Les Tables d'Olaria
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 Promenade printanière

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Le Fou
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MessageSujet: Promenade printanière   Promenade printanière EmptyJeu 22 Avr - 14:40

La journée avait été belle, et l’atmosphère du siège ne se faisait pas encore réellement ressentir dans le haut de la ville. En cette douce soirée de printemps, Le Fou avait décidé de descendre pour changer un peu de l’atmosphère étouffante du palais. L’arrivée des enfants de la prophétie avait mis tout le monde sur les nerfs, et les altercations étaient de plus en plus régulières entre les différents camps. Le Fou connaissait l’existence de dissidents et révolutionnaires au sein même de la noblesse, et même s’ils étaient plutôt discrets, certains ne pouvaient s’empêcher de créer des discussions animées. Le Fou avait envie de passer une soirée au calme, loin des intrigues politiques et des nobles. Pour éviter d’être reconnu et ennuyé, il avait passé une tenue plus classique, dans des tons sombres, se fondant de ce fait dans la masse anonyme des bourgeois.

Cela faisait environ dix ans qu’il était au palais, et il s’amusait toujours autant qu’à son premier jour. S’il aimait rester en dehors des intrigues politiques, il aimait aussi à se moquer des gens qui l’entouraient et prenaient tout cela trop au sérieux selon lui. C’était ça la vie pour Le Fou, un immense jeu, une cour de récréation dans laquelle il convenait de s’amuser le plus possible, sans se mettre en danger.

Il allait d’un pas dansant, d’humeur un peu plus joyeuse à chaque pas. Le Fou aimait beaucoup se promener dans ces quartiers en début de soirée. La plupart des gens étaient en train de manger, et peu de personnes se promenaient, ce qui offrait un calme dont il profitait largement. Les maisons ici étaient beaucoup plus modestes, mais restaient tout de même d’une taille acceptable. L’architecture était également différente de cette du quartier noble, plus discrète, moins opulentes, révélant que les gens d’ici n’avaient pas les moyens de s’offrir autant de faste que ceux d’en haut. Cependant, cette architecture ne manquait pas d’attrait, révélant la maîtrise des artisans d’Edor Adeï. Le Fou aimait beaucoup cette ville, et pour cette raison il s’y promenait de temps à autre, lorsqu’il en avait le temps.

Aujourd’hui, il décida de se rendre vers le quartier des maisons bourgeoises les plus riches. Biens entretenues et les jardins abondants en végétation rendait toute promenade agréable dans ce quartier. Silencieusement, Le Fou marchait, laissant ses pas le porter vers où bon leur semblaient. Un agréable parfum de fleurs régnait dans cette rue, les fleurs rendant leurs dernières effluves avant de se refermer pour la nuit. Le moment était propice pour ralentir le pas et savourer l’instant délicieux du coucher du soleil. C’était dans des moments comme celui-ci que Le Fou aimait vraiment sa ville. Les derniers rayons du soleil chauffant, les rues presque vides, Edor Adeï s’arrêtait de vivre un instant avant d’entrer, trépidante d’activité, dans la nuit. D’ici peu de temps, nombreux seraient ceux qui sortiraient de chez eux en vue de leurs activités nocturnes, légales ou non.

Savourant l’apaisement qui l’habitait maintenant, loin de toute intrigue politique, Le Fou décida de s’asseoir sur un banc de pierre, face à une maison d’une rare splendeur pour le quartier. Il en admira l’architecture délicate et élancée, d’un style différent que celle des nobles. Plus sobre, plus fonctionnel, comme si les gens qui l’avaient construite avaient d’abord pensé à son usage plus qu’à l’esthétique. Pourtant, le Fou trouvait qu’elle était bien plus belle que celle d’à côté qui était dans un style bien plus ressemblant à la mode des nobles.

À son plus grand étonnement, le Fou vit une jeune fille arriver par le côté. Il vit là l’occasion de se distraire un peu. Toutes les considérations qui lui avaient traversé l’esprit ces dernières minutes étaient bien belles, mais peu distrayantes. Pim’ n’était pas avec lui ce soir, puisqu’il avait désiré passer inaperçu, mais maintenant, il regrettait de ne pas l’avoir avec lui. C’était plus fort que lui, cette femme a l’air snob et hautain lui donnait envie de faire des blagues. Il se leva d’un bond, et d’une cabriole se retrouva en travers du chemin de la demoiselle. Son regard était dur et méprisant, mais le Fou ne s’en préoccupa guère.

- Bien le bonsoir noble dame ! Voilà une bien drôle d’heure pour se promener seule en rue. Nous pourrions croire que vous cherchez à être discrète sur vos activités ! Qu’est-ce donc cette raison qui vous pousse à sortir à une heure indécente pour quelqu’un comme vous ? Et souriez, vous seriez bien plus agréable à regarder de la sorte !

Peut-être y était-il allé un peu fort, mais il s’ennuyait, et avait envie de s’amuser un peu. Après tout, qu’avait-il à craindre, ils étaient seuls dans cette rue, d’ici quelques minutes, il la laisserait poursuivre sa route.

