Les Tables d'Olaria
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 Bas les Pattes !

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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyJeu 30 Sep - 10:35

Deux mois. Deux mois de labeur, de sourires et de rires amicaux. Deux mois d’une cohabitation sans ombres, d’une complicité retrouvée.

Deux mois pour se remettre du choc, oublier le manque. Deux mois sans un roc pour s’accrocher, livrée à elle-même. Deux mois d’abstinence, durant lesquels elle a presque oublié ce que c’était, que d’être caressée par un homme.

Deux mois de tension, avec son compagnon d’infortune. Deux mois à ne plus s’effleurer, deux mois sur la brèche. Deux mois de conscience, durant lesquels ils savaient qu’ils jouaient là une partie qui pourrait changer un peu plus encore leur existence. En bien ou en mal, ils n’en savaient rien.

Comme un exutoire à ces non-dits, les entraînements.

Sipik avait gagné en force tandis qu’Elenor laissait derrière elle ses souffrances. Cela faisait longtemps qu’elle avait été blessée, maintenant. Longtemps qu’elle avait du quitter l’armée, du jour au lendemain. Sa main gauche était toujours faible, et ses doigts toujours gourds, mais la droite s’améliorait doucement et les douleurs commençaient à disparaître. Cela prendrait encore du temps, beaucoup de temps avant de pouvoir espérer ne serait-ce qu’égaler son habileté d’antan. Mais elle avait déjà une bonne prise sur la garde de son épée, et si les coups n’étaient pas précis, cela ressemblait néanmoins un peu moins à une fatalité qu’autrefois.
Le plus gros handicap, pour elle, résidait surtout dans ses appuis et ses vieux réflexes. Au fond, elle était persuadée qu’il eut été plus simple d’acquérir un bon niveau avec sa main droite si elle n’avait pas déjà eu une bonne connaissance du combat. Comme une page blanche que l’on remplit avec fluidité, plutôt que d’avoir à raturer des décennies de travail assidu.

Elle se retrouvait donc souvent en porta faux, perdait son équilibre, frappait machinalement de sa main gauche…

Ce jour là, elle en avait eu marre et se battait de façon plutôt… originale. A l’aide de deux ceintures, elle avait replié son bras gauche dans son dos, et l’avait sévèrement sanglé pour de ne pas le voir se mêler de ce qui ne le regardait pas. Ce n’était pas nécessairement une bonne chose dans la mesure où elle s’en trouvait passablement déséquilibrée, mais ainsi elle n’avait plus l’occasion de se mettre en rogne contre elle-même. D’autant plus qu’à force de frapper avec, sa main handicapée commençait très sérieusement à la lancer, et elle n’aurait rien désiré davantage que de la plonger dans un bain d’eau glacée, une bière dans l’autre main, bien installée au coin du feu.
Au lieu de quoi elle était toujours coincée, toujours tendue, et toujours agitée de spasmes à chaque fois que les vieux réflexes demandaient à ce qu’elle jaillisse de ses entraves.

Cela faisait un petit moment qu’ils s’entraînaient, maintenant. Le soleil était haut et inondait la cour intérieure. Ils y étaient seuls, comme toujours. La petite famille qui vivait dans la maisonnette qui se trouvait de l’autre côté n’était pas là, en journée, ils étaient donc tout à fait seuls. Les bruits même de la capitale étaient comme étouffés par les deux bâtisses. Malgré le soleil dans lequel ils baignaient, l’air s’était rafraîchi, et il ne faisait plus aucun doute : l’été était derrière eux. Les premières pluies même leur semblaient lointaines, signe qu’ils n’étaient qu’à quelques semaines du froid de l’hiver.
Et pourtant, ils étaient en sueur. Les deux ceintures collaient au ventre d’Elenor la chemise écrue qu’elle portait. Manches bouffantes, pantalon noir à la coupe très ajustée, le tout cintré par une ceinture d’étoffe rouge. Ses pigments étaient vifs, mais assez quelconques. Elle avait laissé dans une malle ses ceintures de soie ou de satin, leur préférant la sobriété de son nouveau rang. Elle avait toujours préféré ça aux rudes ceintures de cuir. Ainsi, ses hanches étaient plus souples et sa mobilité meilleure. Le satin d’apportait de toute façon rien, en matière de souplesse. Elle était en sueur, et les quelques mèches de jais échappées de la longue tresse qu’elle s’était faite s’étaient collées à son front luisant. A travers l’étoffe claire de sa chemise, il était possible de deviner les couleurs des tatouages qui recouvraient dos, épaules et ventre.

Elle avait le souffle court, et son bras gauche commençait à la faire singulièrement souffrir. Ses cuissardes lui semblaient quant à elles brûlantes et elle avait l’impression que ses jambes, partout où elles les recouvraient, fondaient littéralement. Saisissant contraste avec les parties les plus fraîches de son anatomie.

Elle fit deux pas en arrière sous le dernier coup qu’il lui avait porté, avant de se figer et de lâcher un juron retentissant.
« Tu frappes comme un eunuque ! » ajouta-t-elle d’une voix renfrognée par la douleur. D’un revers de manche elle essuya sa lèvre fendue, courroucée. « Remarque, c’est sans doute ce que tu es… »

Il frappait comme un eunuque, mais elle n’en était pas moins sonnée comme rarement. Elle avait vraiment l’impression d’être une novice, et ça l’insupportait. Au plus la colère montait, au plus elle avait envie de tout envoyer voler pour lui fausser compagnie, claquant dans son dos la porte de la petite maison qu’ils partageaient. Elle ne supportait pas la faiblesse, et moins encore la sienne.

Quoi qu’il en soit, des deux, elle était bien la plus ridicule. S’il en était un qui se battait dans une position de femmelette, c’était bien Elenor. A la voir ainsi, le bras en arrière, elle avait l’air de ces duellistes ridicules, qui avaient l’impression de pratiquer le sabre, alors qu’ils n’étaient en fait qu’un simulacre de combattants. Le sabre qu’elle pratiquait en temps normal était plus souple, gracieux comme l’eau, mais aussi inévitable comme elle. Rien à voir avec cette position de trois quart absolument risible.

Elle venait de se prendre un coup retentissant à la mâchoire, et il avait fait monter son quota de rage de manière plutôt significative. Elle tenait fermement une dague, la lame étendue le long de son avant-bras. Elle aimait à la tenir à l’envers, ainsi le fil de la dague accompagnait-il mieux ses gestes. Elle pouvait se contenter de gérer le geste en lui-même, sans se préoccuper, pour le moment, de viser. Il lui suffisait de jouer de ses doigts pour la retourner au moment décisif, et quoi que sa main droite ne soit pas encore habile pour cet exercice-là, au moins, cela lui permettait de s’y mettre. Elle se tenait donc légèrement courbée, plantée sur ses jambes avec pour son adversaire un regard farouche. Lan n’avait pas beaucoup perdu de ses forces, et s’il était évident qu’il n’avait plus la rapidité et la puissance d’antan, elle avait, contre lui, l’impression d’avoir bien plus perdu. Lui, au moins, savait toujours comment se tenait une épée.

Finalement, avec un souffle haché un peu plus rude, elle plissa les yeux. Le crissement de ses semelles dans les graviers avertit sans doute Lan, mais elle n’en était pas moins tout près l’instant après. Jambes plus bandées que la corde d’un arc, genoux montés sur ressorts, la dague fendit l’air tout près du visage de Lan. Echec. Elle joua des épaules, son bras gauche douloureux, agité dans ses sangles. Elle esquiva, par reflexe, un revers potentiel, puis, accroupie devant Lan, faucha ses genoux.

La lame était émoussée, histoire que dans l’idée saugrenue selon laquelle elle l’aurait eu, il ne soit pas pour autant blessé, et son bras n’avait pas la force escomptée. Elle espérait néanmoins le déstabiliser suffisamment pour avoir ensuite l’opportunité de lui infliger un cuisant croche-patte.

Les seuls contacts… Ses mains n’avaient plus effleuré Lan que pour tenter de l’étourdir d’une claque, que pour lui faire un plaquage efficace en le saisissant à la taille, un peu plus tôt. Ses jambes ne s’étaient emmêlées au siennes que pour le déstabiliser. Quant à lui, pour toute caresse, il avait écrasé sur sa joue un poing solide, entre autre…

La tendresse n’était plus qu’un souvenir lointain, et leurs entraînements comme un moyen d’expier. Comme un moyen de se rassurer : voilà, ils n’avaient peur de rien, ils retrouvaient leurs forces. La douceur qu’ils s’étaient crus capables d’honorer quelque temps était une vulgaire chimère. Voilà où se forgeait leur relation, dans cette cour, en sueur. Et si, à chaque contact, elle sentait une certaine folie grandir en elle, c’était sans doute en souvenir du bon vieux temps.

Quoi d’autre, de toute façon ?



Dernière édition par Elenor Jagharii le Dim 3 Oct - 16:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptySam 2 Oct - 22:12

Deux mois … Deux mois qui étaient passé à une vitesse ahurissante.
Les débuts avaient été difficiles. Il avait fallu trouver ses marques, changer ses habitudes, s’habituer à la voir, ELLE, se lever chaque matin, dans SA maison.
Deux mois où il avait oublié l’incident, deux mois où il avait tout fait pour. Mais, lorsqu’il était sur le point de s’endormir, il ne pouvait empêcher les paroles d’Elenor de rejaillir, brûlantes, sous son crâne.
Tu n’as rien à craindre. Tu choisiras. Mais choisir QUOI ? !
Deux mois à fuir ces pensées, deux mois à ne se coucher que lorsque l’épuisement le guettait et que toutes ses questions restaient enfouies sous l’épaisseur cotonneuse du sommeil.

Deux mois.
Son regard se fixa sur Elenor. Elle commençait à transpirer et les mèches qui s’échappaient de sa tresse se collaient sur son front et sa nuque.
Cela faisait deux mois qu’elle progressait un peu plus à chaque entraînement, utilisant sa rage comme la meilleure des motivations. Cette colère qu’Elandor refusait de voir autrement que comme une réaction aux odieuses actions du Conseil …

Deux mois.
Deux mois à nier l’évidence, à nier la gêne qui ne cessait de grandir entre eux. Ils ne se touchaient pas, n’abordaient jamais un sujet sérieux.
Deux mois à se leurrer, à vivre dans une illusion. Ils n’allaient pas bien, aucun des deux. Mais c’était tellement plus facile de faire semblant, de refuser le fait qu’Elenor n’avait pas oublié. N’avait RIEN oublié.

Les premiers entraînements avaient été faciles pour lui, il avait conservé une certaine forme, compensant le manque de souplesse de son dos par la force de ses bras, puissance qu’il avait soigneusement entretenue depuis son accident.
Il n’avait jamais été une fine lame mais il se battait suffisamment correctement pour mettre beaucoup de ses adversaires à terre, particulièrement dans un combat réel où sa fougue palliait efficacement son manque de technique.
Mais la force brute pouvait facilement se trouver en défaut et, avec les progrès d’Elenor, il devait s’appliquer chaque fois un peu plus.
D’autant plus qu’il était aisément déconcentré …

Elle avait fixé son bras gauche dans son dos ce qui la déséquilibrait mais lui permettait de juguler ses réflexes de gauchère. Elandor s’était habitué peu à peu à la voir comme une droitière mais restait toutefois prudent, la sachant capable des coups les plus bas si les techniques conventionnelles ne fonctionnaient pas.
Ces derniers temps, leurs rixes étaient devenues plus tendues. Elenor commençait à s’impatienter du manque de résultats et il ne savait que faire pour la décrisper. Aussi acceptait-il de rentrer dans son jeu, usant d’insultes et de provocations plutôt que de paroles rassurantes.

