Les Tables d'Olaria
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 Ouvre les yeux !

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Ethelinda Logaro
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Ethelinda Logaro


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MessageSujet: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyLun 3 Sep - 16:40

Ca faisait si mal… Trois jours que la famille avait apprit la nouvelle, que le silence planait sur la maisonnée d’habitude si animée. Un calme pesant et douloureux qui témoignait du chagrin profond qui rongeait ses habitants. Plus de chants, de musiques ou de danses. Plus de répétitions, de rires et de spectacles. Plus de joie. Parce que l’aîné de la famille était partit beaucoup trop tôt, qu’il avait creusé un nouveau gouffre dans les cœurs déjà meurtris en disparaissant dans des conditions tragiques qui n’auraient jamais du pouvoir toucher la famille des saltimbanques.

Mort au combat, le barde mort en héros pour une cause en laquelle il ne croyait que moyennement. Quel honneur ou quelle joie pouvaient-ils en retirer ? Keefe n’était plus et c’était la seule chose dont ils avaient encore conscience. Où était la justice ? Où étaient les soldats sensés protéger de leur vie celle des innocents de la cité ? Quel réconfort tirer de cette bravoure insensée ?

Il y avait les pleurs mais il y avait aussi les reproches et la culpabilité. Le ton acerbe du grand frère, les regards de travers de Fintan et les soupirs du père… il lui semblait que seule la petite Thalia lui épargnait ce sentiment de honte et d’abjection. Mais cela ne comptait pas, cela ne pesait rien dans la balance parce qu’elle ne savait pas qui était réellement la sœur qui lui servait de modèle. Son désespoir ne suffisait pas il fallait qu’elle assume également celui des quatre autres Logaro ainsi que leur rancœur car elle était celle qui avait tout partagé et tout prit de Keefe, celle pour qui il avait rejoint le groupuscule dans lequel il avait trouvé la mort, celle qui l’avait tué en quelque sorte.

Ethelinda dissimulait sa douleur autant que possible, cachait à quel point le comportement de sa famille la faisait souffrir. Certes rien n’était dit, personne ne lui avait reproché quoi que ce soit et les mots n’étaient pas venus à l’encontre de la danseuse, mais elle était certaine qu’ils lui en voulaient tous. Alors en ce début de soirée elle s’était réfugiée dans la chambre abandonnée de son frère, Silhouette portant son deuil et le laissant franchir les barricades en un flot tumultueux et douloureux. Cette pièce… ce lit…ces étoffes… Tout lui rappelait Keefe, son odeur musquée s’attardait encore dans les draps, elle le revoyait presque. Elle devait reprendre ses méfaits mais pas sans visiter son frère, elle le faisait toujours. Les larmes coulaient sur ses joues, humidifiaient et rendaient collant le loup de cuir qui dissimulait le haut de son visage. La jeune femme s’était allongée sur la couche chauffée par le soleil durant la journée, comme si son frère avait été là quelques instants plus tôt, s’y était prélassé avant de sortir avec le sourire aux lèvres comme à son habitude. Elle empoignait les draps avec rage pour y enfouir son visage, frottait sa peau contre le tissu, fermait les yeux pour mieux ressentir la présence du disparut. Elle s’allongeait quand sa main gantée effleura quelque chose de dur sous un coussin.

Une bouteille au liquide ambré apparut dans sa main, fiole de verre qui ravivait les souvenirs de nombreuses soirées passées à boire et à rire. Le trésor, le butin, l’un des lingots d’or de la réserve personnelle de Keefe. Il n’en aurait plus jamais l’utilité et pourtant il l’appelait, l’invitait à boire en sa mémoire. La jeune femme ouvrit la fiasque et la porta à ses lèvres qui burent avec empressement le breuvage plein de promesses, la source intarissable du bien être. « Parfois je bois juste parce qu’il le faut et aussi parce que ça fait un bien fou ! » Elle essuya des larmes d’un revers de la main alors que les mots de son frère lui revenaient en tête et bu encore. Le liquide lui brûlait la gorge et l’œsophage, elle le faisait rouler sur sa langue, en palpait l’épaisseur avec délectation. Le volume baissait rapidement et emportait avec lui un peu de sa peine.

Quelques cadavres de bouteilles plus tard, Silhouette se sentait bien comme si plus rien n’avait d’importance et qu’elle flottait au dessus de tous les problèmes. Plus besoin de spectacles et de nuits à voler pour nourrir la famille, plus besoin de la dissidence, plus besoin de personne ! Jamais plus ! Elle ne souffrirait pas… Mais comme dans tous les instants de quiétude l’esprit semble vouloir ramener sur le devant de la scène ce que l’on s’est donné tant de mal à cacher dans un coin, sous un tas de choses plus agréables. Keefe… Il était encore là-bas, chez les révolutionnaires, il n’était peut être pas mort après tout et toutes ces larmes versées, toute cette peine n’avaient plus aucun sens. Comme il serait content de la voir, qu’elle vienne le chercher et le ramener à la maison !

