Les Tables d'Olaria
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 Au coeur de la horde (ONESHOT)

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Elenor Jagharii
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Profession: Exécutée pour une tentative d'assassinat sur Beltxior
Positionnement : Insoumise
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MessageSujet: Au coeur de la horde (ONESHOT)   Au coeur de la horde (ONESHOT) EmptyJeu 10 Oct - 16:49

Un cauchemar bien connu, cuisant. Un enfer où c'était au tison que l'on prenait la volonté des êtres... Ainsi que leur corps. Les affres de la drogue et de la semie inconscience... Et ce dans la même chambre, inspirant à bouffées hésitantes le même air. La demeure Jagharii, grande maison familiale, inspirant cette gloire d'antan dont étaient si fiers les lions. La dernière fois que ce lit l'avait contenue, elle était dans un état similaire. Sa main venait d'être reconstruite, laborieusement. On l'avait opérée à vif, et si bien assommée de produits repoussant la douleur qu'elle en était sortie incapable de vivre sans. Elle avait été un légume pendant plusieurs jours, puis un débris, pendant plusieurs mois. Cachée devant l'âtre du Ceste Clouté. A l'époque, Sieben était à son chevet, son Sieben, ce roc adoré qui devait la protéger de tout, y compris de la folie et de l'oubli de soi. Aujourd'hui, Sieben n'était plus (du moins pour elle) pas plus que Lan, ou que quiconque. Il y aurait bien eu Morghan, ce cousin qu'elle n'avait plus revu depuis leur légère incartade, dans le clocher désaffecté, mais il était hors de question pour Elenor de faire appel à lui aujourd'hui. Elle ignorait pourquoi, mais ce n'était pas possible. Il avait promis de la protéger, il lui en voudrait, sans doute, mais elle s'y refusait.

Cette fois, c'était différent. Nul médecin n'était venu lui ouvrir les veines pour y trifouiller avec ses pinces, cette fois, elle avait retiré des brefs instants de conscience qu'elle avait eus un calme souverain, un calme de plomb. Il n'y avait pas de fureur, de panique.

Elle ne perdait rien, quand bien même jamais plus elle ne se lèverait de ce lit, elle ne perdrait rien. Qu'elle y demeure, ou y décède, c'était égal pour Elenor. Cela faisait longtemps que l'armée n'était plus sienne, et dans son cœur, déjà, elle sentait que la Dissidence l'avait perdue. Les hommes, aussi, et l'amour, et son corps. Ce qui lui restait pouvait se compter sur les doigts de sa main valide, et la faisait frémir à la hauteur de l'amour qu'elle vouait à ces êtres. Lui restaient, peut-être, cinq personnes qui comptaient pour elles, chacune sur un barreau d'une étrange échelle de l'affection. En bas la gentille Lell pour qui elle avait toujours de affection. La douce Lell, qui la soignerait si bien, si seulement elle pouvait la joindre... Au-dessus Jarlès, retrouvé depuis peu mais qui avait ravivé en elle une tendresse oubliée. Un bond ensuite, pour son cousin, Morghan, à qui elle mentait, et dont elle redoutait la réaction, puis son père, le Vieux Lion à qui elle devait son installation ici... qu'elle n'avait plus vu depuis qu'il l'avait vendue. Et puis Bellone, tout en haut, qu'elle aimait tant, et dont la haine lui était purement insupportable. Si la Jagharii avait un souvenir aigu (beaucoup trop) de ce qui avait précédé son inconscience, elle ignorait cependant comment elle avait pu passer de sa cellule, baignée de son sang, à ce lit qui avait longtemps été le sien. Elle ignorait comment elle était passée des bons soins du Guet à ceux du foyer familial...

