Les Tables d'Olaria
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 Lorsque l'argent prend un visage

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Luminara Hirune
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MessageSujet: Lorsque l'argent prend un visage   Lorsque l'argent prend un visage EmptyDim 8 Mai - 21:44

C'était la première fois que Luminara pénétrait le Palais du Gardan Edorta. En tant qu'Artiste nouvellement intégrée au Grand Théâtre d'Edor Adeï, elle avait rencontré bon nombre de Nobles et commencé à fréquenter les soirées privées données dans leurs majestueuses demeures, mais elle n'avait encore jamais été invitée chez le Gardan Edorta. Et voilà qu'elle s'y retrouvait parce qu'une Olarile était sa promise... Luminara n'aurait pas imaginé une seule fois aller un jour aux fiançailles de Lis Diantha. Jamais elle n'aurait cru que cette dernière se donnerait sciemment à un seul homme. Et pourtant... la proposition d'un titre de reine l'avait amenée à changer d'avis. Depuis que Lysandre lui avait tout expliqué, Luminara ne ressentait que plus douloureusement les engagements liés à son statut de Chef. L'accompagner était la moindre des choses qu'elle puisse faire.

Pour le Bal, Luminara avait été très attentive à ne pas se vêtir selon la mode Ilédore, qu'elle commençait à adopter malgré elle. Elle savait quelles étaient les coupes et les tissus qui faisaient malheur, parce qu'elle en voyait tous les jours au Grand Théâtre, mais elle refusait de les porter ce soir. Ce soir, elle voulait rendre hommage à son Peuple. Ses bijoux étaient des créations de Laetia Télaran, et ses vêtement rappelaient irrésistiblement Arestim Dominae. Elle avait renoncé au cuir porté par les Chasseresses, mais les jupons qu'elle portait n'avaient rien d'Ilédor.

Luminara avait fièrement marché aux côtés de son peuple, sans honte de ne pas arriver dans une voiture. Elle revendiquait avec superbe son statut d'Olarile, et cette différence même qu'ils marquaient entre eux et les Ilédors lui convenait parfaitement. Reverrait-elle l'insupportable Oracle, ce soir ? Il était encore trop tôt pour lui cracher à la figure. Mais le jour viendrait, sans nul doute... Le Palais l'avait impressionnée, évidemment. Elle n'avait jamais rien vu d'aussi splendide. Couleurs, grâce et finesse se mêlaient admirablement. Tout en s'efforçant de conserver un air digne, Luminara pénétra la demeure du Gardan Edorta, de son pas souple et délié. Elle n'avait qu'à suivre Sorastrata. Sa grand-mère les menait tous, avec ce qu'il fallait d'austérité.

Et finalement, ils se retrouvèrent tous dans l'immense salle de réception, presque livrés à eux-mêmes. Consciente que bon nombre d'Olarils ne sauraient pas quoi faire, Luminara se souvint qu'il importait énormément aux Ilédors d'être vus en bonne compagnie. Le paraître... la notion commençait à lui être habituelle. Les Olarils n'avaient pas de relations, c'était évident. Seraient-ils la cible de moquerie pour cette raison ? La gorge de Luminara se serra. Elle-même connaissait plusieurs Nobles de l'Assemblée, mais ce n'était pas suffisant. Il fallait... plus. La Danseuse savait parfaitement qui aurait convenu. Sa Mécène était forcément là. La dame Noor Arlanii aurait-elle du temps à lui accorder ? Luminara s'était toujours juré de ne l'approcher qu'une fois la Première de son spectacle avec le taureau terminée. Devant les regards lancés aux Olarils, toutefois, elle changea d'avis sans hésiter. Une telle dame ne pouvait être désagréable. Après tout, c'était bien elle qui avait proposé de devenir sa Mécène, pas l'inverse...

Après un petit geste à Lysandre, Luminara s'approcha d'un domestique. Tout en prenant un verre sur son plateau, elle lui demanda :

- La dame vêtue de vert, là-bas, c'est bien Noor Arlanii ?