La femme était redevenue l’enfant qui courrait derrière son aîné pour lui dire qu’il était l’heure de rentrer, que tout le monde l’attendait à la maison. Une fois encore elle devait aller chercher son frère. Repoussant quelques bouteilles et les draps défaits, elle se redressa en pleurant et riant à la fois. La sensation de flottement était de retour, la vague de chaleur l’emportait doucement vers la fenêtre qu’elle avait franchi des dizaines, des centaines voire des milliers de fois. Il faisait si chaud ! Elle aurait voulu retirer cette tenue qui l’enserrait, pourquoi ne portait-elle pas ses tenues habituelles ? C’était la nuit, il ne fallait pas qu’on la voit. Elle avançait sur le toit mais quelque chose clochait, ce n’était pas comme d’habitude. Il ne faisait pas assez sombre peut être et les bâtiments n’arrêtaient pas de changer de place, ce n’est pas grave car ce toit là n’est pas bien haut. Un pas à la fois, doucement, il fallait faire plus attention que d’habitude, la route était longue jusqu’au campement. Un cri. Un monstre géant déploya ses ailes auprès d’elle, plus le temps de se rattraper. La première chute.


Dernière édition par Ethelinda Logaro le Ven 19 Avr - 16:17, édité 1 fois
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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyMer 5 Sep - 8:09

C’était la fin de journée, le soleil n’était pas encore tout à fait couché et Silbio avait dérogé, pour une rare fois, à la règle qui édicte qu’il ne sort quasiment jamais et se contente, après avoir terminé son travail, de prendre une toilette bien méritée et de rejoindre sa chambre pour s’étaler sur son lit une fois une petite collation avalée. Cette rupture avec l’habitude avait été plus bénéfique qu’il ne le pensait. En réalité, il avait été quelque peu forcé par Zéphyr qui ne semblait pas, cette fois, aller chasser tout seul et l’avait assommé de cris stridents jusqu’à ce que le forgeron daigne sortir de sa forge pour accompagner son ami à plumes. Ils avaient alors pris les ruelles tous les deux, l’Olaril les arpentant, bien entendu, d’une manière beaucoup plus terrestre que son compagnon qui allait parfois au plus haut du ciel avant de redescendre en piqué, peut-être lorsqu’il repérait une proie, ou simplement par jeu, profitant parfois de l’épaule de l’homme pour se reposer ou profiter de la vue et d’un moyen de transport beaucoup moins fatiguant. Il y avait une complicité forte entre les deux âmes qui se retrouvaient là ensembles. Deux caractères plus ou moins semblables, solitaires à leurs manières, mais, qui, dans une sorte de complicité silencieuse, induite, même si elle était incompréhensible car ils ne parlaient pas de la même façon, se complétaient et se tenaient mutuellement compagnie comme s’ils connaissaient le fardeau qui était le leur et acceptaient de le partager avec l’autre afin, en quelque sorte, de le soulager un peu. Le lien qui les unissait dorénavant échappait à la compréhension du forgeron mais cela faisait longtemps qu’il ne se posait plus de questions à propos de cela. Il se contentait d’apprécier la compagnie de ce rapace qui, depuis plusieurs mois, avait dépassé le simple stade d’un oiseau, ils étaient devenus de vrais complices, dans la vie de tous les jours, chacun connaissant les habitudes de l’autre, chacun se souciant de l’autre sans empiéter sur son espace vital.

Silbio marchait paisiblement entre les ruelles, se laissant principalement guidé par ses propres pas où les différents envols de son compagnon. Bien entendu, en quittant la forge, il avait quitté le lourd tablier de cuir qu’il portait d’ordinaire et, pour une fois depuis longtemps, il avait passé une tunique qu’il n’avait pas porté depuis quelques temps, celle qu’il avait l’habitude de porter chez lui, lorsqu’il ne travaillait pas, en Arestim Dominae. Sans que cela le bouscule dans sa façon d’être, voilà longtemps qu’il n’avait vraiment été Silbio l’Olaril et, alors qu’il déambulait véritablement dans la ville basse, guidé par les cris stridents de Zéphyr, il se laissa aller à la nostalgie qu’il pensait pourtant avoir enfoui au plus profond de lui. Abandonnant quelques temps la réalité, il glissa dans le passé, se remémorant son enfance, heureuse, jusqu’à la mort de sa mère, jusqu’à tous ces malheurs qui devaient se dresser sur son chemin. Avec une tendresse teintée de tristesse, il repensa à Elynaëlle, à sa douceur, à son sourire qu’elle avait toujours pour lui lorsqu’ils se voyaient, de cette manière qu’elle avait de s’offrir à lui, qu’elle avait de toujours le couver de son amour pour, il le savait, lui faire penser au futur et non au passé. Elle avait réussi à le remettre d’aplomb d’une manière qu’il n’aurait pas cru possible et, alors qu’il pensait enfin avoir droit au bonheur, on le lui avait arraché une nouvelle fois. Peut-être que les Dieux ne le lui permettaient pas, le punissaient pour une raison qui lui échappait mais, de toute façon, il n’avait d’autre choix que d’accepter, d’oublier, de laisser ces évènements glisser vers le passé, s’emmurer dans la solitude pour ne plus souffrir comme il avait souffert. Tout cela était nécessaire, il le savait, pour son propre bien, pour ne pas qu’il ressombre, comme il avait pu sombrer, car il n’était pas certain de pouvoir se relever aujourd’hui, pas alors qu’il ne lui restait personne. En forgeant, il s’offrait une carapace solide, épaisse, mais il savait que rien ne devait la fissurer, sans quoi il n’aurait plus aucune protection.

Au détour d’une rue, le forgeron revint à la réalité, ramené par un cri de son compagnon qui s’était envolé quelques secondes plus tôt. Comme d’habitude, il s’attendait à voir la forme faite de plumes se diriger dans une direction mais, à la place, aperçut une forme beaucoup plus grande, sans plumes, glisser du toit. Sans chercher à comprendre ou peut-être plus sur le coup d’un réflexe, il se précipita pour essayer de rattraper la personne qui chutait du toit mais il en était trop loin et il n'arriva que trop tard, après le choc. Il se laissa tomber à genoux sur les pavés dans un choc qui n’avait rien d’agréable mais n’était pas dangereux, contrairement à la chute que venait de faire l'inconnue qui gisait inerte sur le sol, et, avec douceur, la retourna pour la mettre sur le dos. Avec une certaine stupeur, il remarqua le masque que la femme - car c'était une femme - portait sur le visage et reconnut immédiatement la personne qui lui avait commandé des dagues et des outils qui n’étaient pas destinés à faire des choses légales. Après quelques instants de surprise, il parvint à se reprendre et attrapa la main de celle qui restait quand même une sorte d'inconnue. « Vous allez bien ? Mademoiselle ! » Il s'était fait insistant sur sa dernière injonction. Il jeta un bref regard autour de lui. Il n’y avait personne. C’était à la fois une bonne et une mauvaise chose. Il savait qu’il avait devant lui une personne qui était loin d’être « publique » et qu’elle préfèrerait surement que personne ne la voit ainsi. Il reporta son attention sur la jeune femme. Instinctivement, il passa une main sur son front. « Si vous m’entendez, faites moi un signe, n’importe quoi. » Il espérait qu’elle lui répondrait car, si elle était inconsciente, il n’aurait pas beaucoup de solutions… Il ne connaissait que la guérisseuse qui lui avait rafistolé le bras et sa demeure se trouvait assez loin. Zéphyr se posa non loin silencieux. Silbio lui jeta un regard rapidement, se demandant ce qui avait pu se passer là-haut, mais il doutait quand même que l’oiseau ait « attaqué » la jeune femme.
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Ethelinda Logaro
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MessageSujet: Re: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyVen 16 Nov - 17:22

Quelque chose de chaud se posa sur son front et la sortit de l’inconscience dans laquelle elle avait sombré. Une voix, un homme, prononça quelques mots dont elle ne parvenait pas à comprendre le sens. Encore un peu sonnée la jeune femme sourit, pensant que son frère venait la réveiller comme il lui arrivait fréquemment de le faire. « Keefe… » Elle ouvrit les yeux pour contempler ceux de… d’un homme dont les traits lui étaient familiers, dont les yeux étaient clairs comme ceux de Keefe mais qui n’était pas son frère. Bien sûr…

Le souvenir douloureux du décès de son frère lui revint en mémoire ainsi que la décision qu’elle avait prise concernant sa dépouille… Elle n’était pas dans la maison des Logaro mais dans la rue et ce n’était pas la familière Ethelinda qui se tenait là mais Silhouette l’inconnue insaisissable. Elle allait se remettre dans son rôle mais ses pensées furent interrompues par une question qu’elle aurait dû se poser bien plus tôt. Qu’est ce qui lui était arrivé ? Au regard de la situation et au ressenti de la douleur qui lui traversa le dos quand elle tenta de se redresser, nul doute qu’elle avait chuté. Que lui arrivait-il ? Aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle avait toujours grimpé sur les toits des habitations du quartiers. Elle les connaissait par cœur et jamais elle n’était tombée… Ses derniers souvenirs intacts étaient ceux qui correspondaient au moment où elle était entrée dans la chambre de son frère, avait pleuré et bu plus que de raison… Puis plus rien. Quelques flash brefs et incohérents. Que faisait un oiseau de cette taille dans la ville ? C’est le glatissement qu’il poussa qui lui remit les idées en place. Elle l’avait déjà croisé et à plusieurs reprises même, deux fois sous son identité secrète et de nombreuses fois dans son costume de danseuse. Silbio et Zéphyr, les inséparables.

« Silbio…Je… »

Elle ne savait pas vraiment quoi dire à cet homme qui venait de la cueillir dans la rue mais à bien y réfléchir répondre à la question qu’il lui avait posé était la moindre des choses à faire.

« Oui ça va aller. Merci de t’en inquiéter. »

Encore un peu sonnée, elle ne réalisa pas immédiatement qu’elle venait de tutoyer un homme avec lequel elle était sensé rester distante lorsqu’elle portait le loup de la voleuse. Une belle erreur mais qui avait peut être une chance de passer inaperçu. La voleuse essaya de rouler sur le flanc et de prendre ses appuis pour se relever mais l’intension semblait ne pas suffire.

« Est-ce que vous pourriez m’aider à me relever s’il vous plait ? Il doit retrouver quelqu’un. »


[HRP : Désolée ce n’est pas très long mais je ne voyais pas trop quoi mettre ^^’]
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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyDim 18 Nov - 19:17

Tandis qu’il espérait qu’elle reprenne connaissance, Silbio jeta quelques coups d’œil furtifs dans la ruelle pour être certain que personne n’approchait ou n’avait remarqué le manège qui se tramait par ici. Ils n’avaient probablement pas beaucoup de temps avant que quelqu’un ne finisse par arriver à un moment où à un autre, ou même ne sorte simplement de chez lui. Tandis qu’il s’évertuait toujours à essayer de réveiller la voleuse dont il ne connaissait que le surnom, il essayait de se trouver des excuses, de créer une histoire qui tiendraient le coup si on venait à l’interroger sur quoique ce soit. Pourquoi ? Parce que l’histoire du toit ne serait probablement pas crédible et jetterait le doute et le soupçon sur la jeune femme qui, surement, n’avait pas besoin de ça. Il se doutait qu’elle devait avoir quelques soucis avec le Guet et il n’était pas question de l’y jeter, pas dans cet état-là. Non pas qu’il éprouvait quelque pour elle, loin de là, après tout, ils ne s’étaient vus que deux fois, mais simplement parce qu’elle avait tenu sa part du marché et qu’il comptait bien honorer la sienne, même si cette situation ne se trouvait pas vraiment dans le contrat qu’ils avaient passé. Le Forgeron était un homme de parole et il comptait bien la respecter. Fort heureusement, personne ne semblait s’être donné le mot en cette fin de journée et peut-être que la plupart des habitants étaient simplement entrain de préparer leur diner, frugal ou non. Tandis qu’il se penchait à nouveau sur la jeune femme, celle-ci semblait reprendre connaissance. Se penchant à nouveau sur elle, elle murmura un prénom qui n’était pas le sien. Pensait-elle à quelqu’un d’autre ? Quelqu’un qu’elle appréciait peut-être ? Après tout, il n’était pas rare que lui-même murmure doucement le prénom de son ancienne épouse dans la pénombre de la nuit noire. Quoiqu’il en fut, ce n’était pas vraiment son affaire et il préféra laisser filer cette parole qui pouvait simplement être considérée comme une divagation de l’esprit embrumé par la chute.

« C’est Silbio. Vous vous souvenez, le forgeron chez qui vous avez passé commande il y a quelque temps. » Une commande pas nécessairement orthodoxe mais peu importait. Il l’avait accepté parce qu’il avait eu l’impression qu’elle ne s’en servirait pas pour véritablement faire le mal, même s’il s’agissait là d’une notion peu objective et qu’il n’avait aucune façon de vérifier. Si elle se souvenait de lui, cela augurait déjà une bonne nouvelle car cela voulait dire que le choc n’avait pas véritablement altéré ses capacités cognitives, une sorte de petit miracle compte-tenu de la hauteur de laquelle elle venait de chuter. Peut-être avait-elle eu finalement de la chance en ne tombant pas directement sur la tête. D’un mouvement lent, il passa sa main dans ses cheveux, vérifiant par la suite qu’il n’y avait pas de traces de sang. Apparemment, de ce côté-là, ils avaient évité le pire également. Peut-être n’était-elle finalement que sonnée. « Tu es sûre que ça va aller ? C’est une sacrée chute que tu as fait quand même. » Il y avait bel et bien de l’inquiétude dans sa voix, et pour cause, il n’était pas vraiment sûr que cela allait aussi bien qu’elle voulait le faire croire. Quoiqu’il en fut, il ne remarqua également pas le passage au tutoiement. C’était quelque chose de trop ancré dans sa nature profonde d’Olaril pour qu’il s’en retrouve choqué, même s’il avait appris à employer le vouvoiement avec ses clients. Comme on le dit souvent, chasser le naturel et il revient au galop. Et bien là, c’était absolument la même chose. Sans s’opposer à son mouvement, il la laissa rouler sur le côté tandis qu’elle essayait de se relever et s’assura qu’elle ne retomberait pas mais elle ne parvint pas à se soulever d’elle-même. Sa demande le surprit un peu. Etait-elle certaine d’avoir retrouvé tous ses esprits. Il doutait un peu de son état à pouvoir retrouver quelqu’un, surtout si cela impliquait de le chercher en premier lieu. Il acquiesça néanmoins en silence et s’approcha un peu plus de la jeune femme, passant l’un de ses bras avec lenteur sur ses épaules.

