Les Tables d'Olaria
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 Debout l'boiteux.

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Nydearin Hirune
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MessageSujet: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptySam 24 Oct - 12:35

Arestim... Qu'en reste-t-il ? Les Tables... Des ruines, un peuple meurtrie. Peu de choses à la vérité, des siècles d'existences ont été réduit à néant en l'espace de quelques instants. Au loin un regard se perd sur ces Ruines, combien de proches se sont éteint ? Combien de personne respectable n'ont pas eu la chance de contempler un lendemain hasardeux ? Chance ? C'est un bien grand moment que voilà... Rares sont ceux à considérer avoir eu de la chance, peut-être certain auraient-ils préférer s'éteindre avec leur proche. Il est probablement plus dur d'être en vie que d'être mort. On ne demande rien à un mort, on ne lui fait aucun reproche et on ne perçoit le plus souvent que ce qu'il avait de meilleurs en sa vie passée. Et pourtant il y a bien moins de gens respectables qu'on ne voudrait bien le penser. N'ont-ils pas montré leur véritable nature durant ce désastre ? Lui le premier n'a-t-il arrêté de jouer la comédie ? Pourra-t-il jamais agir comme il le faisait au paravant ? Sans doute pas, il ne peut se le permettre...
Le Grand-Prêtre d'Hésione a lui-même quelques séquelles, certes de moindre dommage mais véritablement présent, son bras, s'il est encore mobile est entouré d'un bandage ensanglanté, tous ont des séquelles, mais les plus dur à guérir sont celles de l'âme. Une âme meurtrie cependant peut suivre un chemin salvateur, il n'ignore pas les compétences des Garthésia, il n'ignore pas le talent du jeune homme qui l'intéresse. Jeune homme ? Pardon, Ergan Dialan est plus âgé qu'il ne l'est mais est-ce si important ? Qui a besoin de connaître son âge ?
Nydearin ne peut décemment s'arrêter, il recherche l'individu en question, il sait avec certitude qu'il a survécu au cataclysme, dans l'une des tentes il devrait se trouver. Laquelle ? Celle dont il soulève la toile. Il y a là plusieurs blessés, certains en plus mauvais état que les autres mais il n'est venu en voir qu'un seul, il devrait être sur l'un des lits. Le Grand Prêtre reconnaît rapidement celui correspondant à la description qu'on lui en a faite, la jambe meurtrie, la taille du bâton de marche qu'il tient dans sa main correspondra-t-elle ? Aucune importance, le Grand-Prêtre a déjà pris sa décision.
Se fier aux apparences serait si aisé, repartir comme il était venu, sans un mot. Si simple, c'est si simple que ça en devient compliqué, son âme s'y refuse, quant à la dénommé Fraya, elle s'inquiète pour son homme, et pour cause, il se laisse aller, il n'est qu'un mollusque renfermé sur lui-même, tel est ce que le mari de la Chef perçoit, un homme qui ne sait pas quoi faire de ses mains, un homme qui se considère comme profondément inutile, un homme qui pourrait cependant être plus utile que vous ne pourriez l'imaginer. Le bâton que le grand-prêtre tenait dans sa main s'envole en direction de l'administrateur meurtrie et s'abbat sur lui sans aucune délicatesse. Le prêtre le fixe avec un visage dur, autoritaire, ses yeux pour autant brille d'une lueur inhabituelle en ces heures sombre. Sa voix s'élève et en elle se mêlent autorité et intransigence, il ne laisse pas le choix à son cousin et tend sa main meurtrie vers le Garthésia. La Gauche, que cela vous plaise ou non...

« Debout cousin »

Cousin ? Quel est donc ce cousin que vous n'avez jamais vu que de loin ? Il est inutile de le préciser, qui ne connaît pas son visage. Pour autant son expression est méconnaissable, sans doute ne l'avait jamais vu être aussi sérieux, sans doute même ne le connaissiez vous que par les quelques rumeurs qui courraient dans les rues. Peut-être avez-vous à présent l'occasion de le contempler dans toute sa splendeur ? Quelles sont d'ailleurs ses intentions pour ainsi se préoccuper d'un individu qui peut sembler de marbre, qui ne s'exprime visiblement que difficilement... A la vérité il se fout véritablement de son comportement, tout comme il se fout royalement de ce qu'il peut ressentir ou ne pas ressentir. Il n'a que faire d'un homme incapable de se relever face à l'adversité et pourtant il s'est présenté à ce Garthésia. Il a choisi d'écouter les réclamations de la dénommée Fraya et quelque part... ça l'arrange.

Un instant, un instant de silence, combien de temps pourra-t-il attendre.

« Vous n'avez que deux alternatives mon cousin, la première... Vous vous laissez mourir comme une vieille loque sur ce lit... Il y a bien peu d'intérêt là dedans si vous voulez mon avis. La deuxième solution est plus méritante, veillez avec nous à la sécurité des Olarils... Et comblez votre femme... »


Nous ? Qui est nous ? Lui ? Pas exactement, nous, c'est les Olarils, « nous » représente les survivants, tous ceux qui s'investissent dans la sauvegarde des Olarils.

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Ergan Dialon
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MessageSujet: Re: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptySam 24 Oct - 20:48

Depuis la catastrophe et surtout depuis son réveil, Ergan Dialon s’était muré en lui-même. Il ne faisait plus partie du monde réel, il se détachait et s’enterrait au plus profond de lui. Trop de choses s’étaient passées, il devait les gérer les unes après les autres. Des choses énormes. Avec son handicap, surmonter le traumatisme prenait des proportions monstrueuses.

