Les Tables d'Olaria
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 Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyMar 17 Mai - 19:38

« FILS DE PUTAIN ! »

La lance, accompagnée d’un rugissement mi-paniqué, mi-enragé, vola en éclat contre l’un des murs de la cour. Un bois grossier et fragile, donc les échardes s’envolèrent avec une certaine grâce. Colère explosive, force décuplée pour un bois aussi douloureux que l’était le cœur de celle qui venait de signer sa fin.

Non loin, un casque cabossé traînait par terre, vestige d’un mannequin dont l’état déplorable témoignait de la vigueur et de la souffrance de celle qui s’en était prise à lui. Il alla voler plus loin, pour rejoindre avec fracas ce qu’il restait de la lance.
La cour était déjà dévastée, comme la victime d’une catastrophe notoire… Et la catastrophe se nommait Jagharii. Elenor brisée, aveuglée par la rage et la douleur alors que son ultime lumière était soufflée par la trahison. Et elle se tenait là, légèrement voûtée, ponctuant le silence de la cour du sifflement sinistre de sa respiration.

Un déchirement intense, le coup de trop. Elle était restée d’un calme qui ne lui ressemblait pas, jusque dans sa violence qui quoi que farouche n’avait pas été excessive. Elle n’avait fait couler que peu de sang, alors que cette traînée ne méritait rien de plus que d’être égorgée comme une truie. Et Sieben… Sieben avait reçu quant à lui des insultes, mais pas de coup, elle n’en avait pas eu la force… Elle avait senti tout ce qu’elle était déserter ses membres pour n’en faire qu’une créature à court d’énergie, contrainte à la dignité quand son cœur n’aspirait qu’à la destruction et aux cris. Elle avait couru sur le retour, lâché ses longs cheveux d’ébène, pour échouer ici. Avait-elle seulement fermé la porte de leur demeure en rentrant ? Sans doute, oui, le souvenir était flou. Celle qui séparait la maisonnette de la cour qui accueillait leurs entraînements, en revanche, était restée béante.

Et de l’autre côté, Elenor frappait, à bout de souffle, tout ce qui se trouvait sur son chemin comme si ces objets honnis étaient les poignets faméliques de la putain, le cou épais de Sieben, leur cœurs à tout deux qui méritaient d’être brisés, broyés comme le sien l’était. Elle souffrait, et pendant ce temps, Sieben pansait sans doute les blessures de sa grue. Elenor était anéantie, et eux savouraient leur nouvelle quiétude, puisque non contents d’avoir abattus la Jagharii par leur trahison, ils l’avaient en plus vue battre en retraite et, indirectement, donner à cette relation répugnante sa bénédiction.

La respiration déjà sifflante depuis longtemps, un poids s’abattit soudain sur les épaules d’Elenor avec une violence inouïe. Elle tomba à genoux, sous le choc, et resta là, immobile, le regard fixé dans le vide droit devant elle.
    Combien d’heures… Combien d’heures passées-là ? Nombreuses, beaucoup trop… Etaient-ce les voisins, qui protestaient il y a quelques minutes ? Ou bien un écho vague de ma propre colère… Tout est flou, tout est vague.
    Qui suis-je, que se passe-t-il ? Comment suis-je arrivée là… ? Comment est-il seulement possible que je sois dans cette cour-là, à m’acharner sur tout ce qui m’entoure, dans des hardes médiocres, d’une main malhabile… Comment est-il possible que je souffre de cette manière…
    Tout résonne, tout est flou. Un tourbillon grisâtre, fade et malodorant qui m’a prise sans demander son reste.

    C’est ça, ma vie… ?

    Tout ce que j’ai fait m’a conduite… Ici ? Les batailles, les hommes, la Volonté. Ai-je manqué de Volonté, est-ce ma sentence pour m’être reposée sur ce que la vie m’offrait… ?

    Est-ce que je mérite ça ?

    Où est ma monture ! Je veux ma monture, ma lance, mon sabre et mon armure. Je veux les rugissements des hommes dans mon dos, et le sourire complice de Bellone à mon retour. Je veux retrouver cette vie qu’on m’a volée. Elle est là, quelque part je le sais… Je le sais.
    Lui… Lui n’existe pas. Une parenthèse qui n’est plus, déjà. Juste un souvenir, une chaleur qui avec le temps me semblera fade, un corps aimé puis disgracieux. Je ne l’aime déjà plus. Je ne peux pas aimer un homme comme lui…

    Pourquoi est-ce si douloureux ?

    Cet homme… Ni noble, ni soldat… Médiocre et discret… Est-ce bien cet homme-là qui vient de me poignarder ? Est-ce bien cet homme là qui a porté à mes sens le désir de disparaître… ? Comment… Comment… ? Comment en suis-je arrivée à ce point là ?
    Non, ce n’est pas ma vie. Ce n’est pas ma vie, on m’a trompée. Je suis Capitaine dans l’armée, fière, sauvage. Je me bats comme la lionne que je suis ! A notre retour, mes hommes et moi fêterons la vie, et la victoire. Plus de siège, plus de lie, pour menacer nos chaumières. Pas d’auberge, ni d’accident, ni de Dissidence.

    Je suis jeune, robuste, noble et riche ! Je suis libre.

    Libre.

    Où êtes-vous mes frères ? Votre Capitaine a besoin de vous. Besoin de sang, besoin de force. Pourquoi n’êtes-vous pas là à mes côtés… Pourquoi n’es-tu pas là, toi, ma sœur ? …

    Ca revient… ça revient…

    Je sens mes jambes qui tremblent… Mon poids les fait vaciller, un poids trop important, trop brutal… Elles ploient, progressivement, puis je sens sous mes genoux le gravier de la cour…

Elle portait toujours sa chemise élégante, et son pantalon soigné, toujours féminine, voire plus encore à présent que le col haut, ouvert, découvrait sa gorge et son souffle brûlant. Ses cheveux comme une cascade d’ombre sur ses épaules et la moitié de son dos, visage crispé, mèches de jais mêlées au khôl qu’elle avait essuyé au fil de ses larmes pour en préserver ses pommettes, et qui soulignait son regard avec gravité. Elle avait l’air hagard, l’air de celle qui ne comprenait pas quelle était cette vie qui n’était pas la sienne.

Elenor était un soldat puissant, décideur, elle était la fille aînée, l’héritière d’une puissante famille. Elle véhiculait dans son sillage des valeurs que beaucoup avaient oubliées, elle était belle, talentueuse, féminine et désirable. Elle montait des pur-sang nerveux et agressifs, fédérait d’un cri des dizaines d’hommes à sa suite, tuait sans mal, sauvait sa peau, sa peau tatouée, colorée, témoin heureux d’une vie déjà chargée, malgré son âge encore jeune.
Elenor n’était pas ce fantôme égaré et blafard, à genoux, seule dans une cour crasseuse, recouverte de l’opprobre d’un homme du commun. Elle n’était pas trahie, elle n’était pas infirme. Elle n’avait pas besoin d’aide pour lacer le corset qu’elle portait, ni pour boucler la large ceinture qui ceignait sa taille marquée. Elle ne craignait pas d’en découdre, et ne pleurait pas pour un homme.

Elenor, autrefois, aimait Sieben, cela aussi, il faudrait le corriger, à la seule force de sa Volonté.

Elle resta là longtemps, immobile au milieu de cette cour dévastée, dos à la porte qui avait vu apparaître Lan depuis quelques minutes déjà sans qu’elle ne s’en aperçoive. Toute à son malheur, elle ne l’entendit pas, et quand bien même elle s’aperçut de sa présence au bout d’un moment, elle n’en bougea pas davantage. Peur de s’effondrer, de craquer. Peur que le verni qui retenait à grand peine les fissures de son bois ne s’étiole au moindre geste pour la laisser plus vulnérable que jamais. Elle écarta le rideau sombre de ses cheveux d’un geste tremblant, découvrant à l’ami un profil contrit, une mâchoire crispée au-dessus du cou diaphane. La chair parcourue de petites œuvres d’art ci et là… Du coin de l’œil, elle le vit, mais ne réagit pas plus, honteuse, blessée, hargneuse…

Il n’était pas Sieben, mais lui aussi l’avait trahie par le passé, par son silence. Lui aussi lui avait montré la faiblesse et le changement de cette vie dont elle ne voulait plus.

Mais sans lui, peut-être Elenor ne serait-elle déjà plus ? Ce n’était plus seulement Sieben et son odieuse trahison, c’était tout une existence qu’elle n’assumait pas. Elle faisait honte à son nom, elle qui était autrefois si Volontaire n’avait su se relever des épreuves qui lui avaient été imposées par Therdone. Elle était faible, indigne de la lionne qui la représentait. Indigne.

Sans la rage, réalisa-t-elle soudain avec effroi, peut-être aurait-elle sauté dans le vide, des falaises… peut-être aurait-elle plongé, lestée de pierres… Sans la colère, peut-être ne serait-elle tout simplement plus… ?

Alors elle craqua, n’en pouvant plus. Mains jointes sur des abdominaux douloureux de s’être trop lamentés, elle se prostra plus encore, son front trouvant presque ses genoux. Le dos agité de spasmes, ses cheveux comme une flaque sombre de sang s’étendant autour d’elle avec fluidité.

« Lan… »

Une voix faible, un appel au secours, en fait. Elle appelait presque malgré elle l’ami, il devait, il pouvait faire cesser la douleur. Il devait essayer.

Ce n’était pas comme leurs retrouvailles, ce n’était pas comme ce soir où elle était venue lui demander l’hospitalité. Ce n’était en rien comparable. Ce soir, elle était en danger, un danger sérieux et palpable, qui grondait devant elle, menaçait, ricanait de cette créature involontaire. Elenor, si elle éclatait pour de bon, ne serait plus rien demain.

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Elandor Arlanii
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyJeu 9 Juin - 6:14

Il était tard lorsque Elandor franchit le pas de la porte. Il se força à croire que c’était parce qu’il était resté longtemps auprès de sa mère mais il savait qu’il avait traîné en rentrant chez lui. Chez eux ? Il avait rejoint le quartier des Humbles comme dans un rêve, l’esprit assailli de pensées confuses et d’images floues.
Il avait entendu sa fureur en franchissant la porte d’entrée dont le battant abîmé semblait avoir été projeté avec force. Des cris, des pleurs, des coups. Métal contre pierre, métal contre terre, bois qui explose.
La porte qui menait à la petite cour était grande ouverte. Il s’était approché lentement et était resté sur le pas. A la regarder.
Sa fureur s’apaisa et ce dernier pilier qui la soutenait s’effondra. Elle s’écroula au sol. Il ne pouvait voir son visage mais il imaginait son regard vide qui ne voyait plus rien d’autre que ses propres démons.
Pendant un long moment, il resta là, immobile. Il ne pouvait pas intervenir, il n’en avait pas le droit.
Pas tant qu’elle ne l’avait pas demandé …
La cascade de cheveux noirs recouvra sa peau mate et elle gémit à nouveau. Un long gémissement, presque un sanglot ou un cri. Tout à l’heure, elle avait hurlé mais ce son-là, plus animal qu’humain, faisait davantage frémir.
Sous le bruissement du tissu qui se pressait contre son corps en quête d’une chaleur perdue, il entendit prononcer son nom.