- Allons, allons ! Ne soyez pas si boudeuse ! Ne voyez-vous pas à quel point le temps est merveilleux ? Ne prenez ombrage de mes remarques, elles sont déplacées, mais c’est ce qui fait leur charme. Voulez-vous entendre une histoire drôle ?


Il n’attendit pas son consentement avant de continuer.

- Vous ne les connaissez sans doute pas, mais Elenor Jagharii et Asmérel Jaktarii se détestent cordialement. Elles appartiennent toutes deux à la noblesse de sang. Saviez-vous que le chien d’Asmérel s’appelait Elenor, en hommage à sa meilleure ennemie ? N’est-ce pas là un sujet de plaisanterie tout à fait amusant ?

Laissant sa question en suspend, il lui laissa le loisir de répondre pour la première fois depuis le début de son monologue.

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Valya Eldwiñn
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MessageSujet: Re: Promenade printanière   Promenade printanière EmptyVen 23 Avr - 21:30

    Ces derniers temps, l’hiver avait laissé place au printemps, réchauffant singulièrement l’air de la ville. Du moins, aux yeux la jeune Eldwiñn, qui, si elle s’accommodait très bien à la froideur de l’hiver, supportait mal la chaleur. La journée avait été dure pour Valya. Il était de coutume que les apprentis palefreniers soient assignés au dressage exclusif des jeunes chevaux durant toute la journée avant le jour de repos.

    Non pas que la monte n’intéressait plus la jeune apprentie, bien au contraire ! Seulement, et contrairement à ce que l’on pouvait souvent entendre dire dans les rues de la ville, l’équitation n’était pas un sport parmi les plus reposants. Surtout lorsqu’il s’agissait du débourrage des jeunes chevaux, généralement plein d’énergie, et peu enclins à se laisser chevaucher par d’étranges bipèdes. Cela faisait donc huit mois que Valya s’était vue confier les yearlings difficiles, et ceci afin de pouvoir profiter du temps libre du lendemain pour se remettre des courbatures, leur avait expliqué le responsable du personnel.

    Temps libre. C’était probablement, une question de vision des choses. Et celle de Valya, assurément, différait de celle du chef. Car lorsqu’elle n’était pas aux écuries, Gamëo Eldwiñn trouvait toujours quelques occupations laborieuses pour sa fille au commerce. Ainsi, Valya passait donc la majeure partie de son jour de repos à aider son oncle, qui, généralement, arpentait la ville entière à la recherche d’acheteurs potentiels de chevaux de courses.

    Pressentant que la journée du lendemain ne serait pas plus relaxante qu’à l’habitude, Valya avait fait un détour sur le chemin de retour à la maison, pour passer dans les petites rues commerçantes, à la recherche de quelques plantes destinées à apaiser ses douleurs au dos et aux jambes. La plupart des boutiques étaient fermées à cette heure-ci, mais quelques marchands, peu satisfaits de leur journée, avaient choisi de laisser les volets ouverts plus tard que leurs confrères. C’était le cas d’une petite herboristerie qui, implantée au milieu d’une petite ruelle, n’attirait pas grand monde. Elle en était ressortie vingt minutes plus tard, son petit sac rempli de feuilles de cassis séchées, et d’un flacon d’huile essentielle de Marjolaine.

    Voilà donc pourquoi, en cette heure tardive de la journée, Valya errait encore dans les rues du quartier des Fières Masures, alors que la majorité de ses voisins avaient déjà verrouillé les portes, et certains avaient même terminé leur repas. Valya aimait à se balader sur les pavés de son quartier. Lorsqu’il n’y avait personne, elle se plaisait à admirer les maisons, toutes semblables dans l’apparence, mais qui, lorsque l’on prenait le temps de les détailler, se montraient toutes bien distinctes de leurs voisines. Certaines personnes, disait-on, parvenait à décrypter les personnalités des habitants, uniquement en observant leurs demeures.

    J’ignore ce que ces personnes peuvent bien avoir découvert de notre famille, songea-t-elle. Nous sommes tous tellement différents. Et c’était vrai. Aucun membre de la famille Eldwiñn ne se ressemblait, pas même les jumelles, qui, bien que parfaitement identiques sur le point physique, et ayant suivi la même éducation, avaient toutes deux des caractères bien différents. Si Firiel était déjà très calme, et réfléchie pour son âge, Elendë, elle, n’était visiblement pas décidée à grandir, et se comportait toujours de façon puérile, cherchant toujours l’amusement, et pleurant dès que quelque chose lui était refusé.

    Valya, perdue dans ses réflexions, avançait sans y penser pour rentrer chez elle, sans s’être rendue compte qu’elle avait déjà dépassé sa maison de plusieurs dizaines de mètres, lorsqu’un passant la tira abruptement de ses songes. Cet homme lui était totalement inconnu, et il lui parla si rapidement qu’elle eut du mal à comprendre ce qu’il lui voulait. Aussi le regarda-t-elle d’un œil dur lorsque celui-ci prétendit qu’elle tentait de camoufler quelques activités malsaines.

