Les Tables d'Olaria
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 Les Larmes de l'Endeuillée

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Mithra Edorta
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Mithra Edorta


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MessageSujet: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptySam 24 Oct - 17:27

      Un frisson dans le silence…
      Puis une respiration, sifflante.
      Sonore.
      Seule, elle résonne…
      … dans ma tête, dans ma poitrine.
      Puis autre chose vient lui faire échos…
      … la douleur. Je la sens irradier ma jambe droite, puis le bas de la gauche.
      Je la sens, dans mon épaule, et dans mon bras droit…
      Je la sens dans ma tête…
      … elle tambourine à mes tempes, se rappelle à mon souvenir.

      Puis je me souviens, et c’est mon âme, qu’elle envahit.


    ***


    Bien qu’éveillée, Mithra Edorta conserva les yeux clos. Parce qu’elle ne savait pas où elle se trouvait, parce que le dernier souvenir qu’elle avait était le visage de son frère bien aimé la tirant des décombres. Et surtout parce qu’elle était terrifiée à l’idée de ce qu’elle verrait, en ouvrant les yeux.
    Ils restèrent clos, longtemps. Et sous ses cils, sans qu’elle n’émette le moindre son, de petits cristaux vinrent se glisser, pour rouler sur ses pommettes fines, mais toujours bleuies par les hématomes. Sur son front, elle sentait les onguents, gras, qui sans doute évitaient à une plaie de s’infecter, mais elle sentait aussi les attelles à son bras et à sa jambe, ainsi que les bandages épais qui lui maintenaient l’épaule dans un parfait immobilisme. Alors tout ceci n’était pas un mauvais songe, non elle n’avait pas rêvé son ensevelissement, ni, sans doute, celui de ses enfants. Elle n’avait pas rêvé le soufre, ni la destruction totale de ce qu’elle était, ni même l’effondrement de la Cité Edorta. Ni celui d’Arestim Dominae.

    Tout cela n’était qu’une réalité, cuisante, violente. Ce n’était qu’un tableau criard tâché de vermeil. Et dorénavant, c’était ce avec quoi elle vivrait, chaque jour.

    C’est un miaulement, faible, qui la tira de son immobilisme. Un miaulement bien connu, qui lui rappela l’étouffement et l’angoisse. Elle ouvrit ses yeux noirs en amande, et hasarda un regard humide de larmes autour d’elle : elle se trouvait dans une tente, sur une couchette de fortune. On l’avait vêtue de hardes chaudes et épaisses, puis recouverte de nombreux lainages. Ses cheveux étaient démêlés et attachés sur le côté, et enfin, dans un coin de la tente, elle remarqua quelques effets à elle, que des Olarils bienveillants étaient allés chercher pour la veuve de Laclaos. Un petit coffre, où, sans doute, on avait entassé quelques hardes, et, elle imaginait, sans doute quelques vestiges de ses richesses. Elle déglutit, non sans difficultés et tourna son visage blafard en direction du félin qui ronronnait à son oreille. Que faisait-il là ? Et depuis combien de temps se trouvait-elle ici ? Elle n’en avait pas la moindre idée, tant elle avait tourné et retourné dans ses cauchemars. Toujours était-il que, sans doute assez reconnaissant de l’aide apportée, Loua se trouvait là, prêt à accueillir le réveil de Mithra, qui par ailleurs était plongée dans une profonde solitude. Elle leva sa main valide avec moultes difficultés, pour effleurer le crâne du matou. C’est alors qu’elle se rendit compte du malaise qui l’avait saisi. Elle se rendit compte de la fièvre, du fait qu’elle avait les lèvres sèches, ainsi que de la sensation de vertige qui la saisissait au moindre mouvement.

    Avec un rictus, elle abaissa sa main et soupira, profondément. Elle ne voulait pas parler, ni émettre le moindre son. Elle ne voulait pas non plus bouger… Et après réflexion, elle n’avait pas même envie de vivre. Car au fond d’elle, le pressentiment se faisait de plus en plus puissant. Elle sentait sa poitrine se serrer, ses membres se raidir, et les larmes redoubler à ses yeux. Oui, elle se sentait amputée de bien plus que de chair.
    Elle se sentait amputée de ses enfants…
    Elle était sûre, à présent, que son frère n’avait pu les sortir de là, tant ils avaient eu du mal à la sortir elle. Et eux se trouvaient bien plus profond, sous les décombres.

    Elle avait eu une altercation avec son fils, avec sa fille… Et c’était là ce qu’ils emporteraient dans le royaume des dieux. L’unique legs de Mithra Edorta à sa progéniture. Ses sanglots, alors, se firent plus bruyants, et elle porta une main à ses yeux, sous laquelle les larmes ruisselaient. Elle pleurait chaudement, comme une enfant en proie à un redoutable malheur…
    Elle pleurait surtout seule, et se laissait aller à sa tristesse comme jamais elle ne l’avait fait depuis la mort de son époux…

    C’était là les bienfaits de la solitude.


Dernière édition par Mithra Edorta le Lun 26 Oct - 10:17, édité 2 fois
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Kal'Berrik Filialanël
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptySam 24 Oct - 19:28

Partout où il allait, c'était la tristesse, la douleur, la souffrance. Kal'Berrik avait rendu visite à de nombreux Olarils depuis le début de la journée. En tant que principal représentant des Dieux, il devait réconforter des gens brisés et découragés, qui risquaient de perdre la foi et l'envie de vivre. Il se devait de leur montrer que tout n'était pas perdu. Qu'ensemble, ils reconstruiraient Arestim et montreraient aux Dieu que leur civilisation n'était ni desséchée ni vouée à l'échec.

Le Pontife avait prié un nombre incalculable de fois Hegoa d'accueillir avec bienveillance les défunts au Panthéon des ancêtres, et Bakarne de leur reconnaître un foi inébranlable jusque dans la mort. C'était son rôle, et il l'assumerait.
Lui-même n'avait jamais douté que Lysandre était la cause de tout ceci. Sa propre douleur, la perte des siens... La douleur des autres et la destruction de tout ce qui avait été la grandeur des Olarils... Lysandre était responsable. Et pour cela, elle devait être évincée.

