Les Tables d'Olaria
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 ... Puis à l'Aube <Mithridate>

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Mithra Edorta
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MessageSujet: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyLun 24 Aoû - 9:20

Dans l'atelier Télaran Arrow

    ...L'Aube

    Les rayons du soleil pointaient leur nez. Insidieusement, ils parcouraient à travers les carreaux presque opaques de poussière l’atelier Télaran. Comme chaque matin, depuis plusieurs lunes, ils ne rencontraient que désordre, et crasse. Et leur avancée était de plus en plus laborieuse, tant il était difficile de caresser pareille surface. Autrefois, ils rencontraient là de l’or, de l’étain, des pierres précieuses qui venaient les renvoyer, un instant, pour éclairer la pièce de leur lueur mordorée… Mais aujourd’hui, les rares métaux qui subsistaient dans le lieu étaient recouverts de poussière, si bien qu’ils ne renvoyaient plus quoi que ce soit.
    Il leur fallut près de deux heures pour effleurer quelque chose d’incongru. Une masse noire, au fond de l’atelier, pelotonnée dans un grand fauteuil au fond de la pièce. Ils mirent un temps fou à l’escalader, leur lumière, si loin des vitres, commençant à s’estomper quelque peu. Ils ne trouvèrent pas de visage, mais entraperçurent un œil, à la limite de la laine rêche de la cape, et à peine découvert par les mèches de cheveu d’ében qui s’écoulaient ailleurs. L’œil était fermé, et maquillé de noir… Mais lorsqu’un rayon de lumière s’y plaqua, il papillonna, et bientôt s’ouvrit tout à fait…




    Puis l'Eveil...

    Elle n’avait pas fait de rêve. Aucun. Mais elle n’avait pas non plus fait de cauchemars, et cela avait du bon. En ouvrant les yeux, elle fut surprise par la vivacité de la lumière qui régnait dans la pièce, puis, après le premier choc, par le désordre ambiant qui n’avait rien à voir, de nuit… Quelqu’un était parti précipitamment d’ici… Sans doute même en cherchant quelque chose dans la panique… Elle cligna des yeux, longuement, puis extirpa de la cape une main moite pour baîller. Elle était pâteuse, et elle avait mal au dos… Elle avait certes, mieux dormi en quantité, mais au moment de se lever elle pesta contre le fauteuil qui gardait la forme de ses fesses empreinte. Elle s’étira, émettant quelques craquement sonores, puis fit deux pas. La poussière ne suffisait pas à conserver l’obscurité dans la pièce, et se contentait de la cacher aux yeux du monde, aussi Mithra laissa-t-elle ses yeux parcourir la pièce. Elle était jonchée d’objets renversés, ou déplacés… Une telle vivacité, une telle violence, son frère n’en était pas capable… Son épouse, peut-être ?

    Elle fronça les sourcils, se demandant où ils avaient bien pu passer, tous les deux. Leur demeure se trouvait un peu plus loin, à deux ou trois maisons de là, mais Mithra ne pu se résoudre à débarquer chez eux par une heure si matinale… La fraîcheur du matin se rappela à son bon souvenir, et elle fut parcourue d’un long frisson. Elle voulut s’enrouler plus sûrement dans la cape, et sortit de la pièce par la porte de derrière. La porte grinça, mais tourna. Derrière, le petit établi où se trouvaient quelques ustensiles. Là, le désordre était moindre, mais la poussière, toujours, recouvrait le tout. Elle s’empara d’un torchon qu’elle fit claquer derrière elle pour l’en débarrasser, puis Entreprit de nettoyer de quoi se faire chauffer quelque chose. Une fois la tâche accomplie, elle se mit en quête de lait, ou de miel… Mais ne trouva rien qui n’était ni caillé, ni piqueté de moisissure.
    Une moue dégoûtée sur le nez, elle laissa tomber, puis hasarda un regard autour d’elle, la cape n’était guère pratique, aussi fut-elle soulager de trouver une chemise à son frère, chaude et confortable, abandonnée sur un dossier de chaise. Elle avait l’air d’une enfant à l’intérieur, tant le gabarit de son frère surpassait le sien, mais elle n’en avait rien à faire, c’était ce dont elle avait besoin. Et seule dans un atelier en désordre, elle n’avait nul besoin d’élégance.
    D’un pas légèrement plus vif, elle regagna la pièce principale, les poings sur les hanches, et un sourire plein de vaillance aux lèvres. Elle allait faire quelque chose. Cet atelier, elle l’avait rangé et astiqué de très nombreuses fois, c’était à la vérité la punition favorite de son paternel.
    Le souvenir lui arracha un léger rire. Elle remonta les manches de la chemise, ainsi que celles de la tunique, plus légère, qu’elle portait en dessous, et attacha ses cheveux en un chignon improvisé. Commença alors le rangement. Elle ramassa des objets, en astiqua d’autres, jeta ceux qui étaient irrécupérables dans un baquet en bois. Elle trouva ensuite un balai grâce auquel elle jeta dehors les volutes de poussières qui avaient envahi le sol.

    Ce n’était pas encore un succès, mais c’était déjà mieux. Il lui aurait fallut aller chercher de l’eau, afin de nettoyer tout cela à grande eau, et elle ne s’en sentait pas encore l’énergie… Dos à la porte qui menait au dehors, elle adopta à nouveau la position qu’elle avait avant de commencer, ses poings serrés et souillés par la crasse serrés sur ses hanches. Après avoir allumé un feu dans l’âtre de la toute petite cheminée qui se trouvait dans l’atelier, elle sourit et s’épongea le front, avant de se nettoyer sommairement les mains à l’aide d’un torchon.