    Son expression passa du mépris à la ébahissement quand l’inconnu lui conseilla de se détendre et de sourire. Qui était-il pour la juger ainsi ? Elle voulut répliquer, mais elle n’en n’eut pas le temps, car déjà, cet impertinent bonhomme enchainait, lui parlant de la météo du jour, et d’une histoire dite drôle sur deux ennemies, dont l’une qui avait prénommé son chien d’après l’autre. Peut-elle Valya aurait-elle pu rire si elle connaissait ces deux bonnes femmes, ou bien, plus simplement, si son interlocuteur avait entré une approche moins directe.

    Toujours sur le choc de cette rencontre pour le moins inhabituelle, elle mit plusieurs secondes avant de comprendre que c’était à elle de prendre la parole. Elle ne savait pas vraiment comment répondre à un tel homme. Après quelques instants supplémentaires, Valya ouvrit enfin la bouche. « Je… vous… ». C’est plus ou moins tout ce qu’elle avait été capable de dire. Elle ferma les yeux, secoua rapidement sa tête de gauche à droite, sortant de sa torpeur, et parvint enfin à articuler une phrase plus complète. « Pardonnez-moi, Monsieur, mais je crains de ne pas vous connaitre. Puis-je savoir votre nom, et ce que vous me voulez ? S’il s’agit d’une simple discussion entre habitants du même quartier, j’ai bien peur de n’avoir assez de temps à vous consacrer. ».

    Valya s’arrêta. Elle n’aimait pas ce langage, cette façon de s’exprimer si peu commune chez les bourgeois. Cela ne lui ressemblait pas. Du moins, cela ne ressemblait pas à la véritable Valya. En revanche, il correspondait parfaitement à l’image qu’elle souhaitait donner d’elle, celle d’une femme Noble et importante. Dès lors, la jeune fille se sentait obligée de l’utiliser où qu’elle aille, afin que celui-ci finisse par lui coller à la peau, et qu’elle puisse enfin se hisser sur les marches serrées de la réussite. Ainsi, elle poursuivit son jeu.

    « Concernant votre histoire, je vous suggérerai de revoir votre narration. Peut-être pourriez-vous préparer votre public avec d’avantage de soin. ». Enfin, elle retrouvait son air assuré. Passé le cap des premiers mots échangés avec un inconnu, changer de personnalité lui semblait être un jeu d’enfant.
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Le Fou
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MessageSujet: Re: Promenade printanière   Promenade printanière EmptyJeu 29 Avr - 21:53

La jeune demsoiselle semblait dépourvue de ce qu'on appelait communément le sens de l'humour, ou alors, elle était d'humeur méchante parce que la journée avait été dure pour elle. Le Fou, décidant qu'il ne s'était pas encore assez amusé décida de la dérider par tous les moyens en sa disposition. Tout d'abord, il tenterait une approche plus douce, pour mieux l'amuser ensuite. Sa longue expérience dans le domaine lui avait maintes fois prouvés qu'il était plus facile de dérider une personne lorsqu'on avait fait semblant au préalable à elle. Le Fou obtempéra donc, et se présenta à la jeune fille.

- Mon nom ? Je n'ai pas de nom... Mais je peux vous dire qui je suis : je suis Le Fou, Bouffon du Gardan Edorta pour vous servir. Je ne suis pas habillé, je ne m'étonne donc guère que vous n'ayez pu deviner qui je suis. Je m'en excuse.

Il marqua une petite pause dramatique, avant de reprendre.

- Une simple discussion entre habitants d'un même quartier ? Non, rassurez-vous, il ne s'agit point de cela. Voyez-vous, je m'ennuyais. Mon métier, c'est de dérider les gens, les faire rire, ou, pour le moins, sourire, et lorsque je vous ai vue arriver, j'ai eu envie de vous faire ce petit plaisir. De plus, pour votre information, nous ne sommes pas du même quartier, puisque je vis au palais. La discussion, puisqu'elle aura lieu avec moi sera tout sauf banale. Vous n'avez peut-être jamais entendu parler de moi, et cela m'est égal au fond, mais sachez que je ne vous laisserai pas partir avant d'avoir réussi à vous faire rire. Je me sens d'humeur malicieuse ce soir... Le retour du beau temps sans doute.


Le Fou n'avait aucune idée de la réaction que pourrait bien avoir la jeune femme à l'énoncé de son petit discours, mais cela ne le préoccupait pas. Il aimait embêter les gens, et ce soir, il se sentait d'humeur particulièrement taquine tout d'un coup. Peut-être l'humeur morose de la jeune femme y était-elle pour quelque chose ? En tout cas, il était bien décidé à faire durer encore un peu cette agréable – de son point de vue – entrevue.