La plus petite de ces choses était la perte partielle de mobilité de sa jambe gauche. Sans pouvoir marcher normalement, comment pourrait il assurer son activité ? Une grande partie de son métier, qui était aussi la partie la plus agréable était la gestion sur le terrain. Avec une jambe boiteuse, vous pouviez toujours essayer. La deuxième de ces choses insurmontables était la perte de son fils. Son fils était une des rares personnes avec qui il avait fait réellement l’effort d’établir des relations normales, il avait développé pour lui un amour puissant, un amour de père. Dans son cœur déjà bien malade, il y avait désormais un trou nommé « Mort ». Et surtout la troisième de ces choses, c’était l’avenir. Maintenant que tout était détruit, anéanti, que devenait le futur ? Comment passerait-on l’hiver ? Et surtout, comment allait évoluer la société Olarile ? Quelle place laisserait-elle à un administrateur boiteux et à sa famille ? Chaque question était un dilemme posé à son esprit qui n’était capable de concevoir que des situations claires et sans ambigüités. Pour éviter d’affronter ces questions, pour éviter de souffrir face à ses doutes, Ergan Dialon fuyait. Il fuyait à l’intérieur de lui.

Fraya Dialon était désespérée et au bord de la crise nerveuse : elle devait gérer la mort d’un fils, l’abandon d’un mari, et la vie de toute une famille. C’était trop pour une seule personne, et c’était d’autant plus vrai vu les circonstances actuelles. Elle voulait crier, hurler, mais elle n’osait pas le faire. Elle avait tenté une fois de secouer son mari, de le sortir de sa prison. Elle l’avait supplié, elle avait pleuré, elle l’avait caressé, mais rien n’avait fait naître une seule émotion chez son mari. Il était terrifiant quand il était comme ca. Chez la plupart des gens que l’on considère sans émotions, ce n’est en fait qu’un contrôle pointu sur leurs états d’âme. Mais chez Ergan Dialon, ce n’était pas du contrôle sur soi. C’était une réelle absence d’humanité. Jamais elle ne l’avait vu aussi mort, émotionnellement parlant. Ergan Dialon ne faisait plus partie du monde des vivants, et était inaccessible. Fraya Dialon avait pensé au suicide, mais qui se serait occupé de Hermon et Tiran ? Pas leur père, du moins pas dans cet état.

Nydearin Hirune, le mari du chef entra dans la tente. Ergan Dialon ne leva même pas la tête. Il restait sur son lit, les cheveux sales qui cachaient son visage, sa barbe complète et son bouc défait. Les paumes tournées vers le ciel par désoeuvrement. On aurait pu dire qu’il dormait, mais il était seulement apathique. Son monde était fait de calculs, de chimères, et d’histoires imaginaires. Un bâton s’abattit sur ses jambes, sans douceur ni volonté d’être gentil. Ergan Dialon sursauta, puis leva le regard vers celui qui l’avait tiré de ses rêveries. Un regard vide, sans une étincelle. D’habitude, quand les gens avaient ce regard là, on leur fermait les paupières et on les mettait dans un cercueil. Le mari du chef le fixait. Il fit un effort pour rester dans le monde réel.



« Debout cousin »

Debout. Cousin. Deux mots dont Ergan Dialon avait du mal à retrouver le sens. Debout. C’était un effort intense, c’était affronter l’invincible, c’était affronter la torture sans faiblir. Cousin. C’était un lien de famille, c’était souvent un lien affectif, c’était un mot poli pour désigner les membres de la famille qu’on ne connaissait pas.



« Vous n'avez que deux alternatives mon cousin, la première... Vous vous laissez mourir comme une vieille loque sur ce lit... Il y a bien peu d'intérêt là dedans si vous voulez mon avis. La deuxième solution est plus méritante, veillez avec nous à la sécurité des Olarils... Et comblez votre femme... »

Dans l’état où il était, Ergan Dialon devait analyser les paroles de Nydearin quasiment mot par mot. Il mit du temps à lui répondre, ses yeux mornes traversant le mari du chef. Puis il comprit, et il commença à ressusciter. La vie revint un petit peu dans ses yeux, et son visage reprit des expressions. On lui demandait de venir. On lui demandait, à lui… de se rendre… utile.

Ce fut l’explosion, le point de rupture. En une seconde, il revint à la vie, la vraie. Ses yeux brillèrent de mille feux et se remplirent de larmes, sans même qu’il ait prononcé un mot, un sanglot le secoua. Quelques paroles l’avaient définitivement arraché de son mutisme. On l’appelait à l’extérieur. Il y avait sa place, et même on l’attendait. Il était passé en quelques secondes de l’apathie la plus totale à l’orage émotionnel. Son esprit tremblait à la mesure de la violence des sentiments qui reprenaient vie. Espoir. L’Espoir s’envola comme un feu d’artifice et explosa dans le ciel, redonnant brusquement de la lumière. Projets. Les grains de projets s’assemblèrent en des édifices de plus en plus complexes, devinrent formes puis animaux et s’animèrent. Amour. Un geyser fit exploser le sol craquelé et inonda les alentours, et tout se mit à reverdir. Ce n’étaient pas des sentiments, c’était des émotions enragées qui reprenaient leurs droits dans le cœur d’Ergan Dialon.

Il ne pouvait plus rester couché. Ergan Dialon se leva en un bloc, d’un grand geste. Il était debout, ses larmes roulaient sur sa joue et se perdaient dans sa barbe, il regardait Nydearin en levant la tête, mais il le regardait sans baisser le regard. A l’autre bout de la tente, on entendit un petit cri. Une tornade aux cheveux bruns longs jusqu’à la taille se jeta sur Ergan et le serra fort.