    Une fois débarrassée de la saleté qu’elle avait prit pour elle, elle trouva le vieux chapeau de son père. Un chapeau en feutre marron, épais et aux larges bords. C’était parfait. Elle portait sous la chemise un simple pantalon noir, et avec la chemise crème de son frère et le chapeau de son père, elle était bien anonyme. Ses cheveux, à fortiori, demeuraient invisibles sous le chapeau. Elle pouvait sortir sans attirer l’attention.
    Elle avait envie de manger quelque chose, et de boire quelque chose de chaud, aussi… Le marché Olaril s’ouvrirait bientôt.



    Elle revint une heure plus tard, soit près de trois heures après le lever du soleil, les bras chargés de victuailles, de pain chaud et odorant, ainsi que de lait frais. Le froid lui rougissait les pommettes et les oreilles, et elle avait contracté dans l’aventure un début de rhume, mais elle était contente. Elle déjeunerait sur place, avant de repartir pour la Cité Edorta où elle aurait tout le loisir de se faire une petite toilette. Sa disparition finirait par attirer l’attention.

    Devant la porte, elle posa le lourd panier à ses pieds pour ouvrir la lourde porte… Sa respiration accélérée donnait naissance à des volutes de vapeur. Un rictus découvrant ses dents, elle poussa la porte, et entra avec son panier, refermant derrière elle la porte, coupant net le froid qui tenta d’envahir la pièce. Mais si petite que soit l’âtre, le feu avait su faire naître à l’intérieur une température agréable. Elle ôta le chapeau, défaisant un peu le chignon, et, sans le lâcher, se figea. La porte du fond était entrouverte… juste assez pour qu’elle s’aperçoive qu’elle n’était plus seule dans l’atelier. Un sourire plein de lumière s’afficha sur son visage.



(Mithridate)


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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyLun 24 Aoû - 13:37

Mithridate avait eu le temps de réfléchir, de penser, mais il n’avait trouvé aucune solution satisfaisante.
Il avait d’abord rejoint les mines Télaran, mais il eut à subir encore une ou deux secousses de plus faible intensité, ce qui avait rendu la route difficile. De plus, tout semblait différent, et il mit du longtemps à retrouver sa route, mais il y parvint. De retour dans la civilisation, il n’en profita pas et ne parla à personne, pour ainsi dire. Il reprit la route d’Arestim Dominae sans attendre, ce n’était alors plus qu’une question de distance et de temps.

Il était parti pour trouver des réponses, il revenait avec des questionnements. Que faire maintenant ? Et surtout, que dire ? Et à qui ? Qui comprendrait ? Qui le croirait ? Il devait se taire, encore et toujours, tout garder au fond de lui, ne rien laisser paraitre.
Mais ils se douteraient pourtant bien de quelque-chose, après sa disparition et celle de sa femme ! Surtout qu’elle ne reviendrait pas… L’homme avait honte, mais ne voyait qu’une seule solution, qu’une seule chose à dire. Tout était de la faute de cette maudite montagne ! Voilà bien longtemps qu’elle ne s’était pas réveillée, et à en croire ce qu’il avait vécu, cela ne présageait rien de bon. Les Dieux s’étaient-ils tournés contre lui après ce qu’il avait fait ? Ou bien était-ce quatre chose… Lysandre pour ne pas la nommer. Mithridate ne parvenait à se souvenir de l’histoire, mais il lui semblait que ce genre de situation avait déjà eu lieu. Mais sa mémoire lui faisait défaut.

Il traversa des landes rocailleuses, une forêt, des champs, puis finit pas s’approcher de la ville. Il avait marché jour et nuit, dormant que lorsqu’il était épuisé, mais se réveillait toujours très vite, pour échapper aux cauchemars. Il marcha un temps dans les rues, le soleil se levait tout juste, et la vie semblait continuer comme avant. Comme avant ? Non, beaucoup se regardaient différemment, il y avait une certaine animosité dans le regard de chacun, une tension palpable, une peur latente. Les choses avaient-elles tant changés ? Ou bien était-ce juste son apparence qui les choquait ? Il est vrai qu’il était sans doute particulièrement sale et puant, et que ses vêtements n’étaient pas dans le meilleur des états.

Il se dirigea lentement vers son atelier. Il ne voulait pas rentrer chez lui, *elle* y serait sans doute trop présente. Personne ne l’écouterait s’il ne soignait pas un peu plus son apparence. Sur la route, il récupéra de l’eau, pour le reste, il trouverait ce qu’il faut sur place.

Une fois arrivé, il crut d’abord que quelqu’un était là. Le feu était allumé devant la cheminée, et des choses avait été bougées récemment, à en croire les traces de poussière. Il hésita un instant, mais n’entendant aucun bruit, il se dit qu’une de ses sœurs avait sans doute voulu entreprendre un peu de ménage mais qu’elle avait fini par fuir devant l’ampleur du travail, en oubliant le feu. Il remit une buche dans celui-ci, puis versa son eau dans un bac pour entreprendre une toilette basique, mais nécessaire. Il verrait plus tard pour passer au lavoir ou ailleurs pour se nettoyer plus correctement. Il trouva des vêtements propres rangés quelque part, et en profita pour raser une barbe, qui avait eu le temps de pousser pendant son ‘‘voyage’’.

Il était aussi frais et dispo que possible dans son état, quand il entendit un bruit. Quelqu’un venait d’entrer dans l’atelier. Il se retourna et vit sa grande sœur, Mithra, dans l’entrée. Il se précipita vers elle, mais les mots lui manquèrent tandis que ses pensées s’enfuyaient et que sa vue se brouillait derrière les lourds sanglots qui emplissaient ses yeux.

