Les Tables d'Olaria
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 Le châtiment de Panpale

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Ebanelle Hirune
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MessageSujet: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyMer 14 Oct - 19:47

Plus sale que jamais, les pieds recouverts du sang des victimes, Ebanelle arriva au campement... Durant son périple, elle n'avait même pas prêté attention à ces cadavres qui jonchaient le sol... Son seul objectif étant de retrouver les Olarils encore vivant... Combien de temps avait-elle erré depuis le drame, depuis le châtiment ? Elle ne le savait pas. Elle était avec la jeune espionne de Lysandre avant que le drame ne se produise. Elles s'étaient enfuies avant qu'Ebanelle ne perde la blondinette... Peu importe, car à cet instant, Ebanelle eut une révélation ! La punition, c'était la punition de Panpale ! Les Olarils avaient enfin payé pour leurs péchés, pour avoir aimé Lysandre et ne pas avoir respecté Panpale. Et Panpale avait choisi Ebanelle pour le représenter, pour faire parvenir son message. Du moins, la vielle y croyait dur comme fer...

Lors des premières secousses, elle avait perdu son sang froid. Tout le monde dans un cas comme celui-ci aurait eu peur pour sa vie... Celui-ci, dans son extrême générosité avait laissé une seconde chance à ceux qui étaient visiblement encore récupérables tout en épargnant les Olarils respectables. Ebanelle ne s'inquiétait donc pas pour sa petite Jezabel... Elle était une élue, comme sa vielle tante.

Le regard perdu sur la masse qui l'entourait sans pour autant la remarquer, Ebanelle ne pouvait s'empêcher de sourire face à ce spectacle : des enfants pleuraient, d'autres étaient amputés... Oui Panpale avait visiblement bien travaillé. La vieille s'attarda alors sur cette petite fille, ne devant pas avoir plus de 6 ans. Les yeux rond comme des billes, remplis de larmes, elle fixait la vieille folle sans visiblement avoir peur d'elle...

« Grand-mère Luila ? »

La vieille resta figée, visiblement émue, à fixer l'enfant avant de poser délicatement sa main sur sa petite tête blonde :

« Ce n'est pas à vous les enfants de payer nos erreurs... »

Faisait-elle preuve d'un peu d'humanité ? Revoyait-elle l'enfant qu'elle était ? Nul ne le savais...

« Olarils ! Hurla t-elle. Ce châtiment est celui de Panpale ! Vous récoltez le fruit de vos péchés, mais il n'est pas encore trop tard... La paix reviendra sous les traits d'un disciple de ce Dieu vengeur ! Je vous en fais le serment ! Mais pour cela, il faut se débarrasser de l'imposteur ! »


Dernière édition par Ebanelle Hirune le Lun 26 Oct - 14:25, édité 1 fois
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Jezabel Hirune
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyLun 19 Oct - 16:26

La mort régnait de partout. Ici et là, des groupes d'Olarils pleuraient leurs pertes, accablés par le chagrin, la peur mais aussi la colère. Quelle sorte de Dieu infligeait ça à son peuple ? Quelle sorte de Dieu ôtait la vie d'un enfant, détruisait des foyers, et anéantissait une existence tout entière en seulement quelques heures ?
Des cadavres jonchaient encore les rues, bien que l'effort des survivants était sans relâches pour récupérer les défunts... Il y avait trop de monde qui avait disparu...trop d'âmes qui s'en étaient allées...Déjà, un odeur putride commençait à monter dans l'air, mêlée à celle du souffre... On devinait les charognes qui guettaient, les corbeaux qui croassaient, les insectes nécrophages qui grouillaient sous les pierres des décombres... Il fallait vite enlever les corps, pour les enterrer ou les brûler... Aurait-on la force d'y faire face ? D'extirper toutes les personnes décédées, d'affronter leurs yeux terrorisés, leurs visages défigurés, leurs membres broyés ? La tache paraissait tellement insurmontable...la douleur qui figeait quiconque portait le regard sur les cadavres...

Plusieurs fois, Jezabel dégobilla, incapable de supporter ces visions de mort. Traverser ce qui fut la Place des Ires l'ébranla au point de lui figer les jambes. Arrêtée en plein milieu des décombres, elle ne pouvait bouger son regard sans tomber sur un corps... Une vieille Olarile vint vers elle et lui tint le bras pour la guider hors du funeste champs.
C'était une hécatombe.

La vieille la laissa à l'entrée du camp de fortune, dans lequel le chagrin offrait une insupportable vision. Les mères pleuraient leurs enfants, les épouses appelaient désespérément leur maris, les frères et les soeurs s'effondraient devant les corps de leur parents...Certains Olarils, qui avaient réussi à ne pas se laisser submerger, offraient des couvertures et des infusions. On avait déjà du aller récupérer des victuailles dans les ruines des maisons, ainsi que de quoi avoir chaud. Des grands feux avaient été allumés pour offrir de la chaleur, et des gens se regroupaient autour des brasiers, les yeux larmoyants. Pourtant, si la mort était dominante en ces instants, il ne fallait pas oublier ceux qui avaient survécu, et qui devraient affronter les derniers froids de l'hiver, trouver de la nourriture, avoir la force de vivre, tout simplement... Mais comment vouloir continuer à vivre alors qu'on avait tout perdu ?
Le deuil ne serait jamais apaisé...Et la faute incomberait forcément à quelqu'un...