« Ergan, tu es revenu ! Je suis si… »


Fraya Dialon ne put même pas finir sa phrase, tellement l’émotion la brisait. Peu importe. Ergan l’enserra en retour et pour la première fois depuis la catastrophe elle put goûter le réconfort de la chaleur d’Ergan. Elle s’y abandonna comme un enfant. Les bruits de ses sanglots résonnaient dans la tente. Et Ergan assurait son rôle de compagnon. Il prit la parole, la voix vibrant de fierté :

« J’assumerai ma place. Je suis administrateur, je me chargerais de gérer la communauté. Personne jusqu’ici ne s’est jamais plaint de mes compétences, et cela n’arrivera jamais. Vous pouvez compter sur moi cousin, et complètement vous décharger de vos soucis logistiques. Ce n’est pas votre rôle. Votre rôle est de mener, moi de gérer derrière.

Je suis de retour, cousin. Et je n’ai aucune raison de repartir. Avez-vous besoin de votre bâton ? »


Puis l’Administrateur pour la Famille Garthésia reprit son apparence normale, et l’homme de métier reprit le pas sur l’homme.

« Quelles sont les priorités actuellement ? »

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MessageSujet: Re: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptyLun 26 Oct - 22:54

Un homme intéressant à n'en point douter, un homme qui s'avérerait peut-être utile. L'Hirune contemple la scène avec plaisir, la réaction s'est fait attendre mais n'en fut que plus admirable, c'est une véritable explosion qui s'était déchaînée en son cousin, les larmes perlaient alors que leurs regards se croisaient – on ne lui avait pas dit que Dialon pouvait avoir un regard aussi... vif...
Une tempête d'affection n'avait pu que suivre sa sortie de torpeur, une crinière brune avait littéralement bondit sur le Garthesia. Quelle scène magnifique... Ou presque...

* Envieux... Voilà que j'envie l'administrateur... Non, ce n'est pas ça... J'aimerai pouvoir serrer Lysandre contre moi. Mais c'est hors de question, pas dans son état, sa santé prime sur mes désirs... *

A présent le Garthésia prend la parole et accepte le marché, l'administrateur est enrôlé, l'Hirune esquisse l'ombre d'un sourire qu'il cache aussitôt sous son masque imperturbable tout en tendant l'oreille : ce n'est pas tout... Mener... Chacun son rôle... Mener, pour l'instant il est seul à porter le poids que représente les Olarils sur ses épaules. Partager ce fardeau pourra certainement l'aider dans sa tâche. Le mieux étant bien évidemment que Lysandre se remette au plus vite. Il l'aiderait à agir pour le bien des Olarils. Bâton ? Quel bâton ? Le prêtre regarde son cousin, le bâton... Ah oui, le bâton.

« Dans la situation actuelle je ne puis me permettre de m'absenter, il ne m'est donc plus d'aucune utilité pour l'instant. Considérez qu'il est à vous. »


Bon ça, c'est fait. Les priorités, un bon point pour l'administrateur : il vient immédiatement au coeur du sujet. Et l'Hirune s'apprête à sortir, il pose sa main sur le tissu, tourne son visage vers son cousin.

« Sortons... »

Une invitation, le pan est maintenu en l'air pour permettre au couple Dialon de sortir. Rassurez vous, nous arriverons en temps voulu aux priorités. Mais avant tout Ergan Dialon doit voir ce qu'il a manqué pendant sa torpeur, en premier lieu il doit par lui-même constater l'ampleur des dégâts. Un nuage de noir de cendres cache le ciel mais le froid glacial s'infiltre jusqu'à l'ossature des Olarils, condamnés à s'abritter dans des abris de fortune, pour les plus courageux un feu de camp est entretenu de manière continue. Un Pélégon est d'ailleurs en train de raviver le feu, il vient de rajouter du bois dans les flammes salvatrices. Ce feu n'est pas là que pour réchauffer, c'est également une boussole, il est suffisamment grand pour être perçu de loin...
A l'horizon, un oeil attentif peut voir ce qu'il reste d'Arestim, l'Hirune est tourné vers les Ruines, il les fixe du regard pour finalement hausser la voix, suffisamment fort pour que son cousin l'entende, mais pas trop pour que des oreilles indiscrètes ne puissent écouter aux portes. Son ton se veut neutre et sincère, il ne se montre pas ni particulièrement gentil, ni antipathique.

« Tout ce qui vit est à amené à mourrir un jour... Arestim Dominae n'est plus que Ruines. Voyez de vos propres yeux ce spectacle. Il n'y a là rien de réjouissant pour autant les Olarils sont loin d'être morts. Nous avons tous perdus des proches, peut-être y a-t-il encore quelques survivants bloqués sous les décombres... J'aime à le penser... Mais je ne cesse de considérer le contraire comme plus probable. Quoiqu'il arrive nous avons commencés à déblayer les ruines à la recherche des biens des survivants. Sauvez ce qui peut l'être, s'il y a possibilité de récupérer des denrées alimentaires, faites le, et gardez les pour l'effort collectif, distribuez les équitablement, dans la situation actuelle nous nous devons de nourrir et de subvenir aux besoins des Olarils, l'eau est et restera la denrée la plus précieuse... Cette tâche vous revient mon cousin. »

L'Hirune se tourne et fait face au couple, son regard cependant se pose sur Fraya Dialon, c'est à elle à présent et non au mâle de famille qu'il s'adresse. La Maîtresse de Maison doit toujours avoir son mot à dire – bon il n'ont plus de maison mais ce n'est qu'un détail. Il se montre conciliant et respectueux envers elle.