« Mithra, je… » tenta-t-il de dire, mais les mots lui manquaient tandis qu’il tombait à genoux.


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Mithra Edorta
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyLun 24 Aoû - 15:30

    Son entrée n’était pas passée inaperçue, à en croire le bruit qu’elle avait fait naître dans la pièce du fond. Elle s’attendait à voir son frère, ou du moins l’espérait, et ne fut pas déçue, de prime abord. Leur dernière entrevue remontait aux funérailles de Laclaos, et depuis, elle n’avait plus de nouvelles. Elle n’avait pas non plus donné des siennes, ce qui ne leur ressemblait ni à l’un, ni à l’autre, et de regret elle se mordit la lèvre inférieure.
    Le voyant sortir précipitamment de la pièce, Mithra ne pu retenir un mouvement de surprise. Bref, mais suffisant pour lui laisser entrevoir l’homme… Il avait changé, en peu de temps… Ses traits étaient tirés, et son visage, bien que visiblement rasé de frais, avait quelque chose de las… Mais sa surprise fut plus grande encore lorsqu’elle le vit s’effondrer devant elle, ne parvenant même pas à prononcer un mot…

    Jamais elle n’avait vu son frère dans un tel état, et cela souleva en elle de nombreuses choses… Des questions, d’abord, en pagaïe… pourquoi était-il absent ? Où avait-il bien pu passer tout ce temps, car de toute évidence ce n’était pas dans cet atelier… Mais bientôt tout cela fut balayé par la douleur de la sœur… Il avait toujours été solide et cela pour toutes ses sœurs, et les dieux savaient à quel point l’unique frère de huit jeunes femmes devait faire preuve de sang froid et de force… Mais l’homme qu’elle voyait aujourd’hui n’était plus le même… Le visage marqué, elle écarta le panier du pied et fit le pas qui la séparait de lui pour se mettre à son niveau. Sans un mot, elle se contenta de passer ses bras autour de lui et de le serrer aussi fort qu’elle le pouvait, compte tenu de leur carrure respective… Elle enfouit son visage dans les cheveux grisonnants de son frère, et y glissa une main réconfortante.
    Il avait toujours la même odeur.

    Elle resta ainsi de longs instants, peut-être même quelques minutes, sans rien dire, se contentant de sentir le cœur de l’homme battre contre elle… Lorsque leur mère était morte, c’était elle qui était venue s’effondrer dans ses bras, de même pour Laclaos et pour leur père… Mais aujourd’hui, elle apprenait la force et entrait dans l’arène des chasseresses, et c’était à elle de se montrer robuste. Elle avait faillit pour ses enfants, pour son époux… Et avoir son frère ainsi dans ses bras lui assura une chose : à présent cette force devait servir à la reconstruction de ce qui lui était cher, et qui était brisé… Si la chair de sa chair décidait de lui tourner le dos, elle ne pouvait plus y faire grand chose, mais elle n’abandonnerait plus qui lui demandait de l’aide.

    En fin de compte, elle finit par se redresser un peu, un genou à terre, et prit dans ses mains le visage râble de son frère. A le voir dans cet état, ses propres yeux s’emplirent de larmes, mais elle les contint, et en dépit de la légère hésitation qui régnait dans sa voix, elle lui demanda :
    « Que s’est-il passé, mon frère ? » Ce n'était pas leurs retrouvailles, qui le mettaient dans cet état, elle le connaissait trop bien pour croire cela ne serait-ce qu'un instant. Du pouce elle caressa la tempe de celui-ci, lui adressant un sourire plein de tendresse.
    Ils avaient grandi ensemble, s’étaient bagarrés à l’occasion, avaient partagés maintes découvertes, parfois pleuré, ou consolé l’autre, puis ils avaient appris à vieillir non loin l’un de l’autre… Et s’étaient perdus de vue.

    A en croire le regard qu’elle posait sur lui, sereine, ce dernier point n’était alors plus qu’un détail.
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyLun 24 Aoû - 20:18

Tandis que sa sœur le tenait dans ses bras, tentant de lui apporter le réconfort qu’il avait lui-même si souvent prodigué, Mithridate voulut tout dire, tout avouer, immédiatement. Il avait tué sa femme, il le savait maintenant, il lui semblait se souvenir de l’envie de meurtre, de la rage qui le tenait à ce moment là. Oh bien sûr, cela avait été presque un accident, mais l’envie avait été là, et c’était déjà trop pour lui. Il fallait avouer, vider son sac, tout décharger, toutes ses angoisses, ses peurs, c’était le moment ou jamais.

L’étreinte s’acheva, et Mithra lui posa la question. Que s’était-il passé ?
Il était parti trouver une autre vie. Il avait passé des moments de travail merveilleux avec les mineurs, des moments de solitude magnifique dans cette montagne hostile, des instants de repos profond, caché dans cette petite bicoque, seul au milieu de nulle part. Mais il n’avait pas trouvé ce qu’il voulait vraiment faire.
Puis elle était revenue à lui, comme un fantôme qui vous hante inexorablement et ne vous laisse aucun répit. Il lui avait tout dis, et elle l’avait insulté, traité d’incapable, de faible, de couard, elle l’avait rabaissé plus bas que terre, plus profondément que s’il avait été pris par les terribles Ilgéraxans au fond de leur montagne.
Alors il avait voulu faire disparaitre la douleur, la tristesse, mais… il n’en avait même pas eu le temps. Avant de pouvoir déverser sa haine, il fut coupé par la chute de Janis… Janis l’autoritaire, Janis… puis il n’eut plus le temps de penser.