Elandor s’approcha lentement, comme il l’aurait fait pour une bête blessée. Il s’accroupit et sa main gauche trouva une épaule, s’enroulant autour de la nuque fine, tandis que la droite écartait précautionneusement quelques mèches sombres de son visage, caressant tendrement la joue humide au passage. Il l’enlaça un peu plus, lui apportant un peu de sa chaleur.
Il ignorait ce qui c’était passé mais le coup devait être rude.
Il caressa la peau humide de la joue et un brusque effroi le prit.
Et si … Et si elle avait appris une mauvaise nouvelle ? Capable de la mettre dans cet état-là …
Son cœur sauta un battement. NON ! Elle ne pouvait pas … Il était impossible qui Lui soit arriver quelque chose … Pas maintenant, alors qu’il allait La trahir de la façon la plus abjecte qui soit.
Il La poignardait dans le dos, Therdone ne pouvait pas lui enlever le seul souffle de vie qui La maintenait dans ce monde …

En d’autres circonstances, il se serait tu et aurait attendu qu’elle parle, mais la brûlure mordante du doute le fit paniquer.
Sa voix n’était pas encore tremblante lorsqu’il prit sa parole mais elle n’était qu’un murmure. On aurait pu croire qu’il ménageait celle qu’il serrait toujours contre lui mais il n’en était rien. Il manquait juste du souffle nécessaire.

« Que s’est-il passé ? »

Un croassement lui répondit et il mit quelques minutes à en comprendre le sens.
Le Ceste.

Quel ceste ? ! Un ceste ? Que venait faire un ceste là-dedans ? !
Soudain, un éclair de lucidité le frappa. Le Ceste ! Son aubergiste … Elle n’était même pas capable de prononcer son nom. C’était lui qui l’avait mis dans cet état-là ? ! Comment s’y était-il pris ? ! Elandor lui-même en était incapable …
Il sentit la rage monter en lui sans pouvoir prendre le temps de s’amuser de ce côté protecteur qu’il découvrait.
Un instant, il songea à lui proposer de régler son compte à cet homme de malheur. Mais il se retint. Connaissant Elenor, il devait avoir eu son compte …

Doucement, il entreprit de relever la poupée de chiffon qui pendait mollement dans ses bras. Une fois sur ses deux pieds, elle reprit un peu de consistance, du moins assez pour s’appuyer contre cet autre homme, si différent de celui qui venait de l’assassiner. Elandor avait parfait sa mise pour sa mère, il était propre et sentait bon.

« Ca va aller. »

La vacuité de ses paroles avait de quoi surprendre mais étrangement, c’était ses mots qu’ils pensaient réellement. Et c’était sans doute les seuls qu’il aurait aimé entendre lorsqu’il s’était réveillé sur la couche dure d’une cabane après sa chute, le dos algique et l’esprit brisé.

Deux yeux cerclés de noirs lui répondirent et il essaya d’y lire autre chose que le désarroi brûlant qui animait son amie. Il songea que bientôt, elle aurait une nouvelle raison de pleurer et son cœur se serra …

Il hésita … Devait-il la laisser tranquille, la laisser s’en remettre seule ? Il allait bientôt l’épouser … Elle deviendrait sa femme, celle qu’il devrait chérir et soutenir toute sa vie … Un dernier sanglot la secoua et il cessa d’hésiter.
Ses deux bras, chauds et réconfortant enserrèrent qui sa taille, qui ses épaules tremblantes. Sa main trouva la nuque fine sous la cascade noire et il l’appuya doucement contre son épaule.
« Je suis là. Je vais te tenir debout. »

Mais es-tu seulement, toi-même un homme debout ? …
Debout, peut-être mais pas fier … Il L’avait abandonnée et il allait trahir sa meilleure amie …
Il songea qu’aucune des femmes de sa vie ne serait jamais heureuse. Sa mère, Thétis au destin brisé, Bellone … Et aussi … La petite fille aux joues encore rondes qui n’avaient plus que la cour de Nobles pour tout parent …
Mais peut-être avait-il une chance de sauver celle-là ? Celle dont il allait partager la vie, celle qui se blottissait contre lui et qui, pour une fois, demandait son aide ? Peut-être allait-il devoir se forcer, au début, à se montrer tendre et attentionné, mais il espérait que plus tard, cela viendrait naturellement. Il voulait débuter cette relation de la meilleure façon qui soit aux vues des circonstances.
Il la serra un peu plus.

Il n’aurait su dire combien de temps ils passèrent ainsi enlacés ni ce à quoi songeait la Jagharii. Lui se forçait à penser à tout sauf à la promesse faite à Amarante. Mais elle l’envahissait, insidieuse, se rappelant à lui à chaque fois que son esprit commençait à s’égarer.
La nuit tombait et il songea à rentrer. Elenor ne semblait pas avoir la volonté de prendre une décision, aussi se détacha-t-il lentement d’elle, juste le temps de lui passer une main autour des hanches, comme pour la soutenir. Il fut surpris par le semblant d’assurance de son pas tant il avait peur qu’elle ne s’écroule.
La pièce principale lui parut au moins aussi lugubre que leurs pensées à tous deux mais il la déposa néanmoins sur une chaise. Aurait-elle préféré se réfugier dans le lit, la tête plaquée sous les couvertures ? Elle ne dit rien et se laissa tomber sur le siège dans un grincement de bois sinistre. Lance en saisit une autre et la plaça face à la sienne, leurs genoux se frôlant presque. Elle avait placé ses mains bien à plat sur ses cuisses et il hésita à les prendre. Finalement, il posa les siennes par-dessus comme pour lui transmettre un peu de la chaleur qui l’habitait encore.

« Tu veux en parler ? »

Oh oui … Parle, soulage ta peine avant que je ne t’enfonce un peu plus …
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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyLun 22 Aoû - 21:20

Elle entendit ses pas prudents, son approche silencieuse. Il répondait à sa prière… Une prière qui n’était qu’un nom. Car que pourrait-il seulement faire ? Il n’était pas un amant, il n’était qu’un ami… Un ami à qui il faudrait beaucoup de chaleur, pour colmater la brèche qui laissait sa douleur s’épancher sans retenue… La main qui se glissa sur sa nuque manqua de la priver de toutes ses forces restantes. Au prix d’un effort considérable, et après un hoquet sonore, elle tint sous ces doigts souples. Elle se déroba, en revanche, lorsqu’il écarta ses cheveux lisses qui formaient comme un rideau d’obsidienne devant son visage. Pudeur… Elle l’avait appelé, mais n’était pas prête à ce qu’il la voie aussi brisée. Ce n’était pas comme lorsqu’il l’avait recueillie, qu’il l’avait trouvé à bout de forces et peinée par une séparation provisoire… Là, Elenor n’était plus qu’une bête frémissante et sauvage, une bête tout juste capable de raisonner… Et lorsqu’elle raisonnait, c’était sa haine, le souvenir du visage joufflu de cette putain qui lui revenait à l’esprit.

Elle sentit à peine l’étreinte, les bras ballants, la tempe reposant plus calmement sur l’épaule de Lan. Son dos ne la soutenait plus, pas plus que ses mains qui semblaient toutes deux frappées de handicap. Tout n’était plus que laisser-aller et défaite.

Elle avait perdu.

Cela lui arrivait rarement… pour ne pas dire jamais. Jamais vaincue, pas même par sa blessure dont elle s’était relevée… Mais là… Là le coup avait été trop fort, et il était venu de l’endroit le plus sur qu’elle aurait pu imaginer… Que Lan la trahisse, si cela l’aurait mise hors d’elle, elle aurait pu l’encaisser. Peut-être même avec ce flegme qui surprenait souvent… Expansive pour ce qui n’était pas important, froide, et digne lorsque cela l’était. Mais là, c’était son mur maître, c’était ce qui existait de plus fiable, et de plus honnête, qui se révélait perfide et délétère.

Finalement, alors que peu à peu, elle sentait ses sens, et sa raison lui revenir en désordre, elle entendit la question de Lan, sans relever la pression qui faisait vibrer sa voix. Qu’il arrive quelque chose à Bellone ne lui venait même pas à l’esprit, trop à son malheur pour imaginer que l’on puisse ignorer ce qui l’avait mise dans cet état. Elle voulut lui parler de Sieben, mais son nom resta bloqué dans sa gorge noué… C’est après de lourds efforts que finalement elle articula « Le Ceste… »

Lieu maudit. Par Therdone, qu’il s’effondre dans la fange qu’il mérite.

Qu’il crève… Qu’il crève. Elle n’avait pas eu l’occasion de le tuer, tout à l’heure… Et si elle y retournait, alors ? L’arme au poing pour régler son compte à cet homme qui ne manquerait qu’à cette chienne qu’elle avait corrigée. Quand bien même ce cadavre-là sortirait un jour de son immense placard, que craignait-elle ? Elle était une noble de sang, après tout. Parmi les plus prestigieux nobles de sang qui plus est. Qui, qui mettrait la Jagharii au même niveau que ce Raetan souillé et infidèle ?!
Mais elle n’en avait pas la force… Tout juste celle de ne pas s’effondrer tout à fait lorsque Lan la releva. Elle se rendit compte de sa douceur et de ces précautions. Elle se rendit compte également qu’il n’y avait pas de pudeur, ni de gêne dans le geste. Elle sentit le parfum aussi… Où était-il allé ? La trahir, la vendre à son père contre quelque service ?

Trop amorphe pour laisser à sa paranoïa naissante plus d’espace, elle accepta l’étreinte, chaude et rassurante. Il ne lui dit rien, ou très peu. Les mots, de toute façon, ne l’intéressaient pas. Ils étaient inutiles. Ca va aller. Qui pouvait dire cela avec certitude, ce soir-là. Elle ignorait tout des tourments qui oppressaient Lan… Elle savait juste qu’encaisser ceux qui la prenaient à la gorge lui prendrait du temps… Du temps qu’il lui laissa, et en quantité suffisante pour que, finalement, l’habitude reprenant ses droits, elle s’aperçoive de combien ce contact prolongé, et tendre détonnait. Etait-il vraiment cet homme-là… ? Bien sur, la pudeur s’était en partie envolée, mais malgré tout, cette main, qu’il posa sur ses hanches pour l’inviter à marcher, tout comme cette autre, qui soutenait sa nuque comme il l’eut fait d’une maitresse éplorée ou d’une fille, lui arracha un léger frémissement. Elle ne se doutait pas de ce que cela présageait, mais son instinct, à vif depuis quelques heures, fut incommodé. Elle ne lui en dit rien, et se laissa simplement tomber sur la chaise qu’il lui proposa, les yeux plongés avec mollesse dans l’âtre froid de leur foyer.

