Les Tables d'Olaria
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 Bougon

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Laetia Télaran
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MessageSujet: Bougon   Bougon EmptyMar 28 Déc - 18:33

Encore une journée qui était passée dans la Garnison. La jeune fille commençait à ressentir les effets pervers que cet entraînement quotidien lui faisait subir : elle avait de plus en plus mal aux membres, était fatiguée et devenait lunatique si jamais il lui arrivait un tant soit peu de penser. Comment une société dont elle avait découvert de si beaux avantages pouvait imposer tant de désagréments.
Elle ne s'y était toujours pas fait. Cet « enrôlement », elle ne voyait pas d'autre mot pour le définir, était ridicule et abusif. Elle n'avait pas, sous prétexte qu'elle avait été gracieusement accueillie par la capitale, à fournir toute son énergie à une affaire dont elle se moquait bien. Elle savait qu'elle ne se battrait pas, elle ne le pouvait pas, elle n'en était pas capable…
Comble de tous ses malheurs, les tours de garde avaient été distribués pour le mois suivant. A partir de ce moment les nouvelles recrues devaient consacrer au minimum un jour par semaine à la garde de certains lieux. Alors que certaines des recrues avaient été mises aux Quartiers Religieux ou même aux Quartiers Nobles, sous pression c'était évident, Laetia quant à elle avait été affectée certains jours à la patrouille dans les Rues Commerçantes, d'autres à la surveillance sur le Chemin de Ronde. L'un comme l'autre étaient de véritables corvées, le premier imposait une vigilance constante pour déceler le moindre voleur, le second une patience infinie, dans le sens où les assiégeants n'avaient pas l'air partant pour attaquer la ville…
Le bilan était donc morose, de fait elle n'avait pas la moindre envie de rentrer chez elle pour ne rien faire. Errant sans but elle eut une envie soudaine. Elle se souvint de la taverne dans laquelle ils avaient tous été hébergés le temps de se faire une raison et une nouvelle vie.
Nombre de ses camarades, si elle pouvait les appeler ainsi, aimaient à se rendre à l'Auberge du Ceste Clouté et la jeune fille le comprenait. On pouvait rencontrer à peu près qui l'on voulait ici, l'auberge ayant sa réputation et de fait une bonne fréquentation.
Elle poussa donc la porte et fut happée par le flot de personnes qui s'installaient petit à petit. Elle voyait que c'était l'heure de pointe dans la salle et que les tables étaient bondées. Le service devait être épique et elle trouvait admirable de le supporter. Néanmoins elle voyait cela aussi comme une routine, chaque jour à la même heure les soldats de la Garnison finissaient leur journée et arrivaient à l'auberge, certes ce n'étaient pas les mêmes chaque jour mais la même masse grouillante en tous cas.
Ne trouvant pas de table accueillante elle se résolut à s'asseoir au bar. Elle ne boirait pas d'alcool, elle ne le voulait pas, elle se sentait abrutie par la journée elle n'avait pas envie d'être en plus débilitée par la boisson, elle n'était pas à ce point désespérée pour vouloir avoir l'esprit tel une passoire.

Elle commanda donc un lait chaud, rien de bien folichon mais au moins elle était dans le bruit environnant, elle n'avait pas à penser.
A sa gauche un homme bedonnant qui avait quelque peu forcé sur la boisson, il devait être là depuis le début de l'après-midi pour être dans un tel état en cet heure qui, il faut le rappeler, n'était pas si tardive.
A sa droite par contre, un jeune homme qu'elle regarda du coin de l'œil. Lui semblait lucide au premier abord, ou alors cachait-il très bien son jeu.

- Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve toutes vos obligations des plus stupides.

Elle n'avait pas peur de ce qu'elle venait de dire. Personne n'irait enclencher une bagarre avec une jeune fille, pas même le pire des rustres. Au pire il la prendrait pour une de ces éternelles maussades et bougons et l'ignorerait. Au mieux, et bien on verrait bien.

- Quelle idée de forcer les gens à s'entrainer à la bataille, au commandement. N'avez vous donc pas assez de volontaires sanglants pour devoir y enrôler même les plus étrangers à cette coutume.
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Gribus Sandragil
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyDim 9 Jan - 19:18

Ce n'était pas une bonne soirée. A l'heure qu'il était, Gribus aurait dû être assis au Grand Théâtre aux côtés de sa mère, en train de profiter de la dernière pièce d'un artiste en vue. Il aurait dû être en train de se détendre en famille et de faire des commentaires sarcastiques sur la corpulence des acteurs. Mais à la place, il avait passé la fin de journée à noter les réflexions du Gardan Edorta sur le discours qu'il devrait prononcer après son mariage, et maintenant, après une entrevue avec Eléni, il devait se préparer à approcher un nobliau nommé Alagos Torandal, dont la seule distinction était d'avoir une femme dans l'entourage proche de Lis Diantha. C'était une ouverture pour approcher la future reine, et c'était au Scribe qu'était échu le travail de repérage. C'est pourquoi le jeune albinos était au Ceste clouté, et pas au Théâtre, en train de lire un traité sur l'agriculture qu'avait écrit M. Torandal plutôt que de se moquer de la mise en scène de Vie et Mort d'Ildanar Olarii.