« Je… J’ai… Je l’ai… »

Mithra lui offrait un regard plein de cet amour fraternel qu’il avait toujours entretenu avec ses sœurs. Il avait toujours été là pour elles, et en cet instant, elle lui faisait comprendre qu’elle était là pour lui aussi. Mais qu’allait-elle bien pouvoir penser ? Mithra, qui avait su comme personne œuvrer pour le bien des Olarils aux coté de Laclaos, qu’allait-elle penser d’un homme capable de tuer sa propre femme ?

Non, il ne pouvait rien dire.

Il se releva, lentement, passa sa manche sur ses yeux pour sécher ses larmes, respira profondément, puis regarda sa sœur droit dans les yeux :

« Janis… est morte. Nous étions loin dans la Gérax, quand la terre a bougé et… »

Comment pouvait-il oser mentir ainsi ? Il se détestait, mais ne pouvait s’empêcher de continuer. Ses sanglots, montant à nouveau sur son visage, paraissant dû à la douleur de la perte qu’il venait de connaitre était en fait des sanglots de honte. Il avait honte de son incapacité à luter contre sa mauvaise manie de faire comme si tout allait pour le mieux, de faire ce qu’on attends de lui, de faire qu’on imagine que le bon Mithridate pourrait faire.

« Et je n’ai rien pu faire, je ne m’en suis sorti moi-même que par chance. »

Mithridate savait mentir, et c’est ce qu’il fit, une fois de plus. Il l’avait fait toute sa vie. Il avait passé une bonne partie de sa vie à faire croire que tout allait bien, ce n’était pas un mensonge de plus qui le trahirait.


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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyLun 24 Aoû - 21:29

    Du regard, elle l'encouragea à poursuivre, alors qu'il balbutiait une amorce d'explications. Qu'avait-il fait... à qui ? Mais il s'arrêta là, et Mithra se fit plus interrogative. Elle le connaissait bien, et le voyait réfléchir. A quoi, elle ne le lui demanderait pas... pas dans l'état de fragilité qu'il affichait. Elle était sa soeur et en tant que telle, elle se sentait capable de tout encaisser de lui... Même le silence. Mais il se releva. Un instant elle resta au sol, puis elle se leva et leur écart de taille se fit aussitôt sentir. Doucement, elle hocha la tête sur le côté, et l'écouta. Ce qu'il dit la surprit tant et si bien que ses pupilles se rétractant, elle plaqua ses mains sur sa bouche. Janis... Cette femme, elle ne l'avait jamais vraiment appréciée. Elle n'aimait pas trop son comportement. Elle-même calculatrice, elle décelait chez sa belle soeur des aspects similaires, mais plus... irritants. Cela dit, elle l'avait toujours respectée comme l'épouse de Mithridate, et la nouvelle de sa mort, dans le contexte actuel, venait rajouter à son malaise un soupçon d'horreur... A nouveau, des larmes vinrent envahir les yeux de son frère... Mithra, le voyant, retint elle même les siennes, et attendit qu'il eut achevé ses explications. En dépit de ses larmes, l'homme demeurait droit, et il y avait quelque chose dans son récit, et dans ce visage, qui la troublait... En particulier ce qu'il avait dit de prime abord... Ce n'était pas l'amorce d'une explication neutre... Mais l'amorce d'un aveu. L'esprit acéré de Mithra, même en présence de l'homme, demeurait alerte, et elle savait que c'était un détail qui resterait gravé... bien qu'insignifiant, et sans doute sans grande importance... Cependant, elle préféra chasser cela de sa tête pour l'instant. Tout ce qui importait, c'était que l'homme qu'elle avait en face d'elle avait été son soutien de toujours, et qu'elle lui devait largement la pareille, si ce n'était plus... Elle entendait sa peine, et alla chercher l'une de ses mains pour la serrer.

    "Je suis désolée, Mithridate... Mais... que faisiez-vous si loin ? Et quand es-tu parti ? Je ne vous ai plus revu depuis si longtemps"
    Ses propres yeux se mirent à briller un peu plus fort. Il avait été absent si longtemps... Et de son côté il subissait le deuil... tandis que Mithra affrontait les Hirunes comme un tigre défie le chasseur... A deux, ils auraient été plus forts.

    Elle serra les poings et regarda ailleurs.
    Ils traversaient une période de troubles, ponctuée de petits drames personnels... A croire que leur nom était maudits. Tous deux veufs, leurs noms et leurs visages empreints du sang de leurs proches... Laclaos, Cyclaë, Janis... Mais à présent, ils étaient là l'un pour l'autre... Ils en avaient grand besoin.
    Elle avait envie de lui dire tant de choses, de lui parler des Jeux, de lui parler de ce qu'elle entreprenait, de lui parler de tout... Et elle voulait savoir tant de choses... Pourquoi était-il partit ? Et elle ? Janis n'avait jamais été une femme aventurière... Cela ne lui ressemblait pas du tout... Elle devait en savoir davantage, pour l'aider... Elle le scrutait de ses yeux noirs, puis avec une moue adoucie, toujours empreinte de tristesse et de compassion, elle passa une main sur le visage de son frère.
    "Tu as tellement changé..."
    Mais si ses traits étaient sensiblement différents, le voir, devant elle, lui rappela à quel point elle avait eut tord de s'éloigner de lui. Sans cela, peut-être aurait-il été épargné par cette souffrance ?
    "Il est difficile de se relever après pareille épreuve... Mais les temps s'annoncent sombres, et nous devons nous recontruire..." souffla-t-elle d'une voix comme éteinte, tout juste audible.
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyJeu 27 Aoû - 16:03