Jezabel songea à Lysandre, qui devrait affronter son peuple et l'aider à surmonter l'épreuve. Égoïstement, l'aînée Hirune se dit qu'elle n'aurait échangé sa place avec sa soeur pour rien au monde. Et que, finalement,c'était à Lysandre qu'incomberait la tache la plus difficile...
La jeune chasseresse attrapa une gourde en peau que lui tendit un homme et avala plusieurs gorgées de thé. Elle soupçonna quelques traces d'alcool, qui devaient probablement venir des tonneaux d'hydromel reposant dans les caves des fermes Astar. Si le liquide lui brûla la gorge, elle en fut cependant bien réchauffée. Gardant les mains serrées autour de la bedaine, elle plongea ses yeux rougis dans les flammes du brasero. Elle n'avait pas encore croisé un membre de sa famille. Ni ses parents, ni ses frères et soeurs, ni même Luminara ou Hemric. Malgré toutes les mauvaises pensées qu'elle avait eu envers les siens avant le drame, elle s'inquiétait pour eux. Comme si rien ne semblait plus avoir d'importance. Comme si tout ce qui s'était passé avant s'effaçait pour laisser la place à une étrange solidarité. Comme avec Limna...

Puis alors, elle entendit la voix de la seule personne à laquelle elle n'avait même pas pensé depuis le début de la catastrophe. Une voix éraillée, pleine de ferveur et de haine.
Ebanelle.
La sorcière avait donc survécu...Mais ne disait-on pas des mauvaises herbes qu'elles étaient tenaces ? Pour sûr que la vieille femme avait du être à l'abri dans sa chaume puante. Revenait-elle à la vie ? Retournait-elle vers la civilisation qui fut sienne il y a si longtemps ?

Jezabel se dirigea vers elle. Ebanelle était encore plus sale qu'à son habitude, plus hagard, plus...mauvaise. Elle était effrayante en réalité. Son invective scandée au fait fort eut l'heure d'apeurer quelques enfants. Quelques adultes également. Tout le monde connaissait cette vieille pourriture. Au moins de nom. Il n'était pas difficile de faire l'association.
La chasseresse fondit vers sa tante et lui attrapa le bras en le serrant avec brutalité. Une attitude définitivement menaçante.

« Tais-toi donc ! » fulmina t-elle «  Laisse ces gens pleurer leurs morts en paix ! Ne crois-tu pas qu'ils souffrent déjà assez ? »

Elle était hors d'elle. Parce que, si Ebanelle avait réussi à se couper de la réalité du monde, Jezabel quant à elle, possédait toujours ses attaches. Et son coeur...



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Ebanelle Hirune
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyDim 25 Oct - 9:50

Le sourire aux lèvres, Ebanelle resta figée à contempler les diverses réactions que sa déclaration avait provoqué : une mère avait serré fort son enfant contre son cœur avant de l'emmener un peu plus loin, tandis qu'un homme, seul, serrait le poing, près à bondir sur la vielle sorcière à un moment ou à un autre pour la faire taire. Qu'il essaye le bougre... Qu'ils essayent tous de s'opposer une nouvelle fois au messager des Dieux... Si Panpale ne le foudroie pas sur place, Ebanelle se serait chargée de lui enfoncer dans la chair une pointe empoisonnée... Elle semblait vulnérable la vielle, mais tous ceux qui la connaissaient, savaient qu'il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué...

Visiblement, Ebanelle se sentait invulnérable. Rien ni personne ne pouvait l'arrêter... Elle avait entendu des rumeurs en traversant le campement sur cette petite peste de Lysandre et sa mère adorée... Autrement dit, la sœur de la vieille sorcière. Cette chère soeur avait, elle aussi, succombée au châtiment ultime... Étrangement Lysandre, elle, était en vie, mais amochée autant physiquement que moralement. Enfin, c'était ce qu'elle avait entendu... Ebanelle, ira se rendre compte par elle-même si ces dires étaient exacts...

Ce fut une pression forte sur son bras qui la fit revenir à la réalité. Ainsi ce sale Olaril avait décidé de passer à l'action. Sortant de sa poche, sa précieuse arme empoisonnée, Ebanelle tenta de frapper son agresseur avant de s'arrêter net face au beau visage de sa Jezzi bien aimée. Surprise, Ebanelle ne broncha pas face aux réprimandes de sa « fille ». Elle n'avait pas tort au fond la jeunette, peut-être qu'elle n'aurait pas dû faire passer ce message aussi violemment... Non qu'importe, cette bande de mouton blanc bon qu'à suivre Lysandre ne méritait rien de mieux ! Qu'ils pleurent ! Ils ne pleureront jamais assez pour faire pardonner leurs péchés...


«Jezabel... Ne reporte pas ta colère sur moi s'il te plait... Je ne suis qu'un simple messager... Ne comprends-tu pas que le moment est venu ? Que les Dieux ont enfin décidé de nous reconnaître à notre juste valeur ? La preuve, nous sommes ici toutes les deux...»

Il faudrait bien plus que ces quelques paroles pour convaincre la petite. Le moment était venu, c'était maintenant qu'il fallait frapper, pendant que le peuple pleurait, pendant que le peuple enterrait ses morts... C'était maintenant qu'il fallait agir...

« Et ta mère ? »

Question stupide ? Pas forcément...
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Jezabel Hirune
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyMar 27 Oct - 9:55

Comme le serpent elle persiflait, et attendait, tapie dans l'ombre, le bon moment pour infliger sa morsure. S'insérer insidieusement dans les failles et donner le coup de grâce. Son venin avait coulé dans les veines de Jezabel depuis qu'elle était enfant, et maintenant, il faisait ressentir encore plus son effet putride.
La haïssant et l'aimant à la fois, la jeune chasseresse ne parvenait toujours pas à faire un choix. Leur dernière conversation dans sa chaume puante avait semblé sceller une bonne fois pour toutes leurs relation, les mêlant toutes deux dans un but commun...mais des choses s'étaient passées entre temps...elle avait trouvé d'autres appuis, elle s'était affirmée...C'était comme s'il y avait deux personnes en elle...la Jezabel disciple d'Ebanelle, et la Jezabel qui voulait exister par elle-même et s'affranchir de toute influences. Définir ce qu'elle voulait était d'autant plus difficile maintenant qu'Arestim venait d'être détruite...
Elle perdait ses repères. Et voir sa tante, alors qu'elle n'y avait pas pensé durant la catastrophe l'ébranla au plus haut point. Elle était comme un spectre qui la guettait, menaçant de l'emporter à nouveau dans la folie. Et Jezabel ignorait toujours si elle était prête à la suivre...