L'homme, surpris, acquiesça en lui lançant un regard que Luminara préféra ignorer. Lentement, elle s'approcha de la Douairière. Elle en savait suffisamment sur les usages pour deviner qu'elle avait le droit de lui parler sans que cela passe pour un faux-pas. En temps normal, elle aurait dû demander audience pour parler à une telle dame, mais la fête avait tendance à changer les habitudes Ilédores. Enfin, quand il devint évident pour tous que Luminara s'avançait vers la Douairière, Noor Arlanii tourna simplement son visage vers elle. Enfin, la généreuse donatrice de tout l'argent qu'elle avait dépensé prenait un visage. Luminara franchit les derniers pas qui la séparaient d'elle et s'inclina poliment, comme elle avait vu d'autres nobles le faire.

- Dame Arlanii. Pourrais-je vous parler un instant ? Je suis Luminara Hirune, à qui vous avez proposé un mécénat, il y a de cela plusieurs semaines...

Le cœur battant, Luminara se redressa gracieusement et croisa le regard de Noor Arlanii. Était-ce cette aura d'intransigeance qui se dégageait d'elle qui faisait tellement peur aux gens ? Qu'est-ce qui avait contribué à faire d'elle cette légende respectée dans toutes les rues d'Edor Adeï ? Elle allait bientôt le savoir...
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MessageSujet: Re: Lorsque l'argent prend un visage   Lorsque l'argent prend un visage EmptyLun 9 Mai - 20:56

La Douairière était une grande maîtresse du langage de l'éventail, une langue qu'elle parlait parfaitement, une des rares choses apprises dans sa jeunesse qui lui étaient encore utile aujourd'hui. Et comme elle n'avait plus à séduire, mais qu'elle continuait d'être courtisée, elle était intraitable et n'utilisait quasiment que les gestes les plus cassants, ceux qui signifiaient « je vous méprise », ou bien « cessez vos amabilités écoeurantes », « je ne désire pas parler ». Cela fonctionna très bien alors qu'une fois entrée, elle vit une petite foule de courtisans aller aussi vite que leur permettait la convenance. Elle posa sur son oreille gauche son éventail, et tous, impeccablement éduqués, comprirent qu'il fallait tenter une autre fois.

Noor connaissait ces gens: pour la plupart sans envergure ni potentiel, ils ne concevaient leur ascension que comme l'acquisition successive de faveurs, et non à travers une carrière ou leur propre travail. La politique était dangereuse et réclamait de l'intelligence, alors ils se rabattaient sur le parasitage. On comprenait le mépris de Noor pour les plus caractérisés d'entre eux. Une bonne partie de sa vie de reine, elle avait écouté les marchés et les doléances, les petits arrangements de pas mal d'entre eux. Elle avait même connu les grands pères de certains qui voulaient la solliciter aujourd'hui, au temps où ils grisonnaient déjà il est vrai. Ce soir, elle n'avait pas envie d'être prise d'assaut dès le premier quart d'heure, et à vrai dire, toute cette fête avait un ressentiment plus amer.

A ce bal où elle aurait dû être la troisième vedette, après son fils et sa future bru, elle n'était qu'une invitée.

D'humeur particulièrement sombre, mais pas orageuse, elle contemplait le bal un peu en spectatrice extérieure, n'ayant pas même envie de conserver les apparences de son titre. Ce qui était fêté était la victoire du Conseil, et Ysor semblait avoir définitivement échappé à son contrôle alors que Lis de son côté de la salle était déjà la reine. Noor avait failli à sauvegarder la lignée et son indépendance, Elandor ne reviendrait pas des morts pour la sauver.

Aurait elle été à l'initiative de tout, elle aurait participé et aurait donné le ton, mais puisqu'elle ne pouvait pas être la reine, elle ne serait rien du tout. Elle ne participait pas, passait au milieu des gens sans interagir avec eux. Elle allait même à penser au blocus dehors. On buvait quantités de vins fins et des tourtes à la viande tandis qu'il n'existait même plus de paille pour nourrir les chevaux, et que la farine était de plus en plus mélangée à toutes sortes de choses dans l'espoir de faire assez de pain. Tous ici se comportaient comme si le Dernier Jour était demain. Elle était Noor Arlanii, ne s'était jamais préoccupée du peuple et des pauvres, et ce n'était pas ce soir qu'elle commencerait à avoir de la compassion pour eux, ni à s'inquiéter sincèrement des excès qu'elle voyait. Elle était simplement aigrie.

