Recrudescence

L'image d'un homme. Floue. On le porte, on le traîne, il piétine et glisse sur la terre battue. Oril. Il l'a trouvé. Il est sauvé. Il erre entre deux espaces, entre l'éveil et la somnolence, dans une étrange semi-conscience.
L'arrivée au camp. Le visage trouble des enfants, des hommes et des femmes qui se lèvent, inquiets.

- Un autre survivant !

- C'est ce Garthesia...

- Lui ?

Il ne faisait pas attention, il ne comprenait pas. Il ne su combien de temps s'était écoulé entre le moment où Oril Elanessë l'avait conduit au campement, et celui où deux femmes l'avaient déposé dans une tente vide, et avaient entreprit de le panser, de le soulager de ses douleurs, de laver ses plaies... Bref, de le raccomoder.
Il somnola, puis s'endormit.

A plusieurs reprise, il fut réveillé. La première fois, à cause d'un jappement, juste à l'extérieur de sa tente. Puis, il s'était rendormi. Ensuite, c'était un flappement d'ailes, juste sur sa gauche, qui l'avait tiré de sa torpeur convalescente. Un bref coup d'oeil lui apprit que Machian se trouvait perché sur le dossier d'une chaise miteuse à quelques pas. Comment s'était-il trouvé ici, il l'ignorait. Il étai simplement heureux que l'Aigle ait survécu à la caastrophe. Le troisième réveil fut causé par une cinglante douleur à la jambe. Il avait d'abord gémit, puis avait littéralement poussé un hurlement pur et simple. Une femme avait accouru et lui avait fait boire un liquide qui l'avait fait sombrer à nouveau dans un sommeil agité.
Il fut réveillé quelques autres fois, soit pour des douleurs aigües ailleurs sur son corps, soit parce qu'une présence se faisait ressentir dans la tente.

Il ne savait combien de temps il avait dormi.
Il était réveillé, et se sentait fiévreux. Machian était toujours perché sur le haut du dossier de la chaise, et semblait somnoler lui aussi. Pendant sa semi-inconscience, il avait cru entendre quelqu'un dire que l'Aigle avait piqué vers Oril lorsque celui-ci était entré au camp avec Amiguel à ses côtés. Quelqu'un avait reconnu le volatile que le commerçant avait réussit à domestiquer et avec lequel on l'avait vu de plus en plus souvent ces derniers temps, et il avait été décidé de le laisser près de lui.
A son réveil, il avait demandé de l'eau. Une jeune femme lui avait apporté une coupe qu'il avait vidée d'un trait, puis il l'avait remerciée.
Puis elle l'avait laissé seul alors qu'il reprenait peu à peu ses esprits. Il avait médité longuement. Tout d'abord, dans quel état se trouvait-il ?
Un rapide coup d'oeil dans le long mirroir qui avait été installé devant l'entrée de la tente lui appris que sa jambe droite était enserrée par une attèle de bois solidement ficelée, qu'il était torse-nu et que la totalité de son bras gauche était enveloppé dans des bandages. ses cheveux avaient été lavés, mais il sentait une résistane à l'arrière de la tête, et comprit qu'on lui avait rasé le crâne sur une petite superficie délimitant l'énorme plaie qui l'avait fait délirer, et qu'un bandage rugueux comblait l'orifice. En outre, on lui avait recousu une petite parcelle de la joue droite, ce qui lui laisserait une fine cicatrice, rien de bien méchant. Il s'était attendu à pire de ce côté là.
Globalement, sa mine n'était pas si mauvaise, mais il était sacrément amoché. Il avait cherché ce qui s'était passé depuis sa chute dans la crevasse, mais tout était flou, et pour la plupart se perdait dans un vide noir et béant. Il avait donc renoncé à comprendre, pour la première fois de sa vie. Tout simplement parce qu'il avait compris autre chose, intuitivement: il avait subi un traumatisme et il ne se souviendrait jamais.