Au fond s'agitait la crainte de se voir vendue à nouveau, sans savoir à qui... Lan, Venarii... Les candidats à la reprise étaient nombreux... Et pourtant elle n'avait pas la force de concrétiser sa peur par une réaction franche et physique. Elle avait donc les yeux ouverts, sentait la douleur sourde de ses phalanges que l'on avait remises en place, celle des sutures, nombreuses, et des plaies cautérisées. Celle de sa pommette que l'on avait ouverte comme un fruit, et qui avait été refermée, laissant sans doute sur la peau une balafre impressionnante, celle des brûlures que l'on avait enduites de graisse, et qui cicatriseraient lentement, patiemment. Ses pupilles fixées au plafond, elle attendait donc la venue de quelqu'un, qui que ce soit, avec calme, attentive aux efforts déployés par ses tissus pour se remettre des sévices infligés.

Lorsque l'on vint, elle ne bougea pas, écouta plutôt le pas. Il était lourd et lent, régulier. Aussitôt elle reconnu la force et la noblesse de l'ancien général. Elle avait attendu, pressé et fébrile, celui de domestiques, mais c'était là au moins une chose que l'on lui épargnerait. Elle attendit un peu avant de tourner la tête, et de croiser le regard, grave et tourmenté, du Vieux Lion. Elle ne voyait pas ses lèvres sous la moustache, mais le devinait soucieux, arborant probablement, devant l'état de sa progéniture, ce rictus de soucis qu'elle lui avait vu parfois. Son cœur fit un bond, mais elle soutint en silence son regard avant de le voir avaler la distance qui le séparait encore du lit. Il approcha une chaise et s'installa à son chevet, toujours sans un mot. Puis, chose qu'il ne faisait jamais... il avança une main rugueuse vers la sienne, encore contusionnée, et la glissa en-dessous. La ménageant, il ne la tint pas, mais elle sentit néanmoins sa chaleur traverser sa peau, et ses larmes brisèrent, enfin, le silence.
« Je n'en peux plus... » Un sanglot pour cet aveu de faiblesse. Jamais elle ne lui avait dit ça. Elle avait toujours eu l'énergie, toujours eu la force, même enfant. Elle affrontait tout. Du moins devant lui. Elle était déjà tombée devant d'autres, mais si Amarante savait sa fille capable de tanguer, elle n'avait jamais, consciente et calme, cédé une défaite. Pourtant, cet aveu ne lui faisait pas mal. Il ne la faisait pas pleurer. Elle n'avait pas honte. Tout être humain avait ses limites. Elenor les avait repoussées, à plusieurs reprises ces derniers temps.
Autre geste inédit, mais qui ne la fit pas ciller, la seconde main du patriarche trouva le front légèrement fiévreux de sa progéniture. Elle ferma les yeux. Il n'avait toujours rien dit. « Je vais arrêter. C'est fini. » Elle ne pouvait plus. Les morts, les blessures, les convalescences. Elle était vidée de son énergie plus encore que de son sang. Alors, ses lèvres se scellèrent.

« Tu vas rester ici. Personne, à part Bellone et moi, ne sait où tu te trouves. Elle ne dira rien. Prends tout le temps qu'il te faudra, disparais jusqu'à avoir retrouvé tes forces. Les décisions et les actes ne viendront qu'après. »

Il avait failli, en tant que protecteur des siens. Il avait cru pouvoir se reposer sur Morghan, mais c'était trop, trop tôt. Que sa fille tombe au combat aurait brisé le cœur du père, mais il aurait su faire son deuil. Cette déchéance-ci, il ne pouvait en revanche composer avec...
Bien que celui-ci ne lui ait rien promis, il se sentait trahi par Elandor. Peut-être ce qu'il lui avait confié était-il, en fin de compte, trop précieux.
Amarante avait sur-estimé la résistance de la jeune lionne. Il n'avait pas su voir ni panser toutes ses plaies, s'était arrêté à sa main, et pris les suivantes pour des aléas inoffensifs de la vie, qui la renforceraient.
Il serait plus prudent. Elenor était son sang, et tant qu'elle n'était pas mariée, la plus directe dépositaire de l'avenir de leur nom... A la voir dans cet état, il doutait de la solidité de son avenir auprès de l'Al'Faret.
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