Oui. Oui elles étaient ici toutes les deux. Devait-on y voir une raison ? Une grâce de la part de Panpale, qui préservait du malheur ses fidèles ? Un moyen de resserrer les tentacules entrecroisées qui joignaient Ebanelle et Jezabel ? Ou au contraire, les séparer l'une de l'autre pour mieux affirmer leur interdépendance ? Comment savoir ? Comment ne pas douter ? Elle en aurait pleuré.

« Nous reconnaître à notre juste valeur » répéta t-elle, les regard exprimant un dégoût sans nom. « Mais en avons-nous seulement, toi et moi ? Nous ne sommes que des charognards qui se repaissent du malheur des autres... »

Elle lâcha enfin le bras de sa tante, comme si prolonger le contact plus longtemps risquait de la contaminer encore plus. Pourtant, elle ne s'éloigna pas non plus d'elle. Elle était comme un insecte qui en pleine nuit découvre la lueur d'une flamme et qui, s'il s'en approche trop, risque de se brûler..et mourir.
Les yeux de l'aînée Hirune balaya le camp, s'arrêtant un instant sur Sineàd Astar, qui distribuait du ragoût non loin d'elles. Elle regarda la file d'attente, les gens qui faisaient la queue, plus pitoyables et accablés les uns que les autres...Allait-ce être ainsi, désormais ? Les yeux éteints, les rires sans joie ?
Elle entendit que sa tante parla de sa mère...Jezabel tressaillit, et quitta brusquement sa contemplation.

« Quoi ma mère ? » fit-elle, vindicative. « Je ne sais pas ou elle est ! Je ne sais pas où son les miens, parce que tout le monde se fiche bien de savoir ce qu'il est advenu de la brave Jezabel ! Personne n'est venu vers moi pour s'inquiéter, pour savoir si au moins j'étais toujours en vie ! J'aurais pu crever sous les décombres que ça n'aurait pas fait de grande différence ! »

Et voir qu'il n'y avait que Ebanelle qui était venue vers elle, c'était encore plus meurtrissant. Et encore, c'était Jezabel qui était allée vers sa tante...
On lui avait toujours dit de s'en méfier, mais comment s'en écarter alors qu'elle était la seule personne qui semblait être présente en ces instant de peine ?

« Ils peuvent bien aller pourrir au fond de la Gérax » murmura t-elle, les larmes aux yeux.


Dernière édition par Jezabel Hirune le Jeu 29 Oct - 12:50, édité 1 fois
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Ebanelle Hirune
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyJeu 29 Oct - 12:39

Les tympans d'Ebanelle commençaient à la faire souffrir, plus Jezabel élevait la voix à son encontre. Pourquoi tant de colère ? La vielle tentait, aussi bien que possible, de lui annoncer une bonne nouvelle et elle ne trouvait rien de mieux à faire que de lui en vouloir pour des raisons sans importance. La comparaison de Jezabel concernant des charognards fit réfléchir Ebanelle un instant... Combien de fois les Olarils l'avaient-ils qualifié ainsi ? Peu importe, ils avaient employé bien des mots, encore plus terribles à son encontre, mais avec l'âge, ces paroles qui avaient pu la blesser dans sa jeunesse, à l'époque où elle avait reçu la révélation de Panpale, étaient sans importance aujourd'hui.

Elle scruta le camps de fortune en même tant que son enfant, remarquant que la conversation était particulièrement suivie, même si certain faisait mine de ne pas écouter. Les plus peureux d'entre eux, se contentaient d'observer les deux Hirune... Les maudissant certainement... Bande d'imbécile. Étaient-ils tous en train de se rendre compte de leurs erreurs ? Comprenaient-ils que le moment était venu pour eux de demander pardon ? Les Dieux étant plus généreux qu'ils ne le pensaient avec les pécheurs qui voulaient retrouver le droit chemin.

Jezabel reprit alors la conservation, faisant sursauter la vielle dont les oreilles n'arrêtaient pas de bourdonner. Sa réaction était sans appel : elle n'était pas au courant pour sa génitrice. Une chance à saisir, une aide de Panpale, car Jezabel avait la fâcheuse tendance à douter dès que sa tante avait le dos tourner... Pourtant, elle garderait cette information encore un peu pour elle, préférant jouer sur un autre tableau. Ebanelle l'avait bien compris, car à chacune de leurs retrouvailles, la petite revenait avec de nouveaux arguments, toujours plus agressive, croyant avoir réponse à tout. Il fallait croire qu'elle n'était peut-être pas encore assez mûre pour recevoir un message aussi important que celui de Panpale.


« Ta colère n'est pas juste Jezabel... Peux-tu me dire où est ton fils ? Ne crois-tu pas qu'il n'a pas pensé à toi durant ce moment, certes sordide, mais justifié ? »

Zeljar était son point faible, Ebanelle le savait. Le petit allait bien, la vielle en était persuadée, car avec le temps il ferait un parfait disciple de Panpale. Il était encore jeune et facilement manipulable, c'était pourquoi Ebanelle devait le prendre, lui aussi, rapidement sous son aile avant qu'une personne mal intentionnée essaye de le détourner du droit chemin.