Dès lors, son esprit à nouveau conscient et fonctionnel s'était remit en marche. Doucement, mais sûrement. Il avait songé aux apparences. Il fallait qu'il s'inquiète pour ses parents, même s'il savait qu'ils avaient dû périr dans la catastrophe.
Ainsi, donc, il appela. Quelqu'un écarta les pans de l'entrée et lui demanda s'il avait besoin de quelque chose. Il lui demanda si ses parents étaient vivants. On hésita à lui répondre. Il avait haussé le ton, ce qui avait relancé la douleur au crâne, et qui avait donc convaincu l'interlocuteur de lui fournir une réponse.
Le frère du chef de famille Garthesia et sa femme avaient péri, on les avait retrouvé sous les décombre de leur bâtisse.
Amiguel avait fondu en larmes. Réelle douleur ? Pure comédie ? Nul ne le saurait jamais, mais l'acte serait rapporté à l'extérieur.

Ensuite, il avait attendu longtemps. Selon lui, il fallait qu'on lui laisse faire son deuil, solitaire. Peut-être deux jours après, il avait appelé à nouveau. Il n'avait toujours pas eu de visites.
Il s'était enquit de l'état de santé de Lysandre. On lui avait répondu qu'elle était blessée, mais que ses jours n'étaient pas en danger. Il avait alors affiché une mine satisfaite et avait demandé à voir Eldar. Il fut complètement stupéfait d'apprendre qu'il avait été retrouvé mort en compagnie de Vesper Astar. Vraisemblablement, il aurait tenté, en tant que denrier acte de noblesse, de permettre à l'Astar d'avoir sa chance. Mauvais calcul, car ils avaient péri tous les deux. Il avait affiché une mine consternée, alors qu'on fond de lui-même, il bouillait d'euphorie. Il n'avait pas pu espérer mieux que la mort d'Eldar et celle de Vesper. C'était presque incroyable. Tout irait bien désormais, les gêneurs avaient disparu.

Amiguel avait réfléchit quelques minutes avant de demander à ce qu'on lui amène Oril. Il avait besoin de lui parler et c'était urgent.
On accéda à sa demande, et, quelques minutes plus tard il entendit du mouvement à l'extérieur. Il esquissa un sourire et demanda à ce qu'on entre.
Tout était parfait.

Ces deux derniers jour c’étaient résumé en une course perpétuel dans à peu près toute les direction, occuper le temps, ne pas laisser une minute libre afin de tenir, aider à monter une tente ici, transporter des objets, couper du bois, préparer de la nourriture, bref revenir à des taches plus ou moins quotidienne dans un lieux temporaire. A coter de cela il était également parvenu à réorganiser les gardes survivant, la mort d’Eldar avait choquée la plupart d’entre eux, après tout il semblait impossible que cet homme puisse mourir autrement que de vieillesse après avoir accompli son devoir. De fait les responsabilisées de l’ancien chef de garde lui retombait sur les épaules en attendant q’un autre soit nommé.

Voila à quoi il songeait en écartant le rabat de la tente d’Amiguel, on l’avait informé quelque heures plus tôt que le Garthesia souhaitait le voir, mai sil n’avait pas pu ce déplacer avant.

En voyant le commerçant apparemment rétablie il ne su dire pourquoi il n’était pas aussi réjoui qu’il devrait l’être pour quelque un venant juste de frôler la mort. Ce qui ne l’empêchera pas d’afficher un sourire de circonstance.

On me l’avait dit mais je suis satisfait de constater de mes propres yeux que vous vous remettez bien.
Vous vouliez me voir à ce que l’on m’a dit?

Une entrée en matière un peu brusque mais il avait d’autre chose à faire, aller voir sa mère comme il l’avait promis à Helena, il fallait aussi des bras pour préparer l’enterrement des morts, de plus Lysandre semblait c’être réveiller et il devrait tôt ou tard aller la voir également, mais si le Garthesia voulait le remercier comme il le croyait autant que cela ce fasse vite.

Amiguel observa de ses deux yeux dément l'individu qui avait pénétré sa tente sur sa demande. Oui, il souhaitait le remercier. A moitié sincèrement, à moitié pour les apparences. Comme d'habitude, Amiguel Garthesia jonglait entre norme et déviance.
Il parla d'une voix suave qui lui convenait bien.

- Je vous simplement vous remercier, Oril. Merci de m'avoir ramené ici, alors que j'étais au seuil de la mort. J'aurais peut-être péri pitoyablement à quelques centaines de mètres du campement si vous n'étiez pas passé par là.