Le traité était écrit avec toute l'élégance littéraire d'un bât de charrue, mais le vin aidait un peu, petit à petit. Gribus était occupé à concevoir le masque qu'il prendrait pour justifier son approche lorsque quelqu'un lui adressa la parole, une voix féminine et juvénile qui faisait du jeune homme l'origine de tous les maux, de toute la force d'une gorge fatiguée. Avec un soupir, il leva les yeux et tourna la tête vers la jeune fille. Au vu de son âge et de ses mots, il s'agissait d'une Olarile qui faisait sa première expérience du merveilleux système d'entraînement et de conscription de la milice d'Edor Adeï. Autrement dit, une personne qui n'avait aucune idée de ce dont elle parlait, et qui n'allait que lui faire perdre son temps. Heureusement pour elle, au fond de lui, Gribus n'avait pas envie d'investir son temps dans un traité d'agriculture écrit par un Noble parvenu.

Avec un visage impénétrable, il la regarda droit dans les yeux pendant quelques instants. Puis, sur un ton méthodique et sans pitié, il lui répondit.

Je commencerais par dire que votre statut d'étranger ne vous dispense de rien ; vous avez demandé à devenir citoyen de cette ville, il faut vous plier à ses lois. Je ferais ensuite remarquer que si vous croyez qu'on devient volontaire dans l'armée parce qu'on rêve de couper des têtes, vous n'avez jamais été pauvre et assiégé. Je terminerais en vous signalant le fait ô combien incroyable que non, il n'y a apparemment pas assez de gens qui se portent joyeusement volontaires pour une fonction qui est conçue pour les mettre en danger de mort.


Voilà qui devrait lui fermer le claper, ou du moins la convaincre qu'il était bien trop pédant pour une conversation civilisée. Il n'y avait plus qu'à revenir à la grandiose réflexion sur la meilleure manière d'orienter les champs de blé.

Gribus laissa son visage se détendre et prit le temps de regarder la malheureuse conscrite. Elle portait encore ses vêtements de service, son visage au teint hâlé était tiré par la fatigue, mais elle gardait ce étrange quelque chose qui distinguait les Olarils des Ilédors. Pendant un court instant, Gribus se rappela de l'époque où il avait son âge, et se dit qu'après tout, il n'avait jamais compris pourquoi sa soeur avait voulu s'engager.

La jeune fille n'avait pas l'air d'avoir remarqué la couleur de ses cheveux, sinon elle aurait eu une attitude différente. Il y avait chaque jour des Ilédors comme des Olarils qui le regardaient comme une curiosité au mieux, comme un pestiféré au pire. Mais non, elle semblait seulement vouloir se débarrasser des restes de sa journée, et le jeune Scribe pouvait la comprendre. Il aurait dû se lever et poursuivre son travail. Mais...

Ses paroles suivantes furent portées par une voix plus souple, celle qu'il prenait pour plaire aux autres serviteurs.

La fatigue dans vos membres...elle disparaît encore après une nuit de sommeil ?
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Laetia Télaran
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptySam 5 Mar - 21:03

Première réponse, finalement ils étaient tous bornés et intolérants, évidemment, il fallait s'en douter, un même arbre donne à tous ses fruits les mêmes saveurs de fond, il n'y avait ensuite qu'une question de surface, rien de plus, rien de moins. Sa rencontre avec la furie aurait dû l'empêcher de vouloir étaler encore sa vie comme ça... Puis vint la suite, qui était nettement plus intéressante elle. En fait ils n'étaient pas des têtes de mule, ils étaient tous fous !
Elle était un peu forte peut-être en utilisant cet adjectif là. Ils étaient plutôt... étonnants. Chaque peuple avait au moins le mérite d'avoir de quoi s'intéresser à l'autre.

Elle émit un léger rire et se tourna vers le jeune homme.

- Vous êtes original vous, vous le savez ? On dirait presque que vous avez eu une pensée à retardement, c'est drôle.

Elle le dévisagea, il était jeune, plus vieux qu'elle néanmoins. Ce qui était le plus étonnant cependant était qu'il était si pâle... Laetia eut peur quelques instant qu'il ne s'effondre devant elle, il aurait pu être malade et alité qu'elle aurait trouvé cela normal. Apparemment il se portait comme un charme et la jeune fille se força à ne pas s'inquiéter. C'était difficile, d'autant plus que s'il se passait quelque chose elle n'était pas certaine que quelqu'un puisse l'aider dans l'auberge.
Un deuxième sourire, plus timide et incertain celui-là. Elle inspira très légèrement pour reprendre contenance.

- Je vais en effet bien mieux après avoir dormi, c'est gentil de vous en inquiéter. La nuit est toujours le moment le plus doux. La journée me la fait attendre en tous cas.

C'était une pièce romantique dans le plus pur fleur bleue Ilédore qui lui avait inspiré cette phrase. L'Ilédor amoureux parlait alors des retrouvailles avec sa bien-aimée mais son lit inspirait plus Laetia que n'importe quelle idylle ces derniers temps.
Elle voulut partir d'un autre pied, sans ronchonner et essayer d'enchaîner sur quelques paroles pour détendre l'atmosphère.

- Ne tenez pas compte de mes bougonnements, voilà deux fois déjà que je me fais rabrouer pour mes opinions, n'y en a-t-il pas un seul parmi vous qui ne soit pas aussi patriote que vous ? C'est si systématique apparemment que ça en devient drôle. Passons donc sur ce point, vous voulez que l'on vous resserve ?