« Panpale l'a protégé... J'en suis persuadée... »

Plongeant son regard dans celui de sa disciple, Ebanelle tenta de voir la petite étincelle qui brillait dans les yeux de Jezabel, lorsque son désir de vengeance était plus fort que sa raison. Mais pour le moment, elle n'y voyait que des larmes qui commençaient à s'imposer.
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyVen 30 Oct - 17:10

Zeljar...Oui, bien sur qu'il était en vie. Limna et elle l'avaient tiré de sous les décombres, et le jeune garçon s'en était sorti avec quelques égratignures seulement. La peur qu'elle avait ressentit à l'idée de le perdre lui avait douloureusement rappelé son enfant mort né, bien des années auparavant. Cette peur la déchirait intrinsèquement, et ravivait son chagrin. Son inconscient avait opéré un transfert...Pour Jezabel, Zeljar était ce petit bout rose qui était sorti de ses entrailles, il était son sang, sa chair, un prolongement d'elle-même. Le refus de l'acceptation l'avait conduit à cet état de fait. Était-ce un mal ? Était-ce folie ?
Mais il était en vie... Jezabel n'aurait jamais été capable de supporter la perte de Zeljar...elle n'aurait jamais été assez forte. Elle n'était pas Luminara, ni Sorastrata, et encore moins Lysandre. Elle était faible. Son destin avait emprunté la même route que Ebanelle, et se dirigeait dangereusement vers un gouffre sans fond dans lequel elle tomberait encore et encore, jusqu'à ce que la folie elle-même ne suffise plus à combler sa voracité...exactement comme sa tante...

« Il est en vie » fit-elle d'une voix éteinte. « Il est avec un groupe de prêtresses... »

Son regard se porta sur les tentes. Zeljar devait être dans l'une d'elles, en train de se ravitailler et de trouver réconfort dans les bras de quelqu'un qui pouvait lui prodiguer assez d'amour pour le rassurer. Après le drame, Jezabel en avait été incapable. Elle était toujours en train d'accuser le choc. De ce qu'elle avait vu. De ce qu'elle avait osé penser. Elle ressentait un profond dégoût pour elle-même.
Jezabel se rapprocha de sa tante. Elle n'avalait toujours pas que personne de sa famille ne soit allé s'enquérir d'elle. Elle n'aurait pas du s'inquiéter pour eux alors qu'elle s'était mis un point d'honneur à les détester. Et elle ne devrait pas ressentir cette peine profonde qui résultait de ce sentiment d'abandon, ni même penser à eux. Toutes ses convictions se faisait balayer par ses sentiments, qu'elle ne parvenait pas à refouler. Y parviendrait-elle seulement un jour ?
La jeune femme posa sa tête contre l'épaule de sa tante. Elle en était au point ou même les bras crasseux de la vieille sorcière pouvaient lui apporter du réconfort.

« Serre-moi» implora t-elle, redevenant fillette. « Serre-moi fort »

Elle soupira, humant l'odeur nauséabonde qui se dégageait des loques de Ebanelle. Le tissu était rugueux contre sa joue, mais pourtant, elle s'y frotta. Ce n'était pas tant sa tante qu'un contact humain dont elle avait profondément besoin. Simplement quelqu'un, qui, de par sa présence, pourrait la rassurer. Faisait-elle le bon choix en choisissant la sorcière ? Certainement pas. Mais elle était la seule...

« Qu'allons-nous faire maintenant ? » demanda t-elle, un peu perdue.


[hrp : Sora, c'est à toi Smile]
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Sorastrata Hirune
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyDim 1 Nov - 0:09

Fatiguée...elle était si épuisée qu'elle ne savait même plus comment elle faisait pour marcher, pour respirer encore. Elle ne sentait même plus le poids décuplé de ses membres, elle ne distinguait plus le flou qui embrouillait sa vision. Même la douleur dans sa poitrine, au niveau de son vieux coeur, s'était engourdie. Combien de temps maintenant, depuis combien d'heures avait-elle quitté la tente de Lysandre, pour s'atteler à sa sinistre tâche ? Elle pouvait encore se rappeler de Luminara, partant de son côté afin de trouver Gwyddion. Il restait encore des bribes désorganisées dans l'esprit de Sorastrata, des fragments qui flottaient çà et là à la limite de son attention : l'enfant-loup, l'enfant fou qui lui avait causé tant de soucis, son absence qui était presque passée inaperçue auprès des drames des dernières semaines ; le visage blafard de Una, sa propre fille, son corps souillé et meurtri, ce châtiment des Dieux si simple, si inéluctable ; les larmes de Luminara poussée à bout, son désespoir après une tragédie de trop. Et les noms, la liste sans fin des noms de sa famille, étaient la seule chose qui demeurait claire dans ses pensées : elle se souvenait de chacun de ces visages dont la morne litanie s'égrenait, à mesure que les Olarils lui avouaient..."Je l'ai perdu dans le nuage de cendres" ; "Elle n'a pas réussi à sortir du Foyer à temps" ; "Elle a tenu quelques heures, jusqu'à ce que le Camp s'organise, mais..." ; "Je suis désolé" ; "Nous avons fait tout ce que nous avons pu" ; "Je ne sais pas comment vous dire ça...".

Qu'allait-il rester des Hirune ? Même si Luminara retrouvait Gwyddion en vie, combien de ses filles et fils étaient morts ? Chasseresses, époux, enfants...Sa fille avait ouvert le registre et il n'avait fait que s'allonger depuis. Et Sorastrata n'osait même pas tenter de penser aux autres, tous les Olarils que les Feux de la Gérax avaient engloutis, son peuple, ses frères. Etait-ce simplement possible d'appréhender le nombre de vies qui avaient disparu, en un éclair ? Tant de noms, de visages familiers, de voix et de souvenirs, recouverts du voile gris du trépas, en une seule journée. Grand-Mère avait l'impression que la litanie ne s'arrêterait jamais, qu'elle, Lysandre, Luminara, que tout le peuple d'Arestim devrait pour toujours rester en deuil pour les victimes du désastre. Jamais le chagrin des vivants ne pourrait être à la mesure du nombre des morts.