Il avait croisé, un peu plus tôt dans la journée, un fervant Opposant de Lysandre, qui heureusement avait retrouvé la totalité de son foyer en bonne santé. L'un des rares miraculés. Celui-ci avait maudit Lysandre en des termes qui ne convenaient pas à un homme de foi. Il avait dérivé vers un récquisitoire à l'encontre des Dieux d'avoir fait de Lysandre le Chef, en sachant qu'elle provoquerait leur propre colère. Le Pontife l'avait prit à parti en lui annonçant que son dégoût de Lysandre était légitime, mais il lui avait expliqué qu'il ne fallait en aucun cas blâmer les Dieux pour quoique ce fut. Lysandre avait été nommée par Laclaos, pas par Bakarne. Et c'était elle, seule, qui s'était écartée de la voie divine, déclenchant le cataclysme rédempteur.
L'homme l'avait d'abord regardé avec des yeux inexpressifs, puis avait simplement hoché la tête. Quelque chose, un message discret, était passé entre les deux individus. Le Pontife venait de poser le premier gravillon de la tour d'Opposition qu'il s'apprêtait à ériger. Le tourbillon déchaîné de la haine des Olarils allait bientôt être généré, et Lysandre serait purement et simplement renversée. Tout cela au nom de la Justice divine.

Mais d'abord, il fallait redonner foi aux Olarils. Il fallait leur faire comprendre qu'il subsistait de l'espoir en sa propre personne, que tous pourraient se reposer sur son épaule, et qu'il les conduirait au-delà des erreurs de Lysandre. Avec lui, tous pourraient apaiser la colère des Dieux. Il les guiderait vers un avenir meilleur sur tous les plans. Un avenir de foi, de pureté et de service aux Dieux.

Alors qu'il traversait une allée de tentes, il arrêta un garde blessé à la tempe qui se rendait quelque part - où ça, peu lui importait - pour lui demander s'il savait où se trouvait la tente de Mithra.
Il n'avait jamais apprécié son mari, qui avait soumis son prédecesseur à son bon vouloir. Mais la veuve était fondamentalement opposée au règne de Lysandre sur Arestim, et elle avait perdu la globalité de ses enfants: Xan, Eldar, et Varvara. De la fraterie, il ne restait que Kiriel le forgeron et Killian l'enfant.
Il avait appris que la femme se trouvait en compagnie de son fils aîné et de sa seule fille lors de la catastrophe, à laquelle ils avaient succombé. De toute évidence, elle ignorait encore la mort de son autre enfant, puisqu'elle avait été immédiatement transporté au campement après qu'on l'ait découverte, au seuil de la mort.

Il lui revenait donc la douloureuse tâche de lui annoncer la nouvelle. La veille au soir, Eldar avait été retrouvé en compagnie de Vesper sous ce qui restait de la Caserne. Selon les dires de ceux qui avaient retrouvé les corps, le chef de la garde avait tenté de sauver l'assassin d'une mort certaine. Ce qui avait été louable de sa part, mais une pure ineptie. Il n'était pas question d'épargner aussi noblement la vie d'une hérétique aussi virulent qu'un assassin. Et l'Astar avait été affirmé comme tel par Lysandre. Encore que cette affirmation était à méditer, car il était aussi possible que celle-ci, à l'affût d'un peu plus de crédibilité, se soit servi du coupable idéal pour affermir sa position vis à vis des Olarils.
Mais l'heure n'était plus à de telles spéculations. Il devait trouver Mithra et s'assurer de son état mental.

Il suivit les indications du garde qui lui avait parlé d'une voix précipitée, visiblement impressioné que le Pontife lui adresse la parole de manière aussi naturelle. Il arriva enfin devant ladite tente, soupira un instant, et poussa les toiles qui en fermaient l'entrée. A son arrivée, le chat miaula. Il haussa brièvement un sourcil. Le spectacle n'en n'était pas un. Elle avait une mine misérable. Entre bandages, attèles et baumes de soin, on avait du mal à reconnaître la femme qu'elle avait été avant la catastrophe, c'est-à-dire une statue d'orgueil et de dignité.
Il lui adressa un sourire, puis s'empara d'un tabouret mité, le fit glisser jusqu'à son chevet, et s'assit à ses côtés. Dans le mouvement, le chat prit peur et alla se réfugié de l'autre côté du lit, contre la toile de la tête, près de sa maîtresse.
La voix de Kal'Berrik s'éleva, mystique, grave et douce:


- Bonjour, Mithra. Vous voilà dans un état pour le moins peu évident.

Il prit un air gêné, et son sourire suivit le mouvement.

- Les Dieux ont décidé que vous resterez en vie. Votre heure n'est pas encore venue, j'en ai parlé avec vos soigneurs.
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Mithra Edorta
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptyDim 25 Oct - 10:30

    Combien de temps resta-t-elle étendue ainsi, à pleurer, sans la moindre retenue ? Elle avait gardé sa main sur les yeux, la respiration saccadée, entrecoupée de hoquets sonores. C’était tout son malheur, retenu avec tant de dignité ces dernières semaines, qui filait entre ses doigts, comme du sable ou de l’eau, que cette main moite tentait de retenir en vain. Oui elle était seule, et il lui fallait se débarrasser de tout cela… Pour vivre ? Vivrait-elle seulement, une fois rattrapée par le deuil. Qu’avait-elle vécu, ces derniers temps, si ce n’était lutte et peine ? Une telle vie méritait-elle que l’on se lève, chaque jour, et que l’on se dresse ?
    Sous sa main, elle fronça les sourcils, le visage courbaturé, douloureux à force de pleurer, puis se mordit les lèvres jusqu’au sang. Il n’était pas possible qu’elle les enterre. Pas eux, si jeunes, promis à un bel avenir. Non elle ne pouvait pas mettre en terre ceux qui étaient issus de sa chair. Ce n’était pas l’ordre naturel des choses. Et quoi qu’elle ait fait pour mériter pareil châtiment, elle ne l’accepterait pas.

