Les Tables d'Olaria
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 Il est grand temps...

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Nydearin Hirune
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MessageSujet: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyMar 25 Oct - 18:32

Il était grand temps oui, grand temps qu’il se réveille, grand temps qu’il prenne conscience des énormes erreurs qu’il avait commise en se contentant de rester en dehors des choses, en essayant de comprendre, en se lamentant auprès de sa Déesse. Quelle bien piètre image devait-elle avoir de lui, son Grand Prêtre ! Ah ! Il en rigolait encore. Un rire jaune bien entendu. Comment avait-il pu se retrouver ainsi, presque semblable à un fantôme, invisible aux yeux du monde, invisible pour ceux qui avaient besoin de lui ? Il se souvenait encore des rares fois où Sorastrata avait tenté de lui secouer les puces et où il était resté impassible, l’écoutant comme si elle n’était pas là, ou plutôt comme s’il n’était pas là. Elle avait parlé à un mur et il en avait maintenant conscience. Elle ne devait probablement pas être heureuse de voir le mari de sa petite-fille agir ainsi et la façon dont elle l’avait quitté la dernière fois en était la preuve explicite. Leurs relations étaient tendues à l’origine et s’il avait su redresser un peu la barre de ce navire lors des Feux de la Gérax, cette barque prenait dorénavant l’eau de toute part et s’il ne s’était pas relevé, il n’aurait probablement jamais réalisé qu’il était maintenant temps de commencer à écoper sous peine de véritablement sombrer et de n’avoir aucune chance de remonter à la surface. Heureusement, il n’était pas encore tout à fait trop tard, il en était convaincu et ferait tout pour qu’il en soit ainsi et pas autrement.

La première chose qu’il avait faite était de rendre visite à un vieil ami. Il savait qu’il s’était installé parmi les Ilédors pour continuer sa vie avec son épouse et ses deux fils aînés. Nydearin se souvint qu’il avait du abandonner le cadet de sa famille avant l’ascension de l’Aiguille Enneigée. La séparation avait été tragique avec les autres Olarils, mais c’était nécessaire. Le Grand Prêtre avait besoin d’informations, de se mettre aux nouvelles fraiches et ne pas souffrir de son absence plus longtemps. Il avait donc partagé une cruche d’eau avec son ami et après quelques accolades sincères et joviales, ce dernier étant content de retrouver l’homme qu’il avait connu par le passé, ils passèrent à un sujet plus sérieux. Les évènements actuels n’étaient pas très rassurants mais il se souvenait que son épouse avait effectivement été arrêtée pour une rixe et ensuite libérée. Apparemment, des interrogatoires étaient menés dans la ville par le Guet pour obtenir des informations sur celui ou celle ou ceux qui auraient pu empoisonner Lis, actuelle Reine d’Isle et ancienne Grande Prêtresse. La ville était en ébullition et surtout assiégée par les Révolutionnaires… C’était une ribambelle d’informations que lui révélait son ami, désolé d’annoncer tant de mauvaises nouvelles mais il fallait se faire une raison, Nydearin avait été absent bien trop longtemps.

Oui, c’était un fait et pourtant il se demandait comment cela pouvait bien être possible. Mais au fur et à mesure que ces informations pénétraient son esprit, une seule vérité ressortait sans cesse de plus en plus. Au diable les Révolutionnaires, les Conservateurs, les Dissidents, la politique ne l’intéressait pas, pas encore. Une seule chose prenait de l’ampleur dans son esprit, une seule et unique, qui aurait du toujours briller et lui servir de phare : Lysandre. Hésione était sa Déesse, vers elle sa Foi était entièrement tournée et il avait retrouvé celle-ci après avoir compris qu’il n’était que continuellement testé et devait sans cesse continuer à prouver sa valeur à la Chasseresse mais également au monde entier dorénavant. Mais la Foi n’était pas la seule chose qui comptait et une autre, l’amour, faisait de Nydearin ce qu’il était vraiment. Il avait abandonné une partie de lui et c’était surement une des causes de sa léthargie. Il convenait maintenant de regagner ce qui avait été perdu et de se battre corps et âme pour cela. S’il ne parvenait pas à reconquérir son épouse, ce n’était même pas la peine de continuer.

C’était dans cet état d’esprit qu’il avait quitté son ami, lui promettant de venir le revoir bientôt. L’attitude fière, le regard et le buste droit, il fendait à nouveau la foule et ne ressemblait plus à un vulgaire mendiant, même avec ses vêtements simples d’Olaril. Il remarqua d’ailleurs que plusieurs regards se tournaient vers lui. Curiosité, étonnement ? Il n’en avait cure, pas maintenant. Plus tard peut-être, jamais sûrement. Sa direction était toute tracée : l’Auberge du Ceste Clouté. Il y avait sa chambre, mais, plus que tout, il y avait la chambre de son épouse. Une autre aberration maintenant qu’on y réfléchissait. Comment deux époux pouvaient-ils faire chambre à part ? Le Grand Prêtre soupira une nouvelle fois silencieusement en ayant vraiment l’impression de regarder un autre homme lorsqu’il repensait à ce qu’il avait fait ces derniers jours. En un sens, il se dégoutait, même si une partie de lui, forcément, comprenait ce qu’il avait traversé même s’il ne cautionnait plus la manière qu’il avait eu de réagir. Mais on se demandait où l’homme, qui avait accompli tant de choses en Olaria, avait bien pu passer… Nydearin n’avait lui-même aucune réponse à cette question. Une chose était certaine maintenant, il était de retour, ou presque.

A son arrivée à l’auberge, il était directement monté à l’étage des chambres et avait frappé à la porte de celle de son épouse. Pas de réponse. Après quelques minutes à réessayer par intervalles réguliers, il finit par conclure qu’elle n’était pas là et décida de descendre dans la salle commune. S’installant à une table dans un coin, avec une vue sur l’entrée et l’escalier qui menait aux chambres ainsi qu’une oreille attentive sur les discussions un peu trop élevées, il commanda une boisson non alcoolisée pour passer le temps. Les heures passèrent lentement et le Grand Prêtre finit par commencer à s’inquiéter allant presque jusqu’à réfléchir à l’éventualité de remuer toute la ville pour la retrouver. Elle passa finalement la porte d’entrée, peut-être sans le voir et monta directement à l’étage. Il se leva peu après avant de prendre à son tour de la direction de sa chambre. Cette fois-ci, il n’aurait pas à frapper dans le vide. Son poing heurta avec douceur le bois de la porte plusieurs fois et sa voix s’élevé dans le couloir.


« - Lysandre ? »

Il espérait qu’elle lui ouvrirait sa porte, car, après tout, ce n’était pas forcément certain…
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Lysandre Hirune
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyMar 25 Oct - 20:47

L’interrogatoire avait été éprouvant. Elle avait attendu longuement Luminara, qui était interrogée dans une autre salle, mais en voyant qu’elle ne ressortait pas, alors que la nuit tombait, l’Hirune avait pris le chemin du retour. En route, elle n’avait cessé de repenser aux paroles du Scribouillard du Guet. Il avait très clairement dit que Lis avait été victime d’une tentative d’assassinat. Elle n’était pas morte. Pas vivante non plus, mais pas morte. Son cœur avait immédiatement reprit une respiration accélérée lorsqu’elle y songeait à nouveau, et son pas se fit plus vif. Lysandre avait hâte de rentrer à l’Auberge, et elle fut prise d’une irrésistible envie de prier.

Prier quel Dieu ? Elle pensait à Hégoa, qui saurait peut-être la rassurer... mais ici, et avec ce qu’elle savait de Bakarne et des siens, devrait-elle louer Therdone ? Elle évita un homme qui courrait en tirant un chariot sur le pavé terne, et chassa par la même cette idée absurde. Comment trouver les mots pour s’adresser à cette Divinité que prient les Ilédors ? Elle ne le sentait pas en elle, contrairement à leurs Dieux. Elle savait qu’ils habitaient chaque Olaril, même encore maintenant, même s’ils n’avaient été que des Hommes, que des Ilédors du temps jadis. Elle se rendit compte qu’elle courait à son tour, et poussa la porte du Ceste Clouté.

Seiben lui lança un regard, elle n’y répondit pas, l’homme semblait neutre et elle savait qu’ils seraient en froid suite à leur conversation de la veille. Peu importait, elle n’eut pas non plus de regard pour la salle qui se trouvait assez peuplée, et animée. Elle perçut des voix Olariles reconnaissables, et à la limite de son champ de vision, elle décela la présence d’une chevelure que beaucoup prenaient pour blanche. Elle savait que ses cheveux étaient blonds. Blonds si pâles qu’ils semblaient d’ivoire. Lysandre monta les escaliers rapidement, sans doute ne prit-elle pas le temps de noter la présence de son époux parmi tous ces gens.
La porte de sa chambre se referma, elle la verrouilla ; jamais elle n’avait eu besoin de serrure, en Arestim Dominae... Elle apprenait seulement les bienfaits des clés... Mais elle ignorait encore pourquoi elle avait ressenti le besoin de s’enfermer. De sa besace en cuir travaillé et usée par le voyage, la Chasseresse sortit l’imposant ouvrage légué par Laclaos. Elle caressa du bout des doigts les aspérités de la reliure et ouvrit les Tables d’Olaria avec la solennité qu’on accorde aux Reliques.

Les premières pages n’étaient pas lisibles, elle ne les regardait désormais plus depuis des mois, ayant abandonné l’espoir de les déchiffrer un jour. Elle tourna les pages, et arriva à celle qui n’était pas totalement noircies par des lignes, des dessins, des symboles. Celle qu’elle était en train de remplir. Son dernier message remontait à l’avant-veille, lorsqu’elle était rentrée du Bal. Il fallait absolument qu’elle y couche ses impressions, suite aux dernières informations qu’elle avait eues. Lysandre tira également de sa besace une belle plume d’un brun strié de blanc, et trempa la pointe dans l’encrier qui se trouvait sur la petite table inclinée à côté de son lit. Avant qu’elle ne touche le papier, elle entendit grincer le parquet devant sa porte et immédiatement, on frappa.

Elle allait réclamer qu’on la laisse, qui que ce soit, ses impressions encore trop fraîches pour attendre et être dérangée, mais elle reconnut instantanément la voix qui s’élevait derrière le panneau de bois. L’Hirune lâcha la plume et quelques gouttes tâchèrent ses doigts et le parchemin qui but l’encre. Elle avait du mal à y croire. Pourtant, elle était persuadée que ses oreilles ne lui faisaient pas défaut. Elle était certaine de l’identité de celui qui avait frappé à sa porte. Elle ne pouvait pas se tromper. Elle le sentait désormais dans son ventre, qui frissonnait. L’incrédulité évincée en quelques secondes, le Chef Olaril fit quelques pas pour rejoindre la porte, et colla ses paumes comme son oreille sur le bois usé. Elle n’entendait rien d’autre que le bruit étouffé des conversations de la salle, en bas. Mais elle savait qu’il était toujours derrière, immobile.

Après tout ce temps...

Lysandre était désormais incapable de saisir ce qu’elle ressentait. Une profonde amertume avait accompagné ses semaines entières d’éloignement, son absence avait été trop douloureuse, elle qui avait pourtant déjà tant de turbulences à affronter... Elle avait dû mettre au second plan ce déchirement de constater à quel point ils étaient étrangers ; Sans doute cette obligation avait été salutaire. Lysandre s’était concentrée sur d’autres inquiétudes, s’était lancée dans d’autre combats. Avait-elle été actrice de cette séparation, alors qu’elle se pensait témoin impuissant ?

Elle frôla la poignée de la porte.
Il l’avait abandonnée dans un moment crucial de son existence, il l’avait laissée être emprisonnée, il n’avait pas été son cavalier au Bal ! Il s’était enfui, et elle enrageait de ne savoir pourquoi. Tout semblait une cause à cet éloignement. Sa stérilité, Edor Adeï... La Chasseresse savait que les blessures liées à cette situation étaient profondes, qu’elle en tirait une rancœur moins orgueilleuse qu’une atteinte à sa dignité de Chef. Une rancœur de femme. Il l’avait abandonnée !

Lysandre se détourna aussitôt, la main passant sur son visage.
Mais il était là, ce soir. Il était à sa porte, il l’appelait. N’était-ce pas le signe d’un changement ? Ils ne s’étaient plus adressé la parole depuis des jours, elle avait cessé de chercher à lui parler, ne lisant dans ses yeux qu’un vide effrayant qui la détruisait. Comment pouvait-on rester insensible, ne pas réagir ainsi ? Comment pouvait-il rester silencieux face à elle ?
Pourtant, il était à sa porte. Il l’appelait. Il était sorti de son mutisme, elle avait entendu sa voix vibrer comme avant. Il semblait vivant ; L’Hirune se tourna derechef, plaqua à nouveau ses deux paumes contre le bois, puis son front. Elle écouta les sons étouffés une seconde, elle savait qu’il était encore derrière. Combien de temps avait-elle prit pour réfléchir ? Savait-elle seulement ce qu’elle ferait dans la prochaine seconde ?

« C’est toi ? » Fit-elle, sans attendre une quelconque réponse. Ou plutôt, si. Lysandre avait besoin de l’entendre à nouveau. Pour être sûre. Elle se demanda ce qu’elle ressentirait lorsqu’elle ouvrirait la porte, convaincue qu’elle verrait immédiatement si elle retrouvait là son mari. Son Nydearin.

Alors qu’elle fermait à peine la bouche, Lysandre sentit ses doigts appuyer sur la poignée de la porte. Ainsi, elle aurait vite sa réponse...
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Nydearin Hirune
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyMer 26 Oct - 7:29

Tout homme dans la nuit cherche sa lumière. Et cette nuit, Nydearin venait de la traverser durant de longues journées. Il avait cherché cette lumière, cette infime flamme qui pourrait mener son chemin, trahir la présence d’un jour et enfin le mener vers l’illumination, en quelque sorte. Il avait eu besoin de temps, certes, beaucoup de temps et à côté de lui, alors qu’il était parfaitement immobile, le monde n’avait cessé de bouger, d’avancer. Pendant un laps de temps, il avait été hors du monde et maintenant qu’il y était revenu, il comprenait à quel point il avait pu faire du mal à celle chez qui il frappait ce soir. Son ami lui avait parlé de l’emprisonnement, de tous les évènements auxquels il aurait du participer, et surtout, auxquels il aurait du prendre part avec elle. C’est lui qui aurait du aller ordonner qu’on la libère quitte à se retrouver en prison avec elle, car c’était à lui qu’incombait la responsabilité, et plus exactement le privilège, de partager les moments de joie comme les évènements difficiles. Au lieu de cela, il s’était retiré à l’extérieur de l’espace-temps, insensible à tous les évènements, aux paroles, aux gestes… Oui il avait abandonné le monde, et pire que tout, il avait abandonné Lysandre mais, paradoxalement, c’était elle qui avait menée le Grand Prêtre sur le chemin du retour. Un peu comme la flamme de la torche du garde éclaire son chemin de ronde, la pensée de Lysandre, son épouse, sa femme, celle pour qui il s’était en quelque sorte battu, celle qu’il avait toujours désiré, envers et contre tout, cette pensée là fut la lumière qu’il attendait dans ses ténèbres, la lumière qui l’avait conduit vers le monde, la lumière qui l’avait conduit là où il était maintenant, en cet instant.

On dit qu’il n’est jamais trop tard pour se faire pardonner. Peut-être est-ce vrai, mais l’Olaril en doutait secrètement. Parfois les évènements, le temps, la séparation, tout finissait par devenir trop distant et il devenait impossible de retisser un lien qui s’était distendu, fragilisé, voire rompu. Lorsqu’il avait frappé à la porte de sa femme, Nydearin aurait pu espérer qu’elle allait lui réponde, lui ouvre, et qu’alors ils se revoient à nouveau dans les yeux l’un de l’autre mais c’était une version idéalisée, miraculée même. Il n’était pas dupe et surtout pas un imbécile. Il avait eu le temps de réfléchir, même cet après-midi, pour comprendre à quel point il l’avait probablement déçue mais surtout et certainement blessée. Dans les moments les plus difficiles pour tous les Olarils, il avait abandonné sa femme quand elle avait le plus besoin de lui. On ne pouvait probablement pas, décemment, pardonner ce genre de choses mais pourtant il était venu vers elle car, à défaut d’obtenir son pardon, il voulait surtout lui faire comprendre pourquoi, lui expliquer ce qui s’était passé, lui montrer son ancien état d’esprit et l’assurer qu’il avait changé, qu’il était redevenu l’homme qu’elle connaissait et que, malgré tout ce qu’elle pouvait encore penser de lui, quoique ce fut, il l’aimait toujours comme au premier jour et surement même davantage.

Le silence qui était retombé comme une chape de plomb après ces quelques coups à la porte ainsi que ce prénom prononcé comme un appel, à peine brouillé par les bruits qui provenaient de la salle animée, sonnait presque comme un glas dans l’esprit de Nydearin. Elle l’avait surement reconnu, il ne pouvait en être autrement. Il se souvenait de tout, de ses yeux, à la couleur de la terre, si expressifs par moment… De ses longs cheveux en harmonie avec son regard, une crinière indomptable qui glisse jusqu’au creux de ses reins… Il se rappelait de tout. Sa voix, chacune des lignes de son être… L’aurait-elle vraiment oublié ? Peut-être s’était elle forcée à le faire pour ne plus souffrir de son absence… Cette pensée lui fit mal, plus encore qu’il n’aurait pu le penser mais c’était compréhensible. Il aurait accepté qu’elle ait agi ainsi, même s’il en aurait souffert énormément, et, au fur et à mesure que le temps s’écoulait lentement, le doute le rongeait de plus en plus, mettant en question l’hypothèse même qu’elle lui ouvrirait la porte ou s’adresserait à lui au travers de celle-ci. Ce silence était une véritable torture pour lui mais il tenait bon. Il le devait. Elle aurait pu le renvoyer, lui dire qu’elle ne voulait pas lui parler, alors il aurait su à quoi s’en tenir, peut-être un peu insister pour se battre pour elle mais il aurait su. Là, il n’y avait rien, ni mot, ni parole, ni rien. C’était en même temps une lueur d’espoir, un signe d’hésitation, un doute qui, s’il entravait l’idée de l’envoyer sur les roses était une très bonne chose.

Finalement, il l’entendit. Accueillant ces deux mots qu’il connaissait par cœur presque comme un soulagement. « C’est toi ? ». Elle l’avait reconnu, même si elle n’en était apparemment pas sûre, mais il y avait ce doute, positif ici. Enfin, il l’espérait car elle le prenait peut-être pour un autre… Un autre ? Cette idée lui retourna les tripes, même si faire l’amour à d’autres partenaires une fois marié n’était pas un crime chez les Olaris. Dans ce cas, c’était quand même différent, quoiqu’on puisse en dire. Il se reprit néanmoins, évitant de penser à cette éventualité et rompit le silence qui eut à peine un instant pour se réinstaller.


« - Oui, Lysandre. C’est moi. » Il avait allongée un peu sa réponse pour être certain qu’elle puisse le reconnaître. Et puis, il n’y avait que lui pour l’appeler ainsi, de cette manière. Non pas par son prénom, mais cette manière de le prononcer. Il espérait maintenant qu’elle lui ouvrirait la porte, qu’après être certaine de qui se trouvait derrière elle, elle ne reculerait pas et ne le renverrait pas. Il voulait lui parler, elle devait le savoir, pourquoi serait-il là sinon ? Voilà plusieurs jours qu’il s’était emmuré dans son silence. Maintenant libéré, c’était vers elle qu’il revenait, un choix logique mais avant tout, un choix passionnel.
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Lysandre Hirune
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyLun 31 Oct - 18:30

Les doigts étaient fébriles lorsqu’elle réalisa qu’elle tournait la poignée de la porte pour l’ouvrir. Mais plus encore, Lysandre se sentit idiote en forçant sans résultat… Jusqu’à réaliser qu’elle avait verrouillé la serrure. Un petit rire fut sans doute audible derrière le panneau de bois, elle se trouva ridicule. Ce n’était pas n’importe quel homme qu’elle invitait à entrer dans la pièce, certes, mais il n’était pas nécessaire de se sentir aussi nerveuse. Elle connaissait son mari, mieux que quiconque, mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir cette légère angoisse ; la crainte de ne lire ni l’amour, ni l’attachement qu’elle espérait. Ou peut-être, de n’y trouver qu’une expression semblable à celle qu’elle avait pu observer chez lui depuis qu’ils étaient unis. Or, les choses avaient changé, comment le nier ?

L’Hirune ignorait comment réagir convenablement. Elle tourna la clé, et entendit alors les mots derrière la porte. Ce timbre de voix n’était pas celui d’un maussade époux sans âme qui venait lui annoncer qu’il était satisfait de cette situation ; il y avait le même son qu’autrefois, mais elle y entendait très clairement quelque chose de différent. L’impatience la gagna, et elle ouvrit la porte d’un geste vif. La simple prononciation de son prénom avait tendance à lui faire oublier les tensions qui les séparaient.
Elle suspendit sa respiration lorsque le bois laissait apparaître la silhouette de son époux. Il était grand, elle semblait le découvrir ou l’avoir oublié. Sa stature était attirante, et bien que, ceci, elle ne l’ait pas oublié, c’était aujourd’hui une véritable révélation. Lysandre avait toujours trouvé Nydearin séduisant, avant son mariage comme après leurs noces, mais l’absence l’avait rendu d’une beauté qu’elle découvrait. La Chasseresse avala difficilement sa salive, reprenant une respiration qu’elle contrôla pour se calmer.

Car, si revoir son compagnon confirmait qu’elle le trouvait toujours autant attirant, son visage et surtout son regard, résolument différent d’hier, faisaient revenir à sa mémoire d’amères pensées. Elle avait gardé pour elle beaucoup de reproches, toujours bien présents. Une tension lourde s’installa immédiatement, sans qu’elle ne puisse la maîtriser, et après un silence, où elle ne put que le regarder dans les yeux, Lysandre s’écarta légèrement. Quel était le protocole pour ce genre de retrouvailles ? Elle était capable de garder son sang-froid en face à face avec un sanglier enragé, mais se sentait présentement mal à l’aise.

Que dit-on à son mari après tant de silence ?

« Tu veux entrer ? » Elle se sentit immédiatement absurde et referma la porte derrière son époux. Ils étaient seuls. Seuls dans sa chambre, qu’il n’avait pas partagée. Le Chef Olaril avait du mal à se positionner, elle qui avait espéré que le simple fait de le revoir devant elle lui apporterait une réponse. Mais il fallait se rendre à l’évidence ; Il n’existait pas de chemin tout tracé. Elle aurait à le tracer elle-même.
Malgré qu’elle sache qu’elle qu’une dualité difficile à gérer faisait front en elle, Lysandre ressentait le besoin viscéral d’approcher, et de le toucher. Avait-il fait le plus gros effort en se déplaçant jusqu’ici, ou était-ce bien fini, pour lui, cet état de lassitude et de solitude ? Mais son retour ne ferait pas tout, elle luttait contre l’envie amoureuse de lui pardonner et d’oublier. Ce comportement n’amènerait que des rancœurs plus grandes s’ils venaient à nouveau à s’éloigner. Il fallait crever l’abcès mais…

Ce silence ne lui ressemblait pas, elle le savait. Lysandre n’avait pas pour habitude d’être réservée ou en retrait, elle n’appréciait pas sa propre attitude. Cependant, au risque d’être brusque et d’envenimer les choses, elle se contrôlait et tout ce qu’elle réussissait à faire était se taire, scruter son regard, car elle ne pouvait pas le lâcher des yeux. Plus elle l’observait, plus elle le trouvait beau. Comment les autres femmes pouvaient ne pas en être folles, comment pouvait-on détourner les yeux de lui ? Mais à chaque sentiment passionné un écho acide rétorquait qu’il était certes plaisant, mais qu’il l’avait abandonné, et que sa stature ne réussirait pas à le faire pardonner. Comment, dans ce vacarme, réussir à parler ?
Cependant, peut-être eut-elle peur qu’il parle le premier, pour lui dire qu’il s’était éveillé, et qu’il avait beaucoup réfléchi… Qu’il avait réussi à vivre sans elle, et qu’il souhaitait continuer ainsi… Ou pire, avec une autre femme. Lysandre ouvrit immédiatement la bouche à cette pensée, comme pour occuper l’espace… le silence.

« Je t’ai vu tout à l’heure, en bas. » C’était absurde. Elle s’était presque élancée pour s’approcher de lui et ne pas lui laisser le temps du moindre geste. Elle parlait pour ne rien dire. Enrageant d’agir comme si elle se trouvait en face d’un étranger, la Chasseresse marcha d’un pas vif vers la fenêtre qu’elle ouvrit d’un mouvement brusque. L’air frais la fit prendre une grande inspiration.
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyLun 31 Oct - 22:33

Il attendait. L’expectative, le doute… Peut-être également une sorte de stress, l’incertitude qui s’insinue sournoisement en lui et qui commence doucement à lui démontrer par a plus b qu’elle ne lui ouvrira jamais la porte, et, pire encore, qu’elle pensait avoir reconnu la voix d’un autre homme que lui à qui elle aurait ouvert son cœur à cause de l’absence de son mari. Voilà peut-être la pire crainte qu’avait failli éprouver l’esprit déterminé de Nydearin et, fort heureusement, la poignée s’était tournée bien avant qu’il n’en arrive à une telle extrémité, même si cette dernière l’avait frôlée. Il restait convaincu qu’il y avait toujours quelque chose entre eux deux, qu’ils devaient reconstruire certes, mais qu’il existait toujours, même un petit rien, un invisible lien qui leur permettrait de se retrouver, probablement petit à petit, mais de se retrouver certainement. Il n’espérait pas de miracle, même s’il aurait pu le demander ardemment à Hésione, hélas, il savait qu’il avait échoué aux épreuves que lui avaient imposé les Dieux et ne méritait donc aucune clémence. Il devait réparer lui-même les erreurs qu’il avait commise et, pour cela, il devait parler à Lysandre, tout lui dire, ne rien omettre et montrer au monde entier que l’Olaril qu’il était à l’époque, avant le départ pour la « Terre des Dieux », était dorénavant revenu, peut-être même plus fort et plus déterminé que jamais, mais cela était soumis avant tout à la réponse que lui fournirait son épouse, et il le savait parfaitement car, après tout, il n’aurait aucune volonté de poursuivre la route seule, sans elle, même si d’autres femmes se présenteraient. Il n’aimait qu’elle, il n’avait aimé qu’elle et les Dieux savaient combien de femmes s’étaient pourtant déclarées auprès de lui, par des lettres ou même des aveux discrets, derrière une chaumière quand personne ne pouvaient les surprendre…

C’était un petit sourire silencieux sur les lèvres du Grand Prêtre qui avait accueilli le geste de son épouse alors qu’il comprenait qu’elle avait essayé d’ouvrir la porte alors que celle-ci était encore verrouillée. C’était un sourire de soulagement, car cela signifiait clairement qu’elle avait l’intention de lui ouvrir la porte et non de le laisser derrière un morceau de bois clos à tout jamais pour lui. Un bon point, et, dans cette situation, cela était presque équivalent à de l’or ou une poignée de rubis. Finalement la porte s’ouvrit et Nydearin retrouva Lysandre. Par le regard tout du moins. Il se souvenait d’elle, car il y avait pensé chaque jour de son « exil », mais aucun souvenir ne peut valoir pleinement la beauté du temps présent qui peut briller sous un regard de nouveau amoureux. Elle ne semblait pas avoir changée, il reconnaissait en elle toutes les facettes de la femme qu’il avait, il fallait l’admettre, abandonnée. La chasseresse, l’épouse, l’amante, la Chef… C’était cette diversité qui faisait d’elle celle qu’il aimait, il le savait. Il n’y avait pas que cela, bien évidemment, il suffisait de laisser glisser son regard sur ses courbes pour se convaincre du contraire, mais au-delà du charme, indéniable, de son physique, le Grand Prêtre savait qu’il y avait une femme exceptionnelle et cela n’avait pas de prix. Ils restèrent ainsi, face à face, pendant quelques longs instants. L’Olaril ne savait pas par où commencer et surtout s’il devait rentrer ou non, demander la permission ou non. Il y avait entre eux un lourd passif de connivence et de proximité qui pouvait justifier beaucoup de choses, mais entre eux deux, il y avait également l’abandon et probablement la rancœur, deux choses qui favorisaient l’éloignement et décrétaient un peu plus de « tenue » entre les deux époux. Ce fut finalement elle qui lui demanda s’il désirait entrer. Avec un soupir très discret de soulagement, il accepta volontiers.


« - Oui, merci. » Avait-il répondu simplement, en faisant un pas en avant assez sur de lui mais pas trop, veillant également à ne pas trop avancer dans l’espace de son épouse, si elle ne lui permettait pas. Il se retourna vers elle alors qu’elle refermait la porte derrière lui et leurs regards se croisèrent à nouveau. Une fois encore, le silence étendit sur eux son emprise et Nydearin ne savait pas encore s’il devait attendre qu’elle parle ou s’il devait enfin se mettre à parler. Dans la seconde hypothèse, il se mit à chercher les premiers mots mais chaque tournure de phrase qui prenait forme finissait immanquablement balayée par la suivante dans un ballet incessant et qui aurait sans doute donné une bonne migraine à n’importe qui si cela avait continué plusieurs instants. Le plus dur n’était-il pourtant pas fait ? N’avait-il pas réussi à enfin la voir, à reposer son regard d’antan sur elle ? Ne pouvait-il pas l’admirer, belle qu’elle était, comme il le faisait lorsqu’elle était étendue dans leur lit et qu’il était allongé à ses côtés ? De tendres moments refirent leur apparition dans son esprit et cela le calma un peu, des moments de complicité et toutes ces fois où il avait du la surprendre pour la séduire, pour lui plaire, pour faire de leur vie à deux une vie à laquelle tous les adjectifs pouvaient coller sauf celui de la banalité.

« - Je t’attendais pour tout te dire. » Il avait souri avant de répondre, même si elle ne l’avait probablement pas remarqué car elle s’était dirigée vers la fenêtre pour l’ouvrir assez vivement. L’air frais se fit légèrement sentir à la hauteur de Nydearin qui ne jugea pas opportun de bouger. Il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras, mais elle ne l’accepterait surement pas… Quant à ses paroles, il était presque impossible de surveiller la salle de la taverne sans être vu et l’Olaril n’était pas du genre à passer inaperçu. Elle n’avait pas fait mine de le voir mais comment lui en aurait-il voulu ? Elle avait probablement du croire qu’il était perdu dans un coin comme cela avait été le cas dans les derniers jours. Quand à ses paroles à lui, il s’agissait simplement de la vérité, pure et simple. Il l’attendait oui, car il avait frappé à sa porte plus tôt dans l’après-midi et elle n’était pas là. Etait-il arrivé quelque chose de grave ? Cette éventualité avait flotté dans son esprit tout l’après-midi.

« - Je suis arrivé tôt dans l’après-midi, tu n’étais pas là. Un ami m’a confié les récents évènements et l’ébullition qui s’est emparée de la ville… Est-ce que tu as été inquiétée par ces gens ? » Dire qu’il s’attendait ce qu’elle fut là lorsqu’il arrivait à l’auberge n’était pas une contre-vérité et il était difficile pour lui d’imaginer ce qui aurait réellement pu éloigner la jeune femme aussi longtemps de sa chambre, mais, peut-être existait-il des solutions beaucoup plus simples et, surtout, beaucoup moins contraignantes pour elle… Il préféra les chasser de son esprit. Il s’inquiétait pour elle, c’était évident, et c’était probablement l’un des premiers signes qui trahissait son « retour à la normale », même si, en un sens, c’était davantage qu’un simple retour, car faire marche arrière pour se retrouver ne suffisait pas, il fallait se dépasser, notamment pour récupérer le temps perdu. Et, maintenant qu’il y réfléchissait, si ces imbéciles avaient encore osé s’en prendre à Lysandre, il veillerait personnellement à leur faire regretter cela. Il avait été absent la première fois, il ne réitèrerait pas cette erreur une nouvelle fois. Pas encore. C’était une promesse, pour elle, pour lui, pour eux…
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyJeu 3 Nov - 20:45

Chaque mot qu’il prononçait avait une saveur inestimable. Il avait trop souvent opposé à ses questions un silence absent que l’entendre parler, ne serait-ce que quelques phrases, était agréable. Il avait l’air inchangé, comme avant qu’ils aient foulé la Terre des Ilédors, mais il résidait dans son regard une étrange lueur. Une présence prononcée.
L’air frais était agréable, elle réussit à se calmer petit à petit, et lorsque son mari s’exprima, avec une maîtrise de son timbre tout autant qu’une réelle nuance de sincérité, Lysandre fut relancée, ou du moins remise sur les railles. Il avait sans doute fait le plus dur, après avoir fait le premier pas, et être venu la trouver, frapper à sa porte… Aligner plus de deux mots fut comme un soulagement.

« Tu es au courant de tout ? » Fit-elle alors qu’elle faisait quelques pas, pour se rapprocher de l’endroit où il se trouvait. La conversation semblait engagée, et ce barrage passé avait à lui seul permit qu’elle se détende. Sans réfléchir d’avantage, elle s’assit au bout de son lit ; sans doute eut-elle encore assez de réticences pour ne pas l’inviter à la rejoindre, mais l’Hirune l’espérait profondément, sans qu’aucun geste ne la trahisse, à part peut-être un regard qu’elle lui adressa furtivement.

« Les hommes du Guet ont fait passer des interrogatoires à tous ceux qui étaient présents au Bal. » Cette simple phrase lui glaça bientôt le sang. Si Nydearin lui demandait de lui décrire ce qui s’était passé ? Elle aurait à lui révéler ses activités lors de cette soirée… Bien que ses agissements n’aient rien de choquant, dans cette situation, avec toutes ses choses qu’elle lui reprochait, Lysandre regrettait presque de n’être pas irréprochable. Il serait sans doute blessé d’apprendre qu’elle eut le détachement suffisant pour se laisser séduire.
Et même si elle n’avait jamais eu de remords lorsqu’elle avait eu des relations avec d’autres hommes durant son mariage, elle savait aussi qu’il serait un peu déçu de la savoir dans les bras d’un homme… d’un Ilédor qui plus est. Pourtant, elle n’était pas en tord, et n’avait pas à lui mentir, chose qu’elle s’était toujours interdit de faire. La Chasseresse continua dès lors son discours ; s’il voulait savoir, elle le lui dirait la vérité.

« Ca ne s’est pas très bien passé pour moi. » C’était encore bien frais dans sa mémoire… Quelle ironie… elle n’avait pu retenir sa colère lorsque cet abjecte Scribouillard avait évoqué sa relation avec son époux, absent lors du Bal. En relevant les yeux, elle perçut une lueur révoltée dans les yeux de son compagnon et ne put se contrôler ; elle se redressa et s’approcha si près de lui qu’en tendant la main, elle aurait pu le toucher… A cette distance raisonnable, elle répliqua immédiatement :

« Ne t’inquiète pas, rien de grave. Mais l’homme qui m’a interrogée était un imbécile. » Il s'inquiétait pour elle... L'Hirune en était touchée, presque... rassurée. Elle savait qu’en d’autres circonstances, face à son mari, elle aurait craché mille insultes pour décrire ce Chien d’Ilédor. Il lui avait manqué de respect, à elle comme à Luminara… Mais elle préféra ne pas trop compliquer les choses. Avoir Nydearin face à elle, si proche, lui procurait une sensation trop douce pour qu’elle veuille casser ce lien. L’envie lui vint de tendre la main, de l’embrasser. Elle voulait se confier à lui, pouvoir se décharger, comme avant… Comme lorsqu’elle se permettait de pleurer et de maudire Mithra Edorta pour avoir profité de la mort de Cyclaë pour monter la moitié du Peuple contre elle… Cette période-là paraissait désormais si lointaine…

Plusieurs questions lui venaient en tête, alors qu’elle avait réussi à dépasser les simples barrières des reproches et de l’amertume. Les élans affectifs étaient encore présents bien sûr, elle ne les contenait que parce qu’elle savait qu’ils fausseraient la donne. Il aurait été facile de se retrouver, de se toucher et de tout oublier dans un baiser et des promesses que jamais plus une chose pareille n’arriverait. Pourtant, Lysandre craignait de se faire avoir par ses sentiments.
Il ne fallait pas aller trop vite… Après un long regard, qui sans doute aura communiqué beaucoup trop de choses à son époux, le Chef Olaril retourna s’asseoir sur le bord du lit, un léger sourire sur les lèvres, pour rassurer Nydearin.

« C’est pour ça que je n’étais pas là. » Elle se sentit obligée de se justifiée, se sentant tout à coup mal à l’aise. Tôt ou tard, elle aurait à lui révéler sa rencontre avec Keefe, et elle avait un goût amèr dans la bouche. Pourtant, un tel inconfort était ridicule… Comme pour chasser ses pensées coupables, Lysandre posa la main à côté d’elle, l’invitant tacitement à la rejoindre. Désormais qu’elle avait réussi à l’approcher sans succomber, elle espérait pouvoir réitérer l’opération. Elle devait mesurer ses sentiments, et estimer les siens également… L’amour faussait tout ce qu’elle pouvait concevoir, les stratégies et les aigreurs, mais il ne fallait pas être aveuglé pour reconstruire leur bonheur.
Elle en était désormais convaincue : elle voulait retrouver son mari. Si c’était bien ce qu’il souhaitait également…
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyVen 4 Nov - 21:34

A présent dans la chambre de son épouse, la regardant alors qu’elle prenait l’air à la fenêtre, c’était un peu comme une petite victoire dont il prenait toute l’étendue de la saveur en ressentant le doux parfum de Lysandre glisser jusqu’à ses narines et emplir ses sens. Après toutes ces journées, il avait fini par oublier ce parfum délicat, celui qu’il aimait tant redécouvrir le matin lorsqu’il s’éveillait dans le même lit qu’elle alors qu’ils partageaient encore la même couche et qu’ils s’endormaient dans les bras l’un de l’autre. Il avait presque l’impression de parler d’un passé révolu, distant, complètement inexistant comme s’il s’agissait de réminiscence d’une autre vie, pourtant ce n’était qu’une réalité partiellement oubliée et qui avait une existence concrète dans cette vie là, celle qu’ils partageaient tous les deux et qu’ils ne pouvaient avoir oubliés tous les deux. Se souvenait-elle encore de tout ceci ? De leurs escapades en amoureux ? De ces levers de soleil dont les rayons venaient caresser leurs cheveux alors que leurs corps étaient encore enlacés, vestiges d’une union de la nuit passée ? Il l’espérait. Il espérait qu’elle n’ait pas complètement oublié tout ce qu’ils avaient pu partager ensemble, tout ce qu’ils avaient pu vivre. Car si elle avait tout oublié, jeté dans le néant, alors il n’avait aucune chance de la récupérer, aucune chance de la retrouver, de redécouvrir en elle cette femme aux multiples facettes dont une seule manquerait toujours mais dont il se fichait presque maintenant. Donner la vie était une finalité Olarile certes, mais ils avaient d’autres moyens de perpétuer la vie. Il le savait et il l’avait toujours su, voilà pourquoi il se fichait qu’elle ne puisse lui donner le fils qu’il avait toujours voulu mais dont il pourrait se passer contrairement à elle, sans qui il ne pourrait pas vivre.

« - A peu près, Noriel m’a tracé les grandes lignes, il m’a assuré qu’on en aurait eu pour toute la journée s’il avait du rentrer dans les détails. » Un petit sourire s’était glissé sur son visage alors que Lysandre quittait la fenêtre pour lui faire face un instant avant d’aller s’asseoir sur son lit. Il hésita à aller l’y rejoindre et préféra rester là, debout, de voir comment se poursuivrait la discussion pour décider s’il serait de mise de se rapprocher davantage qu’ils ne l’étaient déjà. C’était déjà un grand pas de fait, même si d’autres étaient encore à faire. Avant toute chose, il voulait savoir comment elle allait, car les évènements d’Isle n’avaient pas été tendres avec elle et il s’en voulait encore terriblement d’avoir été absent durant ces épreuves pour elle. Il accueillit sans surprise la nouvelle concernant les interrogatoires menés par le Guet de ceux qui étaient présents au Bal durant lequel quelqu’un avait attenté à la vie de Lis. Norel avait évoqué la possibilité que Lysandre ait été convoquée elle aussi. Il n’en était pas sûr mais étant donné son passif ici, en Isle, il avait avoué ne pas être étonné s’il apprenait que la Chef Olarile avait, de nouveau, était « arrêtée ». Voilà probablement pourquoi Nydearin ne parut pas surpris lorsqu’elle lui annonça que cet interrogatoire ne s’était « pas bien passé » pour elle, annonçant implicitement qu’elle en avait été la cible également. C’était plus une véritable inquiétude qui avait perlé dans son regard, l’idée qu’elle puisse avoir à nouveau été maltraitée le révolta littéralement allant jusqu’à le pousser à des envies de revanche acerbe.

Comme en écho à ces pensées, son épouse se releva vivement, approchant vivement vers lui, stoppant sa course à une distance si proche qu’ils ne l’avaient probablement été durant ces dernières semaines… Il retint son souffle quelques instants et son cœur manqua probablement un battement, ou deux, puis la réalité le rattrapa tout aussi rapidement qu’elle avait stoppé son cours. Le fait qu’elle essaie de le rassurer lui arracha un demi-sourire très bref. L’interrogateur avait beau être un imbécile, cela ne lui enlevait pas complètement l’envie de faire passer à cet idiot un sale quart d’heure s’il devait le rencontrer, par hasard ou de manière totalement fortuite. Nydearin n’avait aucune idée de ce qui avait pu se passer et il lui faudrait probablement quelques explications complémentaires mais pour le coup, celui qui avait osé importuner sa femme avait intérêt à bien se tenir à l’écart de son mari, et ce, même s’ils ne devaient pas totalement se réconcilier, car cela ne changerait rien dans l’esprit du Grand Prêtre qui cantonnait néanmoins sa furie bouillonnante à l’intérieur de son être. Ce n’était pas pour cela qu’il était venu, même si, en un sens, cet outrage serait payé, un jour où l’autre, il s’en faisait le serment. Il revint à nouveau à la réalité, observant la chasseresse s’éloignant de lui et s’installant une fois encore sur son lit, un sourire sur les lèvres qui lui était destiné et qui lui réchauffa le cœur plus qu’il n’aurait pu le croire.


« - Tu n’as pas à te justifier tu sais, c’est plutôt à moi de le faire. » Il avait parlé calmement, posément, son regard ne perdant pas une miette d’elle, comme si elle allait disparaître s’il la quittait des yeux, comme si tout ceci n’était qu’un rêve. Il observa la main de son épouse déposée à ses côtés, sur le lit et fit finalement les quelques pas qui le séparait du lit pour s’installer à ses côtés, laissant une petite distance entre eux deux. Il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras mais avant cela, il avait beaucoup de choses à faire. Tout devait être dit, sans détour, sans mensonges. Il avait fauté, gravement, il en était conscient et c’était de cela dont il était venu faire pénitence en quelque sorte. Il voulait son pardon car il voulait rebâtir avec elle mais pour cela il fallait plus ou moins faire table rase, nettoyer les fondations rongées par sa faute. S’ils ne le faisaient pas, tout s’écroulerait à nouveau et ils ne pourraient peut-être pas réparer ce qui serait alors brisé.

« - J’ai conscience maintenant d’avoir été absent durant des moments difficiles et éprouvants pour toi. Je me fais une petite idée de ce que tu as pu endurer ces dernières semaines et j’aimerais que tu saches que, maintenant que je parviens à poser un regard distant sur mon comportement, je m’en veux terriblement de ne pas avoir été à tes côtés dans ces épreuves et je t’en demande sincèrement pardon. » C’était véritablement sincère, bien évidemment. Et puis il suffisait de sonder son regard pour le comprendre. « Je ne sais pas ce qu’on put penser les gens de moi, de mon attitude, à vrai dire, cela m’est égal, ce qui m’importe réellement c’est l’opinion que tu as pu, toi, avoir de ton mari. » Il y un très bref silence. « Je pourrais comprendre que tu m’aies haï, maudis, ou ne sais-je encore… Peut-être est-ce même encore le cas. Mais j’aimerais pouvoir me justifier devant la seule personne qui importe véritablement pour moi. » Son regard s’ancra littéralement dans celui de Lysandre.
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptySam 5 Nov - 20:35

Même si une certaine étape avait été franchie, Lysandre craignait d’arriver à celle où son mari tenterait de lui exprimer ce qui s’était passé dans son esprit et son cœur durant plusieurs semaines. Elle redoutait d’entendre ces choses qui l’avaient poussées à se murer dans le silence, à s’éloigner jusqu’à l’ignorer et qu’ils deviennent des étrangers. Elle aurait espéré qu’il n’aborde pas le sujet, mais avait en elle également une conscience qui réclamait des comptes… L’Hirune craignait tout simplement qu’entendre ces paroles seraient douloureux.

Douloureux car elle n’était pas certaine d’avoir la capacité de comprendre, et d’ainsi pouvoir lui assurer qu’elle était l’avait bien entendu, et qu’elle lui pardonnait. Et si elle ne pouvait concevoir un tel comportement ? Elle accueillit ses premiers mots, sans doute, par une légère crispation, son regard se détourna avec gêne pour rester dans l’espace rassurant de l’examen de ses genoux. Comme si elle se préparait à affronter cette vérité, la Chasseresse ferma un instant les paupières, prit une profonde inspiration, puis rouvrit les yeux.
A sa grande surprise, Nydearin parla surtout d’elle, de ce qu’il pensait qu’elle ait pu endurer. Il semblait avoir plus d’inquiétude à son sujet que de réelle justification à lui apporter. Les pupilles de Lysandre brillèrent… Il était touchant de constater qu’il n’avait qu’elle à la bouche, et plus encore, ce discours était un soulagement. Un double soulagement, même. Car elle entendait qu’il regrettait cette situation et avait conscience des manquements qu’il avait provoqués, volontairement ou non ; Mais les paroles de son mari firent vibrer son cœur. Elle en fut touchée profondément, jusqu’à éveiller une certitude qu’elle craignait de remettre en doute. Elle aimait son mari. Son discours lui allait droit au cœur, elle était réceptive au moindre mot.

Constater qu’elle était effectivement encore attachée à lui, lui enleva un poids considérable. Elle avait eu peur que sa justification n’évoque rien d’autre qu’une série de sentiments sombres, amères. Qu’elle n’en éprouve que de la rancune et que l’affection ne passe qu’au second plan, moins forte que des instincts violents. Il ne parlait que d’elle ! Il était présent ce soir pour le lui faire savoir… Devrait-elle être cruelle et le faire payer la douleur qu’elle avait eue, s’il ressentait aujourd’hui la peine des regrets et des remords ? N’était-il pas suffisamment puni ? Il demandait son pardon !

Il méritait cependant sa franchise. Bien qu’elle soit euphorisée par cette conviction bienheureuse, et que son visage ait pu s’illuminer un instant, où il resta silencieux, la jeune femme avait elle aussi de lourdes choses sur le cœur. S’ils ne mettaient pas cartes-sur-table, comment espérer se comprendre ?

« J’ignore ce qu’on dit les autres de nous. » Souffla-t-elle, sa voix d’abord plus rauque, avant de prendre son timbre habituel. Elle parlait lentement, mais n’avait pas la maîtrise de sa diction comme l’avait Nydearin. « Je suis restée impuissante et incapable d’enrayer ton état, je ne te reconnaissais pas… » Elle entrecoupait ses phrases, cherchait ses mots ou plutôt, cherchait ceux qui seraient les plus justes pour décrire ce qu’elle souhaitait lui faire passer.
L’émotion trop forte rendait l’exercice difficile. Elle avait encore bien du mal à s’exprimer sur ce sujet sensible.

« Je n’ai pu que supposer les causes de tout ça… Je… être ici, loin de chez nous, et ces gens dehors, qui nous prennent pour des sauvages. Et toutes ces manigances politiques, la Prophétie. Et … et nous deux. » Elle tenta de relever les yeux mais eut peur de croiser son regard. Lysandre craignait surtout de ne pouvoir retenir ses larmes. Jamais elle n’avait abordé ce sujet avec lui… « L’accident. » En réalité, l’Hirune pensait au fond d’elle que le comportement de Nydearin était dû à elle en priorité, elle se refusait à l’admettre, mais elle croyait que son état était une conséquence de l’accident qui la rendit stérile. Elle avait espéré qu’une contre-analyse des médecins Ilédors puisse faire disparaître ce fléau, mais la vieille femme qui la soigna à leur arrivée en Edor Adeï avait eu le même diagnostique que Calathéa… Elle n’aurait pas d’enfant.

« Comment… comment pourrais-je te haïr ? Tu es mon mari… tu as été atteint par je-ne-sais quel mal et je n’ai pas pu te soulager… » En retenant sa respiration, elle leva lentement ses iris brunes jusqu’à son visage, et ne sut s’arrêter que sur son menton. Elle en aimait la forme et aurait apprécié pouvoir sourire pour le lui signifier. Pourtant, la tension était étouffante, elle ne pouvait se permettre aucune expression sous peine de laisser couler ses sanglots. Elle gardait ceci en elle depuis longtemps… Seule Luminara en avait été informée. Lysandre exprimait clairement, cependant, à son époux, qu’elle ne l’avait ni haï, ni maudit. Mais qu’elle avait elle aussi le cœur gros. Qu’il faudrait du temps. Et que le chemin était douloureux à parcourir.
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptySam 5 Nov - 22:08

Comment aurait-il pu parler d’autre chose qu’elle ? C’était même impensable qu’il ne se présente pas à elle de manière aussi humble. Il l’avait fait souffrir, il l’avait abandonnée, laissée seule avec ses épreuves alors qu’il aurait du être avec elle, lui tenir la main, lui servir d’épaule solide et fier pour qu’elle puisse faire face contre vent et marée contre tout ce qui lui arrivait. Il n’avait été rien de tout cela, il avait été absent, complètement absent. Un tel comportement aurait pu justifier qu’elle ne lui ouvre même pas la porte lorsqu’il était venu la voir, pourtant elle l’avait fait. Elle avait accepté de lui parler, d’entendre peut-être ce qu’il avait à dire, pour peut-être pouvoir lui pardonner un jour d’avoir manqué à tous ces devoirs d’époux. Il espérait que cela puisse se finir ainsi, probablement pas ce soir, pas tout de suite, car ils auraient probablement à se réapprivoiser l’un l’autre, à se reconnaître dans l’autre, à réapprendre ce qu’ils avaient oublié. Beaucoup de choses étaient encore là, sous-jacentes, latentes et qui ne demandaient qu’à être réveillées mais d’autres étaient totalement à reconstruire et dans cet ouvrage, c’était à lui, Nydearin de faire le plus gros du travail car Lysandre avait suffisamment eu à faire ces derniers temps. Qui plus est, il devait refaire ses preuves et ce n’était pas en la laissant tout faire qu’il le ferait. Il fallait qu’elle voit qu’il serait maintenant là pour elle comme lorsqu’ils étaient en Olaria.

Son regard fuyant ne lui avait pas échappé. Elle ne semblait pas vouloir faire face à ses paroles pour une raison que ne parvenait réellement à évaluer le Grand Prêtre mais les choses devaient être dites, confessées pour pouvoir être expiées ou pardonnées. Il devait lui faire comprendre comment il se sentait pour tout ce qu’il avait fait, ou plutôt, pas fait, dans le cas présent. La franchise était le ciment qui rendrait possible une renaissance de leur couple, de ce qu’ils avaient été par le passé. Jouer cartes sur table, tout s’avouer, jusqu’au dernier non-dit. Garder une part de jardin secret était logique, nécessaire même souvent pour ne pas se sentir étouffé par une relation mais, dans le cas présent, les « jardins secrets » ne rentraient plus en ligne de compte. Il y avait des choses, entre eux deux, des zones d’ombre qu’il fallait plonger en pleine lumière afin qu’ils puissent se retrouver, pleinement totalement, si près l’un de l’autre qu’ils ne se sépareraient plus jamais, plus aussi longtemps que ces derniers temps, plus aussi « loins » l’un de l’autre qu’ils ne l’avaient été par le mutisme et l’impassibilité du Grand Prêtre. Voilà ce qu’il cherchait dorénavant, la lumière, toute la lumière pour pouvoir marcher avec elle, sa femme, son épouse, au grand jour et ne plus jamais l’abandonner seule dans les Ténèbres vers lesquels les mènera leur vie.

Alors qu’il attendait peut-être la bénédiction de Lysandre pour continuer ses explications, elle prit d’elle-même la parole, d’abord un peu hésitante, ne trouvant même pas la voix pour prononcer quelques mots. Ce trouble évident fit passer une petite lueur d’inquiétude dans le regard de Nydearin, non pas pour la suite des évènements, mais pour elle. Il se rendait compte qu’il la connaissait encore bien, qu’il s’agisse des lignes de son visage, de celles de son corps, ou simplement de sa manière d’être, de parler, de bouger, de le regarder… Elle était sa femme, il avait partagé une telle intimité avec elle, cela semblait si évident… Il pouvait voir qu’elle n’était pas bien, le sentir. En cet instant, s’il ne s’était rien passé entre eux, si tout ce pourquoi il était venu n’avait jamais existé, il l’aurait prise dans ses bras, l’aurait écoutée, se serait efforcé de la consoler, d’alléger sa peine et son fardeau. Mais il ne pouvait décemment pas le faire de cette manière, pas maintenant. Par contre il était en mesure de l’écouter, de comprendre ce qui pesait sur son cœur et essayer de la soulager, comme il aurait du toujours le faire. Alors il se tut, son regard posé sur elle, et il attendit, il attendit ses mots, avec patience, presque avec dévotion. Il attendait qu’elle trouve son chemin dans ses pensées pour lui exprimer ce qu’elle ressentait.

Il trouva surprenant qu’elle rapporte tout à elle, cette manière d’alléger ses responsabilités en expliquant qu’elle n’avait pas su empêcher son état, comme si elle en était la principale fautive. Il avait failli l’interrompre d’ailleurs mais s’en était empêché, préférant la laisser terminer, se confier totalement à lui avant d’intervenir à nouveau. Chacun avait quelque chose à dire à l’autre et, avant toute chose, il y avait une qualité nécessaire : l’écoute. Il manqua néanmoins un nouveau battement alors qu’elle évoquait l’accident et tout ce que cela impliquait. Elle pensait que le fait qu’elle soit devenue stérile l’avait profondément marqué ? L’idée qu’elle puisse se sentir coupable pour cela le révolta intérieurement. Se faisant violence pour ne pas s’emporter, il s’apaisa de lui-même alors qu’elle lui avouait qu’elle n’avait pu le haïr, qu’elle s’en voulait de ne pas avoir su l’aider à surmonter ses démons. Un tel aveu était bouleversant pour Nydearin qui voyait son épouse porter des fardeaux qui n’étaient pas les siens ou n’avaient pas lieu d’être. Il l’observa relever un peu la tête et il espérait qu’elle allait croiser son regard mais elle s’arrêta un peu avant. Sans pouvoir se retenir davantage, sa main s’élança doucement en avant et vint se poser avec tendresse sur la joue de Lysandre avant de glisser sous son menton et de lever avec douceur son visage vers le sien pour que leurs regards se croisent à nouveau avant de laisser retomber lentement son bras pour ne pas trop éterniser ce doux contact.


« - Tu as évoqué la plupart des causes de mon trouble mais tu n’en es nullement responsable. Tu as essayé de me ramener à la réalité et si tu as échouée, ce n’est nullement de ta faute, mais bel et bien de la mienne, je n’ai pas su voir la main que me tendait mon épouse et n’ai pas eu la présence d’esprit de la saisir. » Il se tut un bref instant, le temps d’admirer ses iris brunes, si belles, et reprit : « Mais par dessus tout, tu dois savoir que « l’accident » n’a rien à voir avec tout ça. La nouvelle fut rude pour moi mais je sais combien elle l’a été davantage pour toi. Nous avons pour valeur et but de perpétuer la vie mais je te chéris bien plus que ces idéaux. Tu es ma femme, et quoiqu’il arrive, je t’aimerais toujours, peut-être me plus encore chaque jour passant. » Il eut un petit sourire amer. « Je sais que ces derniers temps je ne l’ai pas réellement démontré, mais c’est bel et bien grâce à toi et l’amour que je te porte que je suis à nouveau là, devant toi. » Inconsciemment, il avait posé la main sur la sienne qui reposait encore sur le lit, son regard n’avait pas quitté le sien.
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyDim 6 Nov - 20:42

Ce simple geste avait eu l’effet d’un tremblement de terre égal aux Feux de la Gérax. Quelques secondes à peine, elle avait sentit sur sa joue une caresse délicate, compréhensive mais appuyée. On perdait si vite les habitudes les plus agréables, mais on les retrouvait également avec une étonnante rapidité. Ce geste affectueux, elle se rappelait en avoir bénéficié maintes et maintes fois lorsqu’ils étaient seuls. Un moyen pour son mari de soutenir sa peine et lui assurer qu’il était là, souvent dans l’ombre, souvent en retrait, mais que lorsqu’elle en avait besoin, il imposait sa présence à sa femme et prenait part à ses douleurs.
Un simple effleurement de sa peau était une bénédiction, et Lysandre avait à la fois de la peine à se laisser ainsi câliner, et également un immense feu en elle s’en trouva ravivé. Si le geste fut court, rapidement cessé, il n’en fut pas moins intense. L’Hirune fut légèrement confuse lorsqu’elle reprit son discours. Et bientôt, ce fut sa main qu’il enserra avec assez de pression pour lui permettre de comprendre à quel point il avait besoin qu’elle sache qu’il était présent. Et avec assez de douceur pour qu’elle se souvienne à quel point il pouvait être un appui… Calme, posé et rassurant…

Les mots qu’il avait prononcés avaient été durs à recevoir. Nydearin affirmait qu’elle n’était pas la cause de ses maux, et c’était sans doute tout ce qu’elle voulait entendre ; Elle s’était cru fautive et les événements actuels l’avaient obligée à être absentes, ou du moins, à devoir passer au-delà de ses problèmes personnels pour assurer sa position bancale de Chef. Aujourd’hui, il souhaitait la convaincre qu’elle n’y était pour rien, et ces quelques mots furent lourds de sens. Il avait compris ce qu’elle avait dit, quand elle parlait de l’accident… Il avait parfaitement compris…
Ainsi, ce n’était pas à cause de cela qu’il s’était muré dans une neurasthénie qui les avait éloignés ? Son discours était sincère, Lysandre l’entendait ainsi et il lui allait droit au cœur, la touchant au plus profond… C’était un sujet tellement lourd, tellement douloureux, qu’en parler était à la fois déchirant et apaisant. La main de son mari sur la sienne n’était pas de trop, elle se sentait soutenue.

Il l’aimait. Il l’aimait ! Il l’avait dit et le rythme cardiaque de la Chasseresse accéléra pour un pic imprévu. Elle avait comme un besoin vital de prendre plus d’air dans ses poumons tant ces quelques sons avaient été troublant. Comme s’il s’agissait de la première fois où il lui avouait son affection, elle s’en souvenait encore… Comme la soirée qu’ils avaient passée ensemble lorsqu’elle fut officiellement Adulte et Chasseresse, il y a plusieurs années. Lysandre eut une inconfortable envie de l’embrasser, si puissante qu’elle s’y reprit à plusieurs fois avant de la maîtriser. Il n’était pas sain de se laisser envahir par des retrouvailles physiques alors qu’ils avaient encore beaucoup à se dire. Tout devrait aller à un rythme naturel, et pas sur un coup de tête, comme elle en avait l’habitude.
Cependant, l’émotion que suscitaient les paroles de son époux lui permirent de relever son regard vers le sien, et de lui témoigner par ce biais le bien que pouvait lui faire une telle déclaration. Un poids avait été retiré de son âme. Même si elle ne pourrait lui donner les enfants dont ils avaient déjà évoqué l’avenir ensemble, et qu’elle ne porterait pas la vie en elle, Nydearin l’aimait et pensait pouvoir l’aimer encore des années… Que demander de plus ?

« Je croyais que tu ne m’aimais plus… » Souffla la jeune femme qui avait honte de minauder ainsi. Pourtant, ils venaient d’échanger sans doute la plus importante des révélations pour leur couple. « Je ne peux pas te promettre que tout reprendra comme avant … Ici, c’est tellement différent… » Les doigts de la Chasseresse prirent le dessus sur la main de son mari et elle voulut cependant lui montrer à quel point elle était attachée à lui ; leurs doigts s’enlacèrent fermement.

« Laissons-nous du temps… » Demanda-t-elle d’une voix plus nette qu’avant, ne sachant pas comment le lui expliquer. Mais sans doute avait-il déjà saisi le sens de ses mots. Lysandre ne pouvait pas reprendre une vie à deux comme si rien de tout ceci ne c’était passé, elle souhaitait qu’ils prennent leur temps, qu’ils se ré- apprivoisent : se voir, se parler, avant que l’envie d’être ensemble à chaque heure ne se fasse ressentir de façon trop puissante pour être contrôlée.

« Tu as été absent tellement longtemps. Ton retour doit être progressif aussi pour que nos proches puissent comprendre. Grand-Mère va te tuer… » Elle ne put s’empêcher de rire légèrement, même si elle avait conscience que la vieille Femme, elle, ne trouverait pas ça drôle. Luminara qui avait été une confidente serait peut-être elle aussi hostile, du moins méfiante. Et tous les autres ? Arriverait-elle à consacrer suffisamment de temps à Nydearin alors que la situation était aussi délicate au Campement ?
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyLun 7 Nov - 7:22

Il l’aimait, oui. Il l’aimait plus que tout. Il l’aimait comme l’eau coule dans les rivières, comme le soleil poursuit sa course dans le ciel, comme les étoiles bercent et veillent les rêves des Hommes la nuit, comme la lune éclaire de sa pâle et douce lueur la terre après le coucher du soleil, comme le vent souffle en une petite brise dans les plaines, comme la mer qui se déchaine lors des tempêtes… Il l’aimait, inconditionnellement et pour toujours. C’était une vérité depuis longtemps évidente pour lui et qui lui avait permis de revenir d’un endroit où il n’aurait jamais du aller. La main de Lysandre dans la sienne n’était qu’un petit geste, un simple geste mais qui signifiait beaucoup pour lui car elle ne l’avait pas retiré. Ils s’aimaient, elle le lui avait dit, il le lui avait dit. Rien n’était totalement perdu et il y avait une chance pour qu’il retrouve sa femme. Ce n’étaient que les premiers pas, les balbutiements, et s’ils n’étaient pas encore réconciliés, il savait qu’il pourrait, s’il y veillait, obtenir le pardon de son épouse et retrouver sa place à ses côtés, redevenir l’époux aimant et fidèle, toujours présent, qu’il avait juré être et que, cette fois-ci, malgré ce que certains pourraient peut-être penser, il ne faillirait pas, jamais plus, plus jamais. C’était un défi intérieur, une promesse silencieuse à son égard car elle ne devait plus être jamais seule, car elle devait comprendre qu’il ne l’abandonnerait plus jamais, qu’il serait son appui lorsqu’elle se sentirait faible, qu’il serait sien, quoiqu’il puisse arriver sur cette terre inconnue, difficile, et que rien au monde ne pourrait changer ses sentiments pour elle. Pas même ce terrible accident et les causes qu’il avait eues sur elle. Ils n’auraient pas d’enfants, il l’acceptait, il pourrait être heureux avec elle quand même, cela ne changeait rien, rien du tout. Et s’ils désiraient des enfants, avoir le plaisir d’élever une vie jusqu’à l’âge adulte, ils trouveraient un moyen, tous les deux, ensemble.

« - Je sais que mon comportement envers le monde et particulièrement à ton égard n’a pas été facile pour toi et que tu en as souffert plus que quiconque mais, crois-moi, je n’ai jamais cessé de t’aimer. Quoiqu’il puisse se passer, tu es ma femme et il s’agit probablement là de la plus belle chose qu’il me soit arrivé dans ma vie. » Il n’avait pas été blessé par les propos de Lysandre. Il comprenait. Il comprenait qu’elle ait pu elle-même mal interpréter son silence, son absence. Les non-dits étaient des générateurs de doutes, de faux-semblants, d’idées reçues et cela n’avait pas manqué. Il ne lui en voulait pas, loin de là. C’était de sa faute, c’était lui qui avait laissé son épouse s’éloigner, croire qu’elle ne représentait plus rien pour lui. Mais elle était la seule chose qui restait vivace dans son champ de vision, la seule constante, véritable et perpétuelle, quand tout le reste fichait le camp à une vitesse incroyable. Il sera avec douceur les doigts de son épouse qui s’enlaçaient avec les siens, c’était si agréable…

« - Je comprends, même si j’espère au fond de moi que nous arriverons à passer cette épreuve, que j’arriverais à mériter à nouveau pleinement ton amour, car je sais maintenant que je ne veux plus te décevoir. Je vois ce qu’il m’en coûte à présent mais je suis le seul à blâmer. Nous prendrons le temps Lysandre. Le temps qu’il faudra, mais, j’en fais le serment devant toi, ici ou ailleurs, qu’importe le lieu, je saurai à nouveau te prouver mon amour, chaque jour que nous offrirons les Dieux et je veillerai à ton bien-être comme je me dois de le faire. C’est toi que j’ai voulu, dès le premier jour, tu le sais. Cela n’a pas changé, Lysandre, c’est toujours toi que je veux, et tu es la seule. » Le temps serait long pour Nydearin mais il saurait prendre son mal en patience. Il recommencerait à la surprendre, comme il le faisait par le passé, même en Isle, même en territoire inconnu et surement hostile, il ferait tout pour elle. Il eut un petit sourire amer lorsqu’elle évoqua son absence, le fait que leurs proches également auraient besoin de temps pour comprendre et que, comme il s’y attendait Sorastrata voudrait probablement le tuer.

« - Ta grand-mère n’a jamais vraiment accepté que tu me choisisses pour époux. Je crois être remonté dans son estime lors des Feux de la Gérax mais j’ai peur que mon absence n’ait définitivement ruiné le peu d’estime qu’elle avait pour moi… Ne t’en fais pas, je me montrerai digne de toi auprès d’eux aussi. Mais c’est surtout toi que je veux retrouver Lysandre. » Il eut un doux sourire, qui remplaçait l’autre et ses yeux n’avaient pas quitté ceux de son épouse. Ils avaient encore tant de choses à évoquer, dont il fallait parler. L’une d’elle broyait les boyaux de Nydearin, une chose qu’il n’arrivait pas à évoquer. Son absence avait probablement eut des répercutions, sur elle, sur sa solitude… Et il ne pouvait s’empêcher de penser que quelqu’un en avait peut-être « profité ». Ce n’était pas interdit, et encore une fois, il « comprenait », mais c’était dur à vivre pour lui, dur à accepter malgré tout, même si ces erreurs justifiaient, en quelque sorte une telle punition. Il n’arrivait cependant pas à amener le sujet. Il avait peu de la réponse, peur de ce qu’elle pouvait dire. Pourtant, ne devaient-ils pas tout se dire maintenant au risque de se retrouver dans une impasse pour des choses qu’ils auraient gardées pour eux ?

« - Et si tu me parlais de ces histoires, du Bal, de l’attentat de Lis, de ton interrogatoire, des Révolutionnaires ? » Il avait préféré botter en touche pour le moment, mais s’il s’agissait là d’une question principalement axée sur les évènements politiques de la Cité, il espérait quand même qu’elle lui donne davantage, ses ressentis à elle, sa façon de percevoir les choses, aussi précisa-t-il ses pensées. « Raconte moi tout, Noriel n’a pas été avare en paroles, mais je veux savoir ce que tu as fait pendant mon absence et peut-être devons nous parler de cette « Révolution » tous les deux. » Il avait déjà un avis sur la question en réalité, il voulait en parler avec elle, si elle le partageait, car ce point commun serait peut-être un moyen pour eux de se rapprocher encore. Sa main n'avait toujours pas quitté la sienne dans un contact salvateur et agréable...
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyLun 7 Nov - 18:48

Lysandre choisit de ne pas soulever davantage les épineux sujets tels que la réaction de Grand-Mère ou ce que ses proches pourront penser de sa soudaine réapparition. Elle estimait que, si elle avait choisi de laisser de nouveau une chance à son couple, sa famille et ses amis, du moins ceux réellement soucieux de son bien-être, suivraient sa décision. Elle espérait ne pas avoir à subir l’incompréhension, car si elle aurait à garantir à ceux qui l’aiment que Nydearin était sincère, Lysandre n’avait pas envie de se battre pour imposer son choix. Ils comprendraient et se réjouiraient.

Bien sûr, elle imaginait également qu’ils voudraient la mettre en garde et chercheraient à la protéger d’éventuelles promesses dites trop vite et trop vite transgressées. Qu’importait, elle n’avait besoin que de leur soutien et ce n’était pas à l’instant où elle retrouvait son mari qu’elle souhaitait devoir se fâcher avec un autre membre de sa famille.
Bien calés, ses doigts restaient enlacés à ceux de son compagnon avec tendresse, comme le symbole qu’ils étaient de nouveau unis. Elle ne le lui avait pas dit, car cela faisait trop mal à avouer à elle comme à Nydearin, mais elle en était venue à se considérée comme seule. Elle n’avait pas voulu vivre dans l’illusion et après plusieurs échecs pour l’aborder, l’Hirune avait préféré se dire qu’ils n’étaient plus que des étrangers. Comme elle était heureuse, aujourd’hui, de s’être trompée ! Il semblait totalement la comprendre et comme jadis, ils se complétaient avec justesse.

« Toute cette histoire de meurtre envers Lis… » Elle perdit légèrement l’image un peu sotte du bonheur qu’elle avait retrouvé en replongeant dans les affaires quotidiennes et les préoccupations qui la hantaient déjà depuis deux jours entiers. Lysandre n’avait que peu dormi, depuis le Bal. « ... L’homme qui m’a interrogée a dit qu’elle n’était pas morte. Du moins, pas encore. Si elle venait à mourir en laissant périr les enfants qu’elle porte…. » Tout ceci était si grand, le dessein si global, qu’elle avait parfois du mal à s’imaginer en être l’un des acteurs.
Cependant, Lysandre savait qu’elle avait une mission importante à accomplir, que peu de personnes, même parmi ses proches, connaissaient. Nydearin, bien sûr, savait quel pacte elle avait fait avec Laclaos. Plus que la paix pour son Peuple et les Ilédors, l’Hirune devait tenir sa promesse, car c’était Ecrit. Dans les Tables d’Olaria. Un destin encore plus haut que celui de simple Chef, tenu d’amener à sa place le fils ou la fille de Xan. Cette fois, il s’agissait de mener sur le trône le Descendant de Bakarne. Pas en tant que Chef d’Arestim Dominae, mais d’Isle tout entière.

« Je dois faire couronner le fils de Lis et Xan. Je dois élever ses enfants, l’Oracle –elle eut une grimace irrespectueuse en évoquant l’ignoble Uldarii- a dit qu’elle aurait une fille et un garçon. Ils doivent avoir l’éducation des Ilédors s’ils veulent pouvoir gouverner, mais il ne faut pas qu’ils oublient d’où ils viennent, et cet apprentissage-là, c’est à moi de le leur donner. » Elle leva les yeux jusqu’au visage de son époux. Si le sujet était grave, la mine de la Chasseresse était ferme et elle semblait sûre d’elle. C’était la seule ligne qu’elle devait suivre.

« La Révolution mettra Arngrim sur le trône d’Edor Adeï, jusqu’à ce que les enfants soient en âge d’être Gardan Edorta. Je ne sais pas si tu as appris qu’Arngrim était revenu… de derrière la Gérax. » A cette évocation, elle ressentit une boule dans son ventre ; durant la traversée, ils avaient été nombreux à ne pas suivre, et nombreux encore à périr. Ils avaient laissé derrière la montagne nombre d’Olarils. Une décision difficile à prendre, qu’elle avait du mal à assumer. Comme si elle les avait abandonnés. Elle priait les Dieux de les garder en vie, et pouvoir bientôt les revoir en bonne santé…

« Et avec tout ça, une maladie étrange a frappé le Campement, depuis deux jours. Les hommes de Beltxior, le Général, sont cloués au lit. Mais pas les Olarils, ou très peu… Bizarre, hein ? » Elle ne réalisa pas tout de suite à quel point parler aussi librement était agréable. Elle ne pouvait se le permettre qu’avec lui. Sorastrata la jugeait, ce n’était pas un mal, elle en avait besoin… mais ne pouvait pas faire autrement que considérer ses paroles comme autant d’évaluation de sa sagesse à être un bon Chef. Le statut de sa cousine Luminara n’avait changé que récemment, alors qu’elle avait toujours eu beaucoup de jalousie pour elle. Il y avait toujours une barrière face à ceux devant lesquels elle s’exprimait.
Mais pas devant Nydearin.

« Nous avons trouvé la source du mal, de l’eau croupie dans une réserve… Mais les soigneurs mettront du temps à trouver comment soigner efficacement les malades. Et pendant ce temps, la Révolution est vulnérable à une attaque. » Le menton de la jeune femme frémit sous une légère bouffée de colère. « On raconte que c’est un empoisonnement, beaucoup de soldats atteints le disent. Que c’est un coup de ces Chiens Conservateurs. Et certains nous regardent même de travers ! Les Olarils ne sont pas énormément touchés, ils trouvent ça louche. » Il y avait tellement de problèmes, tantôt minimes, tantôt immenses à soulever, à solutionner…
La Chasseresse passa sa main sur son visage puis sur sa nuque et finit par soupirer. Pourtant, la simple évocation de ces malaises qui ne disaient rien de bon pour l’avenir, l’agaçait. « Ce serait trop dangereux de demander à un Guérisseur Ilédor de l’intérieur de la ville de nous aider à trouver un remède… On ne sait jamais à qui l’ont a affaire. Un Dissident aurait vite fait de proposer un onguent qui les tuerait ! Même Beltxior est malade… » La situation semblait bien sombre, alors qu’elle énumérait toutes ces catastrophes.

Et dire qu’elle n’avait même pas encore aborder le sujet du Bal, de la tentative d’Assassinat de Lis, de ce qu’elle pensait de tout ceci… Mais la présence de son époux lui enlevait un poids considérable.
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyLun 7 Nov - 20:25

[HRP : J’ai répondu sans attendre le MP demandé, si quelque chose ne va pas, fait moi signe !]

L’espace d’un instant, il n’avait presque pas voulu évoquer les sujets politiques, par définition délicats et pas nécessairement très adéquats dans cette situation où ils tentaient de se rapprocher, de se retrouver, de raviver les braises encore chaudes d’un amour qui avait subi les affres d’une tempête mais qui avait tout de même tenu bon. Il n’aurait probablement pas eu cette chance s’il avait encore attendu, prostré dans son comportement d’exilé, mais ce n’était pas la question, il était là, il lui avait parlé, il lui tenait la main. Pour un peu, il se serait senti invincible, capable de tout et surtout du meilleur, pour elle. Mais elle l’avait dit elle-même, ils devaient prendre leur temps, ne pas se précipiter, laisser les choses se faire et, en un sens, se reconquérir, retrouver des points communs, des envies partagées. Tout ne serait pas facile, il le savait, mais il se battrait. Il voulait la tenir dans ses bras, il avait ce désir qui brulait au fond de lui, de l’enlacer comme il le faisait dans le temps mais il savait que ce n’était pas le moment, pas encore, pas tout de suite. Ce moment viendrait, où ils se regarderaient dans les yeux et où leur regard vibrerait de cette flamme dont il se souvenait que trop bien. La nostalgie de ces moments pouvait être poignante, mais, pour lui, ils étaient davantage de raisons d’être motivé, sûr de lui, volontaire et déterminé. Tout redeviendrait comme avant, c’était plus qu’une promesse, c’était une nécessité pour lui. Sans Lysandre, la vie n’avait aucun sens !

Pour s’offrir un peu de temps, et aussi pour en savoir plus, car si Noriel avait été prolixe, le point de vue de son épouse serait probablement bien plus intéressant et muni de détails que son ami ne pouvait connaître ou même comprendre. Il n’était pas stupide, loin de là, mais certaines personnes ne savaient tout simplement pas voir entre les lignes, et puis, tous ne savaient pas ce que lui savait, ce qui était une différence fondamentale. Qui plus est, il fallait s’occuper un peu également de ce qu’il se passait autour d’eux deux. Ils avaient chacun des responsabilités, Lysandre encore bien plus que lui, qu’ils devaient assumer l’un et l’autre et ils ne pouvaient se permettre de les ignorer, fusse-t-il pour un dessein aussi noble mais assez égoïste que celui de l’amour. Ils trouveraient le temps pour eux deux, Nydearin en était convaincu et ferait tout pour, quoiqu’il puisse arriver. Rien ni personne ne lui enlèverait son épouse, quoique les gens puissent en penser. Ses promesses n’étaient pas que du vent qu’il brassait pour lui faire plaisir. Elle était sa vie, c’était une évidence même, lui mentir pour lui redonner espoir et la décevoir à nouveau serait cruel, trop cruel. Il ne pourrait jamais lui faire ça. Il aurait même sans doute préféré se faire violence et vivre malheureux en lui faisant comprendre que ce n’était pas la peine qu’ils poursuivent leur route ensemble. Mais c’était loin d’être le cas, car il était aujourd’hui face à elle, si proche, sa main dans la sienne prêt à affronter son futur, le sien, le leur.

Sans la quitter des yeux, il la laissa parler, sans l’interrompre. Noriel lui avait parlé de l’assassinat mais n’avait pas évoqué le fait que Lis puisse être encore en vie. L’information que venait de lui fournir son épouse était importante. Il était effectivement au courant de la mission dont elle était investie par Laclaos. Il savait même bien plus mais ce n’était pas la question. Si la « Reine » avait survécu, alors il y avait une chance pour que les enfants qu’elle porte survivent également, le contraire aurait été une catastrophe. Il serra un peu plus sa main, avec douceur, alors qu’elle évoquait cette possibilité, comme pour lui assurer que tout irait bien, les Dieux y pourvoiraient, il en était convaincu, il ne pouvait en être autrement. La grimace au sujet de l’Oracle le fit sourire, il aimait sa manière de grimacer, et même si le sujet était sérieux, il avait besoin d’un peu de légèreté, de ne pas se surcharger de responsabilités. Trop de pression ne menait jamais à rien de bon, il le savait. Il se garda néanmoins d’en rire ou de la taquiner comme il aurait pu le faire à une époque. Ne pas oublier leurs origines, leur ascendance Olarile. C’était un bien noble dessein que d’éduquer ces enfants, mais cela serait-il seulement possible ? Il laissa glisser quelques mots silencieux pour Hésione afin qu’elle leur donne la force d’affronter ensemble le futur et qu’elle veille sur sa femme, la plus farouche et valeureuse des Chasseresses Olariles qu’il connaissait.

Alors qu’elle évoquait la Révolution, il retint un peu son souffle. Elle ne manquerait probablement pas de donner son avis sur la question et il fut soulagé de voir qu’elle semblait les soutenir, il aurait été surprenant qu’il en soit autrement mais ils avaient déjà vécus bien des rebondissements, qui pouvait savoir ce que les Dieux leurs réservaient encore ? Il acquiesça doucement lorsqu’elle lui demanda indirectement s’il savait qu’Arngrim était revenu de derrière la Gérax. Il esquissa un bref sourire, voyant qu’elle avait visiblement du mal, encore, avec cet épisode. Une nouvelle fois, il serra un peu sa main, pour lui dire qu’il était là, qu’il comprenait, qu’elle pouvait se laisser aller, elle en avait le droit. Elle n’était pas seule, elle n’était plus seule. Elle évoqua ensuite une étrange maladie qui frappait le campement révolutionnaire qui entourait la ville qui frappait, apparemment, uniquement les Ilédors et non les Olarils. Bizarre ? Oui, c’était… Surprenant.

« - C’est étonnant, j’en conviens. Pas impossible, probablement une différence de constitution. Notre mode de vie nous a probablement rendus plus coriaces que les Ilédors dont les habitudes sont moins proches de la Nature. » C’était un constat plus ou moins évident qui n’était pas forcément correct mais il était difficile de faire un pronostic sans réellement avoir les mains dans la mélasse. Pour véritablement avoir un jugement, il aurait fallu qu’il intègre le camp et examine les malades… Lysandre profita de son silence pour continuer son récit, expliquant que la cause de la maladie, de l’eau croupie, avait été trouvée et éradiquée mais que personne n’avait su trouver de véritable remède et que les malades continuaient de souffrir. Elle lui fit remarquer que les soupçons allaient bon train, même sur les Olarils, vu qu’ils n’étaient pas atteints, ce qui, en un sens était normal. Elle ajouta même qu’ils ne pouvaient pas faire appel à un guérisseur Ilédor, c’était trop dangereux. Il esquissa un petit sourire. Le forçait-elle à intervenir ? Peut-être, peut-être pas, mais son avis était déjà fait.

« - Et tu crois qu’il accepterait l’aide d’un guérisseur Olaril ? Si, comme tu le dis, ils nous regardent de travers… Enfin, je crois qu’apparemment, ils n’ont pas vraiment le choix, sauf s’ils préfèrent rester cloués au lit et vulnérables. Je suppose que les Conservateurs ne sont pas encore au courant de cette faiblesse, sinon ils auraient déjà tentés de forcer le siège… » Nydearin semblait pensif. « Tu crois que tu arriverais à me faire gagner le campement pour que je puisse jeter un œil à la situation et tenter d’y remédier ? » Ils devaient faire quelque chose, mais peut-être n’était-ce pas possible pour le moment… Il n’en savait rien. Ce genre de détails n’avaient pas été évoqué par Noriel…
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyMar 8 Nov - 20:32

Nydearin pouvait avoir raison… Ils n’y avaient même pas pensé, tant ils avaient dû faire face à l’urgence de la situation. Mais les Olarils et les Ilédors n’avaient pas même constitution et il n’était pas impossible, en effet, que son Peuple soit physiquement mieux constitué pour résister à cette maladie qui touchait le Campement. Ils avaient cependant également constaté que peu d’Olarils dormaient dans les tentes situées à l’Ouest et au Sud, et les réserves d’eau infectées s’y trouvaient. Etonnant que seulement deux points d’eau ne soient croupis alors qu’ils étaient gérer par les mêmes personnes vidés et remplis régulièrement… Et si, comme on le murmurait déjà là bas, le Siège avait été victime d’un empoisonnement ?

Même si cette perspective lui faisait froid dans le dos, elle fut tirée de pensées plus sombres par la prise de parole de son mari ; il proposait son aide… Elle redressa la tête bien face à lui, sans pourtant être surprise. Bien sûr, elle y avait songé… Mais dans une pareille situation, à peine retrouvés, elle n’aurait pas été jusqu’à lui demander d’apporter ses connaissances en herboristerie : l’intégrer prématurément à la Révolution s’il n’en avait pas lui-même fait la demande ou exprimé l’envie aurait été une mauvaise chose pour la reconstruction de son couple. Sans doute avait-elle également eu peur qu’il n’ait pas les mêmes opinions que lui… Après beaucoup de temps sans l’errance et sans prendre part aux événements politiques qui secouaient Isle, il aurait été normal qu’il se sente perdu, et ne souhaite surtout pas être associé à ces intrigues. Intrigues qui étaient une des causes de leur éloignement. Toute cette atmosphère, lourde et compliquée, n’avait fait que rajouter une contrainte à leur couple.

Cependant, Lysandre avait eu immédiatement le sentiment que, cette fois, le contexte politique délicat pourrait les rapprocher un peu plus. Parce qu’il semblait épouser des idées de la Révolution, ou du moins souhaiter lui offrir ses compétences volontairement, l’Hirune estimait qu’ils avaient la même envie de participer au Mouvement. La Chasseresse acquiesça largement à l’ultime question de son mari. Au fond d’elle, se mêlait l’émotion de leur conversation à cœur ouvert peu de temps avant, le soulagement de retrouver son compagnon mais aussi l’ébullition qu’elle avait coutume de ressentir lorsqu’elle s’apprêtait à rejoindre le Campement et agir en faveur des Révolutionnaires. Comme si ces instants étaient capitaux pour leur Avenir à tous.

« Oui, je suis sure qu’Arngrim sera heureux de compter un Olaril parmi les Guérisseurs qui tentent d’enrayer cette épidémie. » Elle n’avait pas commenté sa volonté de mettre la main à la pâte, mais en était ravie. Enthousiaste, même. Ils allaient combattre ensemble. Elle ne serait pas seule lorsqu’elle avancerait vers le trône pour couronner les enfants de Lis… Son regard s’illumina. Avoir Nydearin à ses côtés lui paraissait être la seule condition qui lui restait à fournir pour être assurée de la victoire de la Révolution.
Sorastrata jouait sur un autre tableau. Elle se montrait diplomate et officielle, envers le Gardan Edorta. Tout ce jeu de représentation la mettait mal à l’aise, et elle ne s’y sentait pas à sa place. Elle était faite pour l’action… « Je t’y conduirai demain après le repas. Je ne veux pas y retourner trop souvent, je suis sure qu’on me guette. » Ce n’était pas une vérité, mais elle se doutait bien que ses faits et gestes étaient observés ou du moins, qu’on savait toujours plus ou moins où elle se trouvait. Pour le Guet comme pour le Conseil, le Chef Olaril devait être toujours en vue.

Il y avait un autre sujet dont elle avait envie de parler… Hésitante d’abord, non parce qu’elle doutait de son envie, mais plus par gêne, Lysandre finit par lancer :
« Luminara est devenue une artiste très en vogue pour la Cour du Palais, tu sais. Dans deux jours, elle donne une représentation à laquelle je dois assister. » Elle se dépêcha de préciser : « Ce n’est pas que je ne veuille pas voir ma Cousine danser, d’autant qu’on dit qu’elle virevolte avec un Taureau. Le symbole est trop beau pour que je rate ça, elle va valser avec Bakarne lui-même… » Une seconde, elle parut rêveuse de cette symbolique qui lui plaisait beaucoup. Le Dieu Tempétueux devait lui aussi apprécier cette image. « … Mais je vais devoir faire bonne figure, sourire à tous ces Nobles du Palais qui me prennent pour une Sauvage… »

Une seconde grimage, semblable à celle qui avait accueilli le nom de l’Oracle, fronça son nez. « … J’aimerais beaucoup que tu m’y accompagnes. » Avait-elle lâché d’une traite, comme on donne son tout premier rendez-vous à un amant. C’était étrange de parler ainsi à Nydearin, l’homme qu’elle connaissait le plus de tous. Etrange, un peu ridicule et assez amusant. Comme le renouveau de leur première rencontre. Oh, bien sûr, elle doutait avoir droit à une soirée aussi inoubliable que celle qui avait été organisée pour son Passage à l’Âge Adulte… Quel dommage…
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyMar 8 Nov - 21:37

Les solutions les plus simples sont souvent celles auxquelles on pensait le moins. Un nouveau regard permettait bien souvent d’obtenir de nouvelles pistes, des idées fraiches qui redonnaient une dimension différente au problème et affichait d’autres horizons envisageables et libérait les pensées pour aboutir à ces solutions qui finalement n’étaient qu’à portée de main mais qu’il avait été impossible de saisir plus tôt. Nydearin avait avancé cette hypothèse simplement pour éventuellement enlever la bizarrerie de la chose que soulevait son épouse mais il n’avait réellement aucune idée de ce qui pouvait vraiment justifier une telle différence de comportement vis-à-vis des deux « races ». Peut-être que les Dieux veillaient sur les Olarils, ou peut-être avaient-ils seulement eu de la chance concernant la diffusion du virus. Toutes les solutions étaient envisageables et il ne pourrait probablement se faire une réelle idée de tout cela qu’en visitant le camp et en ayant un compte-rendu précis de l’évènement. Chose qui ne serait envisageable que si Lysandre acceptait son aide et de l’y conduire ce qui, il le savait était profondément dangereux étant donné la situation actuelle. La milice était sur le qui-vive depuis la tentative « ratée » d’assassinat de Lis et il serait probablement encore plus difficile de rejoindre les révolutionnaires. Du moins, c’était ce qu’il pensait étant donné qu’il ne savait pas du tout quels étaient les moyens de communication disponibles.

L’espace d’un instant il songea qu’elle pourrait ne pas vouloir qu’il se mêle de cela, qu’elle prétexterait que ce serait trop dangereux, qu’il ne fallait pas. Peut-être aurait-elle pu vouloir qu’ils ne soient pas trop proches tout de suite et qu’on ne les retrouve pas tous les deux, ensemble, dans le même camp, trop vite. Ces idées étaient à la fois stupide et pourtant sensées. Etait-ce de la crainte qui s’était instillée dans l’esprit du Grand Prêtre ? Probablement. Il ne voulait pas être tenu à l’écart des intrigues politiques sous prétexte qu’il n’y avait pas été habitué dès son arrivée en Isle. Il était tout à fait capable de s’intégrer rapidement, Lysandre le savait, et puis il voulait mettre ses talents aux services de ceux qui comptaient pour elle, en plus de servir des desseins qui allaient plus dans son sens que ceux des Conservateurs. Encore une fois, il devait devenir un soutien pour son épouse et si elle avait choisit la Révolution, alors lui aussi choisirait cette voie, qui, en plus, était celle qu’il avait délibérément choisie. Heureusement, en un sens, tous ces sentiments furent balayés en un instant alors qu’elle lui confiait qu’Arngrim serait très heureux de voir un Olaril parmi les Guérisseurs qui tentaient de mettre un terme à l’épidémie. Le Grand Prêtre espérait pouvoir y parvenir – qu’Hésione lui en donne la force – mais cela ne serait probablement pas une tâche aisée, même s’il y mettrait surement toutes ses forces.

« - Je ferai de mon mieux pour l’aider, j’espère que mes connaissances y suffiront. Si plusieurs guérisseurs travaillent déjà dur, c’est que cela doit être bien complexe… Mais tu me connais, la facilité, ce n’est pas trop mon crédo. » Il sourit doucement, l’adversité a toujours été quelque chose de très motivant pour lui, peu de gens le savent mais Nydearin est loin de se contenter d’une vie simple et évidente, loin de là. Ils en vinrent ensuite à la question d’ordre technique : comment retrouver la Révolution ? Il n’en savait rien mais il était convaincu que Lysandre, elle, savait. Elle le lui confirma d’ailleurs assez rapidement, mettant cette petite escapade au lendemain après le déjeuner, lui confiant, de plus, qu’elle ne voulait pas y retourner trop souvent, certaine qu’elle était surveillée. C’était probable. Après tout, elle avait déjà semé le trouble et ce passif pouvait être lourd à porter lorsque tout le monde se méfiait de tout le monde. « Cela ne m’étonnerait pas… Mieux vaut prendre nos précautions. » Il avait confié cela avec assurance. Elle ne devait pas se mettre en danger, avant toute chose, peu importait le reste. Ils feraient le nécessaire si cela ne devait pas interférer avec la sécurité de Lysandre. Encore une fois, il fit une petite pression sur les mains de son épouse, une volonté de maintenir ce contact présent, vivant, vivace et il aimait sentir sa main dans la sienne.

Il avait senti un peu sa gêne, ne comprenant pas trop pourquoi, mais il lui semblait qu’elle voulait lui dire quelque chose. Ne savait-elle pas comment le lui dire ? Encore une fois, son esprit imagina le pire. Il se força mentalement à se calmer et Lysandre le sauva à nouveau de la migraine en parvenant à parler. L’évocation de Luminara le soulagea rapidement. Il esquissa un petit sourire alors qu’il apprenait qu’elle était devenue très reconnue chez les Ilédors, mais, en un sens, il n’était pas très surpris. La cousine de Lysandre était belle et elle avait toujours été d’un charme indéniable. Nydearin n’avait jamais vraiment ressenti quoique ce soit pour elle, étant trop proche et trop lié à son épouse, mais elle attirait les regards, même le sien. L’image fit aussi sourire le Grand Prêtre qui se disait également qu’il serait bon de ne pas louper cela. Il ne comprenait d’ailleurs pas trop ce qui retenait sa femme mais la réponse vint rapidement. Faire bonne figure n’était pas toujours agréable, il en savait quelque chose, même s’il était plutôt habitué ces derniers temps… Il la regarda grimacer et écarquilla un peu les yeux lorsqu’elle lui avoua espérer qu’il l’accompagne à cette soirée. Il resta un peu quoi pendant quelques brefs instants qui parurent peut-être comme une éternité. Cette demande était tout ce qu’il espérait, et elle le lui offrait. Il était heureux, vraiment. Son sourire s’élargit et son regard se fit un peu espiègle.

« - Serait-ce une demande de rendez-vous Lysandre ? » Il regarda leurs mains enlacés et replongea son regard dans le sien où l’espièglerie n’avait pas totalement disparue mais avait fait place à l’amour qu’il lui portait. « Si tu entendais les bonds que fait mon cœur à l’instant… J’ai l’impression d’être ton soupirant et d’avoir enfin ma chance d’être ton cavalier pour une soirée. Je serai heureux de t’y accompagner. » Ce serait probablement l’occasion de la séduire à nouveau, de lui montrer qu’il savait encore ce qu’elle aimait, ce qu’elle désirait d’une vie de couple. La donne était faussée car ils n’étaient pas de véritables inconnus, ils avaient partagés des sentiments forts et puissants mais ils devaient les retrouver, en redécouvrir la saveur entière. Il la regarda longuement tenant toujours sa main. Il aurait voulu lui demander quelque chose, mais il ne voulait pas briser ce moment, et puis, en un sens, cela n’avait pas d’importance. Elle n’avait rien à se reprocher, même si c’était le cas, et il pourrait vivre avec cette « faute » sur la conscience car elle était de son fait, pas de celui de son épouse. Il préféra penser à autre chose, de moins préoccupant, cela finirait par passer. « Je suis heureux de t'avoir retrouvée Lysandre... Je sais que nous n'en sommes pas encore au point de nous tenir la main comme avant mais je craignais tellement que tu ne m'ouvres pas ta porte, qu'être là, assis à tes côtés, ta main dans la mienne, mon regard dans le tien, est quelque chose que je n'osais même pas espérer et que je suis pourtant entrain de vivre... C'est peut-être un peu tôt et je me répète surement mais je t'aime Lysandre, plus que tout, Hésione m'en soit témoin. »
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyLun 14 Nov - 19:03

Les joues de l’Hirune auraient été teintées d’un léger carmin, si elle n’avait pas autant connu son mari, et si elle ne possédait pas un caractère loin de la timidité. Elle eut une moue plutôt immature, pourtant, qu’elle ne savait réprimer, alors qu’il la taquinait. Les habitudes qu’ils avaient eues il y a longtemps revenaient avec un naturel étonnant, comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Chacun se cherchait, encore maladroitement et sans vouloir trop en faire dans un premier temps… Leur ancienne relation lui manqua immédiatement.
Elle regretta presque de s’être imposé d’attendre, de prendre son temps. Il était si proche… « Ne fais pas le fanfaron, c’est une invitation très officielle. » Souffla Lysandre, alors qu’elle se trouvait presque muette, soudainement, alors qu’elle lisait dans ses yeux une émotion puissante. Une expression qu’elle connaissait et qui lui figea le sang. La sincérité qu’il dégageait était presque palpable, comme débordant de ses iris.

Pris par quelques soubresauts émus, ses doigts sans doute pressèrent les siens, alors qu’il lui réaffirmait toute l’affection et l’attachement qu’il éprouvait. Elle savait que les Olarils avaient toujours pour leurs époux des liens sincères et forts, profondément amoureux de la personne qu’ils choisissaient pour vivre leur vie. Mais le constater de façon si personnelle, se rendre compte d’être aussi aimée était un choc et un bonheur immense. Elle ne put s’empêcher de lever sa main libre vers son visage pour effleurer sa joue. Le contact de sa peau était aussi troublant que lorsqu’il avait caressé le sien. Retrouver cette chaleur familière était plus rassurant qu’un long discours.
Mais il avait raison. Il était encore tôt. Le sourire de la Chasseresse exprimait un mélange confus de sentiments. Mais un grand espoir se reflétait ; l’espoir d’un avenir à deux.

« La représentation de Luminara est dans quatre jours. » Fit-elle comme une introduction, sans savoir réellement où elle voulait en venir. Elle avait tellement envie de briser ses décisions précédentes et passer le reste du temps jusqu’au spectacle de sa Cousine avec lui. « Il vaut peut-être mieux réserver notre apparition, tous les deux, pour cette soirée ? » En réalité, elle avait espéré que Nydearin la contredise pour exiger de ne pas attendre jusque là. Mais il fallait encore faire transpirer leur Volonté. Elle le sentait au fond d’elle, quelque chose dans son ventre, profondément.

Lysandre se redressa, sans oser casser le lien qu’ils avaient conservé. Elle caressa du pouce la courbe de sa main qu’elle pouvait atteindre et se défit délicatement de son emprise. A regret bien sûr, mais elle craignait de ne pouvoir tenir ses promesses s’il restait trop près. « J’ai besoin d’écrire… » Murmura le Chef Olaril. Aurait-elle seulement assez de lucidité pour convenablement exprimer les événements politiques qui venaient de se dérouler ? Elle en doutait avec insouciance… « J’ai beaucoup de chose à confier aux futurs Chefs. »
Une lueur dans son regard indiqua avec une tendre complicité qu’elle ne pourrait sans doute pas écrire exactement ce qu’elle avait sur le cœur. Il n’était pas utile pour les générations à venir combien elle était bouleversée d’avoir retrouvé son mari. Elle garderait ça pour elle, et pour lui, lorsqu’ils auraient pris le temps d’être tous deux sereins. Réprimer son impulsivité n’était pas une chose aisée pour la Chasseresse, dont le caractère avait souvent été la cible favorite de ses détracteurs. Ils seraient sans doute surpris de constater qu’elle cherchait à écouter sa Raison et non son instinct. Sorastrata serait fière… Mais elle doutait également qu’elle soit ravie d’entendre cet exploit particulier concernant Nydearin.

« Retrouvons-nous dans quatre jours. » Sa voix avait été plus sûre. Oui. Ils auraient quatre jours, qu’était-ce comparé à autant d’attente ? Une goutte d’eau à peine… Elle parcourut la distance qui la séparait de la porte de sa chambre et l’ouvrit, à contrecœur toutefois. Le délicieux sourire qu’elle portait sur ses lèvres laissait présager autant de souffrance, liée à la patiente dont ils devraient faire preuve, que de miel, promis lors de leurs retrouvailles, bientôt. Bientôt…
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MessageSujet: Re: Il est grand temps...   Il est grand temps... EmptyLun 14 Nov - 21:27

Il aurait voulu succomber, ne pas laisser sa Volonté gagner ce combat, pour une fois, il aurait voulu être faible, il aurait voulu se laisser aller, lui montrer, par les gestes, ce qu’il ressentait pour elle, que rien n’avait disparu, rien de rien, qu’il se souvenait encore de tout, de chacune de leurs nuits, de chacune de leurs escapades en amoureux, parfois en catimini, de leurs étreintes parfois sauvages aux autres plus douces, presque trop timides pour un regard extérieur mais simplement tendres et attentionnées. Tout cela n’était pas loin et était resté dans un coin de sa mémoire, prêt à être réveillé, ce qui était le cas en ce moment mais il se devait d’être fort, fort pour lui, fort pour elle, fort pour eux deux. Il ne voulait pas tout gâcher. Ils avaient besoin d’un peu de temps, elle avait raison, il le savait et avait appuyé ses paroles. Quel homme aurait-il fait s’il n’avait pas tenu ses propres mots ? Il essaya d’éteindre, ou au mieux de contenir, le brasier qui s’était allumé en lui en se rappelant tous ces souvenirs particulièrement passionnés et passionnants. Il se rendit compte à quel point la chaleur du corps de Lysandre lui manquait et combien le maigre contact qu’ils maintenaient tous les deux de leurs mains entrelacées ne lui suffisait pas, ne lui suffisait plus. Pourtant il se faisait violence, il voulait tenir parole, il voulait se donner une chance, il voulait leur donner une chance à tous les deux, de se retrouver, de pouvoir s’aimer encore comme avant, que tout ce qui était remonté à la surface dans son esprit ne serait pas l’évocation d’un passé révolu. Il n’aurait pas pu supporter une telle chose, alors il devait s’accorder cette patience, s’octroyer la volonté de résister quelques temps pour ne pas voir à regretter pour le reste de sa vie, le plaisir qu’il aurait pu prendre durant quelques minutes, heures, parce qu’il n’avait pas réussi à se contenir.

« - Je ne fanfaronne pas, tu sais très bien que ce n’est pas mon genre et puis on n’a pas souvent la chance de redevenir le soupirant de son épouse. » Il esquissa un sourire taquin et amusé. « Ne t’en fais pas, je ferai honneur comme il se doit à la Chef des Olarils, je n’ai rien perdu, du moins je crois, à ma capacité à savoir me tenir en public, fut-ce en présence de personnes dont je ne connais quasiment aucune coutume. Noriel m’aidera peut-être à apprivoiser ce nouveau monde mais j’espère bien pouvoir avoir la meilleure des préceptrices. » Un nouveau regard complice, un sourire qui en dit long sur la personne qu’il évoque de ces mots. Oui, il aimerait vraiment apprendre cette culture Ilédor à ses côtés, mais pour cela, il faudrait attendre un peu. Rien qu’à cette pensée, il eut beaucoup de mal à l’accepter d’elle-même, pourtant il le fallait. Pourtant il ne voulait pas rompre le contact, il ne voulait pas arrêter là, pas maintenant, pas tout de suite… Il faudrait le faire, bientôt, très bientôt, trop vite et cela lui faisait plus mal qu’il ne l’aurait pensé. Alors qu’il essayait de se contrôler, alors qu’il lui expliquait tout ce qu’il ressentait pour elle, tout ce qu’il y avait en lui pour elle, elle posa sa main sur sa joue en une douce caresse et il crut qu’il allait se consumer tellement la flamme qui brûlait au creux de lui se raviva tel un brasier ardent. Fermant les yeux et se laissant aller à cette démonstration d’une douceur si agréable, il se fit néanmoins à nouveau violence pour ne pas céder à la pulsion, certes sincères et motivées par des sentiments purs, de vouloir l’embrasser. Il se raccrocha à son sourire en ouvrant les yeux, enfin posé, le souffle encore un peu chamboulé parce qu’elle venait de faire.

Il acquiesça doucement lorsqu’elle lui dit que la représentation de Luminara aurait lieu d’ici quatre jours et eut peur de la suite, une peur qu’il ne montra pas mais qui était justifiée car elle se révéla véridique. Oui, elle voulait garder pour cette soirée leur apparition tous les deux. C’était un choix sage mais cela leur demander de rester éloignés l’un de l’autre pendant quatre journées, quatre déjà trop longues journées. Nydearin prit néanmoins sur lui et ne voulait pas remettre en cause ce qu’ils s’étaient promis. « Je pense que c’est mieux, effectivement. » Prononcer ces mots lui avait énormément coûté et elle s’en était surement rendu compte d’elle-même néanmoins il ne pouvait pas céder, pas maintenant, plus maintenant, il avait fait trop de chemin pour tout gâcher lors de la dernière ligne droite. Soupirant en silence il profita encore un peu de son regard, de la chaleur de ses doigts, de la proximité de leurs corps sur ce lit où il ne se passerait rien, il se l’était promis, il le lui avait promis. Les quatre prochaines journées seraient longues et ne pourraient les voir retrouver une proximité comme celle qu’ils avaient en cet instant, aussi il préférait en savourer les moindres secondes avant qu’elle ne se relève, à contrecœur. Elle avait gardé le lien entre leurs deux mains mais il savait que c’était bientôt la fin. Lentement, leurs mains se séparèrent, trop lentement, s’en était presque une torture pour le Grand Prêtre qui connaissait déjà la fin de tout cela mais profiter de chaque millimètre de sa peau encore en contact avec celle de sa femme. La main s’éloigna définitivement et le bras de Nydearin resta quelques instants suspendu dans le vide avant de glisser sur le côté de son corps laissant l’Olaril un peu désorienté, bouleversé par ce qu’il venait de vivre.

Encore une fois, il hocha silencieusement la tête pour faire signe qu’il acceptait la suite des évènements. Il respectait ses responsabilités et ne pouvait pas rester plus longtemps. Le temps imparti pour eux deux était désormais écoulé pour ce soir et il lui faudrait attendre de longues heures pour pouvoir la revoir, la prendre par la main, se noyer dans son regard aux couleurs de la terre, ressentir la chaleur de son peau et l’odeur suave qui se dégageait d’elle… Il soupira un peu plus fortement mais esquissa un sourire sincère à l’Olarile. Il était fière d’elle, de ce qu’elle était devenue, en un sens, c’était elle qui avait vécu le plus difficile et qui pourtant avait tenu bon envers et contre tout. Il se leva lentement alors qu’elle se dirigeait vers la porte pour l’ouvrir. Il s’arrêta devant une petite table et regarda son épouse pendant quelques instants, un petit sourire flottant sur ses lèvres, il quitta les yeux de Lysandre et se saisit délicatement du bracelet de cuir qui ornait son poignet droit. Se défaisant de lui avec douceur il le déposa sur la table dans un sourire avant de s’approcher de son épouse et de s’arrêter devant elle, plongeant dans ses yeux dans les siens. « - Tu sais combien il m’est cher car c’est toi qui me l’a offert. Alors, dans quatre jours, je reviendrais le chercher. Je te le promets. Dans quatre jours, nous nous retrouverons. » Cette promesse, ce verbe, signifiait bien plus qu’une simple retrouvaille d’ici plusieurs journées, pour Nydearin cela représentait davantage. Dans un sourire, il osa une dernière caresse sur la joue de son aimée avant de passer le pas de la porte, de se retourner vers elle, attendant patiemment qu’elle referme la porte sur lui, profitant ainsi de la moindre seconde qu’elle lui laisserait pour l’observer encore.

Une fois la porte refermée, il soupira avant de se diriger vers sa chambre à pas lents. Un ultime regard dans la direction de l’endroit d’où il venait, il rentra dans la pièce qui était la sienne, redécouvrant son univers et se laissa tomber sur le lit après avoir verrouillé sa porte. Ses pensées étaient entièrement tournée vers Lysandre, sa femme, et il savait déjà que la nuit serait longue pour lui, très longue, trop longue. Parviendrait-il à dormir ? Il n’en savait rien. L’espace d’un moment il songea à la possibilité de faire une petite balade nocturne pour se changer les idées, mais il préféra se lever et s’agenouiller devant la fenêtre qu’il entrouvrit. Hésione lui apporterait peut-être la paix intérieure suffisante pour pouvoir se reposer. Il avait besoin de parler avec la Déesse, d’évoquer les évènements récents, de la remercier de lui avoir offert une seconde chance, d’avoir réalisé, pour lui, le miracle d’être encore aimé de sa femme. Il y avait tellement de choses qu’il avait raté, tellement d’évènements manqués, d’opportunités d’être celui qu’il aurait du être inconsciemment évitées… Il pria durant plusieurs heures, en silence, mais tourné vers la Déesse Chasseresse, il ne parvenait pas à éclipser l’image de sa femme dans son esprit, elle était là, bien présente, encore et toujours. Il savait qu’elle ne le quitterait plus, que cette pensée l’accompagnerait cette nuit, dans son sommeil, que ce ne serait pas simple mais qu’il réussirait à tenir ces quatre jours mais qu’il veillerait néanmoins à être toutefois présent, discrètement, mais présent tout de même, qu’il s’agisse d’un regard échangé, d’un sourire discret mais légèrement évocateur. Il serait là pour elle, même si leur première apparition en public devrait avoir lieu d’ici plusieurs jours, cela ne l’empêchait pas d’essayer d’attirer un maximum ses yeux sur les siens, sans que les gens autour d’eux ne s’en rendent compte bien entendu. Il n’était pas question d’aller la revoir comme il l’avait fait ce soir, même s’il en brulait d’envie. Il devait respecter leur choix et Hésione et Lysandre elles-mêmes lui donneraient la force de le faire, il le savait.
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