Elle l'avait pensé, l'auberge permettait de parler à n'importe qui, sans se soucier d'éventuelles conventions. Offrir un verre à un parfait inconnu ne se révélait donc pas aguicheur comme cela l'aurait été en tout autre lieu. Il ne montrait pas non plus un intérêt trop particulier, c'était courant entre personnes qui pouvaient se permettre ce genre de choses. Elle espérait néanmoins ne pas embarrasser l'homme qui lui faisait face, cela aurait été malvenu dans une conversation de sentir l'embarras d'un des deux interlocuteurs.

- Qu'est ce que c'est ?

Elle prit l'ouvrage dans les mains. Ne pouvant en lire le titre elle se contenta d'effleurer la couverture et de feuilleter rapidement, les boucles que formait l'encre étaient jolies mais la seule chose que Laetia reconnaissait était les chiffres, des chiffres qui étaient immenses à certains moments. A quelle occasion pouvait-on appliquer des calculs aussi monumentaux ? Quand elle se promenait dans les rues bordant sa boutique elle enviait souvent Lysandre et les Ilédors de pouvoir déchiffrer tout ce langage crypté. Soit ! Elle profitait d'autant mieux des orateurs qui eux interprétaient les textes pour leur auditoire, comme ça elle avait appris, comme ça elle continuerait d'apprendre.

- Ce livre pèse lourd en tout cas et bien que le sujet m'en est inconnu il a l'air de contenir tout une masse d'informations. Qui êtes-vous pour même ici, lieu propice à une certaine détente, vous charger d'un tel poids ?

Elle rendit très précautionneusement le livre, sans doute était-il important.
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Gribus Sandragil
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyJeu 17 Mar - 1:47

Une pensée à retardement ? L'idée était effectivement formulée d'une drôle de façon, mais à bien y réfléchir, n'était-ce pas le cas de tout le monde ? Les mots avaient souvent l'habitude de dépasser la pensée, même pour les Ilédors qui se targuait d'être sophistiqués. Tandis que Gribus se faisait cette réflexion, la jeune fille se fendait d'un rire et poursuivait la conversation sur un ton bien plus cordial, qui étonna presque le Scribe : il n'avait pas fallu grand chose pour changer son humeur. Mais après tout, c'était une adolescente...

Elle répondit à sa sollicitude avec une voix lourde de soupirs et une expression lourde d'emphase. Ecoutant son discours avec attention, le jeune albinos tenta de comprendre ses manières et d'anticiper sa pensée. Comme beaucoup de ses congénères, l'Olarile était un livre ouvert à qui on avait pas appris à mentir. Elle virevoltait d'émotion en émotion, passant de la rancœur au rire, en passant par une lassitude presque vulnérable. Un vrai tableau d'innocence, elle était presque gracieuse dans son inconscience. Bien entendu, elle devait être un peu sotte pour se confier au premier venu, mais elle avait une vraie spontanéité qui était à des lieues des grands effets de style de la Cour.

Ne la trouvant pas déplaisante, Gribus se laissa aller à être sympathique une nouvelle fois. Tandis qu'elle baissait le regard et changeait d'expression au fil de ses humeurs, il avait gardé sur elle un regard posé, pas tout à fait attentionné, et interrompit ses paroles d'un ton calme et sérieux lorsqu'elle en arriva à sa fatigue.

Profitez de chaque minute de repos : un moment viendra où la lassitude commencera à s'accumuler et à s'attarder dans vos muscles. Le service va vous user, croyez-moi, j'en sais quelque chose.

L'indice de sa propre expérience malheureuse de la milice n'était pas un aveu accidentel, il était délibéré et calculé. Gribus avait déjà pu constater à quel point le jeu du jeune homme tourmenté pouvait plaire aux jeunes filles, et puisque l'Olarile était si facilement enjouée, il se sentait l'envie de voir où la conversation pourrait mener. Non seulement il pourrait être utile d'établir quelques contacts parmi ce peuple, dont il ne savait que peu de choses, mais de plus...

Elle lui prit d'un coup le livre des mains, alors qu'il allait répondre à sa question sur le « patriotisme », mais plutôt que de s'offusquer, il observa son visage fin afficher surprise et curiosité, sa peau hâlée s'étirer au fil de ses expressions étrangement libres, face à cet étrange objet qu'était le livre. Il était vrai que les Olarils ne savaient pas lire. Le jeune albinos avait du mal à imaginer une vie sans papier et plume, mais voilà que cette sauvageonne se précipitait sur l'inconnu, comme avide de nouvelles connaissances. Quelle étrange créature elle faisait ! Si prompte à poser des questions, comme elle ne connaissait même pas l'idée de l'impolitesse, puis à manipuler sa prise avec une délicatesse maladroite, presque exagérée, comme une enfant.

Gribus reprit le traité massif en main et le posa sur le comptoir avant d'adresser un sourire effacé à la jeune fille. Comme elle disait, c'était un lieu propice à la détente, et au milieu de toute la tension que son existence charriait depuis quelques temps, il était prêt à se laisser aller un peu, où que puisse mener cette rencontre. Reprenant une gorgée de vin, il lui répondit de cette même voix douce mais neutre qu'il avait perfectionnée après des années de pratique.