    Les larmes n’avaient pas cessé, et toujours elle avait sa main sur les yeux, lorsqu’elle entendit du bruit à l’entrée. Des voix. Alors quelqu’un se trouvait juste devant la tente ? Elle leva un peu la main, prise à nouveau d’un vertige, mais tenta de poser un regard clair sur l’entrée de la tente, dont les pans ne tardèrent pas à s’écarter pour laisser apparaître un visage connu de tous.

    Kal’Berrik.

    La surprise de voir l’homme des Dieux pénétrer dans sa tente en pareil instant fut telle que les pleurs s’arrêtèrent. Lui qui avait toujours été un homme discret, qui s’était tenu à l’écart de leurs affaires ces derniers temps, elle avait tout à fait oublié sa présence au village. Mais sans doute ce drame ferait-il remonter d’autres connaissances… Du moins, celles qui avaient survécu.
    Toujours craintive à l’idée de parler, elle le laissa s’approcher, et n’eut pas la moindre réaction lorsque le chat de sa belle-fille s’éloigna, indisposé par la présence d’un tel homme. Puis il lui parla, et ce qu’il dit la fit blêmir quelque peu. Oui, sa situation n’était pas évidente, c’était le moins que l’on puisse dire… Mais faisait-il référence à son corps brisé, ou à son âme meurtrie ? Car l’être qu’il avait en face de lui n’était à présent plus que douleur… Et cela se voyait. Cela se voyait également dans le regard qu’il lui renvoyait, posé, ferme… Elle devait être méconnaissable. Puis il évoqua clairement sa santé, et tenta de la rassurer quant à son avenir. Alors les Dieux avaient décidé de ne point la rappeler parmi eux ? À cette idée, Mithra fronça les sourcils, et mordit ses lèvres déjà blanchies par les précédents assauts infligés par ses dents. Elle ouvrit la bouche, regardant ailleurs, ne pouvant d’abord émettre qu’un sifflement, puis parvenant à retrouver sa voix.

    « Les Dieux ont jugé bon de me faire souffrir encore quelque temps… Devrais-je me réjouir… ? » Elle avait dit cela à voix basse, éteinte. Elle avait dit cela sans accorder à son visiteur un regard, le sien emplit de colère et de douleur. Elle fronça les sourcils, puis tourna la tête pour afficher un visage marqué par les pleurs. « Devrais-je me réjouir d’une vie de deuil et de peine éternels, quand les Dieux m’auront ôté l’un après l’autre tous les êtres qui me sont chers ? » Puis c’est de colère que la voix monta en volume, retrouvant un peu de sa vigueur d’antan. « Lorsque j’aurais mis en terre les miens, que je leur survivrais pour n’éprouver que ressentiment… Quel dieu… » Elle fronça les sourcils serra les dents. « Quel dieu devrais-je remercier pour m’avoir laissé vivre… ? »

    De nouvelles larmes menaçant, elle se maudit de ne pas pouvoir bouger, de ne pas pouvoir se redresser. La respiration accélérée, elle s’en voulait de s’emporter face à un tel homme, lui qui venait prendre de ses nouvelles. Mais il représentait ceux qui avaient décidé de leur punition. Et eux, elle ne le leur pardonnerait pas de sitôt…



Dernière édition par Mithra Edorta le Dim 25 Oct - 11:15, édité 1 fois
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Kal'Berrik Filialanël
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptyDim 25 Oct - 11:14

Kal'Berrik écouta les propos de son interlocutrice avec attention. Il comprenait sa douleur. Il la ocmprenait d'autant plus qu'elle lui avait offert la vision d'un visage marqué par la souffrance morale, marqué des sillons causés par des larmes qui, semble-t-il, avaient coulé à flot pendant de longues minutes.

Lorsqu'elle entama sa réponse, il fronça les sourcils, un air sévère s'imprima sur son visage. Mais il s'adoucit. Il comprenait. Il comprenait qu'on puisse renier les Dieux lorsqu'on ne parvenait pas à situer le principal responsable. Il n'approuvait pas, mais il comprenait, oui.
Pourtant, les Dieux avaient leur raison, et la Raison divine était la seule qui méritait d'être prise en compte. Les Olarils devaient se plier à la volonté des Dieux, ils devaient respecter leur enseignement. Ceux qui ne le respectaient pas subissaient leur courroux. C'était logique. C'était indiscutable.

Mais Mithra ignorait encore qu'un autre de ses enfants n'était plus. La nouvelle achèverait de la convaincre que ce qui lui resterait à vivre ne serait que souffrance et douleur. Kal'Berrik ne souhaitait pas en arriver là. Tous les Olarils méritaient d'avoir confiance en la bienveillance des Dieux. La punition avait été un mal nécessaire. Mais l'interprétation de beaucoup était mauvaise. Ceux-là pensaient que les Dieux les avaient abandonnés, et Mithra en faisait partie. Mais le but du cataclysme n'était pas de châtier les Olaril. Kal'Berrik en avait été persuadé. Il avait été engendré afin que lui-même abatte Lysandre.
Le châtiment de l'Effrontée viendrait du peuple, pas des Dieux. C'était elle qui avait provoqué leur colère. La logique des choses était limpide.

Il laissa le silence planer un moment, puis approcha sa main de celle de la femme brisée qui se trouvait en face de lui. Il la souleva, et apposa son autre main au-dessus, de telle sorte qu'il la tenait doucement. Il ferma les yeux et psalmodia une prière qui dura quelques minutes.
Lorsqu'il eut fini, il rompit le contact et plongea son regard d'or dans celui de la veuve.


- Vos fils Kiriel et Killian son vivants.

Il ne mentionna pas Eldar.

- C'est pour ces miracles que vous pouvez remercier les Dieux. Ils vous ont donné de pouvoir vivre avec vos deux fils pour le restant de vos jours. Je comprend votre chagrin, j'ai moi-même perdu six des sept autres membres de ma famille.

Il lui adressa un sourire triste.

- Il ne faut pas blâmer les Dieux pour ce qu'ils ont engendré. Leur colère était légitime. Lysandre...

Il s'arrêta un instant, comme pensif.