Mais s'il avait fait mander Oril Elanessë, ce n'était pas simplement pour échanger des politesses, ni pour se contenter de le remercier. En fait, lorsqu'Eldar était vivant, Oril passait au second plan. Mais désormais, il en était certain, c'était lui le plus à même de diriger la Garde de manière provisoire, de la réorganiser et de la conduire pour la défense du campement.
En conséquence, il était désormais un actif de la reconstruction, et un détenteur de pouvoir qu'il fallait tempérer. Et surtout, il avait besoin de lui pour Lysandre. Plus que la sécurité globale, c'était la sécurité du Chef qui importait. Sa sécurité physique, car sa sécurité politique était déjà bien trop branlante, et il oeuvrait avec un fil de nylon pour manier les derniers vestiges de ce qui avait été son plan vis-à-vis du Pouvoir de la Chasseresse.

Un court silence plana dans la tente, à l'issue duquel il invita le Garde à s'installer sur la chaise miteuse qui servait à ses visiteurs. Puis il désigna le glaive qui avait été apporté quelques jours plus tôt par un Garde, et lui parla en ces termes:

- J'ai cru comprendre qu'un autre que moi, une victime de la catastrophe, avait été pris pour moi. Il avait mon glaive avec lui, et l'un de vos hommes, dit-il en marquant précisément et définitivement la position de leader temporaire d'Oril, m'a posé des questions, s'interrogeant sur le pourquoi du comment il s'était trouvé en possession de mon arme.

Il soupira légèrement.

- Il n'a pas eu l'air très convaincu, et j'aimerais que vous-même vous entendiez ce que j'ai à dire à ce sujet... Je me trouvais à l'élevage du Sabot Doré, parce que j'avais besoin de m'éloigne un peu de la place des Ires, j'avais mal à la tête, et surtout parce que j'avais décidé de présenter mes condoléances à la famille de Cyclaë Edorta, étant donné que je n'ai pas pu me présenter à ses funérailles...

Notez qu'il ne nomma pas les raisons de son absence.

- ... et c'était au moment de la catastrophe. J'avais décidé de flâner un peu près de l'enclos aux chevaux, mais ça a commencé... tout ça. J'ai dû perdre mon glaive, je ne sais pas... Toujours est-il qu'un garçon qui avait la même allure que moi avait mon arme dans la main, et je présume qu'il voulait me le rendre... Mais le bêtes sont arrivées, j'ai sauté... et je me suis retrouvé dans une crevasse, du moins c'est ce que j'imagine. Je n'ai aucun souvenir du reste, si ce n'est que l'autre a du périr piétiné...

Il secoua la tête.

- Il y avait un autre homme, un barbu... Je ne sais pas s'il est toujours en vie, mais il pourra sûrement vous confirmer ma version des choses. Je suis profondément désolé par ce qui est arrivé à ce garçon... Peut-être que si je n'avais pas laissé tomber mon glaive...

Il laissa sa phrase en suspens. Quelques secondes d'écoulèrent. Amiguel repartit suru n tout autre sujet.

- Mais il y a plus important que mon sentiment de culpabilité, ce ne sont pas vos affaires et vous ne vous y intéressez pas, je le conçois... J'aimerais vous parler de Lysandre.

Il souffla, parler était difficile alors qu'il commençait tout juste à guérir.

- Je suppose que vous n'êtes pas resté insensible aux rumeurs courant dans notre dos, à Lysandre et à moi-même.

Il rit jaune, ironique.

- Je ne puis vous en dire plus, mais le fait que je vous parle ainsi est la preuve de la confiance que je vous porte, Oril. J'aimerais savoir ce que vous comptez faire pour assurer la sécurité de notre Chef, sa sécurité physique et personnelle. Maintenant qu'Eldar est mort et jusqu'à ce qu'un autre chef de la Garde soit nommé, je suppose que c'est vous qui régissez un peu les opérations.

Il ferma les yeux et se crispa, une douleur l'élança. Il en fit fi et poursuivit, courageux.

- Il importe que Lysandre soit bien protégée. Je suppose que certains vont profiter du chaos ambiant pour porter atteinte à son intégrité physique. Avez-vous un plan ? Peut-être aviez-vous conçu un protocole de protection de Lysandre avec Eldar ? Peut-être encore en concevez-vous un présentement ?

Il lui sourit:

- J'aimerais vous être utile à ce sujet.