Elle n'avait pas du tout son grand sourire alors que Luminara Hirune l'aborda. Au moins n'avait-t-elle pas cette moue revêche qu'elle avait arboré à l'entrée de la salle, ni l'éventail qui se baladait partout. Elle avait juste une expression vaguement suspicieuse qui attendait surtout de savoir qui s'adressait à elle. Expression qu'elle garda même après les présentations. Le silence était un privilège des Grands, elle en usait facilement, et il se passa des secondes épuisantes où on aurait pu se demander si seulement elle se souvenait de qui était l'olarile.

« Bien sûr... Vous êtes l'artiste olarile. Je suis... contente de vous rencontrer. »

Un homme roux, chauve et muni d'une bedaine prohéminente, mais impeccablement habillé, eut l'audace de s'inviter dans le cercle. Il avait visiblement attendu la première occasion où la Douairière parlerait à quelqu'un, comme une sorte de dégel pour présenter sa doléance. A peine était il à deux pas que déjà la Douairière avait ostensiblement mis son éventail sur l'oreille gauche, signe qu'elle ne souhaitait pas parler avec lui. Visiblement, cela ne le découragea pas.

« Douairière, permettez moi de me présenter: je suis Lothar Eretarii et je voulais vous parler à propos de mon fils... »

Noor Arlanii avait changé son éventail de main et le tenait assez haut de sa main droite. Il était trop entreprenant.

« Il est actuellement à un grade peu élevé dans l'armée et la Générale bloque les promotions, je pensais qu'avec votre influence vous... »
« Il suffit! »

Deux mots, mais avec autant d'autorité qu'une armée en marche. La douairière semblait réellement courroucée et ses yeux verts lancaient des éclairs qui donnaient envie de se cacher. Du moins était ce leur effet sur le noble Ilédor qui avait ignoré le langage de l'éventail. Une ignorance qui méritait qu'il se prenne un savon public, un genre de scandale dont la Douairière était au courant de toutes les ficelles.

« Premièrement, on ne s'adresse pas ainsi à la mère du Gardan Edorta, on n'oublie ni sa politesse ni les convenances. Je n'ai pas vu une seule marque de respect. Je comprends que la fréquentation d'autant de femmes en une si petite pièce vous fasse tourner la tête, mais il y a des frontières qui ne doivent être franchies. »


Le noble fit un pas en arrière, battant déjà en retraite.

« Deuxièmement, on ne dérange pas la Douairière, et on n'ignore pas ses avertissements. Pourquoi êtes vous passés outre? Parce que je suis vieille, ou bien parce que je suis femme? Voilà bien les manières d'un rustre en tout cas. »

L'esclandre faisait un peu de bruit autour, et il y avait deux bonne dizaines de spectateurs avides qui regardaient le Dragon des Arlanii déchirer l'homme au lièvre brodé sur ses habits. L'homme n'était pas habitué à faire partie d'un spectacle, il se confondait de honte; Noor si, et depuis qu'elle était Arlanii, elle brillait et ne retenait pas ses piques acerbes.

« Troisièmement, on ne transige pas avec l'autorité de la Générale des Armées. Je sais que vous pensez les Conseillers au dessus des lois, mais il n'est pas une seule personne dans ce pays qui ne doive rendre des comptes un jour ou l'autre. Le jour où vous rendrez des comptes, ceci vous sera lourdement compté. Disparaissez, et priez Therdone que j'oublie votre nom, Lothar Eretarii! »

Déprimée au départ, elle avait retrouvée à présent tout son mordant, et semblait définitivement ressembler à la Reine Mère qu'elle était, avec tout l'accent d'inflexibilité que contenaient ces mots. Elle était une femme de volonté, une sainte selon cette échelle. Une femme terrible en tout cas contre ses ennemis et ceux qui l'ennuyaient. Peut être aurait-t-elle dû davantage penser à l'image qu'elle projetait à cet instant précis alors qu'elle reprenait la conversation interrompue avec Luminara:

« Vous êtes l'Olarile, je suis enchantée de vous rencontrer enfin! Vous êtes vous trouvé un logement en ville? De quoi travailler? »

Elle avait retrouvé son aplomb réginal, et une assurance royale.
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Luminara Hirune
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MessageSujet: Re: Lorsque l'argent prend un visage   Lorsque l'argent prend un visage EmptyJeu 12 Mai - 11:54

Luminara s'attendait à un silence, le temps que la Douairière la remette. Elle avait beau savoir que ce silence aurait lieu, elle ne s'en sentit pas moins profondément anxieuse. Elle les savait au cœur de tous les regards, et un rejet maintenant coûterait cher aux Olarils. Pourtant, Luminara n'était pas prête à se laisser impressionner, comme lors de sa première rencontre avec la Noblesse Ilédore. Elle conserva donc un visage parfaitement neutre, reflétant une attente polie. Enfin, la dame parla, et Luminara sut qu'elle avait obtenu ce qu'elle voulait. Noor Arlanii lui répondait, donnant ainsi la preuve éclatante que les Olarils n'étaient pas seulement ces pouilleux que tous méprisaient. En outre, elle était contente de la rencontrer. Peu importait la véracité de cette affirmation : pour toutes les oreilles qui traînaient, c'était amplement suffisant. Un léger sourire étira les lèvres de Luminara, et elle était sur le point de remercier la Douairière pour sa générosité, quand un homme s'approcha d'elles.

Et là, elle commença à comprendre. Jusqu'ici, Luminara avait côtoyé la petite noblesse, celle qui dominait au moyen du langage. Ici, elle se heurtait à un niveau supérieur : tout était dans le non-dit. Et Luminara était parfaitement consciente qu'elle ne maîtrisait pas encore du tout cet art. Oh, certes, elle maîtrisait sa posture et savait ne pas trahir ses véritables émotions, mais ce n'était pas du tout la même chose. Elle n'aurait jamais chassé personne par le biais d'un éventail. À titre personnel, elle préférait discuter seule avec Noor Arlanii, mais elle ne s'attendait pas à une telle démonstration de feu et de flammes. Si un petit désagrément entraînait une telle réaction, qu'en était-il des faits graves ?

Que pouvait-elle en retirer ? Si la Douairière plaçait son éventail dans la même position au cours de leur discussion, était-elle censée se retirer ? Luminara se promit de rester attentive à tous les gestes de Noor Arlanii, et de poliment prendre congé si n'importe lequel d'entre eux lui semblait étrange. Une dernière chose lui posait question. Noor Arlanii avait parlé du manque de respect parce qu'elle était vieille et parce qu'elle était une femme. Et ça, c'était incompréhensible pour la Chasseresse. Elle avait remarqué que les Ilédors n'avaient pas beaucoup d'anciens – voire aucun – et qu'ils accordaient des rôles bien précis aux genres, mais elle n'avait jamais songé qu'être femme, ou vieille, pouvait signifier être en position de faiblesse. Au contraire : la vieillesse lui semblait être une marque de crédit. Sorastrata avait une position en amont de tout le peuple Olaril. Quant au fait d'être femme... une Ilédore était-elle considérée comme moins importante qu'un Ilédor ? Mille questions valsaient dans son esprit, et elle se promit de les poser à Ulkan. Il pourrait sans doute lui apporter une réponse nuancée.

Malgré tout, au fond, Luminara était satisfaite : le fait que la Douairière ait chassé le noble était une preuve supplémentaire du crédit qu'elle lui accordait. Elle cernait maintenant beaucoup mieux le personnage, et décida que si elle restait d'une politesse à toute épreuve et qu'elle respectait tout ce qu'elle savait du protocole, tout se passerait sans problèmes. Quand enfin Noor Arlanii reporta son attention sur elle, Luminara était prête. Comme s'il n'y avait eu aucune interruption, elle répondit avec un sourire :

- Tout le plaisir est pour moi. Grâce à votre générosité, je me suis installée tout près du Grand Théâtre, c'est plus facile pour les répétitions.

Manière détournée de glisser qu'elle habitait les beaux quartiers d'Edor Adeï. En fait, c'était récent. Une autre Noble Artiste lui avait proposé – contre un montant substantiel, il fallait l'avouer – de vivre dans les appartements de sa fille maintenant mariée, ce que Luminara avait accepté avec plaisir. Toutefois, depuis qu'elle passait ses nuits chez Amiguel, elle n'y allait plus qu'en journée. Soit, elle n'allait pas embrouiller Noor Arlanii avec tous les détails.

- Je monte actuellement un spectacle de danse taurine, pour faire honneur à Bakarne. Vous savez, j'en suis sûre, le symbole fort qu'il représente pour nous autres Olarils, et il s'agit également d'un moment significatif de votre Histoire.

Luminara pensa un instant à la mine du Gras lorsqu'elle avait acheté le taureau. Les négociations n'étaient définitivement pas son fort, mais elle avait obtenu ce qu'elle voulait. S'il savait qu'elle était en train de discuter avec la Douairière, il s'étoufferait, elle en était sûre. Elle continua :

- La Première aura lieu dans une quinzaine de jours. S'il vous sied de voir le résultat, je serais très honorée par votre présence.

Luminara trouvait que cette invitation orale était plus courtoise qu'un billet, mais elle se promit de tout de même compléter par une invitation écrite, plus tard. Finalement, sa discussion avec la Douairière ne serait pas seulement un affichage de ses relations, ce serait également l'occasion de remercier sincèrement Noor Arlanii pour tout ce qu'elle avait fait pour elle.
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MessageSujet: Re: Lorsque l'argent prend un visage   Lorsque l'argent prend un visage EmptyLun 16 Mai - 15:19

« Danse taurine? Ca paraît.. exotique. »

En vérité, Noor Arlanii était perplexe et ne voyait pas du tout ce que ca voulait dire. Faisait on danser le taureau ou bien on dansait autour du taureau? Et d'abord parlait on bien d'un taureau? Le terme semblait tellement neuf et était si mystérieux... Noor Arlanii savait que les artistes olarils ne fourniraient pas des poèmes classiques ni des oeuvres de musiques orthodoxes, mais de là à imaginer un numéro de danse exotique...

Les illédors n'étaient pas de grands danseurs. Certes, on était dans un bal et les deux tiers de la salle bougeaient en rythme, mais tout était affreusement corseté, et il n'y avait pas une once d'inventivité ou un pas qui ne datait pas du siècle dernier. L'étiquette et la bienséance se retrouvait dans les danseurs, tous deux tuant la création et l'innovation. En dehors de la cour, il fallait aller dans les tavernes, de préférence à une heure tardive, pour retrouver des gens qui se trémoussait sur des chants, enthousiastes à mesure de l'alcool qu'ils ingurgitaient. Les illédors, grands musiciens et homme de lettres semblaient presque fâchés avec la Danse. C'était d'autant plus cruel que les barbares du Sud étaient justement connus pour leurs chorégraphies subtiles. Les femmes danseuses étaient d'ailleurs un véritable objet de fantasme de la part des jeunes décadents.

Que ce soit parce qu'elle était symbole du manque de liberté à la cour, ou bien associée à des orgies populaires, ou bien encore composante de la décadence des jeunes générations et étrangère par dessus, la Douairière ne se sentait pas à l'aise avec l'idée qu'elle allait produire un spectacle... de danse. Elle avait bien changé depuis son adolescence.

L'expression de la Reine Mère oscillait entre le dédain instinctif et la curiosité irrépressible. Elle n'était visiblement pas conquise, mais ne disait ou ne montrait rien qui semblait rejeter en bloc le spectacle. A vrai dire elle ne statuait pas encore...

Puis elle décida de laisser sa chance à l'Olarile.

« Je n'ai aucune raison de rater la Première de votre spectacle. Je serai même curieuse de le voir. J'espère qu'il sera différent de tout ce que j'ai vu jusqu'à présent. »

Elle tapota l'éventail sur son poignet, sans y réfléchir. C'était un des rares gestes qui ne voulaient rien dire, mais ceux qui faisaient trop attention à ces détails se troublaient souvent, craignant avoir échappé à un message.

Noor Arlanii avait réellement en vie de voir ce spectacle, malgré son appréhension de cet art qui n'en était pas vraiment un à ses yeux. L'attrait de la nouveauté y était pour beaucoup, et les chances que cela soit réellement distrayant semblaient réelles. Et puis, ces considérations n'étaient jamais bien loin avec elle, ce serait un moyen de revenir sur la scène politique si ce spectacle avait du succès.

Les relations entre mécénat d'artistes de qualité et le poids d'influence qui en découlait étaient compliquées et tenaient beaucoup de l'affect. Bien souvent, le noble qui avait les meilleurs artistes était le plus écouté à la table du Conseil, comme si le niveau de culture était aussi important que d'entretenir des milliers de soldats. Noor ne savait pas pourquoi, ne cherchait pas à savoir pourquoi. Mais elle savait que son influence à la Cour d'Edor Adei était quasi dépendante des artistes qu'elle y entretenait.

Si l'Olarile, qui était aussi étrangère que la fiancée d'Ysor, montait un spectacle qui avait du succès, Noor pourrait se remettre en selle et se consoler de ses déboires. Ce serait l'occasion idéale pour se relever et revenir dans l'arène.

« Bien entendu, vous me le dédicacerez. »

Ce n'était pas une question.
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MessageSujet: Re: Lorsque l'argent prend un visage   Lorsque l'argent prend un visage EmptyMer 8 Juin - 11:32

Luminara pencha un instant la tête, comme si elle réfléchissait à la manière dont il convenait de prendre ce « exotique » sorti de la bouche de la Douairière. Fallait-il voir un mépris déguisé dont elle ne percevait pas la portée ? Luminara décida aussitôt que non. Noor Arlanii était sa Mécène, elle n'aurait jamais dépensé autant d'argent pour quelque chose de méprisable. Alors, c'était forcément qu'elle ne comprenait pas à quoi elle faisait référence. Sentant qu'une explication était bienvenue, Luminara se permit un sourire poli :

- Je pense que vous n'avez jamais vu quelque chose d'équivalent. De même, dans la culture Olarile, c'est inédit. Je ne voudrais pas vous gâcher la surprise, mais je vous assure que ce sera spectaculaire.

Et Luminara n'était pas peu fière de ce qu'elle avait réussi à mettre sur pied. Son taureau était parfaitement dressé, ses sauts tout à fait réglés, ses équilibres sur ses cornes bien fixés, ses figures apprêtées. Elle n'avait pas encore décidé quel serait son costume final, ni les décorations exactes qu'elle ferait porter au taureau. Ce dont elle était sûre en revanche, c'était que les cornes seraient colorées de larges traits vifs, comme les maquillages faciaux que ses sœurs et elle avaient l'habitude d'utiliser. Luminara avait hâte d'y être, certes, mais elle ne pouvait empêcher certaines appréhensions. Et si son spectacle était mal reçu par la pudibonderie Ilédore ? Ce n'était pas le moment de s'en préoccuper, mais il était difficile d'en faire totalement abstraction. Toutefois, la présence de Noor Arlanii venait de changer la donne. Si la Douairière assistait à la Première et soutenait officiellement la manifestation, elle avait beaucoup plus de chances d'avoir du succès. Elle inclina légèrement la tête pour la remercier.

Elle allait reprendre la parole quand Noor Arlanii fit un geste sec avec son éventail, qui fit l'effet d'une gifle à Luminara. Ainsi, elle était déjà congédiée ? Elle avait déjà vu les risques encourus pour ne pas suivre les règles de l'éventail, elle ne voulait pas s'exposer à une telle disgrâce publique. Après tout, elle avait déjà été vue de tous en train de parler avec la Douairière, elle pouvait se retirer. De manière inattendue, Noor Arlanii ajouta une dernière obligation, concernant la dédicace, à laquelle Luminara n'avait pas encore réfléchi, à vrai dire. La Chasseresse regarda alors la Douairière, de manière direte, presque effrontée, comme si elle jaugeait la justesse d'une telle dédicace. Avec un sourire lent, Luminara finit acquiescer avec grâce :

- Mais bien sûr.

Elle n'aurait su définir le sentiment qui l'habitait, mais elle voulait simplement s'assurer que la Douairière ne dénature pas le spectacle. Comment comptait-elle se servir d'elle ? Le ferait-elle vraiment, comme sa réputation le supposait ? De toute manière, leur entretien était terminé, comme elle l'avait signifié par son éventail, et Luminara conclut de manière neutre :

- Je ne suis pas certaine de maîtriser toutes les subtilités du langage de cette Cour qui m'est inconnue. Puisqu'il semblerait que je vous importune, je vais me retirer.

Et pourtant, Luminara connaissait le langage du corps : elle aurait dû pouvoir lire dans celui de la Douairière qu'il ne s'agissait pas d'une manière la congédier. Mais elle ne voulait prendre aucun risque. Les Ilédors étaient bien capables de parvenir à contrôler leur langage corporel pour induire en erreur. Après toutes les fourberies dont se composait la haute société, Luminara avait tendance à croire que seule une personne naïve et innocente pouvait croire à la sincérité au sein de la Noblesse. Comble de la malchance, elle l'était, elle, sincère, en remerciant Noor Arlanii. Son salut ressemblait presque à une pirouette, une révérence pleine de panache.