- Vous n'avez pas aimé mon histoire ? Qu'à cela ne tienne, je peux vous en conter bien d'autres. J'en connais toute une série... Dites-moi ce que vous aimez, et je vous conterai une histoire amusante là-dessus. Et puis, sachez que si mon histoire ne vous a pas plu, elle n'en reste pas moins drôle. Vous n'en connaissez pas les protagonistes, alors forcément, il vous est difficile de comprendre. Mais imaginez, dans votre entourage, vous connaissez sûrement deux personnes qui se détestent. Chaque fois qu'elles se voient, elles se lancent des piques, elles se méprisent cordialement, mais restent toujours très polies. Hé bien imaginez maintenant que l'une d'elle surnomme son animal de compagnie, de mauvais caractère, comme son ennemi. Ne trouvez donc pas cela drôle ?

La conversation lui semblait terriblement laborieuse, mais il n'était prêt à laisser tomber si vite. Après tout, il n'était pas n'importe qui : le Bouffon du Gardan Edorta. Il avait gagné sa place au prix d'un dur labeur, il n'entendait pas laisser tomber si facilement. Mais il se rendit compte que son public, ou plutôt cette jeune femme était différente des gens qu'il avait l'habitude d'amuser. Plus sérieuse, moins superficielle aussi sans doute, elle ne semblait guère adhérer à son humour. Il allait donc devoir jouer sur un autre tableau s'il ne voulait pas partir en ayant fait un bide, ce qu'il ne supporterait pas.

Il décida de changer de technique du tout au tout, et au pire, si cela ne marchait pas, il pourrait toujours se moquer d'elle, ce qui lui permettrait en tous les cas de partir la tête haute. D'un mouvement souple des jambes, il se retrouva en train de marcher sur les mains, et fit toutes sortes de cabrioles. Puis, il commença à faire toutes sortes de grimace. Il déploya des trésors d'humour pour en arriver là, puisant dans ce qu'il appelait ses réserves : ce qu'il n'utilisait qu'en cas extrême. Il termina par un grimace qui défigurait particulièrement son visage, le rendant d'un comique irrésistible, et parvenant pour la première fois peut-être à arracher un réel sourire à son interlocutrice.

- Ah, enfin, nous y voilà ! C'est cela mon métier, faire rire les gens, par tous les moyens possibles et imaginables... Je suis heureux d'avoir pu vous arracher au moins un sourire.


Sur ces paroles, il s'inclina devant la jeune fille, avant de se remettre à sautille autour d'elle.

- Alors ?! Vous aurez bien un peu de temps à me consacrer maintenant, non ? Ne voulez-vous pas entendre une histoire ? J'en connais des biens plus amusantes que celle que je vous ai racontée !

Le Fou ne savait pas très bien pourquoi, mais il avait envie de discuter avec elle. Alors il espéra de tout son coeur qu'elle accepte sa demande de lui raconter une histoire.
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Valya Eldwiñn
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MessageSujet: Re: Promenade printanière   Promenade printanière EmptyMar 4 Mai - 17:18

    Valya haussa un sourcil, surprise. Ainsi, le Bouffon du Roi en personne était descendu dans les bas quartiers pour lui parler. Du moins avait-il décidé de s’adresser à elle en la voyant, car elle se doutait bien qu’aucun employé de sa Majesté n’aurait eu d’intérêt propre à quitter le palais uniquement pour converser avec une simple apprentie, de moindre naissance par surcroit. Elle ignorait quelle était la place d’un Bouffon au sein de la Cour – savoir comment vivaient le Gardan Edorta et ses proches l’importait peu –, mais elle jugea préférable de se laisser prendre au jeu. Probablement serait-il mal vu que de repousser un membre du service royal.

    La jeune fille s’apprêtait à demander en quoi consistait le travail d’un Fou, mais elle eût la réponse avant même d’avoir eu le temps d’ouvrir ses lèvres. Il était là pour amuser le Roi. Soit. Parfois, elle avait bien du mal à comprendre les Nobles. Ils ne travaillaient pas, avaient tout leur temps pour vaguer à leurs occupations et jouissaient généralement d’une fortune incroyable, et, malgré cela, ils ne parvenaient pas à se divertir seuls, et payaient quelqu’un pour cela. Si rien de ce qu’ils possédaient ne pouvait les égayer, Valya se demandait bien comment le Fou pouvait les dérider.

    « Quel étrange métier que le vôtre, s’étonna-t-elle lorsqu’il eut terminé sa tirade. Sans vouloir offenser vos maîtres, je vous avoue qu’il me paraît fort peu aisé de faire rire des personnes qui semblent si centrées sur elles-mêmes. » Centrés sur eux-mêmes, oui, car c’était ainsi que Valya se représentait les Nobles de Sang. Tous détenaient le pouvoir, du moins en partie, et se souciaient peu de ceux qui n’avaient pas eu la chance de naitre avec une cuiller en argent dans la bouche.