Il passa ensuite le sien sous les siennes et s’assura un maintien sûr avant de la relever en douceur. Il ne la lâcha toutefois pas tandis qu’elle se tenait difficilement sur ses pieds. Dans cet était-là, elle n’était pas prête de faire plus d’une dizaine de pas sans rechuter à nouveau. « Je ne suis pas sûr que partir tout de suite soit une bonne idée. Tu ferais mieux de te reposer un peu. » Il ne connaissait pas la nature de son rendez-vous, ni même de ce qu’elle voulait réellement faire, car, après tout, elle pouvait lui avoir menti, mais, selon lui, elle n’était pas en état de pouvoir faire quoique ce soit, pas comme ça, pas sans prendre un peu de repos et essayer de se remettre les idées en place. Tandis qu’il la maintenait debout à côté de lui, il vit quelques hommes tourner dans la ruelle. « Ecoutez, mieux vaut ne pas rester dans la ruelle ainsi. Je vais vous conduire chez moi, vous pourrez vous y reposer le temps d’aller mieux. » Il se mit lentement en marche, veillant à ce qu’elle ne perde pas ses appuis. « Si on nous pose des questions, faites comme si vous aviez trop bu, je m’occuperais du reste. » Le doute était omniprésent dans la Capitale et les derniers coups d’éclats révolutionnaires et dissidents avaient rajouté une petite couche de paranoïa au sein des forces de la ville. Certains pourraient s’étonner du loup qu’elle portait pour masquer le haut e son visage et Silbio était d’avis que cela suffise pour l’arrêter. Le Forgeron avait entendu qu’ils n’avaient pas nécessairement besoin de réels motifs pour emmener des personnes qu’ils suspectaient. Une honte assurément, mais il n’y avait rien qu’il ne pouvait faire pour y changer quoique ce soit. Tandis qu’il poursuivait doucement sa route avec la voleuse, il essaya néanmoins de se monter une histoire qui tiendrait vraiment le coup,, au cas où…
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Ethelinda Logaro
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MessageSujet: Re: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyMar 25 Déc - 1:03

Le temps passait et Ethelinda réalisait peu à peu l’état dans lequel elle s’était mise. Comment pouvait-elle seulement prétendre s’introduire dans le campement des révolutionnaires pour retrouver son frère dans cet état ? La chute qu’elle avait faite ne l’avait pas laissée là sans douleurs à combattre et se relever ne fut pas aussi simple qu’elle le pensait au premier abord. Elle tenait à peine debout en réalité et sans Silbio pour la maintenir la voleuse aurait très certainement embrassé le sol une seconde fois. Une fois de trop pour ses nerfs déjà mis à l’épreuve. Et le monde autour d’elle semblait ne pas vouloir cesser de danser devant ses yeux… Non décidément, ce n’était pas une bonne idée que de partir sur le champ à l’extérieur de la ville qui plus est en passant par les toits.

Silhouette discerna des silhouettes qui s’avançaient dans leur direction, inquiète elle chercha quelque part où se cacher ou une direction dans laquelle s’enfuir mais autant dire que c’était peine perdue. Elle n’avait pas recouvré assez d’équilibre pour cela… Silbio, qui semblait être tout aussi perdu qu’elle en ce qui concernait le tutoiement, lui proposa de l’accompagner jusque chez lui. Il avait au moins saisi que la demoiselle ne souhaitait pas être découverte par des inconnus dans une rue du quartier des Humbles. La voleuse n’œuvrait pas dans les parages et s’y faire attraper par le guet pourrait attirer quelques soucis à la famille de saltimbanque déjà peu appréciée des habitants pour son mode de vie particulier.

- Tu as raison… Il vaut mieux ne pas traîner par ici.

Elle n’avait aucune envie de suivre le forgeron en cet instant, de se laisser accompagner comme un oisillon tombé du nid alors qu’elle avait des choses importantes à faire. Elle savait qu’il lui faudrait parler, qu’il l’interrogerait et la jugerait peut être même et elle détestait cela… Il ne pouvait pas comprendre ses motivations ni le but de cette sortie.

Mais puisqu’il valait toujours mieux se retrouver avec l’Olaril qu’entre les barreaux d’une cellule, parce qu’il était certain que ce serait là bas qu’elle finirait sa nuit si elle se faisait prendre, elle joua le jeu de la demoiselle éméchée qui se fait raccompagner. Elle n’eut pas vraiment besoin de faire semblant et baissa le visage afin de dissimuler et ses traits et son loup.

Lorsque les hommes arrivèrent à leur niveau, elle sentit plus qu’elle ne vit leurs regards peser sur eux. Ils allaient réagir et leur parler c’était certain, elle passait tout sauf inaperçu et ils allaient forcément chercher à en savoir d’avantage. Elle avait beau savoir jouer avec les ombres pour se dissimuler, Silhouette était mal à l’aise sur ce terrain et dans cette situation de faiblesse.
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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyMer 26 Déc - 15:09

