Les Tables d'Olaria
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon : la prochaine extension ...
Voir le deal

 

 Le Repos du Guerrier. [IV/V]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Elenor Jagharii
Décédé
Décédé
avatar


Nombre de messages : 594
Age : 35
Date d'inscription : 01/04/2010

.:: Le Carnet ::.
Âge du Personnage: 30 ans, décedée
Profession: Exécutée pour une tentative d'assassinat sur Beltxior
Positionnement : Insoumise
Le Repos du Guerrier. [IV/V] Empty
MessageSujet: Le Repos du Guerrier. [IV/V]   Le Repos du Guerrier. [IV/V] EmptyLun 17 Mai - 22:09

    Calathéa Weiss n’était pas là.

    Elenor ne la fit pas mander.

    Non, ce qu’Elenor fit mander, c’était du fil, une aiguille, une bassine d’eau bouillante, de l’alcool et des linges propres… Beaucoup, beaucoup de linge propre. Habitués à travailler au Ceste depuis quelques jours, les Olarils lui apportèrent cela en un temps record. Elenor, elle, remercia l’inconnu qui proposa de rester et de l’aider, mais qui se révéla au final bien inutile. Non, lorsqu’il s’agissait de soigner un homme, Elenor ne tolérait que difficilement les intrusions.

    Elle retroussa ses manches, de la sueur perlant à son front.

    Elle n’avait pas versé une larme.

    La dague, d’abord.

    Elle la retira d’un geste droit et sur, bien que de la main droite. Comme elle s’y était attendue, du sang se mit aussitôt à couler de la plaie. Mais, soulagée, elle constata qu’il ne coula pas à flots. Elle pressa la plaie, longuement, ordonnant à un jeune sauvage de nettoyer soigneusement les membres de Sieben. Cela lui permettrait de trouver, puis de soigner chaque blessure.

    Lorsqu’elle lâcha la plaie, le sang ne coulait plus que par mince filet. Il avait réellement eu beaucoup de chance. Un coup porté là avait toutes les chances de toucher au but… Mais non, glissé entre deux côtes, il n’avait eu ni le cœur, ni le poumon… Un soupir de soulagement, et elle considéra la plaie d’un œil critique. Puis ce qu’elle avait demandé pour effectuer des sutures… Puis l’eau bouillante…

    Elle opta pour une autre solution. Sieben était inconscient, c’était une bonne chose…

    L’ordre arracha à une jeune femme un glapissement, puis, écopant d’un coup d’œil sévère et menaçant, elle obtempéra. Elle revint quelques minutes plus tard, équipée d’un couteau de cuisine propre, chauffé à blanc.

    Elenor le lui prit avec précautions, puis l’approcha de la plaie nettoyée. Le meilleur moyen de la cautériser, plus fiable que n’importe quelle suture.

    La peau grésilla, libérant dans la pièce une odeur de chair brûlée. Elenor, contrairement à certains qui choisirent ce moment pour s’échapper, ne sourcilla pas, et la conserva appliquée à la chair le temps qu’il fallut, jusqu’à ce que le sang cesse tout à fait de couler. Satisfaite, elle lâcha le couteau dans la bassine d’eau, puis passa à son visage.

    L’arcade était fendue, et avait répandu sur ses traits beaucoup de sang. C’était une blessure courante, et parmi les moins douloureuses. Il était toujours impressionnant de voir un masque de sang, mais c’était là un coup bien moins gênant qu’un œil au beurre noir ou une pommette fendue. Elenor la nettoya, puis effectua quelques sutures. Il garderait une cicatrice épaisse au sourcil. Le sang avait cessé de couler, et, un mince sourire aux lèvres, elle effleura du bout des doigts la cicatrice. Passant au reste du visage, elle épongea, acheva de nettoyer tout à fait, désinfecta, puis inspecta le reste du corps…

    Une heure plus tard, elle était seule, et l’auberge avait été ouverte par les Olarils. Elle avait demandé à ce qu’on emporte les bassines entières de linges imbibés de sang pour en apporter d’autres, propres, ainsi que de l’eau claire et fraîche, cette fois.