Qui suis-je ? Pas un patriote, cela au moins c'est certain ; c'est un mot qu'on ne trouve guère plus que dans les livres de nos jours. Non, je suis scribe, et c'est par l'autorité d'un client très pressant que je suis ici, à éviter par tous moyens de compulser De l'Art de cultiver et cajoler les terres arables, plutôt qu'au théâtre.
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Laetia Télaran
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyMer 4 Mai - 2:00

- Et apparemment ma conversation fait partie de ces nombreux moyens.

Elle se mordilla la lèvre, elle distrayait le jeune homme de son travail, somme toute important, et s'en voulait un peu, mais elle trouvait cela en même très flatteur qu'un inconnu préfère s'intéresser à ses paroles plutôt qu'à son devoir.

- Arriverais-je à égaler dans votre intérêt vos somptueuses pièces de théâtre ? Elles sont si captivantes et variées que vous m'autoriserez à en doutez.

Il avait l'air de quelqu'un de très cultivé, instinctivement Laetia s'était rapprochée de lui physiquement, à savoir qu'elle s'était légèrement penchée, comme pour créer une bulle autour d'eux, isolés du reste de l'auberge, mais essayait aussi psychologiquement. Phénomène tout naturel que de chercher à être sur la même longueur d'ondes.

- Etant scribe, avez-vous déjà songé à écrire des pièces justement. Une grande histoire, ou même une chose toute petite, vous choisissez.

La concession et la volonté de ne pas déranger, encore une envie de ne pas troubler.

- Je suis sure que vous en avez le talent en tous cas.

Elle lui sourit largement, pupilles dilatées.
Il avait l'air lui aussi enclin à privilégier cette bulle. Sa voix n'était peut-être pas attentionnée certes, mais elle invitait à la conversation. Elle avait envie d'aller plus avant maintenant qu'elle savait que lui aussi avait peu apprécié ce qu'elle vivait, il était bien le premier avec qui elle avait ce point commun. Néanmoins ce n'était pas vraiment d'armée, de recrutement ou d'entraînement. Elle voulait partir sur quelque chose de plus léger.
Laetia se douta de ce sur quoi elle partait et décida de mettre des barrières à cet élan, il lui en faudrait un peu plus pour qu'elle s'émoustille. Elle contint donc le rouge qui allait monter à ses joues et rosir ses lèvres, elle réfréna le battements de ses cils et tenta de paraître plus neutre dans son discours.

- Peut-être une histoire légère, champêtre et douce, ou bien pleine de trahisons, de conflits et d'épreuves en tout genre. Avec des costumes superbes, des bijoux étincelants et des accessoires qui en feront le spectacle le plus couru de la capitale.

Elle but une gorgée de sa boisson, se reculant par la même pour rouvrir à la taverne la bulle. Distante et proche à la fois, c'était un jeu. Ce devait être un jeu, elle s'emballait encore et le savait. Tous ces événements qui se succédaient l'avaient-ils à ce point rendue niaise ? Elle s'imaginait que le premier venu était parti pour vivre une aventure pleine d'entichement et de romantisme fleurant bon la rose. Réveille-toi ma fille que lui aurait dit sa mère. Le désespoir amoureux, voilà la pièce qu'elle aurait écrite en ce moment si elle l'avait pu, si elle avait su.
Elle se redressa et regarda le scribe avec ce qu'elle savait être cette dignité propre aux Olarils, que tous les Ilédors n'avaient pas naturellement.

- J'ai fabriqué un bijou une fois pour une actrice. Celui-ci était si extravagant qu'il ne m'étonnerait que très bon qu'elle ne l'ait porté que pendant les représentations. Je me demande où il est actuellement, surement au fond d'une armoire ou dans les réserves du monteur, en attendant une potentielle nouvelle tête où être posé. Peut-être êtes-vous passé près de ma boutique, il paraîtrait que mon nom a été peint sur un coin de la vitrine. Laetia Télaran, si cela vous dit quelque chose.

Le côté professionnel étant généralement neutre elle était contente que la balle ne soit pas dans son camp, elle pouvait tranquillement ordonner au palpitant de cesser son concert de percussions, quelle idée de jouer un tel solo, tout le monde risquait de l'entendre !
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Gribus Sandragil
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyMar 5 Juil - 23:14

A plusieurs reprises, le jeune albinos manqua de répondre à l'Olarile, mais après plusieurs occasions manqués il préféra se taire et laisser la jeune fille suivre le fil de sa pensée. Appuyant un coude sur le comptoir et sa tempe sur ses doigts, il la regarda et tenta de discerner sur ses traits exotiques les signes de son humeur si changeante. Ici un mordillement de lèvres, là un début de rougissement, puis une bouche pincée pour ravaler les émotions, et enfin un regard d'un sérieux inhabituel, une nuance farouche qu'on ne voyait pas souvent à Edor Adeï...

S'il n'avait pas l'habitude de rester impassible, le Scribe serait probablement resté la bouche entrouverte devant ce spectacle. Quel étrange exotisme que ce ballet de sentiments et de mines, quelle étrangeté que cette jeune fille, si expressive face à un étranger, au beau milieu d'un monde de courtoisies et de faux-semblants ! Gribus avait déjà goûté aux logorrhées des jeunes filles d'Edor Adeï, les pimbêches de familles bourgeoises qui s'empressaient de raconter leurs petites vies dans les moindres détails au premier godelureau aux beaux yeux qui voulait une chance de voir sous leurs jupons. Il était d'habitude prompt à leur opposer un visage froid et une remarque cinglante, mais la jeune Olarile était ô combien différente. Non contente de faire la conversation, plutôt que de dériver vers des soucis inconséquents, elle se montrait si engagée dans le moment, si affectée par ces immenses élans dans lesquels son cœur se lançait...Rougissait-elle vraiment à la simple vue du jeune albinos ?