En parler… Elle poussa un léger soupir. Toujours voûtée, elle ne pleurait cependant plus, et sa colère vigoureuse s’était peu à peu mue en un laisser-aller dépité…

« Je devrais avoir honte… » Glissa-t-elle à voix basse pour toute réponse. Elle ne lui répondait pas vraiment, d’ailleurs. « Honte de l'avoir laissé me mettre dans cet état… » Finalement, ses pupilles d’ébène se fixèrent avec férocité dans celle de Lan, et elle ajouta. « Je devrais y aller, et faire la peau à ce fumier. » Oui, c’était une bonne solution, ça. Elle se leva alors tout à coup, repoussant la chaise avec fracas, puis tituba jusqu’à la porte d’entrée, glanant au passage un couteau à fruit qui traînait sur la table. Quelques pas, puis elle vacilla et son épaule alla s’appuyer contre un mur. Dos à Lan, elle regarda le couteau, se rendit compte du ridicule de cette entreprise, et le balança avec une vigueur étonnante. Il alla se planter avec un son mat dans le mur, près de la porte. Avec une si petite arme, elle ne passerait même pas le gras qui recouvrait le bide de ce pendard.

Roulant sur son épaule, elle s’adossa au mur et resta là quelques instants, ses longs cheveux noirs ruisselant, lisses et lavés, sur ses épaules tandis qu’elle levait son visage en direction d’un ciel qu’elle ne pouvait voir. Son élégance était plus évidente là qu’elle ne l’était avant… Elle était soignée, et féminine, à sa façon… Elle s’était maquillée, bien que cela, si le spectacle n’était pas non plus désastreux, n’avait pas été une grande idée… Parfumée de son odeur musquée si particulière…

Un léger rire souleva alors sa poitrine. « J’ai appris aujourd’hui que j’avais moins de valeur qu’une vulgaire truie. Ce putain d’aubergiste m’a trahie pour la plus crasse, et la plus analphabète des grues. » Elle bascula légèrement son regard, un infime sourire de dérision aux lèvres, en direction de Lan, pour lui laisser voir combien tout ceci était risible… Et pourtant, dans ses yeux toujours la lueur provoquée par sa douleur. Elle se remit alors de profil à lui, se dérobant à son regard, et ajouta d’une voix morne. « J’ai vu Bellone, aujourd’hui… Ca m’a fait du bien… Un bien fou. Comme retrouver une sœur. Ca m’a donné envie de le revoir, lui. Et je l’ai trouvé avec cette pute. Deux mois, et il m’a remplacée par une pute. Je m’absentais plus longuement lorsque j’étais Capitaine dans l’Armée… Mais un Capitaine distant vaut mieux qu’une pauvre petite noble qui se terre dans la boue. »

Un rire étranglé, qui ressemblait plus, en fin de compte, à un chuintement sinistre, lui échappa alors, puis elle soupira et baissa légèrement la tête, ses cheveux revenant masquer en partie son visage.

Elle était coincée ici. Ni père, ni plus d’amant… Un ami déchu, une amie qui chaque jour dirigeait leurs adversaires officiels… Leurs pièces, sur l’échiquier, commençaient à se sentir un peu seules. Elle n’avait même plus conscience de la Dissidence. A peine de l’Al’Faret. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était plus sentie Elenor, avant Sipik… Peut-être parce que Sipik n’était pas une noble de sang. Sipik n’était pas une Jagharii… Son orgueil n’était pas le même…
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyMar 6 Déc - 15:42

Il avait presque envie de tout laisser tomber. De s’abandonner à sa lassitude, de se laisser sombrer. Après tout, pourquoi se battre ? Si un chagrin d’amour était capable de la briser, elle, à quoi bon poursuivre une quête trop grande pour lui ? Tôt ou tard, il s’effondrerait, lui aussi, poupée de chiffon, loque sans volonté ni dessein.
Brusquement, il eut envie de la secouer, de briser sa pudeur, de l’attraper, de tirer en arrière ce foutu rideau noir qu’elle utilisait comme un paravent en trompe-l’œil, et de l’obliger à se regarder dans un miroir. Regarde ce que tu es Elenor, ose regarder ! Tu étais une femme forte et digne, tu n’es plus rien.
Lui aussi avait perdu son amour, pire, il venait de le sacrifier. Et pourtant, n’était-il pas toujours debout, devant elle, à essayer de la soutenir ? Il avait envie de lui hurler dessus, peut-être même de la frapper. Pourquoi se retenait-il ? Sans doute un semblant de sagesse, toute neuve, vint l’éclairer.
Il se calme aussi vite qu’il s’était énervé. Lui aussi avait déjà subit cette mort psychique, cet abattement de tous ses mécanismes de défense.
Elenor avait mis tellement dans cet amour. Ses rêves d’avenir, l’oubli de son accident. Elle s’était relevée grâce à lui et le perde, c’était comme si le mur fondateur d’une forteresse s’écroulait. Même s’il s’agissait de la plus imprenable des forteresses, elle tombe quand même.
L’aubergiste ne valait rien et Elandor l’avait toujours su. Mais ce qu’il représentait pour elle transcendait sa nature de simple faux bourgeois insignifiant.

L’Arlanii songea alors que, s’il haïssait tellement la jeune femme quelques instants plus tôt, c’était seulement parce qu’elle le ramenait aux parts les plus sombres de son passé et de sa personnalité. L’absence de sa fiancée, la terrible décision qu’il venait de prendre … Mais aussi, son assassinat raté …
Il songea que, lorsqu’il s’était enfoncé au plus profond du gouffre, quelqu’un lui avait tendu une main. Main rassurante et protectrice, main vivante et soignante. A présent, c’était à lui de s’acquitter de cette tâche, et pas pour n’importe qui, pour elle.
Fort de cette certitude, il était enfin en mesure d’entendre ce que sa compagne pouvait avoir à dire. Et en mesure de la rassurer avec une véhémence des plus sincères.

Il ne prit pas la peine de lui répondre avec des mots mais il serra avec insistance la main blessée. La honte n’était rien entre eux mais il comprenait ce qu’elle pouvait ressentir. D’ailleurs, il aurait été déçu qu’elle n’y songe pas. Avec cette simple phase, c’était toute sa dignité qui transparaissait à nouveau.

Il la vit se redresser brusquement, retrouver un semblant de vigueur. Elle se nourrissait de sa haine et, même si cela n’était pas une bonne solution à long terme, il préférait la voir dans cet état-là plutôt que dans l’apathie brumeuse dans laquelle elle s’était installée.
Il se leva pour la suivre mais sursauté lorsque le couteau traversa la pièce. Lan admira l’étonnante facilité avec laquelle il se ficha dans le bois. Soit leurs couteaux à fruits étaient particulièrement affûtés et avaient été poignards dans une autre vie, soit les murs de cette bicoque étaient bel et bien pourri …

« Je me ferai une joie de le faire pour toi, si tu estimes que c’est une tâche trop indigne pour la noble jeune femme que tu es ! »

Il cherchait plus à la faire sourire qu’à la soutenir vraiment. C’était peut-être vain mais l’humour et l’ironie étaient leur lot quotidien et ils les maîtrisaient tous deux bien mieux que les sentiments.
Seulement, il comprit que ça ne suffirait pas …
Elle essayait de faire face mais ne pouvait empêcher le désespoir de déformer ses traits.
Loin de répondre à son rire creux, Elandor la fixa droit dans les yeux.
Tu sais que tu vaux bien mieux. L’avis d’un bouseux n’a aucune importance.
Il ne sut prononcer ces mots mais il les pensa si fort qu’il n’imaginait pas qu’elle ne puisse pas les percevoir.

Un rictus se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle évoqua sa « chère amie » et Elandor ne put que louer le fait qu’elle soit de profil, méconnaissant ainsi l’impact de ses paroles. Ce n’était pas le moment qu’il s’apitoie, lui aussi, sur son sort. Seulement, elle ignorait à quel point elle venait de le blesser … Un simple nom, une lame chauffée à blanc dans le ventre. Il était cet autre qui trahissait et abandonnait, qui remplaçait l’absente …
Il serra les points, souffla lentement et souffrit en silence, avant de s’avancer de quelques pas vers elle.

« Je ne peux pas te donner tort pour ce qui est de vivre les pieds dans la boue … »

Ton narquois, tentative vaine de répondre à son cynisme. Il se reprit, se racla la gorge. Il n’était pas très doué pour les déclarations d’amour. Mais là, il ne pouvait plus reculer. Il s’agissait de sauver son bras droit, son amie … sa future épouse.

« Mais si tu n’étais qu’une pauvre petite nobliotte, Elenor, tu ne serais pas là. Tu serais dans ta belle demeure, occupée à te demander que porter pour le mariage de ton Gardan … »

Il marqua une pause.

« La voie que nous avons adoptée n’est pas aisée. Moi, je n’avais pas le choix, mais toi si, et c’est d’autant plus courageux. Plutôt que de te révolter en silence, tu as décidé d’agir et pour cela, tu as dû te sacrifier au-delà de l’acceptable.

Il n’est pas un jour où je ne loue pas Therdone d’avoir mis ta Volonté sur mon chemin. Je ne peux pas t’offrir ce qu’il te donnait mais je peux te proposer un but, un idéal à défendre. Et aussi …
Et aussi un soutien infaillible. Je suis peut-être l’Al’Faret à présent mais je reste aussi Elandor, ton Lan, et je serai là pour toi. »


Il déglutit, presque étonné d’avoir réussi à ne pas balbutier ces derniers mots.

« Tu es quelqu’un d’admirable, Elenor Jagharii, et tu es promise à un grand avenir, bien plus grand que celui que tu pouvais envisager avec lui. Avenir que je t’offrirai, je te le promets. »

Son cœur se serra. Il y avait une partie de cet avenir qu’il allait devoir très bientôt lui imposer …
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptySam 17 Déc - 20:50

Les mots de l’ami entrèrent tant en résonance avec ceux qu’elle avait prononcés, plus tôt, auprès de la Générale, qu’elle en écarquilla un peu ses yeux en amande, embués et rendus vagues par la détresse. Ces sacrifices, qu’elle avait remis en cause à l’aube… Cette habitude qu’elle avait de s’offrir toute entière aux causes qui lui passaient sous le nez lui coûtait cher, très cher… et si son père avait raison, finalement, dans cette pondération et cette ineffable sagesse qui était la sienne ? Si c’était le lion, et non la lionne, qui empruntait la voie la plus juste ? La Jagharii connaissait trop cette vieille canaille pour le croire inactif, mais lui portait sur ses épaules leur héritage, ce qu’il escomptait lui offrir à sa mort. Oh elle ne se leurrait pas, le vieux soldat ne comptait pas sur celle de sa progéniture qui avait de la crinière pour honorer leur nom…

Quelle souffrance devait être la sienne… Si pour Elandor ce sacrifice était admirable, dans cette faiblesse, dans ce décilage brutal qui était le sien, Elenor commençait à sentir poindre la culpabilité en elle. L’ami était là, il lui ouvrait ses bras et son cœur, mais… Mais il n’était ni Sieben ni, le réalisait-elle, Amarante. Son père, il lui fallait son père pour courir dans ses chausses et pleurer sur ses genoux, comme elle l’avait fait, enfant, contrite de colère ou d’une frustration puérile. Cette fois, la colère ne serait pas la seule raison de ses pleurs, il lui faudrait également demander pardon, lui demander pardon pour ce dont elle le chargeait, en ces heures funestes… Sans doute, avec l’effervescence qui était celle du palais suite à l’agression de Lis Diantha, serait-il soulagé de la voir lui revenir, prête à se faire pardonner de ses emportements passés…

Cependant, elle n’en dit rien, demeura longuement silencieuse, suivant au ralenti les mots que lâchait Lan. Il se tenait là devant elle, et s’il ne lui disait rien qu’elle n’avait déjà entendu de sa bouche, elle le sentait à fleur de peau. Ils étaient fébriles, l’un comme l’autre, au bord d’un gouffre, et ils ignoraient de quelle nature était le précipice qui plongeait sous les orteils de l’autre. Au travers du brouillard qui recouvrait son esprit d’ordinaire plus affûté, Elenor sentait poindre la lueur qui oppressait Lan, sans être en mesure d’en saisir l’essence. Percevait-il cette tension ? Cette vague de fond qui soulevait, une à une, toutes les certitudes acquises ces derniers mois ? Était-ce cela, qui justifiait ce regard perçant et oppressé qu’il dardait sur elle ?

