Une série d'épreuves impromptues...

Suite de l'auberge

Le chasseur acquiesça montrant sa confiance en Lysandre quand elle lui dit qu’elle se reposerait plus tard et qu’une chasseuse n’avait besoin que de peu de sommeil. Aussi, il roula des yeux aussitôt à l’énoncé du nom de Mithra a propos du peu de probabilité du paisible de son sommeil. A vrai dire, il ne souhaitait qu’une chose, c’est qu’elle ai ce qu’elle mérite après avoir fait ce qu’elle a fait. Sans Lysandre, les Olarils seraient encore en train de pleurer dans leurs ruines d’une ville digne d’un tas de poussière. C’est elle qui a lancé la marche, c’est grâce à elle qu’ils ont trouvé le chemin dans les montagnes, c’est grâce à elle qu’ils ont pu trouver l’espoir sous des tonnes de neiges. C’est encore grâce à elle qui pouvait jouir de lits, de chaleur et de nourriture et boissons dans cette ville qui peut être rangé assurément dans la catégorie miracle. Qui peut dire combien de temps les Olarils auraient encore tenue ? On ne peut pas mener un convoie avec seulement le fruit des chasses et des cueillettes et compter sur les provisions emmenées. Non, si les Olarils n’avaient pas trouvé de ville, ils seraient tous mort de soif ou de faim, l’un après l’autre !

Aussi, il regarda vers une fenêtre et répondit calmement d’une manière pensive à Lysandre :

« Peste soit cette Mithra. Nos gens n’ont peut être pas assez de boue sur le regard. Il faut qu’elle en rajoute. Elle mérite ce qui lui arrive, si elle dort mal, elle n’a qu’à s’en prendre à soi-même. Je souhaite qu’elle cauchemarde nuit et jour pendant un temps égale à celui que tu as passé en prison. C’est hier qu’on avait besoin de toi, plus que jamais. J’espère que le sort de notre peuple n’est pas déjà décidé et que nous ne sommes pas destinés à des années de querelles avec les Ilédors. J’ai peur de ca… On a déjà assez de querelles et mésententes entre nous, on n’a pas besoin d’en avoir d’autres. »

Puis il sortit, franchissant la porte de l’auberge en la laissant ouverte pour que sa sœur de sang puisse le suivre et ne pas le perdre de vue. Ensuite, il s’arrêta un instant, humant l’air et laissant la brise fraiche caresser son visage. Fermant les yeux un instant, il semblait chercher à ressentir des choses qu’on ne pouvait pas voir mais qu’il était incapable de ressentir. Secouant la tête, il rouvrit les yeux et regarda si Lysandre le suivait. Puis, il descendit les quelques marches de l’auberge et s’engouffra dans la rue en disant à l’Hirune :

« Ne t’attend pas à quelque chose d’exceptionnel. Il y a longtemps que j’en ai plus rien à faire des choses que les grands Olarils jugent important. Si tu as du temps à perdre, suis-moi, sinon, ma découverte ne vaut pas qu’on y perde son temps, franchement. Elle est juste importante pour moi. Et je pense que ca pourrait émerveiller les yeux d’une chasseuse digne de ce nom.»

Il réfléchit deux secondes à comment formuler sa phrase et fini par ces mots :

« Et si tu es juste la pour rallier des gens à ta cause, rebrousse chemin. Je ne cherche pas ce genre de compagnie. Je préfère être seul plutôt qu’on me suive par intérêt quel qu’il soit. Je sais en qui croire et seuls les dieux peuvent me faire changer d’avis. »

Voila, il avait dit le fond de sa pensée, bien sur, même si elle était tranchante, il cherchait à éprouver la volonté de Lysandre. Il la jaugeait pour voir sa réaction, une sorte d’épreuve. Il détestait les gens qui s’intéressaient à lui, juste parce qu’ils avaient besoin de lui et qu’ils ne pouvaient faire autrement. Et maintenant, il attendait la réponse de Lysandre, espérant qu’elle choisisse bien ses mots. Pour pouvoir la confronter à une pseudo seconde épreuve de taille. Avant d’en proposer une troisième plus tard si elle s’en sortait bien. Pour le moment, il attendait et seule la réponse de Lysandre déciderait de la suite des événements…
Lui croyait en elle et il allait enfin voir si sa confiance était bien choisit.

Dans le coeur de Lysandre, à l'évocation de Mithra et de ses cauchemars, un sentiment coupable ne put qu'émerger. C'était léger, mais piquant, lorsqu'elle marchait aux côtés de l'Olaril. En réalité, il semblait la soutenir, et cela lui faisait chaud au coeur mais ... il paraissait croire fermement que son séjour en prison était dû à Mithra, à son comportement. Elle ne put s'empêcher de ressentir une sorte de malaise lancinant.

Après tout, la Chasseresse était convaincue qu'en effet, Mithra avait mal agi, contre elle, contre le Chef des Olarils. Et si son comportement avait accentué sa colère, elle devait avouer qu'aujourd'hui, elle savait qu'elles avaient été emprisonnées, avec Luminara, à cause d'elle-même. Parce qu'elle avait attaqué un Oracle. En réalité, la haine de Loorkan devait se porter sur cet homme, et non totalement sur l'Edorta. Mais fallait-il réellement avouer tout ceci ... ?

Elle resta silencieuse, ne sachant que choisir. Le savoir furieux contre la Veuve de Laclaos ne pouvait que l'enchanter, mais il semblait que parmi les Olarils, les versions les plus folles couraient au sujet de son altercation avec Therdorus Uldarii. De fait, il devait se dire tout et son contraire... Et naturellement, les anciens partisans devaient, eux, penser que tout était de la faute de Mithra.

« Je partage ta colère envers Mithra. » Fit-elle doucement, presque honteuse de n'avoir la force de lui dire la vérité. Mais elle savait aussi que l'Hirune resterait, quoi qu'il arrive, un Chasseur, et qu'il la soutiendrait... Elle se reprit et haussa les épaules pour se décontracter.

« Seulement, Mithra a failli simplement en souhaitant représenter le Peuple à ma place, et en lisant les Tables d'Olaria. Elle n'a pas provoqué l'Oracle pour qu'il me mette aux cachots. Malgré qu'elle n'ait rien fait pour l'en dissuader... » Oui, c'était vrai. L'Endeuillée aurait pu intervenir, demander qu'on les libère sur le champ, puisqu'elle jouissait d'une reconnaissance étonnante avec Therdorus. Mais elle n'avait rien fait pour qu'elles échappent aux geôles, rien !

Elle devait se dire qu'avec Lysandre et Luminara derrière les barreaux, elle aurait le champ libre pour avoir plus de pouvoir. Les poings de la Chasseresse se serrèrent et elle détourna les yeux, furieuse en y repensant. Malgré deux nuits de réflexion, cherchant à calmer sa colère, elle ne réussissait pas à évacuer ce sentiment à l'attention de la femme de Laclaos. Aurait-il appuyé son épouse, qui avait violé leurs lois, en lisant son précieux Journal ?
Elle était persuadée que non. Car un Chef ne peut accepter que les Lignes de Conduites que les Dieux avaient imposées pour eux soient bafouées.

« Et moi je crois que tu ignores encore que les Grands Olarils comme tu les appelles, les Chefs ou les Anciens, ont les mêmes goûts, simples, que tous nos semblables. » Elle eut un léger sourire. Loorkan semblait oublier que leur Peuple n'avait jamais aimé le luxe ou les diamants. Que les gens d'ici avaient inventé ces pièces dorées, et qu'ils auraient sans doute été choqués de voir qu'on échangeait un rubis contre un gros pain...

L'air était frais, contrastant avec la chaleur de la journée ensoleillée. Ils arrivaient sans doute dans le gros du printemps, les pluies étaient passées depuis qu'ils avaient franchis la Gérax. Elle ne put s'empêcher de penser à ceux qui étaient restés derrière... Avaient-ils des chances d'être encore en vie ? Si la Cité n'avait pas été entourée de soldats, comme elle l'avait entendu en Prison, alors ils auraient pu aller les chercher, trouver un chemin. Mais les choses étaient allées trop vite ici, et ils étaient bloqués. Emprisonnés encore.

Lorsque l'Hirune ouvrit de nouveau la bouche, s'immobilisant en la regardant fixement, la Chasseresse plissa les yeux. Les lueurs des flammes aux lanternes le rendaient grave, et il s'était montré sincère... Il n'avait pas forcément tord. Mais il prenait son intérêt pour une mission politique... En ceci, il se trompait...

« Je ne suis pas en train de te suivre dans les ruelles de cette ville simplement pour gagner ton alignement. Si j'avais voulu gagner des voix en ma faveur, j'aurais demandé une tournée générale à l'Auberge, et j'aurai sourit à tous comme on séduit un futur mari. Loorkan, je sais que tu me soutiens, et ce depuis que je suis devenue Chef. Je n'ai pas besoin de feindre l'amitié pour cela. »

Elle cilla et eut une moue, presque ennuyée qu'il puisse penser qu'elle était en campagne.

« Nous sommes frères, je ne te suis pas pour avoir tes faveurs, si ce que tu veux me montrer est important pour toi, je suis heureuse de pouvoir le partager. C'est tout. »