Les Tables d'Olaria
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 Au cœur du nid des Colibris.

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyMar 24 Juil - 11:44

Il avait une famille. Une famille qui depuis des jours ne le voyait plus rentrer, n’entendait plus son rire, ne voyait plus son sourire enjôleur et plein de vie.

Par sa faute. Ce n’était pas le cas, ce n’était pas de sa faute, il avait désobéi… Pas un instant elle n’avait envisagé qu’il puisse se retrouver au cœur d’un combat, il n’était pas un guerrier, pas là pour cela. Il avait désobéi… Pour autant, elle l’avait senti fougueux, et contrarié, et son devoir de Capitaine était de prévenir de ce genre de choses en amont. Mais elle n’était plus un Capitaine… Et elle avait fait une erreur.

Il lui avait fallut plusieurs jours pour se sentir capable de le faire. Elle s’était alors levée, prenant soin de ne pas réveiller Lan, et apprêtée avec la plus grande sobriété qui soit. Des chausses brunes, et, pour une fois, des bottes basses. Une chemise à col haut qui déguisait ses tatouages, cintrée par un serre-taille uni. Ses cheveux étaient tressés et reposaient mollement sur son épaule. Elle avait laissé chez elle son sabre, pour plus de discrétion, et s’était contentée de deux dagues, glissées dans ses bottes. Dans une besace enfin, quelques affaires potentiellement utiles. Elle ne chercha à pas à maquiller ses traits, ou à les masquer. Elle avait conduit leur fils à sa fin, le minimum qu’elle leur devait était un visage à haïr.

Il lui fallut un certain temps pour se décider à prendre la direction de la petite maison qu’elle avait quittée au lendemain de leur rencontre… Il était plus tard qu’alors et elle songea que la famille qu’elle avait deviné relativement nombreuse serait sans doute éveillée. Tandis que ses pas la conduisaient presque malgré elle au-devant de son devoir, elle fut traversée, plusieurs fois, par l’espoir de trouver la maison vide, et d’être contrainte de faire demi-tour. Elle reconnut finalement la rue et, au bout de celle-ci, la petite maison. Elle se figea alors, et fut assaillie par les souvenirs… Sa voix, ses jeux. Ses caresses, à l’abri de la pluie… Sa vie, cette vie brûlante, et gourmande, qui avait transformé son sang en lave tandis qu’il lui arrachait des plaintes de plaisir, voraces et brutales. Il s’était montré joueur, capable de lui présenter un cirque itinérant. Il était un dresseur de fauve, et avait plié la lionne à sa volonté… Mais l’on disait les lions toujours dangereux, et par sa faute, aujourd’hui, cet homme si savoureux n’était plus… Sans doute avait-il été mis en terre aux côtés des Révolutionnaire, sa tenue capable de les leurrer. La lumière de son sourire éteinte à jamais.

Ses jambes tremblèrent et, incapable de faire un pas de plus, elle vacilla avant d’aller s’appuyer au mur le plus proche, ses yeux envahis de larmes… Elle les retint à grand peine, reprit son souffle et d’un revers de manche essuya ses yeux humides. Elle devait se ressaisir, elle n’avait pas le droit de pleurer l’homme qu’elle leur avait volé. Elle le maudit pour sa bêtise, une fois de plus, elle le maudit de ne pas avoir observé ses ordres, de s’être retrouvé dans la fureur du combat quand il n’avait rien à y faire. Elle le maudit d’avoir refusé de suivre son instinct et de l’attendre. Mais elle n’en avança pas moins, la mine irrémédiablement sombre. Ces quelques pas comme une véritable épreuve, une interminable ascension. Elle devait le leur dire, ne pas les laisser dans l’ignorance… Elle ne connaissait même pas son nom… Même pas son nom.

Devant la porte, elle resta longtemps debout, droite, et réfléchit à la meilleure façon de se présenter, et de leur expliquer la situation… Elle ne savait pas si elle pouvait leur parler de Dissidence, elle ne savait pas sous quel nom s’annoncer… Elle ne savait pas. Rien.

Son sourire lui apparut, comme s’il était là. Sa peau mate, la vie et le pétillant de ses yeux clairs, l’expertise de ses mains… La pluie. Une fois sure que ses yeux ne trahiraient pas sa peine, elle frappa du poing, doucement, à la porte de la petite maison. Elle n’espérait que le silence… Pourtant, rapidement, elle entendit un verrou tourner dans la serrure…
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Ethelinda Logaro
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyJeu 26 Juil - 13:28

La maisonnée était en ébullition, chacun s’affairait aux préparatifs pour le spectacle qu’ils allaient présenter à midi non loin du marché. Rassemblement des accessoires, des tenues de scènes rapiécées à de nombreux endroits, des instruments de musique et de tout ce dont ils auraient besoin. Les temps étaient rudes et les bourses ,trop vides , des habitants d’Edor Adei ne daignaient pas remplir celles des Logaro qui s’étaient vu contraints de réaliser leur numéro plus fréquemment et à des endroits plus nombreux. Il fallait proposer quelque chose de nouveau, quelque chose digne d’intérêt pour susciter l’intérêt des gens, chasser leurs soucis et espérer recevoir quelques piécettes pour cet effort.

Ethelinda qui était déjà prête , sa tenue de voiles rouges enfilée et le masque de soie vermeille recouvrant déjà le bas de son visage, aidait la petite dernière à mettre la main sur son nouveau foulard préféré, une étoffe jaune d’assez bonne facture que la famille lui avait offert pour son anniversaire. Choyée et surprotégée, l’enfant transpirait la joie de vivre, peu ou pas consciente des plus gros soucis de la famille et des crimes que ses frères et elle avaient du commettre pour apporter un peu d’argent dans les caisses. La danseuse était celle qui s’occupait probablement le plus de la petite , âgée de huit ans, seule figure féminine de la maison , elle faisait office de mère depuis le décès de la leur.

« Tu penses que Keefe viendra aujourd’hui ?

Je ne sais pas, je ne l’ai pas entendu rentrer cette nuit non plus.

On va faire comment pour le spectacle , sans lui ?

Je suppose que Savio pourra s’occuper de la musique à sa place pour une fois. Allez, ne t’occupe pas de ça et continue de chercher ton foulard. »

Thalia s’inquiétait pour son frère et pour le spectacle, elle savait que Keefe se ferait rudement sermonner par leur père s’il manquait encore un spectacle sans prévenir mais Ethelinda était habituée aux escapades de son ainé bien que celle-ci dura un peu trop longtemps.