Lorsqu'elle entendit et vit l'agitation, elle n'y prêta pas attention ; comme tout ce qui ne concernait pas sa recherche, cette information traversa brièvement ses pensées embrumées et elle ne s'arrêta pas, continuant sa lente marche à travers le camp. Partout autour d'elle on s'activait, on soignait les blessés, on se lamentait, on appelait à l'aide, on insultait le ciel et les dieux...En dépit de ses sens aiguisés, elle ne pouvait voir à travers la confusion : son esprit était trop accaparé par la fatigue, par l'effort surhumain qu'était devenu le simple fait de marcher. Alors qu'étaient ces cris, ces rumeurs et ces gestes de plus en plus brusques, quelle importance pouvaient-ils avoir ? Ce n'est que lorsque les signes de violence apparurent que Sorastrata s'arrêta de marcher et prit le temps de voir, d'entendre. Des paroles criées à l'adresse de tous n'avaient pas été bien accueillies, la foule avait été offensée, et sa colère montait lentement. Des gens s'indignaient, certains retournaient à leurs soucis, mais d'autres continuaient à regarder, murmuraient entre eux et attisaient leur fureur. Ils voudraient bientôt obtenir rétribution et noyer leur douleur dans la brutalité. La vieille femme promena son regard absent aux alentours, cherchant la source de toute cette agitation. Elle aperçu le fragment d'un visage et oublia tout le reste.

Elle crut se mettre à courir, mais ses jambes ne lui auraient pas permis ; comme si son corps fonctionnait à sa propre manière, elle marcha avec peine, s'appuyant du mieux qu'elle put sur le court morceau de bois qui lui servait de canne, claudiquant, boitant de toute la vitesse qu'elle put invoquer. Cela lui prit plusieurs instants, mais elle n'en sentit pas la longueur ; tout ce dont elle était consciente, tout ce qui importait, c'était d'arriver près de ce visage, de marcher jusqu'à cette jeune femme qu'elle voyait, cette face en détresse, cherchant dans les bras d'une âme charitable le réconfort qu'elle ne pouvait trouver dans la solitude. Les insultes, les reproches et la haine qui avaient animé ce visage qui à présent se détournait d'elle, à peine un jour auparavant, n'étaient plus que des souvenirs vagues dans l'esprit de Sorastrata ; la rancoeur qu'elle avait ressenti pour cette jeune femme qui maintenant lui tournait le dos, n'était plus qu'une source de honte, bannie à jamais. Au milieu du chagrin, du doute et de la fatigue, une seule chose était devenue claire et indispensable.

Jézabel.

Elle posa ses mains sur ses épaules et posa sa tête contre son dos, tombant presque sur elle, après l'effort qu'elle venait de fournir. Laissant échapper un sanglot de soulagement et un sursaut de rire, elle murmura presque frénétiquement.

Tu es vivante...Les Dieux soient loués, tu es vivante...Jézabel, ma chérie, mon enfant...

Sorastrata était à bout de souffle, presque terrassée par la fatigue et l'intensité de toutes ces émotions accumulées. De ses bras sans forces, elle tenta de tourner sa petite-fille vers elle ; Jézabel suivit le mouvement docilement, sans que la vieille femme ait besoin de fournir un effort. La jeune femme semblait elle aussi épuisée, incapable d'opposer la moindre résistance. Grand-Mère caressa son visage hagard, un sourire tremblant aux lèvres et les yeux embrumés. Son opposition à Lysandre, ses injures, la vérité qu'elle lui avait craché au visage, plus rien n'importait. Jézabel n'était pas qu'une source d'espoir, pas qu'un visage familier qui pour une fois était vivant ; la matriarche avait tant de honte, tant de fautes à se faire pardonner, tant de coups et de gestes terribles...Si c'était Luminara qui l'avait sauvée du trépas, c'était Jézabel qui l'avait forcée à affronter ses fautes, à abandonner l'arrogance qui avait amené tant de malheur. Au fond d'elle, Sorastrata ne se souciait pas d'être pardonnée, elle ne voulait pas de clémence ou de baume pour sa culpabilité : son enfant était tout ce qui importait, seul comptait son bonheur. Elle devait à tout prix soulager sa solitude et ses souffrances.

Où étais-tu ? Je t'ai cherchée pendant si longtemps... Elle se souvint soudain d'un enfant aux cheveux roux, de ce garçon peureux et facétieux, ce petit morceau de vie qui devait tant compter aux yeux de sa petite-fille. Zeljar...Où est ton fils ? Dis-moi qu'il est sauf, Jézabel, dis-moi que...

Sorastrata avait soudain retrouvé l'acuité de ses sens, poussée par l'inquiétude et le besoin impérieux de protéger sa famille. Dans son état fragile, ses émotions pouvaient changer si vite et si brutalement, au moindre signe de ses proches. La survie de Jézabel ouvrait tant de possibilités et de nécessités que la matriarche repoussait une fois encore la fatigue, ne serait-ce que pour quelques secondes. Regardant autour d'elle, elle chercha du regard la chevelure vive du garçon. Mais elle ne fit que poser les yeux sur l'autre personne, cette âme charitable qui avait consolé Jézabel. Et de nouveau, elle fut frappée de stupeur et paralysée.

La colère de la Gérax avait pris sa cadette, mais il y avait bien longtemps que son aînée avait disparu dans les bras de Panpale. Et comme si elle venait de revenir d'entre les morts, Ebanelle se tenait devant Sorastrata, vivante et bien réelle, sortie du fond des bois. Pendant toutes ces années, elle n'avait été qu'un mauvais souvenir, un secret inavoué qu'on pouvait ignorer ; mais à présent elle était redevenue une personne de chair et de sang, qui pouvait parler, accuser et haïr. Même dans la Nécropole, au moment de reconnaître ses fautes, la matriarche n'avait pas songé à sa fille, elle ne s'était jamais demandé si elle devrait un jour la revoir et implorer son pardon. Elle ne pouvait plus l'ignorer à présent, mais elle ne savait que faire.

Que pouvait-elle dire ? Quel geste, quelle parole aurait pu effacer sa négligence après la mort d'Erymanthe, le chagrin du décès de Tarak, les années de folie passées dans la Chaume ? La vieille Chasseresse était emplie de culpabilité à l'idée de ce qu'elle avait subir à son enfant, mais sa raison lui disait bien que la simple tendresse ne suffirait pas. Jézabel était confuse et fragile, et malgré sa rancoeur envers Lysandre et les autres Hirune, Sorastrata voulait croire qu'il persistait de l'amour dans son coeur, qu'elle n'était pas encore totalement perdue. Zeljar en était la preuve.

Mais Ebanelle était d'une autre trempe ; elle avait passé la moitié de sa vie dans la solitude et la haine, elle avait rejeté sa famille et son peuple pour embrasser le culte du dieu des malheurs. A l'heure qu'il était, la folie l'avait probablement emportée toute entière, et devant l'ampleur du mal qu'elle représentait, le danger qu'elle incarnait et la honte qu'elle lui inspirait, Sorastrata était privée de tous ses moyens. Totalement dépourvue, elle posa un regard choqué et honteux sur sa fille et balbutia quelques mots, sans parvenir à former la moindre phrase.
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyMer 4 Nov - 18:30

Le petit était bien vivant. Cette nouvelle enchanta Ebanelle, qui affichait un sourire de satisfaction. Jezabel avait seulement commis une erreur en le tenant à l'écart, car sa place était ici, à contempler le désespoir, à contempler l'échec de Lysandre. Malheureusement, la vielle folle n'eut pas le temps de lui reprocher quoi que ce soit : Jezabel s'engouffra subitement dans ses bras, ses nerfs étaient, visiblement, en train de lâcher. Surprise, Ebanelle ne lui rendit pas son étreinte, comme si ce silence, cette inactivité, se substituait à des paroles, à des gestes qui seraient des preuves d'amours, choses qu'Ebanelle ne savaient plus donner depuis de nombreuses années.

La vielle n'eut pas le temps non plus de répondre à la question de son enfant, interrompue lorsqu'un individu s'approcha des deux femmes. Une nouvelle fois Ebanelle craignit pour sa vie, mais également pour celle de sa chère Jezabel. Brandissant sa flèche empoisonnée, la vieille s'apprêta à embrocher cet individu, cet Olaril qui ne devait pas se rendre compte de l'absurdité de son geste.... Pourtant, elle ne fit rien, réalisant que cet individu était en réalité une femme, une vielle femme, et que celle-ci connaissait visiblement bien Jezabel. Ebanelle contempla la scène, inerte, ne réussissant même pas à mettre un nom sur ce visage, ce visage qu'elle connaissait. Oui, elle le connaissait, mais comme lors d'un blocage psychologique, la vielle ne réussissait pas à se souvenir... Non... En réalité, Ebanelle avait déjà compris, mais elle n'osait pas se l'avouer à elle-même. Elle qui prétendait ne plus avoir peur de rien faisait face à un vieux souvenir, tout droit revenu du fin fond de son coeur et qui, visiblement, lui faisait toujours autant peur. Combien de fois avait-elle pensé à elle depuis son départ pour les ténèbres ? Elle n'en avait aucune idée...

Les choses se bousculèrent alors dans sa tête, une montagne de souvenir et de haine l'envahirent, une haine, qui avait perdu sa place... mais qui ressurgissait. Se tenant la tête, la vielle hurla, avant de se mettre à trembler de tous ses membres.

« Non, non ce n'est pas possible monstre ! Monstre ! »

Elle hurla de nouveau.

« Toi ! »

Les yeux remplis de haine, Ebanelle s'apprêta à bondir sur sa génitrice, toutes griffes dehors.


« Je vais te tuer ! »

Mais tout ce qu'elle réussit à faire, c'était s'effondrer sur le sol, trébuchant sur une pierre ou autre chose et tomber face contre terre.
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptySam 7 Nov - 9:01

Jezabel aurait du s'en douter. Jezabel aurait du avoir assez d'intelligence pour anticiper. Mais Jezabel n'était pas forcément une femme de prévision. Pourtant, c'était si évident... Ebanelle sortie de sa chaume.... Les Olarils regroupés dans un campement...Et Sorastrata, qui s'assurait de la santé de sa progéniture... La rencontre était en quelque sorte inévitable. Elles se seraient croisées à un moment ou un autre. La jeune chasseresse avait toujours éprouvé cette curiosité malsaine envers sa tante et sa grand-mère. Les deux femmes ne s'étaient pas revues depuis longtemps.

Prise dans l'étau de l'influence d'Ebanelle et de celle de Sorastrata, la chasseresse ne sut comment réagir. Sentir la chaleur de deux corps si chers développa un malaise en elle. Jamais elle n'avait été en présence des deux en même temps. Elle aurait du savoir que Sorastrata ne l'abandonnerait pas si aisément après leur virulente dispute bien des nuits auparavant. S'il y avait une chose importante pour la vielle femme, c'étaient bien les liens du sang. A l'exception de sa propre fille... Le souffle coupé, elle se laissa faire par sa grand-mère comme une poupée de chiffon soumise aux bons vouloir de deux êtres en perpétuel conflit. Allait-elle devoir se déchirer ? Allait-elle devoir faire un choix ? Revenir sur sa décision ? Finalement, elle se réfugia docilement dans les bras de son aïeule, retrouvant une sensation qu'elle avait cru perdue. La sécurité.