La jeune femme semblait commencer à reprendre ses esprits mais paraissait encore bien mal au point pour pouvoir se débrouiller toute seule. Silbio aurait largement préféré qu’elle aille pour le mieux et soit capable de continuer son chemin par ses propres moyens. Non pas qu’il ne voulait pas l’aider, bien au contraire, mais sa situation de « criminelle » rendait tout contact avec les autres habitants particulièrement risqué et l’Olaril ne voulait pas qu’elle se retrouver en « danger » par sa faute. Il avait beau ne pas savoir grand-chose d’elle, elle ne semblait pas plus malhonnête que cela, et même si son métier était de voler – au vu des outils qu’elle lui avait demandé de forger -, elle ne semblait pas particulièrement mauvaise. Peut-être ne volait-elle que pour subsister. Certaines personnes étaient forcées de faire cela pour survivre et, dans une telle situation, voler ne devenait plus aussi punissable. Du moins, c’était là le point de vue du forgeron qui n’avait jamais été familier d’une société où tout s’achetait pourvu que l’on avait assez d’argent pour. Bien entendu, il pouvait se tromper du tout au tout sur la jeune femme qui se trouvait face à lui, mais quand bien même devait-elle être une « mauvaise » personne, le caractère de Silbio ne lui permettait pas de songer à l’idée de la laisser dans un tel état à la merci du premier problème venu. Tandis qu’elle faisait des efforts pour se relever et essayer de trouver d’elle-même un moyen de se sortir de là, le forgeron essayait de l’aider avec douceur, veillant surtout qu’elle ne se fasse pas plus mal en effectuant un mauvais geste ou en perdant subitement le peu de forces qu’elle essayait de retrouver. Elle ne semblait pourtant pas en état de faire quoique ce soit toute seule et il était hors de question qu’il la laisse se débrouiller, même si elle venait à lui demander de le faire. De toute façon, il suffisait qu’il la lâche pour qu’elle s’effondre au sol, raison supplémentaire de ne pas la lâcher.

Tandis qu’elle lui donnait son accord pour l’aider à quitter l’endroit, il commença à marcher doucement, le regard d’abord posé sur elle, pour s’assurer qu’elle parviendrait à suivre le rythme lent qu’il imprimait à la marche, puis ensuite devant lui pour vérifier qu’il ne passait pas par un endroit de la ruelle où elle pourrait se prendre les pieds. Ils progressaient lentement et, fort heureusement, elle donnait l’air d’être véritablement saoule. Donner le change ne serait pas évident, étant donné que le crépuscule n’était pas encore tombé, mais le forgeron trouverait bien de quoi faire. Au pire, il se contenterait d’un air bourru et pas très agréable, sa nature Olarile suffirait probablement à faire le reste. Si certains trouvaient du charme à l’exotisme des siens, d’autres y voyaient surtout des frisques, frasques et frusques barbares. Une violence brute qu’il ne valait peut-être pas trop contrarier. Les lois Ilédores étaient encore mal connues pour la plupart des « Elus » et certains natifs pouvaient facilement imaginer qu’ils n’étaient pas vraiment apeurés par l’idée de taper du poing sur la table ou sur tout autre partie sensible de l’anatomie Ilédore. Alors qu’ils avançaient péniblement, ils arrivèrent enfin à la hauteur des hommes qui étaient arrivés dans la ruelle. Fort heureusement, ils ne semblaient pas porter d’armes ou d’armures indiquant leur potentiellement affiliation à la milice locale mais cela ne signifiait pas pour autant qu’ils étaient tirés d’affaire. D’ailleurs l’un d’eux interpella le forgeron de manière fort grivoise, laissant quelques sous-entendus sur ses manières avec les demoiselles qu’il rendrait saoules pour se faire plaisir. Devant cette accusation particulièrement salace et fausse, quand on connaissait Siblio, il foudroya le jeunôt du regard. « Je te conseille de garder ta langue dans ta bouche si tu ne veux pas qu’elle se retrouve sur le sol. » Particulièrement convaincante, cette menace jetée avec sécheresse et froideur l’avait amené à s’arrêter pour fixer le jeune freluquet. Celui-ci détourna rapidement le regard, probablement à cause du rapport de force défavorable pour lui et, sans un mot de plus, il se contenta de reprendre son chemin avec ses comparses.

Soulagé d’avoir réussi à passer ce premier test, Silbio jeta un œil à voleuse. Elle ne semblait pas vraiment bien en point et devait être proche d’une certaine inconscience. La forge était encore loin et il espérait qu’elle ne sombre pas immédiatement afin d’éviter d’avoir à la porter jusqu’à chez lui. Non pas qu’il aurait eu du mal à le faire, elle ne semblait pas peser bien lourd, mais simplement parce qu’il était plus difficile de justifier la présence de quelqu’un d’inconscient dans les rues. L’ivresse justifiait le besoin de recourir à quelqu’un pour marcher, mais, généralement, on ne se saoulait pas jusqu’à perdre connaissance. « Nous ne sommes plus très loin, tenez bon. » Il avait murmuré, s’assurant néanmoins qu’elle avait entendu ses paroles et espérant qu’elle s’y accrocherait pour ne pas laisser glisser la réalité entre ses doigts. Après quelques longues minutes, ils parvinrent finalement devant chez l’Olaril qui ouvrit la porte d’une main avant d’entrainer la jeune femme à l’intérieur. Une fois la porte convenablement refermée, il fit fi des convenances et la prit dans ses bras pour monter l’escalier qui menait jusqu’à chez lui. La pauvre n’avait plus de forces dans ses jambes et monter quelques marches aurait été un calvaire pour elle. En silence, il rentra dans sa chambre et la déposa sur son lit avant de retirer les draps et de les tirer à nouveau, sur elle, cette fois-ci, afin qu’elle n’ait pas froid. Il l’abandonna quelques instants pour lui ramener un verre d’eau qu’il tenta de lui faire boire lentement. « Il n’y a plus rien à craindre, vous êtes en sureté ici. Buvez un peu d’eau, cela vous fera du bien. » Une main derrière sa tête, il la pencha légèrement en avant pour que ses lèvres purent toucher la surface de l’eau et y prendre quelques gorgées. « Vous pouvez vous reposer. Personne ne s’en prendra à vous ici. C’est promis. »
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Ethelinda Logaro
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MessageSujet: Re: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyMar 30 Avr - 16:49