« Dame Dialon... Si vous le permettez, j'aimerai vous enlever votre mari pour un petit moment. J'aimerai lui parler en privé... »

Il attend un accord immédiat cela va de soit, pour autant nul besoin de se montrer désagréable, cela la réponse de son cousin il pourra peut-être lui exposer certains de ses projets en privé, jusqu'à quel point peuvent-ils être réalisables ? Et également, il lui posera très certainement quelques questions. Peut-être le Garthésia a-t-il déjà quelques idées à exposer à l'Hirune...
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MessageSujet: Re: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptyMar 27 Oct - 17:49

Ergan Dialon put recevoir le bâton des mains de Nydearin. Pour le mari du chef, ce n’était peut être qu’un simple bâton, un objet remplaçable. Mais pour Ergan, c’était bien plus. Avec ce bâton, il pourrait marcher, il pourrait travailler. Avec ce bâton, il redevenait lui-même, sa dignité retrouvée. C’est pourquoi il le prit avec respect et le caressa presque amoureusement. Mais il y avait autre chose à faire que de s’intéresser à un vulgaire bout de bois. Nydearin l’invitait à le suivre dehors.

Il fit un pas, puis lorsqu’il s’appuya sur sa jambe gauche, porta son poids sur le bâton. Sa démarche était asymétrique, mais il marchait. Sa femme à côté ne lâchait pas son bras. Cela faisait une semaine que lui n’était pas sorti dehors. A quoi ressemblerait ce qu’il devait administrer ? Avec curiosité, il regarda le paysage comme un panoramique.

C’était encore pire que dans son souvenir, et la tâche à accomplir était encore plus importante qu’il ne le craignait. C’était encore le chaos dans le campement, il n’y avait aucune organisation claire, les tentes étaient installées au petit bonheur. Pour son œil d’administrateur Ergan Dialon releva plusieurs erreurs de gestions. Il y avait des équipes, mais elles étaient très flottantes et surtout décorrelées les unes des autres. On pouvait voir douze personnes fouiller des décombres à un endroit et deux seulement à un autre. Sans compter les pillards, que l’on ne voyait pas bien entendu mais dont il était douteux qu’il ne profite pas de la situation. Il y avait un énorme problème de cohérence, le travail dans le camp était comparable à celui d’une fourmilière éventrée, avec les fourmis qui courent de partout.

Bien sûr, les dégâts étaient considérables, bien sûr, on dégageait des cadavres par charettes entières, mais Ergan Dialon n’était pas particulièrement sujet à l’attendrissement quand il regardait à travers son regard d’administrateur. Son expérience lui indiquait que si les situations désespérées existaient, les missions impossibles elles n’étaient que chimères. Tout était affaire de volonté. Oui, Arestim était à terre morte, mais donnez donc de l’espoir aux Olarils et une direction efficace, et elle sera plus belle qu’antan. Et Ergan Dialon aurait sa place dans le processus.

Nydearin commença à décrire ce qu’il attendait de sa part. Rien à redire, les choses s’empilaient toutes seules. Il faudra demander aux équipes d’arrêter de fouiller les décombres pour trouver des survivants et se concentrer sur les objets à récupérer. Bien entendu, ce serait à lui de condamner les recherches. Ce sera un cap difficile à passer. Par la suite, Ergan devrait définir la liste des objets prioritaires. En même temps qu’il écoutait, l’Administrateur était déjà en train de définir cette liste. Parallèlement à tout ceci, il devrait également recenser ce qui restait d’Olarils, et définir avec précision les besoins de chacun. Une famille de cinq enfants valides n’aurait pas les même besoins qu’un célibataire invalide, et il faudrait définir ce que chacun des deux demanderaient. Il devrait aussi recenser les morts, pour que l’on puisse enfin faire le deuil de la Gérax. Nydearin souleva le problème de l’eau. Il faudra demander à un Khelan où sont les points d’eau les plus proches, s’ils sont suffisants, et organiser un service de portage d’eau.

Ergan Dialon n’avait même pas encore commencé que déjà dans son esprit tout s’empilait impeccablement. Il définissait les priorités à très court terme, court terme, moyen et long terme. Il sortait des noms de gens qu’il faudrait contacter, définissait les équipes, leur rôles, les horaires de chacun. Son esprit, longtemps endormi, allait maintenant à toute vitesse, et les résultats de ses calculs tombaient presque instantanément. A tel poste, il faudrait tel homme, qui serait remplacé par tel autre à telle heure, et qui ferait alors telle chose. Il concevait, articulait, donnait une cohérence à ses plans, qui étaient désormais ceux de Nydearin. Pour la première fois depuis longtemps, il éprouva un plaisir inifini. Il était à sa juste place dans son véritable élément.

La gestion.

Nydearin voulut l’emmener à part. Fraya Dialon se retira en saluant, puis se jeta sur ses enfants avec un bonheur retrouvé. Leur père était de retour, et il avait trouvé de l’occupation qui leur permettrait de survivre. Hermon, douze ans, et Tiran, dix ans, se mirent à rire. Maman était de nouveau joyeuse, Papa ne faisait plus peur.