    Dans la quiétude et le silence de cette matinée bien entamée, elle suturait son avant-bras, lui aussi profondément entaillé, et découpa le fil à l’aide de ses dents avant de juger du résultat. Ca allait aller, à présent.
    Oui, il allait aller mieux.

    Et, si le traumatisme n’était pas trop grand… S’il n’avait pas perdu trop de sang… Si… si elle n’était pas arrivée trop tard, il finirait par s’éveiller.

    Les heures passèrent, et la matinée était bien consommée lorsqu’enfin elle eut tout à fait terminé de le soigner. Elle était fatiguée, épuisée, même. Pleins de sollicitudes, des Olarils lui montèrent à manger, ainsi qu’un peu de cidre qu’elle accepta volontiers. On s’enquit de son état, et elle expliqua qu’elle ne savait pas, à présent. Il fallait attendre, et voir.

    On s’enquit de qui avait bien pu faire une chose pareille, à demi-mots… Et là, le regard de la militaire se fit noir, et le sourire s’évanouit.

    Il était un homme. Il était un noble qui allait devoir payer pour cette agression. Qui allait devoir payer cela au centuple.

    Mais avant, il fallait qu’il s’éveille, ouvre les yeux et lui sourit. Avant, il fallait qu’elle soit rassurée.

    Elle ne mangea pas ce qui lui fut apporté, trop anxieuse pour cela, mais bu du cidre. Les Olarils emportèrent la nourriture refroidie en bas, et de nouveau, la solitude. Cela lui laissa tout le temps pour penser à Xander Venarii. Elle l’avait pris pour un freluquet à abattre… Mais il s’était révélé bien plus dangereux que cela. Et il avait osé toucher à lui. Il s’en était pris à l’une des deux personnes pour qui Elenor aurait pu tuer. La seconde était un grand stratège noble et respecté de tous.

    L’aubergiste avait donc pris.

    Pensait-il ainsi la dresser ? Pensait-il qu’en abattant l’aubergiste, Elenor irait ramper à ses pieds, suppliante… ? Elle serra le poing droit, maudissant le gauche de ne pas avoir la force de l’imiter. Que n’était-elle en pleine possession de ses moyens… Elle aurait pu abattre ces traites, un à un…
    Entre fureur, impatience et tendresse.

    Puis elle s’apaisait, parcourant du regard le corps de l’homme qu’elle avait dénudé, massé, bandé. Considérant d’un œil caressant son torse bleui, son visage blessé… Une bande de sauvages, fous, agressifs… Des hommes qu’il faudrait corriger. A regret, elle réalisa qu’elle n’avait pas pris le temps de chercher d’autres cadavres… Tant pis, elle verrait bien.
    Le soleil avait dépassé son zénith depuis longtemps à présent, lorsque dans son inconscience, Sieben grogna.

    Elle se redressa alors et en tomba presque à genoux à son chevet, effleura du bout des doigts ses traits. Le sang de sa chemise remontée avait séché, et son pantalon, lui aussi, était amplement souillé. Seules ses mains étaient propres. Elle les avait soigneusement lavées, et ce plusieurs fois au cours des opérations.

    Elle le vit ouvrir les yeux et lui sourit.

    « Sieben… Mon amour… Je suis là… »

    Toujours pas de larmes, non… Elle se l’était promis.

    Seul à seule, tendres, amour et soin. Elle déposa une main douce, mais ferme sur son torse, prenant bien soin de ne pas toucher à la plaie cautérisée. Elle y avait appliqué des tissus souples et doux, les avait déjà changés par deux fois.

    « Ne bouge pas, reste calme… Tout va bien… »

    De toute façon, elle doutait qu’il fut en mesure de s’agiter… Il était livide, les traits tirés sous les hématomes. Il avait perdu de grandes quantités de sang…
Revenir en haut Aller en bas
http://www.obsidare.fr
Sieben Raetan
Ilédor
Ilédor
Sieben Raetan


Nombre de messages : 107
Age : 33
Date d'inscription : 01/04/2010

.:: Le Carnet ::.
Âge du Personnage: 45 ans
Profession: Aubergiste
Positionnement : Dissident
Le Repos du Guerrier. [IV/V] Empty
MessageSujet: Re: Le Repos du Guerrier. [IV/V]   Le Repos du Guerrier. [IV/V] EmptyJeu 20 Mai - 20:59