Elle se doutait de quelque chose, mais comme pourrait-elle s’imaginer la vérité ? Voilà trop longtemps qu’il était ce ‘‘bon gars’’ pour pouvoir devenir un meurtrier aux yeux de sa sœur. Tuer un Olaril…

*Ô Dieux, pardonnez-moi ma faute ! Je ferai tout ce que vous voudrez, mais pardonnez-moi !*

Pour l’instant, il fallait garder la face, et la réserve de Mithra lui permettait d’éluder les questions. Ce qu’il était parti faire ? Fuir sa femme. Elle l’avait retrouvé, et il avait arrêté de fuir. Mais pouvait-il dire une chose pareille, aussi crûment ? Certainement pas, il fallait continuer de jouer le jeu. Un nouveau jeu.

« J’avais… Nous avions besoin de nous éloigner un peu des tensions qu’il y avait ici à Arestim, après l’arrivée au pouvoir de Lysandre, nous avions besoin de nous… ressourcer, de nous replonger dans une plus grande solitude. Nous avons donc profité de l’effervescence des jeux de Bakarne pour partir. Nous sommes partis séparément, pour ne pas trop éveiller les soupçons, et Corwin, le mineur de Diamant, nous avait prêté sa maison dans la Gérax, après nous avoir avertis du danger que pouvait représenter notre escapade, mais, nous en avions besoin, vraiment. »

Mithridate inventait au fur et à mesure, et cela représentait une tension agréable, comme une montée d’adrénaline. Et si elle voyait qu’il mentait ? Non, elle ne pouvait que croire en lui, comme il avait toujours cru en elle.

« Tout allait bien, jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose d’imprévisible. Quoique… »


Mithridate tentait de se souvenir des vieilles histoires des anciens. Ne s’était-il pas passé quelque chose de similaire pendant le règne de Laaryn’Far ?

« Tu te souviens des contes des anciens Edorta sur les chefs d’Olaria ? Il y avait ce chef Hirune, Laaryn’Far, qui était devenu fou, et la montagne qui fumait et qui tremblait… »


Il regarda sa sœur droit dans les yeux, l’air sérieux, pour lui montrer qu’il ne plaisantait pas du tout.

« Je pense qu’il se passe la même chose. Nous étions en plein milieu avec Janis… La terre s’est ouverte, elle est tombée et je l’ai vue, au fond… »

Son regard s’était perdu dans le vague et des larmes lui montèrent à nouveau dans les yeux. Pas pour la mort de sa femme, il ne la regrettait pas vraiment, mais pour les circonstances de cette mort. C’était lui l’assassin, pas les Dieux. Il était le seul coupable. C’était cet état de fait qui le mettait dans tous ses états. Mais il ne fallait pour faiblir, et avancer, c’était sa meilleure chance depuis longtemps, en fait.

« Oui Mithra, j’ai changé, comme toi, comme nous tous. J’ai vieilli… mais j’ai encore toute une vie devant moi, non ? Que s’est-il passé ici pour que tu me parles comme ça des temps à venir ? Qu’y a-t-il à reconstruire ? »


Dernière édition par Mithridate Télaran le Mer 2 Sep - 9:10, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyVen 28 Aoû - 7:11

    C’est avec une certaine avidité que Mithra écouta le récit de son frère. Ils avaient besoin de s’isoler ? Elle ne s’en serait jamais doutée… Il était déjà difficile d’imaginer son frère loin de tout et seul, sans personne à qui sourire, mais Janis… Janis était si attachée à leur commerce ! Mithra peinait à croire qu’elle n’avait en fait qu’été dans l’expectative d’une bonne raison pour le fermer. Mais elle n’intervint pas, et écouta la suite. Lorsqu’il l’interpella, au sujet du conte de Laarun’Far, il lui fallut faire un effort de mémoire, mais en fouillant bien, elle la retrouva dans ses souvenirs et son visage s’éclaira. Elle hocha la tête, puis adopta un visage digne et exprimant sa peine. Alors qu’à nouveau les larmes se montraient dans les yeux de son frère, elle posa une main compatissante sur son bras, et pencha la tête. Elle y effectua une pression, quand ce fut à lui de l’interroger. La question qu’il posa lui arracha un sourire quelque peu jaune.

    « Je… J’ignore si tu étais présent, lors des Jeux de Bakarne, mais tu n’ignores sans doute pas qu’à nouveau nous sommes pris dans le deuil… Les Jeux nous ont pris Cyclaë, et depuis, nous sommes tous quelque peu pris dans la tourmente. Petit à petit, les choses se mettent en place, et ceux qui soutiennent Lysandre et ceux qui, comme moi, la jugent trop incapable pour régner, en sont venus à s’opposer plus ouvertement… Cela ne présage rien de bon… »

    Elle regarda ailleurs, se mordillant la lèvre inférieure.

