le froid aux alentours des tentes de fortunes.
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MessageSujet: Re: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptyLun 16 Nov - 19:58

    Elle écouta ce que Liiken répondit à ses propos d’une semi attention, relevant les yeux vers le ciel, l’interrogeant sans cesse, priant pour qu’enfin il lui dévoile quelques uns de ses mystères. Car depuis qu’elle s’adonnait à l’astronomie, c’était la première fois qu’elle se trouvait dans une impasse. En cet instant, elle aurait donné cher pour les conseils de l’Aïeul. Ce dernier avait survécu, par miracle, presque, aux drames qui avaient emporté tant d’hommes forts, mais il demeurait un vieil homme, et le choc l’avait plus accablé qu’aucun des survivants. Elle avait passé de longues heures à ses côtés, et lorsqu’elle restait auprès des autres, qu’elle offrait son soutien comme ce soir, elle laissait à sa mère la tâche de le surveiller. Avait-il pu sortir pour regarder les astres ? Sineàd était bien plus avancée qu’il ne l’était, en astronomie du moins, mais un second avis ne serait certainement pas du luxe. Puis ses yeux divaguèrent sur la voûte, et ils effleurèrent le ciel, auprès de la Gérax. Là bas, c’était différent. C’était inconnu, et cela ne présageait pas grand-chose, du moins Sineàd ne le comprenait pas encore, mais les constellations y étaient plus ordonnée, plus structurées qu’elles ne l’étaient au-dessus des restes d’Arestim. L’idée germa en Sineàd de les étudier, à leur tour. C’était de là que venaient la mort et la désolation, et elle était convaincue que c’était de là que devaient venir les réponses.
    En son cœur de jeune fille, Sineàd se sentit soudain excitée, pressée, et elle montra tout à coup une certaine agitation. Puis elle reporta son regard sur Liiken, et esquissa un semblant de sourire.

    « Je ne sais pas trop. Non je ne sais pas si nous aurons des réponses un jour, ni si quelqu’un pourra à nouveau voir notre avenir en ces lieux. Mais je sais en revanche que la vérité est ailleurs. » Elle fronça les sourcils, promenant son regard que les Olarils présents autour d’eux, et posant des yeux rassérénés sur le débat qui s’animait entre Jezabel et Ebanelle. Les gens deviendraient fous, et le chaos germerait bientôt dans les cœurs. Ils devraient tous se montrer plus forts que cela, s’ils voulaient s’en sortir. Il était facile à celle qui n’était guère endeuillée de songer ceci, mais elle espérait de toutes ses forces qu’ils sauraient renaître de leurs cendres, et que bientôt renaîtrait la vie parmis les gens de ce peuple. Que bientôt les regard vides et distants laisseraient la place à la résolution et au courage, que bientôt les animaux reviendraient peupler les environs, et que le printemps finirait, en fin de comptes, pas reprendre ses droits sur la campagne et la forêt. Elle voulait pouvoir arpenter les bois et récolter quelques plantes, elle voulait se poster, allongée dans l’herbe, les yeux affairés à l’étude du ciel et de ses habitants… Elle voulait le retour de son hibou majestueux, ce compagnon de tous les jours et de toutes les nuits, qui avait pressenti le drame et fuit avant les premiers tremblements.

    « Je ne sais pas, mais j’espère, et je souhaite que le malheur et la mort n’aura pas raison de nous. Ce que je peux prédire n’a rien à voir avec les Astres… » Elle baissa d’un ton, et tout à coup son visage laissa apparaître une plus grande anxiété, celle de la jeune fille qu’elle était, qui n’était qu’à peine adulte, et qui avait peur, tout simplement. La peur des enfants, pure et honnête. Car cela, les ires de la Gérax n’avaient pas encore pu le détruire. « Je prédis simplement que pas mal d’entre nous risquent de céder à la langueur et à l’immobilisme… Nous ne sommes pas tous faits pour endurer pareil deuil, pareil choc… Les Olarils sont faibles, et ils risquent de s’effondrer, si personne n’a la force de les relever… » Elle fronça les sourcils, et à nouveau son regard se fit fuyant, et évita celui de Liiken. « Et du ragout ne suffira pas. Il nous faudra quelque chose d’aussi violent que fut le drame, pour équilibrer la balance » Et à nouveau, son regard se fixa sur la Gérax, au loin, apaisée. A présent qu’elle avait déversé sa fureur, Sineàd n’avait plus peur d’elle. Non, Arestim, aujourd’hui, l’inquiétait bien plus. Arestim et ses cadavres, qui se décomposaient, impossible à atteindre. Arestim et sa vermine, Arestim stérile, et ses champs qui ne donneraient rien, cette année.

    Arestim, et la famine.