Elle avait tout le charme innocent et maladroit de la jeunesse et force était de constater au Scribe qu'il n'y restait pas insensible. En temps normal il ne se serait pas laissé aller à ce genre de fantaisies, mais l'ennui profond devant sa tâche, la lassitude que lui inspirait les intrigues et la menace, sans parler du vin...Oui, il pouvait bien se détendre pour un soir. Sa pose et son regard fixe, presque fasciné changèrent lorsqu'elle lui dit son nom. Il l'avait effectivement déjà entendu à la Cour, dans la bouche de nobles Dames qui parlaient des dernières modes.

C'est un nom que je connais, en effet : vous êtes la coqueluche des hauts lieux, suffisamment pour que vos œuvres restent à la mode plus d'une semaine. Et ne vous méprenez pas, ici, plus c'est extravagant, mieux c'est.

Après ces remarques, dites d'une voix nonchalante, il reprit une gorgée de son verre et y garda les yeux quelques instants, le temps de reprendre la parole.

Quant aux éventuelles pièces de théâtre, tous les Scribes ne sont pas des écrivaines, dramaturges ou autres. Beaucoup ont une ou deux œuvres qui accumulent la poussière dans leurs tiroirs, des restes des projets qu'ils avaient avant de se résoudre au besoin d'un salaire régulier.

Tournant la tête, il revint à elle et fixa dans ses yeux les siens, ces iris étranges qui changeaient parfois de couleur selon la lumière. Il espérait qu'être mystérieux suffirait à lui plaire, car il n'avait guère de talent pour l'humour ou le charme osé.

Le genre de projet que je n'ai jamais eu. Je ne suis pas un artiste. Et pour chaque pièce qui entre dans l'histoire, un millier d'opérettes amuseront la rue pour quelques jours avant d'être oubliées.

Mettant la touche finale, Gribus revint à sa pose originelle, la tempe posée sur ses doigts tendus, un regard direct et cette fois un léger sourire.

Pour finir, je dirais qu'il y a un temps pour tout, même en ce qui concerne les grands classiques : un verre de vin et une conversation me vont plus à cette heure qu'une soirée guindée sur les tréteaux. Et quant à vous ? Je n'ai pas grand talent pour autre chose que mon métier, mais le vôtre est un art véritable. Vous et les vôtres vous êtes-vous acclimatés à nos étrangetés ?
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyVen 5 Aoû - 23:04

Elle se rengorgea quelque peu et émit un léger rire. Il était très appréciable de savoir qu'elle s'en était bien sorti. Il était encore plus appréciable de se rendre compte qu'il avait relancé les dés et que le jeu continuait, sans qu'aucun des deux ne sache ce qui serait tiré.

- Vil flatteur ! Tout comme vous je n'ai pas grand mérite, j'ai grandi parmi les orfèvres, en devenir une n'était que bien trop naturel et ce que vous considérez comme étant un art est la seule chose que je sache faire, rien de bien folichon donc. Je n'ai pour seul mérite que de penser différement de vous, rien de plus.

Enfin... Ceci restait tout de même leur plus grand obstacle, le gouffre qui séparait et séparerait pendant de longues années encore Ilédors et Olarils. Malheureusement même les meilleurs ne réussiraient à le combler à temps.

- Et si vous décidez tout de même de vous lancer un jour dans le diverissement, je vous promets de réaliser une de mes pièces pour vous. Vous êtes un grand original, vous aussi m'avez l'air de penser autrement que vos compères, d'une car ma conversation vous plaît plutôt bien, et de deux car vous vous attribuez des bizzareries au lieu de les trouver chez nous. Ce qui est assez remarquable pour être dit haut et fort.

Cela le rendait fort intéressant en effet.

- Pour enfin répondre à la question, je dois avouer faire partie de cette part de la population Olarile que l'on pourrait considérer comme bien intégrée. Je croise les gens de la haute plus que de raison, je dispose d'une boutique qui n'a l'air de vouloir faire faillite de sitôt et je me retrouve, bien malgré moi, à participer à vos activités les plus dignes d'intérêt. Après tout une fois que l'on a appris à compter les pièces vous savez, il ne reste plus grand chose à assimiler. Avec votre monnaie, on peut presque tout avoir. Il n'y a bien encore que des moments comme celui-ci que l'on ne peut acheter. Des moments de chaleur humaine.

D'ailleurs elle avait l'impression qu'il faisait de plus en plus chaud dans cette salle. Ou alors ce n'était qu'elle. Elle entreprit donc une nouvelle fois de créer cette bulle autour d'eux. Il lui avait souri après tout, il devait l'apprécier un peu au moins.

- Je ne sais pas si vous en avez beaucoup par ailleurs. Tout m'a l'air si contrôlé de par chez vous, je crois bien que à chaque parole que je prononce je fais une danse entière hors des sentiers balisés. Vous ne me le faites pas sentir, c'est gentil vous savez.