    Puis, le Fou reprit la parole, et expliqua son histoire avec plus de détails. « Ne trouvez-vous donc pas cela drôle ? demanda-t-il. » Toujours pas. C’étaient là le genre de faits divers qui intéressaient peu la jeune fille. « Pour tout vous dire, Monsieur, s’excusa-t-elle, je trouve cette situation bien plus puérile que drôle. Cette Dame me semble bien simple pour se réduire à de tels enfantillages, et vous de la raconter me rappelez les commérages de ma vielle voisine. Sont-ce-là les blagues qui amusent la Haute Cour ? »

    Le Fou commença alors l’enchaînement d’acrobaties et grimaces, toutes plus surprenantes les unes que les autres. Valya, un sourire aux lèvres, le suivait des yeux, contrainte à tourner sur elle-même, et eut une idée de la façon dont il se prenait pour divertir son public : il était le sujet même des moqueries, et chacune de ses pitreries aurait suffi à faire rire quiconque le regarderait en pleine action. Son audience ricanait de lui, mais il n’en tenait cure, car il avait accompli sa mission. Bien étrange métier, pensa-t-elle de nouveau, que de se faire la risée de tous.

    « Alors ?! Vous aurez bien un peu de temps à me consacrer maintenant, non ? Ne voulez-vous pas entendre une histoire ? J'en connais des biens plus amusantes que celle que je vous ai racontée ! » Valya comprit bien vite qu’elle ne pourrait être tranquille tant qu’elle n’aurait pas accordé un moment d’attention à son saltimbanque. Vaincue, elle poussa un soupir, et alla s’asseoir sur un banc contre un mur. Là, elle croisa les jambes, les bras en croix étendus sur le dossier, et, l’air totalement décontracté invita le Fou à poursuivre son spectacle.

    « Soit. Montrez-moi donc ce que vous savez faire, et tentez de percer mon humour. » Elle serait probablement en retard au diner, mais son père lui serait reconnaissant d’avoir tenu éloigné ce personnage insolite de la salle à manger. De plus, le Bouffon avait raison : elle avait bien besoin de rire, ces temps-ci. Déjà, et sans s’être réellement amusée, elle se sentait plus légère. Se serait-elle trop d’investie dans son métier, pour oublier de profiter de la vie ?
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MessageSujet: Re: Promenade printanière   Promenade printanière EmptyLun 10 Mai - 19:48

La jeune fille s'était enfin déridée, et le Fou en était content. Il estimait que c'était là une belle victoire étant donnée le sérieux de la jeune femme. Sans savoir vraiment pourquoi, il eut l'impression que pour la faire rire encore, il allait devoir éviter le répertoire habituel de ses blagues. Et sa réflexion sur l'humour des nobles le laissa un brin perplexe, il songea qu'elle avait en partie raison. Oui, les nobles aimaient beaucoup les histoires mesquines, de préférence, celles qui humiliaient leur ennemis jurés, mais ils savaient également rire de choses plus anodines. Ses grimaces par exemple ne manquaient jamais d'amuser les nobles lorsqu'ils s'ennuyaient, désœuvrés.

- Centrés sur eux-mêmes ? Oui, d'une certaine manière, ils le sont, mais ce n'en n'est que plus facile de les dérider. Voyez-vous, je suis la seule touche de réel amusement dans leur vie, ils sont toujours plongés dans la politique ou les affaires de guerre, alors n'importe quel humour leur convient. Je trouve bien plus difficile de vous arracher un sourire, contrairement à ces gens-là.

Il poursuivit sa réflexion à voix haute, en train de lui-même découvrir que, malgré sa Volonté et son ambition, il avait choisi un métier peut-être un peu facile. Voilà bien quelque chose auquel il ne s'attendait pas en descendant dans les bas-quartiers ce soir. Il poursuivit :

- Alors oui, ces gens-là s'amusent de blagues aussi puériles que celle que je viens de vous raconter, mais c'est peut-être là leur force. Leur faiblesse aussi, sans aucun doute, car s'ils aiment se moquer des autres, ils n'aiment guère que l'on se moque d'eux. L'ascension d'un noble peut être aussi fulgurante que sa descente dans l'estime des autres. Quant à votre vieille voisine, j'aimerais beaucoup la rencontrer, je suis sûre qu'elle a beaucoup d'excellentes histoires amusantes à me raconter.

Avoir cette conversation plaisait réellement au Fou. Loin des intrigues politiques, de la guerre et des mesquineries des nobles, il sentait chez cette fille une sincérité qui en était touchante. Qui aurait cru que lui se sentirait un jour touché par une simple jeune fille de basse condition ?

- Mais comme je vous l'ai dit, mon répertoire est large, et emplis de trésors insoupçonnés.

Le Fou chercha dans sa mémoire une histoire qui pourrait amuser son interlocutrice. La tâche ne fut pas facile, mais au bout de quelques instants de réflexion, il en trouva une qui lui parut satisfaisante.