    « Au sein d’une même famille, les Olarils se déchirent entre eux… » Elle reporta sur lui un regard plus ferme, comme contrarié « … Tes neveux eux-mêmes tournent le dos à leur mère. Seul Kiriel sera prêt à se ranger dans mon sillage, mais il est rongé par le fiel, et je n’ose l’impliquer, de peur qu’il ne s’y perde. »
    Elle fronça les sourcils, ôta sa main du bras de son frère et les croisa, avec un frisson. Comment pourrait-elle le lui dire ? Il la prendrait pour une folle, mais après tout, elle lui avait toujours tout dit. « Mon frère, je suis résolue à faire destituer Lysandre. Je ne sais ce qui poussa mon regretté époux à la nommer en lieu et place de son fils, mais… » Son visage plus combatif, à nouveau, elle se mordilla les lèvres. « … Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir. Quand bien même il me faudrait lutter seule. »

    Seule. Pas tout à fait, puisque de nombreux Olarils étaient de son « côté » Cependant, ils étaient divisés entre eux également, et Mithra le savait, leur soutien ne tenait qu’à un fil, et Lysandre, d’un mot ou d’un acte bien affûté, pouvait le sectionner sans difficultés. La chance de Mithra résidait pour l’heure dans le fait qu’elle était plus aptes aux erreurs et aux prises de positions virulentes et acides qu’aux mots doux et séduisants.
    Mais la veuve le savait, rester ainsi dans l’attente de voir l’Hirune commettre des erreurs comportait un énorme risque : que ses Conseils, qu’elle savait avisés et pour certains réellement brillants et tout autant, si ce n’était plus, manipulateur qu’elle ne l’était elle-même, ne prennent les rennes pour en faire une dirigeante très intelligente et avisée… Elle avait encore, pour l’heure, un léger répis : Dans l’état actuel des choses, excédée, Lysandre n’était pas tout à fait apte à se laisser modérer et diriger par autrui.
    « Lysandre est trop imbue d’elle-même pour qu’on ne la laisse avoir de l’influence sur tous les Olarils… Nous en sommes déjà à deux décès, et à une condamnation, depuis son avènnement. » Elle serra les poings, et se redressa. Ses yeux noirs littéralement plantés dans ceux de son frère. « Quoi qu’il en coûte, je sacrifierais tout, mais je mettrais à la tête d’Arestim un homme droit et bon, qui saura faire de cet âge un âge de paix et de bonheur pour nous tous. Quel que soit son nom. » Elle n'avait pas dit "mon fils". Ni "mon Xan"... Non, Xan demeurait son enfant, mais il ne serait plus cet homme qu'elle cherchait. Mithra n'était pas femme à souffrir qu'on ne jette aux orties son soutien et son amour. Elle était également, à défaut, prête à courir seule... Mais c'était un dernier recours plus qu'autre chose.

    Elle regarda ailleurs, se voûtant alors très légèrement. Elle en avait plus dit qu’il ne l’avait demandé, mais cela, en fin de compte lui faisait du bien. Ainsi il savait ce qu’il y aurait à reconstruire : Arestim. Car une fois son but atteint, il faudrait apaiser la peine et la souffrance de ceux qui auront été touchés par le deuil, et il faudrait ressouder les Olarils, pour que meurent leurs oppositions d’antan et les conflits qu’ils vivent aujourd’hui. A nouveau elle fut parcourue d’un frisson, puis se détacha de son frère et se rapprocha de la petite cheminée pour s’y frotter les mains. De morphologie assez menue, si ce n’était les dignes attributs d’une mère, les manches, déjà amples pour son frère, de la chemise lui tombaient jusqu’à la taille, elle eut un rire doux. « Que voilà une piètre oratrice, dans la grande chemise de son frère et sous le chapeau de son père… » Puis, la tendresse qui régnait dans ses yeux, frissonnant toujours et commençant à renifler du rhume contracté au-dehors, elle tourna la tête pour deviner, au travers des carreaux opaques, les flocons venus danser dehors. L’hiver serait interminable…


Dernière édition par Mithra Edorta le Dim 6 Sep - 19:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyMer 2 Sep - 9:10

    Elle le croyait. Ou en tout cas, elle lui faisait confiance, et c’était tout ce qu’il demandait. Maintenant, il y avait d’autres problèmes à régler. Arestim était peut-être encore plus sans dessus-dessous qu’il ne lui avait semblé en arrivant. Peut-être ferait-il mieux de retourner travailler au fond d’une mine, là-bas au moins, il n’y avait pas de manigances… Quoique peut-être la folie les avait-elle gagnés aussi ?

    « Oui, je… j’ai entendu des rumeurs, au sujet de Cyclaë… On disait qu’elle avait été tuée… »

    Il écouta ensuite sa sœur calmement. Ainsi, ses neveux ne se rebellaient pas. Killian était trop jeune et trop doux, il était normal qu’il ne cherche pas à faire de remous. Eldar était sans doute trop droit – d’aucun diraient trop rigide – pour aller contre l’ordre, aussi avait-il dû suivre les décisions de son père comme celle des Dieux eux-mêmes. Evidemment, Kiriel, impulsif comme il était, il s’était tout de suite insurgé… mais il ne le voyait vraiment pas faire de mal à une mouche. Quant à Xan… il était plus difficile de voir ce qui avait pu l’amener à se positionner ainsi.

    Au final, peu importait les raisons qui les avaient poussés à agir comme ils l’avaient tous fait, ce qui comptait vraiment, c’est qu’ils avaient, d’une manière ou d’une autre, tous tourné le dos à leur mère, à sa sœur. Il l’écouta religieusement, écoutant ce qu’elle avait à dire, ce qu’elle ne pouvait sans doute pas énoncer devant tous les Olarils, mais qu’elle lui annonçait à lui, avec toute la fougue et la force qui faisait d’elle la grande sœur qu’il aimait tant.