Alors que le mari du chef l’entraînait à l’écart, l’Administrateur avait déjà bouclé son plan de gestion à court terme. Restait l’inconnue : que ferait on après, au printemps ? Bien entendu, il fallait prendre l’hypothèse où les Olarils survivaient à l’hiver, mais c’était inclus. Quels étaient les projets à plus long terme et que devait il savoir avant de commencer son travail ? Si Nydearin l’entraînait à l’écart, c’était certainement pour mettre tout ceci au point. Il le suivit en boitant puis attendit que son cousin Hirune prenne le relais.
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MessageSujet: Re: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptyMar 27 Oct - 21:34

Il n'est pas faux de dire qu'il a déjà des projets clairement établis cependant... Ce n'est pas lui le chef, il ne fait que porter le manteau de sa femme pendant que celle-ci est invalide. C'est un manteau qui pèse très lourd, trop lourd à son goût, recenser le nombre de mort n'est pas chose aisée, les voir passer devant vous, voir les cadavres, tenter de les identifier... Tant de mort, tant de mort qu'on ne saurait rien y changer. Ça finit par devenir une habitude... Non, ce n'est pas ça, il a choisi de porter un nouveau masque. Un masque imperturbable, un masque qui protège les autres de ses sentiments. Tant de choses partent, tout est perdu, Arestim est morte. Il n'y a véritablement plus rien à en tirer.

L'Hirune se déplace parmi les tentes mal organisées comme s'il se retrouvait parfaitement dans ce chaos, comme s'il était dans son élément. Non, ce n'est pas ça, il l'apprivoise pour mieux le chasser. Il le sent venir, il le sent s'approcher et s'en méfie autant qu'il le connaît. Une tente se démarque des autres, il est solide sur ses bases et ne tombera probablement pas sans une aide extérieure. C'est vers cette tente qu'il avance, soulevant alors un pan, révélant l'intérieur de celle-ci, un lit de fortune sur lequel repose un corps inconscient, aux frontières entre la vie et la mort. Pour lui ça ne fait aucun doute ce corps se relèvera dans un futur proche... Tous l'ont admis... Lui a été plus loin, et s'il invite le Garthésia dans cette sphère présentement gardée par un canidé au poil gris mouillé, les oreilles baissées, prêt à attaquer le moindre importun. Mais personne n'entre là sans raison...

« Entrez donc. »

L'animal ne réagit pas alors que l'administrateur pénètre dans la tente, comme s'il avait compris le sens des mots. Le tissus tombe derrière lui, l'Hirune pose un oeil attendri sur sa femme et passe la main sur son visage, douceur, il a ôté le masque devant son cousin. Son visage reflète son état, il est triste, triste de devoir arriver à ce point de non retour. Et pour autant parfaitement déterminé.

« Les gens la critiquent sans pour autant la connaître, ils ne savent pas ce qu'elle a endurée. Ils ne la voient pas dans l'intimité, ils ne connaissent d'elle que ce qu'ils veulent bien voir. Comprenez bien que vous devrez également rendre compte devant Lysandre une fois qu'elle sera remise de ses blessures, c'est elle le Chef. Dans les temps actuels cependant je serai forcé de l'assister... »

Il revêt aussitôt son masque, laisse sa femme dans les songes et reporte son attention sur le Garthésia. C'est effectivement un homme intelligent, ce ne pouvait être qu'une bonne idée de l'employer à bon escient.

* Sa présence est nécessaire pour un avenir satisfaisant... S'en faire un allié devrait être une priorité. Tout du moins le garder à nos côtés. *

Dans un coin de la tente se trouvent deux tables, l'une fait usage de laboratoire de fortune semble-t-il. Il s'agit à la vérité des instruments qu'a pu récupérer le Grand Prêtre dans l'atelier de sa défunte belle-mère. Il a pu fournir quelques onguents avec ces instruments – concevez cependant qu'il n'est pas le seul à les préparer, ça n'a jamais été qu'une mince partie de son calvaire. L'autre fait office de bureau, de l'encre, une plume, des papiers enroulés. Si vous deviez regarder plus loin vous supposeriez que Nydearin a déjà établi des comptes-rendu. Son ton se veut sincère et assuré.

« En premier lieu j'aimerai éclaircir un point particulier, ce que vous voyez et entendez ici-même doit rester entre ces quatre ''murs''. »

Murs... L'accentuation qu'il a posé sur le mot démontre clairement l'ironie de la situation, y aurait-il un passant, il pourrait entendre ce qui se dit dans la tente en tendant l'oreille – ce serait sans compter l'animal qui veille sur les lieux bien sûr. L'Hirune s'apprête à dévoiler ses intentions à plus long terme. Il parle avec dureté mais reste sincère en dévoilant ses intentions.

« J'ai réfléchi depuis la catastrophe, j'ai fini par admettre que l'avenir des Olarils ne se trouve pas à Arestim. Il n'est pas question de reconstruire quoique ce soit, tout du moins n'est-ce pas ce que je souhaite, j'aime à penser que ma femme sera du même avis. Le mieux pour notre peuple est de tout recommencer depuis le départ. »

Il laisse une pause dans ses mots, peut-être pour que son cousin enregistre ses intentions peut-être juste pour lui-même. Il reprend la parole tout en douceur.

« Si nous devons d'abord passer l'hiver j'ai admis que le printemps venu il serait nécessaire d'envoyer des missions d'exploration sur terre et sur mer. Peut-être devrions-nous entrer en contact avec les Ilumbers cette fois avec des intentions pacifiques, ce sont des êtres pensants, pas des monstres. L'enfant loup me l'a fait admettre à la fin des Jeux de Bakarne... Quant aux mers... Qui sait seulement ce que nous trouverons au delà de l'horizon... »

Nydearin se pose sur un fauteuil de fortune qui n'attend qu'un faux mouvement pour s'effondrer.

« Asseyez si vous le souhaitez, vous serez condamné à vous déplacer avec un bâton jusqu'à votre trépas. » dit-il en désignant un fauteuil similaire au sien. En le regardant bien cependant l'on pourrait se demander s'il est si prudent que ça d'y prendre place.