Puis il le lui dit…
« Je reste aussi Elandor, ton Lan, et je serai là pour toi. »

Une fois encore il se fit l’écho de ses pensées embrumées… Ce n’était pas de l’Al’Faret, qu’elle avait besoin. Elle avait besoin de reléguer au second plan son engagement, ce soir. Elle avait besoin d’être Elenor, et de ne plus en avoir honte… Elle devait retrouver son orgueil, sa valeur. Elle n’avait jamais cru, quoi qu’ait pu en laisser penser sa conduite, que la noblesse était anodine et sans valeur… Elle n’avait jamais pensé qu’une vulgaire putain qui ouvrait ses cuisses pour vivre pouvait être son égale… Elle avait simplement cru qu’en de rares occasions, la Volonté faisait des gens du commun des personnes admirables. C’était vrai pour Bellone, bien entendu, mais elle avait eu tord pour Sieben.

Il lui fit de promesses… Vouée à un grand avenir. Rien n’était moins évident, dans leur situation actuelle… À les regarder, eux deux, loqueteux et à bout de force, dans cette bicoque, se parler d’avenir brillant, n’importe qui aurait eu un rire cynique, voire emprunt d’une certaine pitié. Ce qui était pire encore...
Mais elle n’avait pas envie de rire, pas même de rire jaune. Au lieu de cela, elle eut un soupir dépité, et baissa les yeux, les soustrayant au regard de Lan.

« Celui qui nous aurait décrit cette scène, lorsque nous étions jeunes, aurait pris des coups de bâton. »

Le constat état amer, mais elle chercha néanmoins son assentiment, un peu de clairvoyance dans le regard de Lan. Son corps se mit alors en branle et, titubant légèrement, ses jambes frémissant sous son poids, elle s’approcha de lui… Pour s’en détourner finalement et aller trouver le couteau qu’elle avait planté dans le bois. Elle eut plus de mal à l’en extraire qu’elle n’en avait eu à l’y planter, ses doigts ripant autour de la petite garde en bois. Elle la saisit finalement avec plus de vigueur, loin de celle qui était sienne d'ordinaire, et l’en sortit avec un souffle sec. Du bout de ses doigts morts, elle effleura les échardes, sans considération pour celles qui se plantèrent dans sa chair. C’est à peine si elle pouvait les sentir, de toute façon.
Elle se trouvait tout près d’Elandor, de profil à lui. Tandis que son front allait trouver le bois fendu, elle hasarda un discret regard en sa direction, et, sa voix comme éteinte, lui glissa : « Je crois que j’ai besoin de repos… je veux dire d’une… pause. »
Mais sitôt prononcés, ces mots lui semblaient une trahison telle qu’elle les reprit, sans être capable cependant de plus d’énergie. Elle ne les reniait pas, mais ressentait le besoin de les justifier.
« J’ai trop perdu ces derniers temps… je ne sens même plus de rage, ni de colère face à cette situation… »

Donne moi ton souffle, mon ami, mon frère… Donne moi de quoi marcher… tu vois, tu le vois bien, que je suis sur le point de trébucher, n’est-ce pas ? Tu as eu la haine pour te redresser, mais moi, il ne reste plus grand chose dans ma carcasse.
Puis elle resta là, silencieuse, le front contre le bois amer, ses doigts faisant vibrer la lame tant ils manquaient de leur assurance coutumière. Elle ferma les yeux. À croire que tout ce qu’elle avait toujours été n’était qu’une structure de papier dont les feuilles s’était envolées unes à unes pour la laisser nue, vide et vulnérable. Elle fronça les sourcils, et un rictus découvrit, l’espace d’un instant, ses dents… ses doigts desserrèrent leur emprise sur la garde qui tomba, comme un plomb, sur le parquet. Elle y fit une petite encoche, mais ne s’y planta pas, cette fois, et retomba misérablement sur son flanc. À nouveau un soupir, elle se décolla du mur pour passer devant son ami. Sa main trouva l’épaule de celui-ci qu'elle pressa légèrement, et elle lui glissa d’une voix éteinte : « Je vais me coucher, Lan… » Souffler cette bougie. Sa chaleur n’est plus suffisante pour moi. Demain est un autre jour.

HJ – Bien entendu, le Rp n’est pas fini et je t’invite même à lui secouer les puces, si le cœur t’en dit :p
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyJeu 29 Déc - 18:24

Elle s’éloigna.
Elle avait parlé un peu et Elandor avait saisi la lassitude dans sa voix. Elle s’était arrêtée un instant, puis lui avait pressé l’épaule. Ce contact l’avait presque fait frémir. Il se sentait à la frontière de deux mondes. Dans l’un, il était l’ami et il faisait tout son possible pour consoler la jeune noble. Dans l’autre, il était un chef, un dirigeant et il s’apprêtait à lui donner une mission de plus, une mission … personnelle. Au lieu de quoi, il se sentait déchiré, peinant à écouter et à répondre aux mots douloureux, l’esprit tout entier occupé à son révoltant secret. Il devait le lui dire … C’était une nécessité et, en tant qu’Al’Faret, il avait choisi. Mais elle restait Elenor … Et … Pourquoi tout était si compliqué ? !
« Le cœur d’un homme d’état doit être dans sa tête. » Ces mots devaient venir d’un ancien professeur, un vieil homme qui avait vécu tout ce qu’il fallait vivre pour être capable de telles paroles. Elandor en comprenait le sens et la véracité mais son instinct ne pouvait s’empêcher de les combattre férocement. Son amour, son unique amour …
Il secoua la tête. A quoi bon ressasser ? Il avait choisit et c’était tout. A présent, il devait assumer. Et il aurait le courage de le faire.

Pourtant, Elandor hésitait. Ca n’était pas le bon moment …
Une petite voix résonna dans sa tête : ça ne serait JAMAIS le bon moment. Fuir et reculer cet instant angoissant serait la pire chose à faire. Il DEVAIT se lancer maintenant … De toutes façons, il n’avait plus le choix.
Et … Peut-être … Rien que d’y penser faisait de lui un profiteur mais il ne put s’en empêcher. Il l’a sentait à bout de nerfs, à bout de souffle. Elle venait de perdre tous ses espoirs d’amour … Qu’est-ce qui l’empêchait d’accepter d’épouser un autre homme, un ami qui plus est ? Peut-être les remords étoufferait-il Lan toute sa vie mais il n’avait pas le choix. S’il ne profitait pas de cette ouverture, peut-être n’accepterait-elle jamais. La culpabilité que cela engendrerait viendrait s’ajouter à l’immensité que menaçait déjà de l’engloutir.
Etait-ce le prix à payer ? Etait-il obligé d’aller jusqu’au bout ? Il pouvait choisir de tout arrêter. Il pouvait être sous la fenêtre de sa rousse amante, ce soir, dans l’heure. Il pouvait la serrer contre lui et abandonner sa quête.
Elandor songea aux mots qu’il venait de prononcer. Ils les avaient prononcés pour elle mais il pouvait à présent s’appliquer à lui. Son avenir était plus important que son bonheur. C’était à présent à lui de se sacrifier. Pour sa vengeance mais aussi pour son ascension et pour son peuple. Il était né pour cela, pour gouverner, pour changer les choses. Et il ne pouvait plus reculer. Trop de personnes s’étaient engagées pour lui, trop de gens étaient morts … D’ailleurs, pourrait-il encore se regarder dans un miroir en sachant qu’il avait lamentablement abdiqué, lui que l’ombre de son visage effrayait déjà ?
Et, à vrai dire, il avait déjà choisi il y a des mois … En ouvrant les yeux sur le monde plutôt que de les fermer à jamais.
Cette seule pensée lui donna l’impression que son cœur gonflait dans sa poitrine et qu’une seule respiration de plus suffirait à le faire éclater.
Il déglutit, la rappela.

« Elenor. »
Sa voix était un peu trop rauque pour être normal et elle se retourna, étonnée par ce brusque revirement de ton.

Comment le lui dire ? ! Il se donna du temps, évitant soigneusement son regard interrogateur et s’appliqua à éloigner la flamme rousse de ses pensées, les éclairs rougeoyant de sa chevelure lui aveuglant l’esprit et l’empêchant de prononcer un seul mot.
Il n’avait pas le choix, et ça ne changeait en rien son amour pour elle. Pourtant …
Elenor attendait, les sourcils dressés et ses prunelles sombres fixaient sur lui, essayant vainement de saisir son regard.

Tout plutôt que la torture de penser à celle qui habitait son cœur …

La tension montait et il savait confusément qu’elle émanait de lui.
Avec la maladresse et la fébrilité d’un jeune premier, Elandor Arlanii se lança.
« Amarante … Ton père est venu aujourd’hui. »
Une pause. Résumer la conversation lui sembla impossible. Faire au plus simple, elle poserait les questions qui jailliraient de son esprit.
Il lui jeta un regard. Laisse-moi parler, laisse-moi aller jusqu’au bout. Sinon, je n’y arriverai jamais …
Il parlait comme un automate et sa voix n’avait aucune des intonations qu’elle aurait dû avoir.

« Il m’a reconnu et … Il sait pour la Dissidence et … pour l’Al’Faret, pour moi. Pour toi aussi … »

Sa langue vint caresser ses lèvres, dans l’espoir vain d’apaiser leur sécheresse mais il n’avait plus assez de salive. Il se sentait étrangement lointain, comme un alcoolique embrumé par sa précieuse liqueur. Oublier, tout oublier … Mais avant, le lui dire. Se décharger de son fardeau, comme un lâche. Et en même temps, trouver le courage de ne pas renoncer au dernier moment. Tant de couardise et de bravoure dans un seul homme ! La situation lui paraissait si absurde …

« Il a promis de me couvrir mais en échange il veut … quelque chose … »
Sa voix mourut dans sa gorge.
Il fit son possible pour masquer ses émotions, pour avoir l’air ferme et décidé. Mais, au fond de lui, il avait seulement envie de se mettre en position fœtale dans un coin et de laisser passer l’orage. Il n’avait jamais ressenti un tel désespoir, et cette réaction le troublait. C’était comme si ses remparts s’étaient brisés et que tout l’extérieur déferlait sur lui.