- On parlait un jour de l'opiniâtreté des femmes, dont l'entêtement est tel qu'elles préfèrent mourir que de changer d'avis. - « Une femme de mon pays se disputait continuellement avec son mari, elle persistait dans ses assertions et voulait avoir le dernier mot. Un jour qu'ils se querellaient violemment, elle traita son mari de pouilleux. Pour lui faire retirer cette expression, il la roua de coup, jouant des poings et des pieds ; mais plus il la frappait, plus elle l'appelait pouilleux. Le mari s'étant lassé, mais voulant cependant vaincre son obstination, la descendit, à l'aide d'une corde, dans un puits, menaçant de la noyer si elle prononçait encore le mot. Ayant de l'eau jusqu'au menton, elle criait encore : pouilleux ! Alors, afin de l'empêcher tout à fait de parler, le mari la plongea complètement dans l'eau, espérant que le danger de mort, dans lequel elle se trouvait, la ferait taire. Dans l'impossibilité de se faire entendre, elle étouffait. La femme exprima alors par le geste, ce que sa bouche ne pouvait dire. Levant les mains au-dessus de sa tête, et appuyant l'un contre l'autre les ongles de ses pouces, elle rappela ainsi à son mari qu'il était pouilleux. C'est ainsi, en effet, que les femmes écrasent habituellement les poux ! »

Cette histoire, il l'avait trouvée voilà plusieurs années dans un ouvrage de la bibliothèque de la ville. Il contenait de nombreux autres petits récits du même genre qui bien que mal connus étaient généralement très appréciés par son auditoire. Et cette fois-ce ne semblait pas avoir fait exception. S'il déchiffrait correctement l'expression de la jeune fille, l'histoire lui avait plu.

- Voyez-vous, je vous ai pris un peu de votre temps, j'en ai même abusé très certainement, mais je suis satisfait. Aujourd'hui, j'ai accompli mon office, je vous ai fait rire. Pendant les quelques instants que vous avez passé avec moi, vous avez oublié vous soucis, vous vous êtes détendue ! Oh, peut-être pas totalement, je n'ai pas cette prétention là, mais j'aime à croire que je vous ai fait un peu de bien !

Soudain, le fou eut un drôle de hoquet de surprise. Habitué qu’il était à toujours jouer, il en devenait parfois incongru et surprenait d’autant plus son entourage par des réactions disproportionnées par rapport à l’événement, ce qui était le cas cette fois-ci à nouveau, mais il n’en n’avait cure.

- Mais... Mais, vous allez me prendre pour un rustre ! Je ne connais pas votre nom ! Je me suis présenté, et je n'ai même pas eu la courtoisie de vous rendre la pareille. Veuillez accepter mes plus plates excuses, mademoiselle ? ...


[HRP : Tu as le choix, soit on continue un peu à parler de l'humour et du métier de fou, du tien aussi si tu veux, soit, tu conclus (ou tu réponds une dernière fois, et je conclus) pour aller te mêler aux Olarils par exemple^^]
[HRP : Le conte n'est pas mon invention, mais provient des Facéties de Pogge le Florentin, un homme de bien^^]
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Valya Eldwiñn
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MessageSujet: Re: Promenade printanière   Promenade printanière EmptyJeu 27 Mai - 18:27

    Valya tenta de cacher sa contrariété, mais ne put s’empêcher de froncer les sourcils. La traitait-il de mauvais public ? Elle ne prétendait pas être de ces femmes qui s’esclaffent pour un rien – elle avait bien consciente d’être trop sérieuse, par moments – mais elle n’aimait pas être ainsi comparée aux nobles. Surtout par quelqu’un qui ne la connaissait que depuis quelques minutes, durant lesquels il avait tenu la plus grande partie de la conversation. S’efforçant de demeurer le plus naturel possible, elle rétorqua :

    - Peut-être est-ce plus difficile de m’arracher un sourire parce que vous connaissez mal les gens de mon rang. Je n’irai pas à affirmer que nous tous, Bourgeois, partageons les mêmes centres d’intérêts, mais je peux vous assurer sans le moindre doute que rares sont ceux, parmi nous, qui ont le temps de médire sur leurs voisins. Mais peut-être pourriez-vous descendre dans nos quartiers plus souvent, il n’est jamais bon de n’avoir qu’un seul public. Si votre emploi du temps vous le permet, j’entends.

    Ce après quoi le Fou déballa sur sa vision de la Noblesse. L'ascension d'un noble peut être aussi fulgurante que sa descente dans l'estime des autres. C’était probablement vrai, si les ragots faisaient partie de leurs principales occupations. Mais si Valya n’avait aucun point commun avec la haute classe – et ne souhaitait absolument pas en faire partie – elle ne pouvait s’empêcher de ramener cette phrase à elle-même. Elle se souvenait de sa soudaine montée dans l’estime de son maître de stage, au haras. En quelques mois, elle avait su monter les échelons comme peu d’apprentis l’avaient fait avant elle.