« J'imagine que vous échafaudez déjà des plans dans votre tête... Peut-être serait-il temps de m'en faire part. »

Il lui laisse la parole, après tout il ne pourra rien faire seul et n'en est que trop bien conscient.
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MessageSujet: Re: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptyMer 28 Oct - 11:17

L’Administrateur suivit avec quelques difficultés Nydearin en boitant aussi vite qu’il pouvait. Bientôt, lui aussi pourrait se déplacer avec la même facilité, handicapé ou pas. Tout n’était jamais qu’une question de volonté. On pouvait surmonter tous ses handicaps, physiques ou mentaux, c’était juste une question de volonté. Le Chaos n’était pas encore organisé, il n’y avait pas d’espoirs, mais il suffisait déjà de donner une direction commune pour que les gens se relèvent.

Il arriva à la tente du chef. De toute sa vie, Ergan Dialon n’avait jamais approché le chef ni même n’importe quel Hirune. Lui était un intendant, les Hirunes étaient des chasseurs. Ils n’avaient pas les mêmes terrains de chasses. Ergan Dialon eut une impression bizarre en passant le seuil de la tente, une sensation de… d’être étranger à ce domaine. Il n’avait jamais réellement dirigé de communauté aussi importante qu’Arestim, il n’avait pas eu à affronter de quelconques conséquences politiques, et cette femme avait le mérite de ne pas s’être brisé face à autant d’évènements contraires. Bien sûr Ergan Dialon était loin d’approuver sa politique et sa manière de diriger jusqu’ici, qui selon lui, était pleines d’erreurs, mais… Il était forcé de l’avouer, le chef restait le chef, même malade et alitée. Ergan Dialon et Lysandre étaient bien différents.

Il écouta les consignes que lui dictaient Nydearin sur la répartition du pouvoir et à qui il devrait obéir. Ergan Dialon fit signe qu’il avait compris et s’appuya plus franchement sur son bâton. Il remarqua le changement d’expression sur le visage de Nydearin. Où était passé l’impassibilité qui se peignait d’habitude sur ses traits ? Ergan Dialon détourna le regard, comme si ce qu’il voyait était trop intime pour être dévoilé. Lui aussi était différent face à Fraya. Et dans ces moments là, il préférait être seul. Pour tromper l’attente, il inspecta le reste de la tente. Un petit établi, et une autre table où il y avait de quoi écrire.

Ecrire. Comme ca devait être pratique pour la gestion. Ne pas avoir à recompter à chaque fois les possessions, pouvoir mettre quelque part ailleurs que dans sa tête les inventaires. C’était certainement ce qui manquait le plus à Ergan Dialon. Pour le calcul, il n’y avait aucun problème, il était bon en calcul mental et se servait d’un système de marques pour s’y retrouver. Mais pour les registres, il n’y avait que sa mémoire.


« En premier lieu j'aimerai éclaircir un point particulier, ce que vous voyez et entendez ici-même doit rester entre ces quatre ''murs''. »

Rappelé à l’ordre, Ergan Dialon acquiesça aussitôt. Il était dans les plus hautes sphères politiques des Olarils, le secret semblait évident. Bien entendu, il faudrait le tenir, mais ca nul ne pouvait prévoir comment.

« J'ai réfléchi depuis la catastrophe, j'ai fini par admettre que l'avenir des Olarils ne se trouve pas à Arestim. Il n'est pas question de reconstruire quoique ce soit, tout du moins n'est-ce pas ce que je souhaite, j'aime à penser que ma femme sera du même avis. Le mieux pour notre peuple est de tout recommencer depuis le départ. »

Ergan Dialon enregistre, et déjà quelque chose le gêne. Recommencer depuis le départ sans reconstruire quoi que ce soit ? Cela signifiait que…

« Si nous devons d'abord passer l'hiver j'ai admis que le printemps venu il serait nécessaire d'envoyer des missions d'exploration sur terre et sur mer. Peut-être devrions-nous entrer en contact avec les Ilumbers cette fois avec des intentions pacifiques, ce sont des êtres pensants, pas des monstres. L'enfant loup me l'a fait admettre à la fin des Jeux de Bakarne... Quant aux mers... Qui sait seulement ce que nous trouverons au delà de l'horizon... »

Un grand froid s’insinue dans ses entraille. Partir ? S’exiler ? Perdre tout point de repère pour aller vers un possible ailleurs ? Sa première réaction est la dénégation. Non non non, ce n’est pas possible, ce n’est pas faisable et puis c’est tout. Cette idée mit Ergan Dialon au bord de la panique. Celui-ci se rendit compte alors qu’il perdait le contrôle et se calma en se concentrant sur les mots exacts qui avaient été prononcés. Il s’assit avec précaution en s’appuyant sur sa jambe valide.

Stop. Nydearin n’avait pas encore parlé d’exil. Il parlait juste de chercher une terre d’accueil, ce qui était beaucoup plus rassurant. On ne partirait pas à l’aveugle dans l’inconnu, on aurait le temps de préparer le départ, on saurait exactement quand on partirait, où et comment. Pour l’esprit carré de l’Administateur c’est beaucoup plus satisfaisant. Cela voudrait dire qu’il faudra faire un peu plus qu’un campement temporaire, mais ne pas construire une ville non plus.


« J'imagine que vous échafaudez déjà des plans dans votre tête... Peut-être serait-il temps de m'en faire part. »

Ergan Dialon hocha la tête histoire de dire oui, puis mit quelques instants à peaufiner ce qu’ils voulaient dire.


« Je ne serais jamais que votre subordonné, et j’aurais pour devoir de vous suivre tant que je serais à la place que vous m’avez confié. Aussi je ne me permettrais jamais de faire obstacle à un seul de vos projets. Ordonnez, je me débrouillerai.