Il allait demander en mariage sa meilleure amie. Celle qu’il n’osait pas tout à fait imaginer nue, comme un interdit. Celle dont il avait écouté les déboires amoureux et les exploits sexuels. Celle qu’il avait tentée de réconforter il y avait quelques minutes à peine.

Il inspira, chercha ses mots.
Je dois t’épouser.
Comme si c’était une obligation pour lui, une corvée. Aucune femme n’apprécierait !
Tu dois m’épouser.
Comme si elle n’avait pas le choix, comme si lui, était d’accord et qu’il le lui imposait !

Alors quoi ? !
Ils étaient tous deux impliqués. Tous les deux …

Un gloussement s’échappa de sa gorge. La situation était aussi ridicule qu’improbable et c’était sans doute la demande en mariage la plus pathétique de l’histoire d’Isle.
Elandor savait qu’il aurait dû penser à Elenor, au coup qu’il allait lui porter et dont il allait bouleverser la vie bien plus que la perte de sa main voire de son aubergiste.
Mais il ne pouvait pas. Ses pensées restaient accrochées à Elle et il voyait la courbe gracieuse de ses cils danser à travers le voile de sa cornée.

Je suis désolé. Je t’aime et je t’aimerai toujours, Bellone. Tu es la seule à qui j’appartiens.

Sa voix ne trembla pas lorsqu’il prononça la sentence. Mais au creux de son ventre, quelque chose se brisa, emportant avec lui les lambeaux lacérés de son cœur.

« Nous devons nous marier. »
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyVen 30 Déc - 18:10

Un voile blanc passa devant ses yeux, translucide. Au bord de l’évanouissement, elle entendit un fracas assourdissant s’abattre sur elle. Comme si elle passait sous une cascade, qui d’un coup l’écrasait de toute sa puissance. Le dernier mur de sa vie s'effondrait. Le dernier. La poudre sournoise qui vrombissait venait de le condamner à tout jamais. Il explosait comme le tonnerre.

Elle resta interdite quelques instants.

Le ton l’avait mise sur la voie, puis il avait parlé de son père. Alors, elle aurait pu céder à la panique et, comme elle l’avait fait au Ceste, fuir une fois de plus. Elle pourrait quitter la Capitale, s’enfuir de par les campagnes si souvent écumées… Elle pourrait trouver les voluptueuses Cités du désert, au Sud, et y vivre une vie de mercenaire, anonyme et sensuelle… Elle y trouverait des hommes sans nom, de la bière et du cidre, et à personne ne donnerait la plus petite once de confiance… Puisqu’il semblerait que ce soit là un mets trahi avec une constance répugnante.

Passée sa stupeur, c’est un soupir, profond et sec, qui lui échappa. Ce n’était pas un soupir de soulagement, car elle restait tendue… Elle expulsa juste tout l’air qui demeurait dans ses poumons, comme si cela la vidait de toute trace de vie restante.

Ça l’avait fait rire… Il avait ri, en la demandant en mariage. Un rire jaune, peut-être, mais un rire tout de même. Il trahissait sa sœur, l’acculait sans vergogne, et cela, d’une façon ou d’une autre, le faisait rire.

Sa décision était prise. Le lendemain, elle partirait… Sans rien lui dire, pas un mot. Méritait-il des mots, lui qui quelques instants auparavant lui proposer de rosser Sieben pour sa trahison, et qui l’instant d’après en faisait une plus odieuse encore à la femme qu’il prétendait aimer de tout cœur ? Cette femme si chère au cœur d’Elenor ? Qui lui demandait, à elle, d’accepter d’en être l’outil ? Sa révolte, à ces mots, fut telle qu’elle se crut l’espace d’un instant sur le point d’exploser… Mais elle n’en avait pas la force, pas l’énergie. Elle n’avait rien pour ce faire. Alors ses épaules s’affaissèrent et, lasse, elle se détourna de lui. Elle n’avait pas répondu à Lan… Elle refusait juste tout contact supplémentaire. Venant de lui, cette pilule était plus amère encore…

Ne me suis pas…


Elle s’approcha du lit et passa sa main droite dans ses cheveux. De ses doigts, elle les démêla un peu, puis elle s’abaissa, molle et tout aussi inerte que la gauche. Elle demeura ainsi longtemps, debout de dos à la porte qu’elle n’avait pas fermée. Ses doigts bougèrent à nouveau pour s’accrocher à la boucle de la ceinture qui ceignait sa taille, qu’elle défit avec des gestes lents pour la faire glisser dans un sifflement feutré. Suivirent ses bottes qui s’affalèrent et son corset qu’elle dégrafa avec des gestes raides et maladroits. Enfin, elle déboutonna le haut de sa chemise noire, et s’assit sur le lit, ses jambes en tailleur. Son visage dressé en direction du plafond, elle se concentra sur l’air qui vibrait dans sa poitrine. Il était amer, hérissé d’une multitude de petits aiguillons venus la déchirer de l’intérieur, et éprouver cette gorge nouée qui semblait ne rien laisser passer.

Elle resta dans cette position de longues minutes durant, au terme desquels elle entendit finalement du bruit. Il n’était pas entré dans la chambre, mais s’était arrêté sur le seuil. Il attendait une réponse… Était-il nécessaire qu’il l’entende, pour deviner de quelle nature elle serait ? Doutait-il ne serait-ce qu’un instant de son refus ? Comment pouvait-il espérer une réponse positive… Il la connaissait pourtant bien. Du moins était-ce ce qu’elle croyait… Elle ne se retourna pas.

Avant même de s’en apercevoir, elle entendit sa propre voix s’élever. La voix d’une morte, monocorde et lugubre. « Tu n’espères quand même pas que j’accepte une chose pareille… ? » Le ton était bas et grave. Une maîtrise qui n’était pas la sienne mais celle de l’épuisement, de ce moral terrassé. Contrairement à lui, cela ne la fit pas rire, bien qu’un rictus s’esquissa sur son visage, découvrant ses dents. Elle était toujours de dos à lui, aussi ne le vit-il pas, mais peut-être l’entendrait-il dans le ton. « Je n’en reviens déjà pas, que tu puisses relayer une telle absurdité… » Tous les hommes étaient-ils destinés à l’infidélité ? À la félonie la plus abjecte ? Elle était déjà brisée… Et il en voyait l’effet. Comment envisager de faire subir pareil traitement à Bellone ? L’amour devait avoir à leurs yeux un sens étroit, d’une abstraction incroyable. Finalement, elle déplia ses longues jambes sur le lit et, redressant ses genoux devant elle, effleura du bout des doigts ses mollets, relevant l’étoffe. Le geste, absent, se répéta, jusqu’à ce qu’elle s’arrête pour, à nouveau, prendre la parole. « Ni mon père, ni toi ne m’impliquerez dans cette histoire. Je ne serais pas celle qui vous aidera à briser ma propre sœur. »

Elle l’accusait, directement. Elle se doutait bien que l’idée ne venait pas de lui, mais par son assentiment il la cautionnait. Tout difficile que cela avait pu être… Elenor connaissait suffisamment son père et ses opinions pour savoir que s’il n’aurait pas protégé Lan sans contrepartie, il ne l’aurait pas pour autant condamné, ni dénoncé auprès de conservateurs. Il avait bien dû y trouver son intérêt… Il l’avait vendue pour une troupe de soldat… N’en avaient-ils pas déjà beaucoup, des soldats ? Que croyait-il qu’elle pouvait faire, lors de ces journées passées dans les quartiers militaires. Était-ce son père, l’atout cherché ? Bellone n’était-elle pas plus utile ? Compte tenu de leur conversation du matin même, Elenor aurait pu se lever, et courir la chercher, là. Mais elle ne voulait même pas savoir pour quelle raison il faisait une chose pareille à celle qui se morfondait toujours, tant de temps après sa mort simulée, sur le souvenir d’un homme qui aujourd’hui la trahissait.

« Demain matin, je quitterais la ville. » puis, sans un son, elle se glissa sous les couvertures et s’étendit, les yeux grands ouverts, toujours de dos à lui.
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyDim 5 Fév - 21:19

Je ne suis pas convaincue mais ça fait trop longtemps que je te fais attendre :s Désolée, n'hésite pas à me dire si ça ne te convient pas, je pourrai retravailler la fin !


Même s’il n’avait jamais su lire dans les gestes des autres aussi bien qu’une Eléni, Elandor perçut l’effet qu’avait produit ses mots.
Immédiatement, il s’en voulu. De lui imposer cela, en plus de tout … Il la trahissait, il le savait, mais il avait fait son choix.
Elle se détourna et poursuivit son chemin vers la chambre. Seule sa démarche paraissait un peu plus chancelante encore. Il avait saisit le soupir, le relâchement brusque de ses trapèzes … Mais ce qu’elle pensait réellement au fond d’elle, il l’ignorait. Comprenait-elle seulement ce que cela signifiait pour lui ? A quel point sa vie lui paraissait un rêve depuis ce matin ? Le monde était flou autour de lui, il lui semblait flotter plutôt que marcher, sur un chemin brumeux dont il ignorait la destination. Tout se déroulait sous ses yeux sans qu’il parvienne réellement à s’ancrer dans le réel. Mais ce rêve n’avait rien d’agréable pour lui non plus … Il avait accepté et il ne savait même plus exactement quel avait été le cheminement de sa pensée. Il … SAVAIT qu’il avait pris la bonne décision pour l’Al’Faret, il n’avait pas eu le choix. Mais quelque chose au fond de lui ne comprenait pas et ne voulait pas comprendre. Il nageait dans l’absurde et le rire qu’il avait laissé échappé montrait tout entier son désarroi.

Un instant, il songea à sa réaction, une fois le Lion sorti. A l’abattement qui l’avait saisi, au gouffre dans lequel il s’était jeté de son plein grès tellement il souffrait. Ce gouffre qui menaçait de le rattraper à chaque instant où il pensait à Elle, au mal qu’il allait Lui faire.