- Lysandre est la cause du déchaînement de leur colère. Vous le savez aussi bien que moi. C'est elle la responsable de tout ceci. C'est elle qu'il faut blâmer, parce que c'est elle qui s'est écartée trop souvent de leur enseignement. Les Dieux, par leur punition, nous ont montré la marche à suivre, celle que vous avez toujours empreintée: c'est à nous de la châtier pour ce qu'elle provoqué.

Il approcha à nouveau sa main de celle de la femme et la posa délicatement.

- Les Dieux nous laissent cette tâche. Ceux qui ont survécu doivent mener l'ensemble des Olarils vers un avenir meilleur, un avenir conforme à la volonté de Bakarne, loin des travers de la Chasseresse. Celle qui a provoqué la mort des notres.

Il referma raffermit légèrement sa prise sur la main de Mithra. Quelques minutes de silence s'écoulèrent.

- Mithra, les Dieux ne sont pas responsable... Vous êtes forte.

Il hésita. Comment annoncer la nouvelle ?

- Eldar...

Il se tut à nouveau. C'était difficile. Il savait également qu'une certaine rupture avait éloigné le fils de sa mère, aussi hésita-t-il sur la manière d'annoncer la chose. Décidant qu'il s'agissait tout de même de sa chair et de son sang, il agit comme il aurait agi pour annoncer la mort de Xan ou de Varvara.

- Eldar a été retrouvé sous les décombres de la Caserne, en compagnie de l'assassin. Il semblerait qu'il ait, dans un dernier élan de noblesse, décidé de porter secours à la vie misérable de son prisonnier.

Il enchaîna. Il ne souhaitait pas que Mithra ait le temps de déclencher un flot de larmes inconsidéré, et ne cherche pas à regarder si ses yeux se liquéfiaient. Il devait la rassurer.

- Vos fils et votre fille seront accueillis dignement au Panthéon, j'ai personnellement prié pour eux.

De fait, il confirmait le décès de Varvara et de Xan.

- Je suis moi-même profondément attristé par ces nouvelles, et je vous prie de croire en mes sincères condoléances...

Que dire ? Que faire ? Il fallait la rassurer, lui dire que les Dieux n'avaient pas voulu châtier personnellement ses enfants, qu'ils n'étaient pas à condamner, que c'était à cause de Lysandre... Il fallait lui montrer que la voie de la rédemption était celle de la piété...
Il ferma les yeux et s'inclina légèrement en avant. Il reprit:


- Il ne faut pas accuser les Dieux pour ces terribles événements. Celle qu'il faut blâmer, c'est Lysandre. C'est encore et toujours Lysandre qui est la cause du décès de vos enfants, soyez-en certaine... Et je vous promet...

Il l'observa de manière intense.

- ... je vous promet au nom des Dieux que je ferai tout ce qui m'est possible pour que le décès de vos enfants n'ait pas été vain.

A nouveau, le silence. Il ne lacha pas la main de Mithra Edorta, veuve et dépuillée de sa progéniture. pendant quelques instant, il l'observa sans un mot.

- Votre vie est précieuse, Mithra. Les Dieux vous ont accordé le pouvoir d'accomplir leur volonté, et vous ont laissé le bonheur de revoir vivants vos deux autres fils.
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Mithra Edorta
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptyDim 25 Oct - 17:28

    Elle avait senti la colère monter en elle, lui apportant une énergie nouvelle. Et sans doute, si ses membres le lui avaient permis, aurait-elle pu se lever et pester contre ceux qui leur infligeaient pareil châtiment. Mais elle n’en était pas capable, et quoi que tout à fait audible à présent, elle savait sa voix encore trop faible. Et son corps n’était pas capable de mieux, brisé, pour le moment. Cependant… Cependant il n’était pas possible d’ignorer le blanchiment de ses ongles, tandis que, même de sa main invalide, ils se plantaient dans la chair de ses paumes, ni plus que les frémissements de ses pieds sous les lainages… Ni plus que ce regard qui, bien que toujours empli de larmes, avait retrouvé toute sa force et son aplomb. Ses pupilles, noires, braquées sur son hôte de fortune… Celui dont elle attendait à présent l’apaisement, sûre qu’il ne tarderait pas à la démentir, à l’enjoindre de ne point maudire ceux par qui tout commence. Et elle était prête à le recevoir, comme elle recevrait, chaque fois, ceux qui lui vanteraient les mérites divins.

    Mais ce n’est pas par cela qu’il entama son récit, et il évoqua d’abord ses fils… Alors Kiriel et Killian avaient survécu au drame… Elle ferma les yeux, un instant, soulagée. Puis les Dieux entrèrent dans la danse, comme elle s’y attendait. L’évocation de la survie de ses fils comme d’une offrande des Dieux la fit réagir. Elle les avait priés de prendre sa vie au lieu de celle de ses enfants, et au lieu de cela… Oui elle était heureuse pour Killian et Kiriel… Mais ce n’était pas là ce qui apaiserait son courroux.

    De plus, il n’évoqua pas Eldar… Eldar ce fils prodigue, passé à ‘l’ennemi’ pour soutenir ouvertement Lysandre contre sa propre mère. Ce fils-là à qui elle n’avait plus adressé la parole depuis son parti pris. Sans doute serait-ce là l’un de ses plus gros regrets, et à nouveau l’idée de ne plus jamais voir certains de ses enfants, certains de ces êtres qu’elle avait mis au monde, qu’elle avait élevés avec tout l’amour dont elle pouvait faire preuve. L’idée de ne plus les voir droits, ces formidables adultes, qu’en dépit de leurs croyances, ils étaient devenus… L’idée de ne plus entendre leur voix… Ne plus voir leurs sourires, et à travers eux, celui de son défunt époux. Non, décidément, la vie et les Dieux étaient injustes.
    De nouveau des larmes lui échappèrent, qu’elle tenta de masquer, d’abord, puis qu’elle ne pu plus retenir. Et ces larmes, elle s’en accommoda, tout au long du discours de Kal’Berrik. Le fait qu’il évoque Lysandre la surprit quelque peu, car elle devait bien avouer que jamais elle ne s’était préoccupée de la position de cet homme de foi, dans tout cela, ce qui avait été une erreur monumentale. Avant le drame, avant que les cendres et la pierre ne balaient leurs conflits, il eut été un formidable allié pour la veuve… Mais à présent… À présent, si elle conservait de la rancœur pour Lysandre, elle ne pouvait plus s’empêcher de se souvenir que c’était elle, qui avait plongé sous les décombres pour la tenir éveillée… Elle ne pouvait pas oublier que le Chef d’Arestim n’avait pas hésité à mettre sa propre vie en danger pour celle qui n’avait déversé que fiel à son encontre…
    Oh, bien entendu, tout grief n’était pas mort, et Mithra n’était pas contentée par une telle situation… Mais il lui faudrait se reconstruire, sans quoi une lutte acharnée, dans son état, ne pourrait la conduire qu’à l’anéantissement pur et simple de tout ce qui lui restait.