    C’avait été sa fulgurante ascension. Mais aujourd’hui, après avoir tant progressé à une allure folle, elle avait l’impression de stagner, de s’être enchainée à une routine de laquelle elle ne parvenait pas à se dépêtrer. Après seulement deux ans passés dans le métier, à un stade où elle n’avait pas encore beaucoup de responsabilités. Oh, bien sûr, elle savait comment diriger une écurie, comment évaluer les besoins en fourrage et litière, ou comment dénicher les clients avant les concourants. Mais dans la pratique, elle ignorait si elle était capable de gérer tout cela en même temps, et si, surtout, elle saurait tenir le coup toute sa vie durant.

    Jusqu’alors, elle s’était contentée de suivre son parcours en ne gardant en tête que son objectif final : une profession basée sur sa passion, sur son excellence, qui lui permette d’avoir une situation financière relativement viable, de n’être dépendante de personne, et, surtout, d’atteindre la renommée dans le monde équestre, renommée dont elle rêvait tant. Présenté comme ça, son ambition paraissait plus que louable. Mais elle n’avait jamais cherché à peser les points négatifs. Et, tandis que le Fou exprimait son souhait de rencontrer sa voisine, deux grosses questions se bousculaient dans ses pensées. Combien de temps lui faudrait-il pour se faire un nom ? Mais surtout, combien de temps ce nom demeurerait-il une référence en matière de dressage de chevaux ?

    - Je crains fort que ma voisine ait peu de temps à vous accorder, car si rien ne lui plait plus que de commenter nos moindres faits et gestes, elle n’aime guère recevoir du monde, répondit-elle, les yeux dans le vague. Elle secoua la tête de gauche à droite pour revenir pleinement dans la conversation, puis ajouta : Habituellement, elle parle à ses chats. Je crois qu’ils ne la contredisent pas trop, du moment que leur gamelle reste pleine.

    Le Fou s’attela ensuite à lui raconter une nouvelle histoire. Le début lui sembla bien mauvais : elle n’aimait pas les évidences. Souvent, elles ne servaient qu’à cantonner les gens dans une idée pré-reçue, souvent totalement à côté de la réalité. Elle-même était une réponse à tous ses clichés. Une femme était sensée rester dans les bureaux à s’occuper des tâches intellectuelles, à faire les comptes, ou bien aller au-devant de potentiels clients dans les rues de la ville en jouant de leurs charmes. Valya était une femme de terrain, qui ne supportait pas de rester cantonnée à une fonction unique, et qui s’en tirait parfaitement dans les travaux manuels. Elle n’était finalement pas loin d’être le total inverse de m’image de la femme idéale.

    Mais le récit du Fou ne tarda pas à l’intriguer. La plaisanterie était plutôt en faveur des femmes, tandis qu’elle ridiculisait les hommes. Ici, la femme restait certes campée sur ses positions, et ne cédait à la menace de son mari, tandis que celui-ci se renfermait dans son orgueil, et son refus d’entendre les avis d’autrui. Avec un sourire, elle songea qu’il était parfaitement possible de changer le nom des personnages, en remplaçant la femme par la Bourgeoisie, et l’homme par la Noblesse. En réalité, la jeune fille n’aimait pas les clichés lorsqu’ils portaient un jugement négatif sur son genre.

    La chute de l’histoire fut accueillie par un éclat de rire, et de quelques applaudissements. Somme toute, le Fou savait y faire avec tous les publics, et semblait retenir un large répertoire en matière de blagues. Sans attendre sa réaction, il se lança dans tout une mise en scène plutôt singulière pour lui demander son nom.

    - Je suis Valya Eldwiñn, fille d’un commerçant d’équidés, en dernière année d’apprentissage du métier de Palefrenier, se présenta-telle. Si je puis me permettre un compliment, voilà-là le genre d’humour qu’il vous faudra sortir en venant ici ! Néanmoins, je pense que l’on pourrait débattre sur l’opiniâtreté que vous décrivez dans votre fable. Selon moi, on qualifie quelqu’un d’opiniâtre lorsqu’il ne démord pas de ses opinions, et ce même en utilisant tous les arguments possibles et imaginables pour le faire changer d’avis. Mais à vrai dire, j’ai du mal à voir les arguments du mari comme tels. Quelqu’un qui ne cède pas à la menace se ferrait plutôt appeler intrépide, ou stupide, pour certains, précisa-t-elle avec un sourire.

    Au loin, le retentissement de la cloche de la grande horloge sonner lui arracha un sursaut. Elle n’avait pas surveillé l’heure, et le temps était passé bien plus vite qu’elle ne l’eut cru. Elle se leva, et s’excusa.

    - Je suis navrée, mais je crois avoir suffisamment fait attendre mon père. Ma famille aura certainement commencé le repas, mais je ne peux me permettre de rentrer après qu’ils l’aient terminé. Elle se leva, s’apprêta à partir, avant d’ajouter : Descendez en ville lorsque vous le pourrez. J’aimerai vraiment que l’on puisse se revoir, et je n’ai malheureusement pas le temps de monter au Palais. D’ailleurs, je ne sais pas comment il serait vu qu’une jeune fille de basse naissance vienne rencontrer les employés du Gardan.