C'était bon, dentir sur son visage les mains de l'ancêtre qui ne lui procurait qu'une bienveillante attention et non le reproche, de sentir l'inquiétude dans ses propos, et surtout l'amour... Elle qui avait cru que Sorastrata la détesterait, qu'elle la renierait comme elle avait renié Ebanelle...Elle s'était trompée...
D'abord silencieuse, Jezabel explosa en larmes. Comme la petite fille fautive qui reconnaissait ses torts et qui souhaitait se faire pardonner, mais qui en même temps éprouvait la culpabilité de devoir abandonner la source de ses émotions conflictuelles. Ebanelle ? Sorastrata ? Sorastrata ? Ebanelle ? Comment faire ?
La jeune femme balbutia quelques mots entre deux sanglots.

« Il va bien...il est sain et sauf  » fit-elle en parlant de Zeljar. « Il est sain et sauf...oui...sauf »

Elle tenta de calmer ses nerfs qui venaient de lâcher, de réprimer les tremblement de son corps, de faire taire les soubresauts de sa respiration saccadée. Elle écarta sa tête pour observer Sorastrata...son aïeule paraissait exténuée...accablée...les traits de son visage étaient tirés et fatigués. Soucieux aussi...
Durant une seconde, Jezabel oublia la présence de sa tante derrière elle, pour ne se focaliser que sur sa grand-mère. Quoi lui dire ? S'excuser aurait été contraire à tout ce qui avait été dit, mais la repousser était impossible pour la jeune chasseresse.

Puis les cris d'Ebanelle l'arracha de cet instant qui lui avait paru figé. La réalité revint. Mais était-elle seulement partie ?
Sa pauvre tante accusa la trahison de sa nièce avec fiel et haine. Jezabel se sentit coupable de l'avoir laissée pour trouver les bras de la vieille fille d'Hesione. Les yeux de son initiatrice semblaient sortir de leurs orbites tant sa folie exultait...Ses traits étaient déformés par cette rage qu'elle contenait depuis tellement longtemps. Elle faisait peur... Et en même temps, ce fut de la pitié que Jezabel ressentit en cet instant. De la pitié pour cette femme déchirée, dont le bon sens avait laissé l'insanité de son esprit putride prendre les commandes de son existence.
Mais la culpabilité de la regarder ainsi lui fit détourner le regard, et s'éloigner de Sorastrata. Elle refusait de choisir. Elle refusait la douleur de devoir abandonner l'une au profit de l'autre. C'était trop dur...elle était trop faible. Elle n'en avait pas la force.

« Non ! » souffla t-elle lorsque Ebanelle voulu bondir sur Sorastrata pour, comme elle l'annonça avec hargne, la tuer.

Le plus dur fut de voir la vieille sorcière s'étaler de tout son corps sur le sol gelé du campement. L'humiliation suprême, l'allégorie de sa dégénérescence, le summum de sa perdition. Tous les Olarils à proximité avaient leur yeux fixés sur cette pauvre chose décharnée qui offrait un étrange spectacle... On hésitait encore entre cruauté et pitié.
Avec douleur, Jezabel songea que Sorastratra ne la louperait pas. Qu'elle allait déverser sa colère sur sa fille... Mais la jeune chasseresse ne le supporterait pas... elle ne voulait pas assister à la fustigation publique de l'être qu'elle avait toujours vénéré...
La jeune chasseresse était plantée à égale distance entre les deux femmes, et les regardait tour à tour. Elle hésitait à aller aider Ebanelle à se relever. Pour mettre un terme à son opprobre, pour sauvegarder la vision qu'elle avait toujours eu d'elle : Celle d'une femme certes folle, mais pleine de savoir.



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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptyLun 7 Déc - 0:03

Devant la chute d'Ebanelle, Sorastrata resta tétanisée. Tout s'était passé trop vite pour son corps et son esprit, si fatigués ; un cri plein de peur et de haine, une forme sombre et dégingandée fondant sur elle...Son instinct avait voulu lever son bras, se défendre bec et ongles, mais ses vieux muscles avaient à peine bougé. La vieille Chasseresse n'avait rien distingué de ces gestes flous, elle ne voyait que le corps tombé à terre, la silhouette prostrée de son enfant chérie, sa fille maudite, sa progéniture perdue. Grand-Mère tituba, hébétée, et tomba à terre à son tour. La fatigue la rattrapait, à présent qu'elle s'était arrêtée, qu'elle avait laissé une ouverture.

Le visage d'Ebanelle était caché derrière ses cheveux sales, ses doigts crochus agrippaient l'herbe ; il n'y avait pas d'ennemi devant les yeux de la matriarche, pas de danger ou de source de rancoeur. Il n'y avait qu'une vieille chose aux articulations noueuses, dont les membres épuisés n'étaient plu soutenus que par la hargne et la férocité, une bête blessée et folle qui avait tout perdu et n'avait pas voulu l'admettre, qui déchirait sa famille dans sa fierté démente. Rien d'autre qu'elle-même. Les deux Hirunes étaient à terre, au plus bas, leurs cheveux salis et ébouriffés, leurs mains souillées par la terre et le sang, leurs yeux de rapaces perdus dans le vague du désastre et de leurs projets insensés. Sorastrata avança une main peureuse et tremblante vers la tête baissée de sa fille.

De grands aboiements retentirent, et une grande forme sombre fondit entre les deux femmes, s'interposant face à Ebanelle. Kuna n'avait plus rien de la bête joueuse et pleine d'affection ; c'était un gardien à la fourrure noire et aux yeux perçants, ses babines retroussées sur une gueule cruelle, d'où sortait un grondement sourd et prédateur. Son corps puissant se tendit, lorsqu'un maigre morceau de bois frappa sa tête, puis ses épaules et son ventre, le repoussant presque frénétiquement. Sorastrata ne pouvait articuler de parole intelligibles ; seuls des gémissements désespérés sortaient de ses lèvres ridées, tandis qu'elle chassait le grand chien sans ménagement. Il n'y avait pas grande force dans ses coups, mais le molosse obéissant reculait tout de même, avec des jappements de protestation penauds.