Silencieux, il attendit alors ses réponses, sans se douter que cela dépasserait tout ce qu'il avait pu s'imaginer.

La chaise craqua sous son poids lorsqu’il y prit place, ce n’était pas étonnant, dans l’état ou celle-ci était il ne faudrait pas grand-chose de plus pour qu’elle cède et que lui se retrouve au sol, une chute qui pourrait être comique dans d’autre circonstance.

La suite des paroles d’Amiguel ne l’étonna pas plus à vrai dire, l’un des gardes était venu lui parler de l’histoire du glaive et qu’il avait prit l’initiative d’aller interroger son possesseur, le cadavre avait également été ramené et après examen de celui ci couplé au récit du Garthesia que le garde lui avait fait, il en avait déduis que cela pouvait très bien c’être passer ainsi.

J’ai entendu parler de ce problème. Vous serez eut être content d’attendre que vous ne serez pas impliqué pour quoi que ce soit à ce sujet, les seul trace retrouver sur ceux jeune homme sont celle des chevaux.

La grimace qui lui déforma le visage à ce moment expliquait bien suffisamment le peu de plaisir qu’il avait éprouvé à faire ce constat.

Quand à cette troisième personne, nous allons la chercher quand même, mais elle ce serait manifestée je suppose, s’il y’avait eu quoi que ce soit d’autre à dire. IL n’y a rien d’autre n’est ce pas ?

La question était simple et il n’avait pu s’empêcher de la poser tout en fixant Amiguel. Même s’il en connaissait déjà la réponse, qu’elle soit vraie ou fausse. Et de toute façon les derniers évènements noyaient les actes de chacun dans la confusion, combien d’autre personne en avait profité ?
C’est pourquoi il préféra passer au sujet suivant. Le coude sur les genoux il joindra les mains avant d’y faire reposer son menton réfléchissant à la suite.

J’ai travaillé dans une taverne Amiguel, et comme vous devez vous en douter, les rumeurs cour tellement vite dans ce genre d’endroit et les versions changent tellement de foi que j’ai apprit à ne plus écouter celles qui n’ont pas d’intérêt.

La réponse devrait suffire, elle ne disait juste pas quelle version des rumeurs il avait décidé d’entendre. Ce qu’il souhaitait aborder ensuite était nettement plus délicat, il ne pouvait ce départir d’un certaine défiance à l’égard du commerçant, mais en même tant il c’était montrer loyal à Lysandre jusqu’ici.

Comprenez que ce que je vais aborder la n’est connu que de peu de personne et que si les circonstances n’étaient pas ce qu’elles sont, vous n’en entendriez même pas un mot.

On circulait autour des tente, des bruits de pas des voix, Oril se lèvera et d’une main glissera la chaise plus près du lit avant de reprendre dans un murmure.

Il y’a quelque temps, à la suite des malheureux évènement de la fête de Bakarne, Eldar a mit en place une petite section chargée de surveiller de manière discrète ces rumeurs dont vous parliez, d’en vérifier certaines et également d’enquêter sur certain fait troublant. Ce qui mena d’ailleurs à l’arrestation de Vesper Astar.
Cette section était également chargée de surveiller les actions de ceux que nous nommions les opposant, et de prévenir au mieux toute tentative d’agressions physiques préméditées sur Lysandre, ainsi que de l’avertir de tentative de renversement plus. Diplomatique.

Oril était nerveux et cela ce voyait. Il venait carrément d’admettre que certain Olarils en surveillaient d’autres, il ne l’avait pas non plus annoncé, mais cette brigade devait forcément avoir reçu l’approbation de Lysandre, si l’on se basait sur le caractère d’Eldar qui l’avait fondée.

A l’heure actuelle, cette section ce réduit à une seule personne.

Personne qui attendait justement de pouvoir rencontrer Lysandre en privée afin de pouvoir évoquer cette situation.

Autant dire que pour l’instant elle pourrait aussi bien ne plus exister.

Voila, il avait tout dit ou presque, tout révéler à un homme qu’il ne cernait pas complètement et dont il n’était pas sur de l’honnêteté sur certain point, mais qui semblait malgré tout fidèle à Lysandre, et cela c’était essentiel.

Vous êtes maintenant dans la confidence.