    Il la voyait si décidée, si sûre, qu’il ne put que se ranger de son coté, pour l’aider, pour la soutenir, encore et toujours. Que pouvait être cette jeune Lysandre, comparée à l’expérience et à l’intelligence d’une grande femme comme Mithra ? Il faudrait sans doute modérer beaucoup de gens, mais il était clair qu’il fallait faire quelque chose. Il fallait redevenir de véritables Olarils, retrouver les valeurs qui en avaient fait un peuple fier. Des morts, un emprisonnement, et la Gérax qui s’anime… C’était sans nul doute un signe des Dieux pour les avertir de la mauvaise tournure des évènements. Même lui s’était laissé entrainer dans ce cercle infernal, avec Janis…

    Jusqu’au bout, il l’écouta. Oui, ce n’était qu’un petit bout de femme, dans une chemise et sous un chapeau trop grands, mais quand elle parlait, elle savait dépasser sa condition pour devenir quelqu’un d’exceptionnel. Mithridate, à cet instant, se sentit fier d’être le frère de cette grande Olarile, qui défendait si fièrement tout ce qu’ils étaient.

    Il se leva, des larmes différentes dans les yeux, et un sourire plein de cet immense amour fraternel dans les yeux. Il s’avança et pris sa grande sœur – qui paraissait pourtant si petite aujourd’hui – dans ses bras.

    « Je crois en toi, Mithra, et je te soutiendrai toujours, sois-en sûre. »
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyMer 2 Sep - 10:48

    Mithra s’était quelque peu dévoilée, face à lui, mais curieusement cela lui procurait plus de plaisir qu’autre chose. Elle se sentait bien, face à lui, et cet instant n’ajoutait finalement qu’un secret de plus à leur bibliothèque commune. Un peu de ferveur, la fermeté d’une femme décidée… Un passage de leurs existences. Mais celui-ci, plus que la confidence d’un premier amant, ou celle, plus lointaine, d’une bêtise perpétrée dans l’atelier familial, était cruciale. Pour eux, et pour les Olarils.

    Lorsqu’il vint la prendre dans ses bras, alors qu’elle était redevenue la sœur, ayant laissé derrière elle la femme politique, elle soupira dans un sourire et s’abandonna quelques instants à leur étreinte. Remontant ses mains dans le dos de son frère, elle se blottit contre son torse puissant et là, contre toute attente, laissa une larme lui échapper.

    Ce qu’il lui dit, était sans doute ce qu’elle attendait depuis des lunaisons entières… Un témoignage de soutien, sans conditions ni sans questions. Un élan du cœur, un lien, indéfectible, solide dans le deuil comme dans la joie, ces liens qui lorsque tout s’effondre tiennent comme par miracle. C’était ces liens là qui l’avaient poussée à se lever, et à affronter Lysandre pour ses fils. Et quelque part, elle s’était attendue à ce qu’en retour, se fils en fassent tout autant. Mais il lui fallait passer outre, toute aigre que soit cette idée. Elle resta là quelques instants puis se redressa un peu, émue.

    « Je te remercie, ça me fait beaucoup de bien, d'entendre cela… » Et il ne serait pas oublié dans la quête de Mithra. Toute manipulatrice qu’elle pouvait se montrer, elle n’en demeurait pas moins dotée d’une bonne mémoire, et ceux qui se placeraient à ses côtés en récolteraient tout autant, sinon plus de bienfaits à la fin. « Et toi, que vas-tu faire ? Tu comptes rouvrir cet atelier ? » La pièce semblait désolée, en dépit des efforts fournis le matin même. Et réclamait à grands cris un peu de vie et d’entretien. Puis elle regarda ses doigts et sourit. Elle avait eu beaucoup de plaisir à travailler, la nuit. « Si c’est ce que tu veux, et si cela ne te gênes pas, je pourrais peut-être venir travailler un peu avec toi, à l’occasion… » Puis elle lui sourit, simplement. Il lui fallait une vie en dehors des intrigues, pour tenir, et ces quelques heures passées voûtée au-dessus de ses créations avaient eu un effet très bénéfique sur elle. Cela lui rappela d’ailleurs quelque chose dont elle ne lui avait pas parlé…

    « Au fait, cette nuit, je me suis découverte une alliée inattendue, dans cet atelier… » Son sourire se fit mystérieux. Elle devait lui en parler, il était le maître des lieux, et c’était un défaut d’honnêteté que de lui cacher ce qui s’y passait en son absence… Il était sans doute la seule personne à qui jamais elle n’avait fait de cachotteries… Laclaos lui-même n’avait jamais tout su de son épouse…
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyMar 8 Sep - 18:41

    Les rôles avaient été bien vite échangés. C’était le destin, sans doute. Voilà qu’il était redevenu le soutien, celui sur lequel on peut compter. C’était plus fort que lui finalement. Mais pour Mithra, ça ne le gênait pas. Pour sa sœur, il était prêt à mettre de coté un moment ses humeurs et ses troubles. Peut-être qu’avec un peu de chance, il pourrait le faire pour Olaria aussi.

    Il était question de rouvrir l’atelier. Pour dire vrai, il n’était pas sûr d’en avoir vraiment envie. Il voulait plutôt trouver autre chose, avancer, se bouger autrement. Mais si cela pouvait aider sa sœur… Peut-être ferai-t-il là aussi un effort.
    Il allait falloir faire passer ça pour de la tristesse, dans le souvenir de Janis dans ces lieux, mais la seule chose qui le retenait là, c’était son père… qui était mort aujourd’hui. Non, il n’avait plus vraiment de lien affectif avec cet atelier, pas plus qu’avec la maison familiale. Une famille… sans enfants, il était seul aujourd’hui. Seul avec Mithra, qui elle en avait eu, mais qui était abandonnée par eux. Allez savoir ce qui vaut le mieux.