- Je vous remercie pour l'opportunité que vous m'avez offerte.

Et déjà, elle allait tourner les talons...
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MessageSujet: Re: Lorsque l'argent prend un visage   Lorsque l'argent prend un visage EmptyMar 5 Juil - 9:12

Elle voulait partir ? La Douairière haussa les sourcils comme n’importe qui pour exprimer son étonnement, mais elle ne fit rien pour retenir l’Olarile. Les artistes avaient leurs propres règles, et Noor Arlanii ne faisait qu’approcher ces règles à travers ses mécénats. Ce monde n’était pas tout à fait le sien, bien qu’elle y ait sa place, et la composition d’un spectacle était chose sacrée, tant qu’il ne choquait pas son mécène.

La Douairière allait juste s’attendre à tout, provenant d’une danseuse étrangère et bien qu’elle ne le montre pas, avait une forte envie de se ronger les ongles d’inquiétude. Ce qui arriverait lui échappait cependant, et elle s’efforçait de ne pas se mortifier pour quelque chose qu’elle ne pouvait maîtriser. Mis à part ses fils.

« Une chose avant que vous ne partiez : je veux que ce soit exceptionnel, et que ce soit réellement du jamais vu. J’ai vu plus de spectacles que vous ne pensez, je m’en rendrais compte assez vite. Ce sont nos deux réputations qui se bâtiront là-dessus. »

Noor passait pour une femme de goût, un arbitre des élégances dans le style sobre et royal. C’était un appel au respect de plus, et le respect était sa seule arme dans l’arène politique. C’était l’arme des reines. Avec l’Olarile, elle ornerait sa réputation des nouveaux termes de tolérance et d’ouverture, ce qui n’était qu’à moitié vrai dans les faits, mais ce qui importait vraiment c’est qu’on le croie. Pour peu que l’Olarile ne se lance pas dans une danse tribale et débauchée digne de leurs orgies. Si cela devait arriver, l’honneur de la Douairière ne s’en relèverait pas. Le contraste entre son image et ce possible spectacle serait trop drôle pour qu’on n’en rie pas.

« Vous pouvez vous retirer. Je vous souhaite un bon courage et une bonne chance, madame. »

Cette fois c’était la fin, la Douairière tourna le dos à l’Olarile. Se demandant vers qui elle allait aller maintenant. Son fils ? Occupé, comme toujours, et elle préférait le laisser seul en public, puisqu’elle l’avait en privé. Des amis ? Il n’y avait pas d’amis dans cette arène, il n’y avait que des hostiles et des neutres, plus ou moins lâches. Des gens biens ? Ce n’était plus guère évident de les distinguer maintenant…

La fête avait tourné, comme toujours à partir d’une certaine heure. Le premier acte d’ivresse, la première fumée tirée, le premier à faire un petit scandale étaient un signal pour que tout le monde se jette à corps perdu dans l’oubli et la débauche, comme si le fait qu’un seul le fasse justifiait que tous les autres s’y abandonnent. Et ce signal, visiblement était passé. Un jeune homme pelota ouvertement une jeune noble pas loin de la Douairière, qui fronça du nez comme une chouette courroucée. Qu’il aille donc la sauter derrière le rideau, et faire résonner ses gémissements dans la pièce, mais pas sous son nez.

L’atmosphère n’était pas faite pour une Reine-Mère raide et digne. Elle était de celles qui restaient en périphérie, un peu au dessus des autres, à critiquer et dénigrer les agissements de ceux-ci. C’était ainsi qu’elle était depuis qu’elle était mariée. Cette fois ci elle ne ferait pas autrement.

En évitant de s’éventer afin de ne pas respirer davantage de fumées qui commençaient à se répandre elle recula, et sortit de la salle. Qui plus est, elle avait sommeil, et il y aurait bien d’autres bals encore.

Dans son monde de pourpre, Noor Arlanii ne se rendait pas bien compte encore qu’il s’agissait peut être du dernier bal des Arlanii.
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