Cependant, je me permets d’attirer votre attention sur les dangers d’une mauvaise préparation. Un voyage pour quelques personnes est déjà difficile à gérer, de nombreux paramètres sont à prendre en compte. Mais déplacer tout un peuple, la moindre petite erreur devient fatale ! Bien que ma première réaction soit de refuser le déplacement, je m’en occuperai malgré tout, et je vous suivrai. Mais je ne vous suivrai pas si je ne sais pas où je vais.

Faites vos missions d’explorations, faites les bien. Si vous proposez d’aller on ne sait où, qui vous suivra ? Peu de gens admettent que l’avenir d’Arestim n’est pas là. J’insiste : je suivrai Lysandre, mais que Lysandre sache où elle va et ce qu’elle fait.

Je ferais mon travail soyez en persuadés. Mais je me permets malgré tout de vous demander de bien faire le vôtre. Ce sera primordial. »

Ergan Dialon espéra ne pas avoir trop exagéré, mais ses craintes étaient justifiées.
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MessageSujet: Re: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptyJeu 29 Oct - 16:09

L'Hirune écoute avec attention ce que lui dit son cousin, et acquièsce du chef. Il y a du vrai dans ce qu'il dit, cependant quelques détails le gêne. « Ordonnez, et je me débrouillerai. » dit l'Administrateur. Se débrouiller ? Oui, agir de concert dans un objectif commun. D'ailleurs pour l'instant Dialon se montre doué pour donner son avis personnel.

Une mauvaise préparation ? Les explorations ne sont-elles pas là pour établir un emplacement idéal ? Et quand bien même, n'est-ce pas suffisamment clair qu'il ne souhaite pas partir du jour au lendemain, en se lançant la tête la première. Oui, il avancera sans rechigner, mais non, il ne s'attend pas y arriver en un instant. Peut-être même plusieurs mois – voir plus – seront nécessaire pour la réalisation de ce projet. Un rappel, chacun sa place, chacun doit faire son boulot avec succès. Jusque là il n'agissait que dans l'ombre, à présent l'ombre est illuminée et s'attaque à de dangereux ennemis.
Il a plus d'ennemis que d'alliés, c'est si évident qu'il est inutile de le préciser.

Il laisse le silence planer dans la tente, réfléchit-il à ce qu'il dira ? Non, il le sait à la perfection. Il faut juste laisser les mots venir à sa bouche.

« Ordonner ? C'est presque ça, je vous expose mes projets, nous travaillons dessus ensemble et nous y mettons un terme ensemble. »

Une pause dans ses mots, il fixe Dialon du regard, un regard sévère et empli d'une certaine autorité.

« Je n'ai pas besoin d'un simple laquais prêt à faire tout ce qu'on lui demande sans réfléchir. Au contraire, vous devez clairement me dire ce que vous pensez des projets que nous établissons comme vous venez de le faire. Le succès est important... Je vous ai choisi car vous êtes l'homme de la situation, prendre un administrateur moins doué mais plus docile ne m'intéresse pas. »

A nouveau il revêt un masque, impassible, l'on pourrait l'insulter que son visage garderait la même intensité. Pourtant ce masque est tel qu'on ne peut que poser ses yeux dessus, ce masque est tel que son porteur ne pourrait passer inaperçu. Et il s'apprête à éclaircir ses idées.

« Comprenez bien que je ne souhaite effacer le passé, je ne peux demander à personne d'oublier Arestim, nous y sommes né, nous y avons vécu et elle restera dans nos souvenirs, les bons comme les mauvais. Cependant le passé est révolu et nous devons aller de l'avant. »

Silence, et reprise de parole presqu'aussitôt.

« La préparation est effectivement primordiale, ce n'est pas seulement l'organisation de la migration en elle-même mais également les explorations qui doivent être menées avec finesse. »

Nydearin désigne la pile de papiers du regard.

« Il ne faudra pas seulement explorer mais également avoir une perspective détaillée de ce que les explorateurs auront vu et trouvé, j'ai dans l'idée de former quelques personnes dans cette perspective, ils auront pour rôle de mettre à plat les paysages qu'ils visiteront... Les missions d'explorations devront également être préparées avec finesse. Celles-ci seront aussi sinon plus dangereuse que le voyage final. Bien évidemment les Hirune méneront les explorations dans la forêt, les chasseresses connaissent mieux que personne la forêt et savent comment s'y déplacer. Il est inutile de préciser que la Guilde Khélan aura une place centrale dans l'exploration des territoires marrins. Le plus dur étant, comme vous l'avez précisé, de convaincre les Olarils de nous suivre. En premier donc de convaincre les différentes guildes Olarils. »

Soupire, un instant il semble découragé mais il n'en est rien, il est simplement réaliste. Ce ne sera pas une tâche aisée mais il ne sera pas seul à l'affronter. Il reprend la parole.

« Nous avancerons peut-être à contre-courant au départ mais nous le ferons avec force d'âme. Comprenez bien, cousin, que je suis bien conscient de la difficulté de cette tâche mais soyez assuré que ni moi ni ma femme ne nous laisserons aller. Nous agirons avec vigueur et avec Foi. La foi dans notre peuple bien évidemment. »

L'Hirune se relève et s'assit à proximité de sa femme, il garde un oeil sur elle et l'oreille tendue vers son cousin.