    Mais qui serait capable d’un tel choc ? Elle devait en parler avec Lysandre.
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MessageSujet: Re: Besoin de Chaleur.   Besoin de Chaleur. EmptySam 21 Nov - 15:15

Sineàd sembla bien cynique à Liiken. Elle semblait ne plus réellement avoir d'espoir en ce qui concerne l'avenir d'Arestim. Pourtant, elle, elle ne pouvait s'empêcher d'y croire. Après tout, que pouvait-il arriver de pire ? Une nouvelle catastrophe ? Personne n'y survivrait, donc ça ne changeait rien pour eux, pour le moment. Si on ne pouvait plus prévoir l'avenir, il fallait se focaliser sur le présent. Elle médita les dernières paroles de Sineàd, un choc aussi important ? Comment quelque chose d'aussi grave pouvait rééquilibrer la balance ? Ça ne ferait qu'aggraver le sentiment d'insécurité qui devait ronger les Olarils en ce moment. Cependant, s'il fallait un que ce choc ait lieu, il était important pour eux de se rassembler autour d'une personne de confiance. Si les sentiments de Liiken à l'égard de Lysandre s'étaient apaisés, ce n'est certainement pas le cas pour tous. Il est même fort probable que certaines haines auront été attisées par la catastrophe. Ne sachant pas si la jeune femme l'écoutait, elle reprit tout de même la parole.

- Et à quoi songez-vous comme choc ? Ne croyez-vous pas que nous sommes suffisamment sous le choc pour le moment ? Regardez certains visages autour de vous, la terreur se lit parfois dans leurs yeux. Pour nous tous, l'inimaginable est arrivé.

Elle réfléchit un moment avant de reprendre la parole.

- Je crois que la prochaine étape pour le village, c'est de se réunir dans le deuil et l'après. Par « après », j'entends la reconstruction du village. Je pense aussi qu'il est temps de mettre définitivement un terme aux dissensions qu'il existe entre les villageois. Au cours de ces dernières heures, j'ai beaucoup réfléchi à tout ce qui nous avait mené jusqu'ici. En premier, j'ai blâmé Lysandre, comme beaucoup d'autres l'ont sûrement fait. Mais je me suis rendue compte que ça ne m'apportait aucun soulagement. Après tout, comment peut-elle être responsable d'une catastrophe pareille ? Elle a commis des erreurs, c'est sûr, mais elle n'est pas la seule responsable de ce qu'il s'est passé. Nous le sommes tous plus ou moins. Nous avons laissé la haine et le mépris s'installer en Arestim...

Au fur et à mesure qu'elle parlait, ses paroles lui paraissaient de plus en plus vraisemblable. Elle avait l'impression qu'une voile qui lui couvrait le visage se retirait peu à peu. Il était temps pour Arestim d'accepter enfin son nouveau chef, de la suivre et de l'écouter. Liiken savait qu'elle avait survécu à la catastrophe, mais qu'elle avait été blessée, mais ignorait si son état était préoccupant ou non. Il était hors de question qu'elle meure, sinon, le village était fini. Jamais ils ne pourraient trouver de consensus sur un autre chef dans l'état actuel des choses.

Son regard se perdit dans le vague, il y avait beaucoup de choses à méditer en ce moment. Elle se sentait fatiguée, mais il n'était pas temps pour elle de se reposer, pas encore, il restait tellement de choses à faire, tellement de douleur à apaiser, de ventres affamés à nourrir, de survivants à soigner. Il n'était pas encore temps pour la méditation, il fallait surtout se concentrer sur la survie de tous. Et pour le moment, à y songer, elle était loin d'être assurée. On n'allait pas tarder à manquer de nourriture, la plupart des réserves avaient été détruites, que ce soit celles de céréales ou de viande. Or l'hiver n'était pas fini, il faudrait trouver rapidement de la nourriture, ou ceux qui n'étaient pas morts de leur blessures ou de froid ne survivraient pas non plus. Ces réflexions pourtant ne démoralisèrent pas la jeune fille. Oui, la situation était délicate, mais elle n'était pas perdue.

- Garder espoir semble difficile pour vous, mais en unissant nos efforts, nous tous, nous pourrons nous en sortir. Comme vous le dites, le ragoût ne suffira pas, mais remonter le moral des gens peut aider. Je comprends vos inquiétudes, vous plus que quiconque d'autre êtes à même de comprendre ce qu'il risque de se passer par la suite. Vous savez peut-être que tout n'ira pas bien, mais vous savez aussi que ce n'est pas ce que tous ces gens veulent entendre. Je n'ai aucun conseil à vous donner sur la manière dont il convient d'agir, je ne sais même pas moi-même ce que je vais bien pouvoir faire ou dire, mais je sait qu'il convient de rassurer un peu les gens pour le moment. Ils sont encore trop sous le choc... Faibles, ils le sont très certainement pour le moment, mais je les pense capable de faire face tout de même...

Liiken se tut. Peut-être que Sineàd n'apprécierait pas ce qu'elle avait dit, mais ce n'est pas parce que la vie était plus difficile pour le moment, qu'elle s'arrêterait de dire ce qu'elle pense vraiment. Elle avait sans doute été un peu brusque, mais tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment, c'était attendre la prochaine réaction de Sineàd.

Mais la réponse ne vient pas. L'aide de la jeune fille était requise ailleurs, et il n'était pas question de la refuser en cette période. Lorsque Sineàd s'éloigna, Liiken lui dit au revoir avant de laisser son regard se perdre vers les flammes, songeant à ce que l'Astar lui avait confié. La solution se trouverait ailleurs ? Si c'était là le choix de Lysandre, Liiken s'y plierait. Désormais, elle ne s'opposerait plus à la jeune chef d'Arestim.

[Sujet clos]
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