    Tandis que le Pontife se laissait aller aux invocations et aux invectives, la veuve, elle, laissa son regard errer sur le coffre qui restait dans un coin de la pièce. Ces quelques effets que, durant les trois ou quatre jours qu’avait duré son inconscience, ses proches avaient regroupés. Certes ce n’étaient là que babioles, petits objets vils et inutiles, ou soies inutiles… Mais ils représentaient l’amour, et bien que Mithra se trouvait à présent au bord d’un profond gouffre, elle n’ignorait pas que c’était aussi le symbole de ce qu’il lui faudrait sauvegarder, dans sa détresse. Comme elle l’avait toujours fait. Car il était des Olarils qui ne pouvaient suivre Lysandre… Il était des Olarils qui avaient besoin de la suivre, elle. Posée, magnanime, bonne oratrice et surtout femme droite.

    Ses yeux noirs se portèrent sur Kal’Berrik avec douceur. Comme apaisés. Sans doute l’interpréterait-il comme un accord tacite à ce qu’il venait de dire, mais après tout, ce n’était pas là un mal, car lorsque la lutte reprendrait, il ne fallait pas qu’elle le sous-estime.
    Le silence de ce dernier n’était en fait qu’une petite pause marquée, et bientôt elle entendit à nouveau la voix grave et posée de l’homme se glisser auprès d’elle. Un ronronnement suave et dangereux.

    « Mithra, les Dieux ne sont pas responsables. Vous êtes forte »
    Suffisamment pour se sortir des gravats de son existence.Suffisamment forte pour reprendre le dessus et s’affirmer dans le nouvel Arestim, qui naîtrait bientôt de la mort et du chaos… Oui il le faudrait bien, quoi que cette idée lui arrachât de nouvelles larmes. Puis, lorsqu’il prononça le nom de son fils, elle déglutit. Il savait. Il savait comme était mort Eldar… Mithra se mordit les lèvres, et but ses paroles, imaginant chaque pas de son fils vers ce qui aurait dû être la sortie… S’il n’avait pas voulu sauver Vesper, ce moins que rien de paysan… Il serait aujourd’hui à son chevet, toujours aussi droit… Toujours aussi fort. Elle dégagea sa main valide de celle du Pontife, et la porta à nouveau à ses yeux, les lèvres tremblantes et secouées de hoquets. Le liquide, salé, piqua ses lèvres tuméfiées.

    Oui, quelle qu’ait été la cruauté des Dieux d’emporter des êtres si jeunes, elle pria pour qu’ils accueillent ses enfants. Après tout, ils le leur devaient bien. Puis la colère reprit le dessus, et elle fronça les sourcils en relevant le menton, dégageant ses yeux assombris par le fiel.

    Puis à nouveau Lysandre… Lysandre qui était responsable, et qu’il leur faudrait punir. Et voilà qu’à nouveau Mithra sentait poindre en elle un profond désaccord avec ce qui était dit. Elle ne s’opposait pas à Lysandre par haine, et en fin de compte, le seul reproche essentiel qu’elle lui faisait était ses innombrables erreurs, qui avaient conduit trop d’Olarils à la mort. Mais quoi qu’elle en dise, elle savait que la Chef d’Arestim n’était au fond pas une mauvaise femme, et bien qu’elle n’ait pas d’amitié pour elle… Elle était consciente qu’elle ne pouvait être responsable. Non, Lysandre avait été abusée, elle avait été manipulée par des êtres tels que Mithra, trahie par des parasites, tels que Limna. Et la veuve se prit même à penser que Laclaos ne lui avait finalement pas fait un cadeau en lui offrant l’épée des chefs comme héritage. Et puis, Lysandre l’avait sauvée, et quoi que cela fut d’une grande douleur pour son âme, à elle qui vivrait dans une forêt de spectres, son instinct de survie la remerciait, au fond. Elles seraient des adversaires… Mais au fond d’elle, Mithra se fit la promesse de faire son possible pour préserver son ennemie du sort que ses plus virulents opposants lui réservaient. Lysandre serait détrônée, elle perdrait son statut, c’était inévitable. Mais elle ne perdrait pas la vie.

    Elle observa très attentivement Kal’Berrik. Il était un homme intelligent, et la veuve ne pouvait se résoudre à croire qu’il pensait réellement de telles inepties sans que cela ne cache de désirs plus pragmatiques. Des ambitions politiques. Aussi, dans son malheur, esquissa-t-elle un sourire discret, celui qu'en tant que femme policée, elle adoptait lorsqu'il s'agissait de faire savoir qu'elle n'était pas dupe. Pour la première fois et la dernière sans doute, elle commit une imprudence. Volontairement.

    « Ne soyez pas naïf, Pontife. Un tel courroux ne peut être déchaîné contre une seule femme. Lysandre est idiote, mais elle n’est pas un être malsain. Elle aurait pu prendre ma vie sans effort, sous les décombres... au lieu de quoi elle a risqué la sienne afin de me sauver. Non, ce n'est pas Lysandre Hirune qui a tué mes enfants. » Elle marqua une pause, déglutissant avec difficultés, puis reprit : « Ce que je conçois en revanche, c’est que nous tenons-là une opportunité précieuse... »

    Sa voix avait été toute autre, le temps de ces quelques mots. Elle, étendue de tout son long, ne pouvant bouger guère que sa tête, le visage encore en proie aux pleurs… Elle avait eu une étincelle de manigances. Mais cela ne durerait pas, car il n’était pas temps de commettre pareils actes. Elle afficherait cependant son soutien, dans l’intimité… Sans quoi elle risquerait de faire les frais de la fougue de cet homme qui se dévoilait sous un nouveau jour, et qui viendrait rallonger la liste des « alliés » dont il faudrait se méfier.