Même s’ils faisaient tout les efforts possibles pour ne pas le montrer, chacun s’inquiétait à sa façon de l’absence de Keefe. D’habitude il revenait au moins prendre des vêtements propres puis s’en retournait à ses affaires mais cette fois sa chambre était restée vide. Ils s’imaginaient tous le pire et s’attendaient à voir débarquer le guet s’il avait été arrêté au cours d’une mission dissidente ou d’un quelconque larcin dont il avait toujours été friand. Ce n’était un secret pour personne, mis à part Thalia, que l’almée et le barde avaient grossi les rangs de l’Al Faret. Chacune de leur sortie provoquait les angoisses des frères et du père, chacune de leur absence prolongée les faisait s’imaginer le pire. Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, n’est-ce pas ? Il avait du se trouver une charmante donzelle à charmer et devait probablement encore dormir dans son giron, sentant l’alcool et le musc. Le penchant du barde pour la boisson et les jupons était bien connu, il avait même convertis sa sœur aux mêmes pratiques.

La danseuse descendait quelques accessoires de scène au rez de chaussée quand des coups retentirent. Elle se figea un instant, mortifiée à l’idée de découvrir des soldats derrière la porte, puis se décida à poser ce qu’elle tenait dans ses bras pour aller voir qui se trouvait là. Elle déverrouilla le battant de bois et finit par l’entrouvrir…pour observer une femme dont les traits lui rappelaient vaguement quelqu’un.

« Bonjour madame, que puis-je pour vous ? »

Elle ouvrit un peu plus grand la porte et se plaça dans l’entrée. Les traits particuliers de l’inconnue lui étaient familier, elle l’avait déjà croisée et à plusieurs reprises, mais où ? Etait-ce sous le masque d’Ethelinda ou celui de Silhouette ?

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyDim 29 Juil - 20:53

Comment elle fit, pour conserver sa contenance lorsque la porte s’ouvrit, Elenor ne le sut pas très bien… Mais elle la conserva. A bout de bras, à bout de bras… Elle se laissa détailler par la jeune femme masquée qui se détacha dans l’ouverture et hocha la tête, en signe de salut. Elle était seule, et pas, ou peu armée, elle espérait ne pas leur sembler trop suspecte. Elle s’empêcha de chercher des ressemblances entre cette jeune femme et Colibri. Elle se l’interdit, craignant de voir à nouveau ses yeux s’emplirent de larmes. Elle ne devait pas pleurer. Elle n’en avait pas le droit.

Elle l’accueillit de façon cordiale, polie quoi que ses yeux toujours s’attachent à elle avec insistance. Elle ne se défila pas sous ce regard, la laissa, peut-être, la reconnaître, si tant est qu’elles se soient déjà croisées, et se contenta de lui offrir avec humilité un salut silencieux. « J’ai à vous parler. Je dois vous parler de l’homme qui vivait ici… » Vivait. Le ton était solennel, bien qu’elle n’ait pu empêcher tout à fait sa voix de s’étranger. Elle se reprit bien vite et après une brève inspiration, plongea ses yeux en amande dans le regard de cette jeune femme. Tout ce qu’elle lui offrait. Elle ne cherchait pas à la reconnaître, à lui rendre la pareille de ses attentions. Simplement, elle refusait de ciller. A présent se lisait dans l’onyx de ses pupilles une infime fraction de l’émotion qui étreignait son cœur. Tant pis.

Qui était Colibri, pour cette jeune femme, un amant ? un frère ? un père ? La seule chose dont elle pouvait être sure était qu’il n’était pas marié, ce dont il s’était plaint auprès d’elle. Il n’était pas marié, mais il avait une famille. Il eut été plus simple pour Elenor de connaître son nom véritable, de savoir à qui elle faisait face, mais c’était aussi les règles du jeu, du terrible jeu que jouaient les Dissidents. Elle laissa un soupir lui échapper, cherchant à réguler son souffle bloqué, puis reprit à voix basse : « J’ignore son nom, pour moi il ne pouvait être que Colibri… » Comprendrait-elle ? Elle devait entrer, pour lui en dire davantage. Entrer, pour la seconde fois, dans cette maison… Dans laquelle il n’était pas. Dans laquelle il ne serait plus jamais. Jamais. « Je… Puis-je entrer ? S’il vous plait… » Elle ne la suppliait pas, pourtant, sa demande était sombre, et pressante. Son trouble était manifeste, bien qu’elle fasse montre d’une contenance remarquable, compte tenu de la tempête qui sévissait sous son crâne. Ses yeux se chargèrent de la supplier. Son attitude, elle, demeurait droite, et forte. Militaire. Qu’importe ce que disent les yeux, le corps, lui, ne devait pas faillir. C’était le corps, qui tenait l’épée. Le corps, toujours.

C’était aussi le corps, qui aimait, lorsque sous l’émotion les yeux abandonnaient la partie. Et lorsque celui-ci abandonnait à son tour, restaient les yeux, pour pleurer. Mais aujourd’hui, elle ne devait pas abandonner. Peut-être aurait-elle à soutenir cette famille qu’elle s’apprêtait à endeuiller. Elle les abattrait, alors elle leur devait bien ça. Aujourd’hui, elle leur devrait absolument tout.

C’était de sa faute.

Non, non il a désobéi…
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Ethelinda Logaro
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyMar 31 Juil - 16:51


L’inconnue était vêtue sobrement si bien qu’il était difficile de deviner ce qu’elle venait faire chez les Logaro. A première vue, elle n’était pas armée mais la danseuse ne baissa pas sa vigilance pour autant. La femme annonça finalement la raison de sa venue et ces mots firent manquer un battement au cœur d’Ethelinda, il n’était pas difficile de comprendre qu’elle lui parlait de Keefe étant donné qu’il était le seul homme de la maison à manquer au bataillon. Elle ne laissa pas voir son inquiétude et réfléchit plutôt aux raisons qui pouvaient retenir son frère loin de la maison pour qu’une inconnue au ton si solennel vienne leur parler.

Etait-il malade, cloué au lit chez une bonne âme en attendant que tout aille mieux ? S’était-il battu et blessé au point qu’il soit dans l’incapacité de rentrer au bercail ? Avait-il trop bu ? S’était-il fait arrêter par le guet pour sa manie à tricher aux jeux ? Ou alors était-ce bien pire que cela , quelque chose qui touchait la Dissidence et qui mettait par conséquent toute la maisonnée en danger… Quelque chose de grave qui expliquerait qu’elle ait employé ce temps plutôt que le présent. Ethelinda fronça les sourcils, faisant mine de ne pas comprendre de quoi venait l’entretenir la femme pour en apprendre d’avantage, quitte à savoir enfin dans quelles circonstances elle l’avait croisée.