    « Je ne sais pas si je veux rouvrir l’atelier… peut-être pourrions-nous juste y travailler à l’occasion, pour se changer les idées, se vider la tête ? »

    Il ne rouvrirait pas, mais il était prêt à faire des concessions.

    Par contre… bien que ce lieu n’ait plus de signification pour lui, il semblait en avoir trouvé une nouvelle pour d’autre, semblait-il ? Mithridate était maintenant intrigué. Mithra avait-elle été organiser des réunions secrètes ici ? Il était étrange de penser qu’elle ait pu choisir ce lieu précis. La vie était bien étrange, comme les gens. On a beau les écouter infiniment, il est bien difficile de comprendre leurs motivations.
    Qui savait qu’elles étaient celles de Lysandre ?
    Et celles de Mithra, pour s’opposer à elle ?
    Dans le fond, qu’est-ce qui poussait les gens à agir, et que lui ne pouvait pas trouver dans sa vie ?

    « Dis-moi tout… Je suis de ton coté, quoi qu’il arrive et j’ai bien l’intention d’agir comme je le pourrais pour t’aider, quoi que tu veuilles faire. Je sais que tu sauras être juste. »

    Et il disait vrai, en lui souriant. Il avait confiance en son jugement, et était prêt, aujourd’hui, à la suivre au bout du monde s’il le fallait, ne serait-ce que pour s’assurer qu’il était toujours bien vivant.
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MessageSujet: Re: ... Puis à l'Aube <Mithridate>   ... Puis à l'Aube <Mithridate> EmptyDim 13 Sep - 19:34

    Mithra lui avait demandé s’il comptait rouvrir, et sa réponse ne pu que la… surprendre. Quel que soit l’état dans lequel son frère pouvait se trouver, elle ne s’attendait pas à une telle réaction… Cependant, il lui assura qu’il leur serait possible de travailler ensemble à l’occasion, et c’était tout ce qui importait à Mithra, elle avait trouvé le repos cette nuit, et réitérer l’exploit la tentait bien. Elle le remercia donc d’un sourire et pressa son bras avec douceur. « Je te remercie, vraiment » Pour elle, c’était suffisant, et elle mit le défaut de volonté de son frère sur le compte de la peine et du deuil. Certes, le deuil avait plutôt eu l’effet inverse sur elle, qui dès lors avait décidé de lutter… de s’opposer. A quoi ? A Lysandre, ou bien au malheur ? Mais il était de nature plus douce et elle avait l’impression qu’il caressait, déjà, l’espoir de repartir sur des bases ‘neuves’ et finalement assez inédites. Elle fronça les sourcils et se détourna de lui.

    Vint ensuite le sujet de la petite entrevue qu’elle avait eu avec Jezabel. Elle comme elle s’y était attendue, il se montrait curieux. Ses traits prirent alors une allure plus mystérieuse et taquine. Ceux d’une sœur qui fait mine de rechigner à abattre toutes ses cartes. Mais elle ne leurrait personne, et l’heure était plus grave que cela, aussi cette impression ne dura-t-elle pas bien longtemps. Ils avaient veilli, et avec eux, leurs problèmes et leurs secrets s’étaient entachés de gravité.
    « Cette nuit, alors que je travaillais dans l’atelier, j’ai reçu la visite d’une personne tout à fait inattendue » Elle lui sourit « La sœur de Lysandre, Jezabel Hirune. La jeune femme cherche à s’opposer à sa sœur, et ne trouvant nul recours chez les siens, j’ai décidé de lui offrir mon soutien et mon aide » Elle haussa les épaules « C’est une bonne personne, et je pense qu’elle me sera vraiment d’une grande aide. Elle a offert de m’informer des petits secrets de l’intimité de Lysandre, et ainsi je saurais ce qu’elle trame… » En échange de quoi Mithra tenterait de n’en point faire une paria, une fois tout ceci découvert… Elle ferait bénéficier la chasseresse de la crédibilité et de la dignité dont elle était parée pour sa part…

    « Je lui ai proposé de la retrouver, lorsqu’elle aurait des choses à me dire, dans la remise, derrière l’atelier. Personne ne soupçonnerait quoi que ce soit, et si mes positions sont connues de tous et acceptées, elle n’espère point ce traitement de faveur au sein du clan Hirune. » Elle serra alors les dents, la jeune femme prendrait des risques, pour l’aider, et elle en était consciente.

    Un instant de silence se posa sur cette révélation. Elle ne lui avait pas demandé son avis, mais elle ne comptait pas, lorsqu’elle avait vu la sœur du chef, sur un retour si rapide de son frère disparu… A présent, il était trop tard pour faire marche arrière. « J’espère que cela ne te gènes pas… Je ne souhaitais pas te compromettre, mais c’était la solution la plus sûre pour tous »

    Elle se frotta les mains, devant le feu, puis étira son dos. « Je pense que je ferais mieux de rentrer… Le temps d’endosser une tenue plus adéquate… » Le temps de revêtir les atours d’une veuve… C’était ce que tous voulaient voir. L’orfèvre ne les intéresserait pas. « Tu dois avoir beaucoup à faire, mon frère… Nous nous reverrons très bientôt. »

    En guise de ‘bon courage’, elle s’approcha pour l’étreindre, une fois de plus, et déposa sur sa joue un baiser fraternel. Elle alla récupérer sa cape, et avec un geste en direction de son frère, abattit le chapeau de son père sur ses cheveux, et s’en fut, anonyme, dans le froid mordant de la matinée. Elle rejoindrait sa demeure, la demeure des Edorta, se changerait, et ferait face à une journée de plus à comploter, et à fédérer.


    ***

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