    Avec un profond soupir, la veuve tenta de se redresser dans le lit de camp, et ne parvint qu’à courber un peu son dos, non sans un rictus de douleur. Il était temps de changer de sujets… Et déjà elle avait quelque chose en tête… Elle releva vers le pontife un regard posé, bien que toujours un peu humide, et lui demanda d’une voix étranglée :

    « Je… Combien de temps vais-je rester ainsi alitée… ? Vous en a-t-on informé ? »
    Puis, avec une petite quinte de toux qui fit irradier la douleur de son épaule, elle ajouta :
    « Vous serait-il possible de jeter un œil dans le coffre, là-bas, et de me dire ce qu’il contient ? »


hrp- si tu acceptes de l'ouvrir, je t’enverrais par MP le contenu du coffre ^^ -hrp
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptyDim 25 Oct - 19:10

Kal'Berrik observa le visage de la veuve de Laclaos lorsqu'elle reprit ses propos. Il tiqua sur une donnée qui ne lui était pas parvenue. Lysandre avait sauvé la vie de Mithra. Fait qu'il avait jusqu'alors ignoré totalement. Il pesta intérieurement contre ses informateurs négligents mais se contenta de conserver un masque de circonstance.

Naïf, lui ? Comment pouvait-elle oser... ? Il sentit une sourde rage tambouriner aux portes de son esprit, mais contint toute émotion, leur sommant de rester enfouies au fin fond de lui-même durant le temps de l'entretien. Il aurait libre court d'exploser par la suite. Lorsqu'il serait seul.

Kal'Berrik était convaincu que Lysandre était à l'origine du courroux des Dieux. Et, de fait, elle était devenue l'objet de son propre acharnement. Son rôle à lui était d'accomplir la parole divine, c'était tout. Parole qui était également la sienne. Ce qu'il disait avait force de vérité, et personne, mais réellement personne ne pouvait se permettre de le contredire. C'eut été une hérésie. Une folle hérésie.
Mithra venait de se faire hérétique l'espace d'un instant. Elle avait contredit la parole divine du Pontife. Il réprima une envie d'exploser de colère, mais se retint, encore et toujours, opposant à son interlocutrice un visage pourvu d'orgueil et de calme.

Ce qu'elle vint à lui soumettre ensuite ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. " Une opportunité précieuse ". Et elle avait parlé d'un " nous ". Autrement dit, à l'instar du villageois qu'il avait rencontré la matiné-même, elle avait accepté les clauses du contrat, qui établissaient qu'elle reconnaissait la nécessité de renverser Lysandre.
Un sourire imperceptible arrondi le coin de ses lèvres. Il avait noté le changement de ton de son interlocutrice pendant son bref discours. Il avait réussi à susciter chez elle une envie qui ne lui était pas étrangère, malgré sa douleur et son chagrin.
Il avait compris qu'elle n'adhérait pas à sa théorie. Elle était n'était pas une femme de petite prestance, mais pensait correctement. Il l'avait quelque part sous-estimée, cela ne se reproduirait plus. Il savait à qui il avait à faire, même dans de telles circonstances. Elle était plus forte encore que ce qu'il avait imaginé. Mais le résultat était là, et elle soutenait qu'il faille renverser Lysandre.
La question de prise de pouvoir viendrait en son temps. L'essentiel pour le moment était de faire cause commune.
Kal'Berrik n'avait pas répondu à la provocation. Il s'était tut.

Lorsqu'elle retomba dans sa torpeur de veuvage, elle demanda combien de temps lui resterait-il à passer au lit. Il lui répondit d'un ton étonnament calme.


- J'ai pu saisir que cela ne dépendrait que de vous. Vous pouvez rétablir très rapidement, comme cela peut durer des semaines. Lorsque vous vous sentirez prête et en bonne forme, vous pourrez songer à vous déplacer. Mais ne précipitez pas les choses et reposez-vous, c'est tout ce qui importe.

Il lui sourit.

- Il est important que vos fils voient une femme en pleine possession de ses moyens lorsqu'ils viendront vous voir.

Ensuite, elle lui désigna un coffre qu'il n'avait d'abord pas vu lorsqu'il s'était introduit dans la tente, et lui demanda de l'ouvrir pour lui faire un rapport complet de son contenu. Il s'exécuta, charmant, et se dirigea vers le rangement, qu'il ouvrit avec aisance. Il s'accroupit, et commencer à trier le contenu.
Il évoqua les possessions à mesure qu'il avançait dans le repérage.


- Il y a trois tenues de soie sauvage. Elles sont un peu abîmées mais vous pourrez aisément les récupérer et les retaper. Ha! Un coffret. Le verrouillage a l'air mort.

Il l'ouvrit et inspecta rapidement le contenu, se disant qu'elle-même devait bien savoir ce qu'il contenait, puisqu'il avait été verrouillé à l'origine:

- Il contient plusieurs bijoux... Ils sont très beaux, mais abîmés pour la plupart. Ce n'est rien de grave, mais ça pourrait vous gêner de les porter.

Il ne le savait pas, mais cinq des bijoux avaient été réalisés par le père de Mithra. Deux d'entre eux avaient été ses propres réalisation, et enfin, le dernier, un cadeau offert par Mithridate Télaran lorsqu'ils étaient plus jeune.
Kal'Berrik poursuivit son inventaire en écartant le coffret à bijoux.


- Il y a une dague incrustée d'un saphir...

Il l'observa un instant, sourit et la présenta à Mithra en la levant au-dessus de lui:

- Il me semble qu'elle appartenait à Laclaos, n'est-ce pas ? Elle est d'excellente facture, et de toute évidence très résistante, puisque c'est à peu près le seul objet qui se trouve intact dans ce coffre.