« Pardonnez-moi, de qui parlez-vous ? »

Les yeux sombres et les traits tirés de l’inconnue trahissaient son trouble, il semblait que les mots lui coutaient, qu’elle peinait à s’exprimer puis finalement les paroles sortirent d’entre ses lèvres, douloureuses et porteuses d’un message qui mortifia la danseuse. Elle venait pour Colibri…le nom sous lequel la dissidence connaissait son frère. Soudain la lumière se fit, elle connaissait cette femme pour l’avoir aperçue à nombreuses reprises, Sipik, le bras armé de l’Al’Faret. Que c’était-il donc passé pour qu’elle se déplace en personne pour leur parler de Keefe.

« Je…oui bien sûr. Entrez. »

Elle ouvrit grand la porte et s’effaça pour laisser entrer Sipik au moment où Thalia descendait les escaliers en courant. La petite dernière n’était pas aux faits de la Dissidence et elle savait encore moins que des membres de sa famille étaient impliqués dans la guerre silencieuse que l’Al’Faret menait contre les conservateurs.

« Oh…Thalia, tu peux aller chercher les autres s’il te plait ? Je te rejoins bientôt, d’ici là tu peux répéter pour le spectacle dans la chambre, d’accord ? »

Elle n’était pas encore assez grande pour être mêlée aux affaires de Colibri ou même de Silhouette, à son âge on est encore bien bavard et la famille n’avait pas besoin que la petite dernière aille semer des secrets de famille. Ethelinda retira le tas de tissus posés sur l’une des chaises et invita Sipik à s’asseoir autour de la table.

« Vous voulez boire un peu d’eau ? Mon père et mes frères ne devraient pas tarder à descendre nous rejoindre, si vous voulez parler de Colibri ils doivent vous entendre. »

La danseuse avait parlé sur un ton sérieux qui ne lui ressemblait pas mais comme Sipik ne la connaissait pour ainsi dire pas, la chose ne devrait pas lui paraitre trop suspecte. Des pas résonnent dans les escaliers et trois des quatre hommes de la maison déboulent dans la pièce principale, seul Fintan n’est pas encore en tenue de scène. Ils saluent tous la nouvelle venue avant de se tourner vers Ethelinda.

« Je vous présente … » elle se tourne vers Sipik , attendant un nom sous lequel l’appeler. « Elle est venue pour Colibri… »

Ces mots font disparaitre les sourires de bienvenue, les rides de soucis qui marquent continuellement le visage de leur père se creusent. Malgré toutes ces années ils n’étaient jamais vraiment parvenus à le rassurer sur leur lien avec la dissidence. Ethelinda se mordait les lèvres, soucieuse et curieuse. A voir les Logaro ainsi réuni, il était difficile de les prendre pour autre chose qu’une famille, le même teint mat, les mêmes cheveux bruns, quatres paires d’yeux marrons fixaient Sipik, en attente de la nouvelle.
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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyMer 1 Aoû - 8:51

Elenor avait été soulagée de la voir congédier l'enfant. Elle se voyait mal lui annoncer que son frère, ou peut-être son père était mort... de surcroit alors qu'il se trouvait sous son autorité. Elle ne se voyait pas assumer les larmes et l'incompréhension. Elle ne se voyait pas assumer grand-chose, en fait. Prenant une profonde inspiration, elle accepta d'un triste sourire l'eau offerte par Ethelinda, et s'installa là où elle le lui demandait. Colibri lui parlait... Colibri était un nom de code Dissident. Deux possibilités s'offraient donc à elle : soit elle était elle-même l'une des leurs, soit cette famille était soudée au point de partager jusqu'à des secrets que nul, pas même la chair de la chair du Dissident, devait savoir.

Elle l'avait dit à Bellone, puis à Morghan. Certains liens dépassaient ceux de la chair pour Elenor...

Elle leur avait livré Sipik. Cette part d'elle-même qui la faisait ce matin frémir. Elle avait été fière de son alter ego sanguinaire, mais ce matin, elle frémissait. Ce matin penser à Sipik la rendait nauséeuse. Elle posa sur son hôte un regard perçant, avant d'entendre des pas répondre à l'appel de la jeune fille, et trois hommes descendre les rejoindre. Ils étaient nombreux... Quatre colibris, à qui il lui faudrait faire face seule. La ressemblance était frappante... La peau mate, et les traits. Seuls étaient différents les yeux du véritable Colibris. Limpides... Si pleins d'une vie ardente, lorsqu'elle les avait croisés dans un moment d'extase. Et tellement plus morts aujourd'hui. À cette pensée, alors que la jeune femme faisait mine de la présenter, elle sentit son souffle se couper tout à fait, souffle qu'elle ne délia qu'aux prix d'efforts considérables. Les larmes qu'elle avait senti menacer ne vinrent pas inonder ses yeux emplis d'une sincère douleur, quoi qu'elle demeure sobre, et digne face à eux.

Lorsqu'il lui fallut leur offrir un nom, ce qui plus tôt était source d'hésitations ne l'était alors plus. Lourdes étaient les chances qu'ils soient liés, d'une manière ou d'une autre, à la Dissidence, aussi prit-elle le risque de souffler d'un air sombre : « Sipik... » Avant que son hôtesse, achevant sa phrase laissée en suspens, n'assombrisse la mine de cette famille où plus tôt les sourires étaient de rigueur. Pleins de vie... Eux aussi. Ils attendaient qu'elle parle, dans l'expectative, tendus, chacun d'entre eux. Qu'elle leur dise ce qu'il était advenu de Colibri... Du barde... Elle l'avait appelé son barde... Après avoir déglutit, n'en pouvant plus de demeurer assise face à quatre personnes debout et aux regards rivés sur elle, elle se leva, se dressa de sa hauteur et les observa. Sa cuisse, toujours, la lançait, mais elle n'en montra rien. Elle devait conserver son maintien et sa dignité. « Colibri m'a été désigné comme second, ce que j'ai accepté. Il y a... un peu plus de deux semaines. » Par Therdone, cela lui semblait si lointain... « Nous nous sommes engagés ensemble sur une mission pour la Dissidence, sous mon commandement, il y a peu. Celle-ci devait se dérouler dans le campement Révolutionnaire. Une attaque, à laquelle il n'était pas sensé participer autrement qu'en faisant diversion. » Sa voix tremblait, mais elle tint le cap, et si son émotion était palpable, elle conservait sa droiture. Signe qu'elle allait déjà un peu mieux. C'était ce qu'il avait fallut. Pour eux, elle le leur devait. « Il n'était pas là pour combattre. Juste pour faire diversion, et se retirer avant que je ne déclare, beaucoup plus loin, la fureur des combats. Mais il n'a pas suivi le plan et pour une raison que j'ignore m'a rejointe alors que j'affrontais avec quelques hommes les Révolutionnaires... » Elle cilla alors, incapable de soutenir leur regard. Un regard uni et fébrile, d'un seul bloc. Il avait désobéi, mais elle ne prononcerait pas ce mot. Pas devant eux. Seulement dans sa tête, pour refouler ses larmes. Il a désobéi, désobéi... Ce n'était pas de sa faute. Et pourtant, lorsqu'elle releva un regard brillant, mais déterminé en leur direction, les détaillant chacun leur tour, elle retrouva sa voix : « Il est mort, là bas, en me sauvant la vie. J'étais blessée et... » La suite s'évanouit dans un souffle douloureux. « Cela fait plus d'une semaine, à présent. J'étais convalescente, et n'ai pu me déplacer plus tôt pour vous... l'annoncer. En personne. »