La voleuse n’avait pas à feindre d’être en piteux état, seulement elle avait recouvré suffisamment de moyens pour entendre les remarques grivoises des hommes qu’ils rencontrèrent. Les mots qu’ils prononcèrent ne manquèrent pas de faire réagir le forgeron dont la moralité ne devait jamais être remise en doute. C’était une des choses qu’Ethelinda avait comprises à force de venir taquiner Silbio durant son travail, il ne se laissait avoir par rien à part de fausses accusations.

Ils s’arrêtèrent et Silhouette en profita pour jeter un coup d’œil à l’homme qui avait parlé. Elle l’avait déjà croisé à nombreuses reprises puisqu’il faisait partie de la bande de ses frères ainés lorsqu’ils étaient enfants. Mais qui qu’il fut et aussi fier soit-il, le regard de Silbio suffit à lui faire détourner les yeux et tracer sa route. Il ne valait mieux pas chercher le forgeron et ses gros biceps.

La tête lui tournait et ses membres manquaient de la lâcher à tout moment. Sans Silbio pour la soutenir tout le long du trajet, elle n’aurait été capable que de tituber sur quelques mètres avant de s’écrouler à même le sol. Le reste du trajet se poursuivi dans la même brume qui engourdissait les sens et l’esprit d’Ethelinda. Elle reconnaissait à peine les rues qu’ils empruntaient et ne réalisa qu’ils étaient parvenus à bon port qu’au moment où elle sentit ses pieds quitter le sol.

Elle se laissa faire alors que le souvenir de son père la portant jusqu’à sa chambre après une représentation tardive refaisait surface. La vie était encore douce à cette époque, leur mère était toujours en vie. Elle venait la border le soir, comme en ce moment même et la nuit n’en était que plus belle. Un coussin moelleux soutenait sa tête si lourde de sommeil, elle but sans réfléchir l’eau qu’on lui tendait et se laissa retomber dans la douceur sur l’oreiller douillet.

____________________

Elle ouvrit les yeux sur une pièce qui n’était pas sa chambre, ni aucune de celles de la maisonnée des Logaro. L’obscurité ambiante lui laissa comprendre que la nuit était tombée sur la cité, lui rendant difficile la reconnaissance des lieux.

Ethelinda tourna la tête légèrement, pour ne pas alerter les personnes qui pourraient la surveiller, mais une douleur derrière la nuque interrompit bien vite son effort. Elle se redressa en gémissant, son dos la faisait souffrir et sa tête menaçait d’exploser. La danseuse ne parvenait pas encore à se remémorer les récents évènements. Elle fit balancer doucement ses jambes sur le bord du lit pour se relever dans un grincement de cuir, elle était habillée comme Silhouette. Beaucoup de choses lui revinrent en mémoire, la mort de Keefe et le sauvetage par Silbio. Il était fort à parier que ce soit dans son lit qu’elle venait de se reposer. Elle parvint à marcher avec probablement plus d’équilibre que lorsqu’il l’avait couchée là et elle rejoignit le forgeron dans la cuisine.

-Merci de m’avoir aidée.

Elle ne savait pas vraiment quoi lui dire et elle ne voulait pas avoir l’air de se justifier.

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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: Ouvre les yeux !   Ouvre les yeux ! EmptyMer 8 Mai - 16:53

Tandis qu’il la ramenait chez lui, Silbio s’était bien rendu compte que la jeune femme ne semblait plus vraiment à la réalité. Le choc faisait encore des siennes sans l’ombre d’un doute. Après tout, elle était tombée du haut des toits, une chute comme celle-là laissait probablement quelques traces. Il avait d’ailleurs songé à faire venir une guérisseuse lorsqu’elle serait installée chez lui, mais il avait peur qu’elle le prenne mal. Elle avait été particulièrement claire concernant le fait qu’il ne devait parler d’elle à personne et il était convaincu qu’elle était loin d’être inconnue dans les Bas-Quartiers d’Edor Adeï. Aussi, avant de faire quoique ce soit, il songea d’abord à la laisser récupérer un peu. Si son état ne devait pas s’améliorer rapidement, il serait toujours temps d’aller chercher quelqu’un qui pourrait prendre plus précisément soin d’elle. Avec ses maigres connaissances en la manière, le forgeron serait somme toute un veilleur efficace mais il ne possédait pas vraiment de savoir en soins aussi, si elle en nécessitait vraiment, il faudrait qu’elle accepte que quelqu’un d’autre la voit. Une fois la porte de la forge passée, le plus dur était fait. Une fois placée dans son lit, il veilla à ce qu’elle boive un peu d’eau avant de la laisser sombrer d’elle-même dans le sommeil, ou l’inconscience. Difficile de dire dans lequel elle venait de se plonger mais elle semblait tranquille aussi l’Olaril préféra ne pas s’inquiéter davantage et quitta tranquillement la pièce avant de refermer la porte qui menait dans l’autre pièce du petit appartement : la cuisine. Pensif, il s’était installé à la table, jetant un œil sur la porte comme s’il voyait encore la jeune femme à travers le bois de celle-ci. En se tournant vers la fenêtre, il constata que la nuit allait bientôt tomber.