Inutile de lui dire qu’une indiscrétion quel qu’elle soit mettrait fin à toute les chance de Lysandre pour redorer son blason et rétablir sa position, à moins que celle-ci ne ni en bloc l’existence de la brigade et ne lui fasse tout retomber sur le dos. Etrangement cette possibilité ne luis paraissait pas impossible. Rien n’était impossible ces derniers temps semble t’il.

Amiguel approuve d'un signe de la tête le fait qu'aucune charge ne soit retenue contre lui à propos de la mort de son "sosie". Inepties, il était unique. Il était l'Elu. Choisi entre tous pour être investi de la mission de mener les Olarils vers l'ascencion et la lumière.
Choisi par qui, ça ne restait qu'un vague flou pour lui. L'inconscient collectif pouvait représenter une bonne définition de cet anonymat nébuleux. Et le fait qu'il ait lui-même conscience du rôle qu'il aurait à jouer dans les temps prochains ne laissait pas de place au doute. C'était Lui.

Ensuite, Oril lui confirma sans lui confirmer que les rumeurs couraient bon train dans leur dos. Il s'en souciait peu, c'était ainsi, surtout depuis les actions vaines de Vesper.
Pourtant, la suite lui procura un choc violent, qui fit fuser l'adrénaline dans chacun de ses vaisseaux sanguins, un coup de pression excessif. Mais c'était naturel: Amiguel en lui-même était l'excès.

Une Section de l'ombre. En nommant la petite faction ainsi, il ne se doutait pas qu'il se rapprochait étonnament du nom que lui avait donné Eldar, à savoir la Brigade de l'ombre. Mais c'était probablement la dernière chose qu'il pouvait apprhéender à ce moment précis. En un instant, les rouages grincèrent et se mirent en branle, tout trouva sa place et le puzzle fut terminé. Amiguel avait une vue d'ensemble.
L'arrestation de Vesper... Lui-même avait contribué à celle-ci en remettant à Eldar le papier d'écriture que l'Astar lui avait glissé dans la poche. Le papier avait donc servi à la Section de l'ombre pour l'arrestation de Vesper.

Rapidement, il analysa le rôle qu'avait eu la Section du temps d'Eldar, et quelle sorte de d'idée novatrice lui avait permis de la mettre au point. Il ne faisait aucun doute que Lysandre avait donné son aval à sa création. Et elle lui avait occulté ce fait. Ce qui signifiait qu'elle ne lui faisait encore pas totalement confiance. Ou plutôt, qu'elle avait craint des fuites. Ce qui était compréhensible. Elle ne connaissait pas la volonté sans faille du commerçant. Et puis, il n'avait pas eu besoin, selon elle, d'en apprendre plus à ce sujet. Intelligible et Logique. Il la conseillait, il la soutenait, il n'avait pas besoin d'apprendre l'existence d'un tel groupuscule, ça ne faisait pas partie de ses fonctions, d'autant plus que son rôle restait officieux.
La Section de l'ombre avait été un groupe d'individus agissant sous l'ordre d'un chef, qui avait pour rôle d'épier et d'espionner les autres Olarils, de faire des rapports à Lysandre, et de la protéger en ultime recourt. L'ultime rempart.
C'était bien pensé, et cela n'étonna pas le jeune homme que Lysandre ait été séduite par l'idée.

Amiguel laissa longuement le silence s'installer dans la tente. Il méditait intensément à la question. Entre ses mains était à présent fiché le savoir d'Eldar, de Lysandre et d'Oril. Car, il l'avait compris par ses propres mots, Oril était le dernier survivant de cette faction secrète. Il pourrait certes lui cacher l'existence d'autres membres, mais ça n'aurait pas eu de sens. Non, au contraire, il lui avait fait confiance, et lui avait tout annoncé en bloc.
Peut-être avait-il vu en Amiguel quelq'un de fiable, un soutien inébranlable à Lysandre. Et c'était ce qu'il était présentement.

Après de longues minutes de mutisme, il se décida à prendre la parole. Sa voix était plus rauque et grésillante.

- La confiance que vous m'accordez en me révélant cela est grande, Oril, je tâcherai de ne pas la trahir. Vous et Eldar avez été trop prévoyant pour que je détruise votre travail.

A nouveau, pause. La nouvelle avait été fracassante, il lui fallait du temps pour reprendre le fil de ses idées et rassembler ses esprits. Il s'était attendu à tout, sauf à ça.