Ils avaient fini l’échauffement depuis un bon moment et Lance était à présent couvert de sueur. Le soleil tapait depuis plusieurs heures malgré le temps qui s’était rafraîchit, les obligeant à plisser les yeux et à faire de nombreuses pauses pour boire. Cela avait au moins l’avantage de coller la chemise d’Elenor contre sa peau, dévoilant ses formes harmonieuses.
Avantage ? !
Il ne cessait de laisser son regard errer bien plus bas qu’il n’aurait dû et, étrangement, son style et son habilité s’en ressentaient.

Reste en mouvement, bon sang !
Il sortit de son semblant de torpeur et réintégra leur danse funeste.
Ses muscles commençaient à chauffer et il se glissa lentement sur le côté. Impossible de feinter à ce moment-là. Ils se fixaient, le regard rivé l’un à l’autre, leur vision périphérique suivant chaque mouvement, chaque frémissement du corps de celui qui, pour quelques heures, devenait un adversaire.
La patience d’Elandor n’avait cessé de s’améliorer mais il avait tendance à retrouver ses vieilles habitudes, supportant modérément de tourner en rond lorsque ses pieds, engoncés dans de toutes nouvelles bottes, le faisaient souffrir.
Il grogna et se rua sur Elenor, persuadé qu’elle éviterait sans peine le coup. Elle esquiva, il recula d’un pas et se relança à l’assaut, assenant un violent coup vers elle, qu’elle ne put éviter complètement. Parfois, la force brute avait du bon … Il rejeta son corps en arrière, peu désireux de se laisser entraîner par son mouvement et de s’étaler dans la poussière, ce qui lui était déjà arrivé à plusieurs reprises. Il avait peu apprécié les railleries qu’Elenor lui avait servies une semaine encore après l’événement.

Celle-ci s’était figée et l’insulta copieusement.
La première réaction d’Elandor fut de s’énerver. Ses yeux se plissèrent et il s’apprêta à lui cracher une foule d’injures au visage. Catin, fille d’unijambiste -sans vouloir offenser Amarante, cette expression faisait toujours son petit effet-, sous-fifre des Venarii, les noms colorés ne manquaient pas. Mais c’était exactement ce qu’elle attendait et il se retint juste à temps. Ces deux mois de joute verbale lui avaient appris que la moquerie était la pire des insultes.
Ses traits se détendirent et son visage s’arma d’un sourire goguenard.
« Ce n’est pas ce que m’ont dit les filles des Volets Clos. Elles m’ont d’ailleurs trouvé très en forme ces derniers temps ! »
Le recours à des femmes ou des hommes de petite vertu était bien moins courant chez les femmes Ilédores et Elandor espérait frustrer Elenor à travers sa réponse. Depuis qu’elle s’était installée chez lui, il ne lui avait connu aucune aventure. Ca n’était pas du tout le genre de la Jagharii mais, fidèle à la ligne de conduite qu’il s’était fixée, il préférait la taquiner plutôt que de s’en inquiéter.

Son sourire s’élargit.
« Et j’ajouterai que la pire des hontes, c’est quand même de se faire BATTRE par un eunuque ! »

Fier de sa réplique, il la fixa, triomphant.
Sa lèvre blessée et son air courroucé donnaient à la jeune femme un air sauvage qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver attirant. Il ne comprenait pas qu’elle reste seule. N’importe quel homme aurait voulu pouvoir la toucher.
En réalité, il aurait parfaitement pu comprendre. Il savait ce que c’était, il l’avait vécu. Quitter cette personne, si spéciale, autour de qui tournait votre vie. Mais il refusait toujours de voir Sieben autrement que comme une aventure de passage.

Les graviers roulèrent sous les pas d’Elenor. Sous les pas d’Elenor ?!
Lance releva la tête au dernier moment, juste à temps pour voir la dague se précipiter vers lui. Il esquiva, en projetant son buste en arrière, sauvant sa peau et sa chevelure du même coup. Son dos craqua douloureusement et il laissa échapper un juron sonore tout en essayant de retrouver son équilibre.
Il répliqua, davantage pour troubler Elenor que dans l’espoir que son coup ne porte mais cela n’eut pas l’effet escompté. Au lieu de reculer, lui laissant le temps de se reprendre, elle s’accroupit et lui faucha les jambes.
Il grogna, s’écrasa au sol et roula loin d’elle. Il se servit de son élan pour bondir et, ô miracle, se retrouva sur ses pieds.
« Wouhou ! Tu as vu ça ? ! »
Le cri d’étonnement mêlé de joie s’étrangla dans sa gorge lorsque le poing de son bras droit vint le cueillir au menton. Son arme valsa à quelques mètres de là et il s’étala sur le sol, maudissant les graviers qui lui entamaient la peau.

« Hey ! T’exagères, sale peste ! » cracha-t-il.

Il lui arrivait de passer un entraînement entier sans ouvrir la bouche, la mâchoire serrée, concentré sur ses actions. Ils enchaînaient alors les passes, un regard froid et assassin plaqué sur leurs deux visages.
Mais aujourd’hui, il se sentait d’humeur joyeuse et moqueuse.
Les affaires tournaient bien, il avait appris plusieurs bonnes nouvelles ce matin même et il avait dormi à merveille dans la paillasse dont il avait fait l’acquisition pour remplacer la chaise droite du salon.

Bien décidé à ne pas perdre cet échange-là, il saisit une poignée de poussière et la lança au visage de Sipik. Profitant de sa feinte peu orthodoxe, il bondit sur elle, lui saisit le poignet d’une main et récupéra la dague de l’autre. L’inconvénient de n’avoir qu’une seule main, c’est que, au corps à corps, on ne peut que perdre. D’un geste précis, il trancha les ceintures qui retenaient le bras gauche d’Elenor, désireux de rétablir un peu d’égalité, se réjouissant à l’avance de la scène qu’elle lui ferait bientôt pour avoir abîmé son matériel.
Jetant la lame de l’autre côté de la cour, il se plaça devant elle, les jambes fléchies, et se déplaça comiquement de gauche à droite, imitant à merveille les lutteurs sur qui on pouvait parier dans les combats de rues.
Il acheva de parfaire la scène en ôtant sa chemise trempée, acte d’autant plus dangereux qu’il exposait ainsi sa peau à la morsure de la caillasse qui recouvrait le sol.

Avait-il perçu la tension inhabituelle qui animait Elenor et voulait-il la détendre ? Ou bien n’agissait-il ainsi que parce qu’il était de bonne humeur ? Quoiqu’il en soit, il n’avait pas l’air de vouloir prendre l’entraînement au sérieux ce jour-là.
Pourtant, il aurait suffit d’une remarque piquante qui le vexerait pour que l’affrontement retrouve la fureur et la brutalité qui l’habitait le plus souvent.
En attendant, il était décidé à engager un combat à mains nues, profitant de l’avantage que lui apportait sa haute stature et son poids supérieur au poids plume qui lui faisait face.
Poids plume ? Il ne se souvint du gabarit conséquent de son amie que lorsqu’il se jeta sur elle et que leurs deux corps se heurtèrent violemment.
Ils se touchaient, se frôlaient, peau contre peau. Alors qu’ils n’osaient même pas dormir côte à côte …
L’absurdité de la situation lui sauta aux yeux et son attention s’étiola, comme à chaque fois qu’il pensait à autre chose qu’aux mouvements de son corps. L’agacement monta quand il constata que, comme bien souvent, c’était celle avec qui il s’entraînait qui le déconcentrait …
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Elenor Jagharii
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyDim 3 Oct - 15:58

Contre toute attente son croche-pattes fonctionna, et c’est sans pouvoir cacher sa joie qu’elle le vit s’effondrer lourdement devant elle. Le bougre avait de bon réflexes, et il pouvait les remercier : Elenor l’avait poursuivit, s’élançant en avant à la force de ses jambes. Malheureusement, la roulade improvisée de Lan, plus la perte d’équilibre fit qu’elle tomba bredouille. Elle s’appuya sur son coude droit, le bras gauche toujours inutilisable, et mordit pour ainsi dire la poussière. Dommage, parce que son précédent coup avait plutôt bien porté.

Un rictus de douleur pour son bras, entamé à travers l’étoffe, elle se redressa tant bien que mal. Elle n’avait jamais eu dans les bras une force extraordinaire, et contrairement à Lan, elle misait sur la précision plus que sur la puissance brute. Se relever d’un seul bras, et le droit qui plus est se révéla donc difficile. Lan était debout depuis un moment, et avait eu le temps de s’en extasier avant qu’elle n’ait fait de même. Cependant, tout à sa joie, il perdit du temps et elle en eut assez de son côté pour, enragée, le lui faire payer.

Elle le cueillit d’un coup de poing qui, quoi que moins puissant que ce qu’elle espérait, eut au moins l’avantage de le déstabiliser et de le mettre à terre. Elle lut la douleur sur ses traits, mais ne recula pas pour autant. Après tout, elle souffrait, elle aussi. Son bras était sans doute entamé par les ceintures, à force de s’agiter dans son dos. Une fois libérée, elle allait sans doute y trouver des plaies d’échauffement et des coupures d’usure qu’il lui faudrait soigner. A cette perspective, elle n’était pas rassurée, et les multiples douleurs qui avaient pris son bras prenaient un sens tout autre… Elle ne se démonta pas, et s’apprêtait à poursuivre l’assaut en lui bondissant dessus lorsque le fourbe lui balança sa poignée de gravillons à la figure.

Réflexe (qu’elle regretta presque aussitôt) : elle leva le bras droit pour protéger ses yeux. Elle fit deux pas en arrière sous le coup de la surprise, son bras toujours levé, et à portée de main.

« Merde… » elle avait craché le juron entre ses dents, consciente qu’elle allait se faire avoir, et qu’elle n’aurait pas le temps de se défendre correctement.

Et en effet, il fut facile pour lui de lui empoigner le poignet et de la désarmer. Son bras gauche eut beau ruer, tout ce qu’elle en tira fut une longue plainte de douleur. Le coup de trop pour son bras. Elle le sentit alors agripper, puis trancher les ceintures, ce qui malgré tout la mit en colère.

Comme un diable sortit de sa boîte, son bras gauche revint devant, et elle en tituba avec un rictus de douleur.

Les yeux fermés, et légèrement prostrée, elle serra le poing, desserra, dans l’espoir de sentir de nouveau le sang passer dans ses veines. Elle avait des fourmis dans les doigts, et d’un coup d’œil remarqua les légères marques rosées qui commençaient à imbiber le tissu. Elle saignait un peu, par endroits. Après avoir relevé un regard furieux en direction de son adversaire, elle grinça des dents.

« Tu n’aurais pas du faire ça » persifla-t-elle. Elle remonta ses manches, le sang moins visible sur les tatouages multicolores que sur le tissu écru. Elle ne voulait pas qu’il le remarque, elle ne voulait pas qu’il prenne de gant. Qu’il ait décidé de la libérer était déjà bien assez humiliant comme cela.

Manches relevées et nouées au niveau de ses coudes, elle l’imita, lui tourna autour elle aussi sans le quitter des yeux.

« Tu vas le regretter, fillette »

Qui a dit qu’il l’avait battue ? Il ne s’était pas montré loyal, et il allait le regretter. Du moins, elle ferait son possible pour.

Les premiers coups furent plutôt doux. Elle cherchait encore ses marques et avait le bras gauche perclus de douleur. Il n’était pas précis, et chaque geste lui en coûtait. Pourtant, elle s’efforçait de n’en rien montrer, mâchoire serrée et regard farouche.
Elle le sentait goguenard, fier de lui, joueur. Et elle se montrait sèche, dure, cassante en retour… Non pas que son attitude soit profondément agaçante, mais elle se sentait faible, et ne le supportait pas. Elle savait que si elle perdait ne serait-ce qu’une once de concentration, elle se ferait écraser. Pour l’instant, elle décidait de garder son bras gauche en garde, optant, pour les frappes, pour le droit. Elle se rendit alors compte que cet entraînement si frustrant et douloureux avait porté ses fruits : à présent que l’équilibre était rétabli, elle sentait ses frappes plus rapides et plus précises. On était encore certes loin de l’Elenor d’antan, mais elle commençait à faire mouche et, sous ses coups, elle sentait parfois Lan se raidir de douleur.

Grisant, enivrant. Le contact de sa peau glissante contre la sienne qui ne l’était pas moins la motivait, et sans s’en rendre compte, elle était bien vite entrée dans une lutte sans merci, plus rapide, plus féroce… Et décidée. Elle allait lui faire payer.

Elle allait lui faire payer sa blessure à la main gauche, sa déchéance, son anonymat… Elle allait lui faire payer Xander et Sieben. Elle allait lui faire payer sa lâcheté et son immobilisme.

Un coup porta, plus fort que les autres, au terme duquel elle le sentit plus sonné. Sans plus s’y attarder, elle enchaîna avec une gifle plus puissante, de la main gauche (les gifles, c’était tout ce qu’elle pouvait encore faire). Le sentant désorienté, et s’avisant de sa garde un peu trop haute, elle su ce qu’elle avait à faire, et se baissa sans attendre pour le saisir à la taille. Ses bras entourèrent les hanches de Lan. Les appuis de son adversaire sonné n’étaient plus impeccables, aussi n’eut-elle qu’à pousser violemment sur ses jambes pour le désarçonner.

Lorsque Lan tomba dans les graviers, elle n’ignora pas la douleur qu’il allait ressentir, torse nu, mais ne s’en formalisa pas. Ses avant-bras enroulés dans son dos en souffrirent aussi. Les dents découvertes par un rictus de douleur, elle s’aida des épaules de l’adversaire pour se hisser sur lui sans lui laisser le loisir de répliquer et bien vite, elle avait passé ses genoux de chaque côté de sa taille.

Resserrant les cuisses pour ne plus lui laisser le loisir de s’enfuir, elle s’abaissa pour lui soulever le menton en écrasant sa gorge de son avant-bras. Le gauche, tandis que la main droite d’Elenor retenait son homologue masculine.
A bout de souffle, un souffle brûlant qui s’échappait entre ses dents, elle le considéra ainsi d’un œil noir. Enfin… plus noir que d’ordinaire.

« Tu as raison, être battue par un eunuque est honteux. Et toi, que dis-tu de perdre face à une femme ? »

Sa voix n’était qu’un filet grave, elle s’économisait manifestement pour la suite. Car elle ne se faisait pas d’illusion là-dessus : elle l’avait eu par surprise, et son plaquage avait été étonnement opportun. Restait qu’ils se battaient à mains-nues, qu’elle était beaucoup plus légère que lui et qu’elle avait en outre perdu beaucoup de force depuis sa retraite. Il ne lui en faudrait pas beaucoup pour se dépêtrer de son étreinte. Sans compter qu’elle était épuisée, que son bras gauche la faisait souffrir, et que, pratiquement allongée sur lui (elle était obligée de se pencher pour le retenir, et sentait à travers l’étoffe la trace brûlante du torse nu et éprouvé de Lan) elle ne ferait pas illusion très longtemps quant à ses ressources réelles.

« Tu te rends ? » siffla-t-elle néanmoins.

Déjà son bras gauche souillait de vermillon le torse de Lan.

D’un coup, il y avait beaucoup moins d’humour, dans l’air…

Elle n’avait pourtant pas percuté que jamais elle ne l’avait touché ainsi, ces dernières semaines. Ils dormaient dans deux pièces différentes, mangeaient chacun à leur bout de la table, épiaient les gestes de l’autre pour ne pas risque de les croiser…
Et à présent, il était torse nu, sous elle, tous deux haletants et à bout de forces. Et pourtant, c’était naturel, c’était chaud, et c’était furieux. Une fureur telle qu’un instant, elle fut parcourue par un interminable frisson qui, né de ses épaules, alla s’échouer sur ses reins.

Ses cuisses se resserrèrent autour de Lan.

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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyMer 13 Oct - 5:57

Comme prévu, l’agacement d’Elenor monta d’un cran. Avec un peu de chance, elle finirait par exploser, hurlant des jurons qui s’entendraient jusqu’à l’autre bout de la rue puis se calmerait. Le crieur n’avait, de toute sa vie, jamais vraiment trouver de méthode pour la désamorcer, si ce n’était la pousser à bout jusqu’à ce qu’elle se rende compte de la démesure de ses réactions. Parfois, l’humour faisait son petit effet.
Elle avait à peu près le même genre d’attitude envers lui, préférant se moquer plutôt que de comprendre les raisons profondes de son mécontentement. C’était une façon de faire, efficace et ô combien plus simple que d’autres. Ca ne guérissait pas le problème à son origine mais ça permettait de crever l’abcès qui s’était formé autour.
Malheureusement pour lui, ce jour-là, la jeune femme semblait avoir une dose de rage particulièrement importante à déverser. Alors qu’il s’attendait plutôt à un jeu de touche-touche, elle augmenta progressivement l’intensité de ses coups jusqu’à le frapper réellement.
Lance mit un moment à comprendre sa réaction et à effleurer son état d’esprit actuel. Il était détendu, manquait de motivation. Elle restait froide, concentrée, implacable. Le décalage, quand il s’en aperçut, lui fit l’effet d’une décharge électrique qui parcourut son corps. Elle allait frapper et ça allait faire mal. Il durcit sa défense, tirant sur ses muscles endoloris pour ne rien laisser passer.
Pourquoi était-elle si en colère ? Parce qu’il avait été déloyal ? C’était une habitude. Avait-il dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Il n’osait lui demander. Et, pour tout avouer, il ne pouvait pas arrêter le combat pour le lui demander. Elle menait la danse, frappant sûrement et ses coups se faisaient de plus en plus précis et de plus en plus douloureux. Lance répondait, arrêtait la plupart de ses poings et pieds qui valsaient vers lui, reculait pour digérer la dernière raclée qui l’avait atteint.
Il reprit peu à peur du poil de la bête, se fit plus incisif. La réaction de sa partenaire -qui se comportait alors bel et bien comme une adversaire- l’incitait à se faire plus violent, plus combatif. Mais, au fond, le cœur n’y était pas et les questions le harcelaient, entamant sa concentration.
Ce fut peut-être pour cette raison qu’Elenor le battit si facilement. Habituellement, il était aussi habile qu’elle au corps à corps et finissait par la sonner, l’envoyant au tapis. Il n’en était pas de même lorsqu’ils étaient tous deux armés, aussi, dans leur jeunesse, avait-il souvent préféré le combat à mains nues, peu désireux de se faire battre par une femme, même de la trempe de la Jagharii.

Soudain, elle enchaîna une suite d’actions : il reçut son poing au niveau du sternum, puis une violente gifle acheva de lui couper le souffle. Enfin, elle se rua sur lui, enserrant sa taille de ses deux bras et le propulsa à terre.
Une seule pensée envahit son esprit alors qu’il tombait et que son dos s’écrasait dans les graviers qui déchiquetèrent sa peau nue.
Pourquoi m’en veut-elle autant ?

Elandor sentit ses cuisses musclées ceinturer son torse juste avant que son avant-bras gauche ne vienne écraser sa trachée. Il toussa, grogna, expira tout son air et se débattit un instant pour s’échapper. La poigne d’Elenor était étonnement forte et il ne put qu’empoigner son bras de sa seule main libre et l’éloigner suffisamment pour respirer. Leur bras de fer était très inconfortable et leurs deux bras, unis, presque soudés, tremblaient de concert.
Il sentait le souffle saccadé d’Elenor s’écraser sur son visage ainsi que le trop plein d’émotions qu’elle contenait à travers son corps tendu à l’extrême.

Dans son regard froid, il ne lisait pas l’étincelle de colère qui habitait normalement sa prunelle lorsqu’elle répondait à une de ses attaques. C’était plus profond qu’une simple réponse à une provocation.
Mais si tu ne me dis pas ce qui t’arrive, je ne devinerai pas tout seul.
Il avait une ou deux intuitions, bien sûr. Il imaginait aisément qu’elle n’avait pas oublié leur toute première conversation entre ces murs. Mais cela suffisait-il ?
Durant ces deux mois, elle n’avait plus parlé d’elle ni de ses problèmes passés. Aurait-il dû insister pour la faire parler ? Aurait-il seulement dû essayer ? Peut-être était-ce un trop plein qui avait besoin de déborder ?
Lance était incapable de répondre et Elandor refusait de remettre en question sa façon de gérer cette amitié.

Il la laissa parler sans répondre. Perdre face à une femme n’entamerait plus jamais son ego ; il en avait suffisamment perdu comme ça face au Conseil. Et, avec la femme qu’il s’était choisie pour fiancée, il avait d’ores et déjà pris l’habitude de se faire battre. Si elle espérait l’agacer avec cette remarque, elle se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Coude d’où dégoulinaient de minces filets écarlates, preuve qu’il n’était pas le seul à souffrir. Mais, étrangement, cette constatation ne l’émouvait pas plus que cela. C’était elle qui avait augmenté le niveau à ce point …

Et non, il ne se rendrait pas non plus. Pas avant d’avoir compris pourquoi elle réagissait comme ça. Mais seul un regard incompréhensif répondit à la question. De toutes façons, Lance n’avait pas vraiment les moyens de s’épuiser à parler. Le peu de souffle qui lui restait, il comptait bien l’utiliser plus finement …

La situation était cocasse. La dernière fois qu’ils s’étaient touchés, autrement que sur un terrain d’entraînement -cette cour-, c’était cette fameuse nuit où elle l’avait rejoint, l’avait giflé puis avait embrassé son épaule, à l’endroit où sa chemise découvrait un morceau de peau nue.
Et là … Là, il sentait ses cuissardes contre son torse dévêtu, libre de toute entrave et frémissant, sous le coup de l’effort, de la chaleur et peut-être aussi, d’autre chose …
Il sentait la poitrine d’Elenor contre la sienne, qui s’abaissait contre sa peau puis remontait pour ne plus faire que l’effleurer.
Ce contact, cette ambiance faisaient renaître en lui des sentiments enfouis, comme un désir où les émotions viendraient se mêler. Cela n’avait rien à voir avec l’appétit qui l’obligeait à trouver refuge entre les bras et les cuisses d’une femme inconnue. Il y avait autre chose. C’est ELLE qui faisait germer en lui l’envie de lui caresser le bras, de remonter jusqu’à sa nuque, de jouer avec ses cheveux. Pas une autre.
Ses pensées furent interrompues par le long frisson qui s’empara d’elle. Il le ressentit et ne put faire autrement que d’en comprendre la situation.
Il aurait pu en profiter, il aurait pu lâcher les vannes. Il sentit son corps tout entier se raidir puis se couler contre elle, en quête d’un contact qu’il ne croyait plus jamais pouvoir s’autoriser.
Il sentit ses cuisses dont la prise sur sa taille se raffermissait.
Il ferma les yeux, une cascade de cheveux roux inonda ses paupières closes. Il ne pouvait pas, pas encore. Pas si des sentiments étaient en jeux.
Alors pourquoi son corps avait-il décidé de le trahir ?
Et elle, que voulait-elle faire, avec ses jambes ? Le serrer, l’enlacer ou l’écraser ?
Une partie de lui se traitait d’imbécile, arguant que ce genre d’arguments ne l’avait jamais retenu auparavant. Mais le malaise des semaines précédentes était encore trop présent pour qu’il ne prenne le risque de briser totalement leur amitié. Ils étaient amenés à se côtoyer de près un bon moment et ce n’était pas la peine de risquer d’envenimer la situation en se laissant aller à des instincts primaires.

Bien qu’encore indécis sur la conduite à suivre, Lance décida que le petit jeu avait assez duré. Agacé de se sentir mal à l’aise dans cette position, il réagit, comme trop souvent, par l’action plutôt que d’essayer de se poser des questions.
Profitant d’un léger relâchement d’Elenor -qu’il guettait depuis plusieurs minutes-, il entremêla ses jambes aux siennes et la fit basculer violemment sur le côté à l’aide d’un grand coup de bassin. Une fois dégagés du sol, son dos et son torse purent utiliser leur force pour retourner la situation, et Elenor avec. Celle-ci se retrouva, dos au sol, à peu près dans la même position que l’ancien Noble quelques secondes plus tôt, à ceci près qu’il ne maîtrisait pas aussi bien la situation. Elle ruait, utilisant à merveille ses hanches et ses cuisses pour se dégager. Ses mains cherchaient le visage de son adversaire et elle se débrouillait bien mieux que lui pour l’atteindre.
Quelque chose avait changé. Ses coups, froids et méthodiques il y a peu, étaient devenus plus anarchiques, davantage guidés par la rage que par la tactique.
Et c’était loin d’être rassurant pour Elandor, qui protégeait du mieux qu’il pouvait ses yeux de la furie qui s’agitait sous lui.
De loin, ils devaient presque ressembler à un couple d’amants, unis dans une étreinte animale.
Estimant qu’il valait mieux mettre fin à cette confusion, Lance prit une décision radicale.
Abandonnant sa position de défense, il agrippa les deux bras d’Elenor d’une main, les maintenant comme il pouvait loin de lui ; il lui fallait juste quelques secondes … De l’autre, il saisit brutalement l’épaule de la jeune femme, enfonçant ses doigts et ses ongles dans la chair, comme en réponse aux douleurs lancinantes qui parcourraient son propre corps, conséquence des coups qu’elle lui avait donnés. Il fixa un instant ses yeux puis il releva brièvement le buste tatoué pour mieux l’écraser sur le sol, avec assez de puissance pour couper le souffle de sa partenaire et lui faire pousser un petit cri de douleur.
Utilisant ce précieux temps qui lui était accordé pour se relever, il s’éloigna d’elle, le cœur battant, le dos et les bras sanguinolents, la tête résonnant encore des coups portés.

Il ramassa son épée et se plaça à nouveau devant elle, presque menaçant, maîtrisant la situation, pour au moins quelques minutes.

« Tu m’expliques ? »
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyDim 17 Oct - 14:32

Il était déjà plus puissant qu’elle en temps normal. Autant dire qu’une main handicapée et un bras saignant généreusement, l’écart se faisait plus important encore. Une ruade, un geste un peu plus rude aurait suffit à la désarçonner à tout moment.

Et pourtant, elle le sentait tendu, sous elle, comme s’il ne savait que faire de ses mains, de ses jambes. Comme si durant quelques instants, il ne pouvait plus contrôler son corps. Sans pour autant l’étouffer réellement, elle avait comme l’impression de chevaucher un pantin de bois, rugueux, sans la moindre souplesse ni plus de Volonté. Son regard s’était planté dans celui de son compagnon, de son adversaire, tandis que leurs souffles hachés pour lui, et précipité pour elle se mêlaient. Elle serra les dents, s’interrogeait. C’était là le moment de bouger, le moment de réagir et de s’assurer la victoire, et pourtant elle ne fit rien. Elle se contentait de le maintenir de ses cuisses, de son bras. Elle se contentait de tenter en vain de sonder son regard sombre. Elle y trouva un écho à son propre frisson ; sans être tout à fait sur la même longueur d’ondes, il y avait quelque chose qui passait entre eux. Ce n’était pas de la tendresse, alors… mais une sorte de soif. Une soif de contact et de chaleur. La chaleur d’un être proche que l’on connaît… ou que l’on pensait connaître.

Elenor n’était pas frustrée, quoi que cela faisait deux mois qu’un homme n’avait plus effleuré sa peau. Elle sentait juste en elle le picotement de l’envie et de la curiosité, depuis qu’ils s’étaient retrouvés.

Comme l’impression qu’ici, isolés de l’étiquette et des convenances, ils seraient tout autres. Elle n’avait pas peur du changement, n’avait pas peur de perdre quoi que ce soit, mais elle ressentait elle aussi l’angoisse de l’inconnu, et celle de le voir si rêche, contre elle. Qu’importait son sentiment, s’il était pétrifié par la simple étreinte de ses jambes ? Là, un geste banal et combatif, qui quoi qu’en disent les apparences n’avait d’autres significations que la colère et la houle qu’elle avait refoulée et qu’elle voulait libérer. Un geste qui ne l’invitait à rien, ne l’obligeait à rien si ce n’était à réagir… Et il était interdit, comme un cheval face à un feu.
Dans ces conditions, oui quelque chose pouvait se briser, mais pour les préserver, tout ce qu’elle pouvait faire était de tenter de trouver les clefs du problème, et de le dénouer avec patience. Qu’il le veuille ou non, c’était lui qui avait apporté le changement. Lui qui avait instauré dans leur relation une dimension de plus. Lui qui l’avait esquissé, et qui s’était effaré de la voir y répondre. Lui qui devrait payer, pour qu’ils retrouvent un semblant de sérénité.

Absorbée par ses pensées, le regard sombre, elle se détendit tout à coup et lui offrit l’occasion dont il avait eu besoin. Prise de court, elle ne put rien faire de plus, sentant ses jambes happées, que de se cramponner à lui. Elle chercha à l’empêcher de reprendre le dessus, mais ne résista pas à ses hanches, plus solides et puissantes que les siennes ne l’avaient jamais été. Accusant la saccade qu’elles appliquèrent à son bassin avec un rictus de douleur, elle roula sur le côté, le souffle court. Dos au sol, elle tenta de s’échapper, sentant à nouveau la fureur gronder en son sein. Elle ne s’était pas tout à fait calmée, et cette nouvelle configuration coupa court à toute tentative d’apaisement. Elle envoya ses mains voler à la rencontre de son visage, sans l’atteindre. Pour quoi faire, elle n’en avait pas la moindre idée. Elle voulait juste se débattre, se libérer de son poids et de sa poigne. Elle ne voulait plus le sentir sur elle. Le ventre noué, elle cherchait à l’agripper, ses épaules, sa nuque, sans jamais y parvenir. Des coups désordonnés, auxquels faisaient écho ses jambes qui s’agitaient, tentaient de le désarçonner comme lui l’avait fait avec elle. Mais il était plus lourd et l’écrasait de tout son poids.

Elle rua dans les brancards, un coup de trop, et le décida à lui saisir les poignets pour les relever au-dessus de sa tête. Vulnérable, offerte à son adversaire, elle laissa un léger rugissement de dépit lui échapper, jouant tant bien que mal des épaules pour se défaire de ses mains, lorsqu’il saisit son épaule et y enfonça ses doigts. Le geste, brutal et plus douloureux que ce à quoi elle s’attendait venant de lui lui arracha un sifflement sonore, tandis qu’elle se cambrait, raidie par l’impuissance et la douleur. Il ne manquait plus que cela. Cela eut néanmoins l’avantage d’immobiliser ses jambes qui cessèrent alors leurs assauts pour se crisper sous les siennes. Les yeux fermés par la douleur, elle ne vit pas venir la suite et réprima un souffle en se sentant soulevée, avant de crier de douleur une fois repoussée.

Comme il l’escomptait, il l’avait non seulement calmée, mais lui avait coupé le souffle. Elle ne masqua pas son soulagement en le sentant se lever, mais fut incapable de bouger pour autant. Ses bras légèrement repliés, étendus au-dessus de sa tête dans la position dans laquelle il les avait maintenus, elle resta là, haletante, les yeux clos.

Elle avait dépassé les bornes ? Elle payait les coups portés ? Il avait été sauvage, comme s’il combattait pour sa propre vie. Il avait dépassé l’entraînement… comme elle, peut-être. Peut-être.

Peut-être parce qu’il se jouait là quelque chose d’autre. Parce que l’enjeu ne concernait plus seulement sa main gauche mais aussi beaucoup plus… Parce que ce qui s’affrontait était une mêlée ouverte de désirs et de brimades. Ils ligotaient leurs membres, leurs sens pour ne pas les voir empiéter sur ce qu’ils voulaient les voir ressentir, et ils le payaient, l’un comme l’autre, lorsque les barrières s’abaissaient. La rage du combat avait ouvert ce qu’ils avaient jusque là refusé d’accepter… Et à présent, cela n’en paraissait que plus inacceptable encore. Quelque chose qui pouvait les rendre si violents, qui pouvait les faire enrager ainsi l’un contre l’autre ne devait pas être bon.

Etait-ce cela qu’il craignait, et qu’elle n’avait pas vu ? Peut-être devait-elle s’en persuader pour ne plus souffrir de ce silence.

Elle demeura allongée longtemps, le laissant poireauter. Il avait gagné le combat, l’avait dominée et lui avait arraché un cri de défaite. S’il lui en avait laissé le temps après avoir pressé son épaule, et retenu ses bras, elle aurait presque pu implorer qu’il cesse. Elle aurait pu se rendre comme elle l’avait souvent fait par le passé. A l’époque, elle se rendait dans un éclat de rire et concluait l’affaire d’une bourrade amicale…

Mais son cœur avait toujours en lui cette même amertume.

Lentement, ses mains quittèrent la position de domination qu’il leur avait imposée pour venir couvrir son visage plein de sueur et de poussière. La gauche laissa perler contre ses lèvres quelques gouttes de sang chaud et frais. Un goût métallique qui lui arracha une quinte de toux et la fit rouler sur le côté. Dans le même geste, elle se leva, titubant légèrement, dos à lui. Toute combativité avait quitté sa physionomie, et à présent c’était un dos las et relâché qu’elle lui opposait. Elle tenta de le détendre pour gagner le mur d’en face, où se trouvait un banc et quelques affaires. De l’eau notamment, dont elle remplit une coupe pour en boire quelques gorgées, se débarrasser du goût du sang et de la poussière, puis s’en asperger le visage et s’en nettoyer les mains. Le froid ne tarderait guère à la gagner, mais cela valait mieux que la sensation d’épuisement et de crasse. Après un long silence, elle ouvrit des yeux lourds et peinés qu’elle darda en sa direction. A présent qu’il était seul, il avait l’air ridicule, avec son épée à la main.

« Et que je t’explique quoi ? » Elle haussa les épaules et entreprit de détresser ses cheveux, afin de libérer la terre et les graviers qui s’y étaient fichés. « Si je pouvais y comprendre quelque chose, crois moi tu le saurais… » Elle se laissa tomber sur le banc avec un soupir et appuya dos et crâne à la pierre glacée du mur non sans un léger vertige. Elle se massa la nuque. « Tu n’y es pas allé de main morte » Un grognement, qui pourtant n’avait pas l’accent de la bouderie et du rire habituel. Elle était restée sérieuse, à sa disposition, quoi qu’ignorant bien quelles réponses elle pouvait avoir à lui fournir.

Elle ne désirait rien de plus que de s’enfoncer dans son mutisme, habituel ces dernières semaines, de rentrer, se laver et se changer. Sa mauvaise humeur passée, tout reprendrait, une fois encore, son cours habituel.

Mais elle restait là, ses yeux implacablement plantés dans ceux de Lan. Elle ne combattait plus, mais n’avait pas perdu la lueur de défi qui l’habitait.

« Il y a beaucoup de questions que je me pose… Si déjà tu me posais les bonnes, nous aurions une chance d’avancer. »

Puis elle le quitta des yeux avec un soupir pour regarder son avant bras gauche et y verser de l’eau fraîche avec un nouveau rictus. L’eau qui gouttait au sol et imprégnait la poussière était rosâtre, alors qu’il était laborieux de trouver des plaies dans ce déballage de couleurs. Elle-même plissait les yeux, cherchant les graviers pour les extraire avant que les écorchures ne s’infectent.

Elle avait le regard brillant, et ses lèvres étaient pâlies par sa mâchoire contractée. Et si la douleur n’y était pas étrangère, elle n’était pas non plus la seule à provoquer son état. L’humiliation, et le dépit y étaient aussi pour beaucoup…
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyDim 31 Oct - 11:37

Son souffle haletant, finit enfin par se calmer, d’abord diminuant en fréquence puis en amplitude.
Il la regarda reprendre ses esprits, allongée au sol, puisse relever difficilement. Il entendait encore le cri de douleur et de rage qu’elle avait laissé échapper lorsqu’il l’avait brutalement écrasée au sol.
Elle s’ébroua, comme pour effacer cet instant de flottement qui venait de s’écouler entre eux.
Elandor se tenait au milieu de la cour, immobile, les phalanges blanchies sur la garde de son épée dressée.
Elle lui tournait le dos, rendant ridicule sa position offensive, et s’éloigna encore de lui pour rejoindre le banc où ils avaient laissé leurs affaires.
Elle se désaltéra, nettoya légèrement ses plaies puis, enfin, darda ses yeux sur lui. Il soutint son regard, essayant de lire autre chose que du dédain au fond de ses prunelles sombres.
Il était ridicule et elle lui faisait sentir.
Après l’avoir fait attendre si longtemps, elle lui répondit d’un air distant, presque hautain, s’intéressant davantage à ses cheveux maculés de poussières et de graviers qu’à leur discussion.
Il ne répondit pas, la mâchoire serrée, oscillant entre perplexité, désarroi et colère. Il était fatigué, son dos lui faisait un mal de chien et sa peau était maculée de minuscules éraflures, récoltées aussi bien en heurtant le sol qu’en rencontrant les ongles d’Elenor. La patience commençait à lui faire cruellement défaut aussi préféra-t-il souffler un bon coup et s’approcher d’elle, posant son épée au passage.
Le combat était fini mais il n’y avait aucun gagnant.

Il avala une grande gorgée d’eau, s’aspergea le torse, la nuque et les cheveux, frissonna un instant puis secoua la tête dans l’espoir de remettre ses idées en place, ce qui n’eut guère d’autre effet que de lui donner un début de migraine.
Il n’était qu’à quelques mètres d’elle et la tension grandissait entre eux, surtout de son fait, d’ailleurs. Elle, elle semblait parfaitement calme et indifférente, le faisant enrager un peu plus.
Il se retint, maîtrisant à grand peine ses émotions et l’envie violente de lui répondre méchamment.

Elle tourna la tête vers lui, plongeant ses yeux dans les siens, se heurtant au regard furieux de Lance.
Il ne vit même pas la lueur de défi qui brûlait encore dans le sien, concentrant tous ses efforts sur ses poings serrés et ses muscles tendus.
Mais les dernières paroles d’Elenor le firent sortir de ses gonds. Il la regarda panser ses blessures, hésitant encore quelques secondes sur la marche à suivre.
Il avait le choix. Devenir Elandor, ne serait-ce que pour quelques minutes, laisser échapper sa rage et sa furie, cesser -enfin- de se contenir. Ou bien rester Lance, se maîtriser, parler calmement, essayer de la faire parler, négocier. Mais c’était Elenor. Elle lui répondrait par la moquerie … Alors que s’il s’énervait, il lui restait une petite chance de la faire sortir de ses gonds.
Son raisonnement lui prit à peine quelques secondes, quelques secondes qui lui suffirent à jauger son adversaire, à voir ses mâchoires serrées, son expression figée. Il ne lui fallut pas plus pour se décider à ouvrir les vannes qu’ils avaient tant bien que mal essayer de souder depuis sa résurrection.
Il laissa échapper son agressivité et son irritation, étouffant un grondement de colère et frappant violemment le mur de son poing, à un mètre à peine du visage d’Elenor, réussissant par le même coup à attirer son attention et se faire plus mal encore que durant l’intégralité de leur combat.
Si la situation avait été différente, il se serait sans doute arrêter là, aurait hurlé de douleur, secouant frénétiquement sa main dans l’espoir se faire cesser la décharge électrique qui s’y était répandu sous le coup du choc. Seulement, cela faisait plusieurs semaines qu’ils se tournaient autour, qu’ils se fuyaient, refusaient de se parler et cela en devenait oppressant.
Au lieu de rire de lui-même, il s’abandonna à la fureur, celle d’avoir mal et celle de se sentir parfaitement ridicule. Et finalement, ça faisait du bien, beaucoup de bien …
Il regarda Elenor d’un air dégoûté, secouant la tête et laissant ses traits se déformer sous le coup de l’agacement en un faciès marqué par les rides d’expression.

« Merde, ELENOR ! On va continuer comme ça longtemps ? ! Si ça t’amuse, vas-y ! Mais ce sera sans moi … »
Il marqua une pause, davantage pour calmer sa voix que pour lui laisser le temps de répondre.
« J’en ai assez de cette situation invivable et de nos réactions puérils. Alors accepte au moins de mettre les choses au clair ! Si tu te contentes de faire la gueule dans ton coin sans rien me dire, ça ne marchera jamais ! »
Il se passa la main sur le visage, étirant les pattes d’oie qui sillonnaient ses tempes.
« J’ai joué au con, je suis désolé. Je n’aurai jamais dû te dire ce que j’ai dis ce soir-là. »
Il ne précisa pas, il était certain qu’elle se souvenait aussi bien que lui de cette maudite soirée qui avait marqué le début de deux longs mois de cache-cache cynique et mesquin.
« Mais c’est difficile pour moi aussi. Je ne peux plus me permettre d’être Elandor ! La seule chose qui me hante, la seule chose qui m’obsède, c’est égorger Riarg de mes mains. Je n’ai plus le temps de me retourner sur mon passé, de réfléchir à mes anciennes amitiés ni même à ma vie ou à mes relations. Je suis l’Al’Faret, j’ai besoin d’être l’Al’Faret, je ne peux pas me permettre de perdre du temps à essayer d’être quelqu’un d’autre. »
Il laissa échapper un reniflement dédaigneux. La lassitude l’envahissait.
« La vérité, c’est que je n’ai pas l’énergie d’être perpétuellement en conflit avec toi … »
Il se laissa tomber sur le banc à ses côtés et ferma les yeux un instant, espérant qu’elle se mette à parler. La douleur envahissait toujours ses phalanges, faisant presque trembler sa main et il grimaça.
« Ca ne marche pas, comme ça. Il faut trouver une autre solution. Regarde-moi, explique-moi. »
Il sentit sa main se soulever, comme pour lui effleurer le visage mais l’arrêta pour la poser sur sa propre cuisse. Ca n’était pas le moment d’embrouiller les choses.

Tout, maintenant, reposait sur Elenor. Soit elle choisissait d’éviter le conflit, de se renfermer à nouveau et alors, tout serait pareil, jusqu’à ce que l’un d’eux ne puisse plus contrôler son exaspération et que le conflit éclate à nouveau, gagnant en intensité à chaque rixe.
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyJeu 11 Nov - 21:21

Lorsqu’il frappa le mur à côté d’elle, elle sursauta, s’attendant davantage à ce qu’il lui colle une dérouillée qu’une frayeur. Elle ferma les yeux, mâchoire plus crispée que jamais, lorsqu’il commença à déverser sur elle sa fureur. Chaque mot qu’il prononça fut passé au crible par l’esprit acéré d’Elenor, qui peu à peu recommençait à bouillir derrière ses pupilles noires et rondes. Ce qu’il disait n’avait… ni queue ni tête. Il voulait dénouer le problème, mais il ne voulait pas être autre chose que l’Al’Faret. Il regrettait ce qu’il lui avait dit, mais enfonçait le clou, il ne pouvait rien être d’autre que ce qu’il était aujourd’hui.

Antithèses enchaînées comme les perles sur un collier grossier de sous-entendus et de non-dits, lorsqu’il eut terminé sur une ultime invective, elle poussa un soupir, profond, avant de se lever. Il s’était assis lui aussi, elle ne voulait pas rester sur le même banc. Pas parce qu’elle était mal à l’aise, ni parce qu’elle le détestait trop pour tolérer cette proximité, mais plutôt parce qu’elle ne se sentait pas capable de discuter ainsi. Elle se leva donc, l’ignora quelques instants (le temps de reprendre son souffle et de desserrer la mâchoire qui semblait s’être soudée en un étau douloureux) puis alla trouver un lance émoussée et légère qu’elle saisit de sa main droite. Une arme grossièrement taillée, néanmoins utile lorsqu’il s’agissait de retrouver un minimum d’habileté. Elle la fit tourner un peu maladroitement, puis vint la caler dans son dos, le long de son bras droit. Ses doigts agrippés, elle se tourna vers Lan et le regarda d’un air franchement las.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que je me sens mal, que ça ne me va pas ?

Dis-moi plutôt, Lan, pourquoi tu as accepté de m’héberger si cela met à ce point ton intégrité en jeu ? J’ai bien compris tout ça. Le passé, les questions, les amis, l’amour… Moi aussi, donc… Tout ça n’a aucune place dans ta vie actuelle. Très bien.

Je ne comprends pas tout, peut-être parce que j’ai prêté allégeance et que de mon côté, avoir à mes côtés un ami ne m’empêche pas de me tenir droite et d’être une Sipik efficace. Mais mon n’implication n’a sans doute rien à voir avec la tienne. Peut-être que toi, pour avancer, tu dois être seul… Cela dit, si tu crois que c’est moi qui t’empêchera de te battre, et d’avoir sous les doigts le cou de ce pendard de Karnimacii, alors mon ami, tu te fous le doigt dans l’œil, et jusqu’au coude. »


Elle s’approcha, balança la lance sur le côté et se planta devant lui, un air féroce sur ses traits contractés.

« Il n’y a personne, à part toi peut-être, qui ait autant soif de son sang et de celui de ses petits copains. Personne, à part toi, de plus déterminé à leur faire payer ce qu’ils ont fait. Je pensais que tu me connaissais assez pour savoir cela. Mais de toute évidence ce n’est pas le cas.

Si tu crois que je me mettrais en travers de ton chemin, alors tu as raison, écarte moi, banni cette amitié quelle que soit la… la forme qu’elle puisse prendre aujourd’hui et demain, et démerde toi tout seul, comme un grand. »


Elle balança un regard brillant sur le côté blessée.

« Cette situation qui te bouffe, et qui me ronge aussi, je ne la tiendrais pas longtemps. J’ai accepté pour toi de renier ma douleur et mes regrets. Je ne peux pas oublier, je ne peux pas être une autre personne, vierge, celle que tu connaissais avant. Je peux juste garder le silence et refouler un maximum. T’épargner la corvée d’être une épaule sur laquelle m’épancher. Je ne peux pas faire plus que cela.
Mais si toi, tu ne peux pas accepter ce que je suis devenue, et si tu es incapable d’accepter qu’avec moi notre relation ait pu changer, alors peut-être vaut-il mieux que je me trouve un autre toit, et que j’aille emmerder quelqu’un d’autre. »


Elle reporta alors son regard sur lui, intense. Elle lui parlait en pagaïe de tendresse, d’humanité, de froideur, de sentiments refoulés et d’ignorance… Et ça représentait plutôt bien son état d’esprit global : un beau bordel coloré et écœurant.

Elle plissa les yeux, un rictus crispé découvrant ses dents l’espace d’un instant.

« Je… » Elle déglutit, et son regard tomba sur ses cuissardes pleines de poussière et de griffures. « Laisse tomber. »

Puis sur un nouveau soupir elle lui tourna le dos et s’en fut, sans un mot, sans rien. Elle avait eu sur le bout de la langue qu’elle regrettait, au fond. Que cette tendresse inattendue de la part de Lan lui avait plu et que, peut-être, c’était ce dont elle avait eu besoin : quelque chose de doux et de positif pour éclairer un passé trop glauque et douloureux… Mais le passé, ce n’était pas la tasse de thé de Lan, et quand bien même cela n’en aurait été qu’une image inversée, vague, une réminiscence sans danger pour leur cause, il la repoussait aussi violemment que si c’eut été l’aveu prématuré de leur défaite.

Pourquoi ? En quoi vivre différemment leur vie quotidienne aurait pu changer quoi que ce soit ? Elle n’était pas une étrangère, elle était Sipik, son bras armé. Une amie toujours fidèle, qui aurait été prête à tout pour le venger. En quoi s’ouvrir un peu, avec elle, aurait pu le mettre en danger ? Elle était persuadée au fond que des deux, le plus vulnérable à ce genre d’évolution n’était pas Lan.

D’un pas lourd, las, elle quitta la cour pour retrouver l’intérieur de la petite maison, sans se préoccuper de savoir s’il l’avait suivie ou non. Elle gagna la petite chambre où se trouvaient ses affaires, et les yeux baissés sur ses pieds, commença à délacer ses cuissardes.

Tandis que les lacets de cuir qui remontaient de ses chevilles à ses cuisses glissaient dans les œillets, ses doigts gourds, pour ceux de la main gauche, et maladroits pour ceux de la droite, elle pinça les lèvres et fronça les sourcils. Peut-être que c’était ce qu’elle devait faire, partir. Elle n’en avait pas envie et à l’idée de s’éloigner de l’ami à peine retrouvé, elle sentait sa gorge se serrer… Et pourtant, s’il était un point sur lequel il avait raison, c’était qu’il ne pouvait pas être complètement l’Al’Faret tant que des conflits éclateraient ainsi.
Elle ne demandait qu’à les voir s’éteindre, mais encore fallait-il qu’il l’accepte.

De son côté, elle était incapable de supporter au quotidien un manque de confiance. Il aurait remis sa vie entre les mains d’Elenor, mais la croire capable de le pousser à se dévier de sa route, de vouloir changer ce qu’il était, c’était pour elle une insulte sourde et insidieuse qu’elle n’avait pas la force d’endurer.
Elle se mordit les lèvres, sa première jambe libérée, puis entama la seconde, le regard brillant. Elle avait envie de retourner dans la cour, de le lui dire. Mais n’en fit rien. S’il avait envie que ça change, et que ça se passe mieux, alors il en avait entendu assez, et il ne tenait qu’à lui de se rassurer. Elle avait dit ce qu’elle avait sur le cœur, du moins ce qu’il était capable d’entendre, et quoi que son incapacité à régler tout à fait ce problème l’horripile au plus haut point, elle avait fait tout ce qu’elle pouvait pour le moment.
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyLun 15 Nov - 15:30

Il la regarda se lever, saisir la lance, jouer avec elle. C’était comme une métaphore douloureuse, il avait le sentiment d’être prisonnier de sa poigne, de son aura et d’être secoué dans tous les sens au rythme de ses reproches. Elle l’obligeait à réfléchir, à se remettre en question. Avant son arrivée, il vivait au-dessus des flots, refusant de mettre la tête sous l’eau pour voir le fond bourbeux. Il se contentait de faire ce qu’il avait à faire, de vivre sa petite vie, de monter ses plans. Mais depuis qu’elle était là, ses nuits étaient moins tranquilles. Il rêvait de plus en plus de Bellone, d’images de son passé. C’était toujours le même rêve mais en différent. Il était là où Elandor avait été, avec les gens qu’Elandor avait fréquenté mais il n’était plus Elandor. Il n’était qu’un mendiant dépenaillé, grossier et ridicule.
Il chassa l’image de son esprit pour lui répondre, indécis.

« Je … J’ai accepté de t’héberger parce que j’en avais envie. Je voulais t’avoir près de moi, je voulais retrouver notre complicité et aussi, sûrement, te consoler … Mais j’ai plutôt mal joué sur ce coup-ci. »
Sa phrase s’était achevée dans une chuchotement et elle n’avait peut-être même pas entendu. Peu importait, il parlait davantage pour lui-même que pour elle.

Il passa une main sur son visage fatigué, suivit le relief de son arcade sourcilière gauche puis vînt frotter machinalement sa cicatrice. Il tergiversa, ouvrit la bouche et resta un instant bloqué dans cette position, comme un poisson hors de l’eau. Finalement, il la referma et l’écouta déverser son agacement, ce trop-plein qu’il lui avait forcé à refouler auparavant. Il resta coi. Dans le fond, elle avait raison. Elle se tenait devant lui, droite et fière, solide comme un roc. Et elle pouvait l’être, elle était dans le vrai. Pourtant, il y avait fort à parier que ce n’était qu’une apparence et que sous les os de son crâne, une autre tempête se déchaînait.

Il affronta son regard mais ne trouva aucun mot pour lui répondre.
Il se contenta de nier vivement de la tête, d’un air niais, se fustigeant mentalement d’être si amorphe.
Non, bien sûr que non : je ne pense pas que tu vas te mettre en travers de mon chemin … Ce sont mes réactions qui risquent d’être différentes et qui risquent de m’entraver …

Il sentit sa gorge se serrer. Elle détourna le regard et l’acheva. « Laisse tomber ».
Laisser tomber … Ce serait si facile … Et si injuste !
Il la regarda s’éloigner, il la laissa partir …
Il avait tout encaissé parce qu’il estimait que c’était parfaitement justifié mais, à présent, il devait prendre une décision. La regarder faire ses bagages et s’éloigner de sa vie ou …
Ou il pouvait essayer de la rattraper.
Il sortit brusquement de sa torpeur et se leva d’un bond.

Il remarqua à peine la différence de température avec l’extérieur et laissa son regard se fixer sur les rayures dorées que le soleil glissait au travers des planches disjointes des volets, tandis qu’il s’approchait lentement de la chambre d’où lui parvenait des bruits saccadés, ceux d’une personne énervée qui fait les choses précipitamment.
Il entra silencieusement mais d’un pas certain, s’adossa au mur et attendit qu’elle cesse de l’ignorer pour le regarder, enfin. Il y avait quelque chose d’humide au fond de ses yeux et Lance fronça un peu plus les sourcils.
L’avait-il faite pleurer ou n’était-ce que la colère qui illuminait ses prunelles ?
Quoiqu’il en soit, maintenant qu’elle attendait quelque de sa part, il lui fallait parler. Il avala sa salive, se racla la gorge.

« Tu as raison. Tu as parfaitement raison et je suis désolé. J’ai du mal à accepter tous ces changements et … comme je n’ai aucune idée du choix à faire, j’oscille sans cesse, et je comprends parfaitement que tu … que tu te sentes blessée par mes changements d’attitude. »

Il marqua une pause, lui adressant un regard qui signifiait clairement « ne m’interrompt pas, laisse-moi juste finir et après, tu pourras laisser exploser ta colère ».
C’était suffisamment dur à dire …

« La vérité, c’est que j’ai peur Elenor, je suis mort de peur. »
Il passa sa langue sur ses dents, tout en laissant un sourire cynique se dessinait sur ses lèvres. Ca lui coûtait de l’avouer, Therdone savait combien celui lui en comptait ! Et Elenor devait le savoir aussi …
Il se mordit la lèvre, secoua la tête.
« On offrait à Elandor un trône sur un plateau d’argent. Moi, je dois me battre pour l’avoir. Et là, je ne sais plus. Je croyais que la seule chose que je voulais, c’était détruire le Conseil et retrouver le pouvoir qui m’appartient de droit pour que tout redevienne comme avant. J’ai créé la Dissidence pour MOI. Pour moi et pour moi seul ! »

Sa voix s’accélérait, il bafouillait presque. Lui, le grand orateur, lui qui charmait les foules et ensorcelait ses paires. Il buttait sur les mots comme un jeune premier. Mais il avait trop d’émotions à exprimer pour que ça le mette en colère. Il poursuivit.

« Maintenant … Je crois que je me bats aussi pour des hommes. J’ai réussi à les convaincre de me suivre, je ne veux pas les décevoir et ça change tout. Je voudrais être Elandor pour toi, un Elandor en mieux, un qui saurait aussi t’écouter et pas seulement te donner une claque dans le dos. Mais pour eux, il faut que je sois cet homme nouveau, exceptionnel, qui lutte seul contre tous et qui n’a pas d’autre vie que son combat. Alors je ne sais plus qui être. Je sais que je me répète mais écoute-moi encore une fois.

Tu sais, quand on m’a repêché, je suis resté couché plusieurs jours. Et là, j’ai failli me laisser mourir, ils ont failli gagner. Parce que je n’avais plus rien, plus rien d’autre que cette haine. Qu’est-ce que je dois en faire ?! Elle s’effrite, elle s’étiole, elle est remplacée par des rêves de grandeur, par … Par l’envie, le besoin d’évoluer.

Et puis, parfois, je croise ton regard ou j’aperçois son ombre dans la rue … »


Il s’approcha d’elle, lui prit le bras et la tourna vers lui. Son regard était plus bouleversé qu’il ne l’avait jamais été devant elle ou devant quiconque. Sauf devant Elle, celle qui hantait ses nuits, celle qui approuverait ce qu’il devenait. Mais pourrait-elle seulement le reconnaître ?
Il riva son regard au sien, sa main serrée autour de son bras se faisant plus souple, plus caressante.

« Quand tu n’étais pas là, c’était plus facile. J’étais Lance, et aussi l’Al’faret mais c’était une seule et même personne. Là, je suis obligé d’être Elandor et je ne sais pas comment gérer ça. Elandor n’avait pas envie de t’enlacer, il n’avait pas envie de t’obliger à parler ni de panser tes blessures. Lance, si. Du coup, je ne sais plus vraiment comment réagir. Est-ce que tu veux de ça ? Tu as changé aussi et du coup, je ne sais plus qui tu es non plus, je ne connais plus les limites. Autrefois, on ne se disait rien et on fonctionnait très bien ainsi. J’ai, malgré moi, ouvert une nouvelle porte et j’en suis parfaitement conscient. Je n’ai jamais osé abordé la question auparavant car ni l’un ni l’autre n’avons jamais été très affectueux mais je crois que c’est le moment de se la poser. Veut-on la refermer ? Si la réponse est non pour toi, je suis prêt à changer. Je suis prêt à accepter d’être cette ombre qui me hante, de la ramener en vie mais en mieux, de lui permettre d’être cette épaule sur laquelle tu as besoin de pleurer. Si tu préfères qu’on en reste là, au moins, les choses seront claires. Je ne veux pas te perdre, tu es la seule chose qui reste de l’Arlanii en moi. »

Il sourit à demi, se moquant de lui-même. Son discours était confus, embrouillé et lui-même ne savait plus exactement ce qu’il voulait dire.
Il secoua la tête mais ça ne remit pas pour autant ses idées en place.

Il lâcha son bras, s’écarta légèrement. Il venait de dire une énormité et se rattrapa hâtivement, espérant qu’elle saurait saisir sa sincérité.
« Et tu es aussi, et surtout, mon amie. »
Elle était certes un pan de son passé mais elle était aussi une personne qu’il appréciait et qu’il voulait redécouvrir puisque, apparemment, la donne avait changé.

« Je ne sais pas exactement ce que j’ai l’intention de te faire passer comme message et encore ce que j’espère vraiment.
Juste … Pardonne-moi ? »


Il lui adressa un sourire timide, presque suppliant.

« Je veux t’entendre parler de ta main, de ton aubergiste, de ta haine, de ta tristesse. Je veux retrouver la complicité qu’on a créée dans cette fameuse rue où l’on s’est retrouvé. Je m’y suis senti bien. Et puis … Et puis, je me suis à réfléchir et tout est devenu embrouillé. »

Il ne voulait pas lui laisser le temps de répondre, pas avant qu’il ait finit. Il enchaîne rapidement.

« Mais je compte sur toi pour m’aider à retrouver qui je suis et ce que je veux. Je ne peux pas me permettre de remettre la Dissidence en question à cause d’une crise identitaire.
Et ni notre amitié …»


C’était peut-être juste ça, la solution. Cesser de se cacher derrière ses obligations envers la Dissidence et affronter le fait qu’il se sentait démuni face à elle.
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyJeu 18 Nov - 14:24

Elle s’était tout à fait débarrassée des cuissardes lorsqu’elle entendit le bois craquer sous le poids de Lan, à l’entrée. Alors il ne la laisserait pas comme ça… Ou bien venait-il lui demander de partir ? Elle se mordit les lèvres et se contraignit dans un premier temps à ne pas lever les yeux vers lui. Ils restaient obstinément fixés à ses pieds qu’elle débarrassait des épais bas de laine prévus pour les protéger du cuir. Ses jambes avaient gardé en grande partie leur force, du moins celle nécessaire à la vie dans la cité, mais en campagne, à la vue de ses mollets moins rebondis, de ses genoux qui avaient repris des formes et de ses cuisses plus affinées, elle se disait qu’elle n’aurait pas tenu deux jours à pied avec son armure. Finalement, ses pieds nus appuyés sur le plancher branlant de la bicoque, elle soupira, et se décida à affronter son regard. Elle s’attendait à de la colère, du rejet… Mais fut heurtée par une douceur qu’elle n’attendait pas.

Il se racla la gorge et malgré elle, son regard se fit plus fixe, dans l’attente de ce qui devait suivre. A son tour, elle déglutit, sourcils froncés. Il commença son discours.

Il s’excusait. Spontanément, elle voulut l’interrompre, mais se ravisa devant le regard qu’il lui jeta. Nulle réponse, il n’avait pas fini, et un mot de sa part risquait de le couper dans son élan.

Mort de peur. Et comment. Elle aussi était morte de peur. Chaque jour, chaque foutu jour depuis qu’elle était entrée dans l’armée, elle avait été morte de peur. D’être mise en pièce, capturée, torturée, de voir ses frères d’armes tomber autour d’elle. Des peurs variées, qui au creux de ses reins se transformaient en une énergie dévastatrice, débordante.

Jusqu’à aujourd’hui. Son orgueil était incapable d’attribuer le changement à l’âge, mais plutôt à sa vulnérabilité grandissante. Avec sa main, elle avait découvert que certaines de ses peurs pouvaient se concrétiser. Mais c’étaient des choses qu’elle gardait pour elle, trop fière, et trop fragile au fond pour laisser cette peur envahissante s’emparer de son crâne et la paralyser. Les mots avaient parfois un pouvoir tout particulier, et cet aveu l’étonnait autant qu’il la flattait. C’était une preuve de confiance plus grande qu’il ne lui en avait jamais faite. Ce qui était profond, fragile et précieux, il ne le lui avait jamais confié. Ca faisait partie des règles à ne pas transgresser, sans doute. Mais il créait une brèche sous ses yeux et sans un mot, elle s’y engouffra volontiers. Ca faisait partie des choses qui changeraient, peut-être… Si les choses changeaient vraiment. Il développa, lui expliqua ses motivations, ce qui avait fait naître le mouvement auquel elle s’était donnée sans attendre, tout juste remise… Et derrière l’aveu et l’inédit de ses propos, elle retrouvait un peu du vieil ami. Dans la confidence, il y avait le Lan né une cuiller en or dans la gueule, l’arrogant petit nobliau capable de tout sacrifier à sa petite personne.

Loin de l’incommoder, la confidence fit monter en elle une certaine tendresse, celle d’un pan de leur passé qu’elle revoyait se dresser, fut-il une chimère. Un retour en arrière factice mais confortable.

Puis il développa, il n’avait pas terminé. A présent, elle avait tout de la gamine face au conteur, écoutait sans réserve, attendant presque un signe de sa part pour prendre la parole à son tour. Un retour à la réalité, mais plus doux qu’il ne l’avait été jusque là. Les choses avaient changé, bien sur… Une telle entreprise ne pouvait être menée de bout en bout dans un but purement égoïste. Elenor n’était pas femme à dénigrer l’égoïsme, considérant plutôt que toute motivation est bonne, tant qu’elle pousse les hommes… Mais sur un plan humain, il serait arrivé rapidement à bout de forces, seul contre tous, rien n’aurait été possible. Il fréquentait malgré tout ces hommes et ces femmes, et tout sale petit nobliard qu’il était, elle le savait capable de sentiments. Les personnes à en bénéficier étaient certes rares, mais elles étaient néanmoins là, à ses côtés. Peut-être improbables, peut-être des gueules cassées, mais face à la loyauté et à la dévotion, elle ne s’attendait pas à ce qu’il demeure froid.
Il vivait cela comme un handicap, mais il avait tord, car ces hommes qui étaient aujourd’hui les siens étaient prêts à céder à son idéal leur force, leur vie pour certains. Le courage qu’il n’aurait pas dans les moments difficiles, eux l’auraient.

Et parfois, il croisait son regard. Comme en cet instant. A ces mots, elle cilla, se serait mise à rougir si elle était une jeune fille en fleur. Elle ne se méprenait pas sur les mots de Lan, mais était malgré tout troublée. Il faudrait qu’elle s’y habitue, peu à peu. Que la gêne s’efface au profit de la complicité et de l’affection. Saisissant son bras, il la ramena à lui, ce qu’elle fit sans trop résister. A nouveau ses yeux plissés se plantèrent dans ceux de Lan, la mâchoire crispée, des mèches noires négligemment posées sur ses pommettes hautes. Elle frissonna sous la caresse, la suivit d’un regard calme, puis lui rendit toute son attention tandis que les explications reprenaient.

Un flot de parole que nul n’aurait pu, ou voulu endiguer. Des sentiments en pagaïe, refoulés, condensés dans une carcasse trop petite, qu’il lâchait comme en plein exorcisme. Et elle l’accueillait avec une sérénité nouvelle. Une amorce de ce qu’elle devrait changer. Elle avait passé les dernières semaines, les derniers mois… Les dernières années à se battre, à s’offrir toute entière à la rage, au sang, aux excès. Mais cette force là était nouvelle et précieuse. A mesure que lui allégeait son âme, elle se sentait se détendre, ses bras se relâcher sous les mains de l’ami, et son visage esquisser de temps à autre un léger sourire, un vieux sourire venu de loin. Aussi vieux que l’Arlanii qu’elle devait retrouver en lui, que ce souvenir de lui-même auquel il s’accrochait.

A son sourire, elle hocha la tête d’un air faussement désabusé. Il avait souvent été maladroit avec les mots, dans l’intimité. Lorsqu’il n’endossait pas le costume du chef, de l’orateur puissant et persuasif. Certaines de leurs bagarres les plus mémorables trouvaient leurs origines dans un quiproquo. Elle lui laissa le bénéfice du doute, un rire bas lorsqu’il se rattrapa aux rideaux. Lorsqu’il s’était écarté, elle avait suivi le mouvement sur le coup, puis était retournée à une certaine forme de solitude, mais plus apaisée qu’auparavant. A mesure que le débit ralentissait, elle sentait la tension, la colère la déserter. La suite était une déclaration qui la toucha, mais la laissa aussi à court de réponse. Ce qu’il lui disait, c’était peut-être ce qu’elle avait espéré en le retrouvant. Et pourtant, elle se retrouvait démunie, incapable du moindre geste, du moindre mot.

Puis ce fut terminé, et sous son regard figé, il se mit à attendre une réponse. Il comptait sur elle, il comprenait enfin… Ce n’était pas la loyauté, l’amitié voire l’amour qui tuerait son mouvement. C’était ses craintes, s’il les laissait devenir trop envahissantes. Mais il était son ami, et en le lui disant à elle, ces confidences avaient trouvé un écrin solide et fiable.
Elle demeura silencieuse, parcourut son visage du regard. La cicatrice qu’il avait au-dessus de l’œil et qu’il frottait de temps à autre, ces rides d’expressions que la soudaine absence d’entretien avait laissé fleurir sur son visage, ses cheveux bruns qui n’avaient plus rien de la tignasse coiffée et nette.

Finalement, son corps se mis en branle avant sa voix, elle saisit à son tour le bras de Lan pour l’approcher, croisant son regard, un sourire malicieux aux lèvres. Elle s’écarta à temps pour que la situation ne prête pas trop à confusion, et vint simplement appuyer sa tempe à celle de l’Al’Faret. Leur chef, inatteignable, en proie au doute. Elle l’avait dans ses bras, l’enlaçant fermement. L’une de ses mains à présent agrippée à sa nuque. Il sentait la sueur et la poussière. Une odeur humaine et puissante. Musquée. Elle laissa un souffle haché lui échapper puis, d’une voix ronronnante : « Merci Lan. Merci pour ta confiance. » L’étreinte se resserra un peu plus, puis elle s’écarta en douceur et effleura sa cicatrice du bout des doigts. « Je ne veux pas refermer cette brèche. Elle est la… la seule chose positive qui soit dans ma vie actuellement… Et j’y tiens. » Elle cilla, retira sa main du visage de Lan, puis laissa un léger soupir lui échapper. « Tu sais, ces hommes, et ces femmes pour lesquels tu as peur… Ils sont aussi là pour ça. Ils t’aiment, et eux te livreront Isle sur un plateau, s’ils en ont un jour le pouvoir. Lorsque tu n’en as plus, puise dans leurs forces, mais ne laisse pas la peur t’engloutir. » Elle fronça les sourcils et détourna plus franchement son visage du sien, sa voix de plus en plus basse, déjà réduite à un murmure. « Je sais ce que cela fait d’être dévoré vif par ses angoisses je… j’ai vécu ça lorsque j’étais sous anesthésiants après mon opération. C’est une douleur intime, dévastatrice, et je ne souhaite ça à personne, et surtout pas à toi. Nous pouvons te protéger de ça. Nous le ferons. Je… je le ferais. » Une amitié à double sens. Il ne la laisserait pas sombrer, elle non plus.

Elle s’attacha à ses traits, un léger sourire aux lèvres. « Tu trouveras la solution, et je t’y aiderais autant que faire se peut. Tu auras la paix chez toi, Lan. Oublie Lance, Elandor, l’Al’Faret… Tu es Lan, et tu as trouvé le courage de mobiliser des cœurs autour de toi sous les traits d’un illustre inconnu. C’est à cet homme que j’ai juré fidélité et dévotion. Au chef, à l’ami, au frère. Sous ton masque, sous les poudres, ou sous la poussière, tu es Lan. Et rien de ce que tu es n’a à craindre du reste. Chacun est essentiel, et chacun a à apporter à la Dissidence. » Elle posa une main adoucie sur son cœur, puis son regard se fit plus mystérieux. « L’homme qui peut ressentir l’attachement, l’amour… L’amitié peut fédérer prendre soin de ceux qui le suive, et s’assurer un futur pérenne, au-delà de ses ambitions premières… L’homme qui sait garder des secrets érige autour de lui une forteresse… Il n’a qu’à apprendre à l’ouvrir, rarement, lorsqu’il le faut. » Puis elle lâcha un léger rire, et s’appuya un peu plus contre lui. « Mais je ne t’apprends rien. »

Un dernier hochement de tête, et elle conclut : « Je suis ton bras armé, mais comme tu le dis, je suis aussi ton amie, je te connais mieux que quiconque aujourd’hui. Et je ferais en sorte de te protéger, lorsque tu ne pourras pas le faire. Je sais que tu feras la même chose pour moi. Dans la solitude, à l’abri des regards, retrouver un peu de passé et d’une chaleur qui nous a fait défaut. »

Puis elle s’éloigna tout à fait de lui, retrouva son morceau de lit, et examina son bras, ses cheveux. Ils s’étaient tout dit pour cette fois. Ca irait mieux à présent qu’ils assumeraient le changement. Leur relation, mais pas seulement. Elenor devrait aussi composer avec ses nouvelles faiblesses, avec le besoin de se reposer sur une épaule chaleureuse. Et lui avec une dimension humaine que la noblesse et le pouvoir avaient pu le dispenser de prendre en compte jusque là. Une routine qui s’installerait dans un climat plus paisible à présent, leur intimité comme un îlot de tranquillité dans la tension et la gravité de leur combat. Son sourire s’élargit légèrement, tandis qu’elle regardait toujours ailleurs, puis, alors que ses mains trouvaient le col de sa chemise, elle réalisa quelque chose. Après avoir gloussé en silence, les yeux brillants, elle glissa un regard amusé dans sa direction. Un peu d'humour, pour désacraliser leurs retrouvailles. Ce ne devait pas être tragique, trop sérieux ou trop lourd. Sinon, ça n'aurait pas été eux.

« A moins que tu n’aies l’intention, pour fêter ça, de participer à mon bain, je crains de devoir te demander de t’éloigner le temps de me faire une petite toilette.
Cela dit tu me connais, hen... »
Un clin d'œil gouailleur, puis elle saisit pour de bon le col de sa chemise, dans l'attente de voir sa réaction.
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MessageSujet: Re: Bas les Pattes !   Bas les Pattes ! EmptyVen 3 Déc - 20:36

Elandor avait achevé sa tirade, sans doute une des plus complexes de toute sa vie. Comme pour un discours aux soldats avant un combat, il y avait mis sa fougue et cette énergie indéfinissable qui jaillissait de son ventre et portait ses mots aussi loin qu’il y avait des hommes pour l’entendre. Mais, pour une fois, il y avait mis aussi ses peurs, ses inquiétudes et ce tremblement qui ne lui ressemblait pas. Et sa voix s’était faite murmure, parce qu’il n’avait qu’un seul cœur à atteindre.

Il n’était pas essoufflé et pourtant, son cœur battait la chamade. Pendant que les mots jaillissaient, il avait sentit Elenor se plier à sa voix et s’engager, avec lui, dans une danse corporelle incertaine et minimaliste. A chacun de ses gestes, elle avait répondu par une attitude où ne perçait que l’attention et la compréhension. Il avait peur qu’elle ne se rebelle mais elle s’était coulée entre ses silences et, bien qu’éloignée physiquement, il ne l’avait jamais sentie aussi proche.
Il avait douloureusement conscience de l’intimité qui se dégageait de cet instant et restait stupéfait de qu’elle lui renvoyait. Il avait toujours cru qu’ils s’entendaient parce que leurs actions étaient guidées par deux Volontés d’acier, étrangement semblables, mais qu’il était évident qu’ils ne pouvaient être que des amis tant les différences étaient profondes entre eux. C’était difficile à expliquer mais il avait toujours eu l’impression qu’ils marchaient sur des chemins parallèles, qui conduisaient vers des buts proches mais qui ne se croiseraient jamais et qui leur permettaient seulement d’établir une complicité très retenue, basée sur des actes et non pas sur des sentiments.
Mais durant ces quelques instants, et bien plus encore que lorsqu’ils s’étaient retrouvés, il sentit qu’à un moment, leurs deux routes s’étaient rapprochées insidieusement jusqu’à finalement, se rejoindre. Elles dévieraient ensuite, il le savait mais, pour l’instant, il voulait juste profiter de ce sentier qu’ils partageaient ensemble.

Pourtant, il ne put s’empêcher d’être surpris lorsqu’elle s’approcha. Pendant plusieurs secondes, il crut qu’elle irait jusqu’au bout, qu’elle allait l’embrasser. Il se surprit à le vouloir et, durant quelques minutes de flottement, se maudit de trahir ainsi la femme de sa vie.
C’est pourquoi il ne répondit pas immédiatement à son étreinte, le temps que son esprit pardonne à son corps ses faiblesses.
Bellone était l’ombre qui le hantait, Elenor devenait presque la lumière qui le guiderait. Il s’abandonna à l’instant présent, laissant la culpabilité former une boule au creux de son ventre, lui faisant cruellement comprendre à quel point la tendresse de sa rousse lui manquait.
Il songea que la Jagharii devait souffrir au moins autant que lui, même s’il ne pouvait s’empêcher de désapprouver cette liaison avec l’aubergiste grossier qui l’avait accueillie. Il fut jaloux de ne pas l’avoir fait lui-même, malgré le fait qu’il n’aurait jamais été capable de lui apporter tout cet amour.

Il oublia ses pensées pour suivre le contact électrisant de sa main sur sa nuque. Le seul contact de ce genre qu’il avait encore, c’était celui des femmes des Volets Clos …
Il la laissa le serrer un peu plus contre elle, lui chuchoter à l’oreille de doux serments, puis s’éloigner et continuer à lui parler. A présent, il était le deuxième danseur et il suivait son rythme, se mouvant au rythme de ses paroles.
Il se sentait bercer, rassurer, et il avait envie de la croire. Il y croyait.
Elle était là après tout, devant lui, à l’écouter, à lui dire qu’elle était là pour lui, qu’elle lui faisait confiance, et que d’autres aussi.
Il sentit une force nouvelle s’engouffrer dans ses veines. Il aurait voulu parler, lui répondre à chaud, mais elle n’avait pas fini. Elle s’était écartée mais ils se faisaient face et il sentit le coin de ses lèvres s’étirer en un sourire chaleureux. Et, pour une fois, ses yeux sourirent avec. Elle comprendrait. Qu’il la remerciait et qu’il lui promettait la même chose.
Vous …
La chaleur grandit dans son ventre. Il se sentait en sécurité. Avec seulement un sourire et quelques mots, elle avait effacé des mois d’angoisse enfouie et de tension.

Elle posa la main sur sa poitrine, un peu à gauche de son sternum et il sentit son propre cœur battre sous sa paume. Il déglutit difficilement. Depuis sa résurrection, personne ne lui avait parlé de cette façon. Il s’était servit de son assurance qu’il croyait sans faille et de ses aptitudes pour bâtir son mouvement mais il ne s’était pas rendu compte qu’il était miné de l’intérieur par les doutes. Avec son assassinat, c’était l’aplomb d’Elandor qui s’était effrité et s’il se faisait toujours confiance, il avait par contre laisser l’hésitation l’envahir.
Et celle qui lui faisait face venait de lui permettre de reconnaître cette faiblesse, de l’accepter et, surtout, de la dépasser.
La solitude des jours passés s’envola et il sentit son cœur se gonfler d’une énergie nouvelle. Ses yeux brillaient d’un éclat nouveau, non plus un simple écho mais un véritable reflet de sa grandeur d’antan.

Je serai celui que tu attends, celui que tu vois.

Il posa sa main sur la sienne et la serra contre sa poitrine. Lorsqu’il la sentit s’appuyer contre lui, il passa une main dans son dos et lui serra brièvement la taille. A travers ce geste, il voulait lui faire passer toute sa reconnaissance, toute son émotion.

Il n’était pas seul, il n’était pas un homme esseulé mais bel et bien un chef entouré et aimé. Et il ne faillirait pas à sa tâche …
Elandor n’avait jamais eu peur de perdre sa position. L’Al’Faret avait tout à gagner, à la force de ses bras et de ceux de ses hommes. Mais, s’il désespérait à nouveau un jour, il savait qu’à présent, ces mêmes hommes seraient là pour le soutenir. Il se devait d’être fort devant la foule pour la galvaniser mais, dans l’intimité, il pouvait se permettre de laisser tomber le masque et la cape et de découvrir son vrai visage. Avec ses forces, ses faiblesses, ses peines et ses joies.

Avant de se détacher de son étreinte, elle lâcha une dernière réplique qui le fit sourire un peu plus.
Elle disait qu’elle allait le protéger … Elandor lui aurait rit au nez : il était l’homme, il n’avait pas besoin d’aide ! Lance, lui, décida de rester humble. Il aurait besoin de ce soutient. Et ça n’était pas pour autant que cela allait le rabaisser à ses yeux.

Il la regarda s’examiner sans trop se rendre compte de la situation. Il n’avait pas vraiment envie de quitter cette atmosphère chaleureuse.
Il voulait répondre, cherchait des mots qui restaient coincés dans sa gorge.

Un gloussement le tira de ses pensées, le ramenant à la réalité et au corps presque dénudé qu’il fixait sans le voir depuis plusieurs secondes. Il secoua à la tête et répondit à sa remarque par une moue moqueuse.

« En effet, je te connais ! Et ce ne serait pas la première fois que je te verrais si peu vêtue. Tu as toujours eu la sale manie de te déshabiller devant moi. Tu devrais faire attention, je vais finir par y voir un message … »

Il secoua la tête d’un air faussement désabusé.

« Remarque, vu que je te sens encore d’ici, je préfère te laisser seule pour faire tes ablutions du mois. Je ne tiens pas à finir asphyxier ! »

C’était une remarqué puéril et digne de leur ancienne amitié ! Tout à fait ce qu’il fallait pour finir cette conversation …
Finalement, c’était mieux ainsi, qu’il n’ait pas pu dire tout ce qu’il gardait au fond du cœur. Elle le devinait parfaitement et lui n’était pas encore tout à fait prêt à lui dire à quel point il avait besoin d’elle et des mots qu’elle venait de prononcer.

Sans lui accorder un dernier regard, il se retourna et s’éloigna dans le salon, un sourire délicieux plaqué sur ses lèvres et la silhouette finement dessinée encore imprimée sur sa rétine.
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