Elle lui prit la main et la serra pour signifier sa gratitude. Qu'avaient-elles l'air fragile ces mains. Et s'il était marié, s'il était à une autre. L'adultère n'était pas apprécié ici, proscris même. S'il la prenait pour une fille facile, ou pire, une de leurs filles de joie, elle en avait vu certaines et n'avait aucune envie dans l'esprit d'un homme de leur ressembler. Bien sûr elle n'en avait pas l'air, avec son teint exotique, la poussière sur le corps et sa tenue peu affriolante, néanmoins toutes ces filles avaient aussi dû être des recrues un jour... Ajouté à cela elle savait qu'elle n'était pas laide, ce qui en ce moment ne l'aidait pas franchement.
A cette pensée, ses yeux s'embuèrent. Elle retira rapidement sa main de celle du scribe, essuya le plus discrètement possible les larmes qui perlaient et repris d'une voix qu'elle espérait douce et neutre, qui ne dévoilait pas son trouble intérieur. Elle avait eu le temps de s'endurcir, et ainsi elle se rendit vite compte que sa voix, bien que faible, ne tremblait pas.

- Je me permets alors de vous retourner la question, comment trouvez-vous nos petites particularités, si vous avez pu les apercevoir ?


Elle prit une pose sage et gentille, elle voulait être sûre de ne pas aller vers une impasse. Elle n'avait vraiment pas besoin de se faire mener en bateau dans une histoire sans queue ni tête pour elle. S'il lui donnait les preuves qu'elle recherchait, elle se permettrait d'aller plus avant, en attendant elle devait un peu moins exposer l'entichement qu'elle avait actuellement, en espérant qu'il ne s'en soit pas rendu compte et n'ai pas décidé de jouer avec elle comme un vulgaire jouet.
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyMer 10 Aoû - 3:29

[post refait parce que l'original a été effacé par un crash de mon navigateur. Beuh...il est pas aussi bon que le premier, dsl.]

Gribus sourit de nouveau face à la modestie de l'Olarile ; il ne voulut pas répondre ou révéler sa pensée, mais à ses yeux, cette pensée différente dont elle parlait était bel et bien importante. Le Scribe avait toujours été fasciné par les artistes, à commencer par sa mère. Pour lui, ils étaient une étrange exception dans un monde où chacun suivait d'abord ses propres intérêts, occupés qu'ils étaient à courir après des chimères, sans demander leur reste ou s'en prendre aux autres. Le jeune homme n'aurait su dire s'il les respectait vraiment pour leur place à part, mais il la leur réservait néanmoins, et Laetia ne faisait pas exception.

Il devint curieux lorsqu'elle commença à parler de lui, qualifiant d'original l'intérêt et le peu de tolérance qu'il lui manifestait ; si elle accordait des louanges pour si peu, c'est qu'elle n'avait eu affaire qu'à des vipères ou à des malotrus. Ou peut-être avait-elle un talent pour voir à travers les politesses, ce qui n'aurait guère été surprenant au vu de la franchise caractéristique de son peuple. Cette pensée fut confortée lorsque la jeune fille évoqua le rôle de l'argent avec une grande lucidité ; les Olarils n'étaient pas aussi naïfs qu'il n'y paraissait...

Ce fut à ce moment que l'orfèvre commença à prendre le jeune homme au dépourvu, en évoquant ces moments d'intimité qui lui manquaient, dans un monde étranger qui ne lui témoignait qu'une fausse hospitalité. Gribus ne sut que répondre ; ce n'était pas à lui qu'il fallait venir parler de chaleur humaine. Il détourna les yeux un instant, dans un bref moment de confusion, et elle lui prit la main. Son regard revint d'un coup sur elle, scrutant ses yeux pour deviner la raison, la pensée derrière ce geste. Un long moment d'hésitation flotta, mais le Scribe ne parvint pas à comprendre. Des larmes perlèrent aux coins des yeux de la jeune fille, qui lâcha sa main avec précipitation. Que voulait-elle lui dire, qu'espérait-elle accomplir en laissant ses émotions fleurir ainsi, au vu et au su de tous ?

Il ne s'était jamais trouvé dans une telle situation. Fallait-il répondre ? Gribus avait déjà connu des femmes, mais toutes celles qui l'avaient approché l'avaient fait par curiosité, à la fois attirées et repoussées par sa peau pâle et ses cheveux blancs, par la malédiction que les croyances faisaient planer au-dessus de lui. Ces femmes n'étaient pas venues vers lui pour aimer un homme, mais pour satisfaire un désir qui n'avait rien à voir avec lui ; il n'avait fait qu'attirer leur œil, et ce rapport inconséquent lui convenait très bien, à lui qui traitait les gens avec autant de froideur distante. Jamais une femme ne lui avait témoigné ces signes, cette proximité hésitante qui trahit la sollicitude, le désir d'intimité plutôt que la fascination pour une image, jamais une femme ne l'avait regardé lui. Il n'avait été qu'un curiosité ou une étape vers un but plus lointain, et à présent que cette main se posait sur la sienne, que ces larmes maladroites lui faisaient face, il ne savait comment réagir. Si ces signes étaient vrais, que devait-il en penser ?

Vous êtes la première que j'approche véritablement. Il n'y a pas d'Olarils au Palais, et comme vous l'avez vu, les murs sont plus étroits dans une ville en siège.

Il lui parlait d'un ton calme, mais dans son regard et sa voix on sentait qu'il songeait à autre chose. Qu'était-elle pour lui ? Et s'il lui répondait, s'il pouvait deviner ce qui se passait dans son esprit, que pouvait-il bien advenir ? Il n'était pas sûr de vouloir le découvrir.

Mais à présent que je vous parle, je me demande si votre peuple entier est tel que je me l'imagine, si cette image que j'ai s'approche de la vérité. Dans toute votre manière d'être, je lis que vous ne cachez pas ce que vous êtes, ce que vous voulez. Vous avez tout autant de Volonté que nous, mais vous l'exercez d'une autre manière. La vie et l'Eglise nous apprend que seule l'ambition importe, qu'elle doit être menée à bien de manière honnête ou vile. Notre monde est fait ainsi.

Qu'était-elle pour lui ? Baissant les yeux dans sa réflexion, cherchant ses mots, Gribus aperçut l'épais volume qui l'avait amené au Ceste Clouté, son devoir pesant et toutes les tromperies, les dangers qui l'accompagnaient. Le monde était ainsi fait que le jeune homme devait se méfier de tous, car chaque homme, chaque femme pouvait être un danger, chacun avait une Volonté qui pouvait aller contre la sienne, qui pouvait profiter de sa chute dans le grand jeu du pouvoir. Une erreur et toute sa famille pouvait tomber. Mais si cette étrange créature n'était pas un mensonge, si cette main tendue avec hésitation, avec maladresse était sincère, alors il se trouvait dans cette ville, ne serait-ce que pour une nuit, une personne dont il n'avait pas à se méfier, une personne qui ne verrait pas au-delà de lui pour poursuivre un but égoïste.

Mais vous...je pense que vous ne prenez pas de routes détournées. Vous connaissez les mensonges, vous connaissez la tromperie, mais à vos yeux ils ne sont pas si ordinaires. Il y a quelque chose en vous, quelque chose de fort qui pose le regard d'abord sur le chemin et pas sur la destination. Votre force marche droit...c'est étrange.


Le jeune homme ne songeait pas à la détresse dont souffrait la jeune fille face au monde étrange qui arrachait peu à peu ce qui restait de sa culture. Il ne voulait pas songer à son devoir ou s'interroger sur ce à quoi tout cela pouvait mener. Une idée grandissait dans son esprit et il ne pensait en vérité qu'à une chose. Il pensait à la peur qui lui serrait le ventre depuis des semaines, depuis qu'Elandor lui avait révélé son visage dans la ruelle, au danger qui semblait l'acculer de toutes parts, à sa mère et sa soeur à qui il ne pouvait rien dire, à ce danger, cette solitude qui voulait peu à peu le rendre fou. En cet instant, Laetia représentait à ses yeux le salut, ne serait-ce que pour un soir, elle était la possibilité d'un peu de répit, elle était ce dont il avait eu besoin depuis deux mois, sans même le savoir.

Cela ne me gène pas. Comme vous l'avez dit, je ne vous attribue pas de bizarreries ; je ne m'en attribue même pas à moi-même : je suis étrange, je l'ai été depuis que je suis venu au monde, et je ne voudrais pas le changer, même si je le pouvais. Un peu comme vous, je suis ce que je suis et je ne m'en cache pas.
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Laetia Télaran
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyDim 6 Nov - 21:48

[Pardon, c'est un peu court]

Elle allait donc droit ? C'était, selon Laetia ce qui avait caractérisé bien plus que moins tous les Olarils, c'était ce qui avait assuré leur cohésion. Malgré ce qu'ils avaient traversé ils avaient, comparé à la vie des habitants dans la capitale, toujours été unis.

- Vous savez, vous êtes loin d'être étrange. Vous êtes juste bon. Nous ne sommes pas très différents. Si jamais il vous est arrivé de mentir ou bien de tromper je suis sûre que ce n'était que parce que vous n'avez jamais su que les choses pouvaient être faites autrement.

Bien ou mal, on ne mentait pas par plaisir, on ne pouvait moralement le faire pour un simple sentiment d'excitation, pour être grisé par la tromperie. Il l'avait la vie leur avait enseigné, il était juste que tout le monde était fourbe ici parce que les autres l'étaient et que comme aucun d'entre eux ne pouvait être honnête sans que les autres n'abusent de lui. Il leur avait bien fallu l'arrivée des Olarils pour apercevoir une bulle d'air dans la mer où ils se noyaient. En tout cas c'est ce que pensait sincèrement Laetia.

- Vous auriez pu être un Olaril au fond, je le sais, je le sens, je vous vois.

Cela aurait été tellement plus simple d'ailleurs. Ils se seraient connus depuis tant de temps, auraient appris à s'apprécier en bien plus de temps. Ici les choses devaient se faire rapidement, ils n'avaient plus de temps. Preuve que la durée des choses était plus courte ici : le rythme effréné auquel chacun vaquait à ses occupations, sans répit, ou alors inversait-elle les causes et les conséquences.
Elle avait senti ce qu'elle avait attendu, elle avait obtenu le signal qu'il lui fallait pour lâcher la bride et laisser les événements les porter.
Elle posa cette fois sa main sur celle du Scribe avec plus de fermeté et d'assurance qu'elle ne l'avait fait précédemment, elle la lui prit alors.

- Nous aurions alors pu être de très bons amis vous savez.

Elle le regardait sereinement, ne détournant pas le regard. Elle se sentait telle que dans un doux rêve, les émotions ne l'imprégnaient plus, elle se sentait simplement heureuse.
Elle rejoignit alors ses deux mains, emprisonnant celles de l'homme entre les siennes. Malgré sa relative quiétude, elle jouait avec la paume de son interlocuteur, massant de ses doigts la partie charnue du pouce. Subtilement, elle se rapprochait de lui, se penchant en avant, rapprochant ses fesses du bord de son siège.

- Nous pouvons toujours l'être d'ailleurs, rien n'a encore les moyens nous priver de cela.

Elle se rapprocha encore et lui déposa un baiser sur la joue. Le contact entre sa joue à lui et ses lèvres à elles l'électrisa. Physiquement, elle eut la chair de poule et ses pupilles se dilatèrent, elle eut un afflux d'adrénaline, rien ne pouvait désormais allait contre elle. Elle était la mer, puissante et dangereuse pour ceux qui ne la respectaient pas. Ça aussi elle l'avait entendu dans une pièce, la même que précédemment d'ailleurs. Comme quoi, finalement elle ne lui inspirait pas que le lit.

- Ne réfléchissez pas à notre but ce soir, laissez moi vous emmener sur le chemin.

Et elle fit se frôler leur lèvres, il ne tenait plus qu'à lui de faire le reste du chemin qui les séparait, histoire d'avoir aussi son mot à dire.
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Gribus Sandragil
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MessageSujet: Re: Bougon   Bougon EmptyDim 15 Jan - 1:51

Elle parlait encore. Pourquoi voulaient-elles toujours parler ? Le Scribe était impatient à présent, il avait senti un accord implicite se conclure et il attendait qu'ils en viennent aux faits. Mais à présent qu'ils parlaient véritablement la même langue, elle voulait prolonger les formalités ? Le visage du jeune homme se referma peu à peu et il plongea ses yeux dans les siens, aiguisant son regard pour discerner à la fin ce qui se tramait derrière ces boucles blondes. Les paroles qui franchirent alors ses charmantes lèvres lui firent enfin comprendre. Elle voulait trouver plus qu'un peu de compagnie pour une nuit. Elle voulait un lien vrai, elle voulait un miroir pour ses sentiments. Il ne saisit pas immédiatement ce dont elle parlait lorsqu'elle évoquait le mensonge et la tromperie. Parce qu'il n'avait pas appris à faire autrement ? Et elle se proposait de changer tout ça ? De le sauver des abîmes du péché et des bas-fonds d'une culture décadente ? Quelle jolie petite idiote. Gribus ne sut dire si cela gâchait vraiment le moment.

Il n'écouta qu'à moitié ce qu'elle dit ensuite mais il prit soin d'en avoir l'air. Ce ne fut pas si difficile : il n'avait qu'à garder son regard accroché au sien et chercher quelque chose dans ses yeux. Au fond de lui-même, le jeune homme tentait de se désintéresser d'elle, de se dire qu'elle n'avait finalement pas grand intérêt et qu'elle n'avait strictement rien compris à qui il était. Il n'y parvint pas. Oui, elle était naïve et stupide et elle s'estimait autorisée à croire un peu trop, oui, elle le prenait pour un pauvre hère à la recherche d'un peu de sincérité ; mais ses cheveux étaient toujours de la couleur de l'or, son visage fleurissait toujours différemment à chaque émotion, et elle avait toujours envie de lui. La jeune Olarile gigota pour se rapprocher de lui et reprit sa main dans les siennes, et dans sa voix il y avait une assurance que seules les jeunes filles peuvent avoir.

Il crut l'entendre parler encore, mais soudain elle se pencha et ses lèvres étaient sur sa peau, soudain il se tourna vers elle et son corps était tendu comme la corde d'un arc. Là, c'était là qu'était l'essentiel, dans ses mains maigres et pâles qui venaient se glisser sur sa taille, c'était là qu'était la rare flamme qui venait l'embraser, dans le baiser vif, presque brutal qu'il déposa sur sa bouche pleine comme l'été. Il se laissa aller et son étreinte ne fut pas délicate ; son coeur connaissait si peu de passions qu'il se précipita pour prendre ce rare moment de désir, pour enserrer le corps svelte de la jeune fille et l'attirer contre le sien, peut-être trop vite, peut-être trop fort.

Le baiser se rompit vite et il la regarda de nouveau, et il n'eut pas besoin de deviner ce qui lui passait par la tête. Il avança de nouveau le visage et goûta l'été et l'or précieux au bout de ses lèvres, puis il parla encore une fois, une dernière fois.
Je vous laisse mener, alors. Où est votre chambre ?
Il se fichait bien de ce qu'il y avait dans ses pensées et de ce que leurs coeurs pouvaient bien partager. Il pouvait sentir la chaleur de sa peau à travers le tissu de ses vêtements, il pouvait goûter la sueur et l'épuisement dans son souffle, et bien en-dessous de sa tête aux cheveux blancs, bien en-dessous de son coeur froid d'intrigant traqué, ce qui s'était éveillé dans son ventre effaçait déjà la peur des jours passés et les complots des mois futurs. Quelle importance pouvait bien avoir le reste, quand il pouvait avoir cela ?
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