« Je pourrais bien partir seul, sans réfléchir. Il est certain que je n'ai plus grand chose à perdre mais... Il reste les Olarils, ils font partie de ma vie, et même si je n'ai jamais vécu qu'en périphérie de la société olarile – plus par choix que par obligation – ils ont une place centrale dans mon âme, presque autant que ma femme. J'en apprécie certains, je me méfie d'autres et en déteste certains.
Mais sans ces sentiments je ne serai pas tel que je suis. Tout comme vous ne seriez pas tel que vous êtes sans votre famille. »


Pour l'instant il choisit de laisser la parole à son cousin.
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MessageSujet: Re: Debout l'boiteux.   Debout l'boiteux. EmptyVen 30 Oct - 18:03

Ergan Dialon fut profondément touché par ce que Nydearin lui dit en premier à propos des relations qui devraient exister entre eux deux. Quasiment à égalité, même si l’Administrateur ne fera qu’appliquer les projets du chef et de son mari. Il aura le droit de remontrance, mais déjà Ergan Dialon savait qu’il ne l’utiliserait pas en vain. L’opposition systématique sans raisons valables détruisait l’ordre. Et rien n’était plus important que la stabilité et l’ordre. Elles étaient la garantie d’une communauté saine et bien gérée. Cependant, avec ce droit de remontrance, l’Administrateur avait le droit d’influencer le devenir de la communauté.

Jusqu’ici, à une échelle moindre, ses activités d’intendant et de gérant se faisait d’une façon légèrement différente. Son commanditaire lui confiait juste une situation, lui laissait carte blanche, puis se mettait en retrait le temps qu’Ergan Dialon redresse la situation. En somme il travaillait limite pour lui-même. Dans ce cas précis, ce ne serait pas le cas. Le « commanditaire » garderait les deux yeux sur ce qu’Ergan ferait, et il devrait faire un rapport au commanditaire, mais en échange, il avait une influence sur le travail qu’il accomplissait. Ergan Dialon put enfin comprendre toute les limites de sa fonction, jusqu’où elle s’étendait.

On revient à ces projets d’explorations. Visiblement, l’avertissement de l’Administrateur était plutôt vain. Nydearin ne vient pas de la sortir et il est conscient des risques. C’est une bonne chose, et pour le Dialon c’est un soulagement. Il aurait largement le temps de monter ces projets, et ne devraient pas avoir à bâcler un départ qui se révélerait fatal le cas échéant. L’idéal pour Ergan Dialon serait que ce projet aboutisse sans une seule mort inutile. Chaque mort serait un constat d’échec, une pièce à conviction dans une plainte pour négligence. Ergan serait capable de les porter sur sa conscience et de ne plus être capable de se regarder dans une glace.

Nydearin avait monté le projet de manière assez convaincante. Il n’y avait plus qu’à suivre ce qui était actuellement sur le papier, et ca, c’était le travail de l’Administrateur. Il faudrait trouver des Hirune et des Khélans, les monter en équipes, vérifier qu’ils préparent bien leurs expéditions, avant même de partir leur apprendre un ou deux rudiments de cartographie, puis de définir une date de retour, recevoir leurs rapports et en discuter avec Nydearin. Simple en vérité. Evidemment, il y aurait des évènements contraires, mais rien d’insurmontable. Il était Administrateur, c’était son métier.

Le mari du chef devient plus personnel et partage avec Ergan ses sentiments personnels. Sans vraiment décrire des couleurs à un aveugle, ce que décrit Nydearin ne frappa pas particulièrement Ergan et il eut du mal à saisir ce que voulait faire passer le numéro deux des Olarils. Seule la dernière phrase : « Tout comme vous ne seriez pas ce que vous êtes sans votre famille » éclaira son discours. C’était un exemple personnel, plus abordable.

Ainsi donc, à l’instar de Lysandre, Nydearin dévoilait une âme de dirigeant, de meneur. Seuls les chefs se confondaient ainsi avec leurs peuples. Et encore, les chefs de qualité. L’Administrateur se félicita d’avoir accepté l’offre de Nydearin. Travailler à ses côtés serait une des plus belles expériences qu’il aurait à vivre. De par l’importance du poste, de par la nature de la hiérarchie.

Il passa un long moment de silence, durant lequel le Dialon rassemblait ses idées.


« Puisque vous semblez savoir où vous allez, je ne vois pas de raisons de faire autrement. Vous avez certainement de meilleurs contacts que moi dans la famille Hirune, je vous laisserais peut être nommer les futurs explorateurs. Pour des raisons d’équilibre politique, je vous conseille également de vous tourner vers les chasseurs Edorta, bien que ce sujet soit délicat. On préserverait les apparences en quelques sorte. Je me chargerai de contacter le chef des Khélan, pour lui demander qui sont ses meilleurs navigateurs.

Votre contribution directe s’arrêtera là, si j’ose dire. On aura encore besoin de vous uniquement pour apprendre aux explorateurs comment mettre sur papier leurs expéditions, et pour définir leurs itinéraires. Pour le reste, tous les détails logistiques, je pense suffisamment connaître mon métier. Bien entendu, vous aurez un droit de regard, tout comme j’aurais un droit de remontrance.

Ma première tâche sera de clore cet état d’urgence et de s’installer provisoirement. Cela fait plus d’une ou deux semaines
(Lorsqu’il était sous le choc, le Dialon avait perdu la notion du temps) que la Gérax a explosé, il est temps d’arrêter de courir à droite à gauche et de se concentrer sur la suite.

Des questions ? »


Ergan Dialon venait à peine de dire cette phrase qu’il se rendit compte qu’il s’était adressé au mari du chef avec le ton qu’il utilisait d’ordinaire pour ses employés. Il pâlit. Il n’avait même pas encore commencé que déjà il en endossait le manteau. Il devrait peut être se contrôler davantage à l’avenir.
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