Dans un soupir, il se leva et récupéra quelques légumes qu’il gardait de côté. Inutile de rompre avec le quotidien puisqu’il avait une invitée imprévue. Tranquillement, il commença à préparer le diner : une soupe grossière faite de quelques légumes et de morceaux de viande. Allumant un feu dans le poêle qui se trouvait dans la pièce, il déposa la petite marmite remplie d’eau dessus et commença sa préparation. Il veilla à en préparer suffisamment pour lui, mais aussi pour la personne qui se reposait dans la pièce d’à-côté. Il ne savait pas si elle se réveillerait, ni même si elle aurait seulement faim mais Silbio avait toujours été du genre prévoyant et, dans l’hypothèse où elle parviendrait à quitter le royaume des songes, elle aurait certainement besoin de se remplir un peu l’estomac. Zéphyr, lui, était rentré depuis plusieurs minutes et, comme d’habitude, il s’était installé entre les poutres et regardait paisiblement la scène. Sans l’ombre d’un doute, ce dernier ne s’était pas gêné pour se régaler de quelques rongeurs qui parcouraient les rues à la nuit tombée. « Evite de faire du bruit ce soir, on a une invitée. » Il avait parlé à l’attention du rapace. On pouvait le considérer comme fou de parler aux animaux, mais, d’une certaine manière, il était convaincu que l’animal pouvait le comprendre d’une manière ou d’une autre. Tandis qu’il surveillait le potage qui commençait à dégager une bonne odeur. Rien qui révolutionnait les papilles mais la forge n’avait rien à voir avec les cuisines des grands cuisiniers. Reposant le couvercle sur la marmite, il jeta un œil par la porte, découvrant que son invitée semblait encore dormir paisiblement. Il fit quelques pas pour refermer la fenêtre qu’il avait entrouverte pour qu’elle ait un peu d’air frais, puis se retira sans bruits.

Quelques minutes plus tard, il s’était servi une assiette et mangeait paisiblement, comme toujours, en solitaire. Le silence était tombé sur le petit logement depuis quelques temps et, avec la nuit, les rues s’étaient vidées, laissant le forgeron à sa seule compagnie. Il avait d’abord prévu de descendre à la forge pour travailler quelques commandes mais, avec l’arrivée de Silhouette, il avait renoncé, ne serait-ce que pour pas qu’elle soit réveillée par les bruits des coups de marteau. Une fois son repas terminé, il avait nettoyé ses couverts et s’était installé au bord de la fenêtre contemplant la nuit tandis qu’elle passait tranquillement. Plusieurs dizaines de minutes plus tard, un bruit le tira de sa contemplation. Un regard vers la chambre et un autre bruit lui confirmèrent ses soupçons : la jeune femme s’était réveillée. Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrait et laissait passer une Silhouette. Il croisa son regard à travers son masque. Respectueux, il n’avait pas osé toucher à ses vêtements, ne serait-ce que son masque, parce qu’il savait qu’elle n’aurait probablement pas apprécié qu’il profite de sa faiblesse pour découvrir le visage qui se cachait derrière le loup. Ses remerciements brisèrent le silence. « Assied-toi. » Il avait dit cela avec douceur, afin que, déjà, elle ne reste pas debout. Il ne savait pas si elle avait pleinement récupérée, mais elle serait mieux, installée sur une chaise. Tandis qu’elle s’exécutait, il la surveillait du coin de l’œil, si jamais elle avait besoin de son aide, puis il attrapa une assiette et la remplit à la marmite qui reposait toujours sur le poêle avant de la déposer sur la table, devant la jeune femme, avec une cuillère en bois. « Pas la peine de me remercier, c’est normal. » Pour les Ilédors peut-être pas, mais, pour les Olarils, c’était différent. Une valeur importante de la vie, qui, même s’il n’était plus vraiment parmi les siens, formait toute une partie de son existence et le poussait à agir pour les autres, presque instinctivement. « Tu te sens mieux ? » La chute avait été rude et à en juger par l’état dans lequel elle se trouvait lorsqu’il l’avait récupérée pour ramenée ici, il était étonnant de voir qu’elle s’était réveillée peu après le début de la nuit. A vrai dire, Silbio pensait qu’elle ne rouvrirait pas les yeux avant l’aube, voire même bien après, l’obligeant à aller chercher une guérisseuse afin de s’assurer de son état. Il semblerait qu’elle l’avait détrompée, encore une fois.
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