      « L’au-delà est constitué de trois Enfers, tous dirigés par Therdone. Tous les hommes sont destinés à finir en Enfer. Ceux qui auront fait preuve de la plus grande volonté, en bien ou en mal, qui auront réalisé de grandes choses sans qu’ils n’aient reçu une aide trop importante finiront dans le Niveau Supérieur, ce sera le cas de la plupart des Nobles. Ceux qui n’auront fait preuve d’aucune Volonté, qui auront échoué dans la classe la plus basse et la plus infâme de la société, échoueront dans le Niveau Inférieur.

      Tous les autres, bourgeois qui par leur travail ont amélioré leur condition mais ont manqué de Volonté pour acquérir la noblesse, soldats râtés qui se sont reconvertis dans la tenue des auberges, escrocs à la petite semaine qui ont suffisamment d’astuce pour survivre, mais pas assez pour vivre. Tous ceux là finiront dans le Niveau Intermédiaire. »

      Voilà ce qu’avait dit un moine au fils Raetan lors de son éducation religieuse. Jusqu’au bout, Therdone était injuste, il avait crée une société injuste, qui avait crée des Erathan Laetarii et des Xander Venarii, qui avait assassiné des Elandor Arlanii. Une société qui broyait chaque jour des milliers de gens dans les engrenages des puissants, et qui par delà la mort retrouvaient l’injustice de leur vie.

      Sieben était accompagné des deux hommes qu’il avait tués. Il ne les voyait, mais il savait qu’ils étaient là, qu’ils étaient conscients de sa présence à lui. Il sentait leur haine, leur sentiment revanchard, et leur satisfaction de savoir que Sieben Raetan était mort. Ils étaient intégrés dans une longue, longue file qui apportaient tous les morts du jour jusqu’à un portail titanesque. Cette file n’avait pas de fin, elle remplissait toute une plaine brune veinée de noir, baignée dans une lumière douteuse réverbérée par des nuages de tempêtes. Aucun obstacle, aucun relief qui ne bloquait la vue, la seule chose à voir dans ce paysage morne et déserté des vivants, était le portail de bois et de fer noirci. Deux gardiens formidables et titanesques, gargouilles de pierre douées de parole encadraient le portail et de leurs griffes formidables dirigeaient les nouveaux habitants vers leurs Enfers respectifs.

      Sieben mit plusieurs heures à s’approcher même du portail, encadré par les deux hommes qu’il avait tué, ricanant à l’idée que leur meurtrier ait connu le même sort. Parmon, de la Maison Venarii, avait emporté dans la Mort sa gorge broyée, elle ne faisait que la moitié de l’épaisseur normale. L’autre homme qui s’était si bien battu avec ses poings et qui s’était noyé dans le fleuve subissait un supplice encore plus horrible : au fur et à mesure de son avancée, on voyait des morceaux de peau disparaître de son visage, qui se défigurait à vue d’œil.

      Quelque part dans le monde physique, les poissons mangeaient son corps, et dans ce Purgatoire, antichambre des Enfers, ce genre de dégradation se répercutait sur l’âme errante. Seul le portail des Trois Enfers protégerait les âmes de ces atteintes sacrilèges. En regardant autour de lui, Sieben vit que le cas du noyé n’était pas unique : devant lui, une femme se mit à s’enflammer spontanément et courut comme un insecte affolé jusqu’à disparaître. Dans le monde physique, sa famille avait décidé de l’incinérer pour faire moins de frais. Un pendu se fit arracher l’œil par un corbeau dans le monde des vivants. A l’entrée du monde des morts, son œil se fit proprement éjecter de l’orbite sans espoir de retour.

      Sieben était content de n’avoir qu’un coup de dague dans le cœur. Il se mit à espérer atteindre rapidement les deux gargouilles pour échapper à ce purgatoire fantastique où nous n’étions ni mort ni vivants. Il arriva au fur et à mesure jusqu’au portail. Avec leurs pattes, leurs griffes, les gargouilles tranchaient dans la foule et envoyaient la foule sur trois chemins différents. Sieben vit descendre sur lui un énorme pied de pierre, qui racla les gens alentours, y compris ceux qu’il avait tué, mais le laissa lui.