Il secoua la tête. Son dos commençait à le lancer, ses doigts raides également, et la douleur menaçait de marteler ses tempes. Depuis cette fameuse nuit, il avait appris à ne plus compter autant sur son corps qu’auparavant. Il le savait affaibli pour le reste de sa vie et cet amas de chair et d’os se faisait un plaisir de le lui rappeler justement quand il avait le plus besoin de lui.
Il ne pouvait pas se permettre de se laisser abattre maintenant. Il devait convaincre Elenor de vendre son âme comme il avait vendu la sienne … Il avait presque honte de lui demander ce que lui-même trouvait immonde mais il n’avait pas le choix.
Qu’il était doux de laisser résonner cette phrase à ses oreilles … « Je n’ai pas le choix. »
Il l’avait eu au contraire et il avait choisi. Méthodiquement, il avait pesé le pour et le contre. Et il avait choisi de sacrifier son amour, sa vie, au service de sa quête. Et aucun retour en arrière n’était plus possible …

Reprendre pieds dans le réel … Sa main se posa sur le mur. Dur, froid, réel. Il voulait être ce mur ou mieux, un roc ! Immense, inaltérable, puissant et indifférent à tout …
Il s’avança vers la chambre, s’arrêta sur le seuil. Elle était assise sur le lit, elle s’était déshabillée. Les vêtements qui jonchaient le sol lui rappelait ceux qu’une autre femme armée laissait tomber sur le parquet de la chambre où ils se retrouvaient.

Elle lui tournait le dos mais ses paroles résonnèrent avec clarté. Le ton était glacial et Elandor sut que les choses seraient compliquées. Elle le détestait, elle n’avait pas tort, certes, mais cette haine nouvelle n’allait pas l’aider.
Il la laissa s’exprimer jusqu’au bout, davantage parce qu’il était incapable de répondre que parce qu’il voulait l’écouter.
En lui grandirent des émotions disparates. Colère, envers elle de le juger, envers lui d’avoir accepter. Douleur aussi. De sentir qu’elle le mettait dans le même sac que son aubergiste, qu’elle ne voyait pas à quel point il en souffrait lui-même.
Il avait le sentiment de marcher sur une corde raide. D’un côté du gouffre, le désespoir : s’effondrer aux pieds d’Elenor, laisser s’échapper toutes ses larmes, lui demander pardon et puis … Tout abandonner ? De l’autre côté, il lui restait la fureur, se laisser emporter par la foudre de ses sentiments, lui hurler dessus toute cette rage qu’il ressentait et qu’il ne pouvait exprimer. Parce qu’il ne pouvait lutter contre la vague politique qui le submergeait.
Il se sentit vaciller, comme si son inconscient hésitait sur la conduite à tenir. Mais s’effondrer, maintenant ? …
Il ferma les yeux, expira lentement.
Lorsqu’il répondit, sa voix était incroyablement sèche et cassante.

« C’est ça, va-t’en, fuis. »
Elle ne pouvait pas le voir mais il grelottait presque et son visage affichait un rictus grimaçant.
« Et tu ne crois pas que c’est ce que j’aurai dû faire moi aussi ? ! Pourquoi revenir ? J’étais un mort-vivant, une loque. J’aurai dû rester en dehors de la cité, refaire ma vie, pourquoi pas devenir pêcheur ou agriculteur ! »
Sa voix enflait, ses mots se précipitaient. Il avait besoin de se défouler, de laisser s’exprimer son sentiment d’injustice.
« Mais j’ai choisi de revenir, Elenor. De me relever, de construire quelque chose, d’avoir un but. J’ai créé la Dissidence, je me suis battu pour elle, elle est devenue ma raison de vivre. Je ne peux PAS l’abandonner maintenant. »
Il avait presque hurlé cette dernière phrase. Malgré lui, ses yeux étaient devenus humides. Larmes de rage et de dégoût, de tristesse aussi.
« JE VIENS DE TRAHIR LA FEMME QUE J’AIME !
Pour Isle, pour eux, pour toi. Pour la tâche que je me suis assignée. »

Et je ne suis pas ton aubergiste, Elenor … Contrairement à lui, cette décision a été la plus dure de toute ma vie …

Ses poings tremblaient.
En un instant, il fut sur elle et la retourna violemment sur le lit. A cheval sur elle, il l’écrasa de tout son poids, bien trop conscient qu’elle n’était pas en état de lui résister ce soir-là.

« Regarde-moi ! Regarde-moi dans les yeux ! »
Il lui crachait presque au visage.
« Si tu n’y lis que trahison, bassesse et infamie, alors va-t’en, cela vaudra mieux pour toi et pour moi … »
Sa voix s’était apaisée, presque éteinte. Un faux ton calme.
Elandor, cet homme si viril, si parfaitement indifférent au monde qui l’entourait suait la souffrance. Elle transparaissait par tous les pores de sa peau et il n’avait même pas la décence de la retenir. Peu importait à présent …
Il avait perdu Bellone, il allait perdre Elenor …

Il relâcha son emprise, ses doigts laissant des marques rouges sur les bras de la jeune femme.
Il se leva, l’air égaré.

« Excuse-moi. Je ne voulais pas …

… Te faire du mal. »


Un souffle qui scelle ses lèvres, ses épaules qui se redressent. Ses yeux qui se fixent sur l’ouverture de la porte, son visage qui se fait lisse. Reprendre contenance, redevenir l’Homme, le presque Gardan Edorta.
Il fit quelques pas, s’arrêta contre le chambranle. Il ouvrit puis referma la bouche tel un poisson en manque d’air, déglutit.
Il n’osait pas la regarder en face, ne voulait pas la regarder. Voir quelque chose dans son regard … Le dégoût, la haine … Il avait honte de l’avoir violentée mais il ne pouvait regretter la décision prise.

« Mais si jamais … Si jamais tu vois une once de grandeur encore au fond de mes yeux, reste. »

Il se retourna, la dévisagea et senti la honte lui brûler les joues.

« Je t’en supplie, Elenor, reste avec moi. »
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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyMar 7 Fév - 23:17

Elle entendit le son de sa voix, mais elle ne disait toujours rien. Elle encaissait sa colère, comme à bout de fatigue, comme une éponge qui se gorge d’une eau trop salée, mais qui attend la chaleur, ou qu’on la presse pour se sentir mieux. La chaleur de Hurg Aari, bien au sud dans le désert, derrière les murs hauts, et roux, s’étendre au soleil, lascive et anonyme. Oublier Isle, oublier le Siège, t’oublier, toi. Elle ferma les yeux, ou du moins tenta de les fermer. Oui, fuir, se dissiper, ne plus avoir à l’entendre. Elle avait l’impression de devenir folle.

Ses mots lui semblaient ridicules, grotesques. Il lui sembla l’espace de quelques instants qu’il se moquait d’elle… Pêcheur ? Non, Elandor ne serait jamais un pêcheur. Elandor était le Gardan Edorta, et quoi qu’il en soit il l’était toujours. Cette fange, il ne la tolérait que parce qu’elle était le support à sa révolte, que c’était d’elle qu’il déclencherait la tempête capable de faire exploser les murs de ce Palais qu’ils convoitaient. En dépit de toute l’affection qui les liait, il n’était pas Elenor. Il n’était pas homme à se contenter de ce type de vie. Pas sans un but, un objectif en mesure de la justifier. Il ne pouvait pas fuir, pas comme elle. Mais elle, elle pouvait, elle pouvait fuir en gagnant le sud, comme elle l’envisageait (non, elle ne l’envisageait plus, elle y était décidée), ou bien fuir auprès de Bellone, là où jamais, jamais il ne viendrait la chercher. Oui, retrouver son poste de Capitaine, comme sa sœur le lui proposait quelques heures plus tôt. Revenir, s’abriter dans la plus entière des familles qu’elle ait eu.

Il ne pouvait pas abandonner la Dissidence. Elle non plus, car elle lui avait donné son allégeance. Mais elle n’était déjà plus qu’une ombre. Elle avait été promise à deux hommes, un pion, en lieu et place de la lionne qui rugissait en elle. Un pion et rien de plus. Quelle allégeance contracte un pion ? Après tout. Il va si peu loin, sur la grille. Elle fronça les sourcils, soumise à une pression que son épuisement moral n’effaçait pas tout à fait. Il hurlait à présent, il sacrifiait la femme qu’il aimait. Grand bien lui fasse, pas elle, pas Elenor.

Puis le silence. Un silence profond et duveteux. La voix de Lan résonnait toujours à ses tympans, un écho lointain et rageur d’un timbre déformé. Elle respirait, attentive à ce qui la secouait de l’intérieur. Comme des vagues, lentes mais puissantes, et patientes, surtout, elle sentait sa haine gonfler. Elle venait périodiquement, lui frappait les flans et emportait avec son ressac amer un peu plus d’elle-même. Peu à peu, elle mettait à nue la chair, puis les os pour la laisser nue et viciée de colère et de frustration. Elle voyait un peu de cette conscience, de cette bonne conscience s’égrener sur un sable de pensées en petites pièces luisantes. Pièces qui sombraient, une à une, dans le flot ardent de ce que cette odieuse demande avait provoqué en elle. Il faudrait du temps à cette grève pour sécher. Et plus encore, pour ce corps meurtri et à la moelle gorgée d’eau, pour cicatriser et retrouver un peu de sa Volonté. Car celle-ci aussi l’abandonnait, dans le même temps. Elle quittait cette pièce de viande soumise à la vigueur de sa haine, n’y laissant plus que l’ombre de la Jagharii, presque frêle, et plus capable de faire face à qui que ce soit. Moins encore à cet homme-là.

Mais elle ne devait pas trouver le repos auquel elle aspirait. La brutalité du geste lui coupa le souffle. Vestige de ses réflexes, elle leva les poings, mais les sentis tenus, coincés, tandis que de son poids Lan l’écrasait. Elle le sentait sur son bassin qui ne s’était pas tout à fait retourné, appuyé, lourd et violent. Elle ferma les yeux sans un bruit, comme une fille, trop habituée à la brutalité, bouclier baissé pour cette enveloppe insipide et fragile. Ce qu’elle était, tandis que d’un cri il la contraignait à le regarder. Que voyait-elle ? Que voyait-elle dans ses yeux ?

Alors elle soutint ce regard, muette comme une tombe. Ses yeux d’onyx percèrent ceux de l’ami d’antan, ils le jugeaient, le jaugeaient. Paupières à demi-closes, ses cils portant sur la pupille dilatée une ombre. Que voyait-elle ? Elle le voyait, lui, qui souffrait. Lui qui souffrait, et qui était aveugle. Pas un instant Elenor n’avait pensé qu’il avait fait ce choix de gaité de cœur. Elle était à bout, mais elle n’était idiote. Elle savait sa souffrance, mais précisément, elle eut préféré ne pas la savoir. Elle eut voulu l’oublier, en faire une chimère à son esprit. Elle ne lui facilitait pas les choses, elle traversait sa peau, à travers les doigts qui l’enserraient sans douceur. S’infiltrait dans ses veines et y diffusaient, sournoisement, l’impression d’une fatalité redoutable. Mais c’était trop tard, le poison était là, et à présent qu’elle sentait ce souffle brûlant et paniqué, au-dessus, effleurer son visage, elle sentit ses défenses se briser. Un tintement cristallin, tout au fond. En témoigna sa hanche qui tomba à plat, la laissant sur le dos, et le bras crispés sur sa poitrine, lorsque finalement il la libéra pour se relever. Elle le suivit des yeux en silence, grave et immobile comme une statue.

Elle eut envie de rire en l’entendant parler de Grandeur. Quelle grandeur ? Quelle grandeur pouvait-il bien y avoir à la trahison ?