    Elle récupéra son panier, rajusta sa veste, et reprit le chemin inverse pour retourner chez elle. En marchant, elle songea combien il pouvait être agréable de faire des rencontres aussi étranges que celle-ci. Et, à voix basse, elle se promit de réétudier ses projets d’avenir. Qui aurait cru que son ambition et sa Volonté puisse être mises à mal par une conversation anodine avec le Bouffon de la Cour ?



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MessageSujet: Re: Promenade printanière   Promenade printanière EmptyMar 1 Juin - 15:41

La jeune fille qu’il avait en face de lui était pleine de ressources, non contente d’avoir du répondant, elle semblait intelligente, et surtout, pleine de Volonté. Le Fou l’appréciait beaucoup, même s’il ne l’avouerait jamais à personne. Après tout, n’était-il pas réputé pour n’être attaché à quiconque ? Sauf son singe bien sûr. Cette promenade lui avait fait beaucoup de bien, sans trop qu’il sache pourquoi exactement. Peut-être que le simple fait de parler avec quelqu’un d’autre qu’un noble était déjà quelque chose. Le fait de ne pas parler des dernières intrigues politiques était également un bienfait. Peut-être aussi le fait que cette jeune fille ne se soit pas prosternée devant son humour comme tant d’autre lui avait donné l’occasion d’un autre défi ? Bref, au fond de lui, il devait reconnaître que ce qu’il avait aimé dans cette conversation, c’était la différence. Différence d’un quotidien dans lequel il s’engluait depuis des années, différence d’une attitude, ni présomptueuse ni faussement modeste comme les nobles savaient si bien s’y adonner pour tromper les naïfs.

Le Fou décida donc que plus régulièrement, il irait se promener dans les bas quartiers de la ville, loin de ce monde de troubles politiques, qui, s’il l’amusait, le lassait parfois aussi. La jeune fille dût prendre congé, ce qui n’était pas pour plaire au Fou, mais comme à son habitude dans ces cas-là, il ne dit rien. Tout du moins la laissa-t-il prendre congé sans faire mine de la retenir. Il ne put cependant s’empêcher de sourire à la proposition de la jeune fille, Valya, puisque c’est ainsi qu’elle s’appelait.

- Je reviendrai, n’ayez crainte !
lança-t-il avec un clin d’œil. Sachez seulement que je ne peux vous dire quand, ni où, tout cela ne dépend pas entièrement de moi. Lorsque l’occasion se présentera, je chercherai dans les parages un élevage de chevaux et demanderai après Valya Eldwiñn… Et si par hasard je devais tomber sur une vieille grincheuse et son armée de chats, je saurai que je ne suis pas très loin ! Au revoir !

Elle s’en alla alors, rejoindre sa famille pour le dîner. Le Fou songea que lui n’en n’avait plus depuis longtemps maintenant, mais cela ne le chagrinait pas. Il s’étonnait même de constater que ça ne lui avait jamais manqué. Il se demanda si ses parents étaient toujours en vie, ils devaient commencer à se faire vieux maintenant. Il se demanda aussi ce que sa sœur avait bien pu devenir. Pas une once de regrets ne pointait dans son cœur quand il pensait à eux, pas plus que de la déception ou de la haine, tout au plus un peu de curiosité.

Voyant qu’il commençait à se faire tard, il décida de rentrer, mais pas directement. Il prit des chemins détournés, errant çà et là, peu impatient de retrouver l’atmosphère confinée du palais en état de siège. Il laissait ses oreilles traîner partout où il pouvait sur son chemin curieux d’en apprendre plus sur ces Olarils, sans avoir envie de les côtoyer de plus près tellement il avait entendu des échos négatifs quant à leur odeur. Il apprit ainsi plusieurs choses, l’une d’eux était enceinte disait-on, et elle avait fait un malaise au Ceste Clouté peu après son arrivée. Il y avait parmi eux une vieille, on disait qu’on avait jamais vu en Isle quelqu’un d’aussi âgé, elle était flétrie de partout, à se demander comment elle tenait encore debout. Leur chef s’était faite arrêtée, avec l’une des leur, mais cela, il le savait déjà. Il apprit qu’Elanor avait réussi à faire entrer la vieille en prison pour tenter de calmer la folle qui leur servait de chef.

La folle… Voilà quelque chose qui ne manquait pas d’ironie. Le Fou se permettait de qualifier péjorativement quelqu’un d’autre de fou… Il eut un rire bref et discret. Il avait récolté ce soir-là tout ce qu’il pouvait. Il en eut marre de cet accès de « déprime » et décida qu’il était temps pour lui de rentrer. Il avait envie de se laver longuement, et de revoir Pim’ aussi, qui ne devait pas avoir apprécié d’être laissé seul aussi longtemps. Quand il était parti, il ne s’était pas imaginé qu’il s’absenterait autant d’heures. Peut-être que le Gardan avait même demandé après lui. Après tout, il lui était dévoué, et c’était là sa raison d’être, alors il ne pouvait le décevoir. Bondissant et sa bonne humeur retrouvée, il s’élança au pas de course vers le Palais.
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