Il rangea la petite lame et fouilla dans le reste des possessions de Mithra. Elle l'avait autorisé à le faire, il n'avait aucune gêne à ressentir.

- Il y a beaucoup de vos tenues usagées... Et il y également une bourse de couleur pourpre... Ho ! Mithra, vous m'impressionez, vous êtes fortement dotée !

La bourse contenait de nombreuses gemmes, presque autant que lui-même pouvait en obtenir de la part des fidèles. Il esquissa un sourrire et rangea tout à sa place avant de refermer le coffre. Il se tourna vers la femme avant de se réinstaller sur sa chaise.

- Celui ou celle qui a réuni pour vous toutes ces affaires est consciencieux et pense à vous de manère douce. Vous devirez songer à le ou la remercier.

Il se tut un moment, ne sachant que dire. Puis il reprit la parole.

- Vous avez tout mon soutien et toute ma sympathie dans l'épreuve que vous traversez. Si vous avez besoin de moi pour confier, n'hésitez pas, c'est aussi ma fonction. Vous pouvez vous reposer sur moi.
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptyLun 26 Oct - 9:54

    Son rétablissement dépendrait d'elle, alors... C'était rassurant, cela ne présageait donc nul handicap... Ce n'était peut-être pas un soulagement réel mais... Mais c'était bon à savoir. Pour l'heure, elle était encore bien trop lasse pour ne serait-ce qu'envisager de sortir, mais, entre l'ennui, le souvenir douloureux de sa prison de gravats... Sans doute ferait-elle son possible pour quitter celle de lainages bien vite... Quoi qu'il en soit, elle hocha gravement la tête. Oui, ses fils auraient besoin d'elle, très vite. Surtout Killian, le jeune Killian.

    Elle lui avait demandé de vider son coffre afin de lui détailler son contenu. Chaque découverte était un plaisir... Trois de ses nombreuses tenues soyeuses avaient été sauvées. C'était une bonne chose, car dès qu'elle reprendrait des forces, il lui faudrait faire face, et offrir aux Olarils le visage altier et élégant dont ils avaient besoin. Bien qu'alitée, elle demeurait Mithra Edorta, la veuve de Laclaos, et pour beaucoup, elle le comprenait à présent, elle était l'être pondéré et fiable auquel se rattraper. Ce même être dont elle manquait si cruellement aujourd'hui. Lalcaos avait été un bon chef, aimant et avisé. Mis à part sur son lit de mort... Mithra représentait cet être qu'elle avait perdu, et qui lui manquait tant aujourd'hui.

    Il y avait le petit coffre. C'était un coffre réalisé par son père, alors qu'elle était toute petite. Mais le plus intéressant était son contenu. Ces bijoux... Ces bijoux étaient donc les seuls souvenirs qu'elle aurait de ces parents aimants. Ils étaient aujourd'hui l'ultime témoignage du talent de Jaime Télaran... De même que celui de l'orfèvrerie de Mithridate, qui avait exprimé le désir de ne plus s'y adonner. Elle les regarda d'un air vorace, tandis que le pontife les sortait un à un. Chaque reflet, chaque forme était un soulagement. Mais il en manquait beaucoup, et à en croire le pontife, il lui faudrait les réparer. Pour certains, cela serait aisé, mais pour d'autres... Chaque orfèvre avait sa particularité, dans sa famille, et même avec son talent, elle n'était pas sure de pouvoir reprendre l'œuvre de son père. Elle essaierait, pourtant, de leur redonner leur splendeur d'antan. C'était également à travers eux que les Olarils voyaient Mithra. C'était là les symboles de la Veuve et de sa position sociale. La grâce de ses tenues avait quelque chose de doux et de rassurant...

    Puis il sortit la dague de Laclaos. Il la reconnut... Mais qui ne reconnaîtrait pas pareille merveille ? Laclaos, tout en étant un bon chef, était un artisan extraordinaire. La dague était intacte, ce qui n'avait rien d'étonnant. C'était un soulagement, car contrairement aux bijoux, elle ignorait qui aurait pu la reprendre avec pareil talent. Kiriel était un jeune homme, et son style, s'il n'était pas aidé de Katriona, était par trop rude et appuyé... Non elle était heureuse de ne point avoir à restaurer pareil objet. De toutes façons, sans doute l'aurait-elle laissé en l'état.

    Le Pontife se remit alors à fouiller de plus belle, dégageant quelques tenues noires, que très bientôt il lui faudrait revêtir, puis il trouva la petite bourse de velours. Lorsqu'elle la vit, Mithra esquissa un faible sourire. Oui, elle était bien dotée. Mais la plupart de ces joyaux étaient destinés à son art. Ils étaient l'apanage des orfèvres. Cependant, le ton surprit de l'homme des Dieux l'amusa, dans toute sa détresse.

    Il referma le coffre. C'était donc là la fin de l'inventaire de ce qui lui restait... Et Mithra s'aperçut alors à quel point la fureur des monts l'avait dépossédée. Elle avait perdu tout ce qui était sien... En quelques heures. Il lui faudrait se reconstruire à partir de trois tenues et de pierres une vie bafouée par le destin et la mort. Elle soupira, remerciant cependant Kal'Berrik d'un sourire tandis qu'il revint s'asseoir à ses côtés. Oui, elle remercierait la bonne âme qui était allée chercher tout cela dans les ruines... Lorsqu'elle saurait de qui il s'agit. Ses fils, sans doute... Son frère aussi peut-être...

    Avec un frisson, elle écouta les paroles de soutiens du religieux. Après leurs précédentes confidences, elle était bien consciente de ne point pouvoir s'offrir le luxe de pareil "repos". Non, il lui faudrait faire avec Kal'Berrik... Mais elle ne pourrait pas se reposer sur lui. Elle devrait se méfier de cet homme influent... Et se le mettre dans la poche.

    Mais pour l'heure, elle était lasse, et se laissa glisser dans le lit, retrouvant un position plus allongée et confortable. Cela calma un peu ses douleurs. Elle avait les lèvres sèches... Posant un regard sur Kal'Berrik, elle prit un instant, puis lui glissa, simplement : "Merci beaucoup" Pour le coffre, pour le soutien. Ces remerciements, en dépit de ses réserves, étaient sincères.