C'est devant ce spectacle singulier, que les Olarils alentours observaient toujours, qu'arriva enfin la main de l'ordre. Trois hommes bien bâtis, dont les habits abîmés et les visages salis ne diminuaient pas l'autorité fruste, approchaient en fendant la foule, de grands bâtons à la main. Ces membres de la Garde dispersèrent les spectateurs les plus proches et vinrent interpeller les trois Hirunes.

Bon, qu'est-ce que c'est que ce raffut ? Vous ne trouvez rien de mieux à faire dans un moment pareil ? dit leur meneur, un homme dans la force de l'âge, aux longs cheveux paille et aux épaules de bûcheron.

Un de ses compagnons, apparemment plus observateur, vint murmurer à son oreille l'identité des trois femmes qu'il avait devant lui. L'homme fit une moue et cracha par terre, avant de s'approcher, son bâton calmement tendu.

Grand-Mère du Chef, soeur du Chef, troisième cousin du Pontife, je m'en frotte l'oreille ! Si on laisse les troubles s'installer, à quoi bon s'être sauvés du Feu ?! Qui a démarré l'escarmouche ?

Tous les spectateurs s'empressèrent de désigner Ebanelle, la haine plein les yeux, leurs poings brandis en l'air avec colère. Sorastrata reprenait peu à peu ses esprits, à présent remises sur ses pieds, que ce soit par Jézabel ou par un des Gardes. Son esprit engourdi réagit sur le coup à ces bruits de menace, trop épuisé pour recourir à la réflexion. Tenant à peine debout, elle brandit sa canne de fortune en l'air et héla le Garde en chef d'une voix croassante.

Si un seul de ces morveux fait du mal à ma fille, je peux te garantir, gamin...

Me garantir quoi, grand-mère ? l'interrompit l'homme, mi-furieux, mi-goguenard. Essaie de tenir seule debout avant de lancer des avertissements. Cette folle a remué sa langue de vipère une fois de trop, hors de question de la laisser semer les ennuis : on en a déjà assez comme ça. Elle se retrouvera aux fers jusqu'à ce qu'on ait décidé quoi faire d'elle !

Vidée de ses forces, la matriarche ne put répondre et s'écroula presque sur la première personne qui pouvait la soutenir. Elle lança un regard encore farouche au Garde, qui s'en détourna et fit signe à ses compagnons d'emmener Ebanelle. Les trois solides gaillards entourèrent la sorcière des bois, tenant fermement leurs bâtons...

[NB : les Gardes sont sensés emmener Ebanelle dans ce qui sert de prison, à savoir une tente surveillée où elle sera entravée, j'en ai convenu avec elle. Libre à vous de vous débattre, mais dites vous bien que nous sommes toutes les trois épuisées, tandis qu'ils sont en meilleure forme, plus forts et armés.]
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MessageSujet: Re: Le châtiment de Panpale   Le châtiment de Panpale EmptySam 12 Déc - 18:26

Toujours au sol, de la terre dans la bouche, dans les cheveux, Ebanelle se demandait pourquoi tout devait toujours aller de travers. Son plan était pourtant parfait, les signes de Panpale sans équivoque, mais malheureusement, il y avait toujours une personne pour se dresser en travers de son chemin, toujours. Seulement, elle ne s'attendait pas à tomber sur le vieil adversaire qu'était sa mère, source de ses premiers malheurs, qui l'avait conduite au fin fond des bois.

La chute au sol de sa génitrice lui donna la force de relever la tête pour là voir, aussi bas que possible, comme elle-même. Sa mère était vieille, beaucoup plus qu'Ebanelle, qui se réjouissait de voir qu'elle n'avait pas réussi à échapper au pouvoir du temps. Sorastrata si vigoureuse dans le passé, n'était plus qu'un vieux débris sans importance, tellement plus facile à tuer... Ebanelle devait se relever, elle devait faire vite, très vite, si elle voulait profiter de ce moment de faiblesse pour en finir, une bonne fois pour toute avec ses vieux démons ! Mais l'arrivée d'imbéciles gâcha cette joie...

Toujours au sol, Ebanelle réussit à distinguer trois ombres avant qu'une discussion ne démarre. Ces empêcheurs de tourner en rond réussirent visiblement à liguer les Olarils, craintifs, il y avait peu de temps, contre elle. Ils se mirent à hurler son nom, avec férocité. Des adjectifs plus méprisants les un que les autres, des insultes sinistres accompagnèrent sa nomination... Rassemblant ses dernières forces, Ebanelle tenta de se relever avant de hurler d'une voix menaçante :


« Je vais tous vous tuer ! Panpale vous tueras tous ! Je vous jure que je profanerai vos os et ceux de vos proches, je les sortirai de leur tombe avant de les briser et de les utiliser pour que Panpale vous punisse. Vous et vos morts ne trouveront jamais la paix ! Jamais ! »

Les paroles de sa mère marquèrent le coup de grâce.

« Je ne suis pas ta fille ! Je n'en ai pas fini avec toi !  »

L'empêchant de continuer, deux bras puissants la relevèrent, sans ménagement, lui arrachant un cri de douleur. Il était impossible pour elle de se débattre ou de faire quoi que ce soit : la marche de la forêt au camps l'avait épuisée, il n'était maintenant plus question de se battre. Elle voulut parler à Jezabel, mais ne trouva rien à lui dire... Quant à Sorastrata... Ebanelle n'en avait pas fini avec elle. Sa génitrice pouvait courir, mais plus se cacher, car Ebanelle avait décidé de faire de cette vengeance sa priorité.

Vidée de ses forces, elle ne trouva pas d'autre moyen de contestation que de se comporter comme un poids mort pour ses gardes. Sous le regard des Olarils visiblement satisfaits de l'issue de cette discussion.


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