Ces mots, ils ne devaient venir de personne d'autre que d'elle, il était sous son commandement. Lorsque l'un de ses hommes les plus proches tombait au combat, sous les ordres du Capitaine Jagharii, elle faisait de même. Allait voir les veuves éplorées, et les mères. Elle assumait son autorité, sa responsabilité, et consciente qu'elle ne panserait pas les plaies ouvertes, leur contait au moins la bravoure du disparu. La noble, Jagharii, protecteurs du royaume... Elle allait jusque dans les foyers les plus misérables, certains des plus vaillants hommes de main qu'elle ait eu étant d'essence plus pauvre encore que ne l'était cette famille-ci. Pourtant, aujourd'hui, c'était différent. Ce n'était pas le Capitaine, qui parlait, c'était Sipik. Sipik qui avait fait une erreur. Elle n'avait pas osé leur parler de son trouble, avant la bataille. Elle ne leur avait pas dit, qu'en voyant l'émotion qui était la sienne il eut fallut qu'elle le retienne... Oh, certes il ne lui en avait pas laissé l'occasion, mais cela faisait-il une différence ? Il était mort au combat, en brave. C'était la mort d'un soldat, c'était la mort d'un officier. Une mort pour elle, pas pour le Barde. Pas pour la Liberté. C'est avec anxiété qu'elle attendit les réactions, prête à les essuyer, même vives, même violentes... Elle jugulait sa propre peine, consciente qu'il leur faudrait laisser la leur s'épancher. Ses yeux effleurèrent la jeune femme qui lui avait ouvert la porte, puis se plantèrent dans ceux de son père, le plus âgé, dont elle avait déjà perçu l'inquiétude lorsqu'il avait posé les yeux sur elle en entendant le pseudonyme de, à en juger par l'âge des autres, celui qui était son fils aîné...
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyJeu 2 Aoû - 13:53

Sipik se releva, repoussant la chaise qu’Ethelinda lui avait proposée quelques instants plus tôt, et se mit à parler. Ses yeux noirs trahissaient la difficulté qu’elle avait à tout leur raconter mais le reste de son corps que ce soit dans sa posture droite et fier ou le masque d’impassibilité qui recouvrait son visage montraient une forte Volonté. Sipik était connue dans la dissidence pour son efficacité ...

Les explications commencèrent et au fur et à mesure que la dissidente leur parlait, Ethelinda commença à imaginer ce qui avait pu se produire. Son frère avait été envoyé chez l’ennemi, dans le campement révolutionnaire, sur un champ de bataille où il n’avait pas sa place. Lui comme Silhouette n’étaient pas des guerriers, ils n’en avaient ni l’étoffe ni l’entrainement, bien que ses vols aient permis à Silhouette de payer un formateur quelques temps. Sipik insistait trop sur le fait qu’il ne devait ce jour là n’être qu’une diversion avant l’attaque sur les Révolutionnaires pour que les choses se soient bien passées. Colibri n’avait pas servi que d’appât, elle en était persuadée.

Les traits tirés par l’inquiétude les Logaro étaient pendus aux lèvres de Sipik, écoutaient son récit en silence leur visage affichant un rictus de douleur quand ils comprirent ce qu’il s’était passé, quand ils réalisèrent que Keefe n’était plus et ne reviendrait plus jamais. La dissidence leur avait prit un membre de leur famille.

Le silence. Le sombre voile du deuil s’abattait une fois encore sur la maison, une fois de trop. Les yeux s’assombrissaient, les mâchoires se crispaient en une tentative vaine de dissimuler leur souffrance. Leur père se laissa tomber sur une chaise , lui qui ne s’était jamais vraiment remis du décès de sa femme dix ans plus tôt ,au point de ne pas chercher à se remarier , perdait maintenant son fils ainé. Savio posa une main sur son épaule, le visage renfrogné mais Fintan, lui , regardait Ethelinda. Tous savaient que Keefe n’avait à l’origine rejoint la dissidence que pour garder un œil sur sa sœur, le chagrin et la culpabilité pesaient à présent sur les épaules de la danseuse qui gardait le visage baissé. Leur frère était mort bêtement, il s’était jeté dans la mêlée sans même songer une seconde qu’il n’avait aucune chance de s’en sortir, mais il avait probablement sauvé la vie de Sipik… L’Al’Faret devait probablement lui en être reconnaissant.

Comment le barde Keefe avait-il pu se retrouver mêlé à pareille affaire ? Lui qui aimait la vie dans tous ses excès, lui qui présentait toujours un sourire radieux malgré les coups durs, qui apportait le réconfort à son public par une belle balade. Cet homme si plein de vie était mort… avait-il perdu sa Volonté ? Ethelinda ne voulait pas le croire, aussi loin que remontaient ses souvenirs son frère avait toujours été là, près d’elle à partager leurs peines et leurs joies. Plus qu’un frère, il avait été le roc auquel elle s’accrochait durant la tempête , lorsque leur mère est morte, son meilleur ami, son confident et quelques années plus tard comme un amant. Les sentiments se mêlaient, haine contre ces gens égoïstes, ces grands qui ne pensaient qu’au pouvoir et pour lesquels Keefe s’était fait tuer, désespoir face aux souvenirs et à toutes ces choses qu’elle aimait chez lui et qu’elle n’aurait plus jamais l’occasion de revoir, de ces moments qu’ils ne pourraient plus jamais partager.

Prête à se laisser porter par la peine, elle prend conscience que Sipik est toujours là. La nouvelle ne la pas effacée, la dissidente n’a pas disparut et les observe silencieusement. Fintan finit par sortir en claquant la porte faisant sursauter le reste de sa famille. Ethelinda relève la tête, sa Volonté ne la laisserait pas verser ses larmes devant Sipik, elle voit dans le regard noir qu’elle est aussi peinée qu’eux. Etaient-ils proche ? Pourquoi avoir accepté Keefe pour la seconder ? Elle aurait voulu pouvoir poser toutes ces questions, savoir pourquoi son frère n’était plus, ce qui avait bien pu se passer pour qu’il disparaisse et ne rentre plus à la maison le regard pétillant de fierté après qu’il eut conquis le lit d’une bourgeoise ?

« Où est-il ? »

Sa voix était rauque et sa gorge lui faisait mal quand elle brisa le silence. Elle voulait s’occuper de son frère et refusait de l’abandonner, de le laisser dans l’anonymat d’un champ de bataille où il n’avait pas sa place. Il était barde mais c’est la guerre qui lui avait volé sa vie, les choses n’auraient jamais du évoluer de la sorte !

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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyJeu 2 Aoû - 14:45

L'attente, quoi que naturelle, lui sembla intolérable tant elle souffrait de cette impuissance qu'elle avait face à eux. Elle pouvait d'ordinaire s'approcher des familles, une main réconfortante sur l'épaule, et leur souffler des mots qu'ils auraient aimés entendre, leur parler du défunt, leur rappeler de doux souvenirs de celui-ci. Elle pouvait leur vanter une mort héroïque et leur promettre qu'il ne serait pas oublié, par l'armée, par elle... Mais elle ne pouvait rien faire de tout cela, car Colibri n'était qu'un nom, et qu'un corps qui s'était emparé du sien. Il avait été un brasier, redoutable, dans lequel elle s'était jetée avec délices avant un éveil amer. Il n'avait pas de nom, pas de passé, tout juste un âge qui lui pesait tant... Et il était mort pour lui sauver la vie.

Devant la détresse du père, Elenor cilla malgré elle, et du se reprendre pour juguler sa propre peine. La colère du frère quant à elle était légitime et, l'ayant vu se déplacer avec vigueur, elle s'était attendue à la violence du claquement de porte. Restait celui qui consolait le patriarche effondré, et elle. Elle croisa alors son regard, sa douleur, son trouble et son incompréhension. Tout ce qu'elle voyait de cette jeune femme, c'était ses yeux, bruns et intenses, qui la fouillaient comme s'ils voulaient lui arracher des réponses. Des réponses à des questions que, sans doute, sa gorge était trop étranglée pour laisser filtrer. Sa voix, rauque, s'éleva néanmoins, et la question qu'elle lui posa fut sans doute la pire, pour Elenor, qui en frémit. De honte, et d'horreur. Le Capitaine ensevelissait ses morts, lorsqu'elle ne les ramenait pas aux siens... Elle lui devait néanmoins une réponse. De l'honnêteté dans cet océan de secret qu'était la Dissidence. La mort de son frère devait être claire, et connue. Elenor revenait à elle, reléguait la cruauté de Sipik au second plan, enfin, et elle ne mentirait pas.

« Il est là-bas. » Sa voix, elle aussi, était rauque, et douloureuse, mais elle poursuivit néanmoins. Qu'importait la douleur d'Elenor, face à celle de ce père abasourdi, et de ses enfants égarés. « Lorsque je l'ai vu tomber, j'ai tenté de m'approcher, mais on m'a arrachée au champ de bataille, et contrainte au repli. Je sais qu'il s'est éteint, mais je n'ai pu le ramener. » Elle s'étouffa alors discrètement, craignant que ce ne soit sur un sanglot, mais elle le contrôla, celui-là aussi. Par Therdone, ce que c'était difficile à présent. Elle n'était plus aussi forte que par le passé. Et cette mort-ci était tellement plus injuste que toutes celles qu'elle avait eu à annoncer... « À partir de là, mes souvenirs sont vagues, car j'étais blessée et... en colère... Mais si je ne m'abuse, il portait un uniforme Révolutionnaire. Il a donc probablement été enseveli parmi eux, dignement, mais dans l'anonymat »

Se sentant trembler un peu, bien qu'elle ait retrouvé sa maîtrise, elle regagna la chaise sur laquelle elle s'assit et se refit une contenance, à la force seule de sa Volonté. Sa jambe, de plus, la faisait souffrir, et lui interdisait ce genre de stationnement, tendus, et debout. Elle posa sa main droite sur sa cuisse douloureuse, ses yeux soutenant toujours le regard de la danseuse. Elle était prête à répondre à chacune de ses questions, chacune. Elle baissa alors les yeux, puis les releva vers le père dont la douleur la frappa, sans qu'elle ne laisse davantage aller la sienne. « La Dissidence est une natte de secrets, mais aujourd'hui elle vous a pris un fils, et vous doit toute vérité. Je répondrais à vos questions, concernant son décès, sans rien vous cacher. » C'est une promesse, faillit-elle ajouter, mais elle s'en garda. Que valait la promesse d'une créature de l'ombre. Ses yeux le leur dirent de façon plus claire, et leur émotion, au moins, ne laissait aucune place au doute.
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Ethelinda Logaro
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyVen 3 Aoû - 18:10

L’appréhension. Au moment où Ethelinda commença à interroger la dissidente, la certitude que son frère était perdu à jamais l’envahit. Une flammèche d’espoir survivait peut être encore mais un simple souffle suffirait à l’éteindre. La danseuse souhaitait que Sipik la fasse mentir, qu’elle lui apprenne qu’ils étaient parvenus à l’emmener avec eux en quittant les lieux. La bataille avait du faire des blessés, ils ne pouvaient pas tous les avoir laissés sur place, alors pourquoi son frère aurait fait exception ? Sipik en faisait peut être même partie , à en juger par la démarche boiteuse que l’almée ne lui avait jamais connue. Il était peut être encore permis d’espérer…

La réponse de Sipik la glaça, Keefe avait été abandonné par les dissidents. Il n’avait put être sauvé. Elle baissa la tête et ferma les yeux pour retenir les larmes qui menaçaient de couler. Elle eut cependant le courage de redresser le visage, de faire face à la femme qui était venu leur porter la nouvelle alors qu’il lui était possible de les ignorer et d’oublier la fureur de la bataille. Ethelinda n’avait jamais participé à une vraie bataille, de celles où les fers se heurtent sans relâche, mais elle savait que leur souvenir cuisant hantait certains soldats. Sipik revoyait elle la scène, alors qu’elle leur racontait le déroulement des évènements ? La danseuse entrevit une possibilité, elle l’avait vu tomber mais n’avait pu l’approcher.

« Il est peut être encore vivant mais blessé ? Coincé dans le campement des révolutionnaires et attendant le bon moment pour s’échapper ? Puisque vous n’êtes pas parvenu à l’approcher… il y a peut être encore de l’espoir. »

Elle avait l’espoir naïf de ceux qui refusent d’accepter la vérité et qui cherchent inlassablement une solution à un mal qui ne saurait être guérit. Ses pensées se heurtaient les unes aux autres lui faisait tour à tour croire qu’il y avait encore un espoir ou au contraire que son frère était perdu . Sipik regagna sa chaise, la position assise semblait lui épargner quelques souffrances physiques, et se tourna vers leur père pour lui assurer qu’elle répondrait à toutes les interrogations. L’homme qui semblait encore perdu finit par poser son regard sur la jeune femme, la nouvelle avait éteint la joie qui habitait ses prunelles en temps normal.

« Pourquoi avoir accepté mon fils comme second ? Il n’est…il n’était pas un combattant, sa place n’était pas là bas... »

L’incompréhension, le comportement de Keefe ne correspondait pas à ses habitudes. Le père d’Ethelinda soulevait une question intéressante, elle savait pertinemment que son frère évitait l’affrontement chaque fois que la situation s’y prêtait. Il n’avait aucune raison de mettre sa vie en danger pour la dissidence sur un terrain qui n’était pas le sien, dans un domaine qui ne lui allait pas alors qu’il n’en avait rejoint les rangs que pour protéger sa sœur. Seule Sipik pourrait l’aider à comprendre le comportement de son frère, ils devaient avoir passé du temps ensemble pour qu’elle veuille de lui pour la seconder, mais elle ne pouvait pas lui avouer qu’ils n’étaient à l’origine rentré dans le groupe de l’Al’Faret que pour servir leurs propres desseins.

Ethelinda soupirait, elle avait passé trop de nuits loin de la maison, de sa famille, de Keefe. Ils n’avaient pas parlé à cœur ouvert depuis quelques semaines, ils n’avaient pas partagé leur lit depuis si longtemps. La danseuse réalisa qu’elle avait peut être été aveugle et qu’alors que son frère cherchait peut être un moment pour confier ses angoisses, comme il leur arrivait souvent de le faire l’un avec l’autre, elle ne pensait qu’à son travail nocturne. Keefe était mort parce qu’elle était rentrée dans la dissidence.
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptySam 4 Aoû - 7:00

La demande d’Ethelinda, quoi qu’elle pouvait a comprendre, ne fit qu’aiguiser un peu la peine qui était la sienne. Elle connaissait ce sentiment, qui était naturel. Ce dévorant besoin de savoir qu’un espoir existait toujours de le voir rentrer, un jour, souriant et les étreignant un à un. Leur disant que ce n’était rien, qu’il s’était fait une belle frayeur mais que c’était bien lui, que c’était un rêve… Hélas cette fois-ci Elenor était bien sure qu’il n’en serait rien. Elle avait souvent affronté la mort, et la savait certaine en ce qui concernait Colibri. Comment le lui dire… ? Comment balayer les espoirs de cette jeune femme, quels mots choisir, pour la plonger dans un insoluble deuil ? La Jagharii retint un soupir, non pas exaspéré ou blasé, mais indécis, face à cette épreuve. Elle choisit ses mots avec soin, se faisant au tremblement de sa voix. « Je sais d’expérience que c’est là chose douloureuse que d’accepter une mort dont je ne peux vous apporter nulle preuve… Cependant j’ai vu Colibri tomber de mes yeux… Des yeux qui ne sont hélas que trop habitués à voir tomber les hommes. Sa blessure était mortelle, de celles dont nulle homme ne se relève jamais, et ne l’a emporté qu’en une petite poignée de secondes. Il n’a pas souffert, et s’est effondré… » La douleur, cuisante, revint de la vision de cet instant où la vie farouche et gourmande du barde s’effaça dans son dernier souffle, ôtant à ses yeux clairs leur lumière. Il souriait… Ou bien l’avait-elle rêvé ? « Je sais ne pas pouvoir vous ôter tout à fait cet espoir… Mais ne le laissez pas vous accompagner trop longtemps il… cela rend la douleur plus intense encore qu’elle ne l’est… » Sa voix s’étrangla. Elle avait déjà vécu cela par le passé, et ne le lui souhaitait pas. L’espoir constant et douloureux, l’absence en soi-même, la joie fugace de voir se dessiner une silhouette familière, et la déception, amère et brutale à en pleurer, de la voir niée… Cette femme était jeune, et bien qu’elle ait actuellement l’impression de voir son monde s’effondrer, viendrait un jour où elle se relèverait, sans l’oublier, forte du souvenir puissant de son frère. Elle-même, qui ne l’avait connu qu’une nuit seulement, marchait avec ce souvenir, avec sa soif de liberté, dont elle avait fait son moteur aujourd’hui, s’accordant ce legs. Sa sœur avait pour toute une vie de souvenirs, mais encore fallait-il qu’elle les laisse l’inspirer… Et pour cela, il lui faudrait accepter que l’homme qu’elle croiserait, et qui aurait un peu de sa démarche, ou celui qui de dos approcherait de son apparence, ne serait jamais lui.

Assise, reprenant à grand peine ses esprits, elle leur avait offert de répondre à leurs questions, et le père, sortant de son mutisme, fut alors le premier à l’interroger. Sa question lui fit mal, mais elle était justifiée, et elle le leur avait promis. Pourquoi l’avoir accepté comme son second, pourquoi lui, pourquoi un barde… ?

Parce qu’il dressait les lions.

Elle baissa les yeux, sans honte, mais plutôt pour se replonger dans le souvenir de cette inoubliable soirée, s’en inspirer, et retrouver ce qui le lui avait rendu irremplaçable… Elle ne prendrait pas, d’ailleurs, d’aide après lui. C’était inutile. C’était de Colibri, qu’elle avait eu besoin, pas d’un soldat, ni d’un mercenaire, aussi courageux et Volontaire fut-il. Et sans Colibri, elle n’aurait que la force qu’il lui avait partiellement rendue, sa propre force. Elle choisit pour eux une honnêteté qui, si elle ne pouvait décemment être totale, ne leur cacha rien des sentiments qu’elle avait pu ressentir alors.

« Votre fils m’a été adressé par un membre, de la Dissidence. Eleni. Je l’ai testé sur sa demande, et en effet il n’était pas un combattant émérite… Ce que je suis. Il n’était pas un militaire, ou un stratège, ce que je fus. Mais j’ai appris à le connaître, le temps d’une nuit. Je ne connais pas son nom, son passé… » Elle posa sur lui un regard plus intense encore. « … Je ne vous connais pas, vous, sa famille, mais j’ai pu toucher du doigt son essence, et sa liberté… Je n’avais pas besoin d’un second qui me ressemblerait, mais d’un homme qui complèterait ce que je suis. Ceux que ma morgue ne contraindrait pas, je savais qu’il les séduirait. Ceux que je n’aurais pu tromper, lui, l’acteur, l’artiste les émerveillerait, et leur mentirait. J’avais confiance en son charme, et en ses tours de passe-passe… Un mince sourire, triste toujours, apparut alors sur ses lèvres, et elle ajouta d’une voix adoucie : « Son charme, il l’a éprouvé sur moi. Je ne vous cacherais pas que lui non plus n’a pas compris mon choix, pourquoi pas un guerrier, un soldat… Mais la guerre et la fureur ne sont pas, heureusement, tout ce qui permet de vivre ici bas, et j’avais besoin du reste… Dans la Dissidence, et ailleurs. Il n’a pas contrarié mon choix pour autant, je pense donc qu’il a du le comprendre, ne fut-ce qu’assez pour ne pas rebrousser chemin… » Ou bien s’était-il entêté pour elle, aveuglé, lui aussi, par la passion et l’évidence de leur nuit. De cette nuit qui avait rendu douloureux son silence, de cette nuit qui avait rendue douloureuse une séparation, à l’aube, qu’elle n’avait éprouvé avec d’autres hommes, et que lui non plus, elle en était convaincue, n’avait connu avec aucune autre femme. La sincérité de leurs corps avait été trop grande, fait tomber ses masques, ses rôles.

Et puis, au cœur de la nuit, lorsque dans ses bras elle avait ouvert, un instant ou deux, ses yeux, les doigts de sa main gauche avaient bougé, un peu… Colibri avait été la vie…

Retenir ses larmes était plus difficile encore, mais pour eux elle fit l’effort. Elle ne pourrait courir auprès de son cousin épancher celles-ci, et sans doute s’isolerait quelque temps afin d’y exprimer son chagrin… Pour l’heure, son œil brillait mais restait sec, et sa voix, bien que le tremblement la trahisse, pouvait encore leur répondre… Elle n’avait pas tout à fait répondu, éludé une partie de sa question, la plus douloureuse. Celle dont elle savait qu’elle était la plus difficile à comprendre. « Mais vous avez raison, sa place n’était pas là bas. Durant cette mission, le rôle de votre fils était de recruter des hommes, en un nom qui n’était pas le nôtre. Il devait jouer un rôle et les faire marcher à nos côtés, sans même qu’ils n’aient une idée de qui nous étions. Dans le campement, il devait nous permettre, à moi et à ses recrues, de lancer une attaque, sur un flan que nous avions rendu aveugle, en faisant diversion en contrebas, à des centaines de mètres de là. Pour ce faire, il a déclaré un incendie, et s’est protégé en revêtant les hardes d’un Révolutionnaire. Ensuite, l’attaque que je commandais étant vouée à l’échec, ce que je savais, de même que lui, la victoire sur le champ n’étant pas notre objectif cette nuit-là, son rôle était de regagner l’entrée des égouts qui nous a permis d’éviter la surveillance de l’armée de Beltxior, et d’y assurer mon propre repli. Il ne devait me permettre de rentrer que si je regagnais ce point. Faire diversion, disparaître, et se trouver là, pour orchestrer mon retour. Lorsque je vous disais que j’ignorais ce qu’il faisait là, dans la fureur des armes, j’étais sincère, et aujourd’hui encore, alors même qu’il semblait n’avoir eu aucun mal à circuler dans le campement, sa diversion se trouvant bien loin de là où nous étions, je ne sais pas pourquoi il a fait le choix de me rejoindre. Il devait être inquiet, il… C’est aux guerriers, de mourir sur le champ de bataille, et sans doute ma propre mort m’aurait-elle semblé moins injuste que ne l’est la sienne, mais il était là. Et il m’a sauvé la vie. Cela ne vous sera sans doute d’aucun réconfort, mais votre fils est mort en brave. Cela n’aurait pas du arriver, mais il est mort en brave, et aujourd’hui c’est à lui que je dois le souffle qui m’anime. » Au barde, qui n’était pas un soldat. Elle baissa un instant les yeux, leur masquant avec pudeur sa peine et sa culpabilité, avant de les relever, déterminée à répondre à leurs autres questions.
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyLun 13 Aoû - 18:11


Les mots de la dissidente étaient durs à entendre et la danseuse ne voulait toujours pas croire à l’évidence. Cet espoir ne disparaitrait peut être jamais, seule la vision du corps inerte de son frère pourrait éventuellement étouffer cette idée fixe avant qu’elle ne la ronge entièrement. Ethelinda détourna le visage, elle en avait assez entendu. Si elle devait tirer un trait définitif sur ce frère , elle ne voulait plus avoir à voir le regard de celle qui l’avait mené à la mort.

La rancœur, la tristesse et la culpabilité allaient finir par prendre le pas sur ses espoirs, du moins était-ce ce qui semblait préférable. Sipik avait l’air de savoir de quoi elle parlait, ce qui poussait la voleuse à s’interroger sur les choses qu’elle avait traversé avant de devenir un membre éminent de la dissidence , mais ce simple fait agaçait Ethelinda. Elle ne voulait pas que cette femme la comprenne ou lui montre de la compassion, elle ne connaissait rien d’elle ou de leur vécu et plus que tout elle voulait poursuivre Keefe jusque dans le camp révolutionnaire s’il le fallait pour avoir enfin la certitude de ce que Sipik était venue leur annoncer.

Ethelinda n’écoutait que d’une oreille distraite le récit de la jeune femme mais quelques questions subsistaient dans son esprit. Si son frère ne devait réellement n’user que de son charisme pour que les hommes se rallient à leur cause, pourquoi n’avait il pas relégué le pouvoir à Sipik une fois venue l’heure des combats ? Il devait aider le repli des dissidents.

Les informations se mélangeaient et formaient une mixture qu’elle ne parvenait pas à avaler, la jeune femme n’entendait rien à ces histoires et ne comprendrait peut être jamais. Quels liens avaient unis Sipik à son frère pour qu’elle en parle ainsi, presque avec tendresse ? Il n’avait jusqu’alors séduit aucun membre de la dissidence mais il semblait que les choses avaient changé précédemment… Avait-il mit sciemment sa vie en danger dans une mission qui ne lui correspondait pas pour séduire quelqu’un ? Cela correspondait un peu plus au comportement du barde qui n’acceptait que trop rarement la défaite.