Puis elle entendit sa demande et ferma les yeux… Il en appelait à ce qu’il pouvait rester d’amour, de cet amour fraternel qui les avait unis si longtemps, pour la retenir.

Spontanément, elle lutta contre tout ce qu’il évoquait, elle se refusa à cette idée, autant que possible. Cabrée comme un pur sang, fougueux mais se sachant dores et déjà entravé par la bride. Elle revit le sable qu’elle souhaitait tant gagner, la chaleur du soleil. Elle s’imagina, le teint mat, une tresse noire mollement affalée sur son épaule. Des dattes dans un bol à son côté, ses jambes repliées, son corps tendu, et baigné de l’or tiède d’Hurg Aari.
Mais à cette image, d’un avenir proche, et soulagé de l’odieuse demande qu’il lui faisait, vint se mêler autre chose. Des souvenirs, gravitant en corolle autour d’Elandor Arlanii. Il était un homme, jeune et beau, auquel elle confiait en ricanant un peu de son intimité la plus feutrée. Il était un chef, fier et dont elle était fière, dans l’ombre duquel elle se savait droite et forte, l’œil d’un capitaine plein d’assurance et de joie. Puis il était une statue mortuaire que l’on dressait, aux pieds de laquelle elle s’effondra, en larmes et ivre, pure opposée de ce qu’elle était auparavant.
Elandor Arlanii était cet homme de boue et d’ombre qu’elle giflait dans une ruelle, en découvrant le mensonge, pour mieux le sentir contre elle juste après. Devant lequel elle avait courbé l’échine, à qui elle avait déjà donné sa vie et, plus encore, sa Volonté. Il était la Dissidence, et elle n’était qu’un pion.

Sipik.

L’or tiède de la cité du désert se dissipa alors en volutes, dans son esprit, au profit d’un courant d’air glacé, humide, qui filtra par la fenêtre mal fermée, soulevant paresseusement les rideaux ternes qui pendaient devant. Elle rouvrit ses yeux avec à leur surface un lac résigné. Des larmes qui se regroupèrent, avant de rouler sur le côté, de chaque côté de son visage. Petit torrent qui l’abandonnait comme l’on fuit une ville empestée, qui se rend au terme d’un siège trop coûteux. Sa gorge nouée, elle regroupa ce qu’il lui restait de protestation mais, là, sous les yeux de Lan qui la dévisageait, mais dont elle évitait résolument le regard, se rendit compte qu’elle était bien faible. « Je ne peux pas… Je ne veux pas d’un lien qui me verrait trahie, encore. » Elle avait peur. Une terreur qui s’entendait dans une voix que Lan ne lui avait jamais connue. Ce qu’il lui restait d’honneur, si faible… « Je serais brisée, pour de bon. » Tu me briseras, tu le sais. Elle déglutit. « Je tuerais celui qui me fera subir cela une fois de plus. » Elle l’observa alors, sa tempe humide roulant dans l’oreiller. Ses bras étaient toujours crispés sur son buste, comme ils l’étaient lorsqu’il les avait saisis. Ils la protégeaient. « Je te tuerais. Je n’ai plus rien à perdre. » La haine n’était pas tout à fait partie. Elle demeurait, comme le reste, un squelette fébrile. Aux côtés d’une Volonté bafouée, de la trahison, et, pernicieuse, mais gonflant à un rythme régulier, de la honte.

J’obéis… Mais ne te trompes surtout pas, Lan. Même abattu et en cage, le lion peut toujours mordre.
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyDim 15 Avr - 10:13

Un silence. Mais pas un de ceux feutrés et doux, synonymes de connivences et de bien-être. Ce silence-là était froid, angoissant et terriblement long. Sur son visage marqué par la fatigue, il voyait les émotions qui transparaissaient, se mêlant, s’intriquant, se mélangeant, confusément. Il était incapable de savoir à quoi elle pensait si ce n’est qu’elle réfléchissait. Devait-il y voir un espoir ? Ou bien prenait-elle la décision la plus cruelle de toute sa vie, à savoir l’abandonner ?
Il se taisait, et derniers restes de sa grandeur d’antan, il restait droit, le front levé, malgré les lancements dans son dos, malgré l’abattement qui pesait comme un poids sur ses épaules.
Les beaux yeux sombres s’embuèrent, nouveau coup de poignard dans une chair devenue presque insensible. Mais il n’avait plus la force d’avoir seulement l’envie de la prendre dans ses bras pour la consoler. Il voulait juste que cette journée finisse. Trouver dans l’excès d’alcool et les plantes de Grand-Mère un hébétement rassurant, une dissolution de ses pensées et, enfin, un sommeil lourd et profond.
Il se souvint de son état d’esprit en se levant, de sa morosité et de sa lassitude. A présent, il lui parut que ces instants avaient été magiques. N’avoir comme principal soucis qu’une guerre clandestine à mener, comme seul objectif qu’un trône et son peuple. Effleurer ses sentiments avaient quelque chose d’infiniment plus blessant que de risquer sa vie pour ses idéaux.
Devait-il regretter ? Devait-il s’en vouloir de s’être laisser aller à cet amour ? Lui qui n’en avait jamais connu auparavant, lui qui se contentait de se laisser porter au fil de relations où il ne risquait jamais de s’attacher. Thétis était le genre de femme qui lui convenait : magnifiquement belle, altière mais sans aucun autre attrait à ses yeux. Avec elle, aucun dommage. Il avait été fier de l’exhiber à son bras, fier de la chevaucher dans la nuit. Mais jamais il n’avait risqué de souffrir pour elle … Ne jamais avoir croisé l’éclat rougeoyant de sa chevelure, ne jamais avoir senti son odeur, ne jamais avoir appris à apprécier ses traits changeants, imparfaits mais tellement vivants ! Peut-être aurait-il été trahi quand même mais, au moins, il n’aurait souffert que de la perte de son orgueil. Plaie d’amour-propre n’est pas mortelle. Mais une plaie d’amour tout court …
Certes, il avait connu un bonheur sans pareil, il avait aimé et avait été aimé en retour. Il avait vécu auprès d’elle comme un miracle, quelque chose que peu de personne rencontre dans leur vie. Mais à choisir, il aurait préféré que cela n’arrive jamais. Parce qu’il avait la sensation qu’un vide s’était créée en lui. Et pire encore, parce qu’il savait qu’il n’était pas le seul à souffrir.
S’il ne l’avait pas rencontrée, elle n’aurait pas eu à faire son deuil. Elle aurait trouvé un homme simple, aux épaules larges et aux ascendances plus modestes. Elle aurait pu l’aimer et le chérir jusqu’à la fin de leurs vies. Peut-être aurait-ce été moins intense que ce qu’ils avaient vécu tous les deux. Mais ça aurait beaucoup moins destructeur … Parce qu’elle finirait par l’apprendre … Qu’il était en vie, qu’il avait survécu et … Et qu’il allait sûrement en épouser une autre.
Ne jamais l’avoir séduite pour ne jamais la faire souffrir … Cette pensée était tellement douce mais il ne pouvait revenir en arrière et, même si cela était possible, il n’était pas sûr d’être capable d’empêcher que cet amour naisse.

Il fixait la jeune femme brune d’un air vide, frémissant à chacun des coups de boutoirs que son cœur meurtri assénait à sa poitrine.
Lorsqu’elle prit enfin la parole, après une éternité passée à arpenter les couloirs d’un enfer qui était bien humain, il lui en fut infiniment reconnaissant. Entendre sa voix, même étouffée, même brisée, le fit se sentir infiniment vivant. Cette femme qu’il n’aimait pas mais à qui il tenait profondément était capable de cet effet-là sur lui.
Pouvait-on donner une deuxième fois son amour ? Si elle acceptait, pourrait-il lui offrir tout ce qu’une épouse rêve de recevoir d’attention et de sentiments ?

Il écouta son souffle enfler et se briser et, sans vraiment s’en rendre compte, il perçut la frayeur dans sa voix. Si cela ne remonta pas jusqu’à la partie consciente de son esprit, il se sentit le détenteur d’un nouveau devoir : celui de la rassurer, de la protéger.
La seule pensée consciente qui émergeait était qu’elle avait accepté. Par ces paroles, par ce renoncement, elle avait dit « oui ».
Ils allaient se marier, devenir mari et femme. Et modifier à tout jamais la relation qui les unissait …
Venait-il de la berner ? D'abuser de son état profond de faiblesse pour lui faire accepter une chose que son esprit et son coeur rejetaient violemment de concert ? Cela n'avait plus vraiment d'importance. Peut-être le lui reprocherait-elle plus tard mais après tout, il le mériterait. Mais elle avait donner son accord et tous deux savaient qu'aucun retour en arrière n'était possible.

Il sentit comme un dernier tintement dans le vide qui avait pris la place de ses entrailles. Une dernière chose qui se brisait, un dernier espoir fou et invraisemblable. Celui qu’elle refuse et que tout redevienne comme avant … Qu’il puisse se précipiter dans les bras de sa rousse fiancée, lui révéler la vérité et l’aimer, enfin, à nouveau.
Mais cette sensation fut de courte durée, remplacée par un soulagement qui, quoique forcé, avait tout de même un socle de sincérité. La Dissidence avançait. Avec elle à ses côtés, il ne pouvait échouer. Ceux qu’il peinait à recruter, elle saurait les séduire. Elenor était la Volonté même. Elle représentait un espoir aux yeux des soldats mais aussi aux yeux de toutes ses femmes qui rêvaient d’accomplir autre chose que les joies de la maternité. Et sa famille, Noblesse parmi la Noblesse, lui assurait un certain nombre d’appuis non négligeables. Ils formeraient un couple célèbre dont on se souviendrait à travers les âges, il en était convaincu. Même s’il ne pouvait s’empêcher de penser que cette décision venait de les briser tous les deux …

Il s’approcha du lit. Son visage s’était apaisé et il puisa dans ce que son cœur contenait de reconnaissance pour paraître plus doux qu’il ne l’avait jamais été.