      Il avait été oublié par la gargouille. Lorsqu’il voulut savoir pourquoi, la créature lui dit d’une voix feulante :

      « Vouss avez trop de Volonté pour être akssssepté dans le Royaume de Therdone Tout Puissant. De plusss, une femme a trop de Volonté pour vous laisssser partiiiir. »

      Sieben, bien que mort, ne fut pas accepté en Enfer.





« Sieben… Mon amour… Je suis là… »


Sieben Raetan redécouvrit une sensation connue, horrible à vivre mais qui était en ce moment précis la plus belle des choses qu’il pouvait vivre : la Douleur. Douleur partout, percante, tranchante, venimeuse, à tous les endroits du corps. Il ne pouvait pas respirer, ses côtes cassées déclenchaient de violents signaux à la moindre inspiration. Il ne pouvait pas bouger, ses muscles s’étaient mis en grève.

Seuls deux muscles n’avaient pas abandonné l’aubergiste : le cœur, et le diaphragme. Ils étaient trop stupides pour s’arrêter, trop dociles pour quitter le navire lorsqu’il coulait, trop loyal pour ne pas lâcher la partie avant qu’elle ne soit finie. En dehors de ceux là, pas une partie du corps de Sieben ne pouvait même recevoir des ordres. Prisonnier à l’intérieur de lui-même. Toutes ses perceptions étaient floutées, tellement déformées qu’il ne croyait pas être retourné dans le monde des vivants.

Il était encore persuadé qu’il était mort.

Cette voix féminine, cette main chaleureuse ne pouvaient appartenir à Elenor. Ce matelas à la fois confortable et irritant ne pouvaient être celui de sa chambre à l’Auberge. Mais l’illusion était parfaite pourtant. C’était vraiment le toucher d’Elenor, la voix de sa femme, la chaleur extérieure était parfaitement rendue. Mais sa vue n’était pas revenue, son ouie était déformée, son toucher était troublé par la fièvre.

Aveugle, ne percevant du monde que des échos métalliques, il revécut ce qui lui était arrivé, depuis qu’on l’avait interpellé sur le pont.

« Trois… »

Un homme avec une épée courte, un homme avec un gourdin et un homme avec une dague

« Combattu… »

Il profita de l’élan de l’homme à la dague pour écarter la dague, l’agripper par le col et lui faire faire le soleil en se jetant par terre et le faisant valser par-dessus lui, ses pieds plantés dans l’estomac de l’homme à la dague.

« D’abord gagné »

C’était un des neufs coups fatals de la Lutte Ilédore. Ainsi mourut Parmon, fidèle homme de main de Xander Venarii.

« Ensuite perdu »

Et il savait se battre à mains nues s’apercut Sieben très vite. Il savait très bien se battre à mains nues.

« Tué un… mais l’autre… fort »

L’homme néanmoins enchaîna directement avec un uppercut du gauche et un direct du droit qui frappèrent par deux fois, sans temps mort. Sieben se sentit bien faible.

« Frappé si fort… ai eu si mal… »

L’homme le frappa de nouveau mais cette fois au visage. Sa vision se troubla d’une myriade blanche lorsque sa pommette se fracassa, la douleur irradiait son crâne.

« M’a étouffé sous sa botte… »

Respirer ! Respirer ! RESPIRER ! RESPIRER !

« Je l’ai repoussé… »


Ils s’étaient retrouvés sur les quais, la bordure était dangereusement proche…Schlouf !

« S’est noyé. Deuxième homme que j’ai… tué »

Et les cris de l’homme qui ne savait pas nager, et qui se faisait emporter par le courant. Bientôt, il n’entendit plus que sa propre respiration.

« Le troisième… »

Lorsqu’une main mouillée vint lui tâter le pouls, Sieben fut soulagé. Il se réveillerait au Ceste Clouté, le combat était fini et il était globalement vainqueur.