Tout ceci ne justifiait pourtant pas cet acte, lorsqu’il avait bondit dans la bataille pour sauver la vie d’une femme qu’il ne connaissait pas ou peu. Les faits d’arme ne l’avaient jamais intéressé, ce qu’il voulait c’était un droit au bonheur, trouver une personne avec qui tout partager et enfin cesser cette course sempiternelle aux jupons. Tous ses espoirs, ses rêves ne trouveraient jamais d’aboutissement parce qu’il s’était lancé dans une bataille perdue d’avance. Il était mort en brave avait-elle dit, quel réconfort cela pouvait-il apporter à leur famille de savoir cela ? N’aurait-il pas mieux valut qu’il s’échappe et sauve sa peau , qu’il reste en vie ? Qu’il leur revienne tout simplement comme d’habitude… Il avait sauvé une vie mais à quel prix ? La Dissidence se montrerait-elle reconnaissante envers lui ?

Il ne fallait pas se faire d’illusion, il n’était qu’un nom de code, un pion sur l’échiquier géant des manigances politiques de l’Al’Faret. Ils trouveraient bien assez vite un remplissant, de la nouvelle chair à canon ou des boucliers humains pour le trio qu’ils formaient avec Eleni et Sipik. Que pouvait-elle faire face à cela ? Rien, il n’y avait plus rien à faire pour changer les choses. Les mots étaient inutiles, à quoi bon poser des questions et connaitre les détails de la mort de Keefe ? Il n’était plus, il avait été tué par les révolutionnaire et à cause de la dissidence, à cause de sa sœur qui l’y avait entrainé sans le vouloir.

Il vous a sauvé la vie alors que la bataille était perdue… mais qui est venu le sauver lui ?

Il n’était qu’un membre lambda de la dissidence, même pas apte à combattre, un homme de plus à terre que les survivants oublieront et noieront dans la masse des corps tombés sur le champ de bataille. Ses yeux se remplissaient de larmes retenait à grand peine et sa voix s’éteignait pour ne ressembler plus guère qu’à un croassement faiblard.

Et maintenant ? demanda-t-elle comme pour elle-même.

Ils ne pourraient jamais avoir la certitude qu’il était bien mort, le campement des révolutionnaire serait trop inaccessible et elle ne pourrait probablement pas s’y infiltrer pour le chercher parmi les blessés. Keefe… Ils ne pouvaient que pleurer un être disparut. La maisonnée resta plongée dans le silence pendant plusieurs minutes après que Sipik ait achevé son histoire, chacun imaginant les faits, tâchant de se consoler en se disant que leur fils ou que leur frère était mort en héros.

Je… Nous vous sommes reconnaissant d’être venue nous parler de ce qu’il s’est passé malgré votre blessure.

La danseuse se releva et après un regard dans la direction de son père, qui hocha la tête, s’approcha de la porte. C’était une attitude bien cavalière de mener ainsi Sipik vers la sortie mais ils avaient besoin de se retrouver entre eux pour enfin laisser s’exprimer la peine que leur causait cette perte. Ils n’avaient rien à dire avec la dissidente, elle n’était pas des leurs et ne pourrait pas comprendre combien leurs liens étaient serrés. Le patriarche s’avança finalement vers Sipik et lui tendit la main pour qu’elle la serre. Signe du respect qu’il éprouvait pour la guerrière malgré son implication dans le décès de son ainé. La Volonté de la jeune femme lui ferait certainement remporter de nombreuses victoires, elle la mènerait peut être même là où elle le voulait. Mais chaque fois elle laisserait derrière elle des corps ensanglantés , coquilles vides qui avaient certainement abrité des bardes comme Keefe, de simples artisans enfants de certains, frères d’autres et amants d’autres encore. Il lui faudrait vivre avec ce poids sur sa conscience, le poids de la culpabilité qui pesait aussi sur les épaules d’Ethelinda.
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MessageSujet: Re: Au cœur du nid des Colibris.   Au cœur du nid des Colibris. EmptyDim 19 Aoû - 22:37

Elenor saisit sans mal ce que signifiaient les regards échangés, ainsi que l'attitude de la jeune femme alors que celle-ci se dirigeait tranquillement vers la sortie. Elle se sentit éconduite avec une certaine rudesse, alors même qu'elle leur avait offert sur un plateau toutes les informations dont elle disposait. Pourtant elle les comprenait, comprenait leur désir de solitude, de voir celle par qui venait la nouvelle les abandonner à leur malheur, et panser leurs plaies avec pudeur. Elle les trouvait déjà calmes compte tenu de la situation... mais ne pouvait se départir de cette légère amertume. Alors, ne tenant pas à s'imposer, et s'aidant pour ce faire de la table, elle fit face à la porte et rejoignit celle qui avait du être la sœur de Colibri. Marquant simplement un arrêt avant de sortir, elle fouilla un instant son regard, avant de ciller et de se retourner vers son père.

« Ce n'est pas au nom de la Dissidence que je parle mais... Si votre famille, un jour, devait avoir des ennuis, faites moi appeler. J'ai des ressources qui ne vous mettront pas en péril, et si mon souffle ne s'est pas éteint d'ici-là, je ferais mon possible pour vous aider... » Ce n'était pas une offre à durée déterminée, c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour combler, toute dérisoire que soit cette consolation, un peu de ce vide... Elle lâcha un soupir dépité et, après avoir déglutit fit un pas dehors et tourna le dos à cette demeure. Quelle valeur aurait, pour eux, sa parole ? Sa bonne foi, ses regrets ? Quelle valeur aurait la souffrance de Sipik, quand il fallait la présenter à ceux pour qui comptait Colibri... ?

***

    Elle fit deux pas après que la porte se soit refermée sur son dos, tourna et, au détour d'une rue, s'adossa au mur le plus proche. Elle y enfouit son visage dans ses mains, mais retint malgré tout ses larmes, comme si toujours ce père abattu était face à elle... Comme si toujours ces yeux bruns sondaient sa détresse de la leur. Elle se contenta de réguler à grand-peine son souffle désordonné, et de mordre jusqu'au sang ses lèvres, avant d'appuyer au mur l'arrière de son crâne, les yeux clos. Sous ses paupières dansa le Barde, comme le soir de leur rencontre... Les bras écartés, dos à elle, il marchait sur une ligne invisible. « Et voici le Grand Cirque avec ses clowns, ses dompteurs de fauves, ses cracheurs de feu et son équilibriste ! Et dans ce seul rôle, votre serviteur qui se fera un plaisir de rester avec vous toute cette soirée ! » Il se retourna alors, lui sourit, de ce sourire si plein de vie, si tendre et si enivrant, puis ajouta : « Par contre, ne compte pas sur moi pour faire la femme à barbe ! » Et dans un grand rire, il lui tourna de nouveau le dos, la soirée déjà, trop tôt terminée. Elle sentit ses cils s'alourdir de l'eau de sa tristesse, elle abdiqua finalement alors que des larmes silencieuses se rejoignaient dans son cou.

    Adieu, le Barde.


[ Sujet clos ]

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