« Je serai là pour toi, Elenor. Si je m’engage envers toi, ce sera pour ma vie entière. »
Il marqua une pause, conscient que le serment qu’il lui faisait à présent conditionnerait leur union toute entière.
« Je te jure fidélité et respect. Et … Et même s’il me faudra lui dire au revoir, même s’il te faut comprendre que cet adieu sera, pour moi, un déchirement, je te promets de le faire avec la décence d’un homme engagé. »

Les paroles lui brûlaient la gorge et il eut la soudaine envie de fuir. De courir vers elle, de la retrouver, de la serrer dans ses bras.
Ô combien ce discours lui coûtait ! Combien il voyait le mal qu’il se faisait mais aussi, le mal qu’il faisait à celle envers qui il venait de s’engager. Elenor n’était pas stupide et pas non plus du genre à se voiler la face. Elle connaissait l’étendu de ses sentiments et ce que Bellone représentait pour lui. Elle savait aussi avec quel accord parfait sa meilleure amie répondait à ces sentiments. Elle ne devait avoir que trop bien conscience de détruire un couple qui s’aimait avec passion et dévouement. Elle devait aussi savoir que ce n’était pas sa propre décision mais il doutait que cela l’empêche de s’en vouloir terriblement et de lui en vouloir, à lui. Avait-elle peur qu’il ne tienne pas ses engagements ? Avait-elle peur qu’il ne revienne vers son premier et peut-être unique amour ? Craignait-elle qu’il ne l’aime jamais et que leur couple ne finisse par devenir un écran de fumée destiné au peuple ?
Elandor aurait voulu pouvoir la rassurer sur ce point mais il se sentait incapable d’en dire plus. Il lui avait fallu toute la volonté du monde pour prononcer les derniers mots sans trembler.
Mais il se promettait aussi de tenir sa parole. Même si faire une croix sur son amour lui semblait la chose la plus difficile qu’il aurait jamais à faire …

Dormir, juste dormir. Oublier dans les vapeurs du sommeil et de l’alcool qu’il venait de jouer sa vie. Oublier … Ne plus penser, juste s’abandonner à cet état comateux où plus rien n’avait d’importance.
Il se sentait incroyablement vieux et las.
Il lui sembla alors qu’il avait un besoin impérieux de fuir cette chambre. De fuir ce visage, ce regard, cette présence. Mais il venait de lui promette de ne jamais l’abandonner …
Il se contrôla, s’approcha un peu plus d’elle.

« Je sais que tu prends cette décision par dépit aujourd’hui, mais tu ne la regretteras pas, Elenor. »
Sa voix était toujours un peu rauque mais il la maîtrisait un peu mieux.
« Tu feras une Reine exceptionnelle. »

Il se pencha vers elle pour l’embrasser. Ses lèvres se posèrent sur son front où quelques mèches s’attardaient encore. Le geste était incroyablement doux mais emprunt d’une retenue toute nouvelle. Il marquait le passage d’un état à un autre, de celui d’amis à celui de couple. Et il montrait toute la difficulté qu’aurait ces deux anciens séducteurs à trouver leurs marques dans cette union intattendue.
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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyDim 29 Avr - 13:30

Elle ferma les yeux lorsqu’il reprit la parole, contenant le souffle brûlant qui vint heurter ses lèvres. Même s’il lui fallait comprendre… que pour lui, ce serait terrible. Un déchirement, disait-il. Elle devait comprendre sa douleur, elle devait le comprendre. Il n’était pas aussi mauvais qu’elle le pensait. Il n’était pas responsable, au fond. Non, il en souffrait. Il faisait un sacrifice… A l’entendre, on aurait presque pu croire que c’était pour elle, qu’il le faisait. Que son très cher père avait présenté la chose de telle manière qu’un jour, elle en viendrait à le remercier pour cela. Et qu’en savait-il, cet homme ? Comment osait-il seulement lui demander, à elle que l’on mettait devant le fait accompli, sur le cou de qui l’on refermait le collier de cuir que l’on aurait pu refermer sur le cou d’une chienne, de le comprendre ? Elle aurait voulu l’envoyer paître, le repousser, brutale, le frapper. Elle aurait voulu qu’il se taise, dès à présent, qu’il la laisse seule, peut-être pour toujours.

Raisonnable, elle aurait dit « qu’il la laisse se calmer ». Mais elle ne l’était pas, et à présent cette boule qui se formait au creux de son estomac n’était que haine. La présence de cet homme dont les mots, un à un, démantelaient son esprit lui était tout bonnement insupportable.

Qu’elle comprenne sa souffrance. Pas un mot quant à celle de Bellone. Cette femme, dont il briserait le cœur aussi surement qu’il avait déjà brisé le sien… Elle comprenait Bellone. Elle comprenait. Elle savait que lorsque celle-ci l’apprendrait, elle voudrait sa mort, la mort d’Elenor, de la femme, la sœur qui lui volait son amour. Et elle aurait raison. Et peut-être que la Jagharii, ivre de détresse, la lui accorderait un jour… Car à présent qu’elle étouffait dans le gantelet de cuir qui oppressait son cœur, elle envisageait toute libération possible comme bénéfique. Elle lui avait dit oui, lui avait dit qu’elle ne s’enfuirait pas loin de cette capitale, mais elle n’avait pas dit qu’elle ne l’abandonnerait pas ici même, au fil d’une lame, un jour, lorsque la douleur serait trop grande pour la lionne dans les veines de laquelle n’était que liberté. Peut-être ne serait-elle jamais capable de se laisser domestiquer…

Il s’essayait à la douceur. Il la caressait dans le sens du poil.

Elle retint de son côté un rire aigre face à cet engagement. Il pouvait être un homme engagé, il l’était pour lui-même. Elle lui avait donné sa vie et son serment, et ne les lui retirait pas… mais il lui faudrait désormais avancer pour celui qui l’avait brisée. Marcher, trahir pour les Jagharii était une chose. Là, c’en était une autre.

Par dépit. Euphémisme. Elle fronça les sourcils lorsqu’il se pencha pour déposer un baiser sur son front.

Lorsque ce contact se fit sentir sur sa peau, elle comprit, aussitôt. Elle venait de le perdre.

Il apparut dans ses pensées : jeune homme brun et séduisant, face auquel elle buvait en riant. Ils bavardaient, se moquaient, partageaient en toute liberté une affection qui s’était bâtie depuis l’enfance… Plus tard, c’était lame émoussée au poing qu’ils dansaient, se mesuraient l’un à l’autre par jeu. Un indéfectible lien, invisible, qui les unissait. Franchise, amitié… fraternité, même. Il était Lan, et elle était Elenor. L’ami d’enfance, puis le trio lorsque vint le moment de devenir des adultes. Car elle était apparue entre eux. Ils lui avaient fait une place, chacun à leur manière. Elle dans son cœur, car elle était cette sœur avec laquelle elle se battrait, celle pour qui elle était prête à tout sacrifice… Et lui, plus tard, dans ses draps. Elandor, Bellone et Elenor.

Et aujourd’hui, les amis d’enfance sacrifiaient la sœur, l’amante. L’écartaient… La trahissaient, la brisaient. Elenor demeurerait alanguie, dans un recoin de son esprit. Sacrée gueule de bois qui ne se terminerait jamais. Par Therdone, qu’elle trouve la force de se venger. Que Bellone se venge d’eux, qu’elle refuse de comprendre. Ma sœur, songea-t-elle tandis qu’il se redressait au-dessus d’elle, ne nous le pardonne pas… jamais… ne nous laisse pas faire une chose pareille… Bellone, si bonne, et si sage… Et si elle prenait sur elle, comme elle le faisait toujours… Alors ils seraient seuls, chacun d’entre eux. Ou non, peut-être pas, car peut-être la Générale trouverait-elle un homme qui mieux que celui-ci mériterait sa confiance… La passion est traitresse, elle emporte, aveugle, montre sous un faux jour ce qui à plat serait sans doute plus fade. Est-elle seulement de l’amour ? Alors resteraient Elandor, en chef, futur despote qu’elle avait juré de porter au trône, puis elle, en retrait, à demi vivante. Chacun dans un cadre propre, sans plus de souvenir de leur affection d'hier. Une bulle obscure, faite de pouvoir et de rancœur.

Lui vint alors à l’idée le fait que, peut-être, une fois qu’il aurait eu ce trône qu’il désirait tant, qu’elle aurait rempli sa part du marché… Il la laisserait partir. Il accepterait de lui ôter le collier qu’à force de caresses il refermait sur elle… Qu’elle pourrait s’exiler loin de la Capitale pour vivre une vie sans lui, sans eux. Anonyme et seule. Peut-être que si elle lui sacrifiait tout, ici, cela lui suffirait. A condition qu’ils gagnent. Elle déglutit, et, finalement, laissa un soupir lui échapper. Elle ne serait pas sa Reine ce soir. Ni demain. Un jour, peut-être.

Ce soir, elle était celle qui d’une voix éteinte, abattue, lui glissa : « Laisse-moi seule… s’il te plait. » Il voulait s’éloigner. Elle aussi. Elle ne pouvait le lui ordonner, à lui qui était son chef, et demain serait son Seigneur et Maître, comme il était d’usage de dire. Des larmes lui montèrent aux yeux puis elle se détourna de lui. Elle lui opposa son dos, frémissant de temps à autre. Les bras serrés sur sa poitrine… Son cœur y battant, lentement, un rythme devenu morbide. Elle y verrait plus clair demain. A moins que Therdone, entendant son appel, ne s’empare du peu de Volonté restant en elle pour qu’elle n’ait plus celle de s’éveiller.

S’ils devaient y arriver un jour, cela prendrait néanmoins du temps. Beaucoup de temps pour qu’elle ait fait le deuil de son amitié, et se laisse guider par son devoir. Car elle savait qu’il ne l’aimerait pas. Qu’elle non plus, sans doute, ne saurait lui donner son amour. Il mentait lorsqu’il lui promettait un avenir libre de regrets. Car elle en avait déjà.

HJ - Libre à toi de clôturer au prochain message, ou de poursuivre un peu ^^
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MessageSujet: Re: Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours...   Un Mariage arrangé n'arrange pas toujours... EmptyLun 23 Juil - 11:31

« Oui, je te laisse. »

Il lui tourna le dos et s’éloigna, s’arrêtant un dernier instant sur le pas de la porte.

« Ca prendra du temps, j’en ai conscience, pour panser nos blessures à tous. Et je ne suis pas sûr qu’elles guériront un jour. »
Il marqua une pause. Comment lui expliquer ? Qu’il voulait la comprendre et l’aider … Elle devait le haïr, elle avait le droit de le haïr.
Sa gorge était sèche lorsqu’il déglutit.
« Mais je suis prêt à essayer. »

La porte se referma lentement dans son dos et il l’imagina s’effondrer.
Lui-même ne tenait plus vraiment debout. Sous son crâne, il pouvait entendre les milles pensées qui devait l’agiter, tout en sachant bien qu’il ne pourrait jamais toutes les concevoir. Comment franchir un jour le gouffre immense qui venait de se créer entre eux ? Peut-être que, s’il agissait comme avant, s’il faisais « comme si », tout s’arrangerait ? Comme si ça n’avait jamais exister, comme si tout était normal, comme si seul l’avenir des Ilédors comptait et que tout le reste n’était qu’accessoire.

Le fauteuil défraîchi par le temps l’attendait au coin de l’âtre vide. Il s’y affala et cala sa tête entre ses mains.
Plus la Dissidence gagnait en puissance et plus sa vie personnelle s’étiolait. Il ne lui restait plus qu’à revoir Bellone et à la quitter à jamais. Ensuite, il n’aurait plus d’autre choix que de se lancer à corps perdu dans sa quête de vengeance. Peut-être qu’il finirait par retrouver son trône. Mais sa paix intérieure, il en doutait … La culpabilité et les regrets allaient le suivre jusque dans sa tombe et cette idée était loin d’être réjouissante.
Alors dormir ... Oui, tout oublier dans le sommeil, et ne plus penser que même sa Volonté risquait de s'effondrer.
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