« Le troisième a dit : »

La main mouillée fit un rapide examen et dit :

« Le Seigneur Venarii sera satisfait. »

« Le Seigneur Venarii sera satisfait »

Sieben se tordit dans son lit, un grand frisson parcourut tout son corps, comme s’il se réveillait et se remettait en route tout d’un coup. Un cri de douleur franchit ses lèvres.

Sieben Raetan se prit une dague entre deux côtes, bien haut dans la cage thoracique. Il sombra dans le néant, en direction des trois Enfers de Therdone.

« Je suis mort… »

...Rien...

Sieben continua de délirer sur son lit, incapable de faire le lien avec le monde des vivants. Ses yeux recouvraient un peu la vue, mais tout était si flou, si mal éclairé. Il n’avait qu’à peine conscience d’Elenor à ses côtés.

« Elenor… je serai là à ton réveil… ne crains rien… moi je sais quoi faire… Je serai là… ton réveil… »

Un grand spasme. Son délire changea de forme, prit la forme du visage de Xander. Il reprit la scène qui l’avait opposé à Xander en personne.

« Vous voulez mon Elenor, mais … est ce que vous le méritez ? Si vous êtes un homme… lorsque vous serez devant le prêtre de Therdone, je serais derrière, et lorsque vous vous croirez seuls… vous ne le serez pas…Il vous faudra convoquer vos légions… Allez-vous appeler Papa à l’aide ? »

Il prononca des paroles incohérentes, des gémissements qui avaient été cris de guerres.

« Réveil… Loque… Mal… Dague… Enfer…Elenor…Fumée…Sang…Therdone…Therdone… »

Il n’y aurait rien à en tirer de plus pour ce soir, mais il ne semblait pas vouloir quitter son état de délire, il semblait même s’y être stabilisé, ne cessant de babiller des mots sans suite. Même pas conscient de son environnement, il ne s’apercut pas au bout d’un moment qu’Elenor n’était plus là, s’était fait remplacé par un sauvage ou une sauvage.
Revenir en haut Aller en bas
Elenor Jagharii
Décédé
Décédé
avatar


Nombre de messages : 594
Age : 35
Date d'inscription : 01/04/2010

.:: Le Carnet ::.
Âge du Personnage: 30 ans, décedée
Profession: Exécutée pour une tentative d'assassinat sur Beltxior
Positionnement : Insoumise
Le Repos du Guerrier. [IV/V] Empty
MessageSujet: Re: Le Repos du Guerrier. [IV/V]   Le Repos du Guerrier. [IV/V] EmptySam 22 Mai - 21:09

    Elle avait été soulagée. Elle avait été optimiste, puis enthousiaste. Elle avait été tendre, et puis elle avait attendu.

    Attendu qu’au travers du délire pointe un semblant de raison. Attendu des réponses à ses mots doux qu’elle lui susurrait, des réactions tangibles à ses caresses. Mais rien. Rien de plus que ces mots qu’il ânonnait. Elle avait écouté, et attentivement retenu le début. Le déroulement de son agression, supposait-elle. Ils étaient donc trois, et deux étaient morts ? Ne restait donc que celui qu’elle avait croisé. Lui, qui avait du profiter de sa faiblesse pour -croyait-t-il- l’achever… Tant mieux. Avec Xander, cela n’en faisait qu’un.

    Puis la suite avait perdu toute logique, et il n’était plus rien à tirer de ses propos. Alors elle l’avait regardé, avait contrôlé sa température, ses plaies… Mais tout allait « bien » Du moins, cela n’empirait pas… Toujours entre la vie et la mort, mais plus proche de la première que de la seconde, à présent.

    Combien d’heures s’écoulèrent, durant lesquelles elle le regarda murmurer des mots qu’elle ne comprenait pas ? Combien, à écouter son incessant babil ? Puis vint un moment où elle quitta son chevet et fit le tour de la chambre. Elle lava le sang sec de ses mains et de ses bras, puis considéra sa chemise où il avait séché et durcit. Le sang de Sieben.

    Son regard, après s’être attardé sur ses lèvres qui remuaient toujours, se fit plus aigre et elle abaissa lentement ses mains. Un petit coffre qu’elle ouvrit au fond de la pièce, puis elle fouilla à l’intérieur. Elle y avait entreposé certaines petites affaires.

