Les Tables d'Olaria
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 [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...

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Silbio Alagareth
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MessageSujet: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyMer 1 Fév - 8:21

Le bâtiment était simple. Il ne payait pas de mine. Petite maison donnant sur une rue animée, il était difficile de dire si elle avait été construite spécialement pour y accueillir une forge où si l’un de ses acquéreurs s’y était imaginé, par la suite, y travailler le métal avant de l’acheter. Depuis qu’il vivait seul ici, Silbio avait du effectuer quelques menues réparations, de l’entretien pour ainsi dire, mais sa nouvelle demeure était loin d’être vétuste. En réalité, il avait surement eu beaucoup de chance « d’hériter », pour ainsi dire, de ces pierres et, surtout, de ce qu’elles renfermaient. Outre un toit sous lequel dormir, elles fournissaient à l’Olaril un lieu de travail, une forge entièrement équipée, aménagée au rez-de-chaussée sur toute la surface de la demeure. On y rentrait par une lourde porte en bois, renforcée par de larges surfaces métalliques – surement une construction personnelle du vieil homme qui habitait ici avant lui -, ouverte lorsque l’heure était venue de travailler. Il y avait également une fenêtre qui donnait sur la rue, mais elle était rarement utilisée, sauf peut-être par les passants lorsqu’ils voulaient observer l’intérieur sans avoir l’envie d’entrer dans la bâtisse. L’intérieur était vaste, presque épuré, en réalité, il n’y avait que des outils, des enclumes, des bacs d’eau pour le trempage. Difficile de s’imaginer qu’on faisait autre chose que de la forge par ici. La forge à proprement parler se trouvait dans un coin au fond de la pièce. Impressionnante par sa large surface, elle dégageait suffisamment de chaleur pour que, même s’il faisait froid dehors, la majeure partie de la pièce restait suffisamment chaude sans avoir à faire quelque chose de plus. Il fallait avouer que la surface n’était pas spécialement immense non plus, ce bâtiment n’avait rien d’un palais et cela convenait parfaitement à Silbio.

Autour de la forge, plusieurs points de travail se partageaient les environs proches du point de chaleur. Plusieurs enclumes et marteaux se disputaient sans doute les faveurs du forgeron. Au dessus de ceux-ci étaient pendus, aux larges poutres qui zébraient le plafond, une autre multitude d’outils, divers et variés qui, à ne pas en douter, avaient chacun une utilisation précise. D’autres, plus volumineux se retrouvaient fixés aux colonnes de bois qui soutenaient la charpente, éparpillées dans la pièce en des coins stratégiques. Certains semblaient plus neufs que d’autres, mais aucun ne semblait à l’abandon. Le reste de la pièce, là où arrivaient directement les clients – ou les visiteurs – était réservé au stockage des différentes œuvres réalisées par le forgeron. Des dizaines de lames trainaient dans des tonneaux abandonnées là comme de vulgaires cannes tandis que d’autres reposaient avec distinction sur des présentoirs fixés sur les pierres des murs. Il n’était pas difficile de remarquer que ces dernières n’avaient aucune commune mesure avec leurs sœurs laissées dans l’ombre d’une barrique. Selon le même principe, reposaient également plusieurs haches, ainsi que des lances ou des hallebardes, mais dans des quantités bien moindres. On pouvait deviner qu’il était clairement plus courant que quelqu’un commande une épée, plutôt que ces autres armes, parfois bien plus difficiles à manier. Toutes ces armes étaient fonctionnelles et auraient pu servir dans l’heure à n’importe quel combattant. Silbio veillait juste à ne pas affuter les lames non présentées pour éviter quelques désagréments. De l’autre côté de la porte, face aux armes de toutes sortes, reposaient, sur des présentoirs en bois, quelques armures, trois pour être exact, qui prenaient un peu la poussière mais dont la qualité n’était clairement pas à mettre en doute. De tels objets étaient chers et peu de monde était capable de s’offrir le luxe d’une telle protection, pire encore, de la porter. Enfin le forgeron ne vivait certainement pas de la vente de tels objets, tout au plus cela lui faisait un bonus substantiel lorsqu’il parvenait à en écouler une. Les armes représentaient son plus grand bénéfice, même s’il tirait également quelques monnaies de réparations diverses et variées.

Vers le fond de la pièce, dans le coin en face de la forge, un escalier menait à l’étage, vers le lieu d’habitations. Une porte en barrait lourdement, elle aussi, le passage. Quelques étagères en bois près de cet escalier portaient de menus objets métalliques. Bien différents des armes et des armures, il s’agissait là de créations artistiques. Elle datait encore de l’ancien forgeron qui s’était lui aussi un peu lancé dans la ferronnerie d’art. Le travail était joli et bien fait et trouverait surement preneur un jour où l’autre. Silbio, lui, n’avait pas refait de tels œuvres depuis son arrivée ici et, en fait, depuis la mort d’Elynaëll. Elle avait toujours été sa muse pour créer ces objets en métal auxquels il fallait insuffler une âme et donner beaucoup de sentiments. Depuis la Gérax, son cœur en était vide et il était incapable de laisser parler son ce dernier pour créer quelque chose d’aussi sentimental. Il honorerait certainement des commandes de la sorte mais plus par professionnalisme que par réelle envie. D’ailleurs, en ce moment, il travaillait sur une nouvelle lame, une commande d’un bourgeois qui voulait surement s’afficher en public avec une épée très belle et légère mais qui, du coup, serait très peu efficace. A peine couperait-elle le pain… Le forgeron l’avait prévenu qu’il était difficile de faire dans l’utile et dans le léger, mais apparemment cela ne dérangeait pas son client qui était prêt à mettre la main à la bourse simplement pour épater des amis. L’Olaril aurait été stupide de refuser et s’était donc mis au travail. Il avait promis que la lame serait prête pour la fameuse soirée du bourgeois, et il ne comptait pas manquer à sa parole. La forge retentissait des bruits du marteau qui forge le métal par la force, un bruit métallique lancinant qui s’échappait vers la rue où il s’évanouissait quelques temps après avoir fui son origine.
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Télanis Ptolia
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyMer 1 Fév - 12:49

Elle avait entendu parler du forgeron Olaril comme on entend parler d’un animal d’exposition. Une petite bête à l’artisanat tellement tendance qui s’était installé dans une petite boutique. Et comme ces malheureux moutons étaient un peuple concerné par la Prophétie, malgré son regard très critique pour ces mollusques, elle se décida à tenter l’expérience et trouver une occasion pour se rendre dans sa forge pour une réparation. Elle traversa la rue trop animée d’un pas pressé. Malgré son adaptation réussie à la vie des citadins, Télanis n’en restait pas moins une fille des campagnes et n’était pas complètement à l’aise dans ce milieu agité. Elle repoussa fermement ceux qui avaient le malheur de se mettre sur son chemin sans s’écarter. Mais heureusement, son armure ôtait la plupart du temps l’envie de ne pas s’écarter aux autres. Une collision avec une masse de métal pareil étant à coup sûr douloureuse.

Elle s’engouffra par la porte ouverte en pestant intérieurement contre les distraits et les maladroits. Le bruit de métal frappé avec régularité lui fit remonter une nuée de souvenirs en mémoire. Elle plissa les yeux pour les habituer à la pénombre et détailla l’homme. Ce fut sa stature et sa hauteur qu’elle nota en premier lieu. Elle apprécia la musculature mise à nu dont les mouvements faisaient rouler les muscles, analysa le travail du fer avec un œil connaisseur. Elle avait vu tant de fois père faire ces gestes, tant de fois elle était restée assise à l’observer. La manière qu’il avait de faire étant sans doute différente de père. Elle se fit la réflexion que venir ici n’était peut-être pas une bonne idée. Le chef-d’œuvre d’armure qu’elle portait sur le dos qui avait pris six ans à construire sur mesure n’était pas quelque chose qu’elle confierait à n’importe qui. Et s’il ne comprenait pas l’âme de sa deuxième peau ? Qu’il faussait le travail de père en la réparant ?

Ignorant le forgeron, elle inspecta les armes et tout travail qu’elle pouvait toucher et observer. Elle prit quelques lames pour en tester l’équilibre. Elle n’avait pas dit mot son visage était dur concentré. Une fois qu’elle fut assurée que ce travail là était bon elle se rapprocha de la forge et observa la lame qu’il battait.

« Dommage de forger un truc aussi inutile quand on est capable de faire mieux. C’est une aberration que certains puissent se permettre de parader avec des coupe-papier pareilles. »

Une véritable aberration qu'on ne pouvait pas se permettre chez elle. Chaque arme avait son utilité et sa nécessité. Elle cessa d’observer le travail. La guerrière avait un faciès peu avenant, fermé. Si elle n’était pas de taille impressionnante, sa manière d’être la désignait clairement comme quelqu’un qu’il ne fallait pas contrarier. Quelqu'un de puissant dont le corps était un véritable outil. Elle déposa contre une table sa masse d’arme, sa main gauche et ses divers poignards. Et commença à ôter son armure d’une conception intelligente qui lui permettait de le faire de manière tout à fait autonome. Lorsqu’elle la posa sur la table, le métal vibra sourdement témoignant du poids certain de l’objet. Jambières, cuissarde et autres protections restèrent sur elle. Son torse n’était vêtu que d’une légère tunique de toile laissant entrevoir des courbes féminines qui confirme que ce n’est pas un homme à la voix haut perchée mais bien une femme. Ses épaules témoignaient d’une musculature impressionnante. Elle ôta la protection de cuire autour de son cou où l’armure prenait en partie appui.


« L’épaulière gauche est voilée, il faudrait lui refaire son volume, elle a pris un coup et la cabosse m’empêche d’être tout à fait libre avec mon bras. »


Elle parlait d’une voix placide et froide. Elle défit la protection de son bras gauche pour lui montrer en pratique où le mouvement était gêné et où il fallait redresser. Après examen, il était clair que le coup qui avait provoqué cela était le genre de frappe à vous démembrer, voir vous tuer et capable de renverser un bœuf. Père avait créé un chef-d’œuvre d’inventivité qui lui avait plus d’une fois sauvé la vie avec son compromis entre solidité et maniabilité. Elle avait fait le reste en étant capable de la porter. Ce qui n’était pas donné à chacun vu le poids de la chose. Elle observa un instant le forgeron. La réparation n’était pas difficile à faire. Il suffisait de retravailler le métal qui était sans cassure. Il faudrait simplement démonter l'épaulière du buste pour ce faire. Un système de visse tout à fait innovent qui en faisait sa force.

« Combien de temps ? Le prix si vous me la faites en priorité ? Avez-vous des pierres à aiguiser à vendre ? Une douce et une dure, les miennes commencent à être usées. »

Elle reposa sa protection de bras sur la table avec une délicatesse contradictoire avec la dureté qu’elle dégageait. Il était évident qu’elle accordait une valeur particulière et un attachement certain à son armure. Au regard expert d'un forgeron, les poignées usées de ses armes, ses mains calleuses la désignait comme une guerrière entraînée. Ses armes d’ailleurs bien que simples semblaient tout aussi finement travaillée. Sa lame n’était ornée d’aucune façon mais son fil semblait équilibré de manière incroyable et solide. Quant à la masse d’arme, une spécialité de sa région, elle était tout simplement effrayante. La femme sourit au forgeron, un sourire poli et froid. Ses yeux noirs le sondaient sans amabilité. Télanis faisait assurément partie des gens que l’on ne désire pas contrarier.

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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyMer 1 Fév - 15:54

Ce n’était pas une seconde nature mais, depuis les quelques mois qu’il était ici, Silbio avait apprit à savoir quand quelqu’un entrait dans sa forge, même lorsqu’il travaillait le métal dos à la porte. Occupé à terminer une passe qui ne méritait aucune attente, il laissa sa clientèle – homme ou femme – patienter un peu le temps qu’il termine ce qu’il était entrain de faire. Le métal, une fois chauffé, n’attendait pas et il était hors de question de faire deux choses en même temps. Ce n’était pas bon pour la qualité. « Je suis à vous tout de suite. » La voix avait résonné avec une certaine force, pour couvrir la chanson du métal, mais le forgeron ne s’était pas retourné vers son invité. Visiblement cela n’avait ni choqué, ni outré la personne qui se trouvait dans son dos. Alors qu’il continuait à frapper l’épée qu’il façonnait avec son marteau, il entendit le tintement spécifique des armes que l’on sortait du tonneau où elles reposaient. Sautant un coup de marteau, il avait tourné le regard vers son « invité », en armure, s’assurant par là que ce – cette ? – dernière n’avait pas dans l’idée d’utiliser une épée sans avoir les compétences requises, ou, plus exactement, de mauvaises intentions. La voyant tester l’équilibre de ses lames, se remit au travail, donnant une dernière chauffe au métal pour terminer ce qu’il venait de commencer avant de se remettre à frapper la lame au marteau. Alors qu’il apportait les derniers coups, la personne approcha avant de glisser un commentaire sur ce qu’il forgeait. Elle n’avait pas tout à fait tort mais ainsi allaient les choses et pour prospérer, un marchand devait satisfaire ses clients. Silbio se contenta néanmoins d’un silence de consentement avant qu’elle ne s’éloigne et qu’il ne mette le point d’orgue en trempant le métal brulant dans l’eau avant de le poser sur l’enclume.

Alors qu’il se retournait vers la cliente, délaissant pour un temps son travail du jour, il prit le temps de l’observer en silence alors, qu’à sa surprise, elle se débarrassait déjà d’une pièce de son armure. Avec beaucoup d’attention, il remarqua à quel point l’objet semblait bien conçu car il était rare qu’un porteur puisse enlever lui-même de sa protection. Elle était atypique, rien que par sa carrure. Cette femme, car lorsqu’elle était venu « le voir » il s’en était rendu compte, portait des kilos de métal sur les épaules et semblait manipuler une arme particulièrement efficace et lourde. C’était bel et bien la première fois qu’il voyait un corps de femme emmitouflé dans une telle protection. Il s’approcha alors qu’elle posait le haut de son armure sur la grande table en bois massif. Il attrapa un morceau de tissu qui reposait à un endroit spécifique et s’essuya les mains dessus en chemin. Il posa son regard sur celle qui venait, apparemment, pour une réparation alors qu’elle lui expliquait ce qu’elle désirait et pourquoi. Un regard expert sur l’armure lui indiqua qu’elle était d’excellente qualité. Le forgeron qui l’avait créé était un expert dans la manipulation du métal. Peut-être même plus que lui. Après tout, Siblio croyait dans l’éternel apprentissage et que, pour bien faire, un individu devait rester dans une perspective d’éternelle remise en question professionnelle, pour continuer à progresser et ne pas s’asseoir sur des talents potentiellement obsolètes. « Je vois. » C’était-il permit comme commentaire, remarquant bien assez tôt, que le coup avait du être fort puissant pour parvenir à faire une telle marque dans l’armure qu’elle lui présentait sous les yeux. Il s’approcha encore un peu, histoire de pouvoir apprécier le travail du créateur et de jauger, au bas mot, la façon dont il allait procéder aux réparations.

« Les pierres à aiguiser sont sur l’étagère sous l’escalier. Choisissez celles qui vous conviennent. » Il n’avait pas quitté l’armure du regard, se permettant d’y toucher avec une précaution digne d’un religieux qui toucherait une relique sainte afin de continuer d’apprécier le travail. « Pour quand la voulez-vous ? J’ai une commande sur le feu. » Et ce n’était pas qu’un jeu de mot. « Mais je dois pouvoir m’arranger. » Il étudia certaines articulations avant de se retourner vers la jeune femme, qui, décidément, n’avait rien à envier aux plus athlétiques des hommes. Lorsqu’elle lui répondit, il jeta un autre regard à l’armure et se prononça enfin sur le prix. « Entre dix et vingt Maras. . » Il jeta un nouveau regard à l’armure. « Travail et rapidité inclus. » Silbio ne facturait pas son travail à outrance, c’était un gage de fidélisation de la clientèle et puis, il fallait l’admettre, les réparation n’étaient pas ce qu’il y avait de plus difficile, même si, dans le cas présent, il se doutait qu’il devrait étudier soigneusement l’armure avant de s’y attaquer, ne serait-ce que pour veiller à ce qu’il la rend en parfait état. Il fallait réparer et non abimer davantage. Il se retourna à nouveau vers la guerrière qui avait probablement déjà choisi ses pierres à aiguiser. « C’est une belle armure que vous avez-là, ne vous inquiétez pas, je sais prendre soin du travail d’un de mes talentueux confrères. » Le respect du travail accompli. La réparation ne devrait pas se voir et surtout, on ne devrait pas y distinguer la patte d’un autre forgeron. Travailler dans le souci du détail et, dans le cas présent, essayer de coller à l’expertise de celui qui avait travaillé avant lui. Ce n’était jamais évident mais apprendre de cette armure lui permettrait surement d’y parvenir malgré tout, même si, bien entendu, il ne parviendrait pas au même niveau de conscience que celui qui avait imaginé cet objet. « Pour les pierres, prenez les, c’est un cadeau de bienvenu. » Ce n’était pas vraiment une manœuvre commerciale, mais, pour ainsi dire, il avait presque hâte de se mettre à travailler sur ce qui reposait sur sa table, pressait d’apprendre, de découvrir. Sa curiosité refaisait surface et, comme toujours lorsque son métier le passionnait, il se mit à sourire doucement, du coin des lèvres, juste un peu, presque imperceptiblement.

[HRP] La somme indiquée est donnée au « pif ». Il faut y voir un tarif abordable, en clair, un coût de réparation classique. Comme je ne sais pas ce que ça vaut, je me suis basé sur ce qu’on donnait…[/HRP]
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Télanis Ptolia
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyJeu 2 Fév - 23:40

Elle sourit, un sourire franc et satisfait de le voir accorder l’attention que son armure méritait. Elle défit ses protections et retira ses poings de métal. Elle défit ensuite ses jambières. Et posa le tout sur la table. L’armure était complète, excepté les gants renforcés et le casque qu’elle n’avait pas amené. Leur absence pouvait se remarquer après une analyse des jointures et usures de l’armure. Elle ne portait pas de pantalon, ce qui laissait voir de belles jambes tout aussi athlétique que le reste de son corps. Elle prit son sac, en sortit un pantalon court qu’elle enfila puis des jambières de cuire renforcé. Suivit une armure de cuir renforcé complète et une cotte de maille. Elle ne semblait pas gênée le moins du monde. A vrai dire, du fait de son inintérêt pour les hommes et le fait d’avoir dès la fin de son adolescence passé son temps à se battre avec des hommes, elle oubliait qu’elle était femme. Elle oubliait que cela pouvait être gênant pour quelqu’un d’éduqué de se retrouver en présence d’une femme à moitié habillée. Les armes retrouvèrent leur place à sa ceinture. Chacun de ses gestes étaient emprunt d'une habitude et d'une fluidité que seule donnent des années de routines. Une fois prête, elle ébouriffa ses cheveux coupés courts d’un geste énergétique et répondit au forgeron.

« Aussi vite que possible, c’est ma seconde peau et mon outil de travail. Même si je ne suis pas nue, une armure légère restera moins efficace.
Pour dix maras pas plus. C’est une réparation mineure et l’occasion de travailler et d’étudier un chef-d’œuvre. »


Le ton était celui de ceux habitué à être obéi ou simplement pas habitué à payer plus qu’il ne faut. L’armure légère ne la rendait pas plus avenante quoique moins imposante. Elle posa la main sur le flanc du métal qu’elle tapota. Une armure qu’elle aimait tant. Une armure qui lui était si familière qu’elle en connaissait chaque courbe, chaque rayure, chaque reflet... Son père et son frère avaient donné le meilleur d’eux-mêmes. Au début c’était une surprise, puis un prétexte à se lancer toujours plus loin. Une armure pour vivre. Une armure pour n’être qu’une coque et tellement plus. Pensée pour le confort, pour tenir des heures en embuscade, pour guetter, aussi légère et maniable que possible pour la rapidité, les combats. Pour ne pas être retournée comme un scarabée trop lourd. Solide avant tout. La confier à un étranger lui faisait mal au cœur. Elle aurait voulu que son père ou son frère la répare, mais ils étaient trop loin. C’était impossible de perdre autant de temps et de justifier un tel voyage. Ce forgeron n’avait pas l’air d’un incompétent. Il semblait sensible et adroit.

S’il l’abîme, je lui défonce le crâne. Cette pensée la rassura. Elle ôta sa main restée pensive et continua à parler.


« C’est mon père et mon frère qui l’ont forgée. C’est plus qu’une belle armure. C’est plus qu’un chef-d’œuvre. Vous n’en verrez pas d’autres ainsi. Inspirée par l’amour et la volonté de protéger, pensée pour moi. Unique. Tout comme vous ne verrez jamais d’autres personnes comme moi. »

«
Si vous la maltraiter, je le saurai… »

Le sourire se fit carnassier. Je te défonce le crâne. Elle tourna les talons et fouille parmi les pierres pour prendre celles qu’elle cherchait. Tout ce qui est gratuit est bon apprendre. Cette réparation lui coûtait déjà les yeux de la tête, il fallait qu’elle économise le plus possible. Après un examen de la chose elle prit les deux qui lui plaisaient le plus. Elle pourra aiguiser ses lames ainsi, une bonne chose. Elle continua de parler, le nez plonger dans son examen. « Et alors votre nouvelle vie, vous en pensez quoi ? Et surtout pour quand pensez-vous pouvoir finir. » Elle se releva et revint vers lui, tout aussi tranquillement. Elle le jaugeait de son regard aussi sombre que la nuit. Elle avait pris sa décision et déposé son armure. Mais elle ne parvenait pas à être tout à fait tranquille. Elle se força au calme. Discute aimablement, apprend de lui et sa peuplade de bulbes. Par Therdone, ils étaient les élus mais aussi le peuple le plus incompréhensible et manipulable qu’elle ait vu. Il fallait leur secouer les fesses d’un bon coup de pieds bien placé.

Je te défonce le crâne si tu la fausse... Je te défonce le crâne après t’avoir éviscérer et fait cuire tes entrailles. Télanis était le calme personnifié d’apparence, son visage très lisse et inexpressif ne disait rien du tumulte qui l’agitait au fond d’elle-même. Cet homme ne lui avait rien inspiré de bien comme de mal, mais elle ne pouvait réfréner cette inquiétude. Celle qu'aurait une mère pour sa fille. Celle qui juge le regard de curiosité, de convoitise comme indécent. Irrespect. Une simple armure, une seconde peau. Son bien le plus précieux. Ce qu'elle était, ce qu'elle avait, tout était contenu dans le métal froid qu'elle aimait tant. Combien de crâne elle avait heurté de ses poings renforcés, combien de coups elle avait amorti. Combien de fois elles avaient rit ensemble de voir l'autre mordre la poussière étonné de n'avoir pu percer cette défense inattendue.

Presque comme une amie intime. Si froide pourtant.



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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyVen 3 Fév - 8:40

Silbio était peut-être renfermé mais il n’en était pas pour autant prude ou exceptionnellement gêné à l’idée de voir une femme se dévêtir. Il l’aurait surement été si cela n’avait pas été pour se défaire complètement de son armure et en revêtir un autre plus légère, mais, dans le cas présent cela n’avait rien d’extraordinaire. Après tout, ce n’était pas la première ni surement la dernière paire de jambes qu’il verrait de sa vie. Il attendit qu’elle ait terminé en se concentrant sur l’armure – la jeune femme ayant que peu d’intérêt pour lui il fallait l’admettre – et en essayant de s’évertuer à songer à comment il pourrait s’y prendre. Observer serait la clef mais cela devrait lui prendre un minimum de temps. Il se retourna à nouveau vers elle lorsqu’elle eut terminé et qu’elle lui expliquait les « raisons » de son empressement. Il comprenait parfaitement qu’une armure ayant besoin de réparations était une armure utilisée couramment et qu’il était généralement de mise qu’elle soit portée souvent. Il laissa glisser à nouveau son regard sur le « chef-d’œuvre » et hocha la tête. Il n’aurait sans doute pas eu autant d’ingéniosité pour créer une telle armure mais le travail du fer, cela, il pouvait surement l’égaler sans trop de mal. « Dix Maras, c’est entendu. » Inutile de marchander, la somme convenue était déjà raisonnable puis la paie du bourgeois serait déjà suffisamment intéressante pour faire une plutôt bonne journée. Se pavaner n’avait pas de pris en Edor Adeï, cela Silbio l’avait appris rapidement.

Il observa avec une certaine bienveillance le geste de la guerrière – car c’était ce qu’elle était – avec son armure et comprit assez rapidement le lien qui les liait toutes les deux, ou, du moins, en avait-il une petite idée. Beaucoup de combattants se liaient aux armes qu’ils utilisaient, et les armures n’échappaient pas à la règle. Il se doutait bien que l’objet avait un lourd passif, qu’il soit sentimental ou « professionnel » et il était dans son intention de respecter le travail qui avait été fait sans l’abîmer. Sa patte sur cette armure serait aussi invisible que l’air que l’on respire. Primordial et pourtant donnant l’impression d’être absent. Lorsqu’elle lui raconta l’histoire, il observa un silence révérencieux. Ainsi donc elle était le résultat de la passion et de l’amour d’un frère et d’un père ? Il pourrait difficile rivaliser avec une telle dévotion mais il ferait son travail proprement, simplement parce qu’il savait qu’elle ne lui pardonnerait surement pas de maltraiter son armure. « Je n’ai jamais eu pour habitude de maltraiter ce qui ne m’appartient pas. » Il lui avait adressé un petit sourire. Elle ne le ferait surement pas complètement mais elle pouvait lui faire confiance. Il ne l’avait pas encore fait jusqu’à maintenant mais Silbio préférait renoncer devant un travail plutôt que de mal le faire. Si l’armure devait se révéler trop difficile à réparer pour lui, sans fausser le travail de deux forgerons passionnés, il préférerait rendre l’armure à la guerrière sans y toucher.

Alors qu’elle se dirigeait vers les pierres, il se retourna encore vers l’armure et commença à l’étudier. L’épée du bourgeois attendrait. Il aurait le temps de la finir à temps même si, pour l’instant, elle n’était qu’une ébauche, elle prendrait vie bientôt, au cours d’une nuit presque entière s’il le fallait. Le forgeron était homme à tenir ses promesses, ne serait-ce que dans un unique but commercial, mais surtout parce qu’il avait toujours été ainsi. Chaque promesse devait être pesée avant d’être prononcée, car on ne s’engageait jamais à la légère selon lui. Lorsqu’il disait quelque chose, il s’y tenait. Alors qu’elle choisissait ses pierres, elle lui fit la discussion de manière un peu impromptue. Elle devait savoir qu’il était Olaril, après tout, tout le Quartier en reparlait depuis la mort du vieil homme… Certains s’indignaient, certains étaient satisfaits, d’autres s’en fichaient, pour Silbio, c’était ni chaud ni froid, il se contentait de faire ce qu’il savait faire de mieux et oubliait le reste. « D’ici ce soir, il me faudra un peu de temps pour apprendre à connaître votre armure avant d’y apporter la réparation souhaitée. Ça vous va ? » Il la ferait passer en priorité. Il savait qu’elle n’aurait probablement pas accepté qu’il la garde plus longtemps et serait allé voir ailleurs. L’idée de manquer dix maras ne lui faisait pas peur mais il n’avait simplement pas envie de perdre une opportunité d’apprendre. Il jeta un coup d’œil à l’épée en cours de création et en profita pour la ranger en attendant de s’y remettre.

« Si vous n’avez rien à faire et que vous ne me faites pas confiance vous pouvez rester, mais je ne suis pas très bavard quand je travaille. » Allusion implicite au fait qu’il ne voulait surtout ne pas être dérangé outre mesure. La forge nécessitait toujours beaucoup de concentration. Un coup de marteau pouvait se révéler catastrophique si l’on ne faisait pas attention et même si généralement on ne forgeait qu’avec une succession de coups qui finissaient par modeler l’objet comme on le désirait, il ne fallait pas non plus frapper à côté sous peine de devoir recommencer. Il était alors facile d’imaginer quels impacts pouvait avoir un coup de marteau mal placé sur une armure déjà forgée. Concernant l’autre question, celle sur « sa nouvelle vie », Silbio avait préféré faire l’impasse. Il n’était pas sur de savoir quoi répondre ni même de trouver une réponse satisfaisante à cette interrogation impromptue. Sa nouvelle vie en était-elle vraiment une ? Dans l’enfer de sa forge rien n’avait véritablement changé, seul le contour était devenu différent car, bien entendu, Edor Adeï était bien différente d’Arestim Dominae, mais, il fallait l’admettre, cela n’avait pas vraiment d’importance pour un homme comme lui. Depuis son arrivée en Isle, il n’avait pas lié de véritables connaissances ou d’amitiés. Seul le vieil homme qui l’avait pris sous son aile avant de s’éteindre était devenu ce qu’on pouvait appeler un « proche » et, pour ainsi dire, il n’avait plus vraiment de réels contacts avec les Olarils. C’était un homme comme les autres, un forgeron, tout simplement.
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Télanis Ptolia
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyVen 3 Fév - 12:59

Elle calcula rapidement, aujourd’hui était son jour de temps libre de la semaine. Observer cet homme travailler ne lui semblait pas l’activité la plus agréable pour profiter de sa liberté. Surtout qu’il n’avait pas l’air très loquace. Elle sortit son épée de son fourreau. La longue lame brilla froidement et la salua d’un chuintement froissé. Elle commença délicatement à l’aiguiser de ses nouvelles pierres. On l’avait souvent moquée à ce propos. Une femme ne sait pas aiguiser, une femme est trop faible pour combattre, une femme. Quelle malheur que cette féminité, jeune elle l’avait maudite. Aujourd’hui elle s’en satisfaisait. Il n’y avait guère que ses menstruations qui la gênaient encore périodiquement. Ses gestes expérimentés et adroit rendirent rapidement son fil à sa lame. Après un bref examen, elle la remit au fourreau. Elle sortit une jolie dague. Son affutage n’était pas adéquat, rien d’étonnant pour une arme venant de son précieux ami… Se rappeler de quelle manière elle avait acquit cette arme la fit rire intérieurement. Elle retourna sa ceinture, suivit un poignard, une autre dague, encore une. Jusqu’à de petits couteaux glissés sous ses vêtements. Elle sortit finalement un poignard qu’elle soupesa et inspecta. Elle le lança avec soudaineté. Le geste de son bras avait été aussi imprévisible que rapide.
L’air siffla furieux d'être ainsi perturbé, puis après un bruit mat la lame fichée dans une colonne de charpente, vibra dans un bruit sourd et décroissant. A quelques pas du forgeron.


« Cadeau. La lame est faussée et désolidarisée du manche, tu peux la refondre. »

Elle sauta au sol depuis la table sur laquelle elle s’était assise pour travailler et se réceptionna sur les mains. Ainsi positionnée, elle marcha avec naturel comme si le fait de se trouver à l’envers, les pieds au plafond, était tout à fait anodin. Elle commença à travailler, se baissant, remontant. Soulevant tout le poids de son corps à la force de ses bras. Monter, venir frôler du bout du nez le plafond, baisser monter. Elle ne cessa que lorsque son visage, rougit lui fit mal. Elle ne cessa pas pour autant ces exercices enchaînant les pitreries qui faisaient tant travailler ses muscles. Patienter sans rien faire lui semblait inconcevable. Son corps était ce qu’il était car elle n’avait jamais cessé de s’entraîner. Il n’y avait eu qu’une fois où elle avait cessé.

~*~

« Comment te sens-tu aujourd’hui ma chérie ? »
« Mal. Je voudrais me lever. »
« Le guérisseur te l’a interdit. Tu sais… j’ai réfléchis. Je voudrais te faire un cadeau. »
Télanis n’écoutait déjà plus, ses longs cheveux blonds collé sur son front par la fièvre furent chasser par une large main bourrue. « Bats-toi ma fille. » Le père embrassa son enfant sur le front et sortit de la petite chambre. Le guérisseur l’attendait dehors. Il ne dit rien, ne demanda rien. Tout le monde le connaissait au village, tout le monde savait que le forgeron ne disait jamais beaucoup. Le guérisseur le rassura brièvement, remercia l’épouse pour son thé. Le forgeron regarda la silhouette du vieillard partir dans la rue de terre battue. Puis il croisa le regard inquiet de son épouse et celui indifférent de sa fille cadette. « Il a dit que ça devrait aller. Il a été inquiet que la lame ait perforé les organes trop durement ou que la perte de sang soit trop grande, mais elle est toujours consciente. » « Therdone la protège, Il doit aimer les gens aussi volontaire qu’elle. Il la sauvera. » Lui répondit son épouse.
~*~

Elle se souvenait de ces journées passées étendue, fiévreuse au milieu de ses draps. Elle frôla du bout des doigts son abdomen. Elle pouvait presque sentir la cicatrice qui lézardait son flanc. C’était un tour de son esprit, elle était jeune. Elle n’avait qu’une vingtaine d’année. Therdone l’avait protégée, veillée. Et elle s’était remise. Avec la conviction que plus jamais, plus jamais elle ne se laisserait avoir au point de n’être qu’une écorce gisante où son esprit se lamente. C’était une sensation de défaite, d’abandon qui l’avait pratiquement rendue folle. Elle se souvenait des mains de son père. Des mains puissantes, habituées à faire plier le métal selon sa volonté. Elle réfléchissait alors qu’elle travaillait sa ceinture abdominale.

« Vous n’avez pas répondu à ma question. Chez nous, il est poli de répondre lorsqu’une personne pose une question. Surtout quand cette personne s’enquiert de votre bienêtre. S’intéresser à l’autre est une politesse. Vu que j’aime pas spécialement être polie. J’aime encore moins qu’on se montre impoli en retour. D’ici ce soir je veux ma réponse. »


Ils s’égarent ces Olarils, ils s’acclimatent, ils s’oublient, perdent contacte. Elle s’était renseignée sur lui avant de venir. Elle espérait qu’il se montre un peu plus bavard. Il avait sûrement des choses intéressantes à dire même s’il n’en avait pas conscience lui-même. Elle finit par se poser sur le rebord de la fenêtre pour observer la vie de la rue qui s’écoulait étrangère au calme de la forge.
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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyMar 7 Fév - 12:32

Pas de réponse. Soit. Elle acceptait implicitement ou finirait par partir à un moment où à un autre. Prenant acte du silence comme une approbation, Silbio se mit au travail sans réellement faire attention à la jeune femme qui occupait son espace professionnel. En tout premier lieu, il rangea la lame qu’il était entrain de faire et s’était évertué à faire un peu de place pour celui qui allait suivre. Avec beaucoup de précautions, il avait déplacé les autres pièces de l’armure dont s’était défaites sa cliente, vers une étagère vide qui avait accueilli quelques belles œuvres d’art forgées et qui avaient été achetée par quelques clients en quête de « nouveauté », non sans, au passage, jeter un coup d’œil sur les systèmes ingénieux qui la composait. Une fois les pièces « inutiles » à l’écart, il se concentra totalement sur celle qu’il lui faudrait réparer. Sur une autre armure, il n’aurait probablement pas attendu longtemps avant de se mettre au travail mais celle-ci sortait de l’ordinaire et, professionnellement parlant, il ne voulait ruiner le travail d’un confrère par une hâte non justifiée. Qui plus est, sa cliente ne semblait pas prête à pardonner un quelconque écart à ce sujet et l’Olaril était quand même plutôt intéressé par l’idée de vivre une journée de plus, puis il portait trop d’intérêt à cette armure d’un genre tout à fait particulier pour ne pas l’étudier sous toutes les coutures par curiosité et intérêt. Il pourrait s’en doute s’en inspirer lui-même, même si, à ce niveau là, il n’était pas en manque d’idées ingénieuses.

Il fallait dire qu’il ne créait pas non plus d’armures sur-mesure, surtout pour des femmes, tous les jours. Peut-être devrait-il s’essayer à l’exercice. Rivaliserait-il avec celle-ci ? Il n’en savait rien. Pour le moment, il n’avait de toute façon pas vraiment le temps de s’y atteler. Debout devant la table, il inspectait minutieusement l’épaulière ainsi que le reste de l’armure pour éviter de travailler en aveugle. Il ne portait toujours pas attention à la guerrière qu’il entendait aiguiser probablement son épée à l’aide de ses nouvelles pierres. Le silence relatif lui permettait de se concentrer facilement et de commencer à se faire une ébauche mentale de son approche des réparations à effectuer. Continuant son inspection visuelle et tactile – avec un soin tout particulier -, il ne releva la tête que lorsqu’un bruit sourd vint le troubler. Tournant la tête vers son origine, il remarqua qu’un couteau oscillait encore sur sa lame, plantée droit dans la colonne la plus proche de lui. Il posa son regard sur la jeune femme qui lui « offrait » un peu de métal, n’ayant apparemment aucunement l’utilité d’un couteau en mauvais état. Il reporta son regard sur la lame quelques instants avant de reprendre son travail sur l’armure. Il allait bientôt pouvoir se mettre au travail probablement mais il préféra d’abord commencer par une tentative « fictive » de réparation pour vérifier si son plan d’attaque était envisageable. Utilisant sa pensée et ses mains, il mettait en œuvre son plan apparemment sans accroc.

Quittant la table et l’armure, il se dirigea vers ses outils et récupéra certains d’entre eux qu’il déposa ensuite sur la table à côté de l’objet qui allait être remis à neuf – en quelque sorte. Pour du travail de précision, Silbio avait abandonné les outils massifs et s’était contenté d’autres, plus petits, mais qui seraient plus efficaces pour ce travail. Il avait remarqué les « exercices » de la guerrière qui semblait ne pas pouvoir tenir en place mais ne l’avait pas spécialement dérangée et s’était contenté de faire comme si elle n’était pas là. Une fois l’ensemble de son matériel de prêt, il avait commencé à se mettre à la tâche, restant debout devant la table pour un maximum de visibilité et d’amplitude de mouvements. Alors qu’il venait à peine d’entamer ses réparations, la guerrière lui rappela sans détour qu’il n’avait pas répondu à sa question, un manquement à une règle élémentaire de politesse selon son point de vue. Il suspendit ses gestes quelques instants avant de poser les outils qu’ils tenaient sur la table avant de croiser le regard de la jeune femme qui poursuivait ses exercices. La voir ainsi continuellement en mouvement avait quelque chose de troublant. Il pouvait concevoir qu’on puisse passer du temps à l’exercice, mais de là à le pratiquer quasiment dans toutes les situations, il y avait un pas que le forgeron n’était peut-être pas prêt à franchir, mais, après tout, il n’était pas guerrier et se contentait de savoir manier une lame pour l’essayer et, éventuellement, se défendre.

« Il est une bien étrange coutume que de faire parler les autres lorsqu’ils préfèrent garder le silence. » Il soupira et alla prendre un outil qu’il avait oublié. « Ma nouvelle vie n’est pas différente de l’ancienne, je fais mon travail avec la même qualité, si ce n’est davantage. » Il n’avait pas spécialement envie de parler de son intégration ou de toute autre chose qui puisse s’apparenter à sa « vie privée ». Si elle voulait faire la discussion, ils pourraient certainement converser à propos du temps ou d’un autre sujet quelconque mais Silbio n’aimait pas parler de lui et encore moins de ce qui avait attrait, de près, aux raisons qui l’avaient poussé en Isle. Cette vie là était derrière lui maintenant, du passé. Pour ainsi dire, il n’existait même plus. La seule vie qu’il connaissait était celle qu’il vivait ici, dans cette forge, à modeler le métal et à se contenter de vivre, en se laissant plus ou moins porter par les évènements. Revenant à la table, il se replongea dans son travail avec concentration. Il apporta les premières modifications avec soin, brisant le silence qui s’était à nouveau imposé entre eux deux. Nul doute que la guerrière devait à présent être anxieuse vu l’affection qu’elle portait à son bien. « J’aurai besoin du petit ustensile en métal qui se trouve sur votre droite » Il s’était à nouveau arrêté, jugeant préférable de changer d’outil pour parvenir à ses fins correctement.

[HRP] J'admets que j'apporte pas trop de matière sur le plan du dialogue (mais c'est un peu le caractère de Silbio x)), si tu veux que je change ça parce que ça ne t'inspire pas assez dis le moi.[/HRP]
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Télanis Ptolia
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyJeu 9 Fév - 13:24

[hrp : Pas de soucis. Télanis n'est pas le personnage le plus avenant qu'il existe non plus =D Normalement, je m'en sors toujours niveau inspiration]

« Je t’ai dit que je n’aimais pas être polie. L’impolitesse ne devrait donc pas être étonnante. » Elle prit l’outil qu’il désignait sans hésiter et le lui apporta. La démarche coulée semblait un autre genre d’entraînement. Elle aurait pu gronder comme un fauve, cela n’aurait pas été étonnant. Elle l’observa de près, sans la moindre gêne. Détailla sa musculature jusqu’à sa barbe soignée. Il mentait. C’était d’une logique évidente. « Je sais que ta vie est tout à fait différente. Tu es un menteur. » Le ton n’était pas particulièrement aimable mais pas plus menaçant. Elle constatait. Elle avait parlé à d’autres réfugiés naïfs. D’après ce qu’elle avait entendu dire, leur voyage n’avait pas été très paisible. Et ce pauvre homme là, se mentait à lui-même ou aux autres. Télanis ne s’imaginait la douleur que serait de quitter Isle et de perdre la plupart de ses proches. De voir cet homme face à elle lui fit ressentir à la place de sa colère habituelle une pitié certaine.
Leur comportement critiquable se comprenait. Quelle pauvre vie ils devaient avoir et à quoi peut-on bien se raccrocher ? Aux apparences, l’apparence d’un brave forgeron heureux de son sort. Un faible sans volonté et pourtant élus par la Grâce de Therdone. Ce fait la faisait rager, elle se sentait aussi impatiente qu’à ses vingt ans. « Ma vie d’avant me manque parfois. Je pense souvent à ma famille et à ce que j’ai laissé derrière moi. La guerre est ainsi faite. » La guerrière sourit. Les propos sonnaient comme une vérité simple. Ce genre de confession que l’on ferait à demi-mot, la voix tremblante. Sauf quand on s’appelle Télanis.

« C’est normal. S’en cacher n’est pas normal. Mais je ne critique pas le fait que votre vie ne soit faite que de forge. Après tout c’est votre choix de vous oublier dans votre travail. Pourtant, même les timbrées comme moi ont des liens sentimentaux. Vous en avez aussi le droit » Elle s’éloigna d’un bond, se réceptionna sur les mains et tournoya une seconde dans les airs avant d’atterrir sur ses pieds. Elle oscillait du vouvoiement au tutoiement avec lui. Une incertitude floue tantôt polie ou brute.

« Vous auriez pu répondre que vous étiez enchanté que je m’intéresse à vous mais que ces événements personnels vous étaient trop difficile pour vous confier à une inconnue. Si vous n’aviez pas pensé à une phrase plus bateau sur votre arrivée. Les débuts ont été difficile mais heureusement, par la grâce de Therdone, j’ai rencontré des illédors charitables qui m’ont secouru et offert ce lieu de travail. Mon ancien pays me manque assurément mais pouvoir vivre selon mes aspirations ici est une chance qui apaise mes souvenirs. »

Elle fait un geste théâtrale, elle joue et rit.

« Ca sonne faux cul. Et ça l’est. Mais ça empêcherait les gens de s’obstiner à savoir ce que vous leur cachez. Vous n’êtes pas doué vous. Faudrait penser à vous adapter un peu quand même. »

Cet homme lui était d’une sympathie certaine. Cela l’amusa plus encore. Puis l’ennuya franchement. Elle perdait son temps avec un homme qui ne lui apprendrait rien d’utile. Comme tous ces jours passés en quête vaine d’informations. Elle eut envie soudainement de rejoindre le camp. De sauter au cou de Beltxior et de rire avec lui de cette belle farce qu’une Télanis apprentie espionne. De boire et de rire. D’être sous une tente entourée d’homme qui lui faisait confiance et qui partageaient ses idéaux. Et d’oublier cette ville à l’image de sa colère, qui lui rappelait que trop pourquoi elle se battait à un point écœurant. Télanis se gifla mentalement. Depuis quand était-elle une fainéante sentimentaliste ? Elle retrouverait plus tard les siens si Therdone le voulait. Et puis il y avait des choses intéressantes ici aussi.

Certes il pesait une certaine inaction ou plutôt un changement d’action. C’était à elle de s’adapter. Elle n’était plus si jeune mais pas vieille à ce point. A présent, elle allait attendre qu’il ait fini. La guerrière s’assit dans un coin et ferma les yeux. Elle retrouverait sa forteresse de métal et tout serait à nouveau comme avant.


~*~
Une main se posait sur son épaule. Elle ouvrit les yeux s’attendant à y voir Lara comme d’habitude mais ce fut un autre visage qui se pencha au-dessus d’elle.
Une silhouette pâle qui se penche un peu plus et caresse sa joue comme le faisait Lara. Elle observe les yeux d’encre à la couleur semblable aux siens et pourtant si différent. Elle referme les yeux pour savourer la douceur de cette peau qui n’a jamais travaillé. Elle les rouvre en souriant. Le soleil éclaire par tache de lumière dansante la chambre petite, exigüe. On y est si bien, elle saisit le corps menu par la taille et l’attire dans le lit en riant comme elle l’aurait fait avec Lara.
« Tu as froid ? » Demande-t-elle. « Oui. » Les draps et fourrures sont repoussés pour lui permettre de se glisser contre elle. Ce qu'elle fait avec une rapidité avide. « Cet hivers, il fait froid. » Les mains cherchent, se glissent pour caresser, se blottir l’une contre l’autre. Elle embrasse le sommet du crâne et les cheveux blancs. On est tellement bien, il faudrait que le temps s’arrête. Contre elle l’autre bouge, se trémousse, se relève un peu pour pouvoir la voir. « Tu ne doute jamais ? » Télanis sourit à la question. « On me l’a déjà posée. Myelle a toujours été trop sentimentaliste. Ne doutes-tu donc jamais Télanis, n’es-tu pas effrayée ? Non, jamais. Therdone est avec moi, ou plutôt, je suis à lui. Je sais ce que je fais, je sais pourquoi et je ne doute pas. J’ai peur d’autres choses, des plus petites. » « Comme ? » « Te perdre. » Un silence. Il est dense, il dure, s’étend, s’étire. La voix reprend alors qu’elle somnolait déjà bercée par la douce tiédeur. « Pour me perdre, il faudrait que tu m’aies déjà. » Les draps se froissent, Télanis a une drôle d’impression comme quelque chose qui ne devrait pas être. Elle cherche le regard de Lara. Qui n’est pas Lara. Un visage volontaire et dur qui la contemple. La caresse de son souffle chaud contre ses lèvres la fige. Elle retient son souffle, cherche une réponse dans les yeux qui se font déjà mi-clos. La caresse soufflée devient humide. Humide et douce, délicieusement chaude. Elle devient passion. Comme ne le ferait jamais Lara. Les mains se perdent, un drôle de jeu fait s’agiter le tas de fourrure. Un jeu à la timidité adorable qui devient de ceux qu’on n’avoue pas. De ceux qui font gémir le cœur et le corps de plaisir.
~*~

Télanis ouvrit les yeux, en position fœtale, appuyée contre un mur. Elle aurait pu se réveiller en pleine forêt pendant une vigie, mais elle était dans une forge. Elle se releva doucement, elle savait où elle est. Elle jeta un regard à la fenêtre pour estimer le temps qu’elle avait passé à dormir. Elle s’était endormie comme une masse, sans crier gare. Elle chercha le forgeron des yeux en ébouriffant sa chevelure blonde.

Par le Grand Edor je me mets à faire des rêves étranges… Elle chassa, énervée, la brume encore rêveuse d’un plaisir coupable qui s’étiolait doucement.
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Silbio Alagareth
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyLun 13 Fév - 15:36

Le comportement de la guerrière fut légèrement déroutant. Certes, il se rappelait maintenant qu’elle avait mentionné le fait de ne pas aimer être particulièrement polie, ce qui justifiait, selon ses dires, une volonté de ne pas accepter que les autres soient impolis lorsqu’elle essayait de l’être, cela restait néanmoins une façon de concevoir les choses qui défiait quelque peu les règles de la logique de ce monde, si tant était qu’elle les suivait ne serait-ce qu’un peu. Quant à sa réponse, s’il savait qu’il mentait quelque peu, il ne s’attendait pas vraiment à être ainsi mis au pied du mur ainsi. Etait-ce seulement important ? Il n’en savait rien et pour ainsi dire, il s’en fichait quelque peu. Il avait juste l’impression d’être harcelé sur des questions d’ordre privé qui ne concernait aucunement cette jeune femme, aussi guerrière fut-elle et aussi intéressante fut son armure. Donner du travail à un forgeron ne justifiait pas de pouvoir connaître tout ou une partie de son passif. Alors qu’il allait se remettre à ses réparations lorsqu’elle lui avait tendu l’outil après s’être approchée de lui comme un grand félin le ferait d’une proie, il se stoppa net dans ses intentions avant de se retourner vers celle qui l’affublait de « menteur » et plongea son regard dans le sien. Il n’y avait là aucune tentative d’intimidation – il aurait été bien en mal de le faire – mais une volonté de compréhension, de chercher à trouver ce qui pouvait motiver cette femme à vouloir savoir ces choses sur lui.

Il allait lui demander de cesser de chercher à apprendre de son passé ou de sa vie ou alors de le faire ailleurs, chez d’autres qui n’auraient aucun scrupule à remuer leur passé ou celui des autres pour lui donner toutes les réponses qu’elle cherchait mais il n’en eut pas le temps. Son marteau à la main, il l’écouta parler de sa vie d’avant, de ce qu’elle avait apparemment laissé de côté pour sa vie d’ici et qu’elle n’en était que de temps en temps nostalgique. La remarque qu’elle glissa juste après le rembrunit un peu. Bien sur qu’il savait qu’il avait le droit à des liens sentimentaux. Il les avait eu. Et qu’est-ce que cela lui avait apporté ? De la douleur, beaucoup de peine et un chaos incroyable dans son esprit. Seule la forge lui avait permis de récupérer de la rigueur et une stabilité relative par rapport à la réalité. Avait-elle vécu la même chose ou pire que lui ? Etait-elle seulement en l’état de comprendre pourquoi sa vie actuelle n’était faite que de forge ? Il n’en savait rien et n’avait pas envie de s’étendre sur le sujet. Lui qui pensait cette guerrière muette et peu encline à la parole, voilà qu’elle devenait un véritable moulin dont le silence relatif de Silbio venait d’alimenter les pales comme une rafale de tempête. Peut-être vaudrait-il mieux qu’il invente un mensonge plus adéquat et crédible pour la prochaine fois où une telle occasion se présenterait. Oui, cela valait peut-être mieux, pour être tranquille.

Encore une fois, elle le prit de court avant qu’il ne puisse placer un mot supplémentaire. Parler de son passé ou du sien n’était pas dans l’idée du forgeron, surtout s’il voulait faire un bon travail. Penser à Elynaëll, à sa mère, à Olaria ou à Arestim Dominae n’aiderait pas l’Olaril à se vider l’esprit pour que ses mains travaillent avec précision et agilité. Alors qu’il la regardait encore faire quelques mouvements, elle lui lança en pleine figure tout un pamphlet qu’il aurait pu lancer au débotté. Une excuse toute faite, pleine de mots inutiles et surfaits. Therdone n’était pas son Dieux et il ne le serait probablement jamais. La religion n’avait plus beaucoup de place dans son cœur de toute façon et s’il croyait encore aux Dieux qui avaient bercés son enfance et sa vie jusqu’aux Feux de la Gérax, il avait finit par ne plus rien leur demander, car, finalement, eux-mêmes ne parvenaient pas à réaliser de miracles. Lorsqu’elle eut terminé, faisant d’elle-même le commentaire de sa propre « excuse », Silbio la gratifia d’un léger sourire. « Merci pour la petite leçon. Je tâcherai de m’en souvenir lorsqu’on viendra encore me poser des questions sur un sujet que je ne souhaite pas aborder. » Sans une autre cérémonie, il se retourna vers l’armure, attrapa l’outil que la guerrière lui avait ramené un peu plus tôt et, remarquant que, d’un regard, elle était aller s’asseoir dans un coin, commença à nouveau ce pourquoi il serait bientôt payé.

Plongé dans son travail, il avait rapidement oublié la forge, oublié la guerrière et tout ce qui se trouvait dans le bâtiment. Le silence aidant, il s’était entièrement concentré sur l’armure, sur la réparation à effectuer et sur les gestes à pratiquer. Emprunt de professionnalisme jusqu’au bout des doigts, il avait veillé à ce que rien ne soit modifié en dehors du renfoncement de l’armure et assemblé quelques morceaux pour vérifier que les problèmes engendrés par ce dernier soient totalement résolus, raison pour laquelle la jeune femme était venu le voir et l’absence desquels serait la justification de son départ et de la paie qu’elle lui laisserait au passage. Lorsqu’il releva la tête de son travail enfin achevé, il remarqua que la guerrière semblait endormie. Qu’à cela ne tienne, elle ne dérangeait personne dans son coin et encore moins lui. Au moins elle ne posait plus de question. Il déposa l’armure avec précaution sur une étagère pour se débarrasser de l’espace et se remit au travail de cette fameuse lame de cérémonie qui serait sans doute à peine efficace pour couper du pain. Le bruit du marteau et du soufflet la réveillerait peut-être mais il en doutait presque un peu. Le temps passa encore, fidèle à lui-même, peut-être un peu trop rapidement. Silbio avait terminé le travail majeur sur l’épée et la terminerait le lendemain. Alors qu’il rangeait ses outils avec un méthodisme réglé comme du papier à musique, sa cliente sembla enfin émerger du brouillard.

« Vous avez le sommeil encore plus lourd que celui d’un mort… » Il avait passé le reste du temps à frapper sur une enclume, il était rare que quelqu’un puisse dormir avec un tel son ambiant. Enfin peut-être avait-elle seulement besoin de récupérer, elle ne paraissait pas avoir une vie des plus tranquilles. Du moins quelqu’un avec une armure dans cet état ne pouvait pas mener une vie tranquille. Du marteau qu’il tenait dans sa main, il désigna l’étagère un peu plus loin, non loin d’elle. « Votre armure. Essayez là à votre guise, normalement il n’y a plus de problème, mais c’est mieux de l’essayer, on peut procéder directement à quelques ajustements au besoin. » Il ne s’en occupa plus ensuite, s’affairant à ranger notamment le marteau qu’il venait de pointer dans une direction mais ainsi qu’un ou deux autres outils. Le forgeron n’était pas principalement maniaque mais il aimait savoir que ce qu’il avait laissé à un endroit s’y retrouverait le lendemain lorsqu’il en aurait besoin à nouveau. Ainsi les habitudes lui permettaient de trouver les outils qu’il cherchait sans plus vraiment avoir besoin d’y réfléchir intensément. Un avantage non négligeable lorsqu’on avait l’esprit tourné ailleurs, comme, par exemple, vers la forme que l’on allait donner au métal.
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Télanis Ptolia
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MessageSujet: Re: [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres...   [Forge de Silbio] Une journée (presque) comme les autres... EmptyLun 20 Fév - 13:22

« J’ai grandi dans une forge. » Elle ne commenta pas plus les mots émis sur le ton de l’évidence même. Il se trompait, bien sûr, elle ne pouvait pas dormir d’un sommeil de plomb. Elle avait oublié ce que c’était que de dormir de tout son saoul, abandonné, confiant. Elle récupérait, physiquement, avec le peu de sommeil léger qu’elle avait. Le corps humain s’habitue et s’accommode de tant. Il s’use simplement un peu plus vite. Quelle importance. Elle n’avait pas trop mal dormi, sans doute était-ce justement dû au bruit de forge, un souvenir lointain réconfortant. Elle se souvenait par bribe un rêve étrange, un rêve de sa vie d’avant, du campement et de sa vie de maintenant, où les temporalités s’entremêlent de manière absurde. Un rêve qui la fit se sentir coupable. N’avait-elle pas rêvé de partager sa couche avec sa Maîtresse de la manière la plus honteuse qu’il soit ? Elle se sentait de plus en plus perturbée et la volonté de mettre un terme à tout cela se dessinait de plus en plus nettement dans son esprit.

Elle se dirigea vers l’endroit désigné par le forgeron. La guerrière caressa du bout du doigt l’épaulière, passa avec la douceur d’une amante, revenant inlassablement caresser le métal froid. Elle sentait la différence de porosité sous ses doigts, c’était quasiment invisible à l’œil nu mais elle le sentait. Te revoilà devenue belle, pensa-t-elle. Une fois rentrée je te polirai et tu seras aussi éclatante qu’à ta naissance, douce amie. Dialoguer en elle-même avec son armure lui était une habitude devenue évidente. Elle se souvenait du coup qui l’avait fauchée, c’était il y a longtemps, quelques années. Une escarmouche avec une patrouille. Il y avait parmi les soldats une sorte de colosse qui maniait une grande hache. Il la lui avait lancé contre et elle n’avait pu parer tout à fait le coup, ne parvenant qu’à se décaler suffisamment pour éviter de voir sa tête s’envoler avec son casque. Le casque roula au sol, d’ailleurs. En même temps qu’elle roulait au sol et se relevait. Oui, Télanis pouvait se relever avec une armure pareille sur le dos. Elle s’y entraînait toujours, toujours, inlassablement. Il fut donc surpris de la voir se relever dans l’élan de la chute et encore plus surpris de voir les cheveux blonds et longs cascader autour d’elle. Qui s’attend à voir une femme sous le guerrier de métal qu’elle était ? Être une femme a ses avantages, son hésitation lui permis de ne pas éviter un second coup qui tarda à venir et de lui enfoncer sa masse en pleine face.

Le soir il avait fallut nettoyer les morceaux de cervelle et se rendre compte que sa précieuse amie avait souffert de ce coup porté. La masse t’a vengée, je vais te faire réparer quand je le pourrai. Depuis elle s’était coupée les cheveux, une question d’honneur et équité. Elle avait toutefois gardé une mèche tersée dans la nuque. Une sorte de souvenir complice avec une autre blonde comme elle. Sa petite sœur qui aimait tant lui coiffer les cheveux. Ce petit jeu bien que féminin lui avait toujours plu. Elle adorait qu’on prenne soin d’elle ainsi. C’était le passé, mais elle avait gardé cette tresse longue qui lui tombait au creux des reins pour le souvenir. Parce que finalement, c’était tout de même une femme.

Elle enfila les jambières, puis enferma ses bras dans ses protections. Elle enfila ensuite la pièce maîtresse. Cela lui prit un certain temps, elle boucla le tout avec application. Fit ensuite quelques mouvements de bras, sortit son épée qui se mit à tournoyer dans les airs avec une rapidité effrayante. L’épée retrouva son fourreau avec un chuintement complice. Elle avança, trois pas et plaça une droite dans une poutre qui fit trembler l’armature et s’envoler de la poussière. De guerrière placide, elle était soudainement devenue une bête de puissance. Elle sentait ses sens exacerber analyser chacune des phases de ses mouvements, la vitesse, la souplesse. Elle regarda le bois déchiré, enfoncé par les pointes de métal de ses poings renforcés. Elle déplia son poing en l’observant satisfaite. Un coup pareil reçu par un humain l’aurait sans doute tué. Son visage lisse ne laissait paraître aucune émotion, puis elle sourit légèrement. Elle ramassa son sac et en sortit une poignée de pièce qu’elle déposa sans un mot sur la table. Son armure légère retrouva sa place dans son sac qu’elle mit sur son épaule, puis elle prit la direction de la sortie, sans le saluer.

Le travail était bien fait. Elle avait retrouvé toute sa mobilité et s’en réjouissait. A présent, elle pouvait retourner s’occuper de son travail. Elle avait une maison à garder, une révolution à accomplir et des choses à mettre au point. Un beau programme qui allait lui prendre du temps. Et si cet olaril ne lui avait rien appris d’intéressant il lui avait au moins fait du bon travail. Un homme simple, solitaire, peu regardant et surtout pas curieux. En somme, un bon forgeron qu’il lui était utile de connaître au cas où elle aurait des réparations à faire. Et elle avait gagné deux pierres à aiguiser. Une bonne affaire, vraiment. Cela faisait plaisir de voir un honnête homme dans cette ville. C’était presque saugrenu. Un être fragile que cet homme. Il fallait espérer que la ville ne le digère pas trop vite, c’était rafraichissant comme rencontre.

Quel drôle d’homme.


Hrp : à toi de voir si tu as quelque chose de plus à ajouter ou si tu veux clore là.
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