    Elle ferma les yeux, gagnée par la fatigue... Mais les rouvrit, le visage endurci et livide, et de nouveau sa voix, faible et lente, s'éleva. "Vos... Vos prêtres. Vous n'avez pas eu trop de pertes ?"
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptyLun 26 Oct - 18:54

Kal'Barrik ne répondit aux remerciements de la veuve que d'un bref hochement de tête.
Mithra avait été calme, malgré la douleur. C'était réellement une femme forte, digne de considération. Il ne savait si sa proposition serait reçue avec soulagement ou refusée avec véhémence, toujours est-il qu'il prit ce simple " Merci beaucoup " pour la conclusion de leur entretien.
Non pas que Mithra souhaitait couper court à la conversation, mais elle avait semblé sincère, puis ses yeux s'étaient fermés d'eux-mêmes, allourdis par la fatigue et la souffrance.

Il jugea qu'il était temps de la laisser seul. Mais alors qu'il avait esquissé un mouvement vers la sorte de la tente, elle avait rouvert les yeux et s'était inquiétée - sincèrement ou non - de l'état des lieux en ce qui concernait le corps clérical.

Il se rassit convenablement et soupira, avant de déclarer d'un ton morne:


- Je ne sais pas exactement... Les pertes sont conséquentes... Des Grands Prêtres sont morts. Nydearin Hirune a dépêché l'administrateur Garthésia, Ergan Dialon, pour mesurer l'ampleur des dégâts.

Il s'arrêta, un rictus gêné sur les lèvres.

- Je suppose qu'il parviendra à chiffrer les pertes rapidement. Mais je suppose que nous ne sommes pas les plus à plaindre. Les Dieux nous guident et nous préservent du chagrin et de déni. En revanche, il est des familles brisées et déchirées par la douleur...

Il soupira.

- Je ne sais si je saurai faire perdurer la Foi en chacun d'eux. Si Arestim perd la Foi, les Tables d'Olaria sont vaines, mon statut l'est également, et nous n'auront plus qu'à revenir aux temps Antiques décrits par les légendes, à errer dans les landes, par familles, sans administration aucune, sans union aucune.

Il hocha négativement la tête avant de se lever.

- Je n'ose songer à cette alternative. Il est impératif de rétablir l'ordre.

Son esprit réagit à cette dernière parole.

Rétablir l'ordre.


Intuitivement, il comprit qu'une idée géniale venait de germer en lui, grâce à la veuve de Laclaos. Il ne laissa rien paraître et s'inclina respectueusement.

- Il vous faut vous reposer, à présent. Je repasserai vous voir si vous le désirez. Faites-moi mander si vous en éprouvez le besoin, et je répondrai présent.

Il lui sourit, puis écarta les mans de la tente et disparut à l'extérieur, laissant seule la femme qui l'avait laissé perplexe.
Lentement et pensif, il s'éloigna de la tente de Mithra Edorta. Nydearin Hirune. Il fallait qu'il lui parle.


[ Ca te convient ? Si oui, tu peux clore le topic, sinon j'édite Wink ]
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MessageSujet: Re: Les Larmes de l'Endeuillée   Les Larmes de l'Endeuillée EmptyMar 27 Oct - 9:44

    Ils avaient souffert, comme tout Olaril, de la situation. Les prêtres avaient perdu beaucoup de leurs compagnons, et cela signifiait, entre autres, que Kal’Berrik allait devoir reprendre en main un temple en friches. Cela lui demanderait du travail. Beaucoup de travail. Mithra ferma les yeux, pourtant alerte, et se contentait de hocher la tête par moments. Cependant… Cependant son esprit était actif, et elle releva, dans les mots du Pontife, ce qui pourrait lui être utile par la suite. Il serait occupé, ce qui laisserait à ses proies un léger répit. Oui car l’homme, tout miel et tout or, n’en demeurait pas moins aux yeux de Mithra, un homme important et, elle l’avait découvert lors de cette entrevue, dangereux. Pas pour elle, elle composerait sans mal avec lui, et sans doute même pourra-t-elle s’appuyer sur lui dans l’avenir… Mais il était pour l’heure un être à canaliser, sans quoi c’était le restant d’Arestim qu’il détruirait. Mithra savait la foi puissante, et dangereuse. Et si elle n’avait plus que fiel pour ces Dieux cruels, elle savait que beaucoup d’Olarils s’y rattacheraient… Et à part elle, elle craignait que cela n’affaiblisse plus encore un peuple déjà abattu. Non, il faudrait que les Olarils se lèvent et travaillent. Il allait falloir reconstruire, peut-être ailleurs… Mais il ne faudrait pas se laisser aller à la langueur des prières, et attendre des Dieux le salut des survivants.

    Elle le savait.

    Les Dieux, désormais, leur avaient tourné le dos, et boudaient les prières.

    La veuve hocha cependant la tête. Comment comptait-il remettre de l’ordre ? Elle devrait se renseigner, discrètement, sur les projets du Pontife… Mais qui envoyer…

    Alors ses lèvres formèrent un nom… Sans qu’un son ne s’en échappe.

    Jezabel.

    Elle ouvrit ses yeux noirs et les posa sur l’homme qui l’assurait de son soutien, mais son esprit, était déjà plus loin, se demandant comment allait la jeune Hirune, son alliée, son amie.
    Et de toute son âme, elle se rattacha au visage famélique de Jezabel, espérant qu’elle n’ait point succombé au désastre. L’Hirune pourrait l’aider, et Mithra… Mithra aurait sans doute à l’apaiser. À la rassurer, comme elle le faisait en lui offrant le couvert de son visage. Oui, il lui faudrait retrouver Jezabel.

    Elle en aurait…
    … besoin.

    Avant même que le Pontife n’ait fait son premier pas dehors, Mithra avait déjà succombé à la fatigue. Elle devait se reposer, car très bientôt elle devrait se lever et retrousser ses manches.


Sujet Clos
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