- Je pense...

Hésitation.

- Je pense que vous n'êtes plus seul, désormais. On peut considérer que le fait que je sois à présent dans le secret fait de moi une sorte de membre de cette... secte.

Au sens littéral du mot, c'était vrai.

- Il n'est pas impossible que Lysandre ait encore besoin de vos services, et du service de cette " Section de l'ombre "... Les temps sont troubles, et je suis persuadé que des Olarils vont s'élever contre elle. C'est une bonne chose que vous m'en ayez parlé. Puisque vous avez entendu des rumeurs, vous n'êtes pas sans ignorer que j'ai un contact particulier avec Lysandre. Je ne peux pas vous en dire plus à ce sujet, malheureusement...

Tant pour lui que pour Lysandre.

- ... mais je peux faire en sorte de donner un second souffle de vie à cette faction, en faisant la demande à Lysandre.

Un léger sourire, empreint de douleur physique, s'afficha sur le visage du commerçant. Un début de plan commençait à germer dans son esprit. La Section de l'ombre serait le fil de nylon qu'il actionnerait depuis l'anonymat pour soutenir le trône branlant de Lysandre.

- Je peux prendre en charge une nouvelle constitution de la Section de l'ombre. Vous y aurez votre place. Votre expérience est essentielle...

Il esquissa une grimace. Sa jambe le lançait.

- Lorsque je me serai un minimum rétabli, je prendrais cela en charge, je veux vous être utile à vous, et à Lysandre, pour assurer sa sécurité. C'est une bonne chose que vous m'en ayez parlé.

Il toussa pour évacuer les quelques derniers résidus de cendre qu'il avait ingurgité pendant sa Marche pour la vie.

- Je m'en occupe.

Puis il partit dans une nouvelle quinte de toux, plus violente. La convalescence était difficile.

[ Je ferai la cloture du sujet après ta réponse Wink

]

Il s’agit autant de confiance que d’intérêt. Si je vous en aie parlé c’est que j’estime que vous avez les compétences nécessaires pour justement rétablir la brigade.

Bizarre comme cela lui déplait de dire ça, même s’il devait bien l’admettre.

Au moins autant qu’Eldar, vous avez l’intelligence, un certain charisme et Lysandre semble écouter vos conseille. Ce qui est nécessaire après tout. C’est quelqu’un de votre trempe qu’il faut pour remplacer Eldar après tut, peut être même serez vous plus efficace sur certain plan.

Il savait le commerçant capable de chose retorse, bien plus qu’Eldar qui était peut être trop honnête pour diriger une faction de ce genre.

Ce ne sera pas facile de reprendre les rênes, je ne sais pas si vous en prendrez la tête ou si vous nommerez quelqu’un d’autre à ce sujet la mais il faudra peut être y intégrer plus de membre cette fois, et certain de la garde car nous risquerons d’avoir besoin de bras.

Par la il entendait que les membres de la garde quasi totalement fidèle à Lysandre ne pourrait toutefois être maintenu que par lui, comme l’avait prouver leur obéissance ces derniers temps.

Et même si officiellement nous somme neutre, je sais de quel coté ils se tourneraient en cas de grabuge.

La fin de la conversation sonnait, inutile de s’éterniser, tout semblait régler, il avait trouvé un nouvel appui et cette idée le rassérénait un peu.

Je vais vous laisser vous reposer maintenant, j’ai un système de surveillance à mettre en place. Une affaire de loup trop hardi dans les parages apparemment.

- Merci, Oril, cette considération me touche.

Il n'en était rien. Amiguel savait pertinemment ce qu'il valait. Et sa valeur était au moins deux fois supérieure à celle du défunt chef de la Garde.

C'était en partie vrai. Il était nettement plus subtil, plus intelligent, plus machiavélique, et il ne s'embarassait pas de scrupules.
C'était en partie faux. Jamais il n'atteindrait son degré de noblesse et de loyauté. La Droiture, il ne connaissait pas, ou du moins sous un autre angle de vue. Nettement plus pervers.

- Je suivrai vos conseils, et vous serez tenu au courant de l'avancement de sa constitution.

Il observa le Garde se glisser à l'extérieur.

- Aurevoir, Oril.

~~Sujet clos~~