    Une lanière en cuir vint entourer sa cuisse, et un fourreau, contenant une petite dague d’y ficha sans mal. Autour de son torse, glissée entre ses seins, une autre lanière fermée d’une boucle qui maintint dans son dos le sabre courbe.
    Son sabre courbe. Elle y lança sa main gauche, par habitude, mais ses doigts gourds ne se refermèrent pas autour de la garde. Un juron silencieux, elle envoya la droite, qui le sortit du fourreau sans à-coups. C’était un bon début. Un moulinet laborieux, mais elle força, et au détour d’une vague, la lame se figea. Elle tenta de le passer au-dessus de son épaule, ses jambes s’arquant, en garde, et cette fois l’extrémité à double tranchant lui entailla la nuque. Un rictus, elle y porta une main gauche hésitante. Une blessure superficielle, elle s’en ferait sans doute d’autres, vu son habileté…

    Finalement, elle regagna le chevet de Sieben, et glissa dans ses cheveux une main délicate. Assise, elle saisit du bout des doigts de sa main droite les lacets de ses sandales et les défit. Puis elle enfila des bottes solides. Ses doigts gourds et les autres trop maladroits, elle tira sur le cuir.

    Xander Venarii…

    Elle s’acharna sur les boucles qui les resserraient autour des mollets, jusqu’aux genoux.

    Vermine…

    Puis finalement eut raison d’elles, et se leva, le regard d’une profonde froideur…

    A trois contre un…

    Bande de lâches.

    Enfin, un sourire découvrit ses dents.


    Une dernière caresse, un baiser sur ses lèvres agitées, puis un soupir de dépit tandis qu’il l’ignorait…

    En bas, elle appela et un Olaril se précipita. Un jeune homme serviable et boutonneux, qui depuis quelque temps la regardait fixement. Ses tatouages et, avait-elle surpris, ses fesses que les pantalons de toile ou de cuir qu’elle portait savaient mettre en valeur. Qu’importait, un geste de trop et elle l’enverrait valser. En attendant, il pouvait lui être utile. Aussi lui demanda-t-elle de monter et de tenir le chevet de Sieben.

    « Si son état empire, s’il a de la fièvre ou quoi que ce soit… Fais appeler un médecin militaire. Dis-leur que c’est de la part d’Elenor Jagharii, et qu’elle bottera le train de toute personne qui lui refuserait son aide. » Elle se mordit les lèvres, puis ajouta, sa voix grave : « D’ailleurs, ça vaut pour toi aussi, allez, monte. Je rentrerais bientôt. »

    Le gamin ne se fit pas prier et monta les marches quatre à quatre.

    L’air était frais, au-dehors. Et le soleil était sur son déclin. La voûte petit à petit se zébrait de reflets orangers, puis rouges à l’ouest. Elle hocha la tête, puis se rendit aux écuries où l’attendait son étalon gris. Un cheval stupide, mais courageux et à la physionomie avantageuse. Son dos était bien droit et robuste, quant à son torse, il était large et puissant. Le mors se glissa entre ses dents sans mal, puis, s’aidant du crin, elle bondit sur son dos. Pas de selle, une simple couverture. Pas le temps. Se saisissant des rennes, elle secoua le cheval qui, piaffant et piétinant, finit par se mettre en branle. Elle avait les mollets tendus, frémissant sous la contraction. Elle tira sur les rennes à l’en cabrer, devant le Ceste, et son regard se porta sur la petite chambre éclairée.

    « Je serais là à ton réveil. Et je tiendrais ma promesse, moi… »

    Elle fronça les sourcils, déglutit, puis talonna les flancs de l’animal qui s’élança dans les ruelles avec fougue.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.obsidare.fr
Contenu sponsorisé





Le Repos du Guerrier. [IV/V] Empty
MessageSujet: Re: Le Repos du Guerrier. [IV/V]   Le Repos du Guerrier. [IV/V] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Le Repos du Guerrier. [IV/V]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Tables d'Olaria :: Introduction à Olaria :: ♦ Les chemins de la vérité :: ♦ Quinze ans plus tôt :: Ville basse :: Les Quartiers Commerçants :: L'